Perla Danan, président du CRIF en Languedoc Roussillon, au lendemain des marches contre l'antisémitisme

  • l’année dernière
105.000 personnes à Paris, et près de 200.000 partout en France. Des rassemblements dénoncant l'antisémitisme ont eu lieu partout dans le pays ce dimanche. Y compris à Montpellier (1800 personnes).
Depuis le début de la guerre entre Israël et le hamas, plus de 1200 actes antisemites ont été recensés en France selon le ministère de l'interieur, contre 430 sur l'ensemble de l'année 2022.
On revient sur ces rassemblements et ces actes antisémites ce matin avec Perla Danan, la présidente du CRIF en Languedoc Roussillon (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France).
Transcript
00:00 Une question ce matin, marche et rassemblement contre l'antisémitisme,
00:03 étaient-ce aux élus de les organiser ? On en parle depuis ce matin dans les infos.
00:08 Vous en pensez quoi ? Vous pouvez bien sûr réagir au 04-67-58-6000,
00:11 c'est la question qu'on vous a posée aussi sur les réseaux sociaux, sur l'appli France Bleu ici.
00:16 Au niveau des résultats, Guillaume ?
00:17 La tendance n'a pas changé, vous êtes toujours 65, 64% exactement à dire non,
00:22 c'était pas aux élus de les organiser et donc évidemment 36% à dire le contraire.
00:27 On va y revenir avec un premier appel dans un instant.
00:29 La présidente du CRIF Languedoc-Roussillon, Perla Danan,
00:32 au lendemain de la marche et des rassemblements contre l'antisémitisme,
00:34 elle était à celui de Montpellier Place de la Comédie,
00:36 elle est avec nous ce matin dans le studio de France Bleu, héros Guillaume.
00:38 Bonjour Perla Danan.
00:40 Bonjour.
00:40 On vous avait reçu déjà il y a un mois, c'était une semaine après l'attaque du Hamas contre Israël,
00:44 il y avait déjà eu un premier rassemblement à Montpellier,
00:46 un autre hier, à peu près 2000 personnes,
00:49 alors on a donné les chiffres, 100 000 à Paris, 200 000 dans toute la France,
00:53 ces rassemblements sont à la hauteur de ce que vous en espériez
00:56 au conseil représentatif des institutions juives de France ?
00:59 Écoutez, c'est porteur d'espoir, oui.
01:01 Oui, parce que nous avions une crainte, c'était qu'il y ait peu de monde
01:06 et qu'il n'y ait que les membres de la communauté juive de France.
01:09 Ce qui n'était absolument pas le cas.
01:12 Il y avait ici tous les cultes, un peu plus de 2000 personnes,
01:15 tous les corps constitués bien sûr,
01:18 et également des corps intermédiaires,
01:22 comme les avocats qui sont venus en robe,
01:24 comme l'Institut des droits de l'Homme,
01:26 comme le président de l'Université de Montpellier,
01:29 un symbole fort vis-à-vis des jeunes.
01:33 Et donc je pense que nous sommes rassurés.
01:37 Voilà, plus exactement le mot c'est rassuré.
01:40 Alors rassurés par rapport à quoi exactement, Perla Danan ?
01:43 Rassurés par rapport à une incompréhension
01:46 quant à l'aspect critique de cette situation,
01:51 de la montée de l'antisémitisme,
01:54 des signalements sur Pharoes qui sont incessants.
01:57 Alors 1250 actes antisémites recensés depuis le 7 octobre en France.
02:03 Selon le ministère de l'Intérieur.
02:04 On est à trois fois plus par rapport aux deux dernières années,
02:08 donc c'est énorme.
02:09 Et ça a commencé, je veux le dire, avant la riposte à Gaza.
02:15 Ça veut dire que ça a commencé dès le pogrom du 7 octobre.
02:19 C'est ce que vous nous aviez dit à ce micro il y a un mois, effectivement.
02:21 C'est impressionnant.
02:22 Il y a quelque chose de l'ordre de la libération de l'acte et de la parole,
02:26 de quelque chose de larvé qui s'est exprimé.
02:29 C'est pour ça que nous sommes rassurés par rapport à ce mouvement citoyen,
02:33 spontané.
02:35 Beaucoup de gens nous ont appelés pour nous dire
02:36 "mais il n'y a rien à Montpellier".
02:38 Spontané à Montpellier ?
02:39 Oui.
02:39 C'est important, je précise, je fais la distinction entre Montpellier
02:42 et le Rassemblement National,
02:43 parce que le Rassemblement National était à l'initiative des deux présidents des chambres,
02:46 Sénat et Assemblée.
02:47 À Montpellier c'est différent ?
02:48 Oui, à Montpellier il y a eu deux temps.
02:51 Il y a eu effectivement un premier projet avec le CRIF,
02:56 parce que les gens nous appelaient en disant
02:59 "mais qu'est-ce que vous faites ?
