Au bonheur des livres - Qu’est-ce que sera demain (le début ou la fin) ?

  • l’année dernière
Cette semaine dans l'émission « Au bonheur des livres », deux romanciers interrogent l'état du monde. Dans « Humus » (Ed. de l'Observatoire), Gaspard Koenig nous raconte l'engagement écologique de deux jeunes ingénieurs agronomes inquiets de l'avenir et leur passion commune pour les lombrics... Avec Thomas Gunzig, l'apocalypse est déjà advenue : dans « Rocky, dernier rivage » (Ed. Au diable Vauvert), un couple et ses enfants tente de survivre, seuls sur une île.

Deux livres pleins de suspense, et parfois d'humour, qui pointent du doigt les impasses du monde contemporain et font réfléchir à ce que pourra être demain.
Public Sénat partenaire de la 41ème édition de la Foire du livre de Brive du 10 au 12 novembre 2023...

Année de Production : 2023

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00:00 [Musique]
00:17 Quel bonheur de vous retrouver sur Public Sénat pour parler de littérature avec Thomas Gunzig.
00:21 Bonjour Thomas.
00:22 "Rocky, dernier rivage", le titre est magnifique, c'est "Au diable vos vers".
00:25 Vous avez écrit des oeuvres de théâtre, vous travaillez à l'RTB,
00:29 vous êtes scénariste récompensé avec Yako Von Dormell et d'ailleurs votre partenaire cinématographique
00:35 a déjà acheté, si mes renseignements sont bons, cet exceptionnel livre qui s'appelle "Rocky, dernier rivage"
00:40 que Jasper Pöning a lu hier. Il en a fait d'ailleurs des cauchemars avant d'arriver à l'émission
00:46 car ce livre est phénoménal.
00:47 Gaspard aussi a écrit un livre phénoménal, ce n'est pas la flagornerie de le dire.
00:51 Nous sommes entre Welbeck et Balzac.
00:53 Gaspard a reconstitué pour votre plus grand plaisir ce que peut être ce qu'on appelle une dystopie,
01:00 c'est-à-dire une utopie pour prendre un mot un peu pompeux, terrifiant, autour de jeunes types
01:04 extrêmement sympathiques, hyper brillants qui décident de faire l'agro, qui évidemment comme vous tous
01:11 et comme nous-mêmes craignons considérablement la catastrophe écologique,
01:15 sauf qu'à vouloir réparer le monde, ils le détruisent.
01:18 Et vous allez voir que l'ironie d'être au Sénat est assez particulière avec Gaspard
01:23 car la fin du livre, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il se passe quelque chose pas très loin d'ici
01:27 qui n'est pas très réjouissant.
01:29 Thomas, nous commençons avec vous.
01:31 Je le disais, vous êtes à la fois romancier, scénariste, donc ce "Rocky, dernier rivage",
01:35 c'est l'histoire d'une famille.
01:37 Alors Fred est un type… c'est-à-dire c'est un riche antipathique et sympathique.
01:41 Il est sympathique parce que sa grande obsession, c'est de sauver sa famille.
01:47 Il a à peu près 40 ans, il a monté avec deux amis une entreprise de data dans l'automobile
01:52 qui marche super bien et il décide d'arrêter tout,
01:56 de ne pas collaborer avec l'entreprise de Zuckerberg, de prendre 100 millions d'euros
02:01 et sans tant que le monde dérape, de trouver une petite île qu'on va imaginer, je résume,
02:07 au large des Açores, dans un endroit où il n'y a pas de turbulence,
02:10 où le climat est relativement tranquille, équilibré à l'année.
02:14 Là, il y fait construire une maison magnifique.
02:16 Il installe farci de disques durs, d'Internet, de vin, de 60 000 euros, enfin tout pour la survie.
02:24 Et il emmène sa femme Hélène, ses enfants avec lui et un couple.
02:28 Donc c'est le départ de l'histoire.
02:31 Et un couple qui va travailler avec eux, qui est un couple de Chinois absolument charmant.
02:36 Pourquoi avez-vous décidé de raconter cette histoire qui est une Robinsonade,
02:41 mais je dirais plus une sorte de conte à la Swift ?
02:45 - Alors je ne sais pas du tout si on décide à un moment de raconter une histoire plutôt qu'une autre.
02:51 Je crois qu'à un moment, dans un parcours d'auteur,
02:55 peut-être que Gaspard sera d'accord ou pas avec moi, mais on tombe amoureux d'une idée.
02:59 Vous êtes saisi d'une idée qui vous vient, Dieu sait où.
03:03 Et ce qui est intéressant avec une idée, c'est que pour qu'une idée vous séduise,
03:07 il faut qu'on sente qu'elle est porteuse d'une histoire qui sera bonne.
03:11 Et je me suis dit que raconter l'histoire d'une famille qui est depuis 5 ans sur une île
03:16 et que c'est la dernière famille du monde parce que le monde a disparu,
03:19 que tous les problèmes de subsistance, les problèmes matériels de subsistance sont réglés,
03:24 parce qu'ils ont une belle maison, au niveau énergétique ils sont indépendants,
03:27 ils ont tous les repas qu'il faut.
03:28 - Il a tout prévu ?
03:29 - Il a tout prévu.
