• le mois dernier
Pendant toutes ces années, elle va endurer des souffrances physiques, mentales, lutter contre l'inefficacité des diagnostics mal posés sur son infertilité. Cécile va s'écrouler et se relever autant de fois face aux échecs qui s'accumulent, elle ne lâchera jamais.
Quand on lui apprend au bout de 7 ans qu'elle souffre d'endométriose profonde, maladie qui touche 1 femme sur 10 et première cause d'infertilité, Cécile décide de se battre pour informer les autres femmes sur ce mal invisible. Grâce aux actions de sensibilisation portées par l'association dont elle est devenue la présidente, "Info-Endométriose", elle mène des actions pour faire connaître cette maladie.
Finalement Thelma naît le 27 juillet 2021, au bout de 9 ans et 9 mois ... Un cadeau inattendu, un miracle.
A base d'archives personnelles et de témoignages, cette histoire intime et bouleversante portée par une composition originale de Malik Djoudi, dévoile les difficultés et les luttes rencontrées par tant de couple aujourd'hui et la force nécessaire pour avoir un enfant.

Réalisé par : Florie Martin / Co-écrit avec : Benjamin Purtschet / Montage : Lysiane Le Mercier / Musique originale composée et dirigée par : Malik Djoudi / Durée : 52' / Année : 2024 / Coproduction : 10.7 productions / BCT / LCP-Assemblée nationale

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Transcription
00:00...
00:04Allez, cours, cours, cours, cours !
00:06...
00:12Thelma, ma fille,
00:16je t'ai tant attendue.
00:18J'ai toujours voulu être mère,
00:20un désir puissant qui n'a jamais cessé de grandir en moi.
00:24...
00:26Lui, ramasse-le, on va le mettre dans le seau de papa.
00:30Voilà. Oh, il est beau, il est comme le mien.
00:32...
00:37Avec Benjamin, ton papa,
00:39nous voulions par-dessus tout fonder notre famille,
00:41devenir parents.
00:44Mais une maladie de femme appelée endométriose
00:47nous a longtemps privés de cette joie,
00:49jusqu'à penser qu'on n'y arriverait jamais.
00:52...
00:56Mais je me suis battue, ma Thelma,
00:58pour moi, pour nous,
01:00et aussi pour toutes les autres femmes qui souffrent en silence.
01:04J'ai transcendé ma colère et ma douleur.
01:08Même quand tout semblait perdu,
01:10je n'ai pas cessé d'y croire.
01:12Je n'ai jamais lâché.
01:13...
01:16Les épreuves nous ont soudés, ton papa et moi.
01:19Notre amour s'est même fortifié
01:21dans ce parcours semé d'embûches, d'espoirs et de désillusions.
01:24...
01:28...
01:38Et puis l'inattendu est arrivé, l'inespéré s'est réalisé.
01:42...
01:47Te regarder grandir est un cadeau du ciel,
01:49un espoir pour tant de couples aussi.
01:51...
01:54Quand la nature dit qu'il faut neuf mois pour faire un enfant,
01:57à nous, il aura fallu neuf ans pour devenir tes parents.
02:01...
02:04Musique intrigante
02:08...
02:09Je m'appelle Cécile-Tonie Purcher,
02:11je suis la présidente d'Info-Endométriose.
02:13Info-Endométriose a pour but de sensibiliser
02:16le grand public à la maladie de l'endométriose
02:19et de la faire connaître.
02:20...
02:26On a fait une campagne avec six personnes connues.
02:30C'était de la fiction avec des témoignages réels.
02:34...
02:35Le chirurgien m'explique, vous avez une endométriose.
02:39Une quoi ?
02:41Une endométriose.
02:43Au goulot, je peux pas leur dire
02:46que j'arrive pas à me tenir debout et changer mes règles.
02:49...
02:50C'est la première fois qu'on posait des mots sur cette maladie réelle
02:54et qu'on expliquait ce que ça pouvait faire dans la vie d'une femme.
02:57...
02:58J'ai 35 ans, et franchement,
03:00il y a des fois, j'aimerais être ménopausée.
03:03...
03:07Parce que c'est le seul moment où la maladie lâche de l'Est sur nos organes.
03:11...
03:13C'est une maladie liée aux femmes ou est-ce que c'est liée aux règles ?
03:17...
03:18Pendant les règles, certaines cellules,
03:20au lieu de s'en aller à l'extérieur du corps,
03:22restent à l'intérieur du corps
03:24et vont se coller sur les ovaires, la vessie, l'intestin.
03:28Ces cellules se multiplient et créent des lésions
03:31et provoquent parfois des règles très douloureuses.
03:34...
03:35Il y a encore 5 ans, on avait du mal à prononcer le nom.
03:38Aujourd'hui, on a fait une cause nationale, une stratégie nationale.
03:41...
03:42Le combat de Cécile, il est vital, il est nécessaire.
03:46Parce que sans Cécile, Tony, sans son travail,
03:48je peux vous dire qu'on n'en serait pas là,
03:50pour contrôler les endométrioses, déplacer des montagnes.
03:53...
03:56Nora, tu peux me redire quand c'est diffusé ?
03:58Jeudi, jeudi 28.
03:59Jeudi en direct.
04:00Jeudi 28 en direct.
04:01Vas-y, mon coeur.
04:03C'est une maladie, on n'en meurt pas, mais on ne sait pas d'où elle vient.
04:06On ne sait pas pourquoi une femme sur 10 est atteinte d'endométriose.
04:09Aujourd'hui, pour faire de la recherche, il faut énormément d'argent.
04:13Donc, il nous faut des sous.
04:15Voilà.
04:16Génial !
04:17Parfait !
04:18Ben voilà !
04:20Cécile, elle m'a emmenée, elle m'a embarquée dans son combat.
04:24Moi, j'avais envie de faire quelque chose, j'avais envie de me rendre utile.
04:29Je me suis déjà allongée par terre entre deux émissions de télévision.
04:34Mais vraiment, ou à la pause pub.
04:35Je me souviens même, en pleine pause pub, en plein direct,
04:38je me suis allongée par terre sur le carrelage froid.
04:41Et j'avais en même temps les saignements, la diarrhée et les vomissements.
04:47La totale.
04:48J'avais mal pendant les rapports sexuels.
04:49Ça aussi, c'est gênant, c'est trash.
04:52On peut avoir des saignements d'un coup.
04:54Non, c'est vraiment...
04:55C'est ça dont il faut qu'on parle, la réalité de la maladie.
04:57Quand j'étais DJette, je m'allongeais aussi.
05:00Je me mettais comme ça, je me mettais comme ça.
05:02Et je disais, putain, il faut que ça passe.
05:03Moi, je savais pas pourquoi j'avais mal.
05:05Comme toi.
05:06Puis tu deviens folle, en fait.
05:07Parce que c'est pas moi qui suis trop douillet.
05:10Combien de fois j'ai cru que j'étais enceinte parce que j'avais envie de vomir.
