Le montpelliérain Laurent Ballesta élu pour la 2ème fois meilleur photographe animalier de l'année

  • l’année dernière
Une nouvelle distinction pour le plongeur et photographe naturaliste montpelliérain Laurent Ballesta.
Il vient de recevoir une nouvelle fois de la part du Museum d'Histoire Naturelle de Londres le titre de meilleur photographe animalier de l'année.
C'est la seconde fois qu'il remporte cette distinction.
Près de 50.000 candidats, de 95 pays différents.
Laurent Ballesta a notamment été récompensé pour une magnifique photo d'une limule d'Asie du sud-est. Un poisson doré qui ressemble à une raie un peu bombée.
Un cliché incroyable, sur lequel on est revenu avec lui ainsi que sur son nouveau documentaire, en cours de montage.
Transcript
00:00 Pour commencer cette journée, cette semaine, nous sommes lundi aujourd'hui, il est 8h10,
00:03 vous nous regardez peut-être aussi sur France 3 Occitanie,
00:06 et une nouvelle distinction pour le plongeur et photographe naturaliste,
00:09 mais on peut lire, Laurent Balesta et notre invité Guillaume.
00:12 - Oui, et si vous ne nous regardez pas ce matin sur France 3, je vous conseille de le faire,
00:15 parce qu'on va voir des images absolument magnifiques.
00:17 Bon, si ce n'est pas possible, vous aurez le replay en vidéo de toute manière,
00:20 et vous pourrez voir notamment cette incroyable photo de cette limule prise par Laurent Balesta.
00:26 Bonjour Laurent d'abord. - Bonjour.
00:27 - Merci d'être venu nous rejoindre. - Merci de m'inviter.
00:29 - Une photo qui vous a valu de recevoir pour la deuxième fois, je crois,
00:33 le prix du photographe de l'année de la part du très prestigieux
00:38 Muséum d'Histoire Naturelle de Londres, meilleur photographe animalier de l'année.
00:42 - Oui, oui, ben ouais... - Jamais 203 comme on dit, hein !
00:45 - Ça va être compliqué, c'était pas arrivé en 50 ans, donc...
00:49 Mais non, j'étais très fier, très ému,
00:53 surtout que c'était rendre hommage à ces petites parties de la biodiversité
00:57 qui sont souvent cachées juste sous des chiffres.
01:01 Voilà, c'est pas la photo d'une baleine à bosse,
01:03 c'est pas la photo d'un grand requin blanc, ou d'un lion,
01:07 enfin voilà, c'est la limule, des animaux qui arrivent d'une autre époque,
01:11 qui sont en danger d'extinction et dont tout le monde se moque.
01:15 Avec un paradoxe énorme autour de cette créature,
01:17 c'est que à la fois elle n'a pas évolué depuis 100 millions d'années,
01:20 elle paraît primitive comme ça,
01:22 et aujourd'hui elle est indispensable à la survie de l'être humain,
01:26 parce que sans la limule, sans l'hémoglobine un peu particulière,
01:30 le sang bleu de la limule,
01:32 il n'y a pas un seul vaccin qui sort en service, dans le monde entier.
01:37 C'est-à-dire qu'il n'y a qu'une enzyme présente dans le sang de la limule
01:41 qui permet de tester la stérilité d'un vaccin,
01:45 de risque de contaminer quelqu'un.
01:46 - C'est un peu inquiétant ce que vous dites, Laurent,
01:48 on s'est dit que cet animal peut être en danger, justement...
01:49 - Il est en danger, puisqu'un demi-million de limules
01:53 sont pêchées chaque année pour cette raison.
01:56 Alors d'un côté, moi le premier,
01:57 je ne veux pas renoncer au vaccin pour moi et mes enfants, bien entendu,
02:01 mais en même temps cette espèce est en danger à cause de ça.
02:04 C'est tout le paradoxe, moi je trouve, émouvant d'une créature
02:08 qui nous vient de la nuit des temps,
02:09 qui peut paraître complètement désuète, hors-jeu,
02:13 et qui est indispensable aujourd'hui.
02:15 - Alors pour ceux qui ne nous regardent pas sur France 3,
02:17 mais qui nous écoutent ce matin,
02:18 on va essayer de la décrire un peu,
02:19 cette photo ça va être un peu compliqué, mais on va essayer.
02:22 C'est un poisson qu'on n'a jamais vu.
02:23 - Ce n'est pas un poisson, c'est un arthropode,
02:26 c'est-à-dire que ce n'est même pas un crustacé,
02:28 c'est un arthropode marin,
02:29 il est plus proche d'un millepâtre, d'un scorpion,
02:33 mais qui vivrait au fond de la mer.
02:35 Il est énorme, il fait 40 cm de diamètre.
02:38 - Il est tout doré.
02:39 - Oui, alors ça c'est la chance que j'ai eue, phénoménale,
02:42 c'est-à-dire qu'on est tombé sur une énorme limule qui venait de muer.
02:47 Donc sa carapace elle est toute fraîche,
02:48 il a beau être très gros et donc très vieux,
02:51 pour autant il est tout neuf.
02:54 Et donc sa carapace paraît métallique, paraît doré comme ça.
