Emmanuel Macron a-t-il eu tort de ne pas participer aux marches contre l’antisémitisme, dimanche 12 novembre ? C’est une des (nombreuses) questions qui ont été posées à David Lisnard dans L’Interview à la une qui sera mise en ligne ce samedi à 10 heures. Le président de l’Association des maires de France, qui avait appelé à la duplication de la manifestation parisienne devant toutes les préfectures du pays, est l’invité du grand entretien hebdomadaire de Nice-Matin, en partenariat avec Radio Émotion.
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00:00:14 Bonjour à tous, bienvenue dans l'interview à la une, l'émission de la rédaction de Nice Matin en partenariat avec Radio Emotions,
00:00:21 une émission que j'ai eu le plaisir de présenter avec Christian Huot, rédacteur en chef du groupe Nice Matin, et Frédéric Morisse, chef de l'édition de Nice.
00:00:28 Bonjour à tous les deux. Bonjour Denis. Notre invité aujourd'hui, David Lissnard, maire LR de Cannes et président de l'Association des maires de France.
00:00:36 Bonjour David Lissnard. Bonjour. David Lissnard, 182 000 personnes ont manifesté dimanche contre l'antisémitisme.
00:00:43 L'AMF que vous présidez avait appelé à des rassemblements devant les préfectures. Est-ce que cette mobilisation a été à la hauteur de l'enjeu ?
00:00:51 Elle n'arrivait pas un petit peu trop tard ? Elle était nécessaire en tout cas. Et elle suivait quelques cris d'alarme que nous avions été un certain nombre à poser,
00:01:00 c'était chez vos confrères Dupont en l'occurrence, sur une sorte d'atonie civique, d'indifférence à une explosion d'antisémitisme.
00:01:09 Puisque, on connaît le chiffre, il y a eu en un mois trois fois plus d'actes antisémites que sur toute l'année précédente.
00:01:16 Et derrière cela, la mise en cause des fondamentaux de la France, de la République française, c'est-à-dire ne pas accepter le racisme,
00:01:25 ne pas accepter l'antisémitisme, parce que les mêmes qui se couchent devant l'antisémitisme aujourd'hui, ce sont les mêmes qui se coucheront devant d'autres formes de racisme.
00:01:32 Et c'est les mêmes qui se coucheront devant la loi du plus fort, c'est la soumission. Et il ne se passait rien.
00:01:37 Et pour quelqu'un de ma génération, je ne suis pas du tout un adepte des manifs ou des choses comme ça, mais je me suis dit quand même...
00:01:43 On a l'impression que 80 ans d'éducation à la lutte contre le racisme et contre l'antisémitisme, de progrès, finalement, sont balayés.
00:01:51 Et ça renvoie quand même à un problème lourd dans la société française et dans les sociétés occidentales, d'ailleurs, pas que françaises, de substrats communs, quoi.
00:02:00 Donc c'est pas assez, 182 000, mais heureusement qu'il y a eu ces manifs. Heureusement.
00:02:06 Et en plus, des manifestations – et je termine là-dessus – qui ont été très dignes. Il n'y a pas eu un mot... On a essayé de...
00:02:13 Je crois chacun de ne pas se laisser aller ni à l'émotion ni à la haine. Donc il n'y a pas eu de casse. Enfin ça fait du bien de voir ça.
00:02:21 Mais effectivement, beaucoup n'y étaient pas. — Alors une absence a été très remarquée, celle d'Emmanuel Macron.
00:02:26 Est-ce qu'il a commis une erreur en faisant le choix de ne pas participer à ce rassemblement ?
00:02:30 — Écoutez, moi, je trouve que l'erreur, elle n'est pas forcément là. C'est-à-dire qu'on peut dire qu'il devait y être.
