La musique est un remède naturel pour l'homme et les êtres humains. Mais peut-elle se transformer en arme redoutable ? C'est ce que nous allons découvrir dans cette vidéo.
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MusiqueTranscription
00:00 Ce n'est plus à démontrer, la musique possède des dizaines de bienfaits pour l'être humain et les êtres vivants en général.
00:05 Que ce soit les arbres, les vaches ou Tokuza du bled, la musique apparaît comme un remède naturel pour tous les êtres vivants sur Terre.
00:11 Mais mis entre de mauvaises mains, le 4e arbre est devenu un outil de contrôle puissant et une arme de destruction psychologique redoutable.
00:16 Je vous propose donc aujourd'hui, en ce jour d'Halloween, de vous plonger au cœur des mélodies du mal.
00:20 *Musique*
00:26 Allez, on commence léger, comme ça on se garde le pire pour la fin.
00:29 Ce qui fait de l'être humain une espèce unique, c'est sa capacité à développer une culture, des valeurs et surtout à comprendre et analyser son environnement.
00:36 Bon, il y a aussi le fait de savoir se tenir debout.
00:38 Mais une chose est sûre, l'être humain, grâce à son intelligence, est capable de contrôler et manipuler ses semblables.
00:43 Il peut ainsi influencer les autres afin d'arriver à sa fin et dans ces circonstances, la musique devient un outil indispensable.
00:48 En 2016, une chercheuse en psychologie du nom de Naomi Ziv mène une étude dans son université.
00:53 Le but de cette expérience est de voir si une musique perçue comme joyeuse et positive peut nous amener à nuire à une personne que l'on ne connaît pas, sous l'ordre d'un superviseur.
01:01 Pour ce faire, elle réunit 120 élèves à qui elle donne une mission simple et sans importance, et qui demande tout de même un minimum de concentration.
01:08 Pour accompagner cette tâche, de la musique joyeuse est entraînante et diffusée pour 90 des sujets totaux, tandis que les 30 derniers, eux, exécuteront leur exercice en silence.
01:15 Mais tout cela c'est juste un leurre, car la véritable expérience commence à la fin du devoir.
01:18 Une fois la tâche accomplie, alors que la musique joyeuse continue de retentir pour 90 d'entre eux, l'examinateur va leur dire la chose suivante.
01:25 "Il y a une autre élève qui est venue spécialement pour participer à cette expérience dans l'université, car si elle ne participe pas, elle ne peut pas avoir ses crédits pour valider son année."
01:32 "Pourriez-vous l'appeler pour moi et lui dire que je suis parti, et qu'elle ne peut plus participer ?"
01:35 Et alors que 40% des étudiants sans musique ont suivi l'ordre, plus de 65% de ceux avec de la musique ont tout simplement obéi sans broncher.
01:44 Et c'est pas le pire.
01:45 Naomi et son équipe décident de renouveler l'expérience avec un autre groupe test.
01:48 Les mêmes tâches et les mêmes musiques sont réutilisées.
01:50 Mais cette fois-ci, à la fin du devoir, l'examinateur va juste dire ceci.
01:53 "J'ai besoin que vous appeliez une étudiante gravement malade et lui dire que, contrairement à ce que je lui ai promis, elle ne recevra pas son cours."
01:59 "Parce que j'ai pas envie de les lui donner."
02:01 Face à cette déclaration discriminatoire et purement arbitraire, seulement 33% des personnes sans musique ont obéi.
02:07 L'autre groupe, plus de 80% d'entre eux se sont pliés à l'ordre.
02:11 Ziv vient tout juste de nous montrer que la musique peut être assez puissante pour envoyer valser nos valeurs morales.
02:16 Et ça me fait une transition parfaite pour la partie 2.
02:19 [Musique]
02:23 Avant d'aborder le thème principal de cette vidéo, je dois vous parler de l'expérience de Stanford, aussi appelée l'effet Lucifer,
02:29 qui a été menée en 1971 par le professeur Zimbardo.
