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00:00 Et votre invité média Céline Bayle d'Arcourt est le directeur des programmes jeunesse de France Télé.
00:04 Les chaînes publiques promettent de tripler leurs investissements dans les programmes à destination des jeunes.
00:08 Bonjour Pierre Siracusa. Le budget jeunesse va effectivement passer de 80 à 240 millions d'euros d'ici 5 ans.
00:17 Comment trouvez-vous autant d'argent alors que le budget alloué par l'État à France Télé ne va augmenter que de 5% en 2024 ?
00:24 Quel secteur va faire les frais de votre nouvelle offre jeunesse ?
00:28 Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à cette question.
00:32 Comment on peut tripler un budget en 5 ans ?
00:36 En priorisant ses cibles.
00:38 Je crois que le vrai sujet est de constater que le public de la télévision traditionnelle a vieilli
00:48 et que France Télévision se devait de réfléchir à une manière d'adresser ces publics-là qui sont, on le voit nous,
01:00 dès l'apparition du smartphone dans la vie de nos chers enfants.
01:05 Il y a une espèce de désintérêt pour cet objet qui pourrait être perçu comme un objet de vieux.
01:13 Donc le sujet est de réfléchir à l'apparition de nouveaux tuyaux, de nouveaux écrans, de nouveaux moyens de les adresser.
01:27 Et paradoxalement, la possibilité vraisemblable de considérer que la bonne vieille télé peut être aussi un outil pour les intéressés.
01:37 On le voit sur les grands événements sportifs notamment et on sait qu'il y en a un très important qui va arriver l'année prochaine.
01:45 Les Jeux Olympiques de Paris ?
01:47 Merci, c'est ça.
01:49 Et sur lequel on a évidemment l'intention de capitaliser.
01:51 Mais ce qu'on veut, et c'est le sens de l'investissement triplé, c'est construire des nouveaux moyens de leur adresser des programmes.
02:05 De quelle manière, Pierre Siracusa ? En allant vous-même sur vos plateformes ou alors vous misez encore sur le linéaire pour la génération, pour ceux qui ont 15, 25, 30 ans ?
02:17 Est-ce que vous pensez qu'ils vont un jour venir à la télévision, ces jeunes-là ?
02:21 Je suis un peu une exception. Moi je suis convaincu de ça.
02:25 Je viens de la petite jeunesse qui a été longtemps la principale cible qualifiée de jeunesse, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas de portable justement.
02:35 Mais qui commencent eux aussi à avoir une vraie appétence pour ces objets numériques.
02:41 Et vous êtes, je crois, consciente du débat qu'il y a eu sur la survie de France 4 et la question de "est-ce que les enfants ont besoin d'une chaîne de télé quand on les voit de plus en plus consommés sur des tablettes et des choses comme ça ?"
02:58 France 4 qui a été sauvée par le Covid, le confinement.
03:01 Qui a été sauvée par plein de raisons, mais de notre point de vue, par la conviction que le principe du "à la demande" n'est pas totalement adapté à ces populations-là.
03:13 Si on transpose le modèle à la consommation alimentaire, je pense que n'importe quel parent ne prendra pas ce risque de se dire "je t'offre Open Bar sur des livres rouges et tu vas consommer ce que tu veux".
03:29 Je pense que l'association est peut-être un peu hasardeuse, mais sur du contenu audiovisuel et donc culturel, le sujet se pose aussi.
03:39 Et on a vu apparaître, par rapport à l'invasion des plateformes et à leur grande condescendance vis-à-vis des acteurs traditionnels, un nouveau sujet depuis deux ou trois ans,
03:52 où Netflix, Amazon et Disney venaient nous demander de la linéarité.
03:57 C'est-à-dire que les plateformes n'ont pas réussi à créer de nouvelles créations à destination des enfants.
04:04 Elles sont imbattables sur leur capacité à offrir du "bitch-watching", sur les grandes propriétés, les grandes stars de la jeunesse.
04:15 Pas de patrouille, pas de pig et qu'on sort.
04:19 Mais quand elles essaient de lancer un nouvel objet, elles n'y arrivent pas.
04:24 Elles ont besoin de linéarité.
04:26 C'est-à-dire qu'on se rend compte qu'il y a chez les tout-petits, mais chez les un peu moins petits aussi, un conservatisme qui fait qu'on va vers des plateformes pour retrouver ce qu'on connaît déjà.