00:02:36 Et il avait lui-même manifesté à la suite, je crois, des attentats du Bataclan. Et c'était quand même une manifestation un peu particulière,
00:02:45 organisée, décidée par le président du Sénat, la présidente de l'Assemblée nationale, soutenue par l'Association des maires de France,
00:02:50 qui est une institution aussi. Donc sa place aurait été tout à fait légitime. Mais j'ai pas envie de polémiquer là-dessus.
00:02:57 En revanche, ce qui m'interpelle beaucoup, ce sont les motifs qu'il a donnés, qu'il a confirmés récemment.
00:03:02 L'argument qui consiste à dire... Bon, ma place n'est pas dans une manif. Chacun déduira ce qu'il veut.
00:03:10 Dire « Je peux pas manifester toutes les semaines », c'est peut-être pas une petite manif comme les autres, quoi.
00:03:14 C'était pour la République française, dont il est le garant en tant que président. Mais surtout de dire qu'il est garant de l'unité nationale
00:03:20 et que cette manifestation, donc par symétrie, pourrait porter atteinte à l'unité nationale, tout en envoyant son gouvernement.
00:03:27 C'est incompréhensible, c'est contradictoire, c'est ambigu. Et c'est ce qui fait beaucoup de mal à la démocratie.
00:03:32 Et ça s'est confirmé récemment, parce que c'est quand même pas rien. En demandant son avis, on apprend qu'il a reçu Yacine Benatar...
00:03:39 Oui, qui est un humoriste très controversé, qui aurait été reçu par ses conseillers, justement, pour demander son avis sur l'opportunité de participer à cette manif.
00:03:48 Après, il voit qui il veut, mais enfin c'est quand même... Et imaginer que ça ait pu influencer la décision du président de la République...
00:03:54 Alors on n'est pas sous Pompidou ou sous De Gaulle, ça c'est sûr. Bon. Et puis surtout, quelle injure faite à nos compatriotes musulmans,
00:04:04 puisque c'est le président de la République qui lui-même reprend un petit peu d'ailleurs les arguments d'Éric Zemmour à travers cela,
00:04:10 en disant qu'il ne faut pas désigner, stigmatiser, je ne sais plus quel est le terme, les compatriotes musulmans.
00:04:18 Mais moi, je connais plein de compatriotes musulmans qui sont contre l'antisémitisme, heureusement.
00:04:22 Et même s'il y a un problème d'antisémitisme dans la société française, et notamment dans certains de nos compatriotes musulmans,
00:04:28 par l'islamisme radical, et parce qu'il y a une culture assez antisémite qui s'est déployée depuis le XIXe siècle,
00:04:37 et a fortiori depuis le conflit israélo-palestinien depuis 1948.
00:04:41 Mais le chef de l'État, il est là pour montrer qu'il n'y a qu'un seul peuple français.
00:04:46 Et que le peuple français, quelles que soient nos convictions, nos origines, nos mœurs, notre couleur de peau, etc.,
00:04:54 eh bien, si on doit et peut s'affronter sur des idées, en revanche, on a quand même quelques valeurs communes.
00:05:00 Et parmi ces valeurs communes, il y a évidemment le rejet de tout racisme et de tout antisémitisme.
00:05:05 La faute, pour moi, elle est lourde, elle est dans l'argumentaire, plus que dans le fait de participer ou pas à la manif.
00:05:11 Alors, la présence du Rassemblement National et de Marine Le Pen à ces débats, on écoute à ce propos Aurélien Pradié, député Les Républicains du Lot.
00:05:20 Il était sur France Info mardi.
00:05:22 Je sais d'ailleurs à cet égard, et je le dis à nos compatriotes de confession juive,
00:05:26 que ce qui amène notamment le Rassemblement National à se mobiliser contre l'antisémitisme, c'est la haine indifférenciée des musulmans.
00:05:33 Rien d'autre. Vous partagez l'analyse d'Aurélien Pradié ?
00:05:37 Non, non, non. Je crois qu'il faut éviter ce type de sentence.
00:05:42 Aujourd'hui, vous avez un parti qui s'appelle le Rassemblement National, qui est, je ne m'en réjouis pas, le premier parti de France.
