Cibler les chefs du Hamas, même au Qatar

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Dirigeant politique, cadre du parti, chef de la branche armée… depuis les attaques meurtrières du 7 octobre, les principales figures du Hamas sont plus que jamais ciblées par Israël.

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Transcription
00:00 Et puis il y a une autre question qu'on va se poser,
00:02 comment faire avec ceux qui sont en exil ?
00:04 Ils sont nombreux et ce sont les têtes pensantes,
00:06 comme Ismail Haniyeh, bien sûr, qui est au Qatar,
00:09 vous le savez, il communique d'ailleurs beaucoup du Qatar.
00:12 Ismail Haniyeh, qui est le chef du Hamas,
00:15 on le voit le 7 octobre,
00:17 mais il communique très régulièrement.
00:20 Ce matin même, Anthony Blinken était au Qatar,
00:24 puisque le Qatar, Gérard Richou, sert de point de jonction
00:28 entre l'Occident d'un côté, pour faire large,
00:32 et puis le Hamas, voire l'Iran.
00:36 Comment fait-on pour aller chercher un homme comme Ismail Haniyeh ?
00:40 Pour le moment, je pense que lui, on n'ira pas le chercher maintenant
00:42 tant qu'il y a des otages à libérer,
00:44 parce que si, on coupe toute négociation,
00:47 si, on le tue maintenant, effectivement.
00:50 Mais de toute manière, c'est une cible légitime.
00:51 Et en matière de commandants, j'allais dire, éliminés,
00:54 il faut bien distinguer les cibles de terrain,
00:56 des commandants de bataillons, etc., qu'on trouve sur le terrain,
00:58 qui sont des cibles absolument normales en temps de guerre.
01:00 On tape toujours les PC,
01:02 parce que c'est là qu'il y a les têtes de chêne,
01:03 les têtes pensantes, la valeur ajoutée
01:09 en matière de matière grise et intellectuelle, c'est normal.
01:13 Par contre, là, ce sont les têtes de chêne du Hamas.
01:15 Et moi, je voudrais rappeler quelque chose,
01:16 c'est l'opération après Munich,
01:17 qui s'appelait "Colère de Dieu", me semble-t-il.
01:20 Cette colère de Dieu, elle s'est inscrite...
01:22 -Aux Jeux Olympiques de Munich, en 74.
01:24 -Dans le temps long, 20 ans.
01:26 Et le dernier, il a été assassiné à Paris en 1992.
01:29 Il y a 14 dirigeants de l'OLP à l'époque
01:34 qui ont été assassinés les uns après les autres,
01:36 14 sur 20 ans.
01:38 C'est-à-dire que lui, il pourra attendre vraisemblablement,
01:41 parce qu'on a encore besoin de lui pour les négociations,
01:44 ça ne veut pas dire que dans 10 ans, dans 15 ans,
01:46 on l'aura oublié, et que le moment où il commencera
01:48 à baisser sa garde, s'il est encore en vie,
01:50 il sera peut-être l'objet d'une cible.
01:52 Là, on est vraiment dans le temps long.
01:54 Heichmann, ils ont été le chercher dans les années 60,
01:56 et la guerre et la choix étaient déjà loin.
01:59 -Bien. Alors, donc, c'est les JO,
02:02 effectivement, les athlètes israéliens,
02:04 et cette vengeance, ensuite.
02:06 Ça, c'est le point de vue militaire.
02:07 D'un point de vue diplomatique, c'est le liberman.
02:09 Comment fait-on lorsque l'on a un pays comme le Qatar,
02:13 qui est un pays fondamental dans la discussion
02:15 et dans les échanges d'aujourd'hui,
02:17 pour essayer, imaginons le Mossad ou le Shin Bet,
02:20 qui veuillent aller chercher Ismail Haniyeh là-bas ?
02:24 -Ils l'ont fait dans d'autres pays,
02:26 donc ils sont capables de le faire,
02:28 même si j'imagine qu'il est hyper protégé.
02:31 En même temps, ça compliquerait les relations avec le Qatar.
02:35 Alors, c'est vrai que c'est pas possible maintenant,
02:36 puisque le Qatar joue ce rôle d'intermédiaire,
02:40 mais il est probable qu'il continuera à jouer
02:42 ce type de rôle dans l'avenir,
02:43 et que, du coup, les relations avec Israël
02:47 en seront totalement affectées.
02:49 Mais je suis pas sûre que ça retienne pour autant
02:52 les Israéliens.
02:53 -Oui, Elgar ?
