Jeff Wittenberg reçoit aujourd'hui dans les 4 vérités, Aurore Berger, ministre des Solidarités et des Familles.
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00:00 Bonjour à tous, bonjour Aurore Berger.
00:04 Bonjour.
00:05 Merci d'être avec nous ce matin, avec vous on va évoquer,
00:07 on en parlait à 7h30, la politique familiale du gouvernement,
00:10 une politique qui est confrontée à la baisse de la natalité,
00:13 désormais observée d'année en année.
00:16 On dit que c'est les pires chiffres depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
00:20 Est-ce qu'on a d'ailleurs la tendance déjà pour 2023,
00:22 alors que 2022 avait déjà marqué une baisse
00:24 et que le premier semestre n'était pas bon ?
00:26 Ce qui est vrai c'est que depuis 10 ans,
00:27 vous avez une baisse de la natalité qui s'est aggravée,
00:30 2022-2023, on a du mal d'ailleurs encore à en expliquer les facteurs.
00:33 Ce qui m'importe c'est qu'en fait on a un décrochage aujourd'hui
00:36 entre le nombre d'enfants qu'on désire avoir
00:38 et puis le nombre d'enfants qu'on a réellement.
00:40 Et donc ça veut dire qu'il faut qu'on accompagne mieux les futurs parents,
00:44 c'est la raison notamment du congé familial que j'ai pu annoncer,
00:47 et puis surtout que les parents se sentent soutenus,
00:49 qu'il y ait une société aussi beaucoup plus bienveillante vis-à-vis des parents
00:52 et vis-à-vis des enfants, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
00:55 Mais est-ce que vous êtes attentive aussi au mouvement qui se développe
00:57 par exemple de jeunes qui ne veulent pas,
01:00 qui assument le fait de ne pas vouloir d'enfants ?
01:03 Il y a un mouvement qui s'appelle No Kid par exemple qui a un certain succès.
01:05 Est-ce que c'est une tendance qui existe
01:07 et face à laquelle vous devez aussi réagir ?
01:09 C'est une tendance qui reste très minoritaire en réalité,
01:12 je pense qu'elle est peut-être surreprésentée médiatiquement par contre.
01:16 On a toujours eu à peu près 5% de personnes
01:18 qui disaient que quoi qu'il arrive, ils ne voulaient pas avoir d'enfants
01:20 et c'est totalement respectable.
01:22 L'idée ce n'est pas de culpabiliser ceux qui ne veulent pas avoir d'enfants,
01:24 mais ce n'est pas non plus de culpabiliser ceux qui veulent devenir des parents
01:27 en leur disant qu'ils enfreindraient la planète en le faisant.
01:30 Donc il faut vraiment être modéré.
01:32 Ce n'est pas un phénomène en augmentation compte tenu de tout ce qu'on dit
01:34 sur le réchauffement climatique, sur la collapsologie ?
01:36 En tout cas ce n'est pas un phénomène qu'on mesure comme étant en augmentation tendancielle, non.
01:40 Je crois qu'il faut juste un peu plus de bienveillance,
01:42 notamment vis-à-vis de ceux qui eux ont envie d'avoir des enfants.
01:45 Je rappelle qu'il y a quand même un couple sur quatre aujourd'hui
01:47 qui souhaite avoir un enfant qui n'y arrive pas.
01:49 C'est la question de l'infertilité, c'est un tabou,
01:51 c'est vécu beaucoup comme une forme de maladie honteuse,
01:53 alors qu'en fait on peut accompagner, on peut soutenir.
01:56 Et je crois que ça c'est vraiment notre responsabilité.
01:58 Pour donner envie financièrement, si j'ose dire, d'avoir des enfants,
02:02 vous, vous avez annoncé cette semaine, vous le rappeliez à l'instant,
02:06 la création d'un congé familial, alors qu'on se comprenne bien,
02:09 ça ne remplacerait pas le congé parental, si j'ai bien compris,
02:12 ça viendrait à côté, et surtout vous avez dit que ce serait mieux rémunéré
02:16 que l'actuel congé parental, qui est aujourd'hui de 429 euros par mois.
02:20 Est-ce que vous pouvez être plus précise, Madame Berger, ce matin ?
02:22 Ça veut dire quoi ? Mieux rémunéré ? Beaucoup mieux rémunéré ?
02:25 Aujourd'hui, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, il y a le congé maternité,
02:27 évidemment, un congé paternité, et au-delà, il y a un congé parental,
02:31 qui peut aller jusqu'à deux ans ou trois ans,
02:33 s'il est partagé entre les deux parents.
02:35 Le problème, c'est qu'il est rémunéré au maximum à 430 euros par mois.
