Comprendre MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE (feat Romain Houlès)

  • l’année dernière
En cette période d'Halloween, je suis heureux d'être accompagné du copain Romain Houlès et de pouvoir vous parler de ce qui est pour beaucoup le plus grand film d'horreur de tous les temps : Massacre à la Tronçonneuse.

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Musiques :

- 356 full horror and tension 0144
- island dream

#Massacrealatronçonneuse #analyse #halloween #horrorstories
Transcription
00:00 Le traumatisme, voilà ce qui résume bien Massacre à la tronçonneuse.
00:15 Le traumatisme vécu par l'équipe du film durant un tournage chaotique est celui des
00:19 spectateurs quand ils ont découvert cette oeuvre en salle pour la première fois.
00:23 C'est un certain Tobey Hooper qui en est à l'origine.
00:26 S'inspirant des meurtres d'Ed Gein, il imagine une histoire de tuerie sanglante dans
00:30 le fin fond de son Texas natal.
00:31 On lui donnera plus ou moins 140 000 dollars pour réaliser son oeuvre et il lui faudra
00:36 6 semaines sous un soleil brûlant, parfumé de la chair animale de son décor et porté
00:41 par la folie réelle de ses comédiens pour accoucher du cauchemar ultime.
00:45 Le film qui a fait trembler le monde entier, à tel point qu'il sera interdit en salle
00:49 dans énormément de pays et c'est cette inaccessibilité qui va participer à son
00:53 mythe.
00:54 Personne n'était prêt et pourtant le timing était parfait.
00:57 Le milieu des années 70, c'est le nouvel Hollywood, né dans le sang des innocents,
01:02 bercé par un pays qui ne jure que par la violence et la perfidie.
01:05 C'est la période idéale pour Hooper qui va pouvoir dresser le portrait de l'anti-rêve
01:09 américain.
01:10 Les baffons que l'on ne voit pas à la télé, que tout le monde ignore mais qui existe et
01:14 qui peut, parfois, dans le désespoir, créer des monstres.
01:18 Celui qui commence par nous mentir et qui pourtant nous raconte une triste vérité.
01:22 Laissez-moi essayer de comprendre cette vérité en compagnie de mon compère du jour, Romain
01:28 Houless, papa de Derrière le Masque.
01:30 Revenons ensemble sur Massacre à la tronçonneuse, sa mise en scène, son statut culte, ses suites
01:35 interminables et les clichés cinématographiques qu'il continue encore aujourd'hui de véhiculer.
01:40 Bonjour, du coup, on est chez moi, ça se voit, je viens de déménager et j'ai un
01:46 nouveau colocataire qui s'appelle Romain.
01:48 Bonsoir.
01:49 Bonsoir Romain.
01:50 Aujourd'hui on est au Hangar 84, c'est Romain Houless qui me fait l'honneur de
01:54 m'accueillir ici et on va parler de Massacre à la tronçonneuse.
01:59 Exactement.
02:00 Tu me l'as pris dans la bouche et tu l'as gardé et c'était parfait.
02:03 Que dire sur ce film, à part beaucoup de choses ?
02:06 Il est sympa.
02:07 Il est culte.
02:09 Il est ultra culte et je sais qu'on a un rapport différent tous les deux à ce film
02:15 là puisque moi je l'ai découvert très tard et toi t'as grandi avec.
02:21 J'ai grandi avec, je l'ai découvert j'avais 10 ans, une dizaine d'années.
02:24 C'était un été chez mon oncle.
02:26 Comment tu as fait pour garder ça à 10 ans ?
02:27 C'est la période Resident Evil, la Playstation et tout, c'est les tontons un peu cultes
02:33 qui disent "on va te montrer des trucs, t'as pas le droit avec tes parents mais
02:37 avec moi".
02:38 Du coup ils te montrent des films terrifiants et tu l'as dans le cul parce que tu fais
02:40 des cauchemars la moitié de ta vie.
02:44 C'est vrai que moi pour le coup je l'ai découvert il y a deux ans.
02:46 Il m'a beaucoup marqué et je l'ai revu récemment et il est toujours aussi marquant.
02:52 C'est vrai qu'il y a beaucoup de choses déjà, rien que le début du film, cette
02:58 espèce de son avec ces flashs.
03:01 La respiration, les bruits d'appareils photo, l'idée qu'utilisait les experts, les policiers
03:08 sur les scènes de crime etc.
03:10 Avec la voix off.
03:11 C'est vraiment cool.
03:13 Du coup est-ce que tu peux nous résumer ce film ?
03:17 Oui bien sûr.
03:18 Dans une petite ville du Texas, vous avez une profanation de tombes, t'as des corps
03:24 qui sont déterrés et empilés dans les cimetières.
03:27 Parallèlement à ce fait divers, tu as un frère et une sœur qui traversent le pays
03:33 pour aller au Texas pour aller se communier sur la tombe de leur grand-père, leur grand-parent
03:38 et ils vont dormir dans la baraque de leur grand-parent.
03:41 Après avoir croisé un auto-stopper un peu chelou qui va se mutiler, leur dire que la
03:47 vie va mal, les gens ont plus de travail, les abattoirs c'est à fermer, le mec est
03:51 complètement dingue.
03:52 Ils le laissent, ils abandonnent cet auto-stopper et ils vont se réfugier dans leur maison
03:59 de famille.
04:00 Ils n'ont plus d'essence pour redémarrer leur voiture, le groupe se sépare.
04:03 Tu as des jeunes qui vont toquer à une ferme adjacente et à la surprise générale, dans
04:10 la maison adjacente, vit l'auto-stopper complètement fou, sa vie de déglingo et
04:16 le grand méchant, Leatherface, le tueur à la tronçonneuse, qui va pourchasser et tuer
04:21 tous les jeunes.
04:22 Et je ne dis pas la fin pour ceux qui ne l'ont jamais vu.
04:24 On va la dire la fin, attention.
04:26 Bon d'accord.
04:27 Mais on le dira.
04:28 Ils meurent tous, sauf une.
04:29 Est-ce que ce n'est pas finalement le résumé de la vie ?
04:34 J'allais dire du film d'horreur, mais effectivement, la vie.
04:38 Ils meurent tous, sauf une.
04:39 On démarre avec cet auto-stopper et on se rend compte que l'auto-stopper a un peu déglingué
04:47 du casque.
04:48 Mais il n'y a pas que ça, j'ai l'impression, dans son comportement.
04:50 On sent qu'il y a plus que ça.
04:52 On sent qu'il parle du fait que sa famille travaillait en abattoir et qu'aujourd'hui,
04:58 avec les nouvelles technologies à l'époque, il y a eu du licenciement et donc ils se sont
05:04 retrouvés sur le carreau.
05:05 Le massacre à tronçonneuse, c'est très très politique.
05:06 Du coup, on en revient peut-être après.