03:29 - C'est un type qui est un ingénieur dans une famille rationnelle,
03:34 avec une maman qui malheureusement a été victime d'un AVC.
03:37 Et lui, son obsession, peut-être en hommage au père,
03:40 c'est justement de tout prévoir à 40 ans pour sauver sa famille de la catastrophe.
03:45 - Voilà, peut-être que c'est un peu ma propre version en version riche.
03:49 C'est-à-dire qu'il est un peu obsédé, il est un peu parano,
03:52 il est un peu angoissé à l'idée que sa famille soit en danger,
03:54 donc il est en mode "il faut que je mette ma famille à l'abri".
03:57 Et c'est vrai que dans un monde un petit peu compliqué comme le nôtre,
04:00 c'est-à-dire le même que celui d'Euphraide,
04:03 la chose la plus raisonnable à faire, c'est de se construire une belle maison
04:06 sur une île isolée et bien équipée.
04:08 Alors ce qui était intéressant effectivement,
04:10 c'est de faire commencer l'histoire 5 ans après la fin du monde,
04:12 c'est-à-dire voir comment ont évolué les rapports humains,
04:16 en particulier les rapports intrafamiliaux, effectivement.
04:19 Comment des ados qui avaient 11 ou 12 ans et qui sont plus grands,
04:23 forcément ils ont 5 ans de plus, qui sont devenus pubères,
04:26 qui sont donc en proie au tourment des hormones,
04:28 comment est-ce qu'ils voient le monde ?
04:30 Ils savent qu'ils n'auront jamais d'histoire d'amour,
04:32 qu'ils n'auront jamais d'histoire de sexe.
04:34 Comment est-ce que ça vit un ado comme ça ?
04:36 Comment vit un couple qui sait qu'il est le dernier couple ?
04:40 Alors que c'est un couple qui n'allait pas forcément très bien au départ,
04:43 mais que toutes les lignes de fuite n'existent plus.
04:45 On ne peut plus être distrait par son travail,
04:47 par des aventures extra-conjugales ou des choses comme ça,
04:49 c'est le dernier couple.
04:51 Donc j'avais vraiment envie de résumer la famille à sa plus simple expression
04:56 et puis à un moment de faire effectivement disparaître la culture.
04:59 - Alors on a mis,
05:00 puisqu'on s'est inspiré du film de Bazur Mann sur Gadsville Magnifique
05:04 qu'on donne à l'écran, vous savez dans Gadsville,
05:06 Bazur Mann donne des phrases de Scott Fitzgerald.
05:09 Eh bien là, nous ne sommes pas avec Scott Fitzgerald,
05:11 mais on est avec Thomas, à peu de choses près,
05:13 il devait faire partie des derniers humains
05:15 et jamais il ne quitterait cette île.
05:16 C'est-à-dire qu'au départ, et c'est ça qui est passionnant,
05:19 on peut se dire que cette famille,
05:21 se dit que le monde ne va pas totalement dérailler,
05:24 qu'ils ne vont pas, connaissant l'actualité d'aujourd'hui,
05:27 s'étriper, être victime de la flaque,
05:30 ce virus qui vient, puisque vous le décrivez très bien,
05:34 d'une partie de la Russie à 3 ou 4 000 km de Moscou,
05:39 les tensions sociales, les tensions ethniques,
05:42 c'est-à-dire que c'est la catastrophe totale.
05:43 Mais au début, ce n'est pas une certitude.
05:45 Il a fait dire que peut-être qu'ils reviendront.
05:47 Et puis tout d'un coup, paf, c'est la panne totale,
05:51 plus rien n'est possible.
05:52 - Oui, c'est ça, c'est-à-dire que quand ils se réfugient sur cette île,
05:57 ils se disent que c'est pour un temps donné,
05:59 que les choses finiront par se régler,
06:01 parce qu'elles se sont toujours réglées jusqu'à présent.
06:04 Donc ils n'envisageaient pas, effectivement,
06:06 que ça allait être la fin totale,
06:07 qu'ils allaient, gros coup de chance ou de malchance pour eux,
06:10 être les derniers.
06:13 Et effectivement, vous parlez d'une panne totale,
06:15 c'est-à-dire qu'ils avaient quand même prévu,
06:17 pour occuper les longues heures de solitude et d'ennui,
06:21 d'avoir tous les films du monde, tous les romans du monde,
06:23 toute la musique du monde.
06:24 Mais que là, suite à une éruption solaire
06:28 et donc à une orbe oréale qui provoque des problèmes électromagnétiques,
06:32 tous les disques durs sont effacés.
06:34 Et donc toute la culture mondiale qui était, en fait,
06:37 la dernière qu'ils avaient avec eux, disparaît aussi, sauf un film.
06:42 - Voilà.
06:43 Et alors, il y a un aspect dans le livre de Thomas,
06:45 qui est un aspect, c'est pour ça que vous allez l'aimer,
06:47 qui est profondément satirique,
06:48 c'est-à-dire que la jeune femme,
06:50 elle considère qu'elle est absolument ravissante
06:52 et que quand elle reviendra sur Terre, je parle de la fille,
06:54 elle séduira tous les hommes, elle est accro aux séries.
06:57 Et puis tout d'un coup, paf, tout bug,
07:00 et elle ne peut plus voir sa série préférée.