03:00 Il n'y a rien d'organisé."
03:01 Des gens qui ne sont pas dans la communauté
03:04 et qui avaient besoin de dire quelque chose et d'être ensemble.
03:07 Et très rapidement, le maire de Montpellier,
03:11 Michael Lafosse, a annulé son départ à Paris
03:14 pour que ça se fasse sur le territoire.
03:16 Et du coup l'Association des maires de France a repris le lien.
03:20 Nous nous sommes mis en soutien.
03:22 Et c'était comme ça que ça devait se passer.
03:24 On n'oublie pas quand même qu'un élu, quand il est élu,
03:27 il est élu de l'ensemble des citoyens.
03:30 Donc selon vous, parce que ça se rapporte aussi à la question
03:32 qu'on pose à nos auditeurs ce matin,
03:34 il fallait que le politique, au sens large du terme,
03:37 soit à la manœuvre, soit à l'initiative.
03:40 Parce que quand on interroge nos auditeurs ce matin,
03:42 et parce qu'il y a eu aussi toute une polémique pendant la semaine
03:45 sur la présence du Rassemblement National,
03:46 c'était au politique d'être à l'origine de ces rassemblements ?
03:50 - Je voudrais faire la différence entre le politique et les partis politiques.
03:54 Je pense qu'on a beaucoup entendu des partis politiques parler,
03:57 parce que pour vouloir un peu se mettre sous les feux de la rampe à cette occasion,
04:01 j'en appelle à la presse pour ne pas trop jouer ce genre de rôle.
04:05 Parce qu'on s'est passé devant une réflexion de fond
04:11 sur le fait que le politique représente tout le monde.
04:14 - On va revenir là-dessus dans un instant,
04:16 mais je crois qu'on a un premier appel au standard.
04:18 J'avais encore une question à vous poser là-dessus, Perla Danon, évidemment.
04:20 - 0467586000, prenez la parole ce matin sur France Bleu et Rond.
04:25 On vous pose une question.
04:26 Marche et rassemblement contre l'antisémitisme,
04:28 étaient-ce aux élus de les organiser ?
04:31 Alors, on va accueillir Simone qui est à 7. Bonjour Simone.
04:34 - Oui, bonjour France Bleu, bonjour tout le monde.
04:37 - Alors, on vous écoute.
04:39 - Voilà, mais j'ai juste une question.
04:42 Notre président va être à taque de chef de parti,
04:45 pourquoi n'a-t-il pas participé à cette manifestation ?
04:50 - Vous voulez dire Emmanuel Macron, Simone, c'est ça ?
04:52 - Voilà, c'est ça, c'est notre président.
04:55 Voilà, ma question est plutôt simple.
04:58 - Ça veut dire qu'à titre personnel, vous le regrettez, par exemple ?
05:03 - Eh bien, c'est plutôt que...
05:04 On dit que c'est organisé par les partis.
05:06 Il n'est plus pas parti, lui, du parti ?
05:08 - Oui, enfin, il est président de la République.
05:09 Il est au-dessus des partis, comme on dit généralement, non ?
05:12 - Il est au-dessus des partis, donc...
05:14 Je ne comprends pas, hein.
05:16 Il faut qu'on m'explique.
05:18 Je ne comprends pas.
05:19 - Si vous ne comprenez pas, c'est donc que vous le regrettez, j'imagine ?
05:23 - Oui, oui, tout à fait.
05:24 Parce que ce n'est pas du tout d'aller faire la paix à droite et à gauche
05:28 et de ne pas participer à une manifestation en France.
05:32 - Merci, Simone, de nous avoir appelés ce matin pour nous livrer votre sentiment.
05:37 C'est une bonne question que pose notre auditrice, la Perla Danan.
05:41 L'absence d'Emmanuel Macron à ces rassemblements ?
05:44 - Un rendez-vous raté.
05:46 Une attente ratée.
05:48 Je pense que les gens auraient aimé le voir là.
05:51 Il a fait un raisonnement un peu complexe.
05:56 - Qu'on a du mal un peu à comprendre.
05:58 - Pour le maximum des gens de France.
06:01 Mais les Français n'ont pas bien compris.
06:03 Je pense qu'à un moment donné, avoir les présidents du Sénat, de la Chambre,
06:08 de conseils constitutionnels, c'est extrêmement rare qu'ils soient représentés dans des manifestations comme ça.
06:15 Donc c'était dire "Union Nationale contre l'antisémitisme et pour la République".
06:21 Et cette Union Nationale, c'est dommage que le président n'ait pas été là.
06:24 - Vous continuez à nous appeler évidemment au Standard de France Bleu et Raux
06:27 pour répondre à cette question, est-ce que c'était aux élus, effectivement, d'organiser ces rassemblements ?