05:08 Mais aujourd'hui, on a une image de massacre à la tronçonneuse et des films horrifiques
05:14 avec une figure de l'épouvante.
05:16 On a tendance à le classer en slasher.
05:18 Ce n'est pas le cas.
05:19 Pourtant, il répond à certains codes, mais on n'est pas encore dans cette démarche
05:24 de la silhouette qui pourchasse des jeunes gens.
05:27 Là, dans massacre à tronçonneuse, on est vraiment sur une communauté de personnes
05:30 qui représentent une minorité d'Américains dans les années 70.
05:34 Il faut savoir qu'en termes de politique, dans les années début 70 jusqu'à fin 70,
05:40 l'Amérique est dans une période noire.
05:42 Donc tu as la guerre au Vietnam qui va se terminer.
05:45 Tu as Nixon avec le Watergate qui est en passation de pouvoir.
05:49 Donc là, il y a tout l'État, tout ce qui est politique.
05:53 Le peuple n'a plus confiance et ils sont un peu tous en roux libre.
05:56 Et effectivement, tu as une industrialisation mécanique qui met à la porte des milliers
06:01 de personnes parce que les usines deviennent automatiques.
06:04 Et massacre à tronçonneuse prend le parti du coup de mettre en avant cette famille d'anciens
06:11 bouchés dans cet abattoir.
06:13 Du coup, ils se retrouvent du jour au lendemain sans travail, sans argent, avec une famille
06:19 livrée à elle-même.
06:20 On ne connaît pas la notion de temps.
06:22 On ne sait pas si c'est tout récent ou si ça date de des années.
06:26 Je pense que vu le réétat et vu l'état de la maison, ça doit dater depuis un petit
06:29 moment.
06:30 Mais on est vraiment sur une...
06:32 Alors bien sûr, on caricature, on grossit les traits.
06:35 Mais on est vraiment sur un drame social plus qu'un film d'horreur.
06:38 On n'est pas sur ce délire du slasher qui va tuer bêtes et méchants des jeunes gens.
06:43 On le voit avec le grand méchant du film qui, au final, est aussi peut-être une victime
06:52 quelque part de tout ça.
06:54 C'est pas un tueur, un placable qui va attirer les victimes.
06:58 Il va plus tomber dessus par hasard.
07:01 Il va être un peu énervé et décontenancé de tomber sur tous ces gens.
07:06 C'est ça.
07:07 Mais qui est le vrai méchant ? Est-ce que c'est vraiment Leatherface ? Tu connais son
07:10 prénom ?
07:11 Non.
07:12 C'est le vrai méchant.
07:13 C'est le vrai Bouba.
07:14 Comme dans Forrest Gump, le copain de Forrest.
07:16 Du coup, t'as Bouba qui est complètement soumis à sa famille.
07:21 Donc le vrai grand méchant, tu vois, ce serait le patriarche.
07:24 Non, pardon, c'est son grand frère.
07:26 C'est le grand frère.
07:27 Ouais, c'est le grand frère.
07:28 Donc du coup, c'est le grand frère qui gère toute la famille et qui pousse à bout Bouba,
07:32 Leatherface.
07:33 Et tu verras que dès qu'il commet un crime, il y a toujours une scène où tu le vois
07:38 ou être paniqué, genre "mon dieu, qu'est-ce que j'ai fait ?" ou t'as une sorte de...
07:42 Dans ce regard, tu vois, comme un regret, tu sais.
07:44 Par exemple, les premières scènes de crime, quand il va se lancer, t'as cette scène où
07:50 il se tient la tête et tout dans la fenêtre en disant "mon dieu, qu'est-ce que je dois
07:53 faire ? Qu'est-ce que j'ai fait ?"
07:54 En gros, le personnage, il ne fait que subir les événements, quoi.
07:58 Il est jamais conscient ou maître de ses actes.
08:01 Malgré tout, c'est aussi ce qui fait encore plus peur, je trouve.
08:04 On n'est pas sur cet archétype du tueur indestructible.
08:08 Il se blesse et tout pendant le film.
08:11 Peut-être qu'il le sera, il le sera même plus tard sur les films suivants.
08:15 Mais là, on est encore sur une figure un peu "enfantine".
08:19 Mais malgré tout, quand on a ce premier groupe de jeunes, le couple qui arrive et qui tombe
08:27 sur lui comme ça, il y a quelque chose de super glaçant, je me souviens.
08:31 Surtout, en fait, sur cette scène, je me souviens surtout de ce bruit de porte, tu sais.
08:35 Et le son qui en suit derrière.
08:37 Il y a toute la symbolique de l'horreur, en fait.
08:43 Je trouve ça encore plus terrifiant que la fille derrière qui va suivre, qui va tomber
08:47 sur toute la maison.
08:48 Je trouve encore plus terrifiant, justement, le fait de ne pas savoir.
08:52 On a ce décor arrière, on ne sait pas trop ce qu'il y a là.
08:54 Il ferme la porte.
08:55 Et là, c'est notre imaginaire qui vient.
08:57 Après, c'est vrai que pour le coup, le meurtre de la fille, accroché à ce piquet de boucher,
09:05 c'est une horreur parce que là, tu ressens la douleur à travers elle.
09:09 Et t'as vu, c'est pas gore.
09:10 On pourrait imaginer qu'ils auraient pu en faire des tonnes et des tonnes.
09:12 Et Tobey Hooper voulait vraiment quelque chose de très réaliste.
09:15 Tout est subtil.
09:16 Tu vois, même le coup de marteau, pas de sang.
09:18 C'est juste des tremblements.
09:19 Le corps meurt naturellement.
09:20 Il y a des petites gouttes sur lui de sang, mais on n'est pas dans le crâne.
09:24 On n'est jamais dans l'excès.
09:25 C'est marrant que tu parles de ça parce que Tobey Hooper, en gros, avec ce film aussi,
09:29 il veut casser un code dans l'imaginaire collectif qui est le rêve américain.
09:34 Les gens des grandes villes idolâtrent ce truc de rêve américain.
09:38 C'est le pays de la réussite.
09:40 Et le fait de ne pas mettre de musique, de tout jouer sur les ambiances sonores.
09:44 Parce que t'as pas de musique.
09:46 Ils avaient pas assez de budget pour ça.
09:47 Tu dois avoir trois sons qui se baladent dans le film.
09:49 Mais en gros, tout, les grincements, les bruits de cochons, la tronçonneuse, c'est la musique
09:58 du film.
09:59 Les hurlements, etc.
10:00 Et en gros, tout ça, et la crasse, le fait que l'image soit sale, que la maison soit
10:06 sans dessus dessous, etc.
10:07 En gros, on vient briser cette idée toute conçue de la maison américaine trop jolie
10:13 avec sa petite famille, un peu maison dans la petite prairie.
10:17 Et on brise les codes, et là on dit "oh non, ça c'est pas vrai, ça c'est vrai".
10:21 En gros, là ils voulaient mettre en avant cette Amérique qui existe et qui est pas aussi
10:26 belle qu'on aimerait le croire.