07:02 Sa mère, Hélène, qui adorait son mari,
07:05 tout en ayant la nostalgie d'un grec avec une énorme sexe,
07:09 finit par se masturber en regardant "Titanic".
07:13 Donc on est vraiment dans une sorte de cauchemar total de fin de vie.
07:18 Lui, il boit des Bordeaux de plus en plus raffinés au bord de la place,
07:22 mais il est de plus en plus dépressif, il se laisse aller.
07:24 Même ses Nike foutent le camp à force de marcher
07:27 sur cette petite île qui fait 500 mètres de long.
07:30 – Il faut dire que le Bordeaux qu'il boit, c'est le dernier Bordeaux
07:32 et que les Nike avec lesquelles il marche, ce sont les dernières Nike.
07:35 – Voilà, et arrive donc, c'est ça qui est formidable,
07:38 parce que vous avez beaucoup travaillé sur l'aspect informatique,
07:42 parce que tout ça a été conçu,
07:44 et on en reparlera parce que c'est aussi présent la technologie
07:47 dans le livre de Gaspard, à un moment, tout bug.
07:51 Et lui qui est ingénieur, il essaye de tout faire remarcher,
07:54 et il y a une page remarquable qui est du côté de la page 156,
07:58 si ma mémoire est bonne, où finalement,
08:01 la réponse de l'ordinateur central qui est gardé dans son bureau,
08:07 la seule réponse, la seule chose qui reste, c'est Rocky.
08:11 – Oui, effectivement.
08:14 J'avais envie, effectivement, que l'effacement global
08:18 de tout ce qui relève de la culture soit sauvé par le reliquat
08:24 d'une seule trace culturelle, et que ce soit Rocky.
08:27 Alors pourquoi Rocky ?
08:29 J'avais préparé, j'ai essayé de me la jouer un peu philosophe,
08:32 et j'avais préparé quelques arguments intelligents.
08:34 – Philosophes comme Gaspard. – Voilà, exactement.
08:36 Donc j'ai lu un peu des essais sur Rocky, sociologiques, historiques, etc.,
08:41 ce que ce film peut dire sur l'Amérique des années 70, par exemple,
08:47 et finalement, je me suis dit que tout ça, j'allais le laisser tomber,
08:50 et j'allais essayer d'être honnête, pour une fois,
08:52 et j'ai laissé Rocky parce que je pense que c'est mon film préféré.
08:55 C'est un film dans lequel je pleure systématiquement,
08:57 c'est un film que j'adore, et je me suis dit que c'était intéressant
08:59 de mettre ça au centre de ce livre.
09:01 – Il n'y a rien de plus ridicule qu'un présentateur de télévision
09:03 qui vous lit des œuvres qu'il faut lire, car si nous avons choisi ces livres,
09:06 c'est parce qu'ils sont absolument impressionnants.
09:08 C'était le début de l'après-midi, alors Fred répare,
09:10 personne ne l'aide à réparer quoi que ce soit.
09:13 Il y a cet or, boréal, c'était le début de l'après-midi,
09:16 et là, avec son Mac, Fred ouvrit le dossier, il était vide, presque vide.
09:20 Là où auraient dû se trouver plusieurs dizaines de milliers de films,
09:23 d'épisodes, de séries télévisées, d'albums, de musiques et d'e-books,
09:27 il n'y avait plus qu'un seul fichier, un seul et unique fichier,
09:30 un unique survivant du cataclysme audiovisuel et littéraire
09:34 provoqué par les particules de l'éruption solaire.
09:37 Je vous dis, le livre va vous passionner.
09:39 Ce fichier était un film, un film en version originale,
09:42 je mets le ton comme à l'école, sous-titré au format vidéo.
09:45 Alors là, c'est là où franchement Thomas est gonflé.
09:49 MKV/H225 1080p, dont le format audio était Dolby Stereo.
09:57 Ce film, c'était Rocky.
09:59 Ce qui est passionnant dans le livre, je dis ça plusieurs fois,
10:02 mais c'est que n'écartez pas l'idée d'un massacre, il y en aura un.
10:06 N'écartez pas l'idée d'une évasion ou d'une tentative d'évasion,
10:10 il y en aura une.
10:11 C'est-à-dire que dans ce petit îlot, il va se passer énormément de choses,
10:14 alors qu'ils sont totalement enfermés depuis cinq ans.
10:16 Et ça, c'est tout le talent de Thomas, qui est à la fois romancier,
10:20 je le disais, scénariste, on en parlera tout à l'heure,
10:23 et qui travaille avec Jacob Van Dormel.
10:25 Ils ont été récompensés à plusieurs reprises.
10:28 Il écrit des nouvelles, il travaille à la radio,
10:31 c'est publié au Diable Vauvert.
10:32 Je ne vais pas en raconter plus, parce que si j'en raconte plus,
10:35 je dévoile le livre et ça n'a strictement aucun intérêt.
10:38 Et nous sommes ravis que vous soyez là et que vous partagiez cette émission
10:41 avec Gaspard, qui lui aussi publie un autre livre passionnant
10:45 aux éditions de l'Observatoire, qui s'appelle "Humus".
10:47 On va pouvoir l'échanger tout à l'heure,
10:48 parce qu'il y a entre vous deux quand même quelque chose de très commun,
10:52 c'est cette idée de la catastrophe.
