• l’année dernière
Le député européen Marc Botenga revient sur le conflit israélo-palestinien avec Tarik Laabi.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 sur Arabel.
00:02 [Musique]
00:04 Bonjour, bonjour à tous,
00:06 bienvenue dans votre carrefour de
00:08 l'information bien sûr à la une de l'actualité
00:10 de la situation au Proche-Orient. Le gouvernement israélien
00:12 qui a exclu hier toute
00:14 interruption des combats dans la bande de Gaza
00:16 au 24ème jour de la guerre
00:18 déclenchée par l'attaque du Hamas
00:20 contre Israël. L'ONU a de son côté prévenu
00:22 que l'aide humanitaire était insuffisante
00:24 pour répondre aux besoins de la population
00:26 de l'enclave. Notre invité
00:28 aujourd'hui, l'eurodéputé
00:30 Marc Botenga du groupe de la gauche du
00:32 Parlement européen. Marc Botenga, bonjour.
00:34 Bonjour. Merci d'être avec nous sur Arabel.
00:36 Tout d'abord, première question si vous le voulez bien.
00:38 Votre sentiment,
00:40 regard du drame qui se déroule
00:42 en ce moment sous nos yeux. Je pense tout d'abord
00:44 un sentiment d'effroi.
00:46 Je pense que c'est très clair.
00:48 Quand on voit les images
00:50 et on les voit tous circuler sur les réseaux sociaux
00:52 mais aussi quand on voit les rapports
00:54 de différentes entités, agences
00:56 des Nations Unies, de l'Organisation mondiale
00:58 de la santé, de l'agence des Nations Unies
01:00 pour les réfugiés,
01:02 c'est clair que ce qui est en train de passer
01:04 à Gaza est
01:06 plus qu'un massacre, c'est un nettoyage
01:08 ethnique qui est en cours.
01:10 Donc d'abord l'effroi et puis deuxièmement
01:12 je pense aussi un sentiment de révolte
01:14 par rapport à l'inaction
01:16 dans le meilleur des cas,
01:18 l'inaction de l'Union européenne.
01:20 Et pourquoi est-ce que je dis dans le meilleur des cas ?
01:22 Parce qu'en fait on a vu une série de dirigeants européens
01:24 tout simplement appuyer
01:26 l'action israélienne et donc c'est bien pire
01:28 parce que là on se rend, je trouve
01:30 ces dirigeants là se rendent complices
01:32 des crimes des guerres qui sont en train d'être
01:34 commis
01:36 dans la bande des Gaza.
01:38 - Que peut-on faire justement Marc Bottega
01:40 face à cette inertie de la communauté internationale
01:42 et face à l'asymétrie
01:44 dans l'approche de ce conflit qui n'aide pas
01:46 d'ailleurs d'aujourd'hui ?
01:48 - Non mais moi je pense qu'il y a deux choses. Tout d'abord
01:50 je veux souligner le décalage qu'il y a quand même
01:52 entre les déclarations, les actions
01:54 de certains dirigeants politiques
01:56 européens aujourd'hui ou américains.
