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Dans le cadre des festivités du 30 e anniversaire de la victoire en Champions League, l'ancien gardien de but de l'OM, Gaëtan Huard, évoque ses meilleurs souvenirs sous le maillot blanc, ses coéquipiers, ses coachs...

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Transcription
00:00 - Qu'est-ce que tu as le meilleur souvenir de l'Olympique de Marseille ?
00:05 - La première.
00:07 - Bonjour. - Bonjour.
00:09 - Quel est ton meilleur souvenir de l'Olympique de Marseille ?
00:12 - Chaque fois que j'y ai mis les pieds, c'est la puce du vélodrome.
00:15 Ce sont des souvenirs différents, mais ce sont des grands souvenirs.
00:18 J'ai vécu des soirées, des journées exceptionnelles dans ce stade magnifique,
00:22 qui est encore plus beau aujourd'hui.
00:25 C'est un temple, un endroit où on a envie de donner tout pour les supporters, pour le football.
00:33 - Quel est ton plus mauvais souvenir ?
00:35 - C'est la fracture du tibia sur le match contre le CSKA Sofia.
00:39 C'est un mauvais souvenir, mais qui m'a fait apprendre beaucoup de choses et grandir.
00:43 Je n'ai rien lâché, je me suis entraîné, je me suis rééduqué tous les jours au vélodrome.
00:48 C'était lourd à supporter, parce que les autres faisaient des cours,
00:51 et on a continué la compétition. C'était la plus belle chose,
00:55 de finir cette compétition en Ligue des Champions, et le championnat encore qui était en cours.
00:59 Ça s'est fait différemment. Je l'ai pris positivement,
01:03 parce que ça m'a permis de me recentrer, me repréparer, retravailler différemment.
01:08 Avoir peut-être d'autres visions sur mon jeu pour jouer.
01:13 Être un peu moins casse-cou.
01:15 Mais par la suite, j'ai toujours été autant casse-cou finalement.
01:19 Le coéquipier avec lequel tu étais le mieux entendu ?
01:22 Carlos Moser. C'est un grand monsieur, un super mec avec qui je me suis entendu tout de suite.
01:29 Tous les Brésiliens que j'ai côtoyés, j'ai vraiment beaucoup partagé de moments forts avec eux.
01:33 Je les ai amenés en ski, ils n'avaient jamais vu la neige pour certains.
01:35 Le coéquipier avec lequel tu aimerais à nouveau jouer ?
01:38 Carlos Moser. Mais lui il ne peut plus, il ne court plus.
01:42 Le coéquipier le plus fort ?
01:44 Peut-être que vous allez être surpris quand je vais dire ça.
01:46 J'ai vu avec un toucher de ballon, peut-être différent encore, c'est Dragan Stojkovic.
01:51 C'était quelque chose de sensationnel.
01:53 Il prenait le ballon du coup de pied d'où il voulait, extérieur, intérieur.
01:56 Et sur les coups de front, quand on travaillait l'entraînement, ou les petits matchs à l'entraînement, c'était pas évident.
02:00 J'ai eu Klosalov dans le même registre, qui se battait avec Jean-Pierre Papin pour que je lui remette le ballon.
02:04 Pour que quand on faisait les buts rapprochés, il faisait un mètre, il frappait comme des bulles tous les deux.
02:08 J'ai eu la chance d'avoir de côtoyer des très très grands joueurs.
02:12 Le coéquipier le plus drôle ?
02:14 C'est Jean-Pierre, qui est toujours un bout en train.
02:17 J'étais en chambre avec lui, je peux vous en parler.
02:19 Quand je suis arrivé, on est parti en foiret noir en stage.
02:21 Yvan Leroux est venu me voir, il m'a dit "t'es avec qui en chambre ?"
02:24 Avec Jean-Pierre Papin, il m'a fait...
02:26 Il m'a dit "tu vas pas tenir deux jours".
02:29 J'ai dit "pourquoi ?" "Tu vas voir, il aime bien la vidéo".
02:32 Il venait avec ses cassettes et son sac, et la nuit quand il dormait pas, il mettait les cassettes vidéo dans la télé.
02:37 A l'époque c'était la télé qui mangeait le magnétoscope.
02:40 Il regardait des films, il râlait parce que les autres faisaient du bruit.
02:44 Il voulait dormir, il disait "soir y'a pas de vidéo, je vais dormir".
02:47 Et si les gens se jouaient aux cartes à côté et qu'ils faisaient du bruit, il râlait.
02:50 Le coéquipier le plus dur à l'entraînement ?
02:53 Carlos Mozart. Pas de copain.
02:56 Pas de copain à Londres. Sur le terrain, il a pas de copain.
02:59 Moi je dis Carlos parce que j'ai trouvé sa maison quand il est arrivé à Marseille, on s'y sympathisait tout de suite.
03:03 J'ai trouvé une maison au Messuguet à Cassis, il avait pris sa maison là-bas.
03:06 On allait à l'entraînement et tout, il me disait "moi l'entraînement c'est comme match, pas de cadeau".
03:11 Ça tombait.
03:13 Il était méchant.
03:16 Mais il était pétri de qualité technique aussi, c'était en santé.
03:21 Le Brésil en lui, en plus de ça, là-dessus il avait rien à dire.
03:25 Tu pouvais partir à la guerre avec lui.
03:27 Il a un petit souvenir de moi sous l'œil.
03:29 Y'a une cicatrice là.
03:30 Le coach qui t'a le plus marqué ?
