"Il faut de toute urgence un nouveau commissariat de police à Perpignan", selon les syndicats

  • l’année dernière
Le syndicat Alliance Police tient son congrès national ce jeudi au Palais des congrès de Perpignan. Le syndicat réclame toujours des moyens humains supplémentaires et, depuis de nombreuses années, un nouveau commissariat. Les locaux actuels sont "totalement vétustes".
Transcript
00:00 Mais pour l'instant, Suzanne Chaudjailly, votre invitée ce matin est policier, c'est le secrétaire du syndicat Alliance Police dans les Pyrénées-Orientales.
00:06 Il vient nous parler du congrès national du syndicat qui a lieu aujourd'hui à Perpignan, c'est au Palais des Congrès.
00:12 L'occasion aussi de faire un point sur les revendications des policiers, Suzanne.
00:16 Bonjour Marc Defraine.
00:17 Bonjour.
00:17 Si vous aviez le ministre de l'Intérieur en face de vous ce matin, qu'est-ce que vous lui demanderiez en premier ?
00:22 Je lui demanderais ce que je lui ai demandé déjà il y a presque quatre ans, en 2019, quand il est venu sur la commune du Pertus.
00:30 Déjà une cité policière digne de ce nom pour nos collègues et pour les habitants de Perpignan et des Pyrénées-Orientales.
00:36 Donc ça c'était il y a quatre ans et il n'y a toujours pas de réponse ?
00:38 Exactement, c'était il y a quatre ans. On lui avait demandé déjà de venir au niveau du commissariat de Perpignan.
00:43 Bon après on peut comprendre qu'il a un emploi du temps qui est très chargé, mais ça c'est une priorité.
00:47 On demande ça depuis presque une décennie, même un peu plus.
00:50 On a un commissariat qui a 60 ans d'âge, qui est totalement vétuste, totalement et beaucoup trop petit d'ailleurs.
00:57 Vétuste, ça veut dire quoi ?
00:59 Il est dans un état déplorable, honnêtement. On a des problèmes au niveau de la température.
01:04 Souvent l'hiver il fait très froid, l'été il fait très chaud, encore qu'ils ont mis pas mal de climat.
01:08 Mais au-delà de ça, vous recevez quelques fois des victimes, qui sont victimes de plein de choses.
01:14 Ça peut être des violences conjugales et tutti quanti, j'en passe malheureusement.
01:18 Et elles sont reçues, à côté d'elles il y a d'autres victimes, il n'y a pas de promiscuité.
01:23 Et tout le monde entend ce que le voisin dit ?
01:25 C'est extrêmement compliqué, même les collègues sont très mal à l'aise.
01:27 Et au-delà de ça, on nous a parlé au niveau du Covid des gestes barrières et tutti quanti,
01:32 je réitère ce terme, quand vous avez dans une pièce de 10 mètres carrés,
01:37 deux enquêteurs, deux avocats, deux mises en cause,
01:39 l'administration ne respecte pas les règles qu'elle veut "imposer".
01:46 Donc ça c'est pour les locaux ? Vous demandez du personnel en plus ? Combien à Perpignan ?
01:50 On a un énorme malaise au niveau de la sûreté départementale.
01:54 La sûreté départementale à Perpignan c'est devenu une catastrophe.
01:57 On a eu des renforts d'unités de force mobile ces dernières années.
02:01 Des gendarmes notamment, 80, ils sont là depuis plus d'un an maintenant.
02:06 D'ailleurs la préfecture avait fait un bilan assez positif de leur venue à la fin de l'été.
02:11 Elle avait dit que la délinquance n'avait jamais été à un niveau si bas dans le département.
02:15 Vous confirmez, ça a été positif ?
02:17 Des interpellations il y en a eu, mais il n'y a pas eu de renfort d'officier de police judiciaire
02:21 pour traiter les procédures.
02:22 Ils croulent sous les procédures, ils en ont un rang de 10, on leur en met 20 sur le bureau.
02:27 Vous demandez des gens derrière les bureaux ?
02:28 D'urgence, d'urgence, l'investigation est en...
02:32 Il y a un gros malaise au niveau de l'investigation.
02:34 On a des collègues qui commençaient en burn-out,
02:35 on a des collègues qui souhaiteraient même être décartographiés,
02:40 c'est-à-dire ne plus être OPJ carrément, Officier Police Judiciaire, excusez-moi du terme,
02:43 pour ceux qui ne le maîtrisent pas.