00:05:50 On ne peut pas dire que les gens qui sont dans ce parti, dont certains étaient, il n'y a pas si longtemps que ça, une petite minorité, mais à LR ou à l'UMP,
00:05:58 composée de personnes qui luttent contre l'antisémitisme parce qu'ils sont anti-musulmans.
00:06:05 C'est une dialectique qui est dingue, qui n'est pas acceptable.
00:06:09 Ou alors, je n'ai pas compris le propos, mais non, je ne peux pas cautionner ce propos.
00:06:14 Ça veut dire quelque chose d'Aurélien Pradié, au passage ?
00:06:16 Non, je ne sais pas. En plus, je n'ai pas entendu cette interview-là.
00:06:20 Alors peut-être qu'il a argumenté ou reconstitué ce propos.
00:06:25 Parce que c'est une interview très dure envers LR, par exemple, qu'il a portée mardi matin.
00:06:29 Je pense que nous sommes dans un contexte qui est particulier et qui nécessite d'affirmer ses idées et de faire du débat politique, évidemment, sans hypocrisie,
00:06:42 mais qui nécessite aussi de chercher les moyens de se rassembler.
00:06:47 Alors ce contexte, justement, est-ce qu'il nécessite une ligne plus claire ?
00:06:51 Emmanuel Macron a affiché d'emblée son soutien à Israël, mais il a aussi critiqué ce week-end, dans une interview à la BBC,
00:06:57 les bombardements sur les civils, les femmes et les enfants palestiniens.
00:07:01 Quelle doit être la position de la France ?
00:07:04 La France n'a plus de position.
00:07:06 Et rien n'est pire en matière diplomatique, comme dans les autres domaines de la vie d'ailleurs, que de vouloir plaire à toutes les opinions.
00:07:15 C'est une des causes de la grave crise de la démocratie que j'évoquais tout à l'heure, que nous affrontons,
00:07:20 qui, plus qu'une crise de la représentation, c'est une crise de l'exécution, c'est une crise de l'impuissance publique.
00:07:28 Et donc la constance de la parole et la cohérence entre la parole et les actes est plus que jamais une nécessité pour retrouver de la confiance.
00:07:37 Ça, c'est de façon globale, et c'est tout le problème du en même-temps-tisme, qui peut être une subtilité pour comprendre les complexités du monde.
00:07:43 Donc on a besoin de comprendre que les choses ne sont pas manichales, mais dans la décision, dans les prises de position.
00:07:48 Mais c'est vrai dans une famille, c'est vrai dans une entreprise, c'est vrai dans une mairie, c'est vrai partout. Il faut être manichal.
00:07:52 La décision, par définition, c'est tranché. Et notre politique aujourd'hui étrangère, elle n'est rien.
00:07:59 Elle n'est ni la politique du général de Gaulle, de Pompidou, qui était celle de la France jusqu'au milieu des années 2000,
00:08:07 qui était une politique d'équilibre, ni une politique d'engagement, tout simplement parce qu'elle est contradictoire et qu'elle n'est que sur des paroles.
00:08:16 Notre diplomatie, le corps diplomatique a été supprimé il y a quelques mois. On ne peut pas, vous comprenez, en 8 jours, aller dire en Israël qu'il faut reconstituer
00:08:29 la coalition internationale anti-Daesh pour éliminer le Hamas, ce qui est déjà une absurdité, puisque dans la coalition anti-Daesh, il y a des financeurs du Hamas.
00:08:39 C'est un peu compliqué. Et 8 jours après, dire que c'est une coalition humanitaire avec la reprise d'arguments qui empêche d'éliminer le Hamas,
00:08:48 puisque hélas, le Hamas est présent dans les écoles, est présent dans les immeubles d'habitation à Gaza, est présent dans les hôpitaux.
00:08:56 — Mais vous, à la base d'Emmanuel Macron, vous faites quoi ? C'est-à-dire que vous fermez les yeux sur cette vengeance aveugle des Israéliens ?