03:33 J'ai commencé avec Gerard Madid, Michel Hidalgo, Gérard Gilly, Franz Beckenbauer, Raymond Götthals.
03:40 En 3 ans 5, c'est pas mal.
03:42 J'ai beaucoup appris et j'ai beaucoup profité de leur expérience aussi.
03:45 Ça c'est important et ça a pas de prix.
03:47 Le joueur le plus fort que tu aies affronté ?
03:51 C'est Joub.
03:53 J'ai joué avec lui.
03:54 Il est arrivé de Cannes, au Girondins de Bordeaux.
03:57 C'était un livre dans les pieds.
03:58 Il faisait des choses que j'avais jamais vues encore.
04:00 Il avait l'agnac parce qu'il avait du tempérament, du caractère.
04:03 Il faisait beaucoup de fautes.
04:04 Il avait quelques cartons rouges parce qu'il défendait très mal.
04:07 Quand il se faisait piquer le ballon ou qu'il se faisait accrocher par un mec,
04:09 il courait derrière et essayait de rattraper le ballon.
04:11 Il voulait rattraper le ballon mais il faisait faute.
04:14 Il a pris quelques cartons comme ça.
04:16 Le match où tu t'es senti invincible ?
04:19 Contre Toulon en Coupe de France.
04:21 On se fait bouger et tout.
04:22 Ils nous mettent la pression parce qu'on gagne 1-0 au Vélodrome.
04:26 On va à Toulon après match retour en Coupe de France.
04:28 J'avais une grosse pression parce que Luiz Giafano,
04:31 sur le match aller au Vélodrome,
04:33 il y a un ballon dans la profondeur, dans le dos de la défense,
04:35 et je sors comme un fou.
04:37 Je le tamponne.
04:39 L'arbitre ne donne même pas de carton je crois.
04:41 Il me dit "toi au match retour, t'es mort".
04:44 Au match retour, ils ont mis une pression tout de suite d'entrée.
04:46 J'aime ça.
04:47 Je me suis imprégné de la pression qu'ils mettaient pour faire un bon match.
04:52 Pour terminer, une anecdote que tu n'as jamais avouée.
04:55 On était à l'hôtel Sofitel-Lieuport,
04:58 et c'était Franz Beckenbauer l'entraîneur.
05:00 On avait nos tables, il y avait les entraîneurs,
05:02 le staff technique avec les kinés.
05:05 Les joueurs avaient 2-3 tables,
05:07 il y avait la sécurité qui était avec nous,
05:09 qui nous accompagnait, qui avait notre table aussi.
05:11 Et Jean-Pierre, il demandait de l'arisa.
05:14 Et quand le bol de sauce tomate passait,
05:16 il versait l'arisa dans le saladier et il mélangeait tout.
05:20 Il prend le saladier, il va le poser sur la table de Franz Beckenbauer.
05:24 Franz serre les pâtes et il prend l'arisa.
05:26 Il serre comme ça.
05:28 Nous on commence à baisser la tête comme ça.
05:31 Jean-Pierre regarde Jean-Pierre et tout.
05:33 Et lui il regarde comme ça.
05:34 Et Franz, il mange.
05:36 Et tu sens qu'il change.
05:38 Il change.
05:39 Et tu vois, il avait tellement de la classe qu'il ne voulait même pas se montrer.
05:44 Même s'il souffrait, il ne voulait rien dire.
05:46 Il était comme ça.
05:48 Mais il était rouge.
05:50 Franz, on avait cru que ça ne lui appliquait pas la sauce.
05:52 Il me dit "ouais bande d'enfoirés".
05:55 Nous on ne dit rien.
05:57 On ne dit pas qui c'est, mais c'est un mec qui a un brassard.
06:00 J'ai passé des bons moments, c'est vrai.
06:02 J'ai de très bons souvenirs avec mon passage à Marseille,
06:05 avec toutes les épopées qu'on a faites.
06:08 La coupe, le championnat, la coupe d'Europe.
06:11 C'est particulier parce qu'il vit, il mange, il dort et il parle de football.
06:17 Et tu ne peux pas aller à un endroit où ça ne parle pas de foot.
06:19 Moi j'habitais à Cassis, quand je descendais avec le petit scooter, je cherchais le pain le matin.
06:22 J'y allais si on n'avait pas gagné.
06:26 Je n'allais pas jouer au vool sur la place.
06:28 Moi je dis toujours, si vous avez l'opportunité d'aller à Marseille, ne la ratez pas, allez-y.
06:35 Il faut oser la prendre, mais il faut la prendre.
06:37 Le premier match est le plus important.
06:39 Le public va te noter sur le premier match.
06:41 Si tu n'es pas bon le premier match, ils vont te prendre en grippe.
06:43 Ils vont te mettre la pression sans arrêt.
06:46 Je n'avais pas été très bon.
06:49 Après j'ai réagi, quand j'ai travaillé, je me suis remis dans le moule.
06:55 Et ça a été.
06:57 C'est Marseille, c'est vraiment à vivre.
06:59 Si vous avez l'opportunité de venir, allez à Rincosteau, allez-y.
07:03 Vous allez vous éclater.
07:05 C'est une ferveur inégalée en France.
07:07 Merci beaucoup, Etan.
07:09 Comme vous voulez.
07:10 C'était un grand plaisir.
07:12 J'espère que j'ai répondu à vos attentes.
07:14 Oui, parfaitement.
07:15 Merci.
07:17 Sous-titrage Société Radio-Canada
07:21 !

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