05:13Alors ça, c'est génial.
05:14Enfin, c'est génial.
05:15C'est ouf.
05:16C'est là que je peux faire la tête, je suis enceinte.
05:18En fait, c'était mes douleurs d'avoir mes règles dans 2B Trio qui me donnaient envie de gerber.
05:25Moi, les règles, c'est vraiment la semaine de l'enfer.
05:28C'est vraiment comme des aiguilles qui rentrent comme ça.
05:31Il y a les coups de poignard dans le ventre, puis dans le bas-ventre.
05:34Comme si quelqu'un me pincait.
05:36Comme si tes ovaires étaient tellement inflammées.
05:38C'est du feu.
05:40J'avais toujours des douleurs extrêmes pendant mes règles.
05:42Enfin, j'ai toujours eu des problèmes.
05:44Au niveau gynécologique, ça a toujours été une partie de mon corps
05:48qui a toujours été un peu sensible, sans savoir réellement pourquoi.
05:52Enfin, j'allais voir mes médecins.
05:53Bon, t'as des douleurs, c'est OK.
05:55Enfin, je n'étais pas sensibilisée.
05:59Et en fait, on me laissait comme ça, en fait.
06:02J'ai souvenir de gros moments de douleurs de Cécile.
06:04J'ai souvenir de moments où Cécile ne sortait pas du lit.
06:09Où elle avait des maux de ventre absolus.
06:12Où elle-même ne savait pas bien pourquoi.
06:15Moi encore moins.
06:34Ça t'attaque, quoi.
06:35C'est comme des coups de poing.
06:36C'est des tiraillements où je m'accroupis carrément.
06:39J'ai ce truc physique où je suis là et pouf, ça passe.
06:43À l'époque, on ne parle pas du tout d'endométriose.
06:45On ne sait pas ce que c'est quoi, en fait.
06:46Quand on va mixer, parfois, elle a mal.
06:49Elle est irritable, elle est fatiguée.
06:52Mais elle tient, elle fait le truc.
06:53Et comme, en fait, elle ne se plaint pas,
06:55on n'arrive pas trop à savoir ce qu'elle a.
07:01Je m'appelle Tania Bueno Rosso.
07:03Je suis une très bonne amie de Cécile.
07:06Je rencontre Cécile en 2000.
07:09La première fois que je mixais, que je mixe,
07:12c'est sur le toit de Radio Nova.
07:14Et la première personne qui est devant le dancefloor direct,
07:17c'est Cécile.
07:18Elle était toute jeune, toute pimpante
07:20et fraîchement débarquée de Melun.
07:22Et à la fin de la soirée, on lui dit, avec Bénédicte,
07:25tu ne veux pas mixer avec nous la prochaine fois ?
07:27Et elle dit, ouais, avec plaisir.
07:28Et c'est comme ça qu'a commencé Les Putafranches.
07:31On s'est fait un peu la main.
07:32Et au fil de l'année,
07:33on s'est retrouvés à mixer pour des grosses marques.
07:38C'était une rigolade.
07:39On était là, on faisait la teuf,
07:40on était payés à boire du champagne,
07:42à passer nos disques, à danser,
07:43à faire danser la galerie dans des robes de mode.
07:45Il y avait la presse qui nous voulait.
07:47On avait des articles.
07:48Nos donnaux nous demandaient nos conseils beauté.
07:51On était un peu les influenceuses sans Instagram.
08:01Voilà ma vitrine.
08:02Mon petit bébé.
08:03J'ai pleuré ce matin en la regardant.
08:06Je me suis dit, voilà.
08:07Une partie de moi chez Colette, c'est quand même magnifique.
08:10Ma petite tête, elle est là.
08:11C'est assez bien représenté, d'ailleurs.
08:14Cécile, quand je la rencontre, elle est DJette à succès.
08:17Nous, qui étions un peu fêtards à l'époque,
08:19on allait à toutes les soirées.
08:20Les Putafranches, c'était les stars du monde.
08:23C'était où, ça ?
08:24C'est quoi, cette photo-là ?
08:26C'est une photo d'un petit bébé.
08:27C'est un petit bébé.
08:28C'est où, ça ?
08:29C'est quoi, cette photo-là ?
08:32On était tout jeunes.
08:33C'était brune.
08:34Ça, c'était en Thaïlande.
08:38Deux mois après s'être rencontrés.
08:39Premier voyage.
08:41On avait bien rigolé.
08:43La première fois que j'ai rencontré Benjamin,
08:45que je l'ai vu et remarqué,
08:47c'était à une soirée Johnson-Colette,
08:51au bar.
08:52On s'est frôlés.
08:54Il portait un chapeau.
08:57Il faisait partie des bandes à Paris
08:59qu'on croisait tout le temps
09:02parce qu'on sortait énormément.
09:04J'ai vraiment vu un coup de foudre.
09:07Elle me glisse son numéro discrètement.
09:10Je la rappelle très vite après.
09:12On s'est revus dans la foulée très rapidement.
09:16Même pas une semaine après,
09:18on a su que ça allait être du sérieux.
09:23Plus je passe du temps avec elle,
09:25plus je l'aime.
09:26Est-ce un coup de foudre ?
09:27C'est un coup de foudre, mais une foudre qui dure.
09:35Tania et moi, on partait mixés, je ne sais où.
09:40Et Canne, on a eu 14 dates en 10 jours.
09:44À la fin, Tania s'est évanouie.
09:46On s'était professionnalisés sévèrement.
09:49Très sévèrement.
09:50Parfois, ça peut devenir un peu plus tendu.
09:53Parce que Cécile a un gros caractère de feu.
09:56Et puis, je ne le sais pas du tout à l'époque,
10:00mais elle est malade.
10:02Elle peut parfois devenir très dure,
10:04parce qu'elle a mal.
10:05On s'est engueulés aussi à une période
10:08où c'était encore plus dur pour Cécile.
10:11Ma maman tombe gravement malade d'un cancer
10:15assez important,
10:17avec une opération très lourde.
10:19Et du coup, tout ça, ça...
10:21Voilà, ça fait que moi, je suis moins disponible.
10:25Je suis dans une période très difficile de ma vie,
10:29où je vois la personne que j'aime le plus souffrir.
10:33Et aussi, j'avais beaucoup de douleurs, de ventes.
10:36Tout était un peu... C'était très compliqué.
10:38J'ai beau essayer de lui apporter mon support et mon soutien,
10:41je ne sais jamais assez.
10:43Et du coup, j'ai l'impression de ne pas être à la hauteur.
10:46Et en fait, on se fâche. On se fâche vraiment fort.
10:50Et on se sépare.
11:00Cécile mixait la nuit et la journée.
11:03Elle allait auprès de sa maman à l'hôpital.
11:06Et Cécile est fille unique.
11:08Elle avait une relation extrêmement proche avec sa maman.
11:12Son papa Georges est immigré italien.
