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00:00 Il y a un besoin fondamental pour rentrer dans un processus de guérison,
00:03 d'avoir le courage de raconter l'histoire qui a été destructrice.
00:07 Ma mère m'a laissé une énigme.
00:16 L'histoire de notre relation.
00:18 Vous êtes en train de faire exactement ce qu'elle avait déjà fait ?
00:24 Enquêter sur votre mère ?
00:26 Ça s'appelle "Little Girl Blue", c'est réalisé par Mona Achach.
00:29 Et c'est un film sur sa maman, qui s'appelait Caro Lachach,
00:35 qui s'est suicidée en 2016.
00:39 Et en fait, Mona a voulu lui offrir un film
00:43 pour essayer de comprendre pourquoi elle s'était ôtée la vie.
00:48 Quand on s'est rencontré la première fois, on a parlé de nos enfants.
00:58 On est maman toutes les deux.
00:59 On vient de lignées traumatiques, comme à peu près toutes les lignées,
01:03 depuis que l'humanité existe.
01:05 Aucune lignée n'est épargnée de la douleur.
01:08 Et ça résonnait donc dans ma lignée à moi, de mon histoire personnelle.
01:13 Et j'avais envie de participer à ce chemin de guérison
01:18 et à regarder en face ce qui nous empêche d'être libre.
01:21 Ça c'est son jean.
01:27 Elle mettait tout le temps ce collier.
01:30 Il y a un besoin fondamental pour rentrer dans un processus de guérison,
01:34 d'avoir le courage de raconter l'histoire qui a été destructrice.
01:37 Donc Caro Lachach s'est suicidée en 2016, juste avant la révolution #MeToo.
01:42 Et une de ses plus grandes souffrances, c'était qu'on ne reconnaisse pas sa douleur.
01:48 Ça ferme la porte à toute forme de consolation.
01:53 Et je trouve que ce film est magnifique parce qu'il rend un hommage magnifique à cette femme.
01:59 Et il rend une justice quelque part.
02:01 Évidemment, la place de l'homme est très importante
02:04 dans ce qu'elle a eu de destructeur, mais aussi de constructeur.
02:10 Constructif, pardon.
02:11 Il y a une nécessité, je pense, à un moment de regarder la déviance de ces hommes.
02:17 Et de la condamner, évidemment.
02:20 Mais aussi de considérer que ces hommes ont quelque part besoin d'aide
02:25 pour prendre conscience d'à quel point ils sont destructeurs.
02:31 J'ai connu Genet qui a profondément marqué ma vie.
02:35 J'ai connu Marguerite Duras. C'était une très, très grande époque.
02:38 Là, j'incarne la mère de Mona Hachach. Et Mona Hachach est aussi dans le film.
02:43 Il y a tout un côté assez troublant à faire revivre quelqu'un,
02:47 et particulièrement une mère, face à son enfant.
02:51 Donc il y avait des parties de moi qui avaient envie de protéger Mona
02:54 de cette réapparition quelque part.
02:57 Et en même temps, j'avais aussi envie qu'elle y croit.
03:01 C'est quand même un personnage incroyable, ma mère.
03:06 Il y a des œuvres qui font résonner une histoire
03:09 et qui font peut-être prendre conscience.
03:12 Mais en tout cas, ça peut donner la force, ça peut donner l'énergie de se dire
03:16 peut-être que moi aussi je peux faire face à mon histoire.
03:19 [Musique]