02:54 -D'un point de vue opérationnel,
02:57 ce serait pas si difficile que ça,
02:59 parce qu'ils sont effectivement très géolocalisés, pour le coup.
03:02 Et Israël a déjà fait, notamment, on se souvient, à Dubaï.
03:06 Alors, ça avait été un peu un fiasco,
03:07 parce que l'opération avait été révélée au grand jour.
03:09 Rappelez-vous l'assassinat d'un logisticien
03:12 de la branche armée, Al Mabrouh,
03:15 qui avait été assassiné par des agents du Mossad,
03:18 dont certains étaient déguisés en tennis-man,
03:21 qui avaient des passeports australiens, français, d'ailleurs,
03:23 et d'autres nations.
03:25 Donc, ça avait créé pas mal de remous diplomatiques.
03:28 Mais madame l'ambassadeur a raison.
03:30 L'enjeu, il est d'abord diplomatique
03:34 avec les pays où ces personnes logent.
03:37 Et il y a des précédents aussi.
03:39 L'un des plus connus, c'est Meshal, Khaled Meshal,
03:42 qui, lui aussi, est à Doha,
03:44 l'ancien patron du bureau politique,
03:46 qui a fait l'objet d'une tentative d'assassinat par le Mossad.
03:51 Ses gardes du corps avaient attrapé les agents du Mossad,
03:54 ils avaient injecté un produit à l'intérieur de son oreille.
03:57 Il a été transféré dans un hôpital,
03:59 et c'est le roi Hussein de Jordanie à l'époque
04:01 qui a appelé le Premier ministre israélien
04:03 pour exiger que l'antidote soit ramenée immédiatement.
04:07 Sinon, il a menacé de rompre l'accord de paix historique,
04:10 donc de 94, entre son pays et Israël.
04:14 Donc, on voit que, quand même, ça peut monter très rapidement.
04:17 Je pense que le roi Hussein avait notamment peur
04:20 de la réaction de la population palestinienne en Jordanie.
04:23 Il faut quand même rappeler qu'il y a à peu près 60 % de la population
04:27 qui est d'origine palestinienne en Jordanie,
04:29 jusqu'à 80 % dans la capitale Haman.
04:31 Donc, le Hamas peut aussi activer,
04:34 jouer sur ces leviers
04:37 pour tenir aussi, exercer une certaine pression
04:40 sur les gouvernants des pays dans lesquels il se trouve.
04:43 -Go ahead, Anne. -Et d'ailleurs,
04:45 ça remonte même à Hecheman,
04:47 dans le sens où l'Argentine avait demandé sa restitution.
04:50 Immédiatement après l'enlèvement de Hecheman
04:53 pour qu'il soit jugé sur le sol israélien.
04:56 Donc, il y a cette volonté aussi des pays
04:59 de ne pas voir d'assassinats ou de kidnappings
05:02 sur leur propre sol.
05:03 A l'heure actuelle, c'est impossible
05:05 que Hanieh soit tué sur le sol qu'Atari,
05:10 puisque, comme le disait très justement Sylvie Berman,
05:13 on a besoin de lui pour l'instant,
05:16 pour notamment négocier sur le sort des otages.
05:19 Mais il y a déjà cette force en place.
05:21 Les médias israéliens parlent de cette force nili,
05:24 qui serait déjà mise en place entre le Shin Bet et les Mossad,
05:27 qui réfléchiraient justement,
05:29 parce que le Mossad, c'est le renseignement extérieur.
05:31 Une nouvelle brigade d'élite qui serait là pour éliminer...
05:35 Le Mossad, c'est le renseignement extérieur,
05:37 ce qui veut bien dire que ce seraient des opérations
05:39 qui auraient lieu en dehors d'Israël
05:41 pour tuer les membres du Hamas.
05:42 Et Hecheman a fini pendu au haïkour en Israël.
05:45 Il n'a pas été restitué à l'Argentine.
05:48 On va élargir le regard et revenir sur ce discours très important hier
05:53 d'Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah.
05:57 Beaucoup de bruit pour rien, ont dit beaucoup de commentateurs.
06:01 On craignait évidemment que le chef du Hezbollah
06:04 ne veuille entraîner en quelque sorte le Liban dans le conflit.
06:06 Il n'en a rien été.
06:08 Écoutez un extrait de ce long discours-fleuve.
06:11 -Cette guerre est en fait palestinienne,
06:17 pour la Palestine,
06:19 pour les affaires de la Palestine,
06:21 pour les causes de la Palestine,
06:22 pour la population de la Palestine.
06:24 Mais elle ne fait pas de commandements
06:27 sur elle, pas du tout,
06:29 ni sur ses dirigeants,
06:31 ni sur ses décisions.