02:45 Oui, on a des collègues qui préfèrent remettre la tenue parce qu'ils n'en peuvent plus.
02:49 Qui préfèrent changer de service en fait ?
02:50 Exactement, et quitte à perdre de l'argent sur leur salaire.
02:55 C'est sans fin.
02:57 On a eu une vingtaine de départs l'année dernière,
03:00 ça continue encore, des départs à la retraite,
03:01 ou des collègues qui n'en peuvent plus qu'on remet sur la voie publique,
03:05 et on demande d'urgence, mais vraiment d'urgence,
03:08 des arrivées pérennes d'Officier Police Judiciaire,
03:11 que ce soit à l'APJ et que ce soit en particulier,
03:13 et c'est encore plus criant, au niveau de la sûreté départementale.
03:16 Vous estimez que Perpignan fait partie des commissariats
03:18 les plus en difficulté en France ?
03:21 Alors, nous on est représentant du personnel des Pyrénées-Orientales,
03:24 moi au-delà de Salles, je ne m'inquiète pas du sort
03:27 de mes collègues d'autres départements.
03:31 Mais je sais que la sûreté départementale est un souci majeur,
03:33 il faut redonner la sûreté départementale l'investigation,
03:37 il faut redonner de l'attractivité avec peut-être des nouveaux cycles
03:39 et des nouveaux moyens pour les collègues.
03:41 France Bleu Roussillon, l'invité du 6/9.
03:44 Il est 7h49 sur France Bleu Roussillon,
03:46 notre invité Marc Dufresne, secrétaire du syndicat Alliance Police
03:50 dans les Pyrénées-Orientales.
03:51 Vous dénoncez également les conditions de travail de vos collègues
03:53 au centre de rétention de Perpignan,
03:56 un centre de rétention administrative,
03:58 c'est là où les étrangers sont enfermés,
04:01 ceux qui seront bientôt expulsés du territoire.
04:03 Qu'est-ce que vous dénoncez exactement ?
04:05 C'est des problèmes de sécurité, un manque de moyens humains ?
04:08 Qu'est-ce que c'est ?
04:09 Des problèmes de partout, comme vous le dites.
04:10 Des problèmes de sécurité parce qu'on a un écran à ciel ouvert,
04:13 donc les collègues subissent en fait...
04:15 Un quoi à ciel ouvert ?
04:16 Oui, en fait c'est pas un crac fermé,
04:18 il y a juste des murs et des grillages,
04:20 donc il y a souvent des...
04:22 Des colis qui sont envoyés ?
04:23 Des colis qui sont envoyés, des colis de tout.
04:25 Comme à la prison en fait ?
04:26 C'est ça, à part que nous on n'a pas de mur anti-projection,
04:28 heureusement il y a un mur qui est en train de se terminer derrière le cras,
04:32 c'est par là que passaient les "complices" qui...
04:34 Le cras c'est le centre de rétention ?
04:36 Le centre de rétention, c'est-à-dire moi.
04:37 Et on demande d'urgence des filets anti-projection,
04:40 on demande également d'urgence une sectorisation plus rapide,
04:44 là on a réussi à sectoriser par deux pour éviter le phénomène des meutes en fait,
04:48 parce que maintenant les collègues sont victimes de guet-apens.
04:50 Des guet-apens ?
04:51 Oui carrément, au niveau de la nuit en fait.
04:52 Des pièges ?
04:53 Vous avez des retenus qui simulent un malaise,
04:54 donc ils sont trop peu à la nuit,
04:57 il y a trop peu de collègues, on a eu des arrivées de collègues,
05:00 25 collègues sont arrivés en septembre.
05:02 En renfort ?
05:02 En renfort, mais en fait on a demandé des renforts en urgence,
05:06 on avait été entendu par le directeur central de la police aux frontières à l'époque, Fabrice Gardon,
05:11 et on a eu nos renforts mais on a agrandi la capacité de rétention du CRA.
05:15 Donc on était à 48 retenus, il nous fallait une trentaine de renforts, on les a eus,
05:19 mais comme maintenant le centre de rétention est passé à 60 retenus,
05:22 on redemande de nouveau entre 20 et 30 renforts.
05:25 Alors il y a des travaux qui sont réalisés en ce moment dans le centre de rétention,
05:28 c'est pas bien ça ?
05:30 Ça va dans le bon sens ?
05:31 Ça va dans le bon sens, c'est beaucoup trop long,
05:33 la lourdeur de l'administration, il faut faire un devis,
05:35 il faut que ça soit validé, il faut que ça soit bon.