02:39 Quand vous gagnez 2000 ou 3000 euros de revenus,
02:42 et que vous venez d'avoir un enfant, ce qui en général coûte un peu cher,
02:44 vous pouvez difficilement basculer avec uniquement 430 euros d'indemnisation.
02:48 Donc l'idée, c'est de dire qu'on crée un droit supplémentaire,
02:51 un droit nouveau pour les parents,
02:54 de manière à ce qu'après le congé maternité et paternité,
02:57 ils aient enfin un congé familial, qu'ils puissent prendre,
02:59 soit en même temps, le père, la mère ou les deux parents,
03:02 soit successivement, l'un après l'autre,
03:05 mais qu'ils soient beaucoup mieux indemnisés.
03:06 C'est-à-dire ? Pardon, il faut parler chiffres, à un moment donné.
03:10 Il faut parler chiffres, c'est pour ça qu'on a lancé des concertations
03:12 avec les organisations syndicales et patronales.
03:14 L'idée, c'est évidemment que ce soit proportionné au niveau de revenus
03:17 que vous aviez auparavant.
03:19 Parce que c'est comme ça que vous avez la possibilité...
03:21 Si par exemple, vous gagnez 2000 euros,
03:22 vous arrêtez vos parents.
03:22 Prenons un cas pratique.
03:23 Alors, c'est ça qu'on est en train de définir avec les organisations,
03:26 mais on ira bien au-delà des 430 euros
03:28 qui sont aujourd'hui le maximum,
03:30 quel que soit votre niveau de revenu.
03:32 Et surtout, l'idée, c'est vraiment que ce soit proportionné
03:34 à votre dernier salaire.
03:36 Et je crois que c'est important,
03:37 parce que si vous envisagez d'avoir un enfant,
03:39 la première question aujourd'hui que vous vous posez,
03:41 la première angoisse,
03:42 c'est comment je vais pouvoir faire garder mon enfant ?
03:44 Je me permets d'assister.
03:45 Est-ce que je vais avoir du temps auprès de mon enfant ?
03:47 Là, se dire qu'on va pouvoir avoir plusieurs mois auprès de son enfant,
03:50 qu'on soit le père, la mère, l'un des deux parents,
03:54 eh bien, je crois que c'est assez déterminant.
03:55 Proportionné, ça pourrait être quoi ?
03:56 La moitié d'un salaire ?
03:57 On est en train d'y réfléchir le mieux possible,
04:00 de manière, encore une fois, à ce que les familles,
04:02 notamment les classes moyennes,
04:03 ne renoncent pas à la possibilité,
04:05 parce que c'est un droit,
04:06 ce sera une liberté nouvelle qui leur sera accordée,
04:09 de passer du temps auprès de leurs jeunes enfants.
04:11 Que ce soit le père ou la mère, disiez-vous,
04:12 il y a 1% des pères qui prennent ce congé parental,
04:18 donc c'est plus que d'écrasantes majorités.
04:20 C'est aussi très lié à la question de l'égalité professionnelle,
04:22 quand vous continuez à avoir des écarts salariaux
04:24 entre les femmes et les hommes,
04:25 si le salaire le plus important reste celui du père,
04:28 eh bien, évidemment, la corrélation,
04:30 c'est que c'est plus difficile de vous arrêter
04:33 quand vous êtes le salaire le plus important.
04:34 Donc, c'est les deux sujets qu'on doit affronter de front.
04:36 C'est la question, évidemment, de l'égalité salariale professionnelle
04:40 entre les femmes et les hommes,
04:41 le fait qu'il faut sortir de cette logique
04:43 qui fait que quand vous êtes une femme et que vous avez un enfant,
04:45 vous avez une rupture très violente
04:48 dans votre progression en termes de carrière,
04:50 et faire en sorte aussi de mieux rémunérer,
04:52 de mieux indemniser ce nouveau congé familial.
04:54 Il y a aussi le sujet des familles monoparentales,
04:56 des familles recomposées, du rôle des beaux-parents,
04:58 tout ça c'est dans votre portefeuille.
05:00 Comment vous faites connaître cette politique ?
05:02 Aujourd'hui, vous êtes là pour en parler,
05:03 mais est-ce que tous les Français connaissent
05:06 les dispositifs que vous voulez proposer ?
05:08 Bon, aujourd'hui, il y a le congé familial.
05:10 Comment vous allez mieux faire connaître cette politique ?
05:12 Je crois surtout qu'aujourd'hui, il y a trop de dispositifs
05:14 et que les parents se sentent un peu paumés,
05:16 si on se dit les choses,
05:17 sur comment je peux être accompagnée, mieux soutenue
05:20 les mille premiers jours de la vie de mon enfant,
05:22 la question de l'adolescence,
05:23 la question des moments clés de la vie des familles.
