"La situation est dramatique" dans les hôpitaux de Gaza

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Transcript
00:00 La situation humanitaire à Gaza, après trois semaines de blocus total et des bombardements israéliens continue.
00:04 Un avion français chargé de matériel médical est attendu.
00:08 Un navire, le Tonnerre, doit également apporter un soutien aux hôpitaux de l'enclave palestinienne.
00:12 Un tiers des hôpitaux sont à l'arrêt et plus de 90% des médicaments et des produits sont épuisés.
00:18 Dans 24 heures, s'il n'y a plus d'électricité, des malades seront condamnés à une mort quasi certaine.
00:24 On retrouve Guilhemette Thomas, coordinatrice médicale du MSF Médecins Sans Frontières à Gaza.
00:29 Bonjour. Gaza s'enfonce dans la catastrophe humanitaire, en premier lieu pour les malades.
00:34 Quelle est la situation des hôpitaux sur place ?
00:38 La situation, elle est chaotique, totalement dramatique.
00:42 On a des hôpitaux qui sont surchargés, qui font face à un afflux continu de patients depuis maintenant plusieurs semaines,
00:49 trois semaines de conflit, avec des ruptures pour des médicaments les plus essentiels,
00:56 des médicaments qui sont nécessaires par exemple pour faire des anesthésies, pour faire des opérations, des antalgiques.
01:02 Donc aujourd'hui, les patients sont soignés, ont des soins qui sont extrêmement douloureux,
01:07 sans aucun moyen de sauver de la douleur.
01:09 Ils sont en rupture d'antibiotiques, de bandages, etc. La situation est vraiment catastrophique.
01:15 Et les personnels soignants qui travaillent sans relâche depuis le début du conflit sont complètement épuisés.
01:21 On assiste vraiment à une situation dramatique dans les hôpitaux.
01:24 Si les générateurs ne peuvent plus fonctionner faute de carburant, que va-t-il se passer ?
01:30 En pratique, tous les équipements électriques de l'hôpital vont s'arrêter.
01:34 C'est ce qui s'est déjà passé à l'Indonésienne Hospital, dans le nord de la bande de Gaza.
01:39 C'est un hôpital que nous soutenons à MSF. L'électricité a été coupée pendant 30 minutes, il y a 48 heures.
01:45 Tous les appareils électriques se sont arrêtés.
01:48 En pratique, ce sont tous les équipements qui maintiennent en vie certains patients,
01:52 comme dans les soins intensifs, la réanimation, ou dans les services de néonatologie.
01:56 Si ces équipements s'arrêtent, les patients vont mourir dans les suites immédiates.
02:01 Donc c'est une question qui est cruciale.
02:03 Donc les bébés, par exemple, sous incubateur ?
02:06 Sous incubateur, sous respirateur, en fait.
02:08 Tous les systèmes d'assistance vitale, que ce soit respiratoire, que ce soit cardiaque, etc.
02:13 En fait, tout le matériel médical qui fonctionne habituellement avec de l'électricité, vont s'arrêter.
02:19 Les blocs opératoires ne pourront plus fonctionner, les patients ne pourront plus être opérés.
02:22 Ce qu'on sait, c'est que vu le nombre de blessés qui arrivent chaque jour dans les hôpitaux,
02:27 ça ne va faire évidemment que rendre la situation encore plus dramatique.
02:30 L'armée israélienne refuse la livraison de carburant de peur qu'il soit détourné par le Hamas.
02:36 Est-ce pour vous un argument recevable ?
02:39 Absolument pas recevable comme argument.
02:41 On ne peut pas se cacher derrière cet argument-là, en fait.
02:43 Sinon, c'est être complice du massacre d'une population.
02:46 Donc non, on ne peut pas se cacher derrière cet argument-là.
02:48 Le fioul était indispensable pour soigner les gens dans les hôpitaux,
02:52 mais il est également indispensable pour tout ce qui concerne l'assainissement de l'eau.
02:56 Aujourd'hui, c'est un point crucial dans la vente de gaza.
02:59 L'accès à l'eau potable est extrêmement difficile.
03:02 Les gens boivent de l'eau salée, de l'eau qui est impropre à la consommation.
03:05 Je parle d'une population qui est extrêmement vulnérable, composée à plus de 50% d'enfants.
