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00:00 Y a-t-il de moins en moins de sexe dans les séries que vous regardez ?
00:03 Selon une étude américaine, 51% des adolescents voudraient voir des contenus avec moins de sexe
00:09 et plus de relations platoniques et amicales.
00:12 Et des séries à succès diffusées en 2023 suivent cette tendance
00:15 en tournant moins de scènes de sexe dans leurs nouvelles saisons
00:18 et même pour la série phare de Netflix, Sex Education.
00:21 "What is it ?"
00:23 "Boobs."
00:24 Les plateformes ont-elles recouvert leurs contenus d'un nouveau voile de pudeur ?
00:28 Ou la génération Z née après 1995, est-elle plus puritane que ses aînés ?
00:33 Eh bien, c'est plus complexe que ça.
00:35 On est entrés dans une ère de l'accès libre au sexe, à la pornographie,
00:39 et ça je pense que c'est vraiment un des facteurs fondamentaux.
00:42 Vous êtes sur votre smartphone ou votre ordinateur,
00:44 vous allez sur une plateforme pour regarder une série,
00:46 puis en deux clics, vous allez sur un site de porno en accès libre.
00:51 Ces concomitants, c'est sur les mêmes appareils,
00:53 la rareté, puis l'effet choc,
00:55 et le produit d'appel qui était le sexe pour les gens des générations d'avant,
00:59 ça a peut-être moins cet effet-là.
01:01 Rappelez-vous, il y a moins de 10 ans, quand on parlait des séries,
01:04 c'était au contraire pour dire qu'elles montraient trop souvent
01:06 des représentations sexuellement explicites.
01:08 La série Game of Thrones compilait plus de 30 minutes de scènes des nuits décumulées,
01:13 juste sur les 4 premières saisons.
01:15 Mais Game of Thrones, ça n'était pas encore les plateformes.
01:17 C'était HBO, une chaîne de télévision un peu à part.
01:20 C'est une chaîne à péage,
01:22 donc c'est une chaîne qui, par rapport à la régulation des contenus audiovisuels,
01:26 a pu bénéficier d'une certaine liberté,
01:29 on va dire par rapport à des chaînes de network aux États-Unis.
01:31 On peut repenser à des séries comme Sex and the City,
01:33 à la fin des années 90,
01:35 qui sont dans leur époque, dans leur temps,
01:37 des séries qui traitent de la sexualité,
01:40 et notamment de la sexualité des femmes.
01:42 Déjà à l'époque, il y a un positionnement un petit peu spécifique
01:49 de la ligne éditoriale d'HBO autour du sexe,
01:52 mais aussi de la violence,
01:54 avec des points d'acmé comme Game of Thrones,
01:56 pour lesquels il y a eu de nombreux débats autour de la sexualité,
02:00 et notamment d'une culture du viol.
02:01 Récemment, deux séries produites par Sam Levinson,
02:04 Euphoria et The Idol,
02:06 ont été diffusées sur HBO avec un parfum de scandale.
02:09 Dans Euphoria, c'est très significatif.
02:11 Qu'est-ce qu'on fait ? On va prendre un genre qui est le teen drama,
02:13 qui est un genre extrêmement traditionnel et populaire de la télévision américaine,
02:18 et puis on va y mettre du sexe, de la nudité explicite,
02:20 on va mettre des choses qu'on n'a pas l'habitude de voir.
02:22 Y a-t-il une lassitude de cette nudité,
02:24 et de ces images de violence sexuelle à l'écran,
02:26 parfois aperçues comme gratuites ?
02:28 Sans doute un peu.
02:29 Et davantage avec la vague MeToo,
02:31 avec de nouveaux questionnements sur les représentations dans les séries.
02:34 C'est vrai qu'il y a certaines représentations sexuelles qui sont assez éculées,
02:36 les positions sont toujours les mêmes,
02:38 les couples ont toujours un petit peu les mêmes tranches d'âge,
02:41 la même couleur de peau, etc.
02:42 Et ça, les plateformes l'ont bien compris.
02:44 Netflix en tête, avec un argument commercial,
02:48 l'inclusivité,
02:49 et un atout majeur,
02:50 son algorithme,
02:51 qui permet d'en savoir beaucoup sur les envies des spectateurs,
02:54 et d'adapter ses contenus.