05:26 C'est pour ça que moi, je veux engager un tour de France de la parentalité.
05:28 Un tour de France de la parentalité ?
05:29 Un tour de France de la parentalité,
05:31 aller dans les villes qui expérimentent des choses qui sont nouvelles.
05:34 Vesoul, ils sont extrêmement engagés sur la parentalité.
05:37 À Arras, ils ont développé des programmes
05:39 sur les mille premiers jours.
05:41 Au Havre, ils sont engagés sur les maternités précoces.
05:44 Donc l'idée, c'est d'aller partout
05:46 où, encore une fois, on a des villes qui innovent
05:48 et mettre autour de la table des magistrats,
05:50 des pédopsychiatres, les parents,
05:52 les associations familiales, les enseignants,
05:55 tous ceux qui finalement créent une alliance
05:57 autour de nos enfants et autour des parents.
05:59 Ce tour de France que vous nous révélez ce matin,
06:01 vous allez vous-même donc l'incarner ?
06:03 Vous allez vous rendre dans ces villes ?
06:05 Bien sûr, dès début décembre.
06:07 L'idée, c'est d'engager le maximum de débats possibles
06:10 de manière à ce qu'on identifie avec les parents
06:12 ce qui bloque aujourd'hui.
06:13 C'est une sorte de grand débat dont, parfois,
06:15 il n'est pas sorti de décisions toujours très concrètes.
06:17 Il est sorti des décisions concrètes.
06:18 Et l'idée, c'est encore une fois qu'on ait
06:20 non pas un empilement dispositif,
06:22 mais de la clarté dans ce qu'on met en œuvre
06:24 pour accompagner les parents.
06:25 L'idée, ce n'est pas encore une fois d'empiler
06:27 ou de créer des nouvelles choses.
06:28 C'est de regarder concrètement ce qui fonctionne
06:30 en mettant autour de la table les bons acteurs,
06:32 les acteurs qui, parfois, ne se parlent pas,
06:34 ces acteurs du monde de la justice, du monde éducatif,
06:36 des élus locaux, des pédopsychiatres,
06:38 de manière tout simplement à être plus présents,
06:41 parce que c'est aussi un enjeu de politique publique.
06:43 Vous l'avez dit, d'autres très beaux chantiers,
06:45 il y a 800 000 familles recomposées.
06:46 Ça pose, par exemple, la question du statut des beaux-parents
06:49 qui, parfois, les ont élevés depuis le tout commencement
06:52 de la vie de l'enfant, mais qui n'ont pas de lien avec eux,
06:54 qui ne peuvent pas faire de donations,
06:56 qui se posent la question de la succession.
06:57 Donc, ça, vous voulez le réformer ?
06:58 Évidemment.
06:58 Ministre des Solidarités et des Familles,
07:00 vous êtes concerné par tous les stades de la vie,
07:03 de son commencement jusqu'à sa fin.
07:06 La question de la fin de vie, elle est dans l'actualité,
07:08 puisque Emmanuel Macron a promis un projet de loi
07:11 avant la fin de l'année.
07:12 Est-ce que vous confirmez qu'il y aura une loi
07:14 qui sera proposée au Conseil des ministres
07:16 sur la fin de vie avant le 31 décembre ?
07:18 Il y a un engagement qui a été pris,
07:18 faire en sorte que dans ce mandat, surtout,
07:21 on puisse mieux réfléchir à comment on fait en sorte
07:23 d'accompagner cette fin de vie.
07:24 Ce qui n'est pas uniquement la question de l'aide active à mourir,
07:26 qui est comment on accompagne mieux sur les soins palliatifs.
07:29 Moi, ce qui me concerne,
07:30 c'est comment on accompagne aussi beaucoup mieux les familles.
07:32 Ce n'est pas uniquement la personne,
07:33 c'est aussi tout l'entourage, toute la famille,
07:35 qui doit être beaucoup mieux soutenue,
07:36 beaucoup mieux accompagnée.
07:37 Ce sont les principes, Madame Berger.
07:38 Est-ce que vous, par exemple, vous êtes favorable
07:40 à l'instauration du suicide assisté,
07:42 puisque c'est une des options qui est sur la table aujourd'hui,
07:45 à titre personnel ?
07:46 C'est un débat qu'on aura.
07:47 Vous êtes ministre des familles.
07:48 Au sein du gouvernement, moi, je vous le dis,
07:49 ma préoccupation et celle qui sera la mienne,
07:52 celle qui sera la mienne, très clairement,
07:54 c'est un qu'on ait un débat extrêmement respectueux.
