La semaine de sensibilisation à l'infertilité a lieu jusqu'au 12 novembre, avec plusieurs événements sur Montpellier. Un sujet délicat, mais qui ne doit pas être tabou pour le Dr Nicolas Chevalier.
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00:00 On va parler d'un sujet pas forcément très évident, celui de l'infertilité.
00:03 Ce matin sur France Bleu et Raud dans ce 6/9 et sur France 3 Occitanie puisque c'est la
00:08 semaine de sensibilisation de l'infertilité.
00:09 Nous sommes ce matin, Xavier Penroy avec le docteur Nicolas Chevalier qui est gynécologue
00:14 mais pas que à la Plônie Clinique Saint-Roch.
00:16 Bonjour Nicolas Chevalier.
00:18 Bonjour.
00:19 Pas que parce que vous êtes là pour parler d'une association et plus largement de cette
00:23 semaine de sensibilisation à l'infertilité.
00:25 On a plein de questions à vous poser parce que c'est un sujet pas forcément très évident.
00:31 Donc voilà, plein de questions très grand public.
00:33 C'est quoi déjà l'infertilité ? Est-ce que c'est différent de la stérilité ?
00:37 Alors l'infertilité effectivement c'est la difficulté à concevoir.
00:41 C'est différent de la stérilité qui est l'incapacité, c'est-à-dire qu'on n'a pas
00:44 la possibilité de pouvoir concevoir par exemple une femme qui n'a plus d'ovaires, plus d'utérus
00:49 ou un homme qui n'aura pas de spermatozoïdes.
00:51 Ça c'est l'infertilité, c'est la difficulté.
00:54 Et le but de cette semaine de sensibilisation justement c'est que ça ne soit plus un problème
01:00 difficile à discuter parce qu'on va être de plus en plus concernés et tout le monde
01:05 va être de plus en plus concerné.
01:06 Actuellement c'est près d'un couple sur six qui a des problèmes pour concevoir naturellement.
01:11 Un rapport récent de l'OMS dit qu'en 2046, c'est demain, près d'un couple sur deux
01:19 aura besoin d'une assistance médicale à l'application et pas qu'un couple parce qu'actuellement
01:23 il y a d'autres schémas parentaux et d'autres personnes qui vont aussi être concernées,
01:27 des couples de femmes, des femmes célibataires, qui auront des difficultés à concevoir.
01:31 - Comment on explique cette progression de l'infertilité ?
01:34 - Alors l'infertilité ça peut être une cause médicale, donc un problème par exemple
01:40 d'une femme qui aura un problème au niveau de ses trompes et qui ne pourra pas concevoir
01:44 naturellement ou un problème d'endométriose ou un problème d'ovulation ou un homme qui
01:49 aura une baisse de production, de quantité ou de qualité de spermatozoïdes.
01:53 A côté de ça on va avoir des causes on va dire qui sont plutôt environnementales
02:01 ou toxiques qui vont aggraver la fertilité naturelle de tout le monde.
02:06 - Elle s'empoisonne en somme.
02:08 - Exactement, c'est notre société moderne.
02:10 - On parle beaucoup des perturbateurs endocriniens, c'est le cas par exemple ?
02:13 - Alors les perturbateurs endocriniens effectivement ça va être quelque chose qui au quotidien,
02:19 auquel on va être exposé, que ce soit dans la nourriture, dans les boissons, les plastiques,
02:24 dans les cosmétiques, les savons, les shampoings, que ce soit les produits de ménage, de bricolage,
02:30 de jardinage, tout ce qu'on va pouvoir manger, boire, se mettre sur la peau, respirer et
02:36 donc au quotidien on peut être exposé à ces perturbateurs endocriniens.
02:39 - Et justement d'ailleurs petite question, petite parenthèse, ma mère me disait toujours
02:43 "ne mets pas ton téléphone dans ta poche, c'est pas bon".
02:46 C'est une légende ça ou c'est vrai ?
02:48 - Alors pour l'instant les études ne sont pas encore très très nettes sur les ondes,
02:54 exactement.
02:55 Donc on ne peut pas confirmer à 100% que le téléphone puisse avoir un problème sur
02:59 la fertilité, mais il y a des études qui ont montré que l'utilisation peut-être fréquente
03:04 effectivement de téléphones pourrait avoir un déclin de la fertilité naturelle.
03:08 - Comment on sait qu'on est infertile ou pas ? Est-ce qu'il y a un temps, après X temps
03:13 de rapport sexuel qui n'amène pas à procréation ? Comment on sait qu'on est infertile ?
03:18 - Alors, soit on aura eu dans le passé une histoire personnelle ou familiale qui pourra
03:26 avoir un impact sur la fertilité, par exemple si enfant ou jeune adulte a eu un problème
03:32 de santé, une intervention chirurgicale ou les oreillons pour le garçon à l'adolescence,
03:39 s'il y a un problème vraiment de santé, il ne faut pas forcément attendre et le rôle
03:44 des médecins c'est de pouvoir alerter sur le risque à long terme sur la fertilité.