02:57 - On dirait un peu un bombardier furtif américain.
02:59 - Mais oui, dans pas mal de choses que j'ai écrites à son sujet,
03:03 je les comparais finalement pas tellement à un être vivant,
03:07 mais à une machine vivante.
03:09 Une cuirasse, des yeux sur des périscopes,
03:12 des armes de dissuasion à l'avant,
03:14 et puis il marche comme un chenillard.
03:18 Alors oui, il y a quelque chose d'assez irréel.
03:23 Il y a un gamin qui regardait une expo récemment
03:27 où la photo était présente,
03:30 et me disait "mais ça c'est comme dans Avatar".
03:33 Alors moi j'étais comblé,
03:36 pour lui c'était de la science-fiction ce qu'il regardait sur cette photo.
03:38 - Ce qui est incroyable aussi dans votre cliché,
03:39 ce sont ces trois petits poissons juste au-dessus qui suivent la limule.
03:44 - Alors quand on est un peu naturaliste,
03:46 la simple présence de ces trois poissons
03:49 trahit que cet animal est de grande taille,
03:52 et qu'il fait partie des plus grandes dans la région.
03:55 Parce que ces petits poissons,
03:56 c'est des carangue-pilotes dorés, des juvéniles,
03:59 ils sont tout petits mais ce sera des poissons très grands plus tard,
04:01 n'accompagnent en général que les super-prédateurs.
04:05 On peut les voir comme ça nager devant la bouche d'un mérou géant,
04:09 ou d'un requin, ce genre d'animaux.
04:11 Et le voir là avec cette limule,
04:13 c'est aussi indirectement la preuve que la région a été dévastée.
04:17 On est aux Philippines,
04:18 on a des années de surpêche et de pollution.
04:21 - Expliquez-nous un peu l'histoire de cette photo,
04:23 comment vous êtes tombé nez à nez avec cette limule ?
04:25 Et vous étiez pas là pour ça ?
04:26 - Non, on n'était pas du tout là pour ça.
04:28 - On est au sud des Philippines ?
04:30 - Non, au nord-ouest des Philippines,
04:34 sur une petite île privée qui s'appelle Pangatalan,
04:37 propriété d'un couple de Marseillais plutôt atypiques.
04:40 - C'est une histoire incroyable,
04:41 un couple de Marseillais qui a racheté une île,
04:43 - Oui, qui en ont eu les moyens,
04:45 et la possibilité administrative,
04:47 ce qui n'est pas simple du tout aux Philippines.
04:50 Mais ils se sont associés,
04:51 enfin bref, en tout cas, ils se sont rendus propriétaires de ça,
04:53 et ils se sont mis en tête d'abord, évidemment, de la retaper,
04:58 parce que l'île avait été saccagée par du déboisement,
05:01 par le tour de l'île, par de la surpêche,
05:04 de la pollution à outrance depuis des décennies.
05:07 Et au début, peut-être pour leur propre plaisir à eux,
05:10 c'était peut-être un peu égocentrique, ils ont commencé.
05:13 Et en fait, ils se sont pris au jeu de la restauration écologique,
05:15 ils ont planté 70 000 arbres,
05:17 - C'est pas pour faire du tourisme et des chambres d'hôtes,
05:20 - Ben non, puisque ça reste privé,
05:23 et au-delà de ça, aujourd'hui,
05:25 ils ont replanté aussi la mangrove qui est autour de l'île,
05:28 ils se sont mis en tête aussi de restaurer le récif corallien qu'il y avait autour,
05:32 et tout faisait que les incités allaient plus loin,
05:36 et aujourd'hui, ils sont à l'origine de la création de trois aires marines protégées d'Etat,
05:41 autour de leur île privée,
05:44 et c'est parce que ce travail de restauration écologique a pris de l'ampleur,
05:48 à travers un jeune étudiant, qui était étudiant chez nous à Carnon,
05:53 mais qui, après, a volé de ses propres ailes,
05:56 et s'est retrouvé responsable scientifique de cette île,
05:59 et un jour, on a reçu un coup de fil de cet ancien étudiant à nous,
06:02 qui nous disait "Cette fois-ci, c'est moi qui vous embauche",
06:05 et on a débarqué là-bas, mais pour faire un travail vraiment d'expertise,
06:08 de cartographie, de ce genre.
06:10 - Vous avez des images de cette aventure, de l'île de Pangatalan ?
06:12 Ça donnera peut-être d'ailleurs un film ?
06:13 - Oui, le succès de cette photo a créé pas mal d'enthousiasme autour de nous,
06:20 et du coup, on va repartir en 2024,
06:24 raconter à la fois l'histoire naturelle incroyable de cette créature improbable,
06:28 mais aussi le parcours,
06:31 je veux dire, qui est à contre-courant, malheureusement, de ce qui se passe dans le milieu naturel,
06:37 et raconter aussi l'histoire de cette île et de ce couple qui a restauré cette île.