11:14Il est venu en France dans les années 60.
11:16Plombier, sa maman commerçante.
11:19Elle a vécu entourée de ses parents, de ses grands-parents,
11:23avec une certaine simplicité.
11:25Et pas du tout dans un registre luxe de marques, etc.
11:32Cécile, c'est le grand écart.
11:34Elle est autant capable d'être DJette dans une soirée branchée
11:37à 4h du matin, perchée sur des talons de 12,
11:40que d'être en pyjama dans sa cuisine
11:42à faire des lasagnes ou des spaghettis bolognaises.
11:44Elle aime la famille, elle aime faire famille,
11:46elle aime ses amis, elle aime recevoir, elle aime partager.
11:50Je m'appelle Timothée.
11:51Je suis le petit frère de Benjamin et donc beau-frère de Cécile.
11:57Pour bien comprendre et connaître Cécile,
12:00il faut avoir connu sa mère.
12:03Elle avait ce côté famille qu'elle a transmis à Cécile.
12:06Cécile n'était pas italienne par son père.
12:09Mais alors, sa maman avait un côté maman italienne aussi.
12:13C'est quelqu'un d'extraordinaire.
12:15C'est quelqu'un qui a beaucoup compté
12:18dans le fait de lui donner cette envie d'être mère.
12:36Le temps passe.
12:37Comme dans tous les couples, pour ceux qui le désirent en tout cas,
12:41nous, on a un désir d'enfant.
12:43On doit être en 2011-2012.
12:48On essaie naturellement de faire un enfant
12:51et on se rend compte que ça ne marche jamais.
12:54Tu te dis que tu mets les jambes en l'air
12:57parce que ça va arriver plus vite.
12:59Tu comptes, tu fais les tests,
13:01tu fais les pipis sur les barrettes pour voir à quel moment
13:05t'es le plus fécond, tu surveilles tout,
13:08t'es dans tes petites têtes d'agenda.
13:11Ça devient un peu rythmé.
13:12On a essayé ça pendant un petit moment.
13:14Bien sûr, ça ne fonctionne pas.
13:16Je sentais au fond de moi qu'il y avait un truc qui clochait
13:20et avec le temps, ça s'est révélé.
13:24Ce qui est dur, c'est de voir les autres, tes proches.
13:27J'ai 3-4 exemples à l'esprit qui font de leur famille,
13:31qui ont d'autres problématiques, d'école, d'enfants...
13:35Voilà, qu'on a envie de connaître aussi.
13:38Du coup, on a ce projet d'enfant qui ne vient pas.
13:41Du coup, on se lance dans un autre projet, le mariage.
13:44Ça va se passer cet été ?
13:46Le 13 juillet 2013, un samedi,
13:48en l'église de Saint-Méry, à 11h pétante.
13:51À 11h pétante, dans le village de ton enfance ?
13:54Oui.
14:06Quand on te fout le con
14:08Quand tout est décevant
14:11Quand rien n'était sur place
14:14Amène-moi
14:18Tu te rappelles, il y avait plein de monde là-dedans.
14:20C'était tellement bien.
14:26Alors, elle est ouverte ou pas ?
14:29Je viens de la sortir. Ça, ça me paraissait plus grand.
14:31Moi aussi, ça me paraissait vachement plus grand.
14:33Elle est toute petite, c'est vraiment...
14:42Maman était... Elle était là, maman, non ?
14:44Elle était là.
14:45Elle était là.
14:51On avait nos deux petits sièges qui étaient ici.
14:54C'est là qu'on s'est dit oui.
14:55Oui, je veux être ta femme.
14:58Et toi, veux-tu être mon mari ?
15:01Et toi, Benjamin, veux-tu être mon mari ?
15:05Oui, je veux être ton mari.
15:11À l'époque, on décide de se marier parce que, déjà, on est amoureux.
15:14Donc Seb, c'est une vraie histoire d'amour.
15:16Et puis demander...
15:19Demander là-haut à Baby Jésus, comme je l'appelle,
15:24qui nous accompagne dans ce projet d'avoir un enfant.
15:32Créer ce moment de ferveur, ce mariage,
15:35c'était un peu comme un enfant qu'on n'avait pas encore.
15:37C'était de nous célébrer tous les deux.
15:39Alors oui, c'était pas encore une famille,
15:40mais c'était célébrer notre amour.
15:49Leur amour, ils n'avaient pas besoin de le prouver
15:51ni à eux-mêmes, ni à personne autour d'eux.
15:53Par contre, c'était important pour eux de réunir la famille
15:55ou de réunir les familles.
15:56Donc il y avait la famille nucléaire,
16:00la maman de Cécile, qui était encore là à l'époque.
16:11Aujourd'hui, tu deviens, devant Dieu, ma belle sœur.
16:16Mais si tu n'étais pas aussi jolie, ce qu'on me proposait serait superflu.
16:20Parce que pour moi, tu es aujourd'hui et pour toujours ma sœur, tout simplement.
16:25Alors j'en terminerai en formulant deux vœux.
16:30D'abord des vœux de bonheur infini au jeu de mariée.
16:34Et un autre, pour que la famille s'agrandisse le plus tôt possible.
16:39Moi, je suis prêt à être ton oncle. Vive la mariée.
16:53Donc après notre mariage, le désir d'enfant est encore plus fort.
16:57Et non, hélas, il n'arrive pas.
16:59Et là, on rentre dans un parcours
17:02qu'on avait déjà évoqué en amont mais que je ne voulais pas entendre
17:06parce qu'il y a deux ans qui passent et que ça ne vient pas.
17:09Benjamin, lui, n'a totalement aucun problème.
17:12Et l'infertilité, en tout cas, on ne met pas le mot sur l'infertilité.
17:16Le souci de concevoir un enfant vient plus de moi.
17:19On ne sait pas d'où, pourquoi, mais ça vient de moi.
17:30Je consulte un médecin qui nous dit qu'on va essayer les inséminations.
17:35On te donne un petit traitement par voie orale
17:38qui augmente un peu ta fécondité.
17:41Et Benjamin doit aller lui donner son sperme
17:45pour qu'il me soit transféré.
17:47On rentre dans un côté médical.
17:49C'est qu'on n'est plus dans le naturel.
17:51On en fait trois.
17:53Les trois ne fonctionnent pas.
17:55Et là, le médecin se dit qu'il y a peut-être un problème.
17:59On va faire une celluloscopie pour voir un peu ce qui se passe.
18:06Résultat, on se rend compte que ça va,
18:10mais il y a aussi quand même un petit peu d'endométriose,
18:15mais on ne sait pas vraiment comment ça va.
18:17Il a ressenti quand même un petit peu d'endométriose,
18:20mais il ne le souligne pas vraiment.
18:23En fait, ce n'est pas un souci, ce n'est pas le problème qui fait ça.
18:30Je me retrouvais seule avec une phrase sur mon diagnostic
18:34qui disait que j'avais l'endométriose,
18:36mais je n'arrivais pas à comprendre ce que j'avais.