03:49 S'il n'y a pas de problème sous-jacent au préalable, à ce moment-là c'est au bout
03:55 d'un certain temps d'exposition à la grossesse, sur une femme qui aura des cycles réguliers
04:00 tous les mois, qui pourra s'exposer à la grossesse, dans la première année d'exposition
04:08 à la grossesse, il y a au moins un début de grossesse qui doit avoir lieu.
04:13 Si ce n'est pas le cas, c'est important d'aller voir quelqu'un pour rechercher des problèmes
04:20 particuliers et après explorer.
04:22 - Et est-ce qu'on sait d'ailleurs si ce sont plus les femmes qui sont infertiles, plus
04:26 les hommes, est-ce que c'est à égalité ?
04:28 - Alors là pour le coup, il n'y a pas de statistique, c'est par égale.
04:35 Il y a autant de causes masculines que de causes féminines.
04:38 On sait que l'homme va être plus sensible à tout ce qui va être les toxiques, les
04:44 perturbateurs endocrinaires, parce que le spermatozoïde est une plus petite cellule
04:47 et du coup va être plus sensible à tous ces toxiques.
04:50 Mais en revanche, de façon très très injuste, les dégâts qui sont faits chez l'homme
04:55 peuvent être réversibles si on arrête l'exposition.
04:57 Alors que chez la femme malheureusement, souvent les dégâts vont être difficilement réversibles.
05:03 Alors bien sûr, c'est pas pour autant qu'il ne faut pas arrêter de s'exposer, notamment
05:07 par exemple au tabac ou à d'autres toxiques, parce que bien sûr on va gagner des bénéfices
05:12 par la suite, mais les dégâts malheureusement des fois sont difficilement réversibles.
05:17 - Vous avez parlé justement de cet environnement qui peut à long terme nous empoisonner.
05:22 Est-ce que vous auriez peut-être quelques petits conseils du quotidien, alors qui évidemment
05:25 ne vont pas marcher si on les fait un jour, mais est-ce qu'il y a des méthodes comme
05:30 ça qui peuvent nous protéger de l'infertilité ?
05:32 - Alors, il n'y a pas de recette magique bien sûr, mais effectivement c'est un combat
05:36 un peu au quotidien.
05:37 Donc c'est dans l'alimentation, la façon de manger, faire soi-même la cuisine, surtout
05:41 ne pas acheter des produits déjà préparés, mais faire soi-même la cuisine avec des produits
05:46 frais, limiter le plus possible les sucres rapides parce que ça c'est vraiment très
05:50 toxique, alors malheureusement c'est addictif, c'est une addiction aussi, on est addict
05:54 au sucre.
05:55 Ensuite faire attention à la façon dont on va cuisiner, de ne pas faire réchauffer
06:00 du plastique au micro-ondes, de mettre dans un plat, de ne pas utiliser des revêtements
06:04 qui sont abîmés sur des poêles, des choses comme ça.
06:07 Faire attention effectivement à ce qu'on va boire aussi, limiter au maximum les sodas.
06:11 Après tout est dans la mesure…
06:13 - Ça paraît du bon sens de toute façon.
06:15 - Exactement, c'est l'excès qui va être compliqué et l'exposition au quotidien.
06:19 Après faire attention aux produits on disait de cosmétiques puisque les savons, les shampoings
06:24 on les utilise tous les jours, donc ça, faire attention à la composition.
06:27 Il y a actuellement une démarche qui est faite sur les perturbateurs endocriniens pour
06:31 qu'on puisse justement savoir aussi bien au niveau alimentaire qu'au niveau des cosmétiques,
06:37 savoir quels sont les produits qui ne devraient plus être utilisés parce qu'il y a trop
06:42 de perturbateurs endocriniens.
06:43 - Vous disiez à terme, donc 2046, un couple sur deux selon un rapport aurait des problèmes
06:50 à procréer.
06:51 La bonne nouvelle, je mets des guillemets pour ceux qui ne nous regardent pas sur France
06:55 TV, c'est que dans le même temps il y a quand même la science qui a évolué, on
06:57 a des méthodes plus poussées aujourd'hui pour s'assurer de ne pas être infertile.
07:02 Quelles sont ces méthodes et est-ce qu'elles sont efficaces ?
07:05 - Bien sûr, on a la chance d'avoir une spécialité, la médecine de la reproduction et la biologie
07:11 de la reproduction en perpétuel questionnement.
07:14 Il y a beaucoup d'études qui sont réalisées, qui sont assez faciles pour pouvoir expérimenter
07:19 et voir comment ça évolue.
07:20 On utilise depuis déjà des années les techniques de l'assistante médicale à la
07:26 procréation, la fécondation in vitro, la micro-injection par XI, les inséminations
07:30 de sperme ou des techniques encore plus développées, mais qui doivent s'adapter à chaque situation.
