Charles Berberian (Casterman) remporte le prix Wolinski de la BD du « Point » avec un magnifique hommage au Liban de son enfance. Une Éducation orientale commence par une exploration plastique au moment du confinement, qui juxtapose photos, aquarelles et crayonnés, épousant les rêveries et les considérations de l’auteur sur cet épisode singulier. Puis le trait se stabilise, au moment où Berberian se fixe sur son enfance libanaise. Ses déambulations dans la ville brisée par l’explosion meurtrière de 2020 font resurgir le Liban des années 1960, puis celui de la guerre civile.
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NewsTranscription
00:00 Le lauréat est une éducation orientale de Pierre-Julian.
00:06 J'ai voulu raconter six années, c'est 69 à 75,
00:16 donc j'ai entre 10 ans et 16 ans, où je découvre le monde extérieur
00:20 et Beyrouth, puisque j'arrive d'Irak.
00:22 Et là, je me retrouve au Liban sans mes parents, sans nos parents,
00:27 je devrais dire, puisqu'il y a mon frère, mon grand frère,
00:30 qui a six ans de plus que moi et ma grand-mère qui vont s'occuper de moi.
00:33 Et je découvre donc Beyrouth, cet endroit qui va devenir
00:37 de plus en plus chaotique au fur et à mesure qu'on va se rapprocher
00:40 de 1975, la date du début de la guerre civile.
00:44 J'ai voulu raconter cette période-là et mettre cette période en vis-à-vis
00:49 du présent, de tout ce qui secoue cette ville de Beyrouth au présent,
00:54 donc surtout depuis l'explosion du 4 août 2020 dans le port.
00:59 Ce pays, c'est une histoire continue de débordement de tous les problèmes,
01:04 que ce soit les flux migratoires des Syriens ou des Palestiniens,
01:09 mais aussi d'être pris dans un engrenage de violence
01:15 qui parfois est importé dans le pays, mais parfois part du pays même.
01:19 C'est une histoire continue, chaotique, où dans le livre, je dis,
01:23 c'est comme si le chaos était une manière de fonctionner aussi.
01:27 Le prix Wolinsky pour moi, ça signifie d'abord une espèce de parrainage
01:33 de la part de Wolinsky.
01:34 Surtout de me rapprocher de cette personne que j'avais admirée
01:43 pour son travail, pour son travail de dessinateur,
01:45 mais aussi de rédacteur en chef et pour le fait de m'avoir
01:49 complètement tourné la tête quand je suis arrivé en France en 1975.
01:53 C'est l'histoire de ma famille, c'est un portrait de mon grand frère
02:02 qui me manque énormément.
02:04 Ce qui me touche beaucoup, c'est d'avoir réussi à faire un portrait
02:09 de ma grand-mère et de mon grand-père, dont l'élégance de l'un et de l'autre,
02:15 la beauté de l'âme, diffusent finalement à travers mon livre.
02:19 C'est ça que je reçois en premier et qui est très important pour moi.
02:22 J'ai vraiment l'impression dans ces cas-là d'avoir réussi ma mission,
02:25 d'avoir fait ce portrait de ces deux personnes qui m'ont construit
02:29 et qui m'ont donné une éducation à ce qu'elle est orientale.
02:33 Oui, puisqu'on est au Proche-Orient à ce moment-là,
02:37 mais qui est surtout très riche.
02:38 C'est mon frère qui est devenu réalisateur de films.
02:41 Il a réalisé La Cité de la Peur.
02:43 C'est mon frère qui m'a communiqué l'amour du cinéma, l'amour de la musique.
02:48 C'est lui ma vraie figure paternelle.
02:51 ♪ ♪ ♪