Viticultrice à 17 ans : Camille perpétue le travail de sa famille

Nice Matin

Camille Bonnet s’apprête à reprendre l’exploitation viticole de son grand-père, Marcel Bonnet. Motivée et passionnée, l’adolescente compte perpétuer le travail de ses aînés.  À quelques semaines de ses 18 ans, cette Tropézienne s’apprête à reprendre les parcelles de son grand-père, Marcel Bonnet.Depuis quatre générations, cette famille de viticulteurs sert la cave du chevalier Torpez. "C’est ma mère qui s’est d’abord lancée dans cette aventure. J’ai ensuite repris le flambeau avec mon fils" commente Marcel, grand-père de Camille. "C’est à mon tour désormais de piloter le tracteur" lui répond avec humour sa petite fille.  Reportage : Franck Fernandes  #vin #viticultrice #jeune #agriculture #territoire #viticole #tradition #travail #émotion #transmission #exploitation #nicematin #nicematin_video #var #sttropez #varmatin

Transcript

00:00 Je m'appelle Camille Bonnet, j'ai 17 ans, je suis viticultrice

00:03 et je vais reprendre l'exploitation de mon grand-père.

00:05 Le fruit de notre travail, c'est le vin.

00:10 C'est comme une passion avant un métier.

00:13 Ben oui, c'est un métier d'homme.

00:15 Alors si j'assure pas, ben ça coule.

00:19 Faut que je fasse tout pour y arriver.

00:21 Je vais tout faire pour y arriver.

00:28 A la base, je devais partir en CAP coiffure.

00:31 Donc totalement l'opposé.

00:34 Un jour pendant le confinement,

00:36 je suis allée travailler avec mon père et mon grand-père du coup.

00:38 Et au final, j'ai dit, c'est ça que je veux faire.

00:42 J'ai fait des études pour et du coup, maintenant, je travaille avec eux.

00:46 Je sais pas comment expliquer,

00:47 mais c'est un truc qui me passionne depuis que je suis petite.

00:50 C'est les tracteurs, c'est les vignes, les voir grandir, etc.

00:58 On crée quelque chose.

00:59 Le fruit de notre travail, c'est le vin.

01:02 C'est magnifique de travailler dans ce métier.

01:04 J'adore être dans mes vignes.

01:07 J'adore ça.

01:09 Ça me procure de la joie.

01:10 C'est comme une passion avant un métier.

01:13 Bon Camille, aujourd'hui, on va prendre ce sécateur-là.

01:18 Papy, quand il m'a appris, il m'a appris avec ça.

01:20 Donc je vais t'apprendre aussi avec ça.

01:22 Donc là, la taille, c'est la période la plus importante dans la vigne.

01:26 La bêtise que tu vas faire aujourd'hui, c'est la bêtise que tu vas payer au vendange.

01:29 Mon père, il est fier de moi.

01:32 Et il m'explique beaucoup de choses.

01:34 Il y a des fois où on se prend la tête.

01:37 Parce que lui, il fait d'une manière et moi, j'ai appris d'une autre.

01:41 Du coup, c'est un peu explosif des fois.

01:44 Donc là, hop, toujours deux yeux.

01:47 Donc les yeux, un, deux.

01:50 Je taille au-dessus du deuxième.

01:52 Tout ce qui va me gêner, je l'enlève.

01:53 J'ai encore beaucoup de choses à apprendre.

01:56 Je suis sortie d'un bac pro.

01:57 Je ne savais rien faire.

01:59 J'ai les capacités théoriques, mais en pratique, on n'a rien fait.

02:05 Allez, montre-moi si tu as compris.

02:07 Du coup, là, je vais garder celui-là.

02:10 Oui, parce qu'il est costaud et droit.

02:11 C'est des costauds et droits.

02:12 Voilà.

02:13 Tu ne te trompes pas, elles sont vraiment costauds.

02:14 C'est des vieilles vignes, elles sont vraiment costauds.

02:16 Là, j'enlève ça.

02:18 Voilà.

02:19 C'est bon, tu as compris ?

02:20 Oui.

02:20 Allez, je te laisse le faire.

02:21 Alors, moi, je vais passer l'anglais.

02:24 Je ne sais pas si c'est le même.

02:26 Non, ce n'est pas le même.

02:29 C'est vrai que je suis une jeune femme.

02:31 Bon, on dirait que derrière mon petit corps, je n'ai pas beaucoup de force.

02:38 Dans ce métier, ce qui est le plus dur pour une femme,

02:41 c'est de voir le regard des gens qui ne croient pas en nous.

02:45 Parce que, oui, c'est un métier d'homme.

02:47 Alors, on me l'a répété plein de fois.

02:50 Une femme, ça n'a rien à faire dans ce métier.

02:53 Ça n'a pas sa place ici.

02:54 Pour une fois qu'il y a des femmes qui osent travailler dans un métier d'homme,

03:00 ça me motive encore plus pour leur montrer qu'ils ont tort

03:03 et pour leur prouver que je peux y arriver.

03:05 Reprendre l'exploitation entièrement ne me fait pas forcément peur.

03:21 Mais j'ai quand même l'appréhension de me dire...

03:25 Je gère une exploitation.

03:26 Si je n'assure pas, ça coule.

03:31 Et couler une exploitation qui est sur nos terres depuis trois générations, quatre avec moi,

03:38 ce n'est pas possible pour moi.

03:41 Pour l'instant, c'est mon grand-père qui gère un peu tout.

03:45 Même s'il a pris la retraite et qu'il n'est plus là tout le temps sur l'exploitation,

03:51 il est toujours là.

03:53 Qu'il est fier de moi, il ne me le dira jamais.

03:56 En fait, il teste mes limites.

03:58 Et du coup, ça me forge le caractère encore plus.

04:01 Après, il ne faut plus écouter les anciens.

04:04 Tu ne peux pas tout savoir.

04:05 Ben oui.

04:07 Après, ça devrait aller.

04:10 Le travail, il faut le faire quand ça se fait,

04:12 pas quand tu n'as pas envie.

04:14 Parce que si tu n'as jamais envie, tu ne fais rien.

04:16 Ça, c'est sûr.

04:18 Mais la terre, c'est ça.

04:21 C'est elle qui te commande, pas toi qui la commandes.

04:25 Le fait que mon grand-père ait récupéré l'exploitation de ses parents,

04:30 que mon père ait récupéré l'exploitation de son père

04:33 et que moi, je récupère l'exploitation, c'est magnifique.

04:38 Donc, il faut que je fasse tout pour y arriver.

04:41 Je vais tout faire pour y arriver.

04:44 Et je sais qu'ils seront toujours derrière moi.

04:46 [Musique]

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