10:53 Alors donc, nous sommes avec Arthur, qui est un fils de bonjoie, Gaspard,
10:57 et Kevin, qui ne ressemble pas à tous les Kevins.
10:59 Ça, ça m'a fait marrer connaissant Gaspard depuis un certain nombre d'années,
11:02 d'aller chercher quelqu'un qui vient d'un milieu modeste,
11:05 qui s'appellerait Kevin, mais qui ne serait pas un Kevin,
11:07 qui réussit toutes les études possibles et imaginables
11:10 en faisant un effort limité, et qui se retrouve avec celui
11:14 qui est une sorte de normalien, mais qui refuse normal,
11:17 parce qu'il trouve que ce sont des vaseux qui font de la philo.
11:20 Ils veulent aller à Agro pour changer le monde,
11:23 parce qu'ils ont trouvé, ou en tout cas ils sont d'accord,
11:26 après une conférence d'un professeur qui s'appelle Marcel Combes,
11:28 et après, je m'arrête, c'est Gaspard qui raconte,
11:32 il finit dans un amphi par percevoir l'un et l'autre,
11:36 ce vieux savant, d'une manière différente.
11:40 Arthur le trouve détestable, Kevin le trouve formidable,
11:42 et il se dit cette fois-ci, le monde fonctionnant sur le ver de terre,
11:47 nous allons changer le monde à partir du ver de terre.
11:51 Et c'est comme ça que commence l'aventure d'Arthur et de Kevin.
11:56 - Oui, je voulais faire un roman d'apprentissage du 21ème siècle.
12:00 C'était ça le but que j'avais en tête.
12:02 Et autant au 19ème siècle, on donne aux héros des objectifs
12:05 tels que la gloire militaire, l'amour, l'argent,
12:08 et puis après on les plonge dans le réel et on regarde ce que ça donne,
12:10 autant il est assez logique aujourd'hui de leur mettre en tête des idéaux écologiques.
12:15 Et donc j'avais besoin pour ça d'un terreau.
12:17 Et ce terreau, je l'ai trouvé avec le ver de terre.
12:20 Alors pareil, un peu par hasard, c'est vrai, les idées germent.
12:22 J'avais ce projet de roman, et puis je faisais mon potager,
12:25 je regarde des vers de terre, je commençais à me documenter sur les vers de terre,
12:27 et puis un jour, en me réveillant, je mets les deux ensemble.
12:30 Et le ver de terre, c'est tout à fait fascinant, puisque...
12:34 - Vous écrivez "la terre", c'est du long brimic, c'est-à-dire du caca de ver de terre.
12:38 - Oui, c'est pas moi qui... - Le ver de terre est un pharaon.
12:41 - C'est Darwin qui le dit, c'est Darwin qui, le premier, a écrit,
12:45 a compris le rôle du ver de terre comme l'aboureur de la terre.
12:49 D'ailleurs, il a passé des années entières,
12:51 beaucoup plus de temps que son voyage sur le Bigel,
12:53 à faire des expérimentations sur les vers de terre chez lui.
12:57 Et il a compris que sans ver de terre, il n'y a pas de vie,
12:59 parce qu'en fait, le ver de terre, c'est le sol, avec les champignons, les micro-bactéries,
13:02 et le sol, c'est ce qui transforme la mort en vie.
13:05 Les feuilles mortes tombent sur la terre, les cadavres d'animaux se décomposent,
13:08 et puis tout ça est digéré par le sol, qui est un organisme formidablement vivant,
13:13 avec des millions d'êtres vivants, et puis ça donne des nutriments
13:16 qui nourrissent les plantes, etc.
13:18 Et ce sol, on le regarde assez peu, au fond, on regarde toujours les étoiles,
13:21 ça fait 3000 ans qu'Humanité regarde les étoiles,
13:23 des astronautes, des télescopes, prévoient les trajectoires des comètes.
13:29 En revanche, la pédologie, la science du sol, ce qui est sous nos pieds,
13:32 elle n'est quand même pas très valorisée, pas très connue.
13:36 Donc c'était aussi l'occasion de montrer ça,
13:39 et à partir de ça, ces deux héros se projettent chacun dans "Je vais sauver le monde",
13:44 avec le ver de terre, mais dans deux voies très différentes.
13:47 L'un, Kevin, prénom auquel ce livre tente de donner ses lettres de noblesse littéraires,
13:53 se laisse entraîner vers le capitalisme vert, les start-up, les investissements, la tech, etc.
13:59 - Les young leaders de l'humanité.
14:00 - Les young leaders qui disent "les vers de terre vont sauver le monde"
14:03 et qui font des conférences sur le sujet, et pourquoi pas.
14:06 Et l'autre, Arthur, se laisse entraîner, lui, loin de son milieu aussi,
14:10 mais plus vers la terre, le retour à la terre.
14:12 - Normandie, ce qu'on appelle la Suisse, Normande.
14:14 - Exactement.
14:15 - Une entreprise de famille, enfin une vieille ferme de famille.
14:18 - Une vieille ferme de son grand-père, dont le sol a été dévasté par l'abus,
14:22 de pesticides, d'intrants chimiques,
14:25 et que Arthur va essayer de régénérer, d'abord en faisant une thèse,
14:29 et puis petit à petit en se radicalisant, en se politisant.