06:33 -Voilà, Sylvie Berman, on a beaucoup commenté cette phrase
06:38 parce qu'il semble exonérer l'Iran, bien sûr le Hezbollah,
06:41 en expliquant que personne n'était au courant de cette opération
06:44 qui est 100 % palestinienne. Comment vous l'interprétez ?
06:47 -De toute façon, le Hezbollah prétend toujours être libanais avant tout
06:52 et être totalement indépendant de l'Iran.
06:54 Donc ça, ce n'est pas très étonnant.
06:57 En même temps, il est tout à fait sensible, je pense,
07:01 à la présence américaine renforcée dans la région
07:05 et aux signaux qui ont été passés extrêmement clairement.
07:08 Et je pense aussi que ça serait compliqué pour le Hezbollah
07:13 parce que le souvenir de 2006,
07:16 chez les Libanais, est assez douloureux.
07:18 Parce que, certes, c'est une guerre...
07:21 -La guerre contre Israël. -Par Israël,
07:23 mais c'est le Hezbollah aussi qui a été jugé responsable
07:27 de toutes les destructions, pas seulement dans le sud de Liban,
07:30 mais également à Beyrouth, à l'époque.
07:33 -Est-ce à dire que tout risque d'embrasement régional
07:36 est écarté, selon vous, Gallagher-Fenwick ?
07:38 -Non, pas du tout.
07:40 Parce qu'il y a tellement d'acteurs dans cette équation
07:43 extrêmement compliquée qu'un accident ou un dérapage,
07:47 qui ne serait pas intentionnel par définition,
07:51 n'est pas à écarter.
07:52 C'est-à-dire que quand on voit la multiplication des acteurs
07:56 et la relative autonomie dont bénéficient certains d'entre eux,
08:00 les Houthis, Assana, Hachde Chab, du côté irakien,
08:04 les milices en Syrie, le Hezbollah, l'Iran,
08:08 et puis vous avez aussi...
08:09 -Toutes téléguidées par Téhéran.
08:11 -Oui, mais avec, encore une fois, j'insiste là-dessus,
08:14 un certain degré d'autonomie.
08:15 Réfléchir en termes de vassalité pure
08:17 dans la relation Téhéran-Hezbollah, Téhéran-Hachde Chab,
08:21 Téhéran et avec tous ces autres acteurs non étatiques,
08:25 à mon avis, c'est passer à côté de la dimension parfois autonome
08:29 de chacun qui a ses propres intérêts
08:33 et qui cherche à exister.
08:35 Et c'est là aussi qu'est le grand danger,
08:37 et il est parfaitement incarné par cet étot
08:40 à l'intérieur duquel Hassan Nasrallah et le Hezbollah sont coincés.
08:43 Il a deux impératifs.
08:45 Le premier, s'il veut continuer de se présenter
08:48 comme étant le fer de lance de la lutte armée contre les Taïbreux,
08:52 c'est d'agir, de réagir
08:54 devant ce qui est en train d'être infligé
08:57 à ce qu'il appelle son parti frère, celui du Hamas.
09:00 Ne rien faire serait lui faire perdre la face.
09:04 Et d'un autre côté, très bien dit par Mme l'Ambassadeur,
09:07 agir, c'est courir un risque existentiel,
09:10 celui de la disparition, de la destruction du Hezbollah.
09:14 Donc ça, il le sait, et c'est pour ça que...
09:17 Se prononcer de manière définitive
09:19 sur "il n'y aura pas d'embrasement", c'est compliqué.
09:22 Juste un petit mot pour parler du côté américain.
09:26 Il y a aussi là encore un numéro d'équilibriste
09:29 qui consiste à adopter une posture très agressive
09:32 avec énormément de matériel, un tonnage très élevé,
09:36 volontairement très visible.
09:38 Le Pentagone...
09:39 Les deux porte-avions.
09:41 ...a annoncé l'envoi de centaines d'hommes supplémentaires
09:44 sans préciser ou en disant que ce ne serait pas en Israël.
09:48 Donc il faut impressionner
09:51 pour contenir, mais sans provoquer.
09:53 C'est pas facile.
09:54 Une toute dernière chose, et je vous promets que j'ai terminé.
09:57 Il ne faut pas non plus se dire
09:59 "le Hezbollah a dit qu'il n'attaquerait pas, donc il n'y aura pas la guerre."
10:01 Moi, je pense qu'Israël peut frapper de manière préventive.
10:05 Israël n'acceptera plus de vivre avec des menaces à ses frontières,
10:09 et le Hezbollah en est une.

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