A l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, Nora Fraisse, fondatrice de l’association Marion la main tendue fait le point sur les dernières annonces du gouvernement afin de mettre fin à ces violences.
Son association : https://www.marionlamaintendue.com/
☀︎ Crédits :
Estelle Hersaint : montage
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Son association : https://www.marionlamaintendue.com/
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Estelle Hersaint : montage
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00:00 exclure un enfant, ça n'est pas résoudre le phénomène de harcèlement puisqu'il
00:05 y a cette dynamique de groupe. La voix d'un enfant, la vie d'un enfant ne vaut pas autant
00:09 qu'on voudrait bien nous le faire croire.
00:11 Alors moi je suis Nora Thiran-Fress, je suis la fondatrice d'une association qui s'appelle
00:17 Marion la Main Tendue, qui lutte contre le harcèlement, les super violences en milieu
00:21 scolaire et extrascolaire, et je suis également auteure d'ouvrages. Le harcèlement ce sont
00:26 des violences répétées, verbales, physiques, psychologiques, elles peuvent être cumulées
00:31 ou sexuelles. C'est un phénomène de meute, c'est une dynamique de groupe qui agit contre
00:37 une personne cible, donc il y a des violences, donc une volonté de domination, un groupe,
00:42 de la répétition et une personne cible. En septembre 2023 lors d'une conférence de
00:46 presse, c'est vrai que le gouvernement a précisé des nouvelles orientations pour
00:50 rendre la lutte contre le harcèlement une priorité nationale, notamment le renforcement
00:54 du programme phare dont vous entendez sans doute parler, c'est le programme de prévention
00:59 du harcèlement à l'école. C'est un programme qui a pour but de créer une communauté éducative
01:06 bienveillante autour de l'enfant. La volonté elle est claire, elle est dite, c'est d'arriver
01:11 à un taux de 100% d'établissement inscrit, je précise le mot inscrit au programme phare.
01:18 En France nous avons près de 12 millions d'élèves et 59 000 établissements. Il faut
01:22 être ambitieux. Quand on interroge les enseignants, seulement 5% disent être dans le programme
01:28 phare. Donc 5% c'est ceux qui sont vraiment en opérationnel. Aujourd'hui c'est vrai
01:34 que les enseignants manquent de temps et de formation, c'est pour ça que nous on milite
01:38 pour qu'il y ait une formation initiale et que ce soit inscrit dans leur programme de
01:43 formation pour devenir des professeurs. Et les enseignants nous disent à hauteur de 19%
01:48 qu'ils ont été formés sur ce sujet-là et 65% d'entre eux disent qu'ils sont désarmés
01:54 face au harcèlement dans leur établissement, d'autant que je crois qu'ils sont près
01:59 de 60% à avoir été confrontés à des situations de harcèlement. On sait que sur le terrain,
02:04 les enseignants sont ceux qui sont censés être les premiers vigis de ce phénomène
02:12 et pourtant les élèves nous disent que ce sont les personnes auprès desquelles ils
02:17 ne vont pas parler. La plus grande difficulté quand on subit des violences, qu'elle qu'elle
02:21 soit, qu'on soit à l'âge adulte ou en tant qu'enfant, c'est la difficulté d'en
02:25 parler parce qu'on a honte, on culpabilise, on pense que c'est de notre faute. Donc moi
02:28 ce que je dis souvent aux enfants en intervention, donc avant que ça arrive, ça s'appelle
02:32 de la prévention, vous commencez déjà à identifier quelles sont les personnes auprès
02:37 de qui vous pourriez vous confier. Donc commencez déjà par vous dire est-ce que c'est mon
02:40 papa, ma maman, ma tata, mon tonton, mon ami, mon coach ? Et puis si vraiment vous ne pouvez
02:45 pas, vous appellerez un numéro court. Mais la priorité c'est de trouver un humain.
02:49 Et puis si un humain ne vous écoute pas et ne vous croit pas, vous en trouverez un deuxième
02:53 et un troisième. Il y a toujours quelqu'un qui vous tendra la main. Donc ce qui est décidé
02:56 normalement au collège et au lycée, quand des faits de violence sont avérés, qu'il
03:00 s'agisse de harcèlement ou pas, il y a ce qu'on appelle les conseils de discipline.
03:03 Vous pouvez être exclu immédiatement, de manière définitive. Vous pouvez être exclu
03:08 de manière temporaire et vous pouvez avoir ce qu'on appelle les exclusions-inclusions.
03:12 C'est-à-dire que l'enfant est exclu, mais il doit inclure une structure, comme la nôtre
03:17 ou d'autres, pour essayer de comprendre ce qui l'a amené à être violent et pour que
03:20 ça se reproduise. Donc ça, c'est pour le second degré. Il se trouve qu'en école
03:23 primaire, jusqu'à août de cette année 2023, nous ne pouvions, en France, nous ne
03:29 pouvions exclure un enfant qui commettait des faits de violence et des faits de harcèlement.
03:34 Quand ces faits sont avérés, quand évidemment on n'a pas trouvé de solution, ils doivent
03:38 faire l'objet d'un conseil de discipline et être amenés à avoir un autre établissement.
03:43 La difficulté, c'est que dans les faits, c'est très très compliqué de faire en
03:46 sorte qu'un enfant du primaire puisse être accueilli dans une autre école. Ce conseil,
03:50 nous, aujourd'hui, dans les cas que nous suivons, c'est qu'il n'y a pas d'exclusion
03:53 pour l'instant au premier degré d'enfants qui commettent ces méfaits, parfois de manière
03:57 extrêmement grave, d'une grande violence. Dans l'arrêté, il indiquait le harceleur
04:02 ou les harceleurs. A hauteur de 81%, c'est une dynamique de groupe. Donc, exclure un
04:08 enfant, ce n'est pas résoudre le phénomène de harcèlement puisqu'il y a cette dynamique
04:12 de groupe. Donc, la difficulté, c'est de se dire que oui, comme c'est une dynamique
04:17 de groupe, ce n'est pas un enfant, ni deux, ni trois, mais c'est souvent cinq ou six
04:21 enfants qui doivent être exclus. Donc, c'est plus facile au collège et c'est plus difficile
04:26 en primaire. Moi, je milite pour la création d'une vie
04:29 scolaire en école primaire. À un moment, il faut remettre des adultes dans l'établissement
04:35 et notamment au premier degré. On le sait maintenant, c'est 27% des enfants qui nous
04:40 indiquent avoir vécu du harcèlement au premier degré en primaire. Quand ce n'est pas arrêté,
04:44 ça se poursuit au collège. Chaque jour, il y a une nouvelle annonce, une nouvelle mesure,
04:48 une bonne volonté, du courage politique, il y a des chiffres. Après, c'est le taux
04:53 d'impact. Pourquoi on n'arrive pas à faire baisser ce nombre d'enfants harcelés ? Parce
04:58 que dire c'est bien, agir c'est mieux. Donc, je crois qu'on a tout dit, je crois qu'on
05:01 sait tout. Puis maintenant, il va falloir former, protéger, accompagner. Je crois,
05:06 d'une manière générale, la protection de l'enfance, c'est un sujet qui n'est pas
05:11 pris à sa juste mesure. La voix d'un enfant, la vie d'un enfant ne vaut pas autant qu'on
05:16 voudrait bien nous le faire. Donc, il est peut-être temps de changer aussi de vision
05:19 sur l'enfance, se mettre à hauteur d'enfant et se dire « et si c'était moi cet enfant,
05:23 qu'est-ce que j'aimerais ? » Simplement d'être protégé et c'est notre rôle en
05:26 tant qu'adulte.
05:33 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]