18:38On m'a toujours dit qu'il se peut que tu en aies,
18:40mais il se peut que tu n'en aies pas.
18:42De toute manière, même si tu sais, ça ne se soigne pas.
18:43Ça fait à peu près bientôt huit ans que je me fais balader comme ça.
18:50J'en parle à une amie qui me dit va voir un autre médecin.
18:54C'est un super médecin, il m'enteigne, tout le monde tombe enceinte avec lui.
18:57Dans ces moments-là, tu es un peu perdue, tu te raccroches à tous les médecins.
19:00Tout le monde a toujours le meilleur médecin qui a fait tomber la copine enceinte.
19:05Je vais voir ce médecin et le médecin me dit,
19:08je lui montre les œillements, il me dit il n'y a rien,
19:10il faut faire des fécondations, vous avez l'âge dans le pourcentage,
19:13donc on se lance dans ce projet de fives avec lui.
19:18Il nous disait faites-ci, faites-ça, vous allez suivre ce que je vous dis,
19:22tels protocoles, et si vous voulez avoir un enfant, c'est ça qu'il faut faire.
19:26Et très vite, je posais ma première question, mais au bout de la deuxième,
19:29il me dit écoute en gros, il le dit avec ses mots, mais t'es gentil,
19:32arrête avec tes questions, moi je n'ai pas trop le temps, j'ai beaucoup de patience,
19:35moi je sais ce qu'il faut que tu fasses,
19:37je sais ce qu'il faut que ta femme Cécile fasse,
19:39donc vous allez m'écouter, il va falloir faire ça, ça, ça.
19:44Un parcours de fécondation in vitro, ça applique beaucoup de temps,
19:50et une charge mentale très très forte.
19:56T'as 14 jours de traitement avec des injections
19:59qui te stimulent ta réserve hormonale, il faut que t'aies plein d'hérosites.
20:05Il y a des effets indésirables, tu pleures pour rien,
20:08t'es mal, t'as de la colère, c'est des tristesses,
20:10t'es mal, t'as de la colère, c'est des traitements d'hormones,
20:14donc déjà imagine quand t'as tes règles naturellement sans douleur,
20:17déjà t'es un peu hypersensible et tout, là c'est puissance 20 000 quoi,
20:21t'es irrité, irritable hyper facilement,
20:25et puis tu t'injectes un produit qui te fait grossir,
20:28qui te rend mal, t'as mal au sein, c'est inconfortable,
20:33ouais c'est super inconfortable.
20:36Mon premier protocole de fécondation in vitro,
20:38je fais mon premier traitement dans mes 14 jours,
20:41prise de sang, échographie, et là, pam, ponction.
20:45Donc tu vas à l'hôpital, tu t'endors, et quand tu te réveilles,
20:48t'attends de savoir de combien on t'a prélevé d'ovocytes,
20:51parce que plus t'as d'ovocytes, plus t'as de chance qu'il y ait des embryons.
20:54Et là, le docteur me dit, désolée, elle n'a pas fonctionné,
20:58c'est une ponction blanche, il n'y a aucun ovocyte qui est viable,
21:01il faut tout recommencer. Et là, tu pleures.
21:04Tu pleures. Tu pleures parce que tu te dis,
21:06putain, en fait, super, on m'avait pas parlé de la blanche.
21:10C'est un truc que tu découvres après avoir été anesthésiée,
21:13t'es dans le pâté, t'es là, genre, toi t'attends,
21:15à combien d'ovocytes ? Et là, bah, rien.
21:18Tout est foutu, faut tout recommencer, et donc t'attends
21:21un ou deux mois, parce qu'ils te laissent attendre
21:23pour pas renchaîner un traitement.
21:28Voilà, j'entre dans la salle de recueil,
21:31une salle que je connais bien, j'y ai déjà passé de longues minutes,
21:33pour faire ma part du job.
21:37On se remobilise, on se renforce, on se dit, c'est pas grave,
21:40ton docteur, il dit, mais non, ça arrive souvent,
21:42vous inquiétez pas, c'est normal, c'est les traitements,
21:44faut que le corps, il commence à comprendre
21:46ce qui vous arrive, tout, tout, tout.
21:48Tu fais, OK, bon, allez, let's go, on y va, reparti.
21:50Tu te remets dans un protocole.
21:52Voici le jour de la ponction.
21:55Je me réveille, et là, neuf ovocytes.
21:58Putain, ce qui n'est en soi pas énormément du tout.
22:00Ça part en in vitro avec le spermatozoïde de vinge,
22:03et en fait, y en a aucun qui donne d'embryons viables et transférables.
22:08Donc, encore un échec.
22:14Je disais à Cécile, le plus important, c'est nous deux.
22:17Donc, c'est pas grave, tu vas te battre,
22:19on va se battre ensemble, je serai à tes côtés,
22:21mais si on n'a pas de gosses, voilà, ça sera comme ça.
22:25Ce qui compte, c'est nous deux, nous, faut qu'on tienne,
22:27et faut pas qu'on se sépare à cause de ça.
22:28On recommence quand même malgré tout.
22:31Troisième, et là, je crois qu'il y a six ovocytes, je crois, de tête,
22:36donc c'est encore moins bon que la première fois,
22:39donc voilà, c'est pas super.
22:41Mais par chance, dans ces six, j'en ai deux qui donnent des embryons.
22:46Du coup, entre-temps, j'ai ma maman qui est quand même vachement malade,
22:49du coup, on les congèle.
22:58Je me dis peut-être que j'ai pas la place de faire un enfant, en fait,
23:01parce que je dois m'occuper de ma maman, c'est lourd, c'est un vrai poids.
23:08Je vais les mettre à ma mère.
23:21Coucou, maman ! Coucou, papi-mami !
23:28Ma mère adorait Lila.
23:30Voilà.
23:43Peu après le décès de sa maman,
23:45Cécile rencontre Krishula Zakharopoulou,
23:49qui est une super gynéco.
23:52Je vois cette femme grecque,
23:56chirurgienne,
23:58un peu froide, mais dans son travail.
24:05Je m'appelle Krishula Zakharopoulou,
24:07je suis médecin,
24:09je suis gynécologue obstétricienne,
24:11avec une spécialité,
24:14la prise en charge chirurgicale de l'endométriose.
24:18Les études scientifiques montrent que c'est une femme sourdie,
24:22un âge de procré,
24:24qui puisse être atteinte de cette pathologie.
24:26C'est la première cause d'infertilité.
24:30Je vois une femme,
24:32qui a 38 ans,
24:35qui a des douleurs
24:37pendant l'érègle,
24:39et aussi des douleurs en dehors de l'érègle.
24:44Elle essaie d'avoir un enfant.
24:46Je l'examine,
24:48et je sens des lésions.
24:50Elle me dit, vous allez faire une échographie pélvienne
24:53chez ce médecin-là,
24:55et une IRM chez elle, urgent.
