Un mois dans les médias - 26/10/2023 - Partie 1

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Transcript
00:00 [Générique]
00:18 Bonjour et bienvenue dans ce nouveau numéro d'Un mois dans les médias.
00:21 Chaque mois, on jette un coup d'œil dans le rétroviseur de l'actualité.
00:24 On se projette aussi, vous en avez l'habitude, vers celle du mois à venir.
00:28 C'est aussi l'occasion de vous expliquer avec mes invités comment se fabrique l'information
00:32 qui vous est livrée chaque jour par nos médias.
00:34 Avec moi en plateau Luc Bourgianne. Bonjour.
00:36 Bonjour Michael.
00:37 Bienvenue pour cette première. Rédacteur en chef de La Nouvelle République
00:40 et Mathieu Djuha, un habitué.
00:42 Bonjour Michael.
00:43 Il y a le nom derrière. Bonjour Michael derrière le fauteuil.
00:46 Rédacteur en chef d'Infotour et 37°.
00:48 Ravis de vous accueillir messieurs.
00:49 Nous recevrons en troisième partie d'émission Kylian Stingel,
00:52 auteur gastronomique, enseignant-chercheur à l'IEHCA,
00:56 l'Institut européen d'histoire et des cultures de l'alimentation.
00:59 On parlera avec lui des liens qu'entretiennent les médias et la gastronomie
01:02 à l'occasion des prochaines rencontres.
01:04 François Rabelais, dont le thème est cette année, et ça tombe bien,
01:08 médias et gastronomie.
01:09 Ce sera les 17 et 18 novembre prochains à la salle TLM de l'université de Tours.
01:13 Vous savez tout ou presque.
01:15 Tout de suite, c'est l'info dans le rétro avec un premier récapitulatif
01:19 des événements marquants de ces dernières semaines.
01:21 On y revient tout de suite.
01:22 A bord de cet énorme camion Wilhelm de 1958,
01:31 on entrevoit l'impressionnante diversité du musée PASSE-NOT.
01:35 A l'entrée sud de Blois, c'est tout le quartier de la Bouillie
01:38 qui poursuit sa mutation.
01:40 Des voies cyclables sont en cours de création
01:42 et de futurs nous végétalisés vont venir absorber l'eau de pluie de la chaussée.
01:47 Madame le PS, bonjour.
01:49 Bonjour.
01:50 Chaque fois que je mets mes gants, je vois mes blessures.
01:52 Donc, ils sont visibles.
01:53 Même des fois, je vois le regard des patients qui regardent ma main
01:57 pendant que je travaille.
01:58 Donc, c'est une plaie qu'ils n'espèreraient jamais.
02:02 Cela fait bientôt trois semaines que Myriam a disparu.
02:06 Son père s'est rapidement mis en relation
02:08 avec l'association de recherche de personnes disparues.
02:11 Il mène l'enquête de leur côté en parallèle de la gendarmerie.
02:14 Sur un an, on a 108 000 trajets qui ont été effectués
02:17 avec 270 000 kilomètres parcourus.
02:22 C'est plutôt quelque chose de très positif.
02:25 Je le répète encore une fois, ça ne coûte rien du tout à la Ville de Blois.
02:28 Le moustique tigre transmet des maladies tropicales comme la dingue.
02:32 Dans le quartier du Ripaud, un couple de retour des Antilles
02:35 a contracté la maladie.
02:37 L'agence régionale de santé a ordonné un traitement ciblé
02:40 contre le moustique tigre dans cette zone qui compte une vingtaine de maisons.
02:44 Parmi les locaux de l'étape, dans la famille Rocher,
02:47 je demande le grand-père, Jean-Luc,
02:50 venu pour le plaisir du pilotage sur ces terres
02:53 et présent sur le cœur de France depuis le tout début.
02:56 Tandis que Pierre, son fils, vise le titre dans la catégorie alpine,
02:59 Arthur, le petit-fils, est inscrit dans le trophée Clio.
03:02 C'est un truc assez dingue, tu fais ça, comme ça.
03:05 Un tour après l'autre et toujours les mêmes réactions.
03:10 Les yeux pétillent avec des sourires jusqu'aux oreilles.
03:14 Pour l'inauguration de l'espace Jacques Chirac,
03:17 en fait ce qu'on appelait communément l'ancienne mairie à Saint-Cyr,
03:20 les fidèles chiraciens ne manquent pas à l'appel.
03:23 Compagnons de route d'un parcours politique
03:26 qu'il a mené à la présidence de la République.
03:29 - Dans cette première partie, on va parler de la lourde actualité
03:32 qui frappe le monde et la France.
03:34 Comment traiter du conflit qui oppose aujourd'hui
03:37 et depuis plusieurs semaines Israël et le Hamas ?