10:27 Ouais.
10:28 Surtout si tu regardes bien, effectivement, la maison du tueur est beaucoup plus accueillante
10:33 que la maison où il compte passer la nuit à la base.
10:35 C'est une ruine.
10:36 À la limite tu te dis "mais qui dort là ?"
10:38 Ouais c'est sûr.
10:39 Là, un hôtel.
10:40 Mais même, tu vois, la logique des jeunes, c'est pour ça que moi je suis pas d'accord
10:44 quand on parle de slasher movie, parce que les jeunes en général dans les slasher movie,
10:48 ils ont un peu ce côté ados, cons, tu vois, ils font des choses sans que ni tête.
10:54 Ouais.
10:55 Et même, j'allais dire, tout le film, ah putain ça aussi c'est intéressant, c'est
10:57 une autre, tu vois, c'est un autre prisme de lecture.
10:59 Une critique qui revient souvent, c'est que le défaut du film, ce sont ses acteurs et
11:05 les dialogues.
11:06 Et en gros, effectivement, les dialogues, ils ne font que dire "ah mais où est-ce qu'on
11:10 va se baigner ? Ah mais où est-ce qu'on va jouer ? Vous avez joué des échecs ? Et
11:13 machin et tout.
11:14 On s'en fout, tu vois, de tout ça.
11:15 Mais en gros, ces dialogues qui paraissent anodins, et ben c'est tout le croustillant
11:19 du film, quoi.
11:20 T'en as, t'as une des gens qui pensent à se dire "où est-ce qu'on va se baigner ?"
11:25 Pendant que t'en as d'autres qui disent "qu'est-ce qu'on va manger ? On n'a pas d'argent, on
11:29 va devoir tuer des gens."
11:30 Donc en gros, tu vois le coller un côté un peu naïf face au côté détruit, quoi.
11:35 Où il n'y a plus de raison, il n'y a que de la folie et du meurtre, quoi.
11:40 Et ça, je trouve ça génial.
11:41 Je trouve ça très très bien vu.
11:43 Et du coup, j'ai complètement digressé, je ne sais plus où je voulais en venir.
11:46 Non, c'est très bien.
11:47 Ah oui, et du coup, quand il va dans cette maison, tu vois, quand les personnages se
11:50 séparent, etc.
11:51 Ils se séparent parce qu'ils n'ont plus d'essence, qu'ils ont entendu un générateur d'essence
11:56 qu'ils vont aller toquer chez le voisin en demandant s'ils ont de l'essence.
11:59 Le mec, il entend un bruit chelou, il dit "putain, il y a un bruit chelou, si ça se
12:03 trouve, il se passe un truc."
12:04 Il rentre dans la maison, tu vois, il y a toute une démarche de demander un service,
12:09 etc.
12:10 Il va se sauter un peu bébête des slasheurs, "on va aller niquer dans la grange du voisin."
12:16 Bon bref.
12:17 Je bois.
12:18 Faites, faites.
12:19 Avec la tasse, on est en train de tuer toute l'harmonie du décor.
12:24 Je vous sers un peu de cheveux.
12:25 Ah oui.
12:26 Du coup, parlons de masques.
12:30 Tu te connais bien, toi, en masque.
12:32 Un peu.
12:33 Ouais, paraît-il.
12:34 Qu'est-ce que tu peux me dire sur les trois masques ?
12:37 Du premier film ?
12:38 Ouais, et est-ce qu'il y a une signification ?
12:41 Alors, Toby Hooper te dirait que, lors de la conception du film, derrière le masque,
12:48 il n'y a personne.
12:49 En gros, il part du principe que Leatherface n'existe qu'à travers ses masques.
12:53 Donc il n'a pas de personnalité, et grâce au visage de ses victimes, il arrive à être
13:00 qui il veut.
13:01 Et on remarquera que dans le film, du coup, il a trois entités.
13:04 Il y a ce qu'on appelle l'original, c'est celui qui tue le garçon Kurt au tout début
13:10 du film, la tête de boucher.
13:12 Ensuite, il y a un deuxième masque qui est très furtif, ce qu'on appelle la Lady Odd
13:17 Lady, la vieille dame.
13:18 Là, on est sur une sorte de mère de substitution qui prépare à manger pour toute la famille.
13:25 Donc là, on est vraiment sur une démarche de « je remplace la figure maternelle au
13:29 sein de la famille ». Et la troisième figure, c'est la Pretty Woman, c'est le visage de
13:34 femme toute jolie, toute maquillée, qui arrive dans le dernier chapitre du film.
13:38 Mais on remarquera que dès que Leatherface porte un de ses masques, il se comporte différemment,
13:44 comme si le masque influençait son psyché.
13:46 On a l'original, on est sur un personnage qui est ultra confus, même dans ses mouvements.
13:53 Tout à l'heure, tu parlais, Rof, de quand il casse sa porte.
13:55 Il n'y a aucune logique.
13:57 Il subit, il fait que tuer, c'est une machine à tuer.
14:00 Donc on est dans une logique de « je prends un marteau, je prends une tronçonneuse, et
14:04 mon seul but, c'est de tout détruire ». Après, on a la Old Lady.
14:08 Donc là, il y a une scène où tu as le grand frère qui la malmène en disant « mais enfin,
14:12 qu'est-ce que tu fais ? Refais à manger, tu ne sers à rien », etc.
14:15 Donc là, c'est un personnage soumis, tu vois.
14:17 Et ça, tu vois, ça se ressent même dans le jeu du comédien de Gunnar Hansen.
14:21 Tu vois, il est tout voûté, etc.
14:23 Et ensuite, on a la Pretty Woman, et là, on a un changement d'axe de jeu, où là,
14:27 d'un coup, il est bien droit.
14:28 Toujours un peu hésitant, on parle d'une personne qui est déviante quand même.
14:32 Mais on sent que cette femme bien maquillée, etc., c'est la personnalité qui lui convient
14:38 le mieux, tu vois.
14:39 On a vraiment une personne qui est sûre d'elle, tu vois, qui est forte, si on doit la prendre
14:46 en féminin.
14:47 Et même sur la danse finale, tu vois, la dernière poursuite, donc il tombe, il se prend
14:51 un coup de tronçonneuse, etc., il se relève.
14:53 Ensuite, t'as cette danse au crépuscule, où tu as tout ce que tu as, c'est magnifique,
14:59 tu vois.
15:00 Et du coup, ouais, c'est chaque masque un flux sur le psyché du personnage.
15:04 Après, c'est à toi de faire tes propres analyses, tes propres fantasmes, tu vois.
15:10 Moi, je trouve que, tu vois, politiquement parlant, le film, il s'inscrit dans une logique
15:14 assez intemporelle, tu vois.
