#expendables4 #indianajones5 #barbie
Expendables 4, The Flash, Le Dernier voyage du Demeter ou encore Ninja Turtles : Teenage Years, tous ces films ont eu une vie en salles sacrifiée au profit d’une sortie rapide en VOD. Alors que le phénomène s’accentue, autant pour les bides que pour les gros succès comme Barbie, on peut s’interroger sur l’impact de la vidéo à la demande sur l’industrie hollywoodienne et sa “chronologie des médias” (ou plutôt son absence).
Hollywood semble y voir un moyen de sauver les meubles ou de battre le fer tant qu’il est chaud, mais n’est-ce pas au prix de l’aura des films sur le long terme ? Antoine revient avec plein d’exemples sur ce changement intrigant.
00:00 Introduction sur la chronologie des médias
02:46 La place de la VOD dans la vie des films américains
05:45 La VOD et les flops en salle
08:14 Pourquoi les studios se ruent sur la VOD ?
13:05 La VOD, une arme pour les Jedi et les Sith
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Expendables 4, The Flash, Le Dernier voyage du Demeter ou encore Ninja Turtles : Teenage Years, tous ces films ont eu une vie en salles sacrifiée au profit d’une sortie rapide en VOD. Alors que le phénomène s’accentue, autant pour les bides que pour les gros succès comme Barbie, on peut s’interroger sur l’impact de la vidéo à la demande sur l’industrie hollywoodienne et sa “chronologie des médias” (ou plutôt son absence).
Hollywood semble y voir un moyen de sauver les meubles ou de battre le fer tant qu’il est chaud, mais n’est-ce pas au prix de l’aura des films sur le long terme ? Antoine revient avec plein d’exemples sur ce changement intrigant.
00:00 Introduction sur la chronologie des médias
02:46 La place de la VOD dans la vie des films américains
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Court métrageTranscription
00:00 Il est le point commun entre Expandables 4, The Flash, Le Dernier Voyage du Déméter,
00:05 Ninja Turtles Teenage Years, Asteroid City et Shazam 2, a priori pas grand chose,
00:10 et pourtant ils ont tous connu une vie en salle sacrifiée par leurs studios respectifs
00:14 au profit d'une sortie très rapide en vidéo à la demande ou VOD pour les intimes.
00:18 Et ça commence à créer un mouvement de plus en plus récurrent à Hollywood
00:21 sur lequel il est intéressant de s'attarder.
00:23 [Générique]
00:32 Comme vous le savez sans doute, aux Etats-Unis, l'industrie du cinéma
00:35 n'est pas régie par une chronologie des médias,
00:37 ce système bien pratique et vertueux qu'on a en France
00:40 et qui est très souvent critiqué par ceux qui n'y comprennent pas grand chose.
00:43 Pour la faire très courte, à partir du moment où un film obtient un visa d'exploitation
00:47 et sort dans une salle de cinéma, il doit respecter un temps réglementaire
00:51 pour être disponible sur d'autres canaux, que ce soit en format physique,
00:54 sur Canal+, sur la télé publique et bien sûr sur des plateformes de streaming.
00:58 C'est d'ailleurs à cause de Netflix et Consor que beaucoup ont râlé
01:01 sur son fonctionnement ces dernières années, puisque les plateformes de SVOD
01:04 étaient punies et devaient attendre 36 mois avant de récupérer des films.
01:08 Alors je suis pas là pour relancer des débats plus ou moins stériles,
01:10 mais je pense qu'on sera tous d'accord pour dire que la chronologie des médias
01:14 nécessitait une certaine modernisation, adaptée à des fenêtres de diffusion plus fluides
01:18 pour des spectateurs toujours plus impatients d'accéder à des films en dehors de la salle.
01:22 Maintenant, rassurez-vous, si vous voulez voir le dernier Marvel sur Disney+,
01:26 vous n'avez plus qu'à attendre 17 mois.
01:28 Mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est le premier palier qui, en France,
01:31 rassemble la sortie vidéo au sens large, c'est-à-dire DVD, Blu-ray et VOD.
01:35 En bref, tout ce qui permet de louer ou d'acheter un film en physique ou en numérique.
01:39 Cette fenêtre, elle est maintenant de 4 mois après le jour de sortie au cinéma,
01:43 ce qui, pour un Américain lambda, doit équivaloir à peu près à ça.
01:46 It's been 84 years.
01:48 Le vrai problème de l'absence de chronologie des médias aux Etats-Unis,
01:51 c'est que la relation des studios avec les salles de cinéma est surtout tacite.
