Immigration : «c'est un sujet sur lequel les Français estiment que l'État est en perte de contrôle, faible» estime Frédéric Dabi

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Transcript
00:00 Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le directeur général opinion du groupe IFOP.
00:05 - Bonjour Frédéric Dhabi, bienvenue sur Europe 1.
00:09 Après plusieurs reports, recalibrage, réorientation, le projet de loi immigration arrive au Sénat aujourd'hui.
00:14 Qu'attendent les Français de ce texte politiquement très sensible ?
00:18 C'est ce que l'on va voir ensemble ce matin Frédéric Dhabi.
00:20 L'immigration qui est un sujet fréquent d'enquête pour l'IFOP, même un sujet historique vous dites.
00:26 Première question, dans les grandes masses, quel est le degré d'importance du sujet immigration pour les Français ?
00:32 Quel est selon eux la teneur de la question de l'immigration ?
00:36 En fait, quel aspect du sujet les préoccupe prioritairement ?
00:39 - Vous avez raison de parler d'aspect parce que ce n'est plus un enjeu étanche d'immigration.
00:44 C'est un enjeu qui devient connexte par exemple de la question de l'insécurité.
00:49 C'était jadis le discours de Jean-Marie Le Pen, le lien insécurité-immigration.
00:54 Il faut le dire, il est fait maintenant de manière automatique et majoritaire par les Français.
01:00 D'ailleurs, c'est Gérald Fettermanin qui est le premier à en avoir parlé il y a quelques années
01:04 quand il avait publié des statistiques sur les délinquants étrangers à Paris, Lyon et Marseille.
01:10 C'était il y a environ un an.
01:12 Vous avez raison, ce n'est pas la priorité des priorités.
01:15 Les Français restent très marqués par intriptique, santé, pouvoir d'achat avec l'inflation, insécurité.
01:21 Mais il y a maintenant ce lien insécurité-immigration, un lien immigration-économie,
01:27 un lien immigration-terrorisme, on l'a vu avec l'affaire de Dominique Bernard.
01:32 C'est un enjeu sur lequel les Français veulent de l'action.
01:35 Il y a une grille de lecture qui s'est imposée sur le sujet qui est "rien ne bouge, rien ne se passe"
01:40 et surtout c'est un enjeu qui doit montrer que l'État a repris le contrôle.
01:46 C'est un sujet sur lequel les Français considèrent que le pouvoir est faible.
01:49 Exactement, c'est vraiment ça, cette idée de faiblesse de l'État, cette idée de perte de contrôle.
01:54 Les Français ne sont pas dans une logique de durcissement absolu.
01:58 Bien sûr, ils veulent et c'est une attente majeure l'expulsion des délinquants étrangers à l'issue de leur peine.
02:04 Mais ils restent, j'aurais envie de dire, rocardiens du regard des années 80-89
02:08 qui disait "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais il doit en prendre sa part".
02:11 Quand on teste, et c'est une question historique qu'il faut pour la Fondation Jean Jaurès,
02:15 la phrase "c'est la tradition de la France d'accueillir des personnes filles en la guerre ou la misère",
02:19 on trouve toujours une petite majorité de Français qui sont d'accord.
02:22 C'est un sujet qui est de moins en moins clivé entre la gauche et la droite,
02:25 mais un, on veut de l'action et deux, on veut cette idée de reprise de contrôle, de maîtrise des frontières.
02:31 L'affaire Dimitri de l'Aquarius où 200 migrants se sont évaporés dans la nature,
02:38 - L'Aquarius c'est ce bateau humanitaire qui avait été reçu en France l'année dernière.
02:44 - Et il y a vraiment cette idée que l'État n'a plus le contrôle.
02:48 C'est la même logique sur les questions d'insécurité,
02:51 où quand on voit les victimes de l'insécurité, la délinquance,
02:56 les Français pointent très souvent, à part des faits divers affreux,
02:59 des personnes qui sont dépositaires d'autorité de l'État.
03:02 Un policier, un pompier, un maire, un élu,
03:05 et donc c'est cette reprise de contrôle qui va être au cœur de l'attente des Français.
03:10 - Alors il y a eu beaucoup de sondages sur le projet de loi immigration,
03:13 c'est assez frappant de voir depuis deux mois et ça continue.
03:16 Alors je vais prendre celui que votre sondage IFOP pour Livre Noir,
03:19 il date du début du mois d'octobre mais il est tout à fait d'actualité.
03:22 Il y a cette mise en parallèle de deux prises d'opposition des Français
03:26 qui peuvent paraître paradoxales, on a besoin de vos lumières Frédéric Dhabi.
