Cécile Poublan, représentante du Réseau public d'aide à domicile de la Gironde (RPDAD)

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Cécile Poublan, représentante du Réseau public d'aide à domicile de la Gironde (RPDAD)

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00:00 8h45, difficile de recruter des aides à domicile. Elles sont de plus en plus nombreuses, à déserter la profession.
00:05 Les structures font face à une pénurie de personnel. Alors comment expliquer ce phénomène ?
00:09 Eh bien on en parle ce matin avec la représentante du réseau public d'aide à domicile de la Gironde,
00:14 Cécile Poublan et votre invitée Marie Roarch.
00:16 Bonjour Cécile Poublan.
00:17 Bonjour.
00:18 A quel point elle est grave la situation ? A quel point on manque d'aide à domicile dans le réseau public dans notre département ?
00:23 Alors on manque effectivement d'aide à domicile dans toutes les structures.
00:27 La nôtre c'est effectivement un réseau public. Ce sont des structures qui sont portées par les CCAS, donc par des collectivités CCAS et CIAS.
00:35 Donc on est bien dans une dimension de service public, ce qui rajoute parfois une complexité aussi dans le recrutement.
00:41 On est bien sur toute la Gironde, 33 services au total, dont 6 uniquement en métropole.
00:49 La difficulté aujourd'hui c'est effectivement ce recrutement, cette
00:53 pénurie en fait sur le recrutement. Notre réseau nous en est à 39 postes aujourd'hui de disponibles.
00:59 Concrètement sur le terrain ça veut dire une dégradation de l'accompagnement qu'on peut faire auprès du public.
01:04 Et évidemment on essaye et on fait tout pour que on ne laisse personne au bord de la route.
01:10 Parce que c'est bien là le risque en fait, c'est que demain on ne puisse pas s'occuper de certaines personnes qui ont besoin d'un accompagnement.
01:16 Et d'autant plus les personnes qui en ont besoin de façon encore plus prononcée, parce qu'elles ont des pathologies
01:23 invalidantes, parce qu'elles sont très éloignées et très isolées.
01:26 Et donc c'est bien sur ces personnes là que le risque est bien le plus important.
01:29 On va voir avec vous dans un instant vos explications pour expliquer peut-être cette pénurie de personnel. On va d'abord écouter Florence
01:36 de Saint Magne de Castillon. Elle a été aide à domicile pendant 15 ans.
01:40 Aujourd'hui elle est à la retraite, mais elle se souvient d'un métier difficile.
01:43 C'est quand même un beau métier, mais c'est un métier qui n'est pas facile tous les jours parce qu'il y a quand même des contraintes.
01:48 Donc c'est le matin bonheur, le soir tard.
01:52 C'est les week-ends, c'est beaucoup de routes pour pas gagner grand chose.
01:56 Donc je pense qu'il faut aimer ce métier, il faut aimer les personnes âgées aussi pour travailler là dedans.
02:01 Parce que si on n'aime pas les personnes âgées, il ne faut pas faire ce métier.
02:04 C'est ce que nous dit également un ad sur notre page Facebook ce matin. C'est un métier payant une misère pour ce que l'on fait,
02:09 surtout des kilomètres mal payés. 37 centimes du kilomètre.
02:12 Mais c'est un métier vraiment passionnant et être au contact des personnes et pouvoir les aider reste un réel plaisir.
02:18 On a également Coco qui le dit sur notre page Facebook.
02:20 Ce sont aussi des heures à gogo sans réelle vie de famille avec des plannings à l'arrache, le carburant et les trajets payés
02:27 par le salarié. Le tout est payé à peine le SMIC. Ce n'est pas attractif.
02:31 - Non ça c'est pour le côté très négatif de la chose. Ce sont ces éléments qui font que le métier a du mal à recruter ?
02:36 - Bien sûr, le métier a une représentation assez négative.
02:39 Même si pendant la période Covid on l'a revalorisé. Il a fait partie de ces métiers oubliés
02:45 qu'on a remis un peu sur le devant de la scène, les métiers indispensables.
02:49 Mais oui, les conditions de travail sont assez difficiles.
02:53 On est évidemment sur des horaires qui sont compliqués pour la vie de famille puisque les besoins
02:57 sont surtout le matin, le midi et le soir. Donc pas très compatibles.
03:01 Pour les kilomètres, ce sont des choses sur lesquelles l'ensemble des services vont travailler. C'est-à-dire être en proximité
03:08 du lieu d'habitation de l'agent.
03:11 On va avoir un travail aussi sur la prise en charge de ces kilomètres, l'utilisation de voitures de service quand c'est possible.
03:18 Avec des choses qui ont pu se développer sur le département avec les services d'aide à domicile associatif.
03:25 Avec la mise à disposition
03:27 de véhicules de fonction.
03:29 Donc ça c'est effectivement pour nous, le service public, ça serait une bonne piste aujourd'hui pour aider au recrutement.
03:35 L'autre problématique que l'on va trouver, qui est liée à la mobilité, c'est aussi
03:40 l'offre de logement. Puisque sur des territoires comme le bassin d'Arcachon,
03:43 les aides à domicile ne vont pas pouvoir se loger à proximité
03:47 de leurs bénéficiaires. Et ça va rajouter une complexité sur des territoires comme celui-ci.