02:55 La question de l'intimité,
02:58 la question de la sexualité,
02:59 la question du consentement,
03:01 la question de la culture du viol,
03:02 ça redevient des questions centrales dans le débat public, en fait.
03:06 Netflix l'a très bien senti,
03:08 ça se voit aussi dans le monde professionnel,
03:11 depuis 2018 à peu près.
03:12 Alors en fait, c'est pas Netflix qui a mis ça en place en premier, c'est HBO,
03:16 mais y a aussi tout ce qui est de l'ordre,
03:17 des coordonnatrices d'intimité sur les plateaux,
03:19 pour s'assurer que les scènes de sexe sont tournées en respectant le consentement,
03:25 et sans mettre les personnes en difficulté physique, psychologique.
03:29 Des contenus plus divers,
03:31 plus pédagogiques donc,
03:32 à l'image de Sex Education,
03:34 série britannique,
03:35 où un lycéen s'improvise conseiller sexuel pour ses camarades.
03:39 C'est une série qui cherche à éduquer son public,
03:41 quitte à être parfois...
03:43 didactique, voire encyclopédique,
03:44 c'est-à-dire qu'il y a des définitions de termes,
03:47 qu'est-ce que c'est qu'être pansexuel, être asexuel...
03:49 Mais si la série parle beaucoup de sexe,
03:51 elle n'en montre finalement pas tant que ça,
03:53 ou alors avec beaucoup de filtres.
03:55 L'imagerie du sexe qui est donné dans cette série,
03:59 ça renvoie à la grosse comédie américaine,
04:01 un petit peu potache,
04:02 avec des scènes de sexe qui sont...
04:04 plus drôles que vraiment réalistes,
04:05 c'est-à-dire que ça va très vite, c'est rigolo,
04:07 et puis tout ça est emballé par de la musique,
04:09 ce sont souvent des prothèses,
04:10 des prothèses de pénis,
04:11 c'est des trucs assez...
04:12 pas du tout réalistes, en fait, pour rigoler.
04:16 Et à côté de ça, il y a l'autre, pendant,
04:17 qui est une imagerie très scientifique.
04:19 On voit l'anatomie masculine, féminine...
04:22 Si plusieurs productions de séries Netflix récentes
04:25 ont aussi annoncé moins de sexe dans leur nouvelle saison,
04:27 c'est peut-être aussi à cause d'un rythme standardisé dans l'écriture,
04:31 sans cesse à la recherche de l'efficacité narrative,
04:34 avec un récit qui doit avancer en permanence,
04:36 sans s'attarder sur des scènes d'intimité.
04:38 Dans l'étude mentionnée au début de cette vidéo,
04:41 47,5% des sondés
04:43 estiment que les scènes de sexe sont superflues.
04:46 Souvent, on a cette idée du sexe
04:49 comme un numéro dans un musical,
04:51 c'est un numéro comme un numéro chanté
04:53 qui fait pas avancer l'action
04:55 et qu'on pourrait supprimer au montage
04:56 et finalement, on n'y perdrait pas grand-chose.
04:58 Alors pour moi, évidemment, c'est très réducteur comme vision
05:00 parce qu'il y a beaucoup de scènes de sexe qui,
05:02 quand elles sont justement pensées,
05:04 disent beaucoup des personnages
05:05 et font avancer l'action à leur manière.
05:07 C'est le cas de séries un peu moins connues
05:09 comme "The Girlfriend Experience",
05:10 produite par Steven Soderbergh,
05:12 ou "Tell Me You Love Me"
05:14 sur trois couples en crise
05:15 qui consultent une thérapeute.
05:16 Et c'est en fait une des rares séries
05:18 qui montre des couples qu'on voit faire l'amour
05:20 et qui développent vraiment ces relations de couple
05:24 à travers leur vie sexuelle.
05:26 C'est-à-dire qu'en fait, la série inverse
05:28 la priorité entre la narration,
05:31 les histoires quotidiennes, etc.
05:33 et puis le sexe.
05:34 C'est-à-dire que le sexe devient un vecteur principal de narration.
05:36 Il y a aussi beaucoup de choses à faire
05:38 et beaucoup de propositions à renouveler.
05:40 [Musique]

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