15:17 Cette problématique, cette vision du côté "je mets un masque de femme", et du coup,
15:23 ça change mon psyché, et je suis mieux dans ma peau, et je me sens plus grand, plus beau,
15:28 plus fort, et ben ça pourrait dire qu'il y a un problème sur une identité de genre,
15:32 tu vois.
15:33 Ça pourrait dire que, ouais, mais peut-être qu'il est pas fait pour être mec, il est
15:35 fait pour être fille, tu vois.
15:37 Ça touche un peu à tout, après, c'est, encore une fois, c'est un prisme de lecture.
15:41 Et c'est ça qui est cool avec Massacre à tronçonneuse, c'est, peu importe comment
15:45 tu vas interpréter le film, voir le film, tu vois, et ben tu en auras une vision complètement
15:50 différente.
15:51 Tu en as des gens qui vont voir juste un slasher movie d'un mec qui bute des gens, t'en
15:55 as qui vont voir le truc ultra-politique engagé sur l'état qui fait crever son peuple, et
16:01 t'en as d'autres qui vont dire "ah ouais, c'est carrément un combat de l'identité
16:06 de genre", etc.
16:07 Donc c'est un film qui est indémodable, quoi.
16:09 Je pense que ce qui le rend culte aussi encore aujourd'hui, c'est cette fin, ce dernier
16:15 acte, qui est une scène complètement folle, qui est une scène quasi insoutenable, non
16:20 pas qu'elle soit gore ou violente, mais c'est que, en tout cas, en termes de sonorité,
16:25 on est sur quelque chose de très malaisant.
16:28 Ouais, c'est le chaos, le chaos absolu.
16:30 Et de ce que j'en ai vu, apparemment, on est sur plus de 26 heures de rush, et apparemment
16:36 les comédiens et les comédiennes à ce moment-là étaient dans une espèce de...
16:42 À bout de transe.
16:43 Voilà.
16:44 Il faisait 50 degrés sur le plateau, tu avais les comédiens qui étaient le grand-père
16:48 qui était maquillé depuis des heures, lui il était en train de s'évanouir toutes
16:52 les 30 secondes à cause du maquillage.
16:54 Gunnar Hansen, le comédien qui fait Leatherface, lui il en avait plein le cul.
16:58 Mais pas plein le cul...
16:59 Si, forcément, je me barre, tu vois, mais par exemple, tu as la scène où il entaille
17:03 le doigt, il voulait que ça aille vite, tu vois, il dit "ça fait X heures qu'on tourne",
17:09 donc l'accessoire il marche pas, en gros c'est une lame qui est truquée, donc t'as une pompe
17:13 dans la main, et en gros quand tu passes le couteau, tu appuies sur la pompe et ça envoie
17:17 le sang.
17:18 Ça marchait pas, du coup Gunnar il a dit "non mais on va pas attendre qu'il répare,
17:22 je vais rien dire à personne", il a chopé le doigt, il a coupé pour de vrai.
17:25 Et pareil, tu vois, les cris, la transpiration, en gros, certes sur le moment ils ont dû
17:32 en chier, tu vois, mais moi j'aime imaginer que les étoiles, elles étaient alignées,
17:36 tu vois.
17:37 Il s'est passé un truc, dans l'espace-temps, ils se sont dit "ce sera ces gens-là, dans
17:41 ce décor-là, avec cette chaleur-là, voilà, ils vont galérer, ils vont chier, mais ils
17:45 vont faire une des plus belles scènes, on va dire, de rupture psychologique au cinéma,
17:52 et c'est d'enfer, ça marche trop bien, parce que tout est vrai, tu sens qu'ils en chient,
17:56 et ça marche trop bien, quoi.
17:57 Et la pellicule, ce côté crasseux, etc., putain ils ont tout capté, quoi, ils ont
18:02 tout capté.
18:03 Tu sais qu'ils ont tous fini en thérapie à la weed pendant la fin de tournage ?
18:06 Ouais, apparemment il y a eu du...
18:07 Ils ont devenu des gros stoner, ils se sont quillés des bambous comme ça pour décompresser.
18:13 Tu m'étonnes.
18:14 Mais c'est vrai que pour le coup, même le montage, il fait beaucoup sur la fin, avec
18:17 ce...
18:18 Cette espèce de montage un peu psychédélique, tu vois, avec les...
18:21 Tu veux dire les gros plans sur l'œil ?
18:23 Voilà, les gros plans sur l'œil, sur la bouche, les cris, quelque chose qui rajoute
18:28 beaucoup justement à ce côté très malaisant, et moi ce qui m'a beaucoup marqué aussi,
18:33 c'est qu'effectivement on a cette fin qui est sans répit, on a du coup le personnage
18:39 qui s'échappe, qui se fait poursuivre, donc on a encore un bruit continu de cris, de tronçonneuses,
18:45 et d'un coup ça s'arrête.
18:46 C'est-à-dire qu'on a le générique, on a ce plan final qui est incroyable, et là
18:49 on a calme-plat sur le générique, et c'est là qu'en fait tu te dis...
18:54 Bah en fait tu t'oses même plus toucher ta télécommande ou quoi que ce soit en fait,
18:58 c'est-à-dire que tu restes devant le générique et tu te demandes ce que tu viens de voir
19:01 et...
19:02 Ah, tu veux dire que toi t'étais plutôt sur le choc, le "bouge-bé-le".
19:04 Comme ça ?
19:05 Bah en fait, la première fois que je l'ai vu, en fait j'étais...
19:07 Je commençais à être tellement habitué à ce bruit constant, pendant quasiment tout
19:11 le film et surtout vers la fin, que quand ça s'est arrêté d'un coup, j'avais l'impression
19:15 de me sentir autant libéré que le personnage, et pas dans le mauvais sens du terme, pas de
19:19 dire que c'était chiant, mais au contraire, mais de me dire "moi aussi je viens de sortir
19:22 d'un enfer".
19:23 Et c'est dur après de réouvrir ton volet et de reprendre ta vie, parce que tu viens
19:30 de vivre un moment assez choquant.
19:32 C'est vrai, pour l'avoir vu très jeune, moi j'ai un souvenir...
19:35 Je ne vous comprenais pas ce que je voyais, tu vois.
19:40 Moi tout ce que je voyais c'était des jeunes avec un monstre qui est pourchassé à la
19:43 tronche neuse.
19:44 Donc du coup, moi ce film il m'a accompagné et c'est en grandissant, et là tu vois, grâce
19:49 aux études etc, tu arrives à cultiver ton savoir etc.
19:54 Et là tu te dis "ah ouais, mais ça, ça veut dire ça et tout, et ça, ça veut dire ça
19:58 et tout".
19:59 Et à la fin, plus tu regardes le film, plus tu cultives une cinéphilie, tu vois, tu peux
20:04 comprendre etc.
20:05 Et quand ça monte, ça monte, il y a l'écrit, les courses poursuites, le dîner et tout.
20:08 En gros j'aime bien comparer ça à une montagne russe, tu vois.
20:11 Ça n'arrête pas de monter, de descendre, t'as des calmes et machin et ça.