01:55 Et on a constaté avec la crise du Covid qu'il ne fallait pas grand-chose
01:58 pour que les majors se tamponnent avec la bienséance.
02:01 Je ne vais pas vous refaire tout l'historique, mais quand Disney et Warner ont décidé
02:04 de sortir en simultané leurs films en salle et sur leur plateforme de streaming,
02:07 beaucoup de multiplexes ont haussé le ton, mais sans avoir d'autre option que le boycott.
02:11 Et au final, le retour de bâton a été violent pour les studios.
02:14 Les plateformes en question sont restées des gouffres financiers pour leurs créateurs,
02:17 et tout ce qu'elles ont réussi à faire, c'est faire bider certains films
02:20 et amoindrir l'aspect événement de certaines sorties,
02:23 à commencer par les films d'animation Disney et Pixar.
02:26 Maintenant que les parents se sont habitués à voir les blockbusters du studio
02:29 avec leurs enfants directement chez eux, pourquoi se déplacerait-il en salle ?
02:32 Et on a eu quelques éléments de réponse à cette question
02:34 avec les flops de Buzz Léclerc et d'Avalonia.
02:37 Bon, désolé du petit détour, mais ça me semblait essentiel
02:40 pour en arriver à ce qui nous intéresse aujourd'hui,
02:42 à savoir la place de la VOD, donc de la vidéo à la demande, dans la vie des films américains.
02:46 Parce que là aussi, les réglementations sont très floues aux US,
02:49 et un studio peut décider de mettre un film en VOD
02:51 selon des deals passés avec les exploitants.
02:54 Par exemple, Universal fait pas mal de cas par cas,
02:56 mais a aussi fait valider auprès des grandes chaînes de cinéma américaines
02:59 que si l'un de ses films dépasse les 50 millions de dollars de recettes,
03:02 il a droit de passer en VOD au minimum 31 jours après sa sortie.
03:06 Et puis il faut qu'il y ait une pleine lune et du sang de vierge, c'est tout un délire.
03:08 Or, depuis le Covid, on observe un mouvement assez évident de la part de l'industrie.
03:12 La fenêtre entre la sortie en salle et en VOD rapetisse de plus en plus,
03:16 ce qui peut paraître étrange à première vue,
03:18 étant donné qu'à partir du moment où votre film est dispo en ligne légalement,
03:22 il l'est aussi illégalement.
03:23 Pourtant, la tendance est bien là, et fait qu'aujourd'hui,
03:26 il est assez commun de voir des films, y compris des blockbusters,
03:29 sortir en VOD environ 45 à 50 jours après leur début sur grand écran,
03:33 soit environ un mois et demi.
03:35 Ça s'est largement amplifié pendant le Covid,
03:37 puisque les majors cherchaient désespérément à se renflouer sans trop penser sur le long terme.
03:41 Mais 2023 a confirmé que ce n'était pas quelque chose de temporaire,
03:45 ou une réponse à une forme d'urgence monétaire.
03:47 Aujourd'hui, la plupart des films sont concernés, y compris les plus gros succès de l'année.
03:52 Exemple à l'appui, Barbie et Super Mario Bros.
03:55 À l'heure où j'enregistre cette vidéo,
03:56 ils sont les deux plus gros cartons au box-office mondial de 2023,
03:59 et ça m'étonnerait que ça change, à moins que The Marvels et Aquaman 2
04:02 prennent tout le monde par surprise.
04:03 Barbie, c'est 1,4 milliard de dollars de recettes mondiales,
04:07 et Mario, 1,3 milliard.
04:09 Au-delà de leur démarrage canon,
04:10 ils sont l'exemple parfait des films qui ont eu une très bonne tenue de semaine en semaine,
04:15 profitant entre autres d'un excellent bouche à oreille.
04:17 Pourtant, Mario, sorti le 8 avril 2023 sur le sol américain,
04:21 était dispo en VOD dès le 16 mai, soit 41 jours plus tard.
04:25 Et le cas de Barbie est encore plus bizarre,
04:27 puisque Warner avait annoncé une sortie en VOD le 5 septembre,
04:30 soit 49 jours après sa sortie en salle le 21 juillet dernier.
04:33 Finalement, ils ont retardé d'une semaine,
04:35 puisque le film était toujours dans le top 3 du box-office.
04:37 Mais même là, ça n'explique pas la stratégie du studio,
04:40 puisque Barbie a eu droit à une ressortie exclusive en IMAX le 22 septembre,
04:44 avec un nouveau montage et des scènes coupées.