00:09:02 — Non, je pense pas qu'il y ait de vengeance aveugle. Je réfute ce terme. Je suis pas du tout un aficionado de la politique israélienne menée par Netanyahou
00:09:08 depuis des années, qui est une des causes du problème. Mais il n'y a pas de vengeance aveugle. Il y a beaucoup de civils...
00:09:14 — Il y a beaucoup de civils, certainement innocents, qui ont été tués. — Oui, oui, certainement. Et c'est un drame.
00:09:19 — Ça, c'est bien une vengeance aveugle, ça. — Non, c'est pas la vengeance aveugle. C'est la concrétisation d'objectifs militaires en sachant que l'ennemi
00:09:28 se met volontairement au milieu des civils pour ne pas être combattu. Donc soit vous renoncez à combattre un mouvement néo-nazi qui veut éliminer de la surface de terre
00:09:36 les Juifs, soit vous le tolérez. Donc c'est une situation abominable. — C'est un mal nécessaire, quoi.
00:09:44 — Vous savez, c'est comme si on comparait ouradours sur Glane et les bombardements sur Berlin ou sur Dresde. C'était dramatique aussi pour le peuple allemand.
00:09:52 — Quand on parle de génocide en Palestine aujourd'hui, vous réfutez ça. — Mais il fallait éliminer les nazis. Non. Mais enfin, les mots ont un sens.
00:09:58 Le génocide, c'est la volonté d'éradiquer un peuple. Il n'y a pas de volonté d'éradiquer un peuple de la part d'Israël.
00:10:04 En revanche, il y a peut-être des crimes de guerre. Il faudra analyser ça comme dans tout conflit militaire. Mais ces choses-là ne peuvent pas être balayées
00:10:10 comme ça en quelques instants. C'est-à-dire que dans l'urgence, quand vous avez ce qui s'est passé avec cette volonté génocidaire, pour le coup, du Hamas à l'égard
00:10:20 des juifs d'Israël – mais c'est une doctrine internationale, de l'islamisme international –, vous ne pouvez pas accepter... Israël était dans une urgence sécuritaire
00:10:32 et une gravité existentielle. Et évidemment, l'obligation – et le Hamas le savait – d'Israël, c'est d'éliminer le plus possible l'arsenal militaire et les dirigeants du Hamas.
00:10:43 Le rôle de la France, c'est pas de faire des mises en scène pour plaire à telle ou telle opinion. C'est de faire un travail diplomatique souterrain, de parler avec toutes les parties
00:10:53 – parce que la diplomatie, c'est ça, c'est parler avec des gens infréquentables – pour focaliser sur la libération des otages français qui sont encore détenus par le Hamas.
00:11:03 Ça, c'est l'évidence. Deuxièmement, c'est de faire en sorte que l'élimination du Hamas – pas de l'idéologie, parce qu'on n'élimine pas une idéologie avec des armaments –
00:11:12 mais des dirigeants du Hamas et de l'arsenal militaire soient faits le plus vite possible et que l'utilisation de l'armée soit proportionnée.
00:11:20 Mais il faudra des commissions d'enquête, etc. Mais enfin, vous pouvez pas dire à un pays comme Israël entouré de menaces de pas se défendre après...
00:11:28 C'est comme si en France, on avait eu 12 000 morts quand même sur des actes terroristes diligentés par la Belgique ou par la Suisse, quoi.
00:11:34 Donc je pense qu'on serait allé voir ce qui se passait en Belgique ou en Suisse. Non mais je veux juste terminer là-dessus.
00:11:38 Et ensuite, la solution à deux États. — « Vieux catéchisme », dit Éric Ciotti. « Dépassé ».