01:58 D'une part et d'autre part
02:00 le sentiment très répandu
02:02 de solidarité
02:04 de la population
02:06 et on le voit partout, on voit un demi-million
02:08 de manifestants à Londres
02:10 encore ce week-end, dans différentes villes
02:12 à Bruxelles aussi, de très belles mobilisations
02:14 et je pense que c'est important
02:16 parce que ça met la pression, je pense que ça met la pression
02:18 sur nos dirigeants et il faut aujourd'hui
02:20 avoir le courage
02:22 de se mobiliser
02:24 de faire entendre cette voix
02:26 qu'Israël essaye d'étouffer. Parce que quand on
02:28 coupe tous les moyens de communication de Gaza, c'est pour
02:30 étouffer aussi toute voix alternative
02:32 on le voit parfois sur les réseaux, à ce qu'on appelle
02:34 le "shadow banning", ça veut dire que pratiquement
02:36 les posts ou les stories comme ça
02:38 qui poussent la solidarité
02:40 avec le peuple palestinien
02:42 sont montrées moins souvent
02:44 ont des vues parfois en baisse
02:46 donc ce genre de choses
02:48 montre à quel point il est important d'avoir
02:50 cette voix parce que
02:52 et ça c'est l'autre dimension
02:54 nous pouvons agir en tant que Union Européenne
02:56 en tant que Belgique, il y a beaucoup de choses
02:58 que nous pouvons faire aujourd'hui pour
03:00 imposer à Israël un cessez-le-feu
03:02 comme il est allé demander d'ailleurs
03:04 ce cessez-le-feu par l'Assemblée Générale des Nations Unies
03:06 - Alors vous dites que
03:08 maintenant l'urgence, pour vous ce qui importe
03:10 c'est l'être humain et puis vous
03:12 titillez un peu, vous pointez du doigt
03:14 Ursula von der Leyen, vous n'avez pas
03:16 l'impression qu'elle soit d'accord avec ça ?
03:18 - Ben non, Ursula von der Leyen a commis
03:20 un acte inimaginable
03:22 quand elle a été en Israël
03:24 environ
03:26 une semaine après l'attaque du 7 octobre
03:28 elle a été là-bas
03:30 c'était le même jour qu'Israël a
03:32 dit vouloir déplacer, vouloir le déplacement
03:34 de plus d'un million de
03:36 palestiniens de Gaza, du nord vers le sud
03:38 ce qui est un déplacement
03:40 massif, ce qui serait un crime des guerres
03:42 donc Israël annonce ça, au même moment
03:44 Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne
03:46 est sur place et ne mentionne
03:48 même pas le devoir d'Israël
03:50 de respecter le droit international
03:52 humanitaire, donc c'est très grave
03:54 parce que quand dans ce contexte-là on exprime
03:56 un soutien inconditionnel à Israël
03:58 ça veut dire qu'en réalité on encourage
04:00 des crimes des guerres
04:02 annoncés à ce moment-là, donc c'était même pas
04:04 quelque chose de caché, c'était quelque chose qui était ouvertement
04:06 annoncé, on était aussi dans
04:08 un contexte du gouvernement
04:10 israélien disons, on va couper l'eau, l'électricité
04:12 la nourriture pour la population
04:14 à Gaza, et donc en tant qu'Union européenne
04:16 il y a une responsabilité
04:18 et surtout pour ces dirigeants-là, très très grave
04:20 dans ce qui est en train de se passer aujourd'hui.
04:22 - Donc pour vous c'est clair, l'Union européenne a pris parti
04:24 d'abord en plaçant le Hamas comme organisation terroriste
04:26 mais l'Union européenne n'a jamais
04:28 envisagé la moindre petite mesure de
04:30 rétorsion à l'égard d'Israël.
04:32 - Mais moi je pense que c'est important
04:34 c'est qu'aujourd'hui ce conflit
04:36 cette guerre
04:38 ce nettoyage ethnique que nous voyons
04:40 comme l'a dit
04:42 le Secrétaire général des Nations unies, ne se fait pas
04:44 dans un vacuum
04:46 dans un...
04:48 ne vient pas de... comment dire...
