Bernard Farges, vice-président du CIVB, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux

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Bernard Farges, vice-président du CIVB, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux
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00:00 L'arrachage des vignes se précise en Gironde. La Commission européenne a donné son feu vert à la disparition de 9500 hectares.
00:07 La plateforme d'inscription pour le millier de vignerons candidats à l'arrachage s'apprête à ouvrir.
00:12 Et on en parle ce matin avec notre invité Bernard Farge, le vice-président du CIVB Marie Roarch.
00:17 Bonjour Bernard Farge. Bonjour.
00:19 Est-ce qu'on sait précisément quand est-ce qu'elle va ouvrir cette plateforme d'inscription pour les vignerons girondins qui veulent arracher un peu de leur vigne ?
00:26 Pas précisément. On nous l'annonce d'un jour à l'autre. Tous les matins nous regardons la publication des journaux officiels et ce matin nous ne l'avons toujours pas.
00:33 Il y a beaucoup d'attentes de la part des vignerons. On le voit notamment à l'affluence aux réunions d'information que vous organisez, notamment cette semaine.
00:40 Oui, c'est une attente parce que le besoin d'arrachage à Bordeaux a été identifié déjà depuis 4 ans, depuis 2019.
00:46 Il n'y avait pas les outils, nous n'avions pas décidé de le faire en finançant par nous-mêmes.
00:50 Et à partir de 2022, fin 2022, nous avons pu observer qu'à travers les évolutions de la PAC et des textes européens, nous pouvions investir collectivement et demander à l'État de nous accompagner.
01:01 C'est ce qui a été fait pendant un an pour construire ce dispositif unique et totalement nouveau.
01:06 Donc vous venez de le dire, on l'attend toujours cette plateforme, cette autorisation. On en est donc encore au stade de l'administratif, des préparatifs.
01:11 Concrètement, quand est-ce qu'on va commencer à avoir des engins dans les parcelles et arracher des vignes ?
01:16 Dès que la plateforme s'ouvre, imaginons dans la semaine, il y aura ensuite un mois pendant lequel les viticulteurs viendront sur la plateforme inscrire leurs parcelles.
01:27 Ensuite, il y aura quelques jours, 10 jours, 15 jours, 3 semaines peut-être, pour faire l'observation de tous les dossiers et être sûr de ne pas faire de bêtises.
01:35 Pour ensuite donner le démarrage des travaux qui sera donné par l'administration, l'Administratif de l'agriculture, la DDTM à Gironde, pour que les vignerons puissent commencer.
01:44 Donc fin décembre ou début janvier.
01:46 Évidemment, ce sera un moment forcément difficile pour les vignerons attachés à leurs vignes et à leurs terres.
01:51 C'est toujours un crève-cœur. On va prendre un auditeur qui veut réagir à cette question.
01:55 C'est Frédéric qui nous appelle ce matin pour réagir, qui nous appelle de Cap-Cieux. Bonjour Frédéric.
01:59 Bonjour Frédéric.
02:00 Oui, bonjour à toutes et tous. Oui, effectivement, c'est un crève-cœur de voir tout ce patrimoine qui va disparaître.
02:08 Mais malgré tout, ça fait plus de 25 ans qu'on dit qu'il va y avoir une crise dans le milieu bordelais et que des grandes instances, dont M. Farge et Tocer,
02:22 n'ont peut-être pas fait le travail nécessaire pour que tout ça n'arrive pas à vitesse grande.
02:28 Et puis derrière, c'est les exploitants et tous les salariés et toute l'économie qu'il y a autour de ça qui va en pâtir aujourd'hui.
02:36 On a attendu d'être au pied du mur, Bernard Farge, pour réagir, pour demander cet arrachage.
02:42 Vous savez, la baisse de consommation en France et la fermeture des marchés d'export, elle est violente, et particulièrement depuis 2018, depuis 2019.
02:49 Je vous ai dit tout à l'heure qu'en 2019, déjà, nous avions un projet d'arrachage.
02:52 Et s'il n'y avait que Bordeaux, ce serait déjà grave pour Bordeaux, mais ce serait un moins normal, je dirais.
02:58 Et nous avons vu hier des manifestations en Algère, s'il y aurait une grande manifestation en Arbonne dans quelques jours.
03:02 Donc c'est bien le moins de viticoles et notamment la production des verres rouges qui est en grande difficulté.
03:07 Baisse de consommation en France, c'est qui est forte.
03:09 Et évidemment, aujourd'hui, nous sommes en baisse de commercialisation et donc de surco-production.
03:15 - On imagine que c'est une partie de la solution. Est-ce que vous avez été surpris du nombre de demandes qui ont été formulées ?
03:20 - Du nombre de demandes, oui. - D'inscriptions ?
03:23 - Des surfaces, pas vraiment. Mais du nombre de demandes, oui.
03:25 Du nombre d'entreprises qui ont voulu arracher, qui souhaitent arracher, oui, bien sûr.