24:57Vous appelez, vous dites que vous venez de ma part,
24:59c'est urgent, je veux vous revoir dans moins d'un mois,
25:02avec les résultats.
25:07Un mois plus tard,
25:09mon examen clinique,
25:11il a été confirmé
25:13par les examens radiologiques.
25:15Face à moi, j'avais un couple
25:17très, très, très,
25:18face à moi, j'avais un couple
25:20très soudé.
25:22Et ça, c'est important
25:24pour la patiente,
25:26mais aussi c'est important pour moi,
25:28comme médecin,
25:30de voir que
25:32toutes les explications,
25:34toute la bataille,
25:36on les faisait tous les trois ensemble.
25:38Il y a une endométriose
25:40qui peut expliquer les douleurs,
25:42mais qui peut aussi expliquer
25:44votre problème,
25:46l'infertilité.
25:48Ça serait bien
25:50qu'on avance,
25:52qu'on opère.
25:54Elle me dit, tout ce que vous avez fait avant
25:56ne peut pas fonctionner,
25:58parce que votre terrain
26:00n'est pas sain pour accueillir un envoyant.
26:02Je suis en colère.
26:04J'ai une colère, j'ai envie de tout péter,
26:06j'ai envie de...
26:09Je suis en colère parce que j'ai perdu du temps,
26:11j'ai perdu des...
26:13En fait, tu vois, un médecin,
26:15je l'aurais vu avant.
26:19Après son opération,
26:21je pense qu'il y a un espoir
26:23de vivre une vie sans douleurs,
26:25et bien sûr, l'espoir d'avoir un enfant.
26:27Je fais une pause
26:29un peu moins de six mois,
26:31et là, on me transfère
26:33à l'hôpital.
26:35C'est un hôpital
26:37où je suis en train
26:39d'entraîner
26:41un enfant.
26:43C'est un hôpital
26:45où je suis en train
26:47d'entraîner un enfant.
26:49C'est un hôpital
26:51où je suis en train
26:53d'entraîner
26:54un enfant,
26:56et là, on me transfère
26:58les embryons qui étaient congelés.
27:09C'est un truc vraiment de rien,
27:11ça dure une seconde.
27:13C'est vraiment un moment émouvant,
27:15et je me souviens, là,
27:17on en rigole parce qu'à l'époque,
27:19on avait une voiture,
27:21et je me souviens très bien,
27:22on allait à la maison,
27:24notamment au nid de poule,
27:26sur la route.
27:28Je manquais de rencontrer un vélo
27:30ou d'aller sur la voie d'en face
27:32parce qu'il fallait éviter
27:34tous les trous dans la rue.
27:36Dès qu'elle est arrivée à la maison,
27:38elle s'est allongée dans le lit,
27:40les jambes en l'air contre le mur.
27:42On s'est appris que ça ne sert absolument à rien
27:44de faire ça.
27:46Je fais ma prise de sang,
27:48j'appelle le laboratoire,
27:50et là, je suis enceinte.
27:52Un an après la mort de ma mère,
27:54là, tout se...
27:56Paradis sur Terre.
27:58Je me paie une coupe de champagne
28:00au Palais-Royal,
28:02donc évidemment, Cécile ne boit pas.
28:04C'est un mode, là,
28:06tout est concentré là-dessus.
28:08Donc, super enthousiasme,
28:10j'appelle mon pote,
28:12j'en parle, on appelle Timothée.
28:14Elle me dit que c'est génial,
28:16ça y est, je suis enceinte.
28:18Et je sais pas pourquoi
28:20je me dis au téléphone
28:22parce que j'ai envie d'y croire évidemment,
28:24mais je suis quand même hyper réservé.
28:26Donc, dans ces moments-là,
28:28tu te dis, c'est génial.
28:30J'ai intérieurement du mal à me réjouir
28:32parce que j'y crois pas.
28:34On va chez Jean-Ginéco
28:36pour faire une première échographie.
28:38Donc là, on est dans son cabinet,
28:40dans la partie derrière le rideau.
28:42Et là,
28:44on voit le visage du praticien
28:46qui se durcit,
28:48et on comprend très vite que ça fonctionne pas.
28:53Le coeur ne bat pas,
28:55c'est un œuf clair.
28:57Donc, un œuf clair,
28:59c'est-à-dire que c'est un embryon,
29:01enfin, le vocide s'attache, nid,
29:03mais en fait,
29:05l'intérieur, c'est pas viable,
29:07y a pas de fœtus.
29:09Et là,
29:12là, c'est un coup de massue pour nous.
29:15En plus, comme des cons,
29:17on avait lancé à tout le monde
29:19parce qu'en fait,
29:20c'était tellement une joie, un truc,
29:22on était, enfin...
29:24Et je me dis, putain, je suis maudite, quoi.
29:26C'est pas possible, en fait,
29:28y a un truc qui...
29:30C'est-à-dire que, putain d'embryon,
29:32le seul qui s'attache n'est pas viable, quoi.
29:50Au lieu de pleurer dans mon lit,
29:53il fallait que je libère,
29:55que j'écoute de la musique.
29:57On chantait du Lucio Battisti
30:00ou du France Gall jusqu'à 5h du matin.
30:03Et on mettait du Céline Dion,
30:05et je pensais à ma mère,
30:07je pensais à tout ça,
30:09et ça me faisait du bien, en fait.
30:11Ça me faisait du bien.
30:14Y a eu beaucoup de moments comme ça,
30:17où Cécile, en fin de soirée,
30:18y avait l'émotion qui montait,
30:20et à ce moment-là,
30:22elle partage sa souffrance,
30:24parce qu'elle est malheureuse.
30:32Cécile a eu du mal à trouver une oreille
30:35pour parler de ça.
30:37Elle, elle parlait d'échecs médicaux,
30:39d'errance médicale,
30:41et puis de l'autre côté, t'avais ta pote,
30:43t'entendais les cris de l'enfant,
30:45et ça, c'était un peu dur.
30:49Tous ces traitements, ces échecs,
30:52ça change aussi une femme.
30:54Moi, ça m'a changé dans mon caractère,
30:56ça m'a changé dans la manière de...
30:58Au début, j'en parlais beaucoup,
31:00à la fin, j'en parlais plus.
31:02Tu deviens un tabou,
31:04t'es le couple qui n'arrive pas à avoir d'enfant.
31:06Au début, on en parle,
31:08après, ça devient un sujet
31:10qu'on ne veut pas trop aborder.
31:12Nous, on n'arrive plus à l'aborder,
31:14donc il se crée une barrière
31:16entre eux et nous.
31:18Certaines personnes ne nous invitent plus
31:20à des anniversaires de leurs enfants,
31:22des moments, même les vacances,
31:24quand il y a des enfants,
31:26et du coup, c'est difficile.
31:29C'était une époque où Cécile,
31:31elle allait beaucoup en Italie, à Rome,
31:33voir sa pote Delfina.