04:50 de nulle part, la violence elle est là depuis des
04:52 décennies, nous le savons
04:54 le Hamas effectivement est sur la liste
04:56 des organisations terroristes de l'Union européenne
04:58 depuis
05:00 une quinzaine d'années
05:02 d'autre part
05:04 nous n'avons pas vu
05:06 ces dernières années une réaction
05:08 de la part de l'Union européenne
05:10 par rapport aux violations
05:12 du droit international et des droits humains
05:14 par Israël, donc c'est des violations
05:16 constatées, je pense qu'Israël
05:18 viole entre temps 104
05:20 résolutions des Nations unies
05:22 Israël aussi détruit non seulement
05:24 bon il y a évidemment les tueries d'enfants
05:26 innocents qui ne datent pas d'aujourd'hui
05:28 qui sont là année après année, on les a dénoncées
05:30 mais Israël détruit aussi
05:32 par exemple des projets financés
05:34 des projets de coopération et de développement
05:36 financés par l'Union européenne
05:38 ou les pays européens et l'Union européenne
05:40 n'a jamais pris la moindre sanction vis-à-vis
05:42 d'Israël en disant, voilà, parfois
05:44 une condamnation ou une déclaration
05:46 en disant "nous sommes inquiets" mais jamais
05:48 par rapport à ces violations du droit international
05:50 l'Union européenne a dit "nous allons prendre des sanctions"
05:52 si n'importe quel autre pays
05:54 l'avait fait, avait agi
05:56 de la même façon qu'Israël, vous savez bien
05:58 qu'il y aurait eu des sanctions, des condamnations
06:00 et des actes, aujourd'hui
06:02 toujours aujourd'hui, on ne les voit pas
06:04 tandis que comme je disais, même des grandes ONG
06:06 comme l'Amnesty International, Humans Rights Watch
06:08 appellent, parlent
06:10 de crimes de guerre
06:12 et même là l'Union européenne n'agit pas
06:14 et donc ça c'est extrêmement révoltant, c'est un 2 poids 2 mesure
06:16 qui est inacceptable
06:18 - Justement, l'actualité immédiate, les tentatives
06:20 d'appeler à un cessez-le-feu, dernière résolution
06:22 du Parlement, les partis traditionnels
06:24 ont refusé d'appeler à un cessez-le-feu
06:26 ce n'est aucune surprise
06:28 - Aucune surprise et en même temps
06:30 c'est extrêmement révoltant, donc c'est une résolution
06:32 qui logiquement condamne l'attaque
06:34 du 7 octobre
06:36 toute attaque contre des civils innocents
06:38 doit évidemment être condamnée
06:40 qui appelle aussi à la libération des otages
06:42 donc ça c'est un aspect
06:44 l'autre aspect, c'est un amendement que nous avons porté
06:46 en disant, aujourd'hui
06:48 c'est quand même une résolution qui venait
06:50 2 semaines après le 7 octobre
06:52 donc après déjà 2 semaines
06:54 d'attaque israélienne contre la bande de Gaza
06:56 avec toutes les horreurs
06:58 que nous avions déjà vues
07:00 nous avons dit, il faut un cessez-le-feu immédiat
07:02 la veille du vote
07:04 de cette résolution du Parlement européen
07:06 le secrétaire général des Nations Unies
07:08 avait appelé à un tel cessez-le-feu
07:10 donc nous avons porté ça et ça a été refusé
07:12 en très grande partie
07:14 par les partis traditionnels
07:16 par les mêmes qui disaient que quand la Russie attaque
07:18 en Ukraine des infrastructures civiles
07:20 c'est un crime des guerres et clairement
07:22 cette loi-là, ce droit-là, il ne vaut pas pour Israël
07:24 - Alors l'histoire d'Israël a été aussi marquée
07:26 par des actes où des civils non-belligérants
07:28 ont été visés, il y a plein de cas
07:30 Sabra et Chattila notamment en 82
07:32 Ouara, et là personne ne s'est jamais
07:34 risqué à traiter d'Israël
07:36 d'état intrinsèquement terroriste
07:38 pourquoi ? - Je pense qu'aujourd'hui
07:40 il y a un soutien à Israël très fort
07:42 vous savez, ça va beaucoup plus loin que les
07:44 non-condamnations de certaines violations
07:46 du droit international
07:48 aujourd'hui vous savez peut-être que Israël est
07:50 un pays associé à l'Union Européenne
07:52 donc il y a un accord d'association entre Israël
07:54 et l'Union Européenne qui donne
07:56 accès à Israël et aux entreprises
07:58 israéliennes, à des fonds
08:00 à des financements européens
08:02 donc il y a, comment dire