07:57 Et notamment, j'y tiens à l'Assemblée nationale,
08:00 parce qu'on ne peut pas tomber dans la caricature
08:01 ou dans l'hystérie sur un sujet qui est aussi intime
08:04 et aussi sensible, de qu'on respecte du coup les opinions.
08:07 Et encore une fois, moi, je suis aussi la ministre
08:09 des personnes qui sont en situation de handicap,
08:11 des personnes qui sont les plus vulnérables.
08:12 Il faut qu'on soit très attentif à la manière avec laquelle
08:15 on accueille aussi toutes les fragilités dans notre société.
08:18 On en vient au sujet d'actualité le plus brûlant du moment,
08:21 la guerre entre Israël et le mouvement Hamas
08:23 et ses conséquences en France,
08:24 alors que les actes dirigés contre les symboles
08:27 et les personnes juives ont explosé.
08:29 Ces derniers jours, depuis le 7 octobre,
08:31 est-ce que vous serez présente à la marche
08:33 contre l'antisémitisme dimanche à Paris ?
08:35 Oui, bien sûr, j'y serai présente.
08:36 C'est pour moi une évidence.
08:38 Je pense que la question, ce n'est pas tellement
08:39 qui va être présent, mais pourquoi on y va
08:41 et pour qui on y va.
08:42 Un peu quand même.
08:43 Il y a un malaise, vous le voyez notamment,
08:44 autour de la présence du Rassemblement national.
08:46 Olivier Véran, votre collègue porte-parole du gouvernement,
08:49 a dit qu'il n'y était pas bienvenu, le RM,
08:51 et pourtant il sera là.
08:52 Moi, ce que je dis juste, c'est que je ne veux pas
08:54 que la présence de certains ou l'absence des autres
08:57 fasse qu'on parle plus de ça, que de pourquoi on va marcher,
09:01 de pourquoi on va manifester et de pour qui on le fait.
09:03 J'ai apporté ce portrait.
09:05 Ce portrait, c'est celui de Mia.
09:06 J'ai rencontré sa maman et son frère.
09:11 Le 7 octobre dernier, il y a 40 Français
09:15 qui ont été assassinés, qui ont été exécutés.
09:18 Et il y a encore 8 Français qui sont retenus en otage.
09:21 Je veux qu'on voit leur visage, je veux qu'on entende leur nom,
09:24 je veux qu'on entende leur famille, parce que la vie
09:26 de ces familles, elle s'est arrêtée le 7 octobre dernier.
09:29 Ce sont des gens qui ne dorment plus, qui ne vivent plus.
09:31 C'est une mère qui est angoissée tous les jours de se demander
09:33 ce qui se passe pour sa fille qui est retenue dans la bande de Gaza.
09:36 C'est pour cela qu'on doit aller manifester
09:38 et c'est pour cela qu'on doit être très nombreux dans la rue dimanche.
09:41 Il ne faut pas qu'il n'y ait que des politiques.
09:43 Il ne faut pas qu'il n'y ait, je le dis très clairement,
09:45 qu'il n'y ait que des Juifs qui viennent dimanche manifester.
09:47 Il faut que tous les Français se sentent concernés
09:49 par la question de l'antisémitisme
09:51 et de la montée de l'antisémitisme dans notre pays.
09:52 Mais est-ce que vous comprenez aussi les réticences,
09:54 notamment à la France Insoumise, de ceux qui disent que
09:57 si on va à cette manifestation, c'est qu'on soutient
10:00 un gouvernement israélien qui, aujourd'hui, bombarde la bande de Gaza
10:04 avec aussi des victimes civiles très importantes ?
10:06 La France Insoumise utilise tous les prétextes
10:08 pour ne pas marcher contre l'antisémitisme.
10:11 La France Insoumise, de manière évidente,
10:13 essaye de flatter des bas instincts
10:15 qui sont en train de se réveiller dans notre société.
10:17 Flatter l'antisémitisme, c'est dégueulasse.
10:20 Aujourd'hui, on a des concitoyens juifs dans notre pays
10:23 qui changent leur nom sur leur boîte aux lettres
10:25 et sur leurs interphones,
10:26 qui changent leur nom sur Uber ou sur Deliveroo
10:28 parce qu'ils ont peur.
10:29 Donc si on n'est pas tous en capacité de faire bloc,
10:32 de le dénoncer, de dénoncer de manière très claire
10:35 les actes terroristes du 7 octobre dernier
10:37 perpétrés par le Hamas,
10:38 où 1 400 personnes ont été exécutées, assassinées
10:42 et 40 Français, encore une fois, je le rappelle,
10:45 je crois que c'est important qu'on soit très nombreux dimanche.
10:48 Merci, Aurore Berger, ministre des Solidarités et des Familles, donc dans le gouvernement.