04:37 Alors vous, justement, à France Télévisions, vous proposez des nouvelles choses, notamment cette émission sur Hoku et bientôt sur France 4 à partir de samedi.
04:45 C'est au top, présentée par l'athlète en e-sport qu'on connaît bien ici à France Info, Théo Curin.
04:49 Il s'agit d'une émission de témoignages.
04:51 Chaque numéro est un portrait d'un enfant ou d'un pré-ado qui se confie sur ses problèmes, éventuellement son mal-être.
04:56 Une psychologue vient lui donner des conseils.
04:59 Ça, j'aime beaucoup parce que pour la première fois, on écoute les enfants.
05:04 On leur montre qu'ils comptent. On s'intéresse vraiment à eux.
05:06 C'est la réflexion que vous vous êtes faite, vous aussi à France Télévisions, en montant ce projet ?
05:11 Ça relève à peu près de la même démarche. C'est de se dire que, finalement, la bonne vieille télé a cette capacité de créer et de renforcer et de développer un lien étroit avec le public.
05:30 Avant de lancer Théo Top, on a fait ce pari assez étrange parce que c'était des émissions qui n'existaient plus depuis le début des années 2000.
05:40 C'est de faire une émission d'accueil.
05:44 Au coucou ?
05:45 Au coucou, c'est ça.
05:46 Tu as fait le Club Dorothée version 2023.
05:48 C'est ça. Nous, on préfère la référence à Recréa2, mais en gros, ce sont des animateurs qui…
05:53 Et voilà.
05:54 Oui, parce que c'était TF1, le Club Dorothée.
05:57 C'était TF1.
05:59 Et l'idée, c'est d'encadrer les programmes, justement.
06:04 Et de les incarner, aussi.
06:06 De les incarner et de renforcer cette éditorialisation des programmes, c'est-à-dire cette recommandation.
06:12 Ce n'est pas de l'autopromo, mais c'est juste de se dire que la télévision, c'est du rendez-vous, d'abord, un truc qu'on vient chercher parce qu'on le connaît.
06:21 Mais c'est une locomotive qui sert à tirer des petits wagons qui sont des nouveautés.
06:26 Et ça, rien de mieux que des animateurs amis pour le faire.
06:32 Et aussi, je voudrais quand même… parce qu'il y a eu le temps fil Pierre Siracusa, juste pour avancer.
06:37 Je sais que vous avez encore beaucoup de choses à dire, mais sinon, on ne va pas parler, par exemple, de C'est quoi l'info ?
06:41 Le JT que vous avez lancé à la rentrée.
06:43 Alors ça, c'est pour les 12-18 ans sur les réseaux sociaux et sur France Info Télé, Canal 27 de la TNT.
06:48 Quel bilan après un mois et demi ?
06:50 Ah, le bilan, il est… d'abord, il est un peu tôt pour le faire.
06:53 Parce que c'est là aussi un sujet nouveau qui doit évoluer avec le temps.
07:02 Mais le premier bilan, il est l'extrême satisfaction du ton qu'on a réussi à mettre en place, de l'adéquation.
07:08 Et c'est ça, le grand sujet de France Télévisions.
07:12 C'est de travailler à adapter ces programmes en fonction des publics auxquels on les adresse.
07:19 On ne parle pas d'actualité de la même manière à des adolescents qui, pour la plupart, n'ont pas les références qu'on peut avoir dans les JT classiques.
07:29 L'idée, c'est de peaufiner l'objet et de le faire perdurer.
07:37 Je reviens sur Théo Top parce que…
07:39 Très, très rapidement, il reste peu de temps.
07:41 L'émission d'accueil est une émission de grand public qui veut parler à tous les publics.
07:46 Ce que Théo nous a proposé avec sa manière toute personnelle d'envisager le sujet, c'est d'aller vers une parole intime.
07:55 D'aller accueillir des enfants qui viennent parler de leurs petits problèmes qui sont des grands problèmes à l'enfance.
08:03 Et on a la conviction que c'est un objet salutaire pour une enfance qui, bien souvent, n'a pas du tout ce type d'offre.
08:13 On signale que jeudi 9, toutes les plateformes de France Télévisions et les chaînes de France Télévisions se mobilisent pour, à l'occasion de la journée consacrée au harcèlement scolaire.
08:22 Merci d'être venu Pierre Siracusa.
08:23 Directeur des programmes jeunesse de France Télévisions. Merci beaucoup Céline.