20:14 Et quand tout s'arrête, tu sais, t'as cette euphorie de "ah".
20:17 Et du coup tu te dis "je ne sais pas si j'ai envie que ça continue ou si je ne veux plus
20:20 aller parce que mes jambes elles tremblent ou quoi".
20:22 Il y a vraiment ce côté "ah, ah, punaise, qu'est-ce que je vais faire, c'était horrible
20:29 mais en même temps c'était génial".
20:31 Et c'est toute la force de Massacre à Trostnose, tu vois.
20:34 Oui, complètement.
20:35 Puis c'est vrai qu'il a cette réputation qui est assez...
20:38 On est sur un cliché de film gore, de film violent visuellement.
20:45 Et il est violent visuellement évidemment, mais il n'est pas gore.
20:49 Non.
20:50 Mais en même temps, disons que tout ce qui entoure le film s'y prête.
20:56 Le titre, l'image du personnage.
20:58 Et du coup pour Massacre à la Trostnose ?
21:00 C'est ça qu'on en parlait en off, c'est ce que je disais en fait.
21:04 Je trouve que le marketing autour du film, même s'il a été interdit, le marketing
21:09 le fait de créer la curiosité, je trouve qu'appeler le film Massacre à la Trostnose
21:13 alors qu'au final il n'y a qu'un seul meurtre à la Trostnose et qu'il n'y a pas de sang,
21:17 quasiment pas dans le film, je trouve ça assez brillant dans le côté attirant du
21:22 truc.
21:23 C'est à dire qu'on est limite sur les prémices du putaclic YouTube "Venez voir Massacre à
21:27 la Trostnose", il n'y en a qu'un.
21:28 Mais tu vois, une fois que tu y es, tu comprends, tu te dis "Mais quand Massacre à la Trostnose
21:31 ?" Mais c'est ce qui joue beaucoup sur le côté gore, sur l'image qu'a le film, cette
21:36 image gore, c'est Massacre à la Trostnose.
21:39 Forcément si tu n'as jamais vu le film et que tu veux avoir un film qui s'appelle Massacre
21:42 à la Trostnose, tu te doutes bien qu'une Trostnose, visuellement ça ne va pas être
21:46 très joli.
21:47 Alors qu'au final, si tu comportes ça aux suites, et on va y venir sur les suites, on
21:52 est sur quelque chose d'assez clean, même si à la base, de ce que j'en ai lu, ce n'était
21:58 pas forcément clean et que le réalisateur a voulu rendre ça clean pour qu'il soit classé
22:04 sur moins de 13 ans.
22:05 C'est un échec cuisant.
22:08 Oui, parce qu'il a été interdit partout et il a fallu attendre 20 ans dans certains
22:12 pays pour pouvoir le voir au cinéma.
22:14 Mais en France, c'est sorti en 82, donc ça fait presque 10 ans après la sortie américaine.
22:22 Puis même le DVD, le support physique, la cassette est sortie très tôt, mais le DVD,
22:26 il a fallu attendre longtemps.
22:27 Et une vraie remasterisation en Blu-ray, elle est sortie en 2014.
22:31 Et pour le coup, elle est top.
22:34 Et je trouve qu'il ne dénature pas malgré tout le film.
22:37 Ça le rend encore plus intemporel parce qu'on peut encore le montrer aux futures générations.
22:42 Il faut.
22:44 Si un jour dans ma vie, je dois réaliser un film, j'adorerais faire un Massacre à
22:50 Tronçonneuse.
22:51 Je trouve que, on en parlera dans quelques minutes, mais ils ont tellement gâché un
22:58 héritage et un symbole puissant, c'est un truc qui bouillonne en moi.
23:02 Ça, ça me plairait bien.
23:05 En parlant justement de marketing, on a aussi cette introduction qui fait croire que cette
23:11 histoire est vraie, justement pour créer le doute et attirer du monde, dire "va voir
23:17 le film au cinéma, c'est vrai", etc.
23:19 Alors qu'en fait, ça s'est avéré faux.
23:22 Après, tu peux faire des liens à carité.
23:26 Tu avais une légende qui raconte que Tobe Hooper était en soirée Halloween, une soirée
23:30 masquée.
23:31 En gros, tu as un connard qui était en études de médecine, qui vient en soirée avec le
23:35 visage d'un cadavre.
23:37 Pareil, encore une fois, c'est juste une question d'instant.
23:42 Du coup, c'est des histoires vraies.
23:46 Oui, complètement, c'est sûr.
23:48 Du coup, on va y venir ensuite, on va en parler.
23:53 Moi, personnellement, je n'ai vu que le tout premier et le dernier en date.
23:58 C'est pas grave.
23:59 Oui, c'est ce qu'on m'a fait comprendre.
24:03 Mais disons qu'en fait, c'est un peu...
24:08 Par exemple, on parlait d'Aliens et tu me disais, par exemple, Prometheus, je ne l'ai
24:10 pas aimé parce qu'il a répondu à mes questions, mais de la mauvaise manière.
24:14 Et je me dis, est-ce qu'il faut vraiment avoir des réponses à ces questions ? Est-ce que
24:18 ce n'est pas justement le fait de ne pas savoir qui rend le truc aussi emblématique ? Et
24:23 je me dis Massacre à la Tronçonneuse, parce que là, apparemment, il y a eu des suites,
24:26 des briquelles.
24:27 Donc, on raconte l'histoire de Laser Fade quand il était petit.
24:30 Le briquelle est très intéressant, le 2017.
24:32 En termes d'esthétique, ils ont compris, tu vois, ils ont compris les codes Massacre
24:37 à la Tronçonneuse, etc.
24:38 Mais pareil, moi, j'ai eu cet effet un peu Prometheus, tu vois, on me donnait des réponses
24:44 et ce n'était pas celle que j'attendais.
24:45 Moi, c'est ce que je me dis en tout cas.
24:47 Tu vois, par exemple, je te parlais de la fin du film qui s'arrête comme ça.
24:50 Et j'ai l'impression que Massacre à la Tronçonneuse, le premier, on est sur un morceau de vie,
24:56 tu vois, de quelques personnages qui...
24:58 Ça dure 24 heures, même pas.
25:01 Et j'ai l'impression que c'est ça qui est efficace, en fait, dans cette histoire, c'est
25:04 qu'on ne sait pas d'où il vient.
25:05 On ne sait pas exactement où ils vont.
25:08 Et quand ça se termine, on ne sait pas ce qui va se passer ensuite.
25:12 Et c'est ce qui rend tout le truc très intéressant parce qu'en fait, on a pris ce morceau de
25:15 vie, on l'a vécu et ça s'arrête là.
25:18 Et je n'ai pas personnellement besoin de savoir ce qui s'est passé avant, comment il est
25:22 devenu comme ça et ce qui se passera après.
25:23 Puisque je trouve que cet extrait là, ce morceau là, il se suffit à lui-même, tu
25:28 vois.