14:31 Et d'ailleurs, la Suisse Normande, je la partage, alors moi j'y vis en grande partie,
14:35 et puis je la partage aussi avec Houellebecq, qui la met en scène dans "Sérotonine",
14:38 pour revenir au débat.
14:39 - C'est la raison pour laquelle je voulais en arriver à cette question,
14:41 c'est qu'il y a chez vous, Gaspard, quelque chose qui est un mélange,
14:44 que Houellebecq d'ailleurs revendique, c'est-à-dire Houellebecq aux balsaciens,
14:48 c'est-à-dire qu'on part de cette idée des vers de terre,
14:50 mais là c'est vraiment une aventure type illusion perdue,
14:53 de deux jeunes gens qui partent à la conquête du monde,
14:56 chacun de leur côté, avec chacun leur utopie.
14:58 Alors, il y a des scènes hilarantes,
15:00 puisque l'un des personnages que nous n'avons pas encore évoqué,
15:04 alors il y a Anne, qui est la petite amie d'Arthur,
15:08 et en plus, ils font la rencontre, en tout cas Kévin,
15:11 du dénommé Philippine, qui est un des personnages que je préfère dans le roman de Gaspard,
15:17 parce que c'est la cynique absolue, c'est-à-dire qu'elle rencontre,
15:21 surtout Kévin, et elle le transforme en machine à lever des fonds,
15:26 alors que lui, au fond, il a envie de monter sa boîte,
15:30 mais ce n'est pas un assassin, alors qu'elle, c'est absolument ça.
15:33 - Complètement. Mais d'abord, il me fallait ce personnage,
15:35 un, pour montrer que dans cette génération,
15:37 il y a beaucoup de gens qui veulent sauver le monde,
15:39 mais il y en a qui n'ont absolument rien à faire,
15:41 qui sont des tartuffes absolues, mais qui se disent "je vais me mettre dans le sillon,
15:44 et puis je vais faire de la mousse avec ça".
15:46 - J'ai vraiment envie de citer des noms, mais je me retiens.
15:49 - Mais Philippine, on peut citer un nom,
15:50 puisque le personnage est modelé sur Elisabeth Holmes,
15:53 qui avait fondé la start-up Terranos,
15:55 qui a été une immense fraude aux États-Unis il y a quelques années,
15:59 et qui est maintenant en prison d'ailleurs.
16:00 J'ai vraiment pris ce modèle à partir du livre "Bad Blood" d'un journaliste qui s'appelle Carreiro.
16:05 - Je signale, et je vais continuer, parce que ce n'est pas une façon de vous interrompre,
16:09 mais pour recommander au lecteur la manière dont Philippine emmène Kévin en Californie,
16:15 vous allez voir, et quand vous direz ça, Thomas, vous allez adorer.
16:19 Ils vont dans des grandes boîtes californiennes rencontrer des types qui sont dans des endroits somptueux,
16:25 et qui écoutent leur pitch pour savoir s'ils vont lever des fonds et leur apporter de l'argent.
16:31 C'est hilarant du début jusqu'à la fin, parce que c'est une comédie,
16:34 c'est du "lou bitch", tout le monde ment.
16:36 - Alors oui, et donc j'ai voulu, d'abord, comme chacun des héros voit le monde,
16:41 un milieu, disons, qui lui est inconnu, c'est un peu les deux candides, les deux Hurons.
16:46 Et donc on peut, à partir de ça, construire beaucoup d'ironie, beaucoup d'humour,
16:49 parce qu'ils découvrent les choses et le lecteur les découvre avec eux.
16:52 Puisque ce que j'ai voulu faire aussi, c'est vraiment construire un roman très réaliste.
16:57 - Je disais balsacien.
16:58 - Voilà, et donc je me suis vraiment documenté à la fois sur "Les vers de terre",
17:02 mais aussi sur toutes ces scènes qui sont décrites, sur par exemple,
17:07 l'endroit que vous mentionnez à Palo Alto, où j'ai été, j'ai vu ces baraques-là.
17:12 C'est d'ailleurs pas du tout les gratte-ciel en verre, avec les gens en costume,
17:16 c'est tout l'inverse.
17:17 Le vrai argent, il est quasiment dans la nature, dans les forêts de Sequoia,
17:23 dans des maisons qui font deux étages, des fonds d'investissement
17:25 qui embauchent juste quelques dizaines de personnes,
17:27 qui sont hyper cool, qui sont en jean et en t-shirt.
17:29 - Oui, sauf qu'ils ont les tableaux sublimes sur les murs,
17:31 que les maisons sont extraordinaires.
17:33 - Ils sont tous bouddhistes, enfin, voilà.
17:35 J'ai aussi voulu montrer le capitalisme contemporain,
17:38 dans ce qu'il a d'assez différent du capitalisme industriel du XXe siècle,
17:43 avec ses vertus, ses vices, et l'idée aussi qu'il suffit de faire un bon pitch,
17:49 de raconter une belle histoire pour lever de l'argent.
17:52 Donc on est dans un monde qui n'est pas du tout rationnel.
17:54 Et Kevin est effectivement instrumentalisé par Philippine.
17:57 Alors Philippine est complètement cynique, parce que du coup,
17:59 elle dit la vérité des choses, ça c'est très agréable, je pense, pour le lecteur.
