En France, 3,5 millions de personnes souffrent de BPCO, ou bronchopneumopathie chronique obstructive, une maladie respiratoire qui s’accompagne de complications aigues. Et quand la maladie s’aggrave, elle se manifeste alors par des exacerbations qui peuvent conduire à l’hospitalisation des patients… Mais est-ce possible d’éviter ce stade sévère ? Voici la question de ce nouvel épisode d'Expertises Santé. Et nous allons la poser au Pr Bruno Crestani, chef du service de pneumologie de l'hôpital Bichat à Paris. Et nous aurons aussi le plaisir de nous connecter avec Patrice Scanu, président de l’association Second-Souffle, atteint lui-même de BPCO.
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00:09 En France, 3,5 millions de personnes souffrent de BPCO
00:13 ou bronchopneumopathie chronique obstructive.
00:16 Une maladie respiratoire qui s'accompagne de complications aigües
00:20 et quand la maladie s'aggrave, elle se manifeste alors
00:23 par des exacerbations qui peuvent conduire à l'hospitalisation des patients.
00:27 Mais est-ce possible d'éviter ce stade sévère ?
00:29 Voici la question du jour et nous allons la poser au professeur Crestani,
00:34 chef de service de pneumologie à l'hôpital Bichat à Paris.
00:37 Et en fin d'émission, nous aurons aussi le plaisir de nous connecter avec Patrice Canut,
00:42 président de l'association Second Souffle, atteint lui-même de BPCO.
00:46 Bonjour professeur.
00:48 – Bonjour.
00:48 – Alors professeur, je l'ai dit, la BPCO, c'est une maladie qui atteint les poumons,
00:53 une maladie respiratoire.
00:54 Quels en sont les symptômes et surtout qui concernent-elles ?
00:57 – Alors c'est une maladie chronique, c'est une maladie qui va entraîner
01:00 une obstruction des bronches.
01:02 – D'accord.
01:02 – La maladie va se développer insidieusement, tout doucement,
01:07 sans qu'on s'en rende compte.
01:09 Elle va toucher en France essentiellement les patients
01:12 qui sont exposés à un environnement toxique.
01:14 Le premier environnement toxique c'est le tabac.
01:16 – Le tabac évidemment.
01:17 – Mais il peut y avoir d'autres environnements toxiques sur le lieu de travail,
01:20 lorsqu'on respire, on peut développer une inflammation des bronches
01:23 qui va entraîner une BPCO.
01:26 Il y a différents stades de BPCO.
01:27 Le pneumologue, lorsqu'il va mesurer le souffle,
01:29 et c'est très important de mesurer son souffle,
01:31 va apprécier la sévérité de l'obstruction des bronches.
01:34 Alors finalement, quels sont les symptômes ?
01:36 C'est ce que vous me demandez.
01:37 – Oui, tout à fait.
01:37 – C'est la toux d'abord, tousser, écraser, ce n'est jamais normal.
01:41 – Ok, même quand on fume.
01:43 – Même quand on fume, surtout quand on fume je dirais.
01:46 Deuxième chose, être essoufflé, ça n'est jamais normal.
01:49 Même quand on fume, même quand on a 70 ans,
01:52 ça n'est jamais normal d'être essoufflé.
01:54 Donc la toux, l'écrasat, l'essoufflement sont les symptômes
01:58 qui doivent inquiéter, qui doivent conduire à consulter son médecin traitant.
02:02 – Alors, il y a un phénomène d'exacerbation aussi dans cette maladie.
02:06 On en parlait, alors j'aimerais bien savoir ce qu'est une exacerbation.
02:10 Moi je me dis, est-ce que c'est une toux qui n'en finit pas ?
02:13 Est-ce que c'est un signe d'une maladie qui s'aggrave justement,
02:16 qui a un stade un peu plus sévère ?
02:19 – L'exacerbation est plus fréquente quand la maladie est plus sévère, c'est vrai.
02:22 Qu'est-ce que c'est ? C'est l'aggravation pendant plusieurs jours de la toux,
02:26 éventuellement avec des écrasats qui deviennent purulents,
02:28 et un essoufflement qui s'aggrave.
02:30 Éventuellement, ceci peut survenir avec de la fièvre ou sans fièvre.
02:34 Il faut savoir que le facteur déclenchant principal des exacerbations,
02:38 c'est l'infection virale, qui peut survenir en hiver,
02:41 mais qui peut survenir également à la belle saison.
02:44 – Bien sûr.
02:44 – Et donc ça peut être la grippe, ça peut être le coronavirus,
02:47 ça peut être aussi les bactéries, et donc c'est pour ça qu'on se vaccine.
02:50 – Oui, on se vaccine, c'est très important, on le rappelle.
02:52 Et alors ces exacerbations, elles peuvent conduire finalement à l'hospitalisation.
02:56 Est-ce à dire que la vie des patients est en danger ?
03:00 Et est-ce qu'on peut les traiter finalement ?
03:02 – Une exacerbation, c'est jamais anodin.
03:04 Faire une exacerbation, c'est un mauvais signe dans une maladie,
03:07 ça doit inquiéter, ça doit faire faire un bilan.
03:10 Alors bien sûr, l'exacerbation, on va commencer par la traiter,
03:13 et on a des bons traitements.
03:14 On va donner des antibiotiques s'il y a une infection bactérienne.
03:17 – D'accord.
03:17 – On va donner toujours des bronchodilatateurs.
03:19 Les bronches rebouchées, on essaie de les ouvrir.