02:32 Cette étude visait à étudier comment les rôles sociaux et l'environnement pouvaient altérer les comportements humains.
02:37 L'expérience a été menée à l'université Stanford, en Californie.
02:40 Zimbardo a recruté 24 étudiants volontaires et rémunérés,
02:43 qui étaient considérés comme mentalement et émotionnellement stables pour participer à l'étude.
02:47 Durée prévue de l'étude, deux semaines.
02:49 Afin de mieux analyser le comportement humain,
02:51 Zimbardo a décidé de créer une simulation de prison située dans le sous-sol de l'université.
02:55 Les participants ont été assignés au hasard pour jouer le rôle de gardien ou de prisonnier.
02:59 Les rôles ont été attribués par un simple tirage au sort.
03:01 Seulement voilà, les résultats de l'expérience ont été choquants.
03:04 Les gardiens ont rapidement adopté des comportements abusifs envers les prisonniers,
03:08 utilisant parfois la force, l'humiliation et la dégradation pour maintenir le contrôle.
03:11 Les prisonniers ont commencé à présenter des signes de détresse émotionnelle,
03:14 et certains ont montré des symptômes de stress aigu en très peu de temps.
03:17 Initialement prévus pour durer deux semaines,
03:19 l'expérience a été interrompue après seulement six jours
03:21 en raison de l'escalade de la brutalité des gardiens
03:24 et de la détérioration de la santé mentale des prisonniers.
03:26 L'expérience de Stanford a mis en lumière la puissante influence de la situation
03:30 et des rôles sociaux sur le comportement humain.
03:32 Elle a montré comment des individus normaux pouvaient rapidement se transformer en acteurs de comportement cruel
03:36 lorsqu'ils étaient placés dans des situations de pouvoir et d'autorité.
03:40 Mais surtout, cela a montré les tendances à l'abus de pouvoir
03:42 et à la déshumanisation dans un milieu carcéral.
03:45 Elle reste une étude emblématique dans le milieu de la psychologie sociale,
03:47 et je ne peux que trop vous conseiller d'aller voir The Prison Experiment,
03:51 qui est un film, tout simplement, qui retrace ce qui s'est passé durant l'expérience,
03:55 et c'est vraiment bien.
03:57 Super analyse de cinéma que je vous offre là.
04:02 Bon.
04:03 Maintenant, on passe aux choses sérieuses.
04:05 [Musique]
04:16 11 septembre 2001, les tours jumelles du World Trade Center s'effondrent.
04:19 Presque 3000 morts sont à déplorer.
04:21 C'est un choc pour les USA et le monde entier.
04:23 À la suite de ce drame, George Bush Jr. déclare la guerre à Al-Qaïda
04:26 et fait débarquer en Afghanistan, puis en Irak,
04:28 à la recherche de soi-disant armes de destruction massive,
04:31 forces spéciales militaires et surtout, la CIA.
04:33 C'est ce qu'on appelle la seconde guerre du Golfe perso-arabique.
04:37 Lors des opérations sur place, les forces américaines et britanniques
04:39 font prisonnier des centaines, voire des milliers de personnes,
04:42 dans deux prisons différentes.
04:44 L'une dans la baie de Guantanamo, au large du Cuba,
04:46 et l'autre à Abu Ghraib, en Irak.
04:48 Dans ces centres de détention, on y trouve ainsi des combattants ennemis présumés,
04:51 mais surtout des civils qui n'ont rien demandé à personne.
04:54 Donc pour résumer, on a ici une guerre préventive,
04:56 où tous les coups sont permis afin de faire craquer l'ennemi et rentrer vainqueur au pays.
05:00 Alors maintenant, si t'as suivi un petit peu le préambule sur l'expérience de Stanford,
05:04 tu vois où je veux en venir.
05:05 Dans ces deux prisons, des actes innommables sont commis par l'armée américaine,
05:08 britannique et la CIA.