08:04 il y a plus qu'une inaction
08:06 il y a un soutien actif à la politique
08:08 israélienne aujourd'hui
08:10 et en même temps pour moi ça donne justement un levier
08:12 pour pouvoir dire, parce que parfois on se sent
08:14 impuissant quand on voit ça
08:16 mais il faut bien se rendre compte qu'aujourd'hui
08:18 comme Israël a ce statut privilégié
08:20 par rapport à l'Union Européenne
08:22 ça donne un énorme levier
08:24 pour l'Union Européenne de dire
08:26 écoutez, soit vous allez maintenant
08:28 respecter la base de la base
08:30 comme c'est d'ailleurs prévu dans cet accord d'association
08:32 un respect pour les droits humains
08:34 soit nous allons couper ces fonds
08:36 cet accès privilégié
08:38 donc ça serait quand même le minimum
08:40 comme je dis, je veux dire, on n'est pas là dans une
08:42 rupture des liens etc. c'est juste
08:44 de couper les privilèges auxquels
08:46 Israël a aujourd'hui accès
08:48 évidemment après on l'a vu
08:50 de la Cour pénale internationale qui aujourd'hui
08:52 est en train d'ouvrir une enquête
08:54 par rapport à ce qui se fait à Gaza et je pense que c'est très
08:56 important d'appuyer cette action là aussi
08:58 - Alors vous parlez de l'impuissance de l'Europe dans ce dossier
09:00 premier partenaire commercial d'Israël
09:02 mais aussi le premier donateur
09:04 au monde pour l'aide humanitaire aux Palestiniens
09:06 est-ce que l'Union Européenne aurait les moyens
09:08 de peser sur les deux parties
09:10 mais encore faudrait-il le pouvoir
09:12 et le vouloir ?
09:14 - Vous savez, au Parlement Européen j'ai eu un échange
09:16 avec Joseph Borrell
09:18 c'est un peu le ministre des Affaires étrangères de l'Union Européenne
09:20 si on veut
09:22 et lui même il a
09:24 après il a avoué
09:26 qu'en fait
09:28 l'Union Européenne ces dernières décennies
09:30 ces dernières années, ces dernières décennies
09:32 n'a rien fait pour
09:34 en fait garantir que
09:36 les Palestiniens auraient droit à leur État
09:38 parce qu'officiellement selon les accords
09:40 internationaux on devrait aller vers
09:42 une situation, une solution à deux États
09:44 il est clair
09:46 qu'Israël depuis ce qu'on appelle les accords
09:48 d'Oslo, début des années 90
09:50 a continué la colonisation
09:52 a continué
09:54 maintenant même à annexer des territoires palestiniens
09:56 et l'Union Européenne
09:58 ne s'y est pas vraiment opposée
10:00 donc on a entendu parfois des grandes déclarations
10:02 mais vous savez bien, on l'a vu, qu'Israël
10:04 si vous leur demandez gentiment
10:06 ils ne vont pas écouter
10:08 et donc je pense que cette impuissance
10:10 européenne c'est un choix, ce n'est pas une fatalité
10:12 si l'Union Européenne aujourd'hui
10:14 disait "nous allons faire pression
10:16 sur vous" vous savez quand la Russie
10:18 a envahi, attaqué l'Ukraine
10:20 entre temps on a
10:22 une dizaine de paquets de sanctions
10:24 par rapport à Israël
10:26 104 résolutions des Nations Unies
10:28 violées
10:30 un gouvernement qui dit
10:32 ouvertement qu'il parle d'animaux humains
10:34 un gouvernement israélien qui dit
10:36 vouloir annexer toute la Palestine
10:38 malgré tous les accords
10:40 internationaux, si vous ne faites pas pression
10:42 si vous n'essayez pas de dire
10:44 au moins les fonds européens auxquels
10:46 vous avez accès, les privilèges auxquels vous avez accès
10:48 nous les retirons, c'est du cinéma
10:50 c'est du théâtre, Israël n'écoutera jamais
10:52 et donc oui, l'Union Européenne a les moyens
10:54 encore doit-elle le vouloir
10:56 et c'est pour ça que je parlais de la mobilisation
10:58 parce que la mobilisation populaire
11:00 les gens qui sont ici à Bruxelles
11:02 devant la Bourse, qui se sont mobilisés
11:04 à la Commission Européenne
11:06 il y a une semaine, c'est extrêmement important
11:08 parce que nous voyons que ça, ça fait la différence
11:10 ne nous trompons pas, du côté des
11:12 États-Unis, du côté d'Israël, il y a une
11:14 énorme pression aussi vis-à-vis des dirigeants européens
11:16 qui disent "non mais choisissez notre camp"
11:18 qui font du chantage, etc.