04:46 Mais c'était déjà possible de le louer ou de l'acheter chez soi au même moment.
04:50 Vous pourrez me dire que c'est l'ère du temps, l'évolution logique du marché,
04:53 et que de toute façon, y'a plus de saison ma bonne dame,
04:55 mais à titre de comparaison, prenons les deux plus gros succès de 2022,
04:58 Avatar 2 et Top Gun Maverick.
05:00 Pour le film de James Cameron, sorti le 16 décembre aux Etats-Unis,
05:03 les gens ont dû attendre le 28 mars 2023 pour avoir accès à de la VOD,
05:07 donc plus de 3 mois après.
05:09 Et pour Top Gun, sorti le 27 mai,
05:11 il a fallu patienter jusqu'au 23 août pour de la vidéo à la demande,
05:14 soit là encore 3 mois.
05:15 Et encore, on sait par certains médias que Tom Cruise avait à l'origine négocié
05:19 une fenêtre de 4 mois grâce à son fort pouvoir de producteur.
05:22 C'est d'ailleurs ce qu'il faut retenir de ces exemples.
05:24 À l'heure actuelle, seuls des artistes très puissants
05:26 peuvent imposer au studio ce genre de sécurité,
05:28 en supposant de base que leur film va cartonner en salle,
05:31 et donc il faut lui laisser le temps de gambader tel un cabri dans la prairie.
05:34 C'est le cas de Cameron, de Cruise, mais aussi de Christopher Nolan,
05:37 qui va permettre à Oppenheimer de ne pas sortir en VOD avant le 21 novembre,
05:41 alors que pour rappel, il est sorti la même semaine que Barbie au cinéma.
05:45 Mais là, depuis tout à l'heure, je vous parle de succès,
05:47 mais la VOD, elle est surtout intéressante à étudier en cas de bon gros flop qui tâche,
05:51 où l'objectif est très simple, sauver les meubles.
05:53 Et sur ce point, 2023 a clairement imposé une nouvelle mode,
05:56 qui à écran large, nous a pas mal fait tiquer avec Shazam 2.
05:59 Je vous renvoie à la vidéo de Deborah pour plus de détails sur le box-office désastreux du film,
06:03 mais bon, pour un film lui-même désastreux, j'ai envie de sortir un bon petit chè des familles.
06:07 En tout cas, Warner était tellement désemparé face à ce beat
06:11 qu'il leur a quand même coûté la bagatelle de 125 millions de dollars,
06:15 qu'ils ont sorti le film en VOD à peine 3 semaines après sa sortie.
06:18 Alors ce n'était pas le premier film à faire ça,
06:20 avant lui, on avait eu le reboot de Resident Evil, bienvenue à Raccoon City,
06:23 mais lui était sorti fin 2021, donc avait encore un peu l'excuse du Covid.
06:28 Mais dans la foulée de Shazam 2, beaucoup de films lui ont emboîté le pas,
06:31 à commencer d'ailleurs par les deux autres films d'ici 2023, The Flash et Blue Beetle.
06:36 Alors je vais pas tous les faire, parce qu'il y en a un paquet,
06:39 mais j'ai sélectionné 4 exemples qui me semblent intéressants
06:42 parce qu'ils montrent bien que tous les types de films sont concernés.
06:44 En 1, on a le film de genre à moyen budget avec Le Dernier Voyage du Déméter,
06:49 soit typiquement ce que Hollywood peine à produire aujourd'hui.
06:52 Problème avec 40 millions de dollars de budget et à peine 20 millions de recettes,
06:56 et bah 3 semaines plus tard, c'était en VOD.
06:58 En 2, on a le cinéma d'animation grand public avec Ninja Turtles Teenagers.
07:03 Alors là, cas particulier, parce que c'est un film de franchise,
07:06 mais qui n'a pas coûté très cher à produire, environ 70 millions selon les estimations,
07:09 et en plus, il a été plutôt bien reçu.
07:12 Mais à cause de la grève des acteurs qui lui est tombée dessus au moment de sa sortie,
07:15 le film n'a pas pu faire une promo en bonne et due forme,
07:17 et Paramount accuse ce manquement dans les recettes un peu décevantes du film.
07:21 Mais au moins, avec 180 millions en poche, il est rentable,
07:24 et la VOD est sans doute pensée pour prouver la viabilité d'une suite déjà en chantier.
