• l’année dernière
‍♀️ La vie de Karine aurait pu s’arrêter le jour où son ex-conjoint lui a tiré trois fois dessus devant les yeux de leur fils à la sortie de l’école. Amputée d’un bras suite à cette tentative de féminicide, la Calaisienne a su rebondir après un long combat de rééducation.

C’est aujourd’hui une femme très engagée auprès des victimes de violences conjugales, mais elle est aussi numéro un mondiale de paragolf. Un sport qu’elle a découvert grâce à son éducatrice sportive au centre de rééducation de Berck-sur-Mer.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 glissait à l'oreille, je ne passerai jamais ma vie sans tuer quelqu'un. Je savais que c'était moi qui
00:03 était sur la liste. Il allait finir par arriver à ses fins, c'est-à-dire soit moi je me donnais la
00:09 mort ou soit ça allait arriver d'une manière ou d'une autre. En novembre 2010, j'ai subi ce qu'on
00:15 appelle une tentative de féminicide à la sortie de l'école de mon fils. C'est mon ex-conjoint
00:21 qui est venu avec une arme à feu. C'est né de trois tirs, dont un à la tête, un à l'épaule et un
00:27 dans le pli de laine. La séquelle la plus grave, c'est ce qui a donné une amputation du bras droit.
00:34 Il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle. On s'est rencontrés, moi j'avais 17 ans, lui une
00:43 vingtaine d'années. Au début tout allait bien et la première gifle c'est quand je suis tombée
00:48 enceinte de notre premier enfant. Oui il était alcoolisé, donc on a mis ça sur le dos de l'alcool.
00:54 Je me suis emportée et c'est pas revenu tout de suite, c'est un peu plus tard. Ça a d'abord été
00:59 les paroles. Il y a eu du harcèlement psychologique, du harcèlement sexuel, la subtilisation des papiers
01:04 d'identité, la mise sous indépendance financière. Tout ça s'est instauré petit à petit. J'étais
01:10 sous surveillance et impossible de m'y échapper. Au départ non, parce qu'il ne faut pas oublier
01:19 qu'on est en 2010 et à l'époque il y avait très peu de prise en charge. Effectivement quand je me
01:25 suis rendue à la gendarmerie, à l'époque je n'ai eu absolument aucune prise en charge. J'ai pris la
01:29 décision d'écrire au procureur de la république en expliquant que j'étais en danger, que les
01:34 enfants étaient en danger. Malheureusement ces courriers ont été reçus, lus le 15 novembre 2010
01:42 et malheureusement le lendemain, le 16 novembre, il vient me trouver à l'école de notre fils. Il est
01:48 venu vers moi, il m'a demandé d'embrasser son fils. Il m'a serré la main et il m'a dit "maman,
01:53 papa il a le fusil". Je me savais menacée de mort. Mon fils s'est mis à hurler "attention maman,
01:59 papa il va te tirer dessus". Donc le premier tir je m'en souviens parfaitement mais ensuite ça a
02:04 été black out. J'étais en urgence vitale. J'ai eu de la chance, j'ai eu énormément de chance parce
02:10 que les blocs étaient vides, le chirurgien qui est intervenu était disponible donc ils ont
02:17 pratiqué tout de suite ce qu'il fallait faire. Mais pendant 48 heures j'ai été entre la vie et
02:23 la mort. Ils m'ont transféré dans la nuit au centre hospitalier de Lille et là à nouveau ils ont
02:29 dû pratiquer des gestes d'urgence vitales parce que j'étais à nouveau partie. Et là s'en est suivi
02:35 une très très longue hospitalisation, à peu près cinq mois et demi au centre hospitalier de Lille
02:40 et ensuite j'ai intégré le centre de rééducation de la fondation Opale à Berck où c'est là a débuté
02:47 une toute autre vie. J'y étais du dimanche soir au samedi midi donc pour moi c'était ma maison,
02:58 c'était une sorte de famille. A la fin j'étais quand même une assidue de la salle de sport parce
03:04 que musculairement il a fallu que je me renforce. Il y a le golfe de Saint-Omer qui
03:10 souhaite mettre en place, ouvrir une école en digolfe et ils sont à la recherche de patients
03:17 potentiels. Alors moi je lui ai un peu rayonné j'avoue. Je lui ai dit "bah oui enfin t'es gentil mais je
03:23 tiens pas debout, je suis fatigable, je respire très mal et en plus jouer d'un bras et en plus du
03:29 bras gauche ça me semblait un peu un peu ironique". Et puis j'ai été au-delà de ça. C'est un sport
03:36 qui est accessible contrairement à ce qu'on peut imaginer. Il faut beaucoup de travail, il faut
03:41 du temps, il faut de la persévérance et il faut aimer se faire mal quelque part. Il faut
03:47 beaucoup de mental. Qu'on soit handi ou valide, on joue de la même manière. Je peux participer
03:53 aux compétitions de club. Je suis d'abord et avant tout une golfeuse. Personnellement chez les
03:58 dames Stabelford, haut ranking mondial ou amputée de bras, je suis numéro un. Ensuite chez les dames
04:07 actuellement je suis 19e. L'important de mon témoignage, j'ai accentué vraiment sur le
04:16 parcours judiciaire. J'ai pointé du doigt les lacunes du parcours qu'une victime a affronté et
04:25 elle l'affronte seule. La justice ne rend pas des comptes à une victime, elle rend des comptes à
04:30 une société. Dernièrement j'ai eu l'opportunité de présenter ce parcours à des gendarmes. Des
04:39 référents vifs d'abord sur la gendarmerie de la Somme et ensuite à Rony Soubois, surtout avec
04:48 des référents vifs nationaux. Et ces échanges sont extrêmement riches et constructifs.
04:53 Il ne faut pas avoir peur de franchir un poste de gendarmerie, un poste de police parce qu'il y a
05:04 des référents dans chaque commissariat, dans chaque brigade de gendarmerie. Et si elle ne se sent pas
05:09 à la hauteur, il faut savoir que vous pouvez écrire au procureur de la République de votre
05:17 circonscription. Il y a des associations, il y a plein de numéros de téléphone, notamment le 3919.
05:23 Et une fois que vous faites cette démarche, dites-vous qu'il faut aller jusqu'au bout parce que la
05:27 liberté n'a pas de prix. Et une fois qu'on se libère, c'est long. Il ne faut pas croire que ça se
05:33 déroule comme ça du jour au lendemain. Mais quand on commence à goûter à la liberté, croyez-moi
05:37 que vous vous dites après "ouais, ça valait le coup".
05:39 [Musique]

Recommandations