11:20 face à cette pression-là, nous devons
11:22 organiser la pression du mouvement
11:24 de solidarité avec la Palestine. - L'Union Européenne
11:26 qui pour mémoire a été l'un des plus fermes soutiens
11:28 un fameux processus de paix israélo-palestinien
11:30 mais aujourd'hui
11:32 certains spécialistes pensent
11:34 que cette fameuse solution
11:36 à deux États est à peut-être
11:38 mettre aux oubliettes
11:40 dans le contexte actuel, votre avis ?
11:42 - Dans le contexte actuel, Israël
11:44 fait tout pour la rendre impossible. Soyons
11:46 très clairs, et ce n'est pas que dans le contexte actuel
11:48 je ne voudrais pas qu'on limite
11:50 cette analyse-là aux deux, trois
11:52 dernières semaines. C'est quelque chose
11:54 qui a été décrié et
11:56 analysé depuis
11:58 au moins une décennie, voire plus.
12:00 Les accords d'Oslo
12:02 si fondamentaux, dans le cadre duquel
12:04 l'OLP a aussi reconnu l'État israélien
12:06 en échange ensuite d'un projet
12:08 de construction
12:10 d'État palestinien, donc ça c'était l'idée
12:12 des deux États, le nombre
12:14 de colons illégaux israéliens
12:16 en Cisjordanie a quintuplé.
12:18 Vous voyez, donc cet accord-là
12:20 n'a pas été respecté.
12:22 Donc si on veut aller vers cette solution
12:24 à deux États, encore une fois
12:26 la première chose, c'est de faire respecter
12:28 les accords d'il y a
12:30 au moins 20 ans à Israël
12:32 de revenir aux frontières
12:34 de 1967 par exemple. Je veux dire, c'est la base
12:36 du droit international. C'est pour ça que j'insiste tellement
12:38 dans toutes mes interventions sur le fait
12:40 que le droit international doit valoir
12:42 pour tout le monde, aussi pour Israël.
12:44 Et la question c'est qu'aujourd'hui
12:46 l'Union européenne, en ne faisant pas appliquer
12:48 le droit international, en le défendant
12:50 même pas, même dans les paroles, même
12:52 dans les déclarations,
12:54 elle perd une crédibilité énorme
12:56 sur la scène internationale.
12:58 - On en reparlera dans quelques instants. Marc Bottega,
13:00 la guerre ou les guerres
13:02 de par le monde d'une manière plus générale
13:04 aiguisent malheureusement sans doute
13:06 les appétits des fabricants et des producteurs
13:08 d'armes. Alors pour relancer cette production
13:10 de munitions, l'Union européenne va accorder
13:12 des centaines de millions de subventions à l'industrie
13:14 de l'armement. Votre sentiment
13:16 et je l'imagine déjà. - Mon sentiment
13:18 est qu'évidemment un moment où la
13:20 crise sociale n'a jamais été plus forte
13:22 en Europe depuis
13:24 des décennies. On est dans
13:26 une situation où il y a des millions de gens
13:28 aujourd'hui en Europe qui se demandent tous les jours
13:30 s'ils peuvent donner suffisamment à manger
13:32 à leurs enfants.
