La bataille de l’Article 3

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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'intéresse à la bataille autour de l'Article 3 dans le projet de loi Immigration.

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Transcription
00:00 Place à l'édito politique sur Europe avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brézet. Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 Alors on entendait tout à l'heure dans le journal de 7h30 ce restaurateur parisien qui nous disait en substance
00:10 "les sans-papiers c'est salariés comme les autres". C'est le fond de l'article 3 de ce projet de loi immigration
00:17 qui est un examen au Sénat et qui prévoit donc la régularisation des travailleurs clandestins dans les métiers en tension.
00:23 Mais n'est-ce pas faire trop d'honneur à ce fameux article 3 Alexis Brézet ou bien le charger de trop d'indignité ?
00:29 Oui c'est vrai qu'on ne parle que de ça et c'est vrai que c'est ce qu'on dit Dimitri, que cette bataille de l'article 3
00:36 serait artificielle, symbolique, totémique, politicienne que sais-je encore, elle serait d'autant plus disproportionnée
00:44 que nous dit-on cela fait belle lurette que les préfets régularisent des clandestins au motif qu'ils ont un emploi
00:49 et que donc il n'y a pas lieu d'en faire tout un plat. Voyons tout ça.
00:52 Alors oui c'est vrai, aujourd'hui c'est la circulaire valse de 2012, les préfets ont bien la possibilité, je dis bien la possibilité
01:01 pas l'obligation, de régulariser un étranger en situation illégale sur examen de sa situation professionnelle.
01:08 A-t-il travaillé 24 mois sur les trois dernières années ? Son employeur est-il prêt à l'embaucher ?
01:13 Mais aussi sur examen de son parcours personnel et familial. Parle-t-il français ? Ne présente-t-il aucun signe de radicalité ?
01:19 Cette soupape qui permet de récompenser des parcours d'intégration particulièrement réussis concernent environ 7000 personnes par an.
01:27 Mais l'article 3 de la loi immigration présentée par Gérald Darmanin n'a rien à voir avec ça,
01:32 puisque dans sa rédaction actuelle il crée un droit automatique à régularisation.
01:37 Automatique, on n'est plus du tout dans la simple possibilité pour tout clandestin qui en trois ans de présence
01:43 aurait travaillé huit mois dans un métier d'intention et sans qu'il soit possible cette fois de vérifier son intégration.
01:49 Ce n'est pas du tout la même chose.
01:50 Alors, combien d'étrangers pourraient invoquer le bénéfice de ce nouveau droit opposable ?
01:55 C'est difficile à dire, puisqu'il s'agit de clandestins dont par définition on ne connaît pas le nombre.
02:00 Enfin, il est clair que par rapport à la circulaire valse, on change d'échelle.
02:04 Ce n'est pas par milliers qu'il faudrait les compter, mais par dizaines de milliers
02:09 qui bénéficieraient bien sûr très vite du droit à faire venir leur famille,
02:13 sans compter l'appel d'air que cette régularisation massive ne manquerait pas de produire
02:18 dans les pays d'origine sur des candidats à l'exil,
02:21 qui quelques mois plus tard pourraient bénéficier du même droit à régularisation,
02:25 provoquant un nouvel appel d'air, etc.
02:28 Donc si l'on vous suit bien, Alexis, un compromis politique sur ce fameux article 3,
02:34 il ne va pas être simple à trouver.
02:35 Non, parce que cette bataille ne relève pas du caprice,
02:38 ni même qu'on nous le dit du simple calcul politique, en tout cas pas seulement.
02:42 L'article 3, c'est un point de bascule, c'est une ligne de partage idéologique.
02:46 La gauche ne peut pas, sans renier ses valeurs,
02:49 renoncer à ce qu'elle considère comme un geste d'humanité.
02:53 La droite ne peut pas, sans se trahir et trahir ses électeurs,
02:56 abandonner ce principe de fermeté.
02:59 - Et Gérald Darmanin, donc il omisse du champ de tir,
03:01 est-ce qu'il va devoir constater l'échec de sa loi selon vous, Alexis ?
03:05 - C'est évidemment le risque que ce stupide en même temps lui fait courir.
03:09 Je vous rappelle que ce fameux volet régularisation
03:13 n'était pas prévu dans la mouture initiale de sa loi.
03:15 Et entre nous soit dit, si Emmanuel Macron et Elisabeth Borne
03:18 s'étaient contentés du volet fermeté,
03:20 voulu au départ par Darmanin, on n'en serait sans doute pas là.
03:23 Alors, maintenant, est-ce que l'échec est inévitable ?
03:26 Alors, en dépit de tout ce que je viens de dire, au Sénat, pas forcément.
03:29 Parce que vous savez, le Sénat, c'est le Sénat.
03:31 Il y a le génie des lieux, le goût du compromis, des amitiés, des réseaux,
03:37 il y a la rondeur du président Gérard Larcher,
03:39 la finesse du centriste Hervé Merceille,
03:42 le réalisme du républicain Bruno Rotaillot.
03:45 Au Sénat, tout est possible, y compris l'adoption d'une loi avec un article 3
03:49 qui aurait le goût de l'article 3, la couleur de l'article 3,
03:53 mais dans lequel il n'y aurait plus rien de l'article 3.
03:56 À l'Assemblée, ensuite, où la gauche est nettement plus à gauche
03:59 et la droite franchement plus à droite,
04:01 ce sera sans doute une autre paire de manches.
04:04 Mais quand ?
04:05 Vous savez, pour atterrir au Sénat, la loi a mis deux ans.
04:09 Alors l'Assemblée, on a le temps d'en reparler.
04:11 L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brezel à une du Figaro ce matin.
04:15 L'Ukraine dans l'impasse après l'échec de sa contre-offensive.

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