06:32 Je reviens un instant sur l'aspect politicien des choses,
06:34 parce qu'on en a quand même beaucoup parlé pendant la semaine,
06:36 par rapport à la présence du Rassemblement National, à ces rassemblements, notamment à Paris hier.
06:41 L'avocat Serge Klarsfeld, par exemple, à l'Adanant, a dit, je crois,
06:45 qu'à un moment donné dans la semaine, que c'était une bonne chose,
06:48 parce que ça voulait dire que peut-être la chose était en train de changer.
06:50 Il a raison de dire ça ou pas ?
06:52 - Il est optimiste. Il est optimiste, je pense qu'il a besoin d'être optimiste.
06:57 Si c'est un vrai changement, eh bien on va dire tant mieux.
07:02 Mais le vrai changement, il ne se montre pas sous les feux des caméras
07:07 et dans une manifestation, avec un sourire au coin des lèvres, parce qu'en disant "on est là".
07:12 - Là, vous faites référence aux élus du RN, dans le rassemblement parisien.
07:17 - Le vrai changement, il se montre en rupture avec les positions antisémites du RN avant.
07:24 - C'est pas une rupture, ça, le fait de venir ?
07:27 - Non, c'est pas une rupture, c'est une exposition, mais ce n'est pas une rupture.
07:32 On n'a pas entendu M. Bardella dire qu'effectivement M. Le Pen était antisémite.
07:37 On ne les a pas entendus mettre à distance des gens dont l'histoire est tangente.
07:46 Alors je dis que tout le monde peut changer, mais on ne change pas quand on est sous les feux de la rampe.
07:51 On change avec les militants, on change avec des déclarations publiques, on change avec des actes.
07:57 Mais pas des actes pour être sous les feux de la rampe, des actes.
08:00 - Dernière chose, Père Ladanon, parce que c'est quand même l'essentiel des rassemblements qui étaient organisés,
08:06 70 rassemblements en France, dont le rassemblement parisien, très médiatique et très médiatisé.
08:10 Mais le message essentiel, c'était quand même la lutte contre l'antisémitisme.
08:13 Depuis cinq semaines, j'ai redonné le chiffre tout à l'heure, 1250, malheureusement ça n'arrête pas.
08:18 Et vous me disiez avant de rentrer dans ce studio que c'est très difficile d'expliquer à un enfant juif
08:22 pourquoi une fête dans une école est gardée par des hommes en armes.
08:27 - Absolument, il faut que les parents qui nous écoutent comprennent ça.
08:31 Dès leur plus jeune âge, les enfants vont à un carnaval ou à l'école, ou à la synagogue, n'en parlons pas,
08:39 au centre culturel, avec des gens en armes devant.
08:43 Et merci aux autorités de nous protéger ainsi, parce que ça nous permet de maintenir toutes nos activités.
08:49 Toutes les activités sont maintenues, il n'y a pas de repli.
08:52 C'est très important, et nous pouvons le faire grâce à cette protection.
08:57 Mais c'est dur à expliquer.
08:59 - Est-ce que vous croyez que les rassemblements d'hier vont changer quelque chose à ça ?
09:03 - J'espère que l'ensemble des Français, en tous les cas ceux qui étaient là,
09:07 et ceux qui n'étaient pas là, je voudrais leur dire que c'est pas grave.
09:10 La réflexion qui a été faite hier par ceux qui ont manifesté peut servir aux autres.
09:16 C'est de dire là, ça nous concerne tous, c'est ensemble qu'on va faire barrage.
09:21 On ne va pas tourner la tête quand on entend la blagounette ou une petite réflexion antisémite.
09:25 On va se dire on fait tous barrage.
09:27 Et on fait tous barrage pour être ensemble.
09:30 C'est pareil pour nos amis de la communauté musulmane qui étaient là hier,
09:34 certains ont eu le courage de venir, c'était pas simple.
09:36 Eh bien c'est ensemble, ils doivent s'exprimer et c'est ensemble que nous pouvons justement
09:42 refaire de la cohésion sociale et se dire qu'on n'est pas obligé de se détester
09:47 parce qu'on ne pense pas la même chose.
09:49 - Merci Perla Danon, présidente du CRIF, Conseil représentatif des institutions juives de France,
09:53 d'être venue dans le studio du 6/9. - Je vous remercie pour votre invitation.
09:57 - Merci à vous.
09:58 - Et vous pouvez réécouter notre invité en allant sur francebleu.fr.
10:01 Il est 7h56, le programme est très éclectique dans le 6/9 de France Bleue.
10:05 Puisque nous allons recevoir un plongeur et photographe naturaliste,
10:09 et puis aussi un catcheur, car chaud de catch en vue à Bédarieux pour le Téléthon.
10:13 C'est avant 9h sur France Bleu Héro.
10:16 ...

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