03:29 Après, les surfaces, elles sont importantes. Le dispositif prévoit 9 500 hectares, ce qui est beaucoup.
03:35 Et on verra si on arrive à saturer ce dispositif, ce qui n'est pas sûr.
03:40 Certains pensent qu'on va largement le dépasser et donc nous verrons ça dans un mois.
03:43 En tout cas, si jamais ce dispositif était dépassé, d'un point de vue financement par l'interprofession,
03:49 qui représente aujourd'hui un tiers du financement, l'interprofession c'est la profession,
03:52 ce sont les vignerons, les négociants qui vont payer cet arrachage pour un tiers,
03:56 c'est le permis, l'engagement de l'Etat.
03:59 Et le ministre de l'Agriculture nous a dit en mars, lorsqu'on a lancé le dispositif,
04:02 ce qu'il a fait avec le président du CIVB, Alain Tichel, et le président Rousset,
04:05 que ce n'était pas pour solde de tout compte, ces 38 millions d'euros.
04:08 Donc nous verrons si il y a des besoins, nous porterons la demande pour aller plus loin.
04:12 - Bernard Farge, notre invité ce matin, c'est le vice-président du CIVB, le Conseil interprofessionnel du 20 Bordeaux.
04:17 Que vont devenir ces parcelles qui vont être arrachées, Bernard Farge ?
04:20 - Ces parcelles, selon le dispositif, selon le propriétaire, le statut du propriétaire,
04:25 auront une vocation différente.
04:28 Je viens de le dire, il y a un dispositif qui est financé par la terre profession,
04:31 qui a été bâti et imaginé par les professionnels, avec peu de contraintes sur le devenir de ces parcelles.
04:36 Donc ce dispositif s'adresse aux exploitants, aux agriculteurs qui vont rester ou viticulteurs ou agriculteurs,
04:42 donc qui voudront aller vers de la diversification d'autres cultures, ou pourquoi pas du boisement aussi.
04:46 Et puis l'enveloppe Etat, pour 38 millions d'euros, elle, elle est contrainte,
04:50 elle est dans des règlements européens, des textes européens qui n'étaient pas ouverts avant 2022.
04:54 Donc là, évidemment, c'est plus contraint.
04:57 Ces parcelles ne pourront être que de la jacher pendant 20 ans, ou du boisement pendant 20 ans,
05:02 avec un dispositif qui peut être accompagné pour aider les exploitants à boiser les parcelles.
05:06 - Alors ce dispositif, il arrive dans un contexte, on l'a beaucoup dit, de crise de la filière,
05:11 qui a été aggravée cette année par cet épisode de mildiou.
05:14 Un fonds d'urgence de 20 millions d'euros a été adopté la semaine dernière pour venir en aide aux viticulteurs.
05:19 Ça suffira, 20 millions d'euros, par rapport aux dégâts du mildiou cette année ?
05:22 - Probablement pas, et c'est même sûr que non.
05:24 Les dégâts sont considérables dans beaucoup d'entreprises, et c'est vrai à Gironde, c'est vrai à Bergerac,
05:28 c'est vrai dans tout le sud-ouest, les rouges particulièrement ont été très touchés.
05:32 Donc on a des entreprises qui ont récolté quasiment rien cette année,
05:35 et celles-ci, comme elles étaient déjà dans une situation économique difficile, c'est évidemment terrible pour elles.
05:41 Ces 20 millions d'euros, c'est un début, ça a été voté au Parlement,
05:45 les députés sur les reliquats budgétaires 2023 ont pu obtenir ce soutien de 20 millions d'euros.
05:53 La demande a été portée par les parlementaires dans le budget 2024 à 60 millions d'euros.
05:58 Ça n'a pas été repris dans le budget 2024.
06:01 En tout cas, ces 20 millions sont un début pour nous.
06:03 Il faut surtout identifier le nombre d'entreprises,
06:06 et les entreprises réellement en grande difficulté après cet épisode de mildiou qui a été terrible à Gironde et ailleurs.
06:11 - Et il est trop tôt pour le faire, ce bilan, encore ?
06:13 - Nous avons demandé directement, et nous le faisons par nos canaux internes,
06:18 aux vignerons de déposer leur déclaration de récolte, déclaration de revendication,
06:22 c'est un terme technique, pour avoir une identification très précise, une photographie très précise,
06:27 entreprise par entreprise, des conséquences de cette faible récolte.
06:30 - Merci beaucoup Bernard Farge d'avoir été avec nous ce matin.
06:33 Je rappelle que vous êtes le vice-président du CIVB, le Conseil Interprofessionnel du 20 de Bordeaux.
06:36 Bonne journée à vous.
06:37 - Cette interview est à réécouter aussi en intégralité en vidéo sur notre site francebleu.fr.
06:41 Merci beaucoup à Frédéric de Cap-Cieux pour son coup de fil ce matin sur France Bleu Gironde,
06:45 et sur France 3 à Quittaine, 7h53.

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