«Ferme bien ta gueule» au théâtre Lepic : la pièce conseillée par Isabelle Vitari

  • l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Chaque jour, deux chroniqueurs présentent les infos indispensables à connaître en matière de culture : les dernières actus musique, les sorties littéraires ou cinéma, les nouvelles pièces de théâtre et les séries à ne pas manquer… C'est ici !

Retrouvez "Les indispensables" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-indispensables
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Transcript
00:00 petit peu de théâtre maintenant avec Isabelle Vittari. Vous êtes allée voir au Théâtre Le Pic à Paris. La pièce "Ferme bien ta gueule".
00:06 - Absolument ! Vous connaissez...
00:08 - Absolument !
00:10 - Est-ce que vous connaissez l'émission "Striptease" ?
00:12 - Oui, bien sûr ! - Excellent !
00:14 - Eh bien cette pièce, c'est comme un épisode de "Striptease".
00:17 D'ailleurs l'auteur Julien Rattel le revendique. Il s'est inspiré de cette série documentaire culte où on le suivait des gens peu ordinaires.
00:24 Et d'ailleurs cette pièce est une sorte d'ovenie dans le paysage théâtral. Thomas, je vous ai imprimé un texte, on va lire un extrait.
00:31 - D'accord.
00:33 J'ai dit "ça va".
00:35 - Non mais dis-moi parce que je ne comprends pas là.
00:37 - "Ça va, ta gueule". - "Toi, ta gueule".
00:39 - "Toi, ta gueule". - "Toi, ta gueule".
00:41 - "Toi, ta gueule". "Toi, ferme bien ta gueule". "Ferme bien ta grosse... Vas-y, je me casse".
00:45 De toute façon les mecs, vous pensez qu'au cul.
00:47 - Ah oui, c'est un extrait intéressant.
00:49 - C'est comme ça pendant toute la pièce ?
00:51 - Non, pas tout le temps.
00:53 - Ça vous donne un peu une idée.
00:55 - C'est un bon teaser.
00:57 - Alors, comme vous l'avez entendu dans cet extrait, divinement interprété par Thomas,
01:01 on est au niveau primitif de la discussion.
01:04 Et ça fait un bien fou.
01:06 Des personnages bruts qui montent le ton direct, avec des insultes à chaque coin de phrase.
01:12 C'est un délicieux exutoire.
01:14 Alors j'entends déjà ma belle-mère, Christine,
01:16 "Oh mais comment peut-on monter ce genre de choses ? Le théâtre, c'est sacré !"
01:20 Eh bien non, Christine.
01:22 Dans le théâtre antique, il y avait des personnages de bouffons populaires.
01:24 Et plus tard, la Comédie-Adélarte, et même dans Shakespeare,
01:27 il y a des scènes d'une vulgarité sans nom.
01:30 Je me souviens encore de "La nuit des rois",
01:32 montée à la Comédie-Française par Thomas Huston-Bayer,
01:35 un des plus grands metteurs en scène du monde.
01:37 Une scène notamment de kiki, de cucu, de coucouille,
01:41 que moi-même j'étais choquée, il en faut beaucoup pour me choquer.
01:44 Et pourtant on était dans le juste.
01:46 C'est le pur esprit shakespearien.
01:48 Donc Christine, je parle à ma belle-mère,
01:50 dans la pièce "Ferme bien ta gueule",
01:52 les personnages se parlent mal, se parlent cru,
01:54 mais n'empêche que c'est un très bel objet théâtral.
01:57 D'ailleurs, on s'habitue très vite au champ lexical
01:59 assez réduit des protagonistes,
02:01 pour arriver directement à la vérité des personnages.
02:04 Ils n'arrivent pas à communiquer.
02:06 Et c'est pas une question de langage.
02:08 La pièce pourrait très bien être transposée
02:10 dans un milieu de la haute bourgeoisie, par exemple.
02:12 Et du coup, le titre de la pièce, ça serait quoi, Thomas ?
02:15 T'as une idée ?
02:16 "Taisez-vous"
02:17 Mais taisez-vous donc !
02:19 Qu'en est-il ?
02:20 Très bien !
02:21 Fermez votre boîte à Camembert !
02:23 Donc à chaque fois, l'auteur de la pièce part du cliché
02:26 pour ensuite le sublimer, le remplir d'émotions.
02:28 Et chaque personnage a sa propre façon de parler.
02:31 Le texte a été écrit avec une immense précision.
02:33 Les metteurs en scène, Ludivine de Chasteté et Benjamin Gauthier
02:36 se sont focalisés sur la vérité des personnages.
02:39 Les comédiens jouent avec une grande justesse.
02:41 Ils ne vont pas dans la caritat...
02:43 dans la caritat...
02:44 Caricature !
02:45 Caricature, dis donc !
02:46 Et ça marche !
02:47 On s'attache tellement au personnage !
02:49 Aurélie, interprétée avec du génie par Constance Carlet,
02:53 c'est tellement difficile pour elle de communiquer !
02:55 En général avec son mari, et en particulier avec son mari.
02:59 Parfois elle se fait violence pour se rapprocher de lui,
03:01 mais ça tombe à l'eau.
03:02 C'est pathétique, c'est magnifique.
03:04 Et moi, Isabelle, je me reconnais dans cette caissière de frampries.
03:06 C'est vrai que c'est difficile de communiquer,
03:08 de parler de ses émotions profondes.
03:10 Et j'ai tellement aussi d'empathie pour Steven,
03:12 interprété par le si touchant Julien Rattel,
03:14 qui a une passion qui le cache.
03:15 Parce que ce rêve-là, il n'existe pas dans son milieu.
03:18 Et Marissé, interprétée tout en finesse par Marie Lanchasse,
03:21 enceinte jusqu'au cou,
03:23 qui cache son immense manque de confiance
03:25 derrière une agressivité déconcertante,
03:27 qui se trouve moche,
03:28 et qui se dit qu'elle ne trouvera jamais l'homme de sa vie
03:30 malgré ses multiples rendez-vous Tinder.
03:32 Et Adil, magnifiquement interprété par Michael Chérignant,
03:36 qui s'est fait quitter par sa femme,
03:38 parce qu'il couche avec son cousin.
03:40 Bon, on l'adore, lui on l'adore.
03:42 C'est une sorte de brute au grand cœur.
03:44 Et on a un message avec un Marcel et un Tri.
03:46 Alors, vous aussi, allez voir cette pièce,
03:49 allez rencontrer ces personnages incroyables,
03:51 et surtout, petit conseil de ma part,
03:53 allez-y avec quelqu'un que vous n'aimez pas trop.
03:55 Moi j'irai avec ma belle-mère, Christine.
03:58 Christine, je vous emmène au théâtre ce soir.
04:00 Ah bon ? Et qu'est-ce qu'on va voir ?
04:01 Ferme bien ta gueule.
04:02 Parlons Isabelle !
04:03 Ferme bien ta gueule, Christine.
04:05 Oui, c'est le titre de la pièce.
04:08 - Ah, ça fait du bien de le dire.
04:10 - Toujours un plaisir.
04:11 Merci Isabelle Guitari.
04:13 et on vous retrouve très bientôt évidemment.

Recommandée