07:28 En 3, on a le cinéma d'auteur américain prestigieux avec Asteroid City de Wes Anderson,
07:33 où là clairement, personne n'a cherché à faire d'efforts,
07:35 malgré son passage à Cannes et la place de son réalisateur dans la cinéphilie actuelle.
07:40 Après une sortie limitée dans les grandes salles américaines,
07:42 le film n'a eu qu'un petit mois pour apporter des sous avant d'être bazardé en ligne.
07:46 Et enfin, en 4, on a le blockbuster bien foireux avec Expandables 4,
07:52 qui malgré sa technique de série Z estonienne,
07:54 aurait coûté 100 millions de dollars à produire,
07:57 ce qui ne s'explique dans aucune dimension du multivers.
08:00 Je cauchemarde encore la nuit en pensant à certains fonds verts immondes de ce machin.
08:04 Mais bref, la saga des papis de l'action est bien loin de ses débuts,
08:07 puisqu'elle n'a récolté que 50 petits millions de dollars dans le monde,
08:11 et maintenant, vous connaissez la chanson, 3 semaines plus tard, c'était en VOD.
08:14 Bon bien sûr, il faut maintenant se demander pourquoi une telle précipitation,
08:18 et avant toute chose, je tiens à préciser que je ne suis pas économiste,
08:21 sinon je n'essaierais pas de gagner ma vie dans le cinéma,
08:23 et je suis sûr qu'il y a plein de contingences de studios qui m'échappent.
08:26 Mais disons qu'il y a deux arguments majeurs avancés par ces mêmes studios,
08:30 qui me paraissent un peu fumeux sur les bords.
08:32 Tout d'abord, il y a l'enjeu du surplus de médias audiovisuels,
08:35 ce qui est d'ailleurs rabaissé aujourd'hui à cet horrible terme de "contenu".
08:39 Au milieu de la marée de films et de séries qui débarquent chaque semaine,
08:42 c'est plus dur de s'imposer,
08:43 et la vie d'un film dans l'espace médiatique en est forcément amoindrie.
08:46 Donc en prenant l'exemple de Warner,
08:48 qu'ils aient entre les mains un méga succès comme Barbie,
08:50 ou un flop comme The Flash,
08:52 l'idée est de battre le fer tant qu'il est chaud.
08:54 Tant qu'on part d'un film, il existe,
08:55 et il peut donc plus facilement rapporter de l'argent.
08:57 Et à 20 dollars, voire 25 l'achat d'un film en début d'exploitation VOD,
09:01 on comprend qu'une major y voit la même valeur qu'un ticket de cinéma.
09:04 Et bien sûr, tout ça va de pair avec l'idée selon laquelle l'accès à l'information va toujours plus vite,
09:09 et que les gens en ont marre d'attendre l'ouverture de diverses fenêtres de diffusion.
09:12 Sauf que ce package, il oublie deux choses.
09:14 D'une part, la valeur événementielle d'une sortie sale,
09:17 qui nous a justement été prouvée depuis la sortie de Covid par Avatar 2, Barbie ou Oppenheimer.
09:21 Les gens ont envie de retourner en salle, et d'être en communion autour d'un film.
09:25 Parce que quoi qu'on en dise, l'expérience à la maison n'est jamais équivalente.
09:29 À moins que vous soyez très riche et équipé avec un matos de pro,
09:32 et dans ces cas-là, rajoutez-moi sur Facebook en fait.
09:34 Parce que oui, Facebook existe encore.
09:35 À partir du moment où une autre offre est possible,
09:38 elle fait du mal à l'aspect exceptionnel de cette expérience.
09:40 Et c'est normal, parce que le cinéma, faut s'y déplacer,
09:43 payer l'essence de la bagnole, et potentiellement la baby-sitter.
09:46 Pour prendre un exemple concret,
09:47 The Batman a été l'un des premiers blockbusters à profiter d'une sortie normale
09:51 après la crise du Covid, engrangeant au passage un très beau total de 770 millions de dollars de recettes.
09:56 Mais 45 jours après sa sortie, Warner le mettait en streaming sur HBO Max.
10:00 Et le résultat a été sans appel, ça lui a coupé les ailes.
10:03 Et pour ce qui est de l'absence de patience du public,
10:05 j'ai envie de dire qu'Hollywood reproduit exactement la même erreur sur la VOD
10:09 qu'avec le streaming durant le Covid.
10:11 L'argument fallacieux, c'est le soi-disant choix donné au public.
10:14 Sauf que ce choix, il est truqué par des majors qui ne cherchent qu'une chose,
10:18 le profit rapide.