18:02 Et puis, ça permet à Kevin de...
18:10 Lui, il vient d'un milieu populaire, modeste,
18:15 mais il s'en fout de l'histoire de transfuge de classe, etc.
18:17 Lui, il se laisse un peu porter par la vie, c'est pour ça que j'adore d'ailleurs ce personnage,
18:20 c'est un vagabond solaire.
18:22 Mais en fait, Philippine l'instrumentalise en disant
18:24 "Non, non, on va jouer le transfuge de classe, parce que c'est ça qu'on attend de toi."
18:28 Elle s'en rend compte à un moment donné.
18:30 - C'est un personnage horrible, quoi.
18:31 - En fait, toute cette élite politico-économique,
18:33 elle a besoin de celui qui ne vient pas d'elle pour s'auto-justifier.
18:37 Faut dire "Regardez, regardez, on n'est pas seulement entre nous, regardez, il y a Kevin."
18:41 - À chaque fois qu'on leur propose une réforme intelligente, ils bloquent le pays.
18:44 Ça, c'est dans une réunion des Young Leaders.
18:46 C'est-à-dire qu'ils arrivent, Kevin, alors il y a Thomas Pesquet,
18:48 enfin, il y a tous les jeunes dont on parle qui réussissent, etc.
18:51 Évidemment, ils hurlent contre les manifestations, ils hurlent contre la grève.
18:55 À un moment, il y a une France qui m'a beaucoup fait rire,
18:57 il a choisi un nouveau pays qui porte ces magnifiques couleurs qui sont celles d'HEC
19:01 parce que quand il a fait agro, évidemment, il est quand même très conscient
19:04 qu'il faut qu'il passe le stade supérieur en matière, j'allais dire, de baratin.
19:08 Et donc, il va à HEC faire de la même manière que le vôtre a fait un MBA.
19:14 Eh bien, lui, il va à HEC pour essayer d'étayer son histoire.
19:17 Alors, la grande différence entre les deux,
19:19 parce qu'il faut aussi que ça participe d'une conversation,
19:21 je répète, ce sont deux romans excellents et qui vont beaucoup vous plaire,
19:25 c'est que Thomas vous apporte une certaine forme d'espoir,
19:29 alors que le jeune Koenig que vous voyez ici, qui a apporté à la fin de son livre,
19:37 c'est très amusant qu'on soit sur Public Sénat,
19:40 une vision de la fin qui est digne d'un film de Pinky Paul,
19:46 c'est-à-dire c'est vraiment « riot gun », ils se sont tous radicalisés,
19:50 que ce soit les fabricants d'entreprises ou les jeunes comme Arthur,
19:54 qui essayent mais n'arrivent pas à réformer le monde à l'école,
19:59 et ils deviennent des Che Guevara du vert,
20:03 ils s'arment jusqu'aux dents et on va vous le dire, prenez votre temps,
20:08 ils attaquent le Sénat armés jusqu'aux dents
20:11 avec toutes les forces de l'ordre qui essayent de s'y opposer.
20:14 Donc pourquoi ces choses différentes ?
20:16 Alors dans mon cas, moi ça fait peut-être 30 ans que j'écris des romans
20:20 qui finissent toujours très très mal, bien déprimants, bien sombres,
20:25 et je me suis dit « bon Thomas, à la fin tu t'auto-déprimes »,
20:29 et je me suis dit peut-être qu'offrir un peu de lumière à la fin,
20:32 ça serait pas mal pour toi, pour ton équilibre mental, pour le lecteur,
20:36 voilà, j'ai un petit peu forcé ma nature,
20:39 mais je suis content d'avoir mis un peu de lumière justement à la fin.
20:42 Parce qu'en fait toute la maison est détruite,
20:44 celle sur laquelle ils vivent, et c'est cette île qui devient la maison,
20:47 c'est cette île qui s'approprie, et Jeanne qui est la fille,
20:50 qui est justement une sorte de prototype de jeune fille sexy,
20:53 au fond elle devient un peu la romancière de la famille,
20:56 celle qui leur raconte des contes, et c'est très,
20:58 effectivement en 4 ou 5 pages de retournement, très poétique,
21:01 mais vous allez voir qu'au milieu du livre,
21:03 il y a tellement de choses à raconter que ça va vous passionner.
21:06 Alors vous, c'est du Tarantino puissance 100 à la fin.
21:09 - Bon d'abord à la fin, le romancier arrive à la fin de son roman,
21:12 donc il peut un peu se lâcher, si je puis dire,
21:14 c'est-à-dire que j'ai tenu toute ma narration pendant 350 pages,
21:17 et puis comme c'est deux points de vue différents qui alternent,
21:20 il fallait vraiment être très rigoureux sur le déroulé chronologique,
21:23 et donc à la fin le romancier se lâche un peu aussi, pour tout vous dire,
21:26 et va jusqu'au bout de son imaginaire,
21:28 et effectivement met en scène des choses un peu vantasmagoriques.
21:33 - Oui sauf que la question qui est posée à la société française aujourd'hui,
21:36 c'est est-ce que c'est pas justement ça qui va se passer ?