13:34 Il y a un tiers des européens
13:36 qui doivent sauter un repas
13:38 par jour, parfois parce que
13:40 tout simplement ils n'ont pas les moyens de manger
13:42 trois fois par jour, vous imaginez.
13:44 Et dans ce contexte-là, qu'est-ce qu'on fait ?
13:46 On va donner des centaines de millions à des entreprises
13:48 multinationales qui ne sont pas
13:50 en difficulté financière.
13:52 C'est des entreprises qui depuis le début de la guerre en Ukraine
13:54 font des sur-profits.
13:56 C'est-à-dire, c'est déjà un secteur hyper-profitable.
13:58 Les multinationales, l'armement en général, c'est un secteur
14:00 qui rapporte bien.
14:02 Aujourd'hui, à ce secteur-là,
14:04 nous allons encore donner plus d'argent public.
14:06 Désormais, l'Union Européenne,
14:08 on le sait trop peu, finance la recherche et le développement
14:10 des armes, la production
14:12 des armes et l'achat des armes.
14:14 En gros, c'est un secteur qui est,
14:16 et surtout les grandes multinationales de ce secteur,
14:18 qui est hyper-sponsorisé
14:20 avec notre argent du contribuable.
14:22 Alors moi je dirais, nous avons
14:24 aujourd'hui besoin, et tout le monde qui doit
14:26 chercher une école, une crèche sur
14:28 Bruxelles le sait bien, nous avons
14:30 besoin d'investissements massifs
14:32 dans nos services publics. Les écoles,
14:34 les hôpitaux, les transports en commun.
14:36 Vous savez, le secteur de l'armement,
14:38 il se porte très bien, il se débrouillera bien
14:40 tout seul. – On va parler de toute
14:42 autre chose si vous voulez bien, à présent, Marc Bottega,
14:44 lors du sommet "Make Amazon Pay".
14:46 Les syndicats et leurs alliés ont
14:48 annoncé des grèves, des manifestations, à l'occasion
14:50 bientôt du Black Friday.
14:52 Vous appelez Amazon à respecter les règles
14:54 et les droits sociaux. Alors pourquoi,
14:56 vous, l'Europe, là aussi doit montrer l'exemple ?
14:58 – Tout simplement parce qu'Amazon
15:00 est un des grands joueurs
15:02 au niveau... Nous on le connaît surtout
15:04 du fait qu'on commande
15:06 un truc, peu importe,
15:08 un produit sur Amazon, il nous est livré
15:10 parfois dans les 24 heures,
15:12 parfois quelques jours plus tard. Mais Amazon
15:14 joue aussi un rôle sur l'infrastructure,
15:16 ce qu'on appelle le cloud, donc des
15:18 données collectées. Donc c'est
15:20 un acteur très très fort qui fait des
15:22 profits énormes, mais qui ne permet pas, on a eu
15:24 des histoires incroyables, où il y avait
15:26 des gens qui devaient porter des pampers,
15:28 des travailleurs parce qu'ils n'avaient pas le droit à la pause pipi,
15:30 tout simplement, au travail,
15:32 qui payent très peu d'impôts.
15:34 Et là, l'Union Européenne,
15:36 qui est un grand marché, donc ça veut dire
15:38 qu'il y a beaucoup de gens, doit
15:40 jouer un rôle de précurseur, doit dire
15:42 clairement à Amazon, tout d'abord, vous allez payer vos
15:44 impôts comme tout le monde. Ça ne va pas que les
15:46 travailleurs doivent payer l'impôt, mais un multinational
15:48 comme vous ne doit pas les payer. Deuxièmement,
15:50 les travailleurs, les syndicats,
15:52 ils doivent être présents chez vous et ils doivent
15:54 avoir leurs droits, leurs droits sociaux.
15:56 Vous n'allez pas détruire les droits sociaux.