31:35Bien qu'elle habite plus loin,
31:37qu'elle ne soit pas dans le même pays
31:39et qu'elle ne se voit pas souvent,
31:41c'était peut-être son amie
31:43qui était le plus à l'écoute.
31:45Ça me faisait énormément de bien
31:47d'avoir cette parenthèse
31:49et ce réconfort familial
31:51chez Delfina.
31:53C'est une bulle de respiration,
31:55de joie,
31:57c'est simple.
32:07Je suis retournée en Italie,
32:09qui est quand même mes racines,
32:11les racines de mon papa,
32:12de mes grands-parents.
32:16Je m'appelle Delfina.
32:18Je suis une amie de Cécile
32:20depuis 15 ans.
32:29C'était son dolce ritiro,
32:31l'Italie,
32:33c'était un moment
32:35vraiment dédié à soi-même.
32:37La plupart des fois,
32:39elle venait toute seule,
32:40Benjamin restait à la maison.
32:42À Paris, il était content
32:44de voir sa femme heureuse.
32:54On ne parle pas spécialement
32:56de tout ça.
32:58Elle sait que c'est difficile,
33:00que je suis dans un parcours.
33:02Elle me dit toujours
33:04que je vais y arriver.
33:06Venant d'elle,
33:08j'ai envie d'y croire
33:10et la seule chose
33:12que je pouvais faire
33:14était d'être là avec elle.
33:16Elle aurait pu se protéger
33:18et ne pas partager avec moi
33:20la joie de ma deuxième grossesse
33:22et la naissance de mes enfants.
33:24Elle était toujours là.
33:26Je suis sortie de la clinique
33:28et elle était là.
33:32Il y a une vie de famille
33:34qui, au contraire,
33:36me donne espoir.
33:38Elle me fait rentrer dans ça
33:40et voir que je vais y arriver
33:42plus qu'autre chose.
33:59À la faveur d'une nouvelle rencontre,
34:01on trouve un nouvel hôpital,
34:03et là, on est hyper bien reçus.
34:05On nous écoute.
34:07Benjamin peut poser des questions.
34:08Il est inclus
34:10dans le processus.
34:12Il t'explique tout.
34:14Tu peux reposer 15 fois les questions.
34:16C'est peut-être notre chance, cet hôpital.
34:18En fait, on se le dit.
34:23On se remet en processus.
34:25Là, j'ai 38 ans.
34:27Là, par contre, il me dit
34:29qu'il va falloir accélérer un peu
34:31parce que la courbe de fertilité...
34:33Vous avez eu beaucoup de choses avant.
34:35Encore des semaines de traitement
34:36et là, pas de transfert,
34:38comme la première fois.
34:40Il n'y a pas eu...
34:42Il n'y a pas d'embryon suffisamment viable
34:44pour qu'il y ait un transfert.
34:50Je suis le docteur Joël Bélaï-Challard.
34:52Je suis la chef de service adjointe
34:54pour l'assistance médicale à la procréation.
34:56L'âge, c'est l'ennemi des femmes.
34:58Le temps, c'est l'ennemi des femmes.
35:00Nous avons toutes de moins en moins
35:02d'ovocytes avec l'âge.
35:04Mais en plus, les ovocytes sont anormaux
35:06sur le plan chromosomique.
35:08En particulier, les études étrangères,
35:10puisqu'en France, on n'a pas le droit de le faire,
35:12montrent qu'après 38 ans,
35:14selon nos études,
35:16c'est 65 à 85 % des ovocytes
35:18qui seraient anormaux sur le plan chromosomique.
35:20Ce qui veut dire que soit
35:22ils ne se fécondent pas,
35:24ils ne donnent pas d'embryon,
35:26soit ils donnent un embryon
35:28qui lui-même est anormal sur le plan chromosomique
35:30qui va soit ne pas s'implanter,
35:32soit être à l'origine d'une fausse couche.
35:34Donc l'âge, c'est vraiment le facteur majeur.
35:36On se donne encore une année
35:38pour tenter un peu tout ça.
35:40Donc on recommence la five.
35:45Je suis sur une five,
35:47je ne sais plus combien j'ai d'ovocytes exactement,
35:49mais pas beaucoup, je crois à 5 ou 6,
35:51ou un truc comme ça.
35:56Là, on m'appelle.
35:58J'ai trois embryons qui sont viables.
36:00On me dit qu'on transfère les trois.
36:07Merci.
36:15Ça y est,
36:17j'ai trois petits embryons dans le ventre.
36:19On l'a fait.
36:21Putain, j'espère que ça va marcher.
36:23Je suis là genre trois,
36:25mais je peux avoir des triplés.
36:27Je sens que cette hypothèse-là n'est pas très...
36:29Mais bon, je me dis,
36:31on va peut-être avoir des triplés,
36:33comment on va faire ?
36:34Il y en a au moins un ou deux qui va fonctionner.
36:36T'as un espoir en te transférant trois.
36:38Tu te dis quand même, sur les trois,
36:40il y en a un qui va fonctionner.
36:42Tu te projettes.
36:44Franchement, tu te projettes.
36:46La veille de la prise de sang,
36:48j'ai mal au ventre et tout.
36:50Je me dis, je vais avoir mes règles.
36:52J'ai trop mal au ventre, c'est trop chelou,
36:54ça me fait des douleurs très violentes,
36:56comme mes règles et tout.
36:58Je me dis, mais non, c'est peut-être...
37:00Et dans la nuit, j'ai mes règles.
37:02On n'est pas bien du tout, là.
37:04Je commence à décrocher beaucoup.
37:06Là, il se dit, ça ne marchera pas en vrai.
37:09J'ai 40 ans.
37:12Je sens dans son regard,
37:14je sens au fond de lui qu'il n'y croit plus, en fait.
37:21Même moi, je dis à Cécile,
37:23c'est bon, arrête, t'as tout fait.
37:25Ça te touche dans ta tête.
37:28Ça touche ton énergie, ça touche ton corps.
37:31Écoute, voilà, on se résigne.
37:35Notre précédent bulldog français est parti.
37:39On en prend un autre à la maison,
37:41un tout petit bébé, trop mignon.
37:43Et du coup, on est repartis tous les trois.
37:46On en est là et on se dit, ça sera comme ça.
37:50Et à ce moment-là,
37:52Krishula, de qui on s'est rapprochés depuis la rencontre,
37:55l'opération,
37:57crée l'association Info endométriose
37:59et crée un groupe de parole
38:01avec très peu de personnes,
38:02avec 4, 5 ou 6 personnes.
38:05Cécile s'investit pleinement dans cette association.
38:08Elle rencontre des médecins,
38:10elle rencontre d'autres femmes comme elle atteintes.
38:14Je vois bien que ça lui fait du bien.
38:17On me demande d'apporter des idées,
38:19de créer du contenu,
38:21de faire connaître cette maladie au grand public,
38:23de développer les réseaux sociaux.