06:41 - Alors, il nous reste un petit peu de temps,
06:42 je voudrais qu'on parle du nouveau film en préparation dont vous êtes en train de terminer le montage,
06:46 Laurent, alors chacun se souvient de votre aventure il y a 3 ans, 28 jours,
06:51 dans un caisson dans les profondeurs au large de la Méditerranée,
06:55 c'est "Planète Méditerranée", donc votre dernier film,
06:57 là vous préparez un autre film sur aussi un véritable mystère de la nature.
07:01 - Ah oui, oui, des anneaux qui ont été découverts il y a une quinzaine d'années,
07:05 et imaginez une vallée de sable blanc, par 120 mètres de profondeur,
07:10 et là sur ce sable blanc, des cercles dessinés, parfaitement circulaires,
07:15 - Comme si on les avait dessinés avec un comptoir.
07:16 - Ah mais oui, oui, ça paraît totalement surnaturel, en tout cas ça paraît pas naturel,
07:20 ces cercles font 20 mètres de diamètre, et il y en a 1417.
07:25 Et jusqu'à encore récemment, on n'avait aucune idée de leur origine,
07:32 on ne comprenait pas leur histoire,
07:33 et on s'est lancé là-dessus il y a maintenant 4 ans,
07:36 on a un peu surestimé notre expertise,
07:40 persuadé qu'on allait comprendre ça en une mission,
07:43 et en fait il a fallu 4 missions,
07:45 et la toute dernière, alors on est retourné avec la station Bastiale,
07:49 on a refait un séjour de 20 jours au fond,
07:53 mais ça n'a pas suffi, et puis par exemple,
07:55 là la dernière mission, au mois d'août dernier,
07:58 nous étions sur place avec deux petits sous-marins,
08:00 qui m'ont permis, ce n'était pas tant de ne pas plonger,
08:04 j'ai toujours à cœur de plonger,
08:05 mais c'était surtout pour pouvoir amener au fond des gens
08:07 qui ne peuvent pas faire ces plongées profondes,
08:10 parce qu'il fallait des spécialistes dans des domaines qui ne dépassent
08:13 la géophysique, la paléoclimatologie...
08:15 - Est-ce qu'on a l'explication ?
08:16 - Ben oui, on commence bien à l'avoir,
08:18 mais forcément je vais attendre que le film sorte.
08:21 - On attend que le film sorte, on ne le dit pas.
08:23 C'était longtemps un grand mystère, ça l'est un peu moins aujourd'hui ?
08:26 - Ah oui, ça l'est beaucoup moins, même s'il y a encore des parts d'ombre,
08:29 et que j'espère qu'on va percer avec les dernières analyses de données
08:32 qu'on a réussi à récupérer au cours de cette dernière mission.
08:36 - Et ce film, on pourra le voir quand, Laurent Balestin ?
08:38 - Je pense que le film sera fini avant le printemps,
08:42 et après il sera diffusé sur Arte, et ça je ne peux pas vous dire quand encore.
08:48 - Le dernier film qu'on a vu, vous concernant sur Arte,
08:50 c'est Planète Méditerranée, on peut le retrouver très facilement
08:52 je crois sur Youtube ou sur les...
08:54 - Entre temps, il y a eu un film qui nous tient vraiment à cœur,
08:57 qui est moins ambitieux que Planète Méditerranée, avec moins de moyens,
09:01 mais où on est allé aider des vulcanologues italiens
09:04 sur des phénomènes volcaniques sous-marins,
09:07 autour des îles éoliennes en Sicile.
09:09 On a fait ça en plein Covid, avec toutes les autorisations,
09:12 et on était des privilégiés.
09:16 Rendez-vous compte, on est parti d'ici jusqu'en Sicile avec notre bateau,
09:19 on n'a pas croisé un bateau.
09:21 On est passé par les îles de Capri,
09:22 qui sont sans doute les îles les plus visitées au monde,
09:25 il n'y avait pas un bateau.
09:26 - Parce que Covid.
09:27 - Oui, et donc on a été très privilégiés,
09:29 et ce film est aussi disponible sur Arte,
09:33 ça s'appelle "La face cachée des volcans méditerranéens".
09:37 - Vous n'arrêtez jamais quoi ?
09:38 - Bah si, si, regardez là, je suis là, c'est que je me suis arrêté.
09:44 - En tout cas, c'était un plaisir de vous recevoir ce matin.
09:46 - Merci à vous.
09:47 - Et bravo pour ce prix du meilleur photographe animalier de l'année,
09:50 cette limule dorée absolument incroyable,
09:52 si vous n'avez pas pu voir l'image,
09:53 vous allez sur n'importe quel moteur de recherche,
09:55 vous tapez Laurent Balestat Limule et vous tomberez sur la photo.
09:58 Merci Laurent.
09:59 - Merci à vous.
10:00 - A retrouver sur francebleu.fr,
10:02 tous nos invités, vous pouvez les réécouter lorsque vous en avez envie.
10:04 Les 8h20, je peux déjà vous dire que dans quelques instants,
10:06 nous allons repartir dans les années 60 avec Léopoldine Dufour
10:10 lors de la réalisation de la station touristique de la Grande Motte.
10:13 Direction la Grande Motte après Daniel Balavoine
10:15 et la Ziza dans le 6/9 de France Bleu Héros,

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