03:29 Vous l'avez dit, 86% des Français dans ce sondage
03:32 sont favorables à l'expulsion des délinquants
03:34 et à toutes les mesures de fermeté en général.
03:36 Et en même temps, ils sont près de 7 sur 10, 68%
03:40 en faveur de la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension.
03:43 Est-ce qu'il n'y a pas là une contradiction des Français ?
03:45 - Je ne pense pas que ce soit une contradiction,
03:47 c'est que les Français, c'était votre première question, première remarque,
03:50 voient ce sujet avec différents prismes, différentes lunettes.
03:54 Oui, il y a un véritable durcissement.
03:56 D'ailleurs, toutes les mesures, vous avez cité celles de l'expulsion des délinquants étrangers,
04:00 sont majoritaires, y compris à gauche.
04:02 C'est un enjeu qui est de moins en moins clivé entre la gauche et la droite.
04:05 - Y compris à la France Insoumise.
04:07 - Y compris oui, je crois que c'est 67%.
04:08 Chez les sympathisants de la France Insoumise,
04:11 encore un sujet où il y a un décalage entre les prises de parole,
04:15 notamment de Jean-Luc Mélenchon, et ce que souhaite, ce que veut son électorat.
04:20 Mais sur la question de la régularisation des sans-papiers,
04:24 deux tiers y sont favorables.
04:25 Une majorité de sympathisants LR,
04:28 LR doit avoir ça en tête quand s'ouvre cette discussion parlementaire aujourd'hui au Sénat,
04:33 c'est parce que sur la question de l'emploi, du chômage,
04:36 qui a entre parenthèses, qui s'est évaporé de la hiérarchie des préoccupations des Français.
04:43 C'était le premier enjeu en 2018, c'est le douzième enjeu aujourd'hui.
04:48 Ça ne compte plus vraiment pour les Français.
04:50 Le problème, c'est moins le chômage, mais le travail qui paie mal.
04:52 Et donc sur la question des métiers en tension
04:55 par rapport à laquelle les Français ont conscience que ça ne va pas,
04:58 eh bien on est prêt à 66% à régulariser.
05:01 Alors, il faudra peut-être approfondir cette question.
05:04 Est-ce que c'est du cas par cas ?
05:06 Est-ce que c'est une régulération massive type gauche au pouvoir,
05:11 la gauche de Spain en 1997-98 ?
05:13 La question ne le dit pas.
05:15 Mais en tout cas, ça montre que l'opinion publique est à multiples facettes
05:19 et pas seulement sur un prisme de durcissement, d'expulsion, de répression.
05:25 On aura le temps d'en parler dans le courant d'Europe un matin,
05:29 mais on voit que c'est un marigot politique absolument indépétrable.
05:33 Qui n'intéresse pas les Français, si je peux me permettre.
05:35 - Oui, voilà.
05:36 Les Républicains sont convaincus que le texte ne peut être adopté sans leur voix.
05:39 Un commentaire peut-être là-dessus, Frédéric Dhabi ?
05:41 - Oui.
05:42 C'est une impression de déjà-vu, comme on dit dans les films.
05:45 C'est-à-dire, c'est ce qu'on avait vu sur la réforme des retraites,
05:47 où on se souvient que les Républicains avaient la clé pour éviter le 49-Franc.
05:51 Mais à ce moment-là, il y avait d'une part un électorat républicain
05:54 très divisé sur la réforme des retraites.
05:57 Il y avait des LR du Sénat, des LR de l'Assemblée nationale,
06:01 le Sénat favorable à la réforme, à l'Assemblée beaucoup plus hésitant.
06:04 - Là, ils sont beaucoup plus alignés.
06:05 - Là, c'est très différent.
06:07 On a sur la question de l'immigration un électorat LR
06:10 en fusion avec l'électorat RN, électorat Reconquête,
06:14 et lui aussi veut agir,
06:16 et très favorable aux mesures de durcissement,
06:19 même si sur la question des métiers en tension,
06:22 l'électeur LR est un Français comme les autres,
06:24 il veut que ça bouge, notamment vers une régularisation.
06:27 - Merci beaucoup Frédéric Dhabi de vos lumières.
06:29 - Merci.
06:30 - Vous avez éclairé notamment sur ce qui pourrait être une contradiction des Français,
06:32 mais qui n'en est peut-être pas tant que cela une.
06:34 Je rappelle, vous êtes le directeur général opinion du groupe IFA.
06:36 - Merci.
06:37 - Bonne journée à vous.
06:38 - A vous aussi.
06:38 - 7h18 sur Europe.

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