15:58 Et ça ne vaut pas que pour Amazon. Le problème, c'est qu'il y a toujours
16:00 des entreprises qui essayent de casser
16:02 les droits sociaux, tandis qu'aujourd'hui, nous avons
16:04 déjà, et tous ceux qui travaillent en entreprise le savent,
16:06 que c'est dur de faire entendre sa voix.
16:08 Et il y a des entreprises comme
16:10 Amazon qui viennent faire le forcing pour casser
16:12 encore plus les droits sociaux, les salaires,
16:14 les droits de base, comme je dis, la pause pipi,
16:16 imaginez-vous. Et donc,
16:18 c'est là où c'est important de se mobiliser
16:20 avec les syndicats. Et ce qui est intéressant
16:22 quand j'étais récemment
16:24 à Manchester, c'est que j'ai rencontré aussi
16:26 des syndicats américains qui se battent
16:28 et qui ont les mêmes inquiétudes, les mêmes problèmes
16:30 que les travailleurs en Europe.
16:32 Et donc ça, c'est très inspirant parce qu'ensemble,
16:34 on peut faire plier ce genre d'entreprise
16:36 et mettre la pression, encore une fois, sur
16:38 la Commission européenne et les gouvernements
16:40 européens pour imposer la loi
16:42 aussi face à ces multinationales.
16:44 - Alors, on vient de voir que l'Europe, sur pas mal de dossiers,
16:46 d'une manière plus générale, est-ce que vous pensez,
16:48 Marc Bottenga, que l'Europe perd
16:50 de plus en plus de crédibilité dans le monde aujourd'hui ?
16:52 - Totalement. Je pense que
16:54 aujourd'hui, la position de l'Union
16:56 européenne par rapport
16:58 à ce qui est en train de se passer à Gaza
17:00 entrave, sape
17:02 totalement toute crédibilité. Vous savez,
17:04 l'Union européenne
17:06 fait souvent un discours des droits humains,
17:08 du droit international, et fait la leçon
17:10 aux autres pays. Elle va dire "Ah, mais les droits humains
17:12 dans votre pays ne sont pas respectés, vous deviez plus
17:14 nous écouter." Le fait qu'aujourd'hui,
17:16 face à ce qu'on voit à Gaza, et face
17:18 à ce que le monde entier voit à Gaza,
17:20 parce qu'il y a des mobilisations de partout, de l'Indonésie
17:22 à la Bolivie, nous voyons des mobilisations
17:24 en solidarité avec la Palestine, et que nous voyons
17:26 que l'Union européenne se plie
17:28 entièrement, en fait, à la position américaine.
17:30 Et il y a des gens, au sein de l'Union européenne,
17:32 qui essayent de faire autre chose, qui essayent
17:34 de se battre, pas seulement les gens, mais aussi des
17:36 politiciens qui disent... Mais que la ligne majoritaire
17:38 de van der Leyen et d'autres
17:40 est celle de dire, en fait, "Nous laissons faire
17:42 Israël", ben ça vous fait perdre
17:44 toute crédibilité sur la scène internationale.
17:46 C'était facile. Quand l'Union européenne a essayé
17:48 de convaincre d'autres pays à mettre des sanctions
17:50 contre la Russie, en Afrique, en Asie,
17:52 on a répondu à l'Union européenne,
17:54 "Mais vous défendez la souveraineté ukrainienne,
17:56 mais pourquoi vous ne défendez pas la souveraineté de la Palestine ?"
17:58 Et ça, c'était avant
18:00 ce conflit-ci, avant cette ataxie.
