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Leur documentaire sur la première réalisatrice d’Hollywood sera diffusé dimanche 12 novembre sur OCS.

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00:00 Vos invités médias Céline Bahid Erkour sont deux sœurs documentaristes, réalisatrices et productrices.
00:05 Elles signent ensemble un film pour la plateforme OCS sur une pionnière du cinéma américain
00:10 que l'histoire a totalement oubliée.
00:11 Clara et Julia Kuperberg, bonjour à toutes les deux.
00:14 Bonjour.
00:15 Cette femme, alors que personnellement je ne connaissais pas, s'appelle Dorothy Arsner
00:18 et elle a une trajectoire absolument passionnante.
00:21 Première réalisatrice à Hollywood, la seule dans les années 30 et 40, lesbienne assumée,
00:25 ce qui était très rare à l'époque.
00:26 Comment se fait-il que cette femme si importante pour l'histoire du cinéma soit tombée aux
00:31 oubliettes et notamment aux Etats-Unis ?
00:32 Bonne question.
00:33 On peut dire ça de toutes les femmes pionnières réalisatrices à Hollywood, notamment dans
00:38 les années 20, 30, 40.
00:40 Elles ont créé Hollywood, elles ont inventé presque toute la technique là-bas aussi et
00:43 elles ont été complètement oubliées parce que les hommes sont arrivés dans les années
00:47 30 et les ont virés de tous leurs postes pour prendre le leur.
00:52 Et vous, comment vous l'avez découverte cette Dorothy Arsner ?
00:55 Nous on l'a découverte en 2015 quand on a fait un documentaire sur les pionnières
00:58 d'Hollywood justement, on a découvert cette histoire sortie d'une boîte de photos de
01:02 femmes qui dirigeait derrière la caméra, qui n'était pas devant.
01:05 Et parmi ces femmes, il y avait Dorothy Arsner qu'on n'avait jamais rencontrée dans notre
01:08 carrière, habillée en homme puisque cette femme avait comme petit truc de s'habiller
01:15 en homme, d'afficher son homosexualité à une époque où franchement ça ne se faisait
01:19 pas.
01:20 Alors elle a démarré dans les prestigieux studios de la Paramount, très vite elle témoigne
01:24 d'un grand talent en tant que monteuse d'abord, puis scénariste et réalisatrice.
01:28 Mais elle a dû se battre pour y arriver parce qu'à l'époque, vous le disiez un petit
01:30 peu, ce sont les hommes qui dirigeaient tout et notamment dans le cinéma.
01:33 Elle a commencé en bas de l'échelle, en tant que script, après monteuse, elle a eu
01:37 beaucoup de succès en tant que monteuse, elle a inventé plein de techniques d'ailleurs
01:40 de montage.
01:41 La perche par exemple ?
01:42 La perche de son c'est incroyable, elle a eu l'idée de prendre une canne à pêche
01:45 et un micro qu'elle a accroché au bout et c'est comme ça qu'est née la perche
01:49 en fait dans les cinémas qu'on utilise encore aujourd'hui.
01:51 Elle a aussi inséré des images d'archives, vous pouvez nous expliquer ce procédé ?
01:55 Oui, c'est pour un film avec Valentino en fait, où il était…
01:58 Rudolf Valentino.
01:59 Rudolf Valentino, star du muet, latin lover machin.
02:01 Et donc en fait, elle a sauvé le film en incorporant des images d'archives de corrida
02:07 parce que ça coûtait trop cher d'emmener tout le monde en Espagne et de tourner des
02:09 vrais corrida.
02:10 Et on y croit vraiment, c'est bien fait ?
02:11 C'est super bien fait.
02:12 Très bien fait.
02:13 Alors elle a fait 16 films qui ont tous un point commun, ce sont des histoires de femmes
02:19 qui sont contre le mariage, contre l'hétérosexualité.
02:22 Parlez-nous un peu de ces films.
02:23 En fait, sa spécificité, et c'est pour ça qu'on l'a aimé, c'est que généralement
02:26 les films à Hollywood s'arrêtent sur "il se marière et il y a eu beaucoup d'enfants",
02:30 elle continue l'histoire en fait.
02:31 Les films de Dorothy commencent "qu'est-ce qui se passe après il se marière et il y
02:35 a eu beaucoup d'enfants, est-ce que c'est vraiment le conte de fées ou pas ?"
02:38 Oui, généralement ça se passe mal.
02:39 Et ce sont des films qui ont eu du succès ?
02:41 Oui, beaucoup de succès.
02:42 C'est pour ça en fait qu'elle était indépendante et qu'elle avait du pouvoir, c'est que
02:45 ces films faisaient beaucoup d'entrées et rapportaient de l'argent.
02:47 Et comme elle aussi en avait d'une fortune familiale, elle avait cette liberté aussi
02:52 de dire oui et non aux patrons des studios qui étaient tous des hommes.
02:55 Et le plus célèbre de ces films, c'est lequel ?