21:39 - D'ailleurs j'ai un sénateur qui m'a envoyé un texto,
21:42 après avoir lu le livre, et qui m'a dit "Ah bah sympa, l'attaque du Sénat",
21:46 je lui réponds "T'inquiète pas, c'est pas toi qui passais par la fenêtre",
21:50 et il me répond "De toute façon ça va finir comme ça".
21:53 Et effectivement, ce que je veux quand même montrer sur le fond,
21:56 alors là on est effectivement un peu dans la dystopie,
21:59 puisque c'est 10 ans après, disons que là on est en 2030,
22:02 et en fait la génération de ceux qui aujourd'hui font de la désobéissance civile,
22:05 donc mes héros qui ont 20 ans, est rattrapée par la génération d'après,
22:08 ceux qui sont ados aujourd'hui, qui leur disent
22:11 "Mais écoutez, tous vos trucs de se coller sur les voitures,
22:14 de faire des manifs avec des chasubles etc, ça marche pas,
22:17 donc maintenant on va passer, ce qui est assez logique dans l'histoire des mouvements politiques,
22:21 au terrorisme, au sens Sartreien, c'est-à-dire il n'y a pas de révolution sans mort".
22:24 - On a vu à Castro récemment qu'une des jeunes femmes qui manifestait pour la ZAD,
22:27 parce qu'on sort de Notre-Dame-des-Landes et il y a eu cette tentative,
22:30 elle avait un t-shirt d'Action Directe, c'est-à-dire qu'on revenait 25 ans en arrière,
22:34 avec des jeunes gens qui au fond revenaient à un terrorisme,
22:38 qui est le terrorisme européen des années 70-80.
22:41 - Moi je suis beaucoup à ces mouvements-là, j'ai d'ailleurs une grande sympathie quand même,
22:45 au moins pour leur point de départ, je fais souvent la comparaison avec Action Directe,
22:49 justement, en disant "on n'en est pas encore à Action Directe",
22:52 mais effectivement depuis la publication de "Comment saboter un pipeline" il y a quelques années,
22:56 on voit très bien que le mouvement écologiste s'entend dépasser
23:00 et s'entend que la désobéissance civile ne suffit plus,
23:03 et tenter de passer à des actions qui ne sont là plus du tout pour prendre conscience,
23:06 pour convaincre, etc., qui sont là pour prendre le pouvoir
23:10 et faire ce qu'il faut faire, y compris par la force.
23:14 Et donc là, c'est effectivement le terrorisme d'Action Directe, c'est-à-dire le vrai terrorisme.
23:17 Aujourd'hui on n'est pas du tout, du tout, du tout dans le terrorisme,
23:20 contrairement à ce que pense le ministre de l'Intérieur.
23:22 Mais il y a tout de même la toute fin du livre,
23:26 qui pour moi n'est pas si différente de celle de Thomas,
23:30 parce que dans le tout dernier chapitre, après ce passage-là...
23:34 - Je ne veux pas tout raconter. - Non, mais il y a aussi une forme,
23:37 alors je ne vais pas la raconter, mais il y a aussi une forme de réussite, je trouve,
23:40 des deux héros, qui échouent dans leurs grands idéaux,
23:43 mais qui réussissent plus dans les petites choses qu'ils entreprennent,
23:47 et au fond, la réussite finale, c'est que quelque part, la nature reprend le dessus.
23:52 Tchernobyl, aujourd'hui, c'est la plus grande réserve de biodiversité d'Europe,
23:55 parce que plus personne n'y touche depuis 40 ans,
23:57 et que les chevaux de Przewalski reviennent, que les arbres ont craqué le béton soviétique.
24:00 - Et puis leur amitié s'est reconstituée.
24:02 - Leur amitié s'est reconstituée. Dans une terre complètement dévastée par les pesticides,
24:07 vous la laissez tranquille pendant 20 ans, les vers de terre reviennent tout seuls,
24:11 et ça redevient une prairie, et de nouveau, vous avez de l'herbe grasse.
24:15 Et donc, il y a quand même un peu ce message à la fin,
24:17 peut-être suffisant de ne rien faire quelques temps, pour que la vie reprenne le dessus.
24:23 - Le livre de Thomas Günzig s'appelle "Rocky, dernier rivage".
24:26 Je le disais, c'est un titre magnifique, c'est "Au diable vos vers".
24:29 Je suis ravi que vous soyez là, parce qu'au moins, vous êtes le premier belge de cette édition,
24:34 et ce premier belge n'est pas Amélie Nothomb, ce qui est une bonne nouvelle.
24:39 Vous savez que nous avons le complexe belge, parce que nous avons,
24:42 on va y avoir Virginie Effira, Damien, Spoolvord, Yann Fabre, Dime Delvoir,
24:48 on a l'impression qu'on est envahis par des gens qui sont beaucoup plus intelligents que nous,
24:52 et bien dans votre cas, c'est une réalité, ce roman est réussi.
24:56 - Gaspard, le livre s'appelle "Humus", et on voit deux personnages à l'abri d'un arbre,
25:03 il y a une ville en dessous, et c'est aux éditions de l'Observatoire.
25:06 Vous allez à Brive, la foire de Brive, je ne sais pas si vous y allez Thomas ?
25:10 - Pas cette année. - Pas cette année.