10:19 La vie d'un film n'est plus un marathon, mais un sprint,
10:22 où tout se joue sur les premières semaines d'exploitation,
10:24 puis sur l'arrivée quasi immédiate sur les autres plateformes.
10:26 Et c'est encore plus le cas maintenant que les studios ont réduit ces fenêtres.
10:30 Si quelqu'un veut vraiment voir un film,
10:31 il sait qu'il peut attendre quelques semaines un autre canal de diffusion.
10:34 Et une fois la boîte de Pandore ouverte, l'accoutumance s'installe,
10:37 et c'est plus dur pour l'industrie de revenir en arrière.
10:39 En bref, les majors hollywoodiennes n'ont fait que précipiter leur propre chute
10:43 en ne voyant leur film qu'en tant que produit voué à un emploi sur le court terme.
10:46 Sauf que les vrais succès récents,
10:47 et j'ai envie de dire les films qui sont restés dans l'esprit collectif,
10:50 de RRR à Everything Everywhere All At Once,
10:53 en passant par Top Gun et Avatar, ont fait l'exact inverse.
10:56 L'autre argument, c'est la place que la VOD se doit de prendre
10:59 dans l'économie très changeante du cinéma.
11:01 Si je disais plutôt que la vie d'un film se joue désormais
11:03 sur ses premières semaines d'exploitation en salles,
11:05 c'est parce qu'il est plus difficile de rentabiliser une oeuvre par les canaux suivants.
11:09 En particulier le DVD, dont les ventes ont chuté drastiquement
11:12 avec l'arrivée du streaming dans les années 2010.
11:14 Sauf que le DVD a longtemps représenté une source de revenus inestimable pour un film,
11:18 au point même de transformer en succès des flops en salles,
11:21 ce qu'un achat de droit pour 6 mois sur Netflix ne pourra jamais égaler.
11:25 Donc la VOD est un peu en train de devenir le nouveau DVD.
11:28 Il est d'ailleurs bon de préciser qu'aux Etats-Unis,
11:30 la sortie VOD précède désormais celle du format physique dans la plupart des cas,
11:33 et vous donne même accès au bonus.
11:35 Et mine de rien, quand la VOD n'est pas juste là pour rattraper une catastrophe,
11:38 ça peut aider.
11:39 En l'occurrence, 2023 a un gros gagnant à la matière,
11:41 ou plutôt un beau looser magnifique,
11:43 Indiana Jones 5, qui pour rappel, est un bide à cause de son budget mirobolant de 300 millions de dollars.
11:48 Et pour ça, je vous renvoie à la vidéo de Judith sur la vie chaotique du film en salles.
11:52 Pourtant, il semblerait qu'Indy 5 pourrait être finalement rentable,
11:55 ou du moins pas autant un gouffre financier grâce à la VOD.
11:59 Il est sorti dans le format fin août, soit 2 mois après sa diffusion en salles,
12:02 et il a trusté les classements de la plupart des plateformes,
12:05 comme Voodoo, iTunes, Amazon et Google, et ce pendant plusieurs semaines.
12:09 On n'a pas de chiffre précis, mais Disney serait très satisfait du résultat
12:12 avant l'arrivée du film sur Disney+ sans doute avant la fin de l'année.
12:15 Et ça, faut qu'on en parle, parce que la fenêtre réduite de la VOD,
12:18 elle tient aussi au fait que certains aiment la bazarder rapidement
12:21 pour privilégier le streaming qui vient après.
12:24 Donc comme quoi, Hollywood ne retient toujours pas la leçon,
12:27 alors qu'ils ont sur les bras des plateformes qui leur coûtent très cher à entretenir,
12:30 et dont il faut bien étoffer le catalogue malgré le plafond de verre que peut représenter le taux d'abonnement.
12:35 Dans le domaine, Paramount est un peu le roi,
12:37 puisqu'ils essaient tant bien que mal d'attirer les gens sur Paramount+.
12:40 Donc au-delà de Ninja Turtles que j'évoquais plus tôt,
12:43 Donjons & Dragons et Transformers Rise of the Beast ont eu des sorties VOD assez rapides,
12:48 pour que deux semaines après cette sortie VOD, ils débarquent sur Paramount+.
12:51 La seule exception à ça, c'est Mission Impossible 7,
12:54 pour lequel Tom Cruise a encore une fois bataillé pour espacer de plusieurs mois la sortie VOD,
12:58 et surtout l'arrivée en streaming, qui ne devrait pas se faire avant au moins la fin d'année,
13:03 comme ça a été le cas pour Top Gun Maverick.