38:25Là, je m'investis à mort.
38:27Là, je le prends comme un enfant.
38:32Je me...
38:34Je me rattache un peu à ce truc-là, à ça.
38:37Je veux aider les autres femmes.
38:39Et moi, je me dois d'un devoir
38:41de sensibiliser le grand public autour de cette maladie.
38:54Et là, je comprends.
38:56Je comprends ce qui s'est passé.
38:58Je comprends ce qu'elle a eu comme maladie.
38:59Et on se retrouve, en fait...
39:01Elle m'explique les opérations,
39:03ce par quoi elles sont passées,
39:05toutes les histoires, justement, pour avoir un enfant.
39:09Je me dis, mais comment elle a fait pour tenir ?
39:16L'endométriose, tu peux être atteinte un petit peu, beaucoup.
39:20C'est cas par cas et les souffrances sont différentes.
39:22Donc, du coup, j'ai fait un podcast de neuf numéros
39:25pour donner la parole à d'autres femmes.
39:27C'est une maladie qui est très difficile.
39:29Une maladie aussi polymorphe,
39:31qui n'est pas la même pour chaque femme.
39:33Moi, il se trouve que j'en avais sur les trompes,
39:35sur le rectum, sur...
39:37Toute la paroi, en fait, utérine, était contaminée, en fait.
39:41Contaminée d'endométriose.
39:43J'ai des petites cellules d'endométriose
39:46qui se postent au niveau du diaphragme.
39:48Et on voit, en fait, que j'ai un pneumothorax.
39:57Bonjour !
39:59Bienvenue ! Bonjour !
40:03Bonjour !
40:05Ah oui, il y a pas mal de garçons, c'est cool !
40:09Merci d'être venus aussi nombreuses et nombreux.
40:13Je me présente, je suis Cécile Teny,
40:15je suis la présidente d'Info-Endométriose.
40:17Pour commencer, je suis atteinte de la maladie
40:21et du coup, c'est pour ça que je me suis engagée aussi
40:24pour que vous, les jeunes générations,
40:25n'ayez pas à vivre ces complications
40:29et surtout de faire sortir cette maladie de l'ombre
40:32pour qu'elle soit connue du grand public
40:34et qu'elle ne soit plus aussi taboue dans notre société.
40:37Je vous présente Lamia Jaroui, qui est radiologue, médecin.
40:42Déjà, qui connaît l'endométriose ?
40:45Wow ! Wow !
40:48Déjà, ça, c'est vachement bien.
40:50Si j'ai bien compris, l'endométriose,
40:52c'est que pendant les règles, il y a une partie de l'endomètre
40:53qui ne va pas partir dans le sang des règles
40:56et qui va rester dans le corps.
40:58Ah, mais tu viens bosser avec moi, alors !
41:00C'est parfait !
41:02Il s'agit déjà d'une maladie très, très, très fréquente.
41:08Ça touche une femme sur dix.
41:11À l'échelle de la planète, ça fait presque 200 millions
41:14de femmes touchées.
41:16Dans 40 % des cas, elle peut être responsable de problèmes
41:19pour avoir des enfants, des problèmes de fertilité
41:21et, surtout, un chiffre qui fait peur,
41:24c'est sept ans en moyenne d'errance diagnostique.
41:28Est-ce qu'il y a des personnes qui sont concernées
41:30dans la salle par l'endométriose ?
41:32Toi aussi ?
41:34Donc, il y a des jeunes filles atteintes d'endométriose
41:36qui sont prises en charge aujourd'hui ?
41:38Suivies ?
41:40D'accord.
41:42À partir de quel stade de douleur on peut commencer à se questionner
41:44sur l'endométriose ?
41:46Très bonne question.
41:48Si j'ai des douleurs qui m'empêchent d'avoir une activité normale,
41:49c'est-à-dire, si tu te lèves le matin,
41:51il te va te poser la question,
41:53mince, j'ai mes règles, je souffre tellement,
41:55est-ce que je vais au collège ou pas ?
41:57On me convie à une soirée,
41:59excusez-moi les filles, je ne peux pas
42:01parce que je vais me taper un malaise.
42:03À ce stade-là, ça commence à avoir un impact.
42:05Et aussi le stade des antagiques.
42:07Je prenais des antidouleurs
42:09et les antidouleurs passaient sur moi
42:11et elles me faisaient plus de mal à côté
42:13que de soulager, en tout cas, ma douleur.
42:16Si vous sentez certaines souffrances,
42:18il faut vraiment aller consulter.
42:34On est relancés par l'hôpital
42:36et on leur dit, voilà, assez sûr de nous,
42:38voilà, c'est bon, je crois qu'on a donné,
42:41Cécile a donné,
42:42on s'arrête là.
42:44Elle est OK.
42:46Elle dit non, je comprends,
42:48je comprends avec tout ce que vous avez fait,
42:50le pourcentage est genre 1%.
42:52Je pense que vous êtes à la fin
42:54de tout ce que vous avez le chemin.
42:57Par contre, on va vous proposer,
42:59est-ce que vous avez déjà entendu parler
43:01du don de vos sites ?
43:03Je pense business,
43:05je pense autre protocole,
43:07quelque chose qu'on ne peut pas faire en France.
43:09Pour moi, c'est forcément aller à l'étranger,
43:10on parle beaucoup de l'Espagne,
43:12c'est à ça que je pense, d'abord.
43:14Elle dit non, non, mais par rapport
43:16à votre parcours, votre âge,
43:18et le fait justement que vous avez,
43:20tout ce que vous avez vécu, la maladie,
43:22et surtout que vos sites n'arrivent pas à maturité,
43:24vous êtes dans le droit
43:26d'avoir un don dans vos sites.
43:28On ne dit pas oui, on ne dit pas non,
43:30on prend le dossier, on rentre,
43:32encore ce truc-là.
43:40On commence à cogiter,
43:42on passe pas mal de temps,
43:44Cécile sur son téléphone, moi sur mon ordi,
43:46à regarder un peu ici et là,
43:48parce que le don de vos sites,
43:50on en parle très peu,
43:52parce que le don, il commence à nous poser
43:54quelques questions.
44:00C'est quand même le vos site
44:02d'une autre personne
44:04qui est mise en in vitro
44:06et fécondée avec un spermatozoïde de ton mari,
44:08ça devient un embryon
44:10qui se développe dans toi.
44:12Mais moi, j'avais vraiment besoin
44:14d'être assurée et de comprendre
44:16ce que c'était en fait.
44:20Certains parlent d'adultère ovocitaire,
44:22donc il y a un fantôme,
44:24il y a une troisième personne qui est là.
44:26Forcément, tu te dis bon,
44:28l'acquis, l'inné,
44:30est-ce qu'on va réussir à faire corps
44:32avec notre famille ?