03:39 - On va parler de l'impact sur notre quotidien.
03:41 Mais on commence par l'attentat d'Arras et ses conséquences locales.
03:44 C'est à nouveau un acte terrible que se meurte
03:47 Dominique Bernard dans ce lycée d'Arras
03:49 par un assaillant radicalisé.
03:51 C'était le 13 octobre dernier, trois ans après l'assassinat de Samuel Paty.
03:55 On en parle parce qu'il y a des conséquences locales
03:57 qu'on va décrypter avec mes invités.
03:59 Et parce que tous les Français ont ressenti cette vive émotion
04:02 partagée lors de rassemblements un peu partout.
04:04 Regardez, c'était à jouer les tours le 16 octobre dernier.
04:08 - A la demande de monsieur le ministre de l'Education nationale,
04:12 je vous prie d'observer une minute de silence
04:15 en hommage aux professeurs et aux agents techniques victimes du terrorisme.
04:19 - Voilà, les hommages très émouvants au-delà du drame,
04:22 messieurs, qui frappe ce professeur.
04:23 C'est bien la charge symbolique qui bouleverse la République
04:26 et est atteinte, Luc ?
04:28 - Oui, mais comme souvent avec le terrorisme,
04:30 c'est aussi le fait que tout le monde puisse s'identifier
04:32 à la victime qui entraîne cette charge émotionnelle forte.
04:36 C'est aussi parce que c'est une institution emblématique,
04:38 l'école, qui est touchée.
04:40 Et nous, médias, dans cette situation,
04:42 nous devons de partager à la fois cette émotion,
04:45 de répondre à cette sidération,
04:47 mais aussi, et je pense qu'on va en parler,
04:49 de veiller à ne pas aggraver le climat de terreur.
04:51 C'est facile à dire, mais...
04:53 - C'est un délire fierveux, Mathieu.
04:55 - Oui, tout à fait, il faut à la fois rendre compte
04:57 de ce qui se passe, des impacts locaux, c'est ce qu'on disait,
05:00 les impacts sur les collégiens, les lycéens,
05:02 avec toutes les mesures qui ont été prises depuis.
05:04 Et puis aussi essayer de ne pas dramatiser la chose.
05:06 Et sur des sujets graves comme ça, c'est pas toujours évident.
05:09 - Pas dramatiser, parce que l'émotion est très forte.
05:14 Le jour où on a tourné ces images, les lycéens étaient très choqués.
05:17 Ils exprimaient même leur peur de revenir au lycée.
05:20 On les écoute au micro du CAC Chopin.
05:22 - Aujourd'hui, je voulais pas retourner en courant,
05:25 par rapport à ce qui s'est passé.
05:27 - Moi non plus, je voulais pas revenir.
05:29 J'ai pas eu le choix, mais...
05:30 - Avec les événements, je trouve qu'il y a un peu de terreur
05:32 envers les élèves.
05:33 Ils ont peur d'être pas assez, peut-être, protégés.
05:35 - On se sent quand même un peu en danger par rapport aux événements.
05:38 C'est que ça peut arriver à n'importe quel moment.
05:41 - C'est assez soudain, du coup, c'est assez inquiétant.
05:43 - C'est comme un sentiment de peur qu'il y a derrière,
05:45 parce qu'à tout moment, ça peut recommencer.
05:48 - On a une certaine inquiétude à venir au lycée.
05:50 On sait pas comment réagir.
05:52 On se pose tous des questions sur les mesures de sécurité et tout ça.
05:55 Donc on est un peu perturbés.
05:57 - Ils se posent des questions sur les mesures de sécurité.
06:00 Justement, les mesures de sécurité.
06:01 Est-ce que ça a changé quelque chose dans le quotidien des lycéens, Mathieu ?
06:04 - Foncièrement, non. Après, c'est des petites mesures.
06:07 C'est vrai que pour en avoir parlé avec des parents ou des choses comme ça,
06:10 il y a eu une fouille des sacs à l'entrée des établissements,
06:13 l'obligation, il n'y a plus d'attroupement devant.
06:15 C'est des petites mesures qui sont là, en effet, pour rassurer.
06:17 Mais quotidiennement, ça change pas le fond.
06:19 Après, ce qui a changé, vraiment, c'est le lundi qui a suivi
06:22 avec ce temps d'échange entre le corps enseignant, les élèves.
06:27 Et voilà, c'est ça qu'il fallait aussi pouvoir exprimer ces paroles-là.
06:31 - On ne peut pas bounkériser de toute manière les lycéens.