18:02 Vous imaginez bien qu'aujourd'hui,
18:04 vous allez, en tant que diplomate européen
18:06 quelque part dans le monde, pour aller avec le doigt
18:08 levé dire, "Ah, mais vous, vous ne respectez pas les droits
18:10 humains, on va vous envoyer
18:12 balader", c'est très clair. - Alors,
18:14 l'Europe, on sait qu'il y a une absence de
18:16 grands projets industriels, qu'il y a de faibles bénéfices
18:18 pour le consommateur, la chartée de l'euro,
18:20 la faible gestion des flux migratoires,
18:22 la sécurité. Quel
18:24 avenir pour cette Europe poussive y a-t-il
18:26 lieu d'être
18:28 tout de même, malgré tout, optimiste, Marc Boutinga ?
18:30 - Mais moi, je suis toujours optimiste. Vous savez, même ici,
18:32 je vous l'ai dit, par rapport à ce qui est en train de se passer à Gaza,
18:34 l'espoir vient des gens
18:36 qui se mobilisent, des gens qui expriment
18:38 leur solidarité, leur effroi, leur refus.
18:40 Et au niveau européen, par rapport à
18:42 beaucoup de dossiers, c'est la même chose. Souvent,
18:44 les gens, que ce soit une mobilisation pour
18:46 leur pension, pour leur retraite, pour leur salaire,
18:48 de cette manière-là, en fait,
18:50 ils disent "non, basta, on n'en peut plus
18:52 de ces politiques, nous voulons une rupture
18:54 sociale", et c'est effectivement en se
18:56 mobilisant et en s'organisant tous ensemble,
18:58 vous savez, on ne doit pas être dans la déprime
19:00 collective, on doit venir ensemble
19:02 et ensemble changer les choses. Et moi, je suis
19:04 convaincu que dans
19:06 la construction de ce rapport de force,
19:08 on peut changer les choses en Europe et en
19:10 Belgique. – Voilà, c'était donc la conclusion
19:12 de Marc Botenga, eurodéputé du
19:14 groupe de la gauche au Parlement européen.
19:16 Merci pour votre analyse. – Merci à vous. – Et on se retrouve
19:18 dans quelques instants pour la deuxième partie de votre
19:20 Carrefour de l'Info.
19:21 Carrefour de l'Info sur Arabelle.
19:23 [Générique]
19:26 Une fois n'est pas coutume, quelques mots de sport,
19:28 Léonard Lemessie qui remporte le
19:30 ballon d'or pour la huitième fois, sacré
19:32 champion du monde pour la première fois,
19:34 fin 2022, c'était au Qatar, auteur d'ailleurs
19:36 de sept buts au cours du tournoi,
19:38 dont un doublé en finale. L'argentin
19:40 âgé de 36 ans a devancé, hier,
19:42 sur le podium, le Norvégien Haaland et
19:44 le Français Mbappé. C'est un cadeau
19:46 à toute l'équipe d'Argentine pour ce que
19:48 nous avons accompli, a déclaré Lemessie
19:50 sur la scène du Théâtre du Châtelet à Paris,
19:52 après avoir reçu son prix des mains de David Beckham,
19:54 le copropriétaire de l'Inter
19:56 Miami, son nouveau club.
19:58 Il a par ailleurs dédié son trophée à la
20:00 légende argentine Diego Maradona,
20:02 qui aurait fêté son 63ème anniversaire
20:04 hier. Que faut-il de plus
20:06 à Messie pour être considéré comme
20:08 le plus grand footballeur de tous les temps ?
20:10 Peut-être rien de plus, note
20:12 Daniel Gunazu, journaliste du quotidien
20:14 argentin Pagina 12. Et puis,
20:16 chez les femmes, l'Espagnol Aitana
20:18 Bonmati a été couronné pour la première fois
20:20 à 25 ans, succédant à la double
20:22 lauréate et coéquipière en sélection
20:24 et au parsa, Alexia Apoutelas.
20:26 Le Carrefour de l'info, sur
20:30 Arabelle.
20:32 Et c'est
20:34 ainsi que l'on referme cette édition
20:36 d'aujourd'hui. Merci pour votre fidélité,
20:38 un très bon appétit si vous êtes à table. Vous êtes bien
20:40 sur Arabelle.

Recommandations