44:34Les craintes, c'est que je ne sois qu'une mère porteuse,
44:36puis en faisant des recherches,
44:38je me suis aperçue,
44:40c'est qu'un enfant,
44:42quand tu le portes,
44:44il se nourrit de toi,
44:46il vit en toi,
44:48il grandit en toi,
44:50il se développe dans ton...
44:52C'est ton enfant, quoi, en fait.
44:54Et ça, j'ai commencé vraiment
44:56à lire plein de témoignages,
44:58on s'est renseignées,
45:00on a appelé des associations d'endos aussi,
45:02de gens qui avaient fait ce parcours-là,
45:04et on se rend compte qu'à chaque fois,
45:06c'est un bonheur incroyable.
45:08Quand j'étais rassurée
45:10que j'avais un enfant,
45:12je me suis dit,
45:14c'est un bonheur incroyable,
45:16c'est un bonheur incroyable.
45:18Le don d'ovocyte,
45:20c'est quelque chose de fantastique,
45:22parce que ce qui vieillit chez la femme,
45:24ce n'est pas l'utérus,
45:26c'est justement les ovocytes.
45:28Donc, le don d'ovocyte,
45:30c'est la solution.
45:32Alors, on essaye de faire un appariement.
45:34Nous considérons que
45:36si les patients veulent dire
45:38qu'il y a eu un don d'ovocyte,
45:40il ne ressemble si peu, etc.
45:42Et donc, on a toujours respecté l'appariement.
45:44C'est-à-dire qu'on donnait des ovocytes
45:46d'une dame grande, brune, aux yeux bleus,
45:48à une dame qui correspondait,
45:50grande, brune, etc.
45:53En ce qui concerne Mme Togni,
45:55en fait, l'enjeu, c'était qu'on trouve
45:57une donneuse rapidement,
45:59parce qu'elle arrivait à 41 ans passé,
46:01puis elle est tombée sur un moment donné
46:03où il y avait une augmentation
46:05de nos donneuses,
46:07et une qui, au niveau caractéristique physique,
46:09lui ressemble, enfin,
46:11était très compatible, on va dire.
46:13Si on avait eu des machines
46:15avec ding, ding, ding, ding,
46:17ça aurait fait jackpot, je pense.
46:25Au mois de juin,
46:27je me répérais toujours,
46:29j'allais au sport,
46:31et je vois le numéro de Saint-Cloud,
46:33Émilie, qui m'appelle.
46:35« Bonjour, Mme Togni-Purcher,
46:36on a votre donneuse. »
46:38Et là, je me suis écroulée.
46:41L'hôpital appelle Cécile et dit,
46:43quand on a vu le profil de cette donneuse,
46:45on a dit,
46:47ça, c'est pour Mme Togni.
46:49Et ça, je me souviendrai,
46:51et ça, on s'est répétés plein de fois,
46:53on l'a répété plein de fois,
46:55pour l'hôpital, c'était acté,
46:57c'était celle-là, elle est pour Mme Togni.
46:59OK, dossier suivant.
47:03On a récupéré 10 ovocytes,
47:04on a donc sélectionné les spermatozoïdes
47:07par une technique de micro-injection,
47:09Dixie,
47:11qui consiste à sélectionner les spermatozoïdes
47:13et les micro-injecter dans chacun des ovocytes récupérés.
47:35Le lendemain, on regarde s'il y a eu fécondation.
47:38À partir du deuxième jour,
47:40il y a un développement de l'embryon
47:42avec habituellement la présence de quatre cellules
47:44à l'intérieur de l'embryon.
47:46Et ensuite, l'embryon continue sa division.
47:48Et c'est ce que l'on regarde attentivement
47:50pour choisir, pour sélectionner les meilleurs embryons.
47:53À partir du deuxième jour,
47:55il y a un développement de l'embryon
47:57avec habituellement la présence de quatre cellules
47:59à l'intérieur de l'embryon.
48:01Et ensuite, l'embryon continue sa division.
48:02Et c'est ce que l'on regarde attentivement
48:04pour choisir, pour sélectionner les meilleurs embryons
48:06à transférer et à congeler
48:08quand il y a des embryons surnumérés.
48:10Il y a quand même une certaine magie
48:12à l'intérieur de cette notion d'implantation.
48:14...
48:28Très vite, la nouvelle tombe.
48:30Cécile est enceinte.
48:33Pas d'excès de joie, pas d'euphorie, rien.
48:37Tous les vendredis,
48:39on a le résultat d'une prise de sang.
48:41Et tous les vendredis, moi je suis là avec le petit chien
48:42parce que j'ai peur d'entrer dans le labo avec le chien.
48:44Je suis devant la porte vitrée
48:46et j'attends la réponse.
48:48Comme ça, on est là avec le chien, on attend la réponse.
48:50Et on attend Cécile qui fasse ça, le pouce en l'air.
48:53J'avais tellement peur de l'offre claire
48:55que ça ne se développa pas.
48:57Tous les vendredis, on était comme ça,
48:59et c'était super, les labos ont rentré.
49:01On disait, c'est bon,
49:03parce qu'on voyait les taux monter et tout.
49:05Et là, ça marche, quoi.
49:07Ça marche, c'est viable.
49:09...
49:10Regarde ses petites jambes.
49:12Regarde ses petites jambettes.
49:14Il touche ses pieds.
49:16Vous ne voyez rien d'anormal ?
49:18Non, pour l'instant...
49:20...
49:26Elle était vraiment hyper heureuse d'être enceinte.
49:29Je crois que c'était un truc
49:31qu'elle attendait depuis 10 ans,
49:33mais qui se réalisait de très bonne manière.
49:35...
50:06Elle est rendez-vous dans un mois, Anthema ?
50:09On est le 22.
50:11Le 22 juin.
50:13Normalement, il doit me déclencher le 25, 26.
50:18...
50:22Il faut toujours ne jamais penser que ce n'est pas possible,
50:25parce que la vie nous réserve parfois des miracles.
50:28Et là, c'en est un.
50:30Donc déjà, merci à tout le monde d'être là,
50:32d'être présents, d'être là pour nous.
50:33On ne pensait pas qu'on pourrait vivre ce moment-là.
50:36Oui, on ne pensait pas que ça nous serait accordé.
50:38Maintenant, on espère que ça va aller jusqu'au bout.
50:40On a beaucoup donné pour cette SOS.
50:42Oui, moi aussi, j'y crois.
50:44On se reverra.
50:46On peut révéler le prénom.
50:48Pour voir Thelma.
50:49Voilà.
50:51Applaudissements
50:54...
51:14...
51:18Putain, c'est un truc de dingue !
51:20Ça fait dix ans que je l'attends.
51:22Eh bien...
51:24...
51:42Thelma, elle arrive dans un couple
51:47qui va être très aimé.
51:49Et...
51:51Et que c'est important.
51:53C'est une histoire
51:55qui donne beaucoup d'espoir à des autres couples.
51:58...
52:17Maman, elle va aller plus vite que toi.
52:19C'est comme moi.
52:21C'est comme moi.
52:22...
52:50...

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