05:10 Pire encore, en février 2003,
05:12 George Bush déclare que la Convention de Genève ne saurait être respectée
05:16 et que le statut de prisonnier de guerre ne saurait être attribué
05:18 aux prisonniers faits dans cette guerre.
05:20 Ce qui signifie que tous les moyens sont bons pour faire craquer
05:23 et vivre un enfer aux prisonniers,
05:24 et survient alors un festival de torture toutes plus dégradantes
05:28 et humiliantes les unes des autres.
05:29 Et parmi ces techniques, on y retrouve une utilisation abusive de la musique.
05:33 Tout d'abord, il est primordial de comprendre la différence
05:35 entre la culture occidentale et orientale,
05:37 tant dans le monde de la musique que la culture en général.
05:40 Ce qui pour nous peut paraître audible,
05:42 peut provoquer des cauchemars dans d'autres cultures et inversement.
05:45 Partant de ce postulat, les militaires américains, britanniques et la CIA
05:49 se sont tous réunis afin de déterminer quelles seraient les chansons
05:51 les plus susceptibles de faire craquer les prisonniers.
05:54 C'est comme ça que dans les prisons de Guantanamo et Abu Ghraib,
05:56 sont mis à résonner 24h/24, 7j/7, des titres tels que
06:00 "Baby One More Time" de Britney Spears,
06:02 "Enter Sandman" de Metallica,
06:05 "The Real Slim Shady" de Eminem,
06:08 ou encore "Saturday Night Fever" des Bee Gees.
06:10 Le but de la démarche est le suivant,
06:12 rendre les prisonniers fous et les faire craquer psychologiquement
06:14 pour qu'il ne reste plus rien d'eux.
06:16 Et il faut dire ce qu'il est, ça a fonctionné.
06:18 Ça a même très bien fonctionné.
06:20 Surtout avec des petites chansons courtes et anodines,
06:24 dont on ne soupçonnerait même pas le pouvoir de
06:27 tout simplement briser un être humain.
06:29 Alors maintenant, imaginez-vous à l'intérieur d'une cellule
06:31 plongée dans le noir en pleine nuit.
06:33 Vous venez de subir des sévices physiques atroces et humiliantes
06:35 de la part des agents sur place,
06:37 et une fois de retour dans votre cage,
06:39 vous êtes contraints d'écouter cette chanson en boucle pendant des heures.
06:42 *Musique*
06:59 Et alors que la chanson se termine pour la centième fois,
07:01 vous pensez qu'enfin votre calvaire est terminée.
07:03 Quand soudain, vous entendez ceci.
07:05 *Musique*
07:26 Et vous savez pertinemment que vous êtes partis pour l'entendre pendant des heures.
07:30 Évidemment, ces mélodies sont jouées à volume maximum
07:33 pour être sûr que vous ne puissiez ni dormir, ni réfléchir,
07:35 ni pleurer, ni crier.
07:37 La seule chose que vous pouvez faire,
07:39 c'est espérer que la mort vienne vous chercher
07:41 afin de mettre fin à votre calvaire.
07:42 Mais malheureusement,
07:44 elle n'arrivera jamais.
07:46 Alors le pire, c'est quoi ?
07:47 Les tourments subis par les prisonniers ?
07:50 Les moqueries des tortionnaires et d'une partie du peuple américain ?
07:53 Ou bien le fait que ces choses-là se soient passées il y a à peu près 20 ans,
07:56 et que je suis quasiment certain qu'une partie d'entre vous
07:58 n'était même pas au courant tant les choses ont dû être cachées.
08:01 Pour pas que, tout simplement,
08:03 le peuple fasse un scandale.
08:05 Quoi qu'il en soit, on ne peut qu'espérer que ce soit la dernière fois
08:07 que la musique serve comme arme de torture psychologique.
08:10 Mais malheureusement, ce n'était pas la première fois.