06:33 - Non, on ne peut pas. Et quelque part, la réponse,
06:36 et nous, en tant que médias, un journal comme "La Nouvelle République",
06:38 c'est de rappeler ça en termes de sa ligne éditoriale,
06:40 dans l'ADN du journal, c'est de rappeler que la force d'une république,
06:43 d'une démocratie, c'est de ne pas varier en dépit des dangers qui la guettent
06:46 et des risques que font peser sur elle ses adversaires,
06:50 que sont ces terroristes.
06:52 - Depuis, il y a eu un relèvement du niveau d'alerte attentat en France.
06:56 La préfecture a étudié la liste des individus classés dans le fichier
07:00 qui s'appelle le FSPRT, le fichier de signalement pour la prévention
07:04 de la radicalisation à caractère terroriste.
07:06 En Indre-et-Loire, la préfecture que j'ai contactée me dit
07:10 qu'un seul individu, en fait, a été identifié et placé en centre de rétention.
07:13 C'était, j'allais dire, la première mesure à prendre,
07:16 c'était d'aller directement identifier ces personnes
07:19 qui, potentiellement, créent du risque ?
07:21 - Sûrement. En tout cas, c'est celle qui a été prise par la préfecture.
07:24 La préfecture ne nous appartient pas forcément de connaître la pertinence,
07:27 d'autant que, et c'est là où, nous, en tant que médias,
07:29 c'est délicat de traiter ce genre d'informations.
07:31 On n'a pas accès aux sources facilement.
07:33 Et là, on parle de l'éducation nationale, par exemple.
07:35 L'éducation nationale est une institution qui est assez hermétique
07:39 aux questions journalistiques en temps normal.
07:41 Je ne parle pas, là, on peut concevoir, dans le climat ambiant,
07:44 que ce ne soit pas facile et qu'on ne réponde pas de manière...
07:47 Mais, de manière générale, hors contexte terroriste,
07:50 hors contexte Vigipirate niveau relevé,
07:53 c'est quand même difficile d'avoir les informations,
07:55 et notamment sur ces questions-là.
07:57 C'est aussi quelque chose qui participe de la difficulté d'informer sur ces sujets-là.
08:00 - C'est quelque chose que vous ressentez aussi, Mathieu ?
08:02 - Oui, tout à fait. L'éducation nationale, en effet,
08:04 c'est quelque chose qui est un peu sacro-saint.
08:07 Donc, c'est difficile d'y entrer à tous les niveaux.
08:09 C'est quelque chose qui est protégé.
08:10 Donc, là, encore plus sur des moments comme ça.
08:12 Donc, après, il faut travailler sur les sources qu'on peut avoir.
08:15 Je le disais, les parents d'élèves, les représentants de parents d'élèves,
08:17 des choses comme ça.
08:18 Il faut y arriver par des biais un peu tiers.
08:20 Mais du coup, il faut être vigilant aussi.
08:22 - Allez, on passe à un autre thème qui illustre aussi
08:24 cette difficulté, justement, de traitement au quotidien.
08:27 C'est notamment traiter un conflit qui met le monde en émoi.
08:31 Le 7 octobre, le Hamas lançait une attaque terroriste
08:34 sans précédent contre Israël, depuis des milliers de morts civiles.
08:36 Et un conflit qui tend les relations internationales.
08:38 Un conflit international que, localement, on ne peut pas,
08:41 ne pas évoquer.
08:42 Un traitement, là aussi, qui est plus lié aux hommages,
08:45 aux rassemblements, dans un premier temps.
08:48 Peut-être, Mathieu.
08:49 - Oui, c'est ça.
08:50 Après, c'est un peu comme pour Arras.
08:52 C'est comment traiter en local une actualité qui est nationale.
08:55 Nous, si je prends notre exemple, à Info Tour 37°,
08:58 on a vraiment une vocation de localier.
09:00 Donc, il faut qu'on traite ça.
09:01 Il faut qu'on traite des manifestations,
09:02 si elles sont d'intérêt public.
09:03 Il faut qu'on arrive à apporter un plus à cette information.
09:07 Sinon, sur le reste, on laisse nos confrères,
09:09 y compris la Nouvelle République, faire.
09:11 - Oui.
09:12 L'idée, c'est de rechercher, si on reste sur l'angle local,
09:15 une manière de traitement des sources.
09:17 Là aussi, on reste peut-être sur l'émotion, en fait.
09:21 On peut difficilement aller plus loin, en fait, au local.
09:23 - Oui.
09:24 Alors, il y a à la fois relater ce qui se passe localement,
09:27 effectivement.
09:28 Il faut être présent, parce que c'est une manifestation
09:30 d'intérêt public, parce que ça se passe sur notre territoire,
09:32 parce que nos audiences, nos lectorats le voient.