13:05 Et c'est là que je suis tiraillé, parce qu'après tout ce que je viens d'énoncer,
13:08 c'est compliqué de trouver une conclusion satisfaisante.
13:10 D'un côté, la VOD pourrait ramener un certain équilibre financier,
13:14 si son utilisation se démocratise.
13:16 Et je dis ça alors que ce n'est pas du tout une offre vers laquelle je me tourne personnellement.
13:19 Si ça peut permettre à des studios d'oser investir dans ces budgets moyens en voie d'extinction,
13:24 parce que ce canal peut rassurer sur la rentabilité de l'oeuvre, moi je prends.
13:27 Mais on voit bien que les majors utilisent surtout pour précipiter une chronologie des médias
13:32 en manque cruelle de réglementation,
13:34 et où le principe est de ne pas penser au lendemain et d'amasser un max d'argent tant que c'est possible.
13:38 Encore une fois, ça nous ramène à l'attente.
13:40 Et le problème n'est pas tellement que les gens n'en veulent plus,
13:43 mais c'est qu'Hollywood n'en veut plus.
13:45 Sans comprendre que cette attente avait une valeur importante pour faire d'un film un événement.
13:49 On l'a vu avec les franchises surexploitées cette dernière décennie,
13:52 qui ont perdu de leur aura et de leur rareté,
13:54 mais c'est la même chose avec les canaux de diffusion.
13:56 Une sortie en salle, c'était important,
13:58 parce qu'on savait que le DVD ne sortirait que 6 mois plus tard,
14:01 et la diffusion télé pouvait vraiment devenir un rendez-vous.
14:04 Je veux pas jouer les vieux cons, mais je sais d'expérience que ça a joué sur ma cinéphilie,
14:08 sur mon attrait pour certains films.
14:09 Je parlais plutôt de la perte de valeur de Pixar avec ses sorties précipitées en SVOD.
14:13 Et ça me fait du mal, parce que Pixar a été pendant mon enfance,
14:16 l'un de mes rendez-vous annuels immanquables.
14:19 Et vous savez quoi ?
14:20 Dans toute ma collection de DVD et de Blu-ray,
14:22 qui commence à devenir bien trop grosse pour mon propre bien,
14:25 mais c'est un débat que je ne veux avoir ni avec vous, ni avec mon banquier,
14:28 il y a peu d'objets qui ont autant de valeur à mes yeux que mon DVD du monde de Nemo.
14:32 Parce que le monde de Nemo, ça a été la méga claque
14:35 quand je l'ai découvert au cinéma durant l'hiver 2003.
14:38 Et je savais que je devrais attendre avant d'espérer le revoir chez moi.
14:41 Cette frustration avait quelque chose d'excitant, de quasi religieux même.
14:44 Et donc quand mes parents m'ont offert ce précieux DVD en juin 2004,
14:48 pour fêter la fin de l'année scolaire,
14:49 ça a donné au film une saveur encore plus particulière.
14:52 La preuve, c'est que je me souviens du contexte,
14:53 et ça a sans doute joué sur le fait qu'il est longtemps resté un film doudou,
14:57 que j'y remettais un nombre incalculable de fois.
14:59 Finalement, cet effet Madeleine me semble plus compliqué à obtenir aujourd'hui,
15:03 avec cette précipitation des sorties en VOD et en streaming.
15:06 Ça peut peut-être aider à sauver des économies d'un studio,
15:08 mais ça a très peu de chances d'imposer des films dans l'imaginaire collectif.
15:12 Voilà, c'est la fin de cette vidéo, si elle vous a plu,
15:14 n'hésitez pas comme d'habitude à liker, partager et commenter.
15:18 Dites-moi quelle est la sortie vidéo dont vous vous souvenez encore,
15:20 comme moi avec Nemo, je suis curieux de savoir.
15:22 Par ailleurs, si vous aimez qu'à écran large, on fasse ce genre de vidéos d'analyse,
15:26 sachez que ça nous demande du temps et des ressources.
15:28 Et pour pérenniser ce format, comme tous les autres,
15:30 on a besoin de votre aide.
15:31 Et c'est pourquoi on a lancé une campagne de financement participatif sur Ulule,
15:35 qui va nous permettre entre autres d'assurer l'existence de ce type de vidéos.
15:39 Le lien est en description, et sur ce, je vous dis à la prochaine.
15:42 Ciao !
15:44 Stop !
15:45 [Générique]