05:38 Ils ne sont pas encore finis ces travaux ?
05:39 Le mur de derrière, si vous voulez, de 4 mètres,
05:43 est censé terminer dans une quinzaine de jours.
05:46 On attend d'urgence également un budget,
05:48 parce que ça n'a pas été validé encore pour des filets antiprojections
05:51 comme vous avez à la prison,
05:53 et puis surtout cette sectorisation par tiers,
05:56 parce que 30 retenus la nuit, c'est encore beaucoup trop à gérer.
06:00 Quand je dis 30, c'est parce qu'il y a deux fois 30 pour canaliser.
06:04 La loi immigration est débattue en ce moment au Parlement,
06:07 le Sénat a d'ailleurs voté cette nuit un titre de séjour exceptionnel,
06:11 et seulement au cas par cas pour les étrangers
06:13 qui souhaiteraient travailler dans des secteurs en manque de bras, en tension.
06:17 C'est une mesure plus dure que ce que le gouvernement proposait,
06:20 à savoir un titre de séjour facilité pour ces métiers en tension.
06:23 Quelle est la position de votre syndicat sur cette loi ?
06:26 La position du syndicat, nous on ne fait pas de politique politicienne.
06:30 Après, à titre personnel, on peut comprendre également qu'un durcissement,
06:35 le durcissement de la loi de l'immigration n'est pas que pour le travailleur.
06:39 J'ai cru comprendre, et d'ailleurs je me suis vu avec la presse,
06:44 au niveau de l'aide médicale de l'État par exemple.
06:46 Oui, le Sénat a supprimé cette aide médicale d'État,
06:52 qui c'était la couverture intégrale des frais médicaux pour les étrangers
06:56 présents sur le territoire français depuis au moins trois mois.
06:59 Donc elle a supprimé ça ?
07:01 Oui, ça va basculer avec une aide médicale d'urgence,
07:05 qui nous semble, pour nous, enfin pour moi, en tout cas plus appropriée.
07:08 On a 11 milliards de trous de la Sécurité sociale.
07:11 Donc le Sénat a raison. Le ministre de l'Ascendé a dit que c'était une faute de faire ça.
07:15 Mais vous, vous estimez que le Sénat a raison ?
07:17 À titre personnel, pour moi, à titre personnel, évidemment le Sénat a raison, oui.
07:23 Il faut rendre plus difficile l'accès aux soins aux étrangers ?
07:26 Aux soins, attention, moi à l'époque j'étais en service d'investigation.
07:31 À l'unité de traitement judiciaire de la police aux frontières de Perpignan.
07:34 Je me suis entendu, j'ai entendu lors de différentes auditions,
07:39 des ressortissants étrangers en situation régulière me dire,
07:43 mais eux ils le disaient naturellement, c'était pas un mal,
07:46 ils disaient "bon ben voilà, oui, effectivement, j'ai une aide médicale d'état,
07:49 je suis venu de l'étranger pour me faire soigner les dents, pour me faire soigner",
07:52 mais pour eux c'était un droit, ils voyaient même pas là,
07:55 d'ailleurs ça l'était un droit,
07:57 ils voyaient pas là une infraction quelconque ou un bidouillage,
08:01 non, pour eux, ils venaient se faire soigner en France parce que c'était gratuit,
08:04 et puis ils auraient raison de le faire.
08:05 Donc pour vous et votre syndicat, un durcissement de la loi pour les étrangers,
08:10 c'est ce qui est le mieux pour vous les policiers ?
08:12 Pour les policiers, voilà, un durcissement de la loi, oui, complètement.
08:16 Marc Defraine, vous êtes donc le secrétaire du syndicat Alliance Police,
08:21 ici dans les Pyrénées-Orientales,
08:22 votre syndicat qui tient son congrès national aujourd'hui à Perpignan,
08:26 merci beaucoup et à bientôt ?
08:28 Oui, merci beaucoup, merci de nous avoir reçus,
08:30 et je profite de l'occasion pour remercier également notre secrétaire général
08:34 de nous avoir fait l'honneur de venir à Perpignan,
08:36 il envoie un message fort, ça veut dire qu'il n'y a pas que Paris,
08:39 on vient également en province, et puis sachant que Perpignan
08:42 est un bastion fort au niveau de l'Alliance Police Nationale,
08:44 c'était un honneur pour nous de le recevoir au Palais des Congrès.

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