25:11 Pourquoi vous allez à Brive ? Parce que c'est la plus grande foire française,
25:15 et nous en sommes partenaires, donc nous en sommes très contents, mais c'est une nécessité ?
25:19 - D'abord mon éditeur m'a dit d'y aller, moi je fais ce que me dit mon éditeur en ce moment.
25:22 - Vous n'êtes pas un petit garçon.
25:23 - Non, mais enfin bon, comme là j'ai vraiment deux, trois mois où je passe mon temps à promouvoir le livre,
25:30 et quasiment tous les jours j'ai un déplacement en salon, en librairie, à la rencontre des lecteurs,
25:35 et c'est assez formidable de voir des lecteurs de toutes générations, de voir ce qu'ils en ont pensé,
25:39 évidemment la nouvelle génération, je suis particulièrement intéressé d'entendre leurs réactions,
25:43 et comme j'ai participé au Tour de France à du concours des lycéens,
25:46 ça m'a permis aussi d'entendre leurs sons de cloche, donc tout ça, ça participe du lancement du livre.
25:51 Après Brieves, ce qui est particulièrement sympathique je trouve dans Brieves, c'est que comme vous dites, c'est la foire,
25:57 et donc autant dans les autres salons sont plus, disons, raisonnables, autant en Brieves c'est la fête.
26:05 Et donc pour finir la saison, c'est pas mal de faire une grande fête,
26:08 et après, je vous promets, on se remet au boulot et on recommence à écrire.
26:11 - Oui, alors en ce temps il y aura les prix littéraires, et mon petit doigt me dit qu'il n'est pas impossible
26:15 que Gaspard obtienne un prix littéraire. Moi j'ai un souvenir absolument phénoménal à Brieves,
26:20 j'étais avec l'épouse de Gaston Defer, donc oubliez pas l'herbe, vous vous souvenez de cette romancière ?
26:29 - Edmond de Charleroi.
26:30 - Edmond de Charleroi, et à un moment j'ai voulu lui parler d'Alain Robbe-Grillet, parce que j'aimais beaucoup Alain Robbe-Grillet,
26:34 et elle est devenue verte jaune, comme quoi le nouveau roman avait été pour elle l'agression absolue de sa génération.
26:40 Alors, il fait tout, notre ami Thomas, notamment avec Vondormell et un autre partenaire,
26:48 et deux autres partenaires, vous avez été les scénaristes du dernier Pharaon de Black et Mortimer,
26:53 donc vous imaginez la palette de son talent, le voici, je vous l'offre mon cher Gaspard.
26:58 - Merci.
26:59 - Voilà. Siri Houchetet, vous savez, c'est évidemment la femme de Paul Auster,
27:05 enfin évidemment c'est un mot absurde, mais c'est un essai sur la condition humaine,
27:09 et c'est un très joli livre parce que très souvent les grands écrivains américains,
27:12 par exemple Stephen King, il y a un moment où il écrit, il écrit, il écrit des romans,
27:16 et puis il a écrit un livre qui s'appelle "Écriture" pour faire le point sur tout ce qu'il avait fait,
27:20 et on est très surpris de la maturité avec laquelle justement il a abordé toute cette œuvre,
27:26 et là, l'intérêt du livre de Siri Houchetet, c'est que non seulement il s'agit d'écriture,
27:31 mais il s'agit de la condition humaine, il s'agit aussi de l'art,
27:34 c'est pour ça que nous allons arriver donc à Nicolas de Stael, Nicolas de Stael, vous savez, émigré russe,
27:40 qui a fini sa vie du côté d'Antibes sur le port, c'est probablement le peintre abstrait français le plus important,
27:45 il est au Musée d'art moderne de la ville de Paris, tout est absolument sublime,
27:48 et voici le catalogue de l'émission.
27:50 Puisque nous parlions de dystopie, je voulais parler, je voulais signaler le livre de Nina Allen
27:55 qui s'appelle "Conqueste" par l'auteur de "La fracture", 50 000 exemplaires vendus,
28:01 c'est publié donc aux éditions Tristam, donc Siri Houchetet, et puis "L'art de la guerre",
28:07 c'est donc une aventure de Blake et Mortimer, mais c'est la dernière celle-là,
28:11 donc par Floch, Franck Mental et Boquet, et puis toujours cette ligne noire que nous devons évidemment à Hergé,
28:18 mais que nous devons aussi à Magritte, parce que tout à l'heure j'évoquais avec Thomas
28:22 ce qu'on appelle nous bêtement la Belgitude, mais c'est vrai que nous devons beaucoup à Yorcenard,
28:27 nous devons beaucoup à Hergé, nous devons énormément à Simnon,
28:30 il y a toute une génération donc d'artistes dans tous les domaines en Belgique
28:34 que nous ressentons comme nos vrais frères, d'où votre présence Thomas,
28:39 qui nous a fait extrêmement plaisir, et Gaspard, je vous souhaite le meilleur dans les jours qui viennent,
28:44 parce que je sais par expérience, pour avoir vécu un peu la même chose l'année dernière,
28:48 que quand les prix approchent, voilà, bonne chance à tous les deux,
28:53 et bonne lecture à vous, car franchement ces deux livres méritent que vous leur consacriez
28:58 un week-end, une semaine, le temps que vous voulez, mais en tout cas que vous les lisiez.
29:01 [Musique]

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