08:13 Bon.
08:25 Si aujourd'hui, le monde entier a connaissance des atrocités commises
08:28 lors de la Seconde Guerre mondiale dans les camps de concentration,
08:31 beaucoup de personnes ignorent que la musique y avait une place de premier rang.
08:33 L'utilisation de la musique était d'ailleurs l'un des éléments qui ont fait que
08:37 on ne soupçonnait pas ce qu'il se passait dans les camps de concentration à cette époque-là.
08:41 Pour faire simple, la musique avait une place omniprésente dans les camps.
08:44 Élise Petit, commissaire de l'exposition "La musique dans les camps nazis", explique.
08:48 Elle assurait d'abord une fonction de coordination,
08:50 visant à l'insynchronisation des pas et des mouvements.
08:53 A comprendre ici que, de base,
08:55 les chansons savaient maintenir un rythme de travail forcé suffisamment élevé et soutenu
08:59 afin d'en améliorer considérablement le rendement.
09:01 Ainsi, à divers moments de la journée,
09:03 des mélodies se faisaient entendre afin d'accompagner les détenus dans leurs actes quotidiens,
09:07 que ce soit travailler, se déplacer d'un point A à un point B, etc.
09:10 Évidemment, les prisonniers n'avaient d'autre choix que d'en tenir ses chants sous peine de sanction.
09:14 Cette utilisation perverse de la musique permettait ainsi de faire bonne figure
09:17 lorsqu'il y avait des visiteurs dans les camps.
09:19 Les détenus chantaient, marchaient au pas à la limite,
09:22 et travaillaient, certes, au pas,
09:24 mais on pouvait très bien se dire que c'était tout simplement pour améliorer les rendements.
09:27 Cependant, très vite, les abus de pouvoir ont commencé à apparaître
09:31 et de la musique retentissait jour et nuit afin de priver de sommeil les détenus.
09:36 Malheureusement, ça ne s'arrête pas là.
09:37 Avec le temps, le sadisme et la cruauté des nazis n'a fait qu'empirer,
09:40 si bien que l'utilisation de la musique a évidemment suivi.
09:43 Ainsi, chaque événement et acte nécessitent une mélodie.
09:47 Vous êtes déportés et accueillis par de la musique.
09:49 Travaillez au rythme de la musique.
09:52 Vous tirez des charrettes de pierre en chantant.
09:54 Vous êtes battus au rythme de la musique.
09:56 Creusez votre tombe en chantant.
09:58 Vous mourrez en musique.
10:00 Dans certains camps, des orchestres entiers de musiciens étaient formés avec les prisonniers.
10:10 Pour eux, c'était une aubaine, car ils étaient nécessaires dans les camps.
10:13 Mais ils avaient l'impression de trahir leur communauté.
10:17 Ils avaient l'impression de devenir un outil au régime nazi.
10:20 Ils devaient ainsi jouer lors des mises à mort,
10:22 sous peine à leur tour d'être mis sur la potence.
10:25 Enfin, parfois, ils devaient même carrément jouer à longueur de journée
10:28 afin de couvrir le cri des victimes dans les camps de concentration,
10:32 comme par exemple le 3 novembre 1943 à Majdanek,
10:35 où 18 000 juifs ont été assassinés ce jour-là.
10:38 En fin de compte, la musique est un outil qui permet d'élever l'âme
10:41 à des sommets de beauté et d'émotion.
10:43 Mais c'est aussi un outil redoutable lorsqu'elle est entre de mauvaises mains.
10:47 Et au final, nous sommes obligés de considérer l'impact moral qu'il peut y avoir derrière la musique.
10:51 Alors oui, en cette journée d'Halloween, j'aurais pu parler de films d'horreur,
10:54 de musiques de films d'horreur, ou bien tout simplement de musiques qui font peur.
10:58 Mais...
10:59 Qu'est-ce qui fait plus peur que l'être humain ?
11:02 *Musique*