03:51 Et on imagine qu'un meilleur maillage d'aide à domicile sur le territoire, ça veut dire aussi pour chacun moins de kilomètres à
03:57 parcourir et moins de difficultés à ce niveau-là.
03:59 Exactement. Donc effectivement, au-delà de l'accompagnement des bénéficiaires,
04:03 il y a aussi, plus on est nombreux et moins on fait de kilomètres.
04:07 Notre invité ce matin sur France Bleu Gironde et France 3 Aquitaine, Cécile Poublan,
04:11 représentante du réseau public d'aide à domicile de la Gironde.
04:14 Vous évoquiez tout à l'heure 39 postes vacants,
04:16 les difficultés par exemple pour les aides à domicile du bassin d'Arcachon à se loger.
04:19 Est-ce que tout le territoire est affecté de la même façon par cette pénurie de personnel ?
04:24 Oui, alors on a effectivement des territoires qui le sont plus. Les territoires ruraux
04:28 sont une préoccupation bien plus importante que la métropole, même si on a cette pénurie là.
04:34 C'est-à-dire qu'on a aussi un nombre de personnes qui augmente.
04:37 Donc effectivement, on n'a pas la capacité aujourd'hui de répondre à toutes les heures dont les personnes auraient droit.
04:42 Et donc on va aller que sur l'essentiel de la vie quotidienne.
04:46 Et c'est bien de là aussi où porte notre campagne de communication.
04:50 On a retourné les choses vers une campagne plutôt en termes positifs,
04:54 en montrant en fait des actes de la vie quotidienne qui font partie du métier de l'aide à domicile,
04:59 mais auquel on ne pense pas.
05:01 Et effectivement, on est là aussi pour...
05:04 La balade dans un parc notamment, dans la campagne, la réalisation d'un gâteau en famille...
05:07 Et l'accompagnement sur un marché.
05:09 Donc ce sont bien des choses que font des aides à domicile aujourd'hui,
05:12 parce qu'il faut aussi casser l'image que ce ne sont pas des aides ménagères,
05:15 et que l'aide à domicile est un métier bien plus global, bien plus complexe que faire du ménage.
05:22 Oui, justement, il y a aussi une pénurie de soignants plus globalement,
05:26 ce qui veut dire que les aides à domicile récupèrent peut-être des charges qui ne sont pas normalement dans leur charge de travail.
05:30 Oui, effectivement, on appelle ça un glissement de tâches,
05:33 mais les aides à domicile vont faire des tâches qui ne sont pas normalement dévolues à des aides à domicile,
05:39 mais qui sont indispensables pour les personnes,
05:41 comme prendre un traitement médical, donc c'est bien préparé par des infirmiers,
05:44 mais normalement ça devrait être aussi administré par un infirmier,
05:47 et parfois c'est l'aide à domicile qui fait cette tâche-là d'accompagnement de la personne,
05:53 elle va aider la personne à prendre ses médicaments,
05:55 mais on voit bien l'importance de la présence des aides à domicile sur le territoire.
06:00 Ça veut dire que concrètement, vous disiez "on limite les heures",
06:03 ça veut dire que vous ne refusez pas de nouveaux bénéficiaires,
06:05 mais vous ne pouvez pas les accompagner dans le cœur du métier, finalement ?
06:08 Oui, exactement, on ne va refuser personne, on va se débrouiller,
06:12 bien sûr on travaille avec les structures associatives et privées qui sont avec nous sur les territoires,
06:17 quand elles existent, puisque l'autre risque c'est demain si les services publics dans les territoires ruraux ferment,
06:23 il n'y aura plus de services auprès de ces personnes,
06:26 et la charge se reporte dans ce cas-là uniquement sur les familles qui ne sont pas obligatoirement en proximité.
06:31 Quel message vous voudriez adresser ce matin aux personnes qui nous écoutent
06:34 et qui éventuellement seraient intéressées pour devenir aide à domicile ?
06:37 Est-ce qu'elles seront formées ? Est-ce qu'elles seront accompagnées ? Comment ça se passe ?
06:40 Oui, effectivement, on a entendu la petite publicité juste avant,
06:44 aujourd'hui, quelqu'un qui a envie d'essayer ce métier,
06:50 peut venir nous rencontrer, postuler, la formation est prise en charge, l'accompagnement,
06:56 et c'est aussi une des qualités du service public,
06:59 c'est qu'on a aujourd'hui la capacité de continuer à former en cours d'emploi,
07:04 on a de l'analyse de pratique, ce qu'on ne va pas obligatoirement retrouver dans d'autres types de services,
07:09 ce sont des choix qui sont faits par les maires des communes,
07:12 mais on a encore cette possibilité-là d'avoir ces conditions de travail
07:17 où on va travailler sur cette qualité du travail,
07:22 ce qui va permettre aussi une qualité de l'accompagnement derrière.
07:25 Merci beaucoup, Cécile Poublan, d'avoir été avec nous ce matin
07:28 pour évoquer cette pénurie d'aide à domicile dans le réseau public de notre département.
07:32 Je rappelle donc que vous êtes la représentante de ce réseau public d'aide à domicile de la Gironde.
07:36 Merci beaucoup à vous.
07:36 Merci à vous.
07:37 Vous retrouvez l'intégralité de cet échange, de cette interview sur notre site France Bleu.fr en vidéo, 7h53.

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