02:57 C'est "Dance Girl Dance" peut-être.
02:59 Ça parle de quoi ?
03:00 Ça parle de deux danseuses, dont une qui est hyper sexualisée, qui est jouée par
03:04 Lucy Ball, qu'on connaît tous dans la série "I Love Lucy", et par Maureen O'Hara
03:09 qui fait une danseuse plus classique, plus prude, et qui a une tirade sur le féminisme
03:13 et le regard de l'homme, ce qu'on appellerait aujourd'hui le "male gaze" en fait, qui
03:16 est incroyable à la fin du film.
03:18 Cette Dorothée, c'est la mentor d'un grand cinéaste d'aujourd'hui que vous avez rencontré
03:24 pour le documentaire ?
03:25 Eh oui, tout à fait, Francis Ford Coppola, qui était son élève, parce qu'en fait
03:29 à la fin de sa vie, Dorothée a enseigné à UCLA, qui est une université de cinéma
03:32 à Los Angeles, et Coppola était son élève et il s'en souvient avec des trémolos dans
03:36 la voix et franchement elle lui a appris beaucoup de choses.
03:38 Il le raconte dans le documentaire, on a eu beaucoup de chance de l'avoir.
03:41 Alors puisque vous nous dites que cette femme Dorothée Arsner est complètement oubliée
03:45 à Hollywood, est-ce que vous espérez ou est-ce que vous l'avez peut-être déjà
03:48 vendue aux Américains votre film ?
03:50 Alors le film marche très bien aux Etats-Unis, voilà, tant mieux.
03:52 Donc ça y est, elle est connue ?
03:53 Oui, c'est un juste retour, on va dire qu'elle sort du tapis rouge là.
03:56 Il était temps.
03:57 Il était temps.
03:58 Alors vous êtes toutes les deux des spécialistes de l'âge d'or du cinéma hollywoodien, vous
04:03 avez fait une cinquantaine de documentaires et de films, vous aimez raconter Hollywood
04:06 mais surtout sa face sombre, notamment les inégalités hommes-femmes, le racisme.
04:11 Comment est née votre passion commune pour le cinéma américain de cette époque ?
04:14 Bah vas-y, on est soeurs Lucas.
04:16 On est soeurs, on est tombés dans la marmite, on avait un père passionné de cinéma, qui
04:20 a été producteur de cinéma et puis voilà, on a été élevés, biberonnés au cinéma
04:24 américain.
04:25 Et on n'a pas le droit de pas aimer, on était des hérités sinon.
04:29 Et travailler ensemble c'était une évidence ? Parce que c'est pas facile de travailler
04:32 en famille.
04:33 Alors non, au début non, surtout qu'on n'était pas du tout proches en tant que soeurs avant
04:36 de travailler ensemble.
04:37 Et en fait on a appris à se supporter au fil des années, personne n'a tué l'autre
04:40 encore pour l'instant.
04:41 Moi j'aurais dit à s'aimer mais bon, voyez la différence.
04:43 Comment vous répartissez les rôles ?
04:46 On fait tout à quatre mains.
04:48 On est souvent disons qu'on est un monstre à deux têtes mais on fait tout à quatre
04:51 mains, on a les mêmes idées, on a la même vision à chaque fois du film.
04:54 Il y a rarement de, comment dire ça gentiment, de menaces.
04:59 Divergence.
05:00 Il n'y en a pas une qui préfère aller chercher dans les archives ?
05:02 C'est une claraïde très forte pour les archives, ouais.
05:04 Julia est très douée en montage, en musique.
05:07 Donc voilà.
05:08 Vous complétez très bien.
05:09 On se complète.
05:10 Vous avez préparé une fiction, une série sur les pionnières d'Hollywood, c'est ça ?
05:13 Oui, on est en train de vendre ça aux Etats-Unis.
05:15 Ça fait longtemps qu'on essaie de la vendre et là ça commence à prendre forme.
05:18 Mais voilà, tout à fait, c'est une série.
05:19 Enfin on va montrer ces femmes et puis leur histoire personnelle.
05:21 Ce qu'on ne peut pas traiter généralement dans le documentaire, on n'a pas le temps.
05:24 Là ça va être leur vie personnelle, leur mariage, comment ça se passait.
05:27 Et donc il y aura Dorothée Harsner dedans ?
05:28 Bien sûr, oui.
05:29 Donc chacun de vos documentaires que vous faites depuis une dizaine d'années vont alimenter
05:33 votre série ?
05:34 Exactement.
05:35 Oui, c'est ça.
05:36 Enfin ils convergent.
05:37 Oui, c'est ça.
05:38 Merci infiniment à toutes les deux.
05:40 Merci à vous.
05:41 Et à Julia Kuperberg d'être venue.
05:42 Merci.
05:43 Et votre documentaire Dorothée Harsner, une pionnière à Hollywood, sera diffusé dimanche
05:48 à 22h40 sur OCS.
05:50 Merci beaucoup, Céline Baïdarkour.

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