03:12 Donc c'est de cette population-là dont on parle.
03:15 Le fioul est absolument indispensable au fonctionnement de ces...
03:21 Tout le fonctionnement pour purifier l'eau.
03:23 Donc non, ce n'est absolument pas recevable.
03:26 Et est-ce qu'on ne peut pas imaginer,
03:27 pourquoi il n'y a-t-il pas des mécanismes de suivi des cargaisons ?
03:31 On peut tout à fait mettre en place un système de suivi des cargaisons.
03:34 C'est une question de volonté, en fait.
03:36 On n'est pas dans un problème logistique.
03:38 On est dans un problème de volonté.
03:39 Est-ce que oui ou non,
03:42 on veut que cette population survivre ?
03:44 Elle est actuellement sous un blocus total depuis 21 jours.
03:48 Voilà la situation.
03:50 Quelle est l'importance par ailleurs de l'aide humanitaire française ?
03:54 Alors, par rapport aux annonces qui ont été faites par le gouvernement français,
03:59 j'ai envie de vous dire, très bien,
04:00 tout apport d'aide humanitaire est bon à prendre.
04:02 Le problème, il ne se situe pas là.
04:04 Il y a des centaines de camions qui attendent pour entrer dans la bande de Gaza.
04:07 Donc c'est l'entrée de l'aide humanitaire qui est problématique.
04:11 Il faut une entrée massive.
04:12 Il faut autoriser l'accès à la bande de Gaza,
04:16 que ce soit en termes d'entrée de médicaments, d'eau, de fioul, etc.
04:20 Mais également sécuriser l'accès humanitaire.
04:22 Parce qu'aujourd'hui, l'accès aux populations est rendu extrêmement dangereux
04:28 compte tenu des bombardements incessants de l'armée israélienne,
04:33 jour, nuit, que ce soit sur le nord de la bande de Gaza
04:36 ou sur le sud de la bande de Gaza,
04:37 qui est censée être une zone un petit peu plus sûre,
04:41 suivant l'ordre d'évacuation de l'armée israélienne du nord de la bande de Gaza.
04:45 Aujourd'hui, ce n'est absolument pas le cas.
04:46 Il n'y a pas d'accès sécurisé aux populations.
04:49 Par ailleurs, l'aide française humanitaire annoncée,
04:51 elle est importante sur le plan symbolique, politique,
04:55 mais elle est plutôt symbolique,
04:57 parce qu'elle ne répond pas aux besoins des habitants de Gaza.
05:02 Selon tous ceux qui ont besoin, les habitants de Gaza,
05:04 c'est un cessez-le-feu et c'est un lever du blocus.
05:07 Sans quoi cette population va malheureusement sombrer
05:11 dans quelque chose qui est inimaginable.
05:14 La situation est déjà catastrophique.
05:16 Donc, en plus de cette aide humanitaire,
05:19 il faut arrêter les bombardements.
05:21 Il faut permettre d'accéder aux populations,
05:24 de leur apporter les choses les plus basiques,
05:27 de l'eau, de la nourriture et un accès aux soins dignes de ce nom.
05:31 Vous demandez un cessez-le-feu.
05:33 Est-ce qu'il ne faudrait pas mieux demander une crève humanitaire ?
05:37 Il faut qu'importe le terme au final.
05:40 Je pense qu'il faut arrêter ces bombardements incessants
05:42 sur la bande de Gaza.
05:43 Rien ne le justifie aujourd'hui.
05:45 C'est des populations civiles qui sont touchées.
05:47 Donc, il faut de toute façon arrêter ces bombardements
05:51 pour que l'on puisse accéder à ces populations.
05:53 Appeler ça un cessez-le-feu humanitaire,
05:55 appeler ça un cessez-le-feu conflit.
05:57 Bien sûr, ce qu'il faut, c'est pouvoir accéder à ces populations
06:00 dans des conditions de sécurité.
06:02 Pour vous, ce qui se passe actuellement à Gaza,
06:05 est-ce que ça relève actuellement du qualificatif de crime de guerre ?
06:08 Absolument, on est tout à fait dans cette qualification-là.
06:11 On n'est pas les seuls à le dire MSF.
06:13 Beaucoup d'organisations internationales le dénoncent.
06:17 On est aujourd'hui dans ce contexte-là de crime de guerre, bien sûr.

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