25:29 Les boîtes de prod ne sont pas d'accord avec ça.
25:31 Il faut faire de l'argent.
25:33 Et peut-être que sur le, toi en tout cas, sur le Alien, quand tu me dis "je n'ai pas
25:36 eu les réponses que je voulais", est-ce que ce n'est pas plutôt au fond de toi "je
25:40 ne voulais pas de réponses finalement".
25:41 Tu vois ce que je veux dire ?
25:42 Non, mais tu as raison.
25:43 Et c'est pour ça que j'ai quand même lancé le dernier sur Netflix pour me dire "je vais
25:46 quand même essayer d'aller choper une suite".
25:48 Alors j'ai pris celle-là, je n'aurais pu en prendre d'autres.
25:50 Non, mais c'est bien, tu as les deux.
25:51 Voilà, je voulais vraiment, je voulais l'opposer.
25:53 Et effectivement, on est sur un contre-emploi total.
25:57 C'est-à-dire qu'on est sur, il n'y a plus aucune subtilité en termes d'effet visuel,
26:02 ce qui n'est pas forcément pour me déplaire.
26:04 Moi, j'ai trouvé ça rigolo par moment, tu vois.
26:06 Mais à l'inverse, tous ces personnages qu'on a quittés, où on ne sait pas forcément
26:10 ce qu'ils deviennent et ce qui offre tout justement, toute la saveur des personnages.
26:15 Là, par exemple, on a le personnage féminin qui a survécu, j'ai oublié son nom.
26:19 Sally.
26:20 Sally.
26:21 Où on sait ce qu'elle devient.
26:22 Donc elle devient un Ranger.
26:23 Et puis elle va essayer de se venger, tout ça pour se faire spoiler.
26:26 Elle va être trucidée en cinq minutes.
26:28 On a du coup, Bouba.
26:30 On se rend compte qu'il a retrouvé une figure maternelle.
26:34 Ce qui n'est pas forcément déplaisant, de manière à ce qu'on s'en raconte.
26:37 Et en plus, il récupère son visage.
26:39 Donc il y a quand même une symbolique.
26:40 Même les jeunes.
26:41 Même si je trouve que pour le coup, la jeunesse dans le film, là où dans le premier, elle
26:44 est comprise, ici, j'ai l'impression qu'elle est juste caricaturée et pas respectée,
26:49 en fait.
26:50 Je trouve que c'était trop cliché pour vraiment y croire.
26:52 Les mecs Tesla, tout ça.
26:54 Le dernier Massacre à Tronçonneuse, en gros, on est sur une problématique...
26:57 Deux problématiques.
26:58 On a un respect de la mythologie du premier, qui est effleuré.
27:03 Ils ont compris la mythologie, Leatherface, proche de sa famille, etc.
27:09 Mais comme il tue cette sorte de matriarche, la patronne de l'orphelinat, du coup, il est
27:18 livré à lui-même.
27:19 Il tue tout le monde.
27:21 Et du coup, on est vraiment sur une logique de slasher.
27:24 Il est tout seul, il est totalement conscient de ce qu'il fait, puisqu'il tue par vengeance
27:28 et plus par nécessité, alors que dans le premier opus, c'est un besoin.
27:32 Il faut manger, il faut survivre.
27:34 Pareil, dans le 1, je repars sur le 1, mais en fin de compte, qui survit ? Est-ce que
27:40 Sally va survivre en fuyant la famille ? Et à contrario, la famille, elle survit en tuant
27:48 les gens.
27:49 C'est horrible, c'est conceptuel.
27:51 Mais elle mange, elle se nourrit, elle vit grâce à leur meurtre.
27:56 Donc c'est une question de survie pour les deux côtés.
27:59 Alors que dans ce dernier opus, c'est décomplexé.
28:05 On s'est débarrassé de la famille, maintenant on a un boogieman, on a une silhouette horrifique.
28:12 Il va pouvoir se faire plaisir et tuer plein de gens.
28:16 Et le truc, c'est que, pour reprendre tes termes, de la caricature, on est en plein
28:21 dedans.
28:22 On est vraiment dans cette caricature, la jeunesse internet.
28:24 Et ils ne sont pas attachants, ils ne sont pas marquants ces acteurs.
28:28 Alors que quand on parle des premiers opus, le 3, Viggo Mortensen, à l'époque il n'était
28:34 pas connu, mais il avait une gueule.
28:35 Dans le 4, il y avait Zoé...
28:38 Tu mettras sa photo, il y avait Mathieu Mcgonaway, et c'est dégueulasse.
28:49 Et là, sur le dernier, on n'a pas ce casting, on a envie de suivre l'aventure de ces jeunes
28:56 et dire "j'ai trop envie qu'il survive lui parce que je m'y suis attaché".
28:59 En tout cas, c'est mon ressenti.
29:02 Pour le coup, le meurtre le plus marquant, c'est sans doute le moins violent, c'est le
29:07 premier, c'est-à-dire la blonde dans la voiture de flic, où il y a un vrai truc qui se passe
29:11 avant ça, il y a un vrai suspense.
29:13 Et ce n'est pas forcément gore.
29:16 Mais là, pour le coup, j'avais un peu d'empathie, puisque la fille essaie de survivre, elle
29:23 essaie d'être maligne, de faire la mort, etc.
29:25 Et c'est la seule qui a essayé un peu d'avoir de la jugeote, et les autres se font complètement
29:29 transpercer de tous les côtés.
29:31 Le traitement de Leatherface, maintenant, il devient intuable.
29:34 Il se prend des coups de fusil, des coups de tronçonneuse, et le mec, il marche toujours.
29:38 Ça devient une sorte de Michael Myers.
29:41 Je pense que le réalisateur voulait faire un Halloween, qu'il n'a pas réussi.
29:45 Et du coup, il s'est dit "toutes mes idées, je vais les mettre dans Massacre à la tronçonneuse".
29:48 Mais le truc, ce n'est pas ce qu'on veut.
29:50 Faire revenir Sally, comme tu disais.
29:53 Donc en sorte de flic super badass qui arrive et qui se fait démonter en deux minutes,
30:00 et encore je suis gentil, ça n'a aucun sens.
30:04 Sur Halloween, ce qu'on disait tout à l'heure, on comprend l'hommage.
30:08 C'est Jimmy Cortis qui reprend son rôle, qui va affronter Michael Myers, qui va mettre
30:13 fin à un mythe, à une nouvelle saga.
30:17 Là, tu fais revenir le personnage de Sally, qui est interprétée par une autre comédienne,
30:22 parce qu'elle est morte, Marine Burns.
30:25 Du coup, ça perd tout intérêt, ce n'est même pas la vraie comédienne.
30:29 Tu la fais venir, ça détruit complètement la mythologie, parce que tu fais mourir l'héroïne
30:35 du vin.
30:36 Donc c'est un raté de bout en bout.