03:22 Éventuellement, on peut donner des anti-inflammatoires à des bronches,
03:25 si c'est nécessaire, de l'oxygène à la phase aiguë, qu'on arrêtera secondairement.
03:29 Au maximum, on va être amené à l'hôpital.
03:31 Et il faut parfois aider d'ailleurs les patients à respirer.
03:34 Pour ça, on a des ventilations non-invasives pendant quelques jours
03:38 qui vont permettre de passer le cap aigu.
03:40 – Merci infiniment, professeur.
03:42 Vous restez avec moi, c'est le moment de nous connecter avec notre patient,
03:45 Patrice Canut. Bonjour Patrice.
03:48 – Bonjour.
03:49 – Alors vous, vous avez été diagnostiqué très jeune,
03:52 à l'âge de 44 ans à peine, de BPCO.
03:54 Vous étiez à un stade 2 de la maladie.
03:57 Vous avez perdu 74% de votre capacité respiratoire
04:01 et vous avez aussi connu l'hospitalisation d'urgence
04:04 dont on parlait avec le professeur Crestani.
04:07 Quelles conséquences finalement sur votre vie, Patrice ?
04:10 – La toute première, en me concernant,
04:11 parce que ce n'est pas le cas de tous les BPCO,
04:13 a été à la fois la perte de mon travail
04:16 et ça a impliqué la perte du tissu social,
04:19 ça a été la perte de la confiance en soi.
04:23 C'est beaucoup de pertes.
04:24 Être diagnostiqué BPCO, dans mon cas,
04:26 ça a entraîné beaucoup de pertes,
04:27 et notamment celle d'être en cadre actif.
04:32 – Vous me semblez particulièrement actif.
04:34 Est-ce que ça veut dire qu'on peut vivre quand même bien,
04:37 relativement normalement,
04:39 je n'aime pas le mot "normalement"
04:40 mais on est obligé peut-être de le dire là,
04:42 avec une BPCO ?
04:43 – On vit différemment,
04:45 mais on peut vivre effectivement bien avec une BPCO.
04:49 Je pense à une condition absolue,
04:50 c'est d'abord d'être observant des traitements qu'on nous donne
04:53 et ensuite d'être acteur de notre maladie.
04:56 Et pour être acteur de sa maladie,
04:58 il faut être tout simplement acteur de sa vie
05:01 et donc être actif, avoir des loisirs,
05:04 avoir des instants qui font qu'on reste pas chez soi.
05:09 Et donc je me suis mis à chercher une activité sportive
05:12 ou physique plutôt adaptée.
05:15 Moi il s'est trouvé que c'était le golf.
05:17 Et à partir de ce moment-là,
05:19 on vit différemment, on se restructure différemment
05:21 et on peut vivre effectivement heureux avec une BPCO.
05:24 – Merci beaucoup Patrice.
05:26 Alors professeur Crestani,
05:28 on vient d'entendre ce témoignage quand même.
05:30 Alors on comprend bien que la maladie,
05:32 elle a véritablement des conséquences sur la vie des patients.
05:37 Patrice par exemple a dû s'arrêter de travailler
05:39 à l'âge seulement de 44 ans.
05:41 Il a été mis en invalidité pour autant.
05:43 Il fait aussi du sport, de l'activité physique.
05:45 Il nous a parlé du golf.
05:48 Toute la question est donc de se dire
05:50 qu'il y a aussi de l'espoir professeur
05:53 et qu'on peut prendre en charge la BPCO.
05:56 Comment fait-on pour vivre le mieux possible ?
05:59 – Il est indispensable d'être pris en charge.
06:01 On va être pris en charge par son médecin traitant, son pneumologue.
06:05 Il y a deux types de prise en charge.
06:07 Je dirais la première, elle est médicamenteuse.
06:09 C'est je vais prendre des bronchodilatateurs,
06:12 je vais prendre éventuellement des anti-inflammatoires
06:14 qui vont permettre de déboucher les bronches qui sont bouchées.
06:17 Je vais me protéger contre les exacerbations.
06:19 Et ça c'est se vacciner contre la grippe, le coronavirus,
06:23 le pneumocoque bien sûr.
06:24 – On l'a dit bien sûr.
06:25 – J'arrête de fumer, ça va de soi je pense.
06:28 Et puis à côté de ça, il faut se remettre à l'exercice.
06:31 Et ça c'est une prise en charge globale
06:33 qui est absolument indispensable,
06:34 qui va se faire en coordonnée par un pneumologue,
06:36 avec des kinésithérapeutes, des diététiciens, des psychologues.
06:40 On va se remettre à l'exercice.
06:42 Patrice il fait du golf, donc vous préférez se promener,
06:45 faire de la marche nordique, aller à la plage, aller à la piscine.
06:49 Mais en tous les cas se remettre à l'exercice
06:51 et c'est absolument fondamental.
06:53 Et on a comme ça une prise en charge qui est absolument globale
06:56 des médicaments, de la prévention et de la réadaptation respiratoire.
07:00 – Et pour éviter la BPCO j'imagine ?
07:03 – Alors éviter la BPCO c'est absolument crucial.
07:07 Ça veut dire en France arrêter de fumer.
07:10 Ça veut dire protéger les travailleurs dans leur environnement
07:13 pour éviter de respirer des particules,
07:16 limiter la pollution aussi qui est un élément
07:18 qui participe à la genèse de la BPCO.
07:21 – Merci Professeur Crestani.
07:23 – Merci à vous.
07:23 – On rappelle que vous êtes également président
07:25 de l'association La Fondation du Souffle.
07:29 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
07:31 Je vous dis à très vite pour de nouvelles Expertises santé.
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