07:37 Chaque couple sera différent et c'est vraiment après ce bilan qui sera fait qu'on utilisera
07:43 la technique la plus adaptée pour le couple.
07:46 - Est-ce que c'est facile aujourd'hui vraiment de faire appel à ce qu'on appelle l'assistance
07:50 médicale à la procréation ou est-ce qu'il y a encore des freins qui soient législatifs
07:55 ou psychologiques aussi chez beaucoup de couples ?
07:57 C'est facile de faire appel à ça aujourd'hui ?
07:58 - C'est ce problème effectivement qu'on ne veut plus que ce soit quelque chose de tabou
08:05 puisque ça devient de plus en plus fréquent.
08:07 Il faut en parler, tout le monde est concerné.
08:09 C'est le but de l'association BAMP qui fait ces semaines de sensibilisation, c'est que
08:14 tout le monde puisse se sentir concerné et soutenir ces personnes qui vont être en difficulté.
08:18 Donc l'accès n'est pas compliqué.
08:21 Bien sûr, il y a de plus en plus de demandes.
08:24 Peut-être qu'en France, on n'a pas forcément tous les moyens nécessaires pour répondre
08:28 à toutes ces demandes et notamment avec la nouvelle loi de bioéthique, toutes les nouvelles
08:32 autorisations pour les couples de femmes, les femmes célibataires, c'est très bien
08:36 de pouvoir les accompagner parce qu'avant elles se sentaient tout à fait isolées.
08:39 Mais on n'a pas tous les moyens et notamment par rapport à tout ce qui va être le don
08:44 de gamètes, le don de spermatozoïdes, le don d'ovocytes, on est en difficulté.
08:48 On n'a pas assez de donneurs en France pour les spermatozoïdes et les ovocytes.
08:52 Donc là, je fais un appel à toute la population.
08:55 Si les gens français ont cet élan de générosité pour pouvoir donner, pour pouvoir aider les
09:02 autres personnes qui veulent avoir des enfants, ce serait formidable.
09:05 - Et justement, est-ce que vous avez des cas de couples qui sont venus vous voir et qui
09:09 ne pouvant pas aller au bout de leur démarche en France vont à l'étranger ? On pense à
09:12 l'Espagne qui est le plus proche et qui est…
09:13 - Bien sûr.
09:14 - … connu pour ça.
09:15 C'est fréquent.
09:16 - Bien sûr.
09:17 Aujourd'hui, mais encore malheureusement, la plupart des soins qui ne sont pas accessibles
09:20 en France par des problèmes de délai orientent bien sûr ces personnes sur l'étranger.
09:26 Nous, on est juste à côté de l'Espagne.
09:28 C'est très facile, ils y vont.
09:30 Malheureusement, ce serait tellement plus simple si on pouvait les accompagner jusqu'au
09:36 bout en France.
09:37 Et en plus, c'est très coûteux.
09:38 Certaines personnes peuvent même s'endetter pour aller faire ces démarches à l'étranger.
09:42 Donc, si on pouvait avoir cet élan de solidarité française, ce serait formidable.
09:48 - Plus de tabous sur l'infertilité.
09:49 Donc, merci beaucoup, docteur Nicolas Chevalier.
09:52 Je rappelle que vous êtes gynécologue obstétricien, andrologue à la Polyclinique Saint-Roch
09:55 et que donc la semaine de sensibilisation à l'infertilité, ça dure jusqu'au 12 novembre.
09:59 Il y a donc des événements à Montpellier.
10:01 Demain, vous y serez.
10:02 Une performance artistique.
10:03 Alors, vous n'êtes pas là pour ça, vous, mais vous allez être pour le débat ensuite
10:06 à la faculté de médecine, même si vous pouvez être artiste aussi.
10:08 Autre rendez-vous, c'est vendredi dans le hall de la Polyclinique Saint-Roch, des stands
10:12 d'information pour répondre aux questions que beaucoup se posent.
10:15 Ça se passe de 11h à 15h.
10:17 Merci beaucoup d'avoir été avec nous, Vivian.
10:18 Vous avez une question peut-être ?
10:19 - Non, je vois que sur la page Instagram, sur votre page Instagram, vous avez partagé
10:22 aussi qu'il y avait trois stands d'information présents dans le hall de l'accueil.
10:26 - C'est ce que je viens de dire.
10:27 - C'est ça ?
10:28 - Exactement.
10:29 On sera présents.
10:30 - Entendu, les trois stands.
10:31 - Je viens de le dire.
10:32 - Merci.
10:33 - C'est pas grave.
10:34 Merci, Vivian.
10:35 Et merci beaucoup, docteur Nicolas Chevalier, d'avoir été avec nous ce matin.
10:37 - Merci.
10:38 sur notre site internet francebleu.fr