30:39 Et après, par contre, la DI est chouette.
30:41 Mais ça, c'est toutes les productions Netflix.
30:43 On fait de jolies bandes d'annonces, on met de super chefs opérateurs qui vont trouver
30:47 le plan.
30:48 Mais tu en penses quoi de toutes ces suites, tout ce qui a suivi l'histoire de ce personnage,
30:55 de cet univers ? Il y en a que tu conseilles ou pas ?
30:58 Il y en a que je conseille.
30:59 C'est vrai, pour bien comprendre le gâchis, je recommande de voir les 9 films, mine de
31:08 rien.
31:09 Mais bon, c'est 9 films de souffrance.
31:12 Il faut savoir que le premier film, sans l'inflation, on était sur un film qui a coûté 150 000
31:18 dollars et qui a rapporté à la longue 32 millions.
31:22 Donc c'est de la fouille.
31:25 Donc les prods, tu parles, dès qu'on peut faire du fric, on fait du fric.
31:29 Donc le 2, la canon, Tony Hooper avait signé avec la canon, il a fait 3 films.
31:35 C'est Les Inverdisseurs viennent de Mars, c'est un film avec un petit garçon, il y
31:38 a des extraterrestres qui arrivent et qui foutent le dawa.
31:41 Il a fait Lifeforce en 85, donc c'est Mathilde Damé, c'est une vampire de l'espace et elle
31:46 fout le bordel à Londres, il y a des zombies, des vampires, bref, c'est génial.
31:50 Et du coup, il y a eu Massacre à Tronçonneuse 2.
31:53 Et là, Toby Hooper, c'était un mélange de « je te laisse faire ce que tu veux, mais
31:57 en même temps, je te mets 2-3 petits bâtons dans les roues pour pouvoir faire encore des
32:03 suites ». Et en gros, Toby Hooper, il s'est fait plaisir, tu vois.
32:06 Il a dit « très bien, du coup, moi je vais faire un cartoon ». Et du coup, le 2, il
32:12 y a un gouffre qui sépare les deux œuvres.
32:14 Tu as un drame social horrifique et de l'autre côté, tu as une comédie horrifique où c'est
32:20 baston de Tronçonneuse, ça saute de partout, c'est ultra coloré, c'est pulp, ça se passe
32:26 dans une fête foraine, tout est grandiloquent.
32:30 Et donc déjà, rien que là, tu as un tour de force, donc ça n'a plus rien à voir.
32:34 Ensuite, tu as le 3, que j'aime bien.
32:36 En gros, il a été réalisé par un fan du premier opus, donc il a voulu vraiment retourner
32:41 aux sources, tu vois, de la famille, de cette caméra crasseuse, etc.
32:45 Pareil, la production est venue dans le truc en disant « il faut rajouter ce côté un
32:49 peu plus slasher, comme un Jason ou un Freddy ». Le film est sorti en 90, c'est le 3.
32:54 Donc là, on était vraiment sur une...
32:56 Tu vois, en 90, tu avais déjà les prods chez les voisins qui se demandaient déjà
33:00 comment on allait faire Vendredi 13 vs Freddy, et ils se demandaient même comment on allait
33:04 faire Vendredi 13 vs Freddy vs Hache, il y a une idée, tu vois.
33:09 Donc ils étaient vraiment dans un délire de « on va faire plein de suites, on va faire
33:11 des crossers, machin, on veut quelque chose de flashy, tu vois ». Rien que la bande d'annonce
33:16 de Laserface, du massacre de Tronçonneuse 3, ils ont fait une sorte de bande d'annonce
33:22 arthurienne, où t'as Laserface qui est au bord d'un lac et tout, t'as la main de la
33:27 dame du lac qui sort avec une tronçonneuse toute argentée et tout, qui lance et tout.
33:32 Donc on est vraiment dans un délire, on va faire un truc qui claque, tu vois.
33:35 Et à côté de ça, t'as un réalisateur qui dit « ouais mais vous savez, Laserface,
33:39 ça claque pas, c'est un truc, c'est un drame social et tout ».
33:42 Et en gros le pauvre type, tu parles, il se fait « non mais toi, ta gueule avec ton drame
33:46 social ». Et donc du coup t'as un film qui est vraiment le cul entre les deux chaises.
33:50 Et ensuite t'as Le 4, et Le 4 c'est pour moi une catastrophe.
33:54 Alors il y a des très… tu vois t'as des fulgurances, notamment sur le traitement…
33:59 bon, il est insupportable Laserface, il fait que hurler pendant tout le film.
34:03 Mais là pour en revenir à ce qu'on disait au tout début sur la question de l'identité
34:07 de genre et tout, là ils ont poussé le vis, tu vois.
34:09 Et quand tu vois Le 4, tu te dis « ok, donc là il y a plus de doute, tu vois, possible,
34:14 il y a vraiment une recherche de l'identité ». Mais c'est le seul truc bien du film.
34:18 Et ensuite on arrive au début des années 2000, et là t'as les deux remakes, le 1
34:24 produit par Michael Bay, et celui-là il est top.
34:27 Donc là s'il faut en voir un, c'est bien celui-là.
34:29 Donc il y a le 74, qui est… c'est un chef d'œuvre, et le 1 du remake, donc celui
34:35 de 2000, des années 2000.
34:36 En gros, le réalisateur est parti dans une logique « je ne peux pas faire mieux que
34:40 le 1 ». Donc je vais récupérer certains éléments qui fonctionnent, je vais prendre
34:45 une base, et je vais re-sculpter le tout.
34:48 Donc nouveau packaging, nouveau visuel, nouvelle direction artistique.
34:52 Le frère, le grand frère, et ben je vais mettre mon attention sur le grand frère,
34:57 et le Laserface, il restera un outil de meurtre, donc il sera… c'est un à côté, tu vois.
35:04 Et je vais aimer concentrer sur ce frangin, je vais en faire un flic Ripoux, complètement
35:09 timbré, qui est horrible, et ça marche trop bien.
35:12 En gros, durant tout le film tu te dis « je veux voir le flic tout le long, je veux en
35:17 voir plus ». Et le truc c'est que t'as toute la fanbase de Massacre à Tronçonneuse
35:22 qui dit « c'est génial, c'est génial, on veut en voir plus du flic, on veut en
35:27 voir plus ». Et donc là la prod elle est arrivée, elle fait « bon ok, on voulait
35:31 pas faire de suite, étant donné qu'on a tué tout le monde, ben on l'a dans le
35:35 cul, ben du coup on va faire un préquel, puisqu'ils sont pas morts avant ». Et donc
35:40 du coup, comme ils aiment bien le policier, on va faire le début du policier qui devient
35:44 méchant, comment il devient flic et tout, et c'est une catastrophe.
35:47 En gros, là tu vois, tu vois la machine à flic, en gros tout ce qui faisait la subtilité
35:53 et la démence du préquel, et ben ça devient une sorte de caricature, de gimmick.