09:34 Et puis, il y a le choix éditorial de donner la parole,
09:37 de mettre en lumière tel ou tel aspect de cet événement.
09:41 On peut donner des exemples.
09:43 Parfois, on est sollicité pour donner des rendez-vous
09:47 vers des conférences, des réunions militantes.
09:50 En ces moments-là, c'est d'autant plus important
09:54 d'avoir un regard éditorial très fin sur,
09:56 est-ce que, oui ou non, cette conférence participe
10:00 d'une présentation équilibrée des événements.
10:03 Et en ce moment, ce n'était pas forcément le cas.
10:05 - Oui, pour ne pas être partisan.
10:07 Si on passe au traitement national et international,
10:10 pour le coup, dans nos éditions locales,
10:12 nous, on est dépassé.
10:14 Et évidemment, ce n'est pas notre job.
10:15 Le job, c'est celui, notamment, du Bureau des informations générales
10:19 de la Nouvelle République.
10:20 Alors, on les appelle les IG.
10:22 C'est quoi les IG ?
10:23 - Les IG, dans le jargon, et tout ça, c'est nickel.
10:25 C'est tout ce qui va être du ressort de l'actu national ou international.
10:29 C'est un service d'une dizaine de personnes, basé à Tours,
10:33 qui, effectivement, génère des pages pour l'ensemble de nos éditions.
10:38 Et puis, qui, sur le web, assure ce qu'on appelle la Homme IG,
10:43 la Homme Générale de la Nouvelle République.
10:46 Quand on ne rentre pas sur l'édition Indre et Loire
10:49 ou l'édition Loire et Cher, on arrive sur cette page-là.
10:52 Et effectivement, c'était un service qui était aux premières loges
10:54 sur ce conflit-là.
10:55 - Alors, comment...
10:56 Vous allez nous expliquer comment ils peuvent traiter de ce sujet,
10:59 qui se passe à des milliers de kilomètres d'ici,
11:01 en restant globalement à Tours, en fait.
11:03 - Oui, il n'y a pas de reportage pour nous.
11:04 On n'a pas la capacité d'avoir des gens sur le terrain.
11:08 Donc, c'est à partir de Dépêche AFP, évidemment.
11:11 L'AFP, c'est l'agence France Presse.
11:14 C'est une agence de référence qui, elle, a des journalistes sur place,
11:18 y compris des correspondants, d'ailleurs, à Gaza.
11:20 Donc, c'est via ces informations qui sont vérifiées,
11:25 que l'on retraite et que l'on publie.
11:28 Puis, c'est aussi par son propre réseau, son réseau d'experts,
11:32 voir des réseaux autres qui peuvent permettre,
11:35 par exemple, ce matin, dans nos éditions de La Nouvelle République,
11:38 on a le témoignage du compagnon d'une otage israélienne.
11:41 C'est une exclue, j'allais dire, francophone,
11:43 puisqu'il ne s'était exprimé que dans Le Guardian jusqu'ici.
11:46 Et ça participe d'offrir à nos audiences, à notre lectorat,
11:50 un éclairage sur cette actualité,
11:52 un éclairage propre à La Nouvelle République.
11:54 - Et c'est un éclairage qui n'est pas celui du reporter de guerre.
11:58 On le rappelle, il ne faut rien faire,
12:00 on le distingue entre ces médias qui ont des reporters sur place
12:03 et la NR qui n'en a pas.
12:05 - Et nous, justement, l'une des manières qui nous a semblées
12:08 les plus habiles de traiter de cette information
12:11 qui variait au fur et à mesure, en continu,
12:13 là je parle du traitement web, c'est d'ouvrir ce qu'on appelle,
12:16 alors ça parle beaucoup en télé, mais ce n'est pas la même chose,
12:18 un direct web, c'est une succession d'infos factuelles
12:21 qui, tout au fil de la journée, sont égrénées.
12:24 Ça nous permet de ne pas republier systématiquement un titre,
12:27 ça nous permet de ne pas toujours sur-réagir
12:30 et donner trop d'importance à une information qui vient de tomber,
12:33 dont on n'a pas encore mesuré toutes les conséquences,
12:35 et à commencer par la fiabilité parfois.
12:37 Et donc ça, on le voit là sur une capture d'écran,
12:39 c'est ce mode de traitement éditorial qui a été priorisé,
12:42 sur notamment depuis le 7 octobre et le conflit Israël-Hamas.
12:46 - Ce qui permet la mesure et la prudence nécessaires.
12:50 Merci à vous deux.
12:51 On se retrouve après la pause pour évoquer une question
12:54 qui a fait polémique à Tours en octobre, celle de la sécurité.
12:59 Selon un triptyque, pétition, opposition et réaction.
13:03 A tout de suite.
13:04 !

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