35:58 Et après t'arrives en 2014, c'est Je ne m'abuse, avec le Massacre à Tronçonneuse
36:04 3D.
36:05 En gros ils veulent faire une suite directe du premier film, donc ça veut dire qu'il
36:10 faut oublier le 2, il faut oublier le 3, il faut oublier le 4.
36:13 Les remakes, on les oublie.
36:15 Donc du coup on fait une suite, et c'est nul, c'est vraiment nul.
36:19 Le seul truc intéressant, le seul coup de génie du film, c'est qu'à la fin du
36:24 film de 1974, en gros à la fin t'as un chauffeur, t'as un poids lourd qui s'arrête,
36:29 qui a failli écraser sa lit avant qu'elle s'enfuit, et t'as le chauffeur poids lourd
36:33 avec son t-shirt jaune, ben tu sais pas trop ce qu'il devient, tu vois, tu le vois courir
36:37 je crois un peu, et ben en gros dans la fausse suite de 1974, en gros au fond de la cave,
36:45 tu vois un mec pendu avec le t-shirt jaune, il est habillé comme le conducteur, c'est
36:49 le seul truc bien que j'ai trouvé dans le film, pour te dire, c'est vraiment qu'il
36:52 y a rien à sauver quoi.
36:53 Donc celui-là il est totalement dispensable, je l'aime pas du tout.
36:59 Ensuite t'as le fameux remake dont on parlait tout à l'heure, le préquel pardon qu'on
37:02 parlait tout à l'heure, intéressant, pareil ça répond à des questions qu'on
37:07 voulait pas, donc c'est un fait un peu pétard mouillé, mais je le recommande quand même.
37:13 Et après tu as du coup l'affreux, le 2022, celui qui vient de sortir.
37:17 Si je dois résumer en trois films, il faut voir le 1, 1974, le remake de 2001-2002 je
37:25 crois, et le 3 que j'aime beaucoup.
37:27 Désolé si j'étais un peu long, je suis passionné vous comprenez.
37:31 Non mais c'est très bien, et puis c'est rigolo parce que j'ai l'impression que
37:36 c'est courant ce genre de film, on a le même principe sur les Freddy, on a le même
37:43 principe sur les Halloween, on a le même principe sur les Vendredi 13, et c'est assez
37:49 fascinant tout cette espèce de horror cinématique univers où des fois ils se rencontrent, ils
37:54 se bastonnent.
37:55 Ouais carrément, ben là tu l'as vu le Freddy vs Jason ? Ouais ouais.
37:59 Ouais c'est cool.
38:00 Après tu vois c'est un...
38:01 On va finir, on pourrait partir sur une autre émission, mais c'est des films que
38:06 j'ai vus à dos, même je crois que je l'ai vu au cinéma, et tu vois si je trouvais
38:11 ça trop bien, et en fin de compte en vieillissant j'ai un côté de j'en ai marre.
38:16 Autant Freddy vs Jason, non c'est un film de mon adolescence du coup j'arrive à le
38:19 voir avec de l'affection tu vois, mais autant voir un film d'aujourd'hui, ben ça me fait
38:25 plus même effet tu vois, puisque c'est des trucs que j'ai l'impression que j'ai déjà
38:27 vu mille fois quoi.
38:28 Du coup je suis un film...
38:29 Tu vois par exemple le dernier Jeepers Creepers qui doit sortir là, j'ai vu la bande d'annonce
38:37 et ben j'étais avec François et on regardait le truc, et genre moi j'ai regardé le machin
38:42 et je lui fais "allez je dis dans trois secondes il pète le mur et il la chope par derrière".
38:47 Trois secondes plus tard le mur se pète et...
38:50 Ouais.
38:51 Ouais tu vois il...
38:54 C'est la vie.
38:55 Comme tu dis c'est l'argent.
38:58 L'argent.
38:59 Cash risking.
39:00 Qu'est-ce que la passion quand on a l'argent.
39:02 C'est ça, exactement.
39:03 Merci beaucoup.
39:04 Ben de rien, avec grand plaisir.
39:06 De m'avoir accompagné, de m'avoir prêté ton décor et j'aimerais conclure cette vidéo
39:12 encore avec toi.
39:13 Oui.
39:14 Parce que j'aimerais que tu me parles un peu de ce que tu fais toi sur Youtube.
39:17 Ben moi sur ma chaîne je vulgarise les effets spéciaux.
39:20 Alors toi qui...
39:21 En plus je me suis depuis un petit moment...
39:24 En gros l'émission Derrière le Masque c'est mon format principal, il a vachement évolué.
39:27 Avant c'était...
39:28 Je vulgarisais les effets spéciaux dans les films tu vois, je prenais donc les effets
39:32 spéciaux pratiques, les maquillages, ma runette.
39:34 Et en gros j'expliquais comment ça fonctionnait.
39:36 Et à vrai dire, plus les émissions ont passé, plus je suis parti sur un principe que les
39:42 effets spéciaux sont une démarche artistique, donc un langage artistique et pas qu'un outil
39:48 audiovisuel.
39:49 Et donc du coup c'est parti plus sur une sorte de philosophon avec les effets spéciaux
39:53 tu vois.
39:54 Donc toujours sur une base de vulgarisation tu vois, mais voir au-delà des câbles et
39:58 du latex tu vois.
39:59 Sur qu'est-ce que ça pourrait représenter dans un imaginaire collectif, qu'est-ce que
40:03 ça a apporté pour le comédien et les acteurs.
40:06 Quand je dis acteur c'est les techniciens, le réalisateur qui l'entoure.
40:09 Et voilà.
40:10 Donc ça c'est l'émission principale, ça s'appelle "Derrière le masque" et je fais
40:14 ça depuis 5 ans.
40:15 Ben c'est top.
40:16 Moi je me régale à chaque fois donc n'hésitez pas à vous abonner, le lien est en description.
40:22 Merci beaucoup.
40:23 Et faut faire péter les stats parce que c'est...
40:25 Moi quand il m'a dit...
40:27 Enfin quand je vois les vues de toute façon ça me révolte.
40:31 On en avait déjà parlé quand on était sur Avignon, ça m'avait révolté, j'étais
40:35 tout seul, j'avais l'air con mais j'étais révolté.
40:37 Si vous devez en voir qu'une seule vidéo ce serait celle de Massacre à Tronçonneuse
40:41 justement et celle de Hellboy et celle de...
40:45 Je mets tout en description, vous allez voir toutes ces vidéos, vous allez vous abonner
40:51 et c'est top.
40:52 Moi je trouve ça brillant donc bravo, bravo pour ce travail, c'est magnifique.
40:55 Et puis voilà, on va se quitter sur ça encore.
40:57 Merci infiniment pour ton invitation.
40:59 Merci à toi.
41:00 Et joyeuse Halloween.
41:01 Oui, joyeuse Halloween exactement.
41:03 Ciao.
41:04 Salut.
41:04 [Musique]

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