00:11:44 — C'est une nécessité, mais qui, aujourd'hui, est impossible, puisque les belligérants remettent en cause l'existence même de l'indépendance,
00:11:54 de la liberté, de la souveraineté, l'existence de l'autre État. Mais il est évident qu'il faudra une initiative diplomatique puissante – évident –
00:12:02 dans quelques mois, qui n'est pas possible aujourd'hui, pour réactiver ce qui avait conditionné, ce qui avait accompagné les accords d'Oslo,
00:12:10 qui était un progrès considérable, qui avait été repris à Annapolis dans les années 2000, voir ce qu'il faut garder des accords d'Abraham.
00:12:17 — Une solution politique. — Parce que... Vous voyez pourquoi... Je réagis encore à ce que vous disiez tout à l'heure.
00:12:22 On entend dire quand même tout n'importe quoi. Quand on entend parler par exemple de blocus de Gaza... Je rappelle que tous les jours,
00:12:29 il y avait 20 000 Palestiniens de Gaza qui faisaient leur retour en Israël pour aller travailler et que les interactions étaient en pleine augmentation.
00:12:36 Qu'en revanche, il y a un blocus totalement hermétique. C'est pas Israël-Gaza. C'était l'Égypte-Gaza. — Oui, absolument.
00:12:42 — Il faut le rappeler. Donc aujourd'hui, Israël est tout à fait dans son droit et légitime pour aller éliminer le Hamas.
00:12:50 Et malheureusement, c'est un conflit militaire au milieu des civils. En revanche, il faudra poser la question claire et nette de la politique israélienne,
00:12:57 notamment depuis une dizaine d'années, qui, de façon un peu pernicieuse, a laissé volontairement le Hamas s'installer pour rendre impossible la solution à 2 États,
00:13:10 à multiplier la colonisation de la Cisjordanie. — Donc c'est la fin de ce gouvernement Netanyahou. C'est la fin de cette coalition extrême droite.
00:13:16 — C'est aux Israéliens de décider, parce qu'Israël a un grand avantage par rapport à tout ce qu'il y a autour. C'est que c'est une démocratie réelle, avec des débats réels.
00:13:24 Il y a des manifestations aujourd'hui en Israël contre le pouvoir. Un Gazaoui qui se manifesterait contre le Hamas, il se fait tuer tout de suite.
00:13:34 Donc je ne mets pas sur le même plan la démocratie israélienne et les terroristes néo-nazis du Hamas.
00:13:40 — On quitte ce contexte international plus que délicat. David Distan, faut revenir en France et notamment parler des maires. Vous les connaissez bien.
00:13:46 Vous en êtes un. Et vous présidez l'Association des maires de France, qui va tenir son congrès du 20 au 22 novembre avec une réélection.
00:13:52 Vous êtes le seul candidat. Pourquoi une seule liste ? Et pourquoi cette nouvelle candidature ?
00:13:58 — Parce qu'on a fait du très bon travail. (Rire) — Elle élimine la conférence.
00:14:02 — Non, mais non, non, parce que le jeu est ouvert. C'est là aussi une démocratie. Mais objectivement, depuis 2 ans, je me suis attaché,
00:14:10 comme je l'ai fait dans ma commune, à focaliser l'action de l'AMF sur des dossiers concrets et pas sur des postures partisanes d'un côté ou de l'autre.
00:14:19 Et ce travail de fond a permis d'avoir une unanimité à la fois au comité directeur – où il y a plus de 100 participants – et au bureau sur toutes les prises de position
00:14:30 et les décisions de notre association, qui est une institution depuis 1907. Et c'est – je crois – très important, parce que ça révèle d'abord
00:14:38 la qualité du travail qui a été fait par les équipes. Et en sachant que dans les instances, il y a beaucoup de maires qui sont très proches du pouvoir actuel,
00:14:46 d'Emmanuel Macron, dans toutes ses nuances, horizons, etc., des maires de gauche, parfois très à gauche, des maires de droite, des maires de centre...
00:14:53 — En tout cas, vous avez une liste transparente. — Exactement. — Il y a un président socialiste.
00:14:56 — Et donc là, lorsqu'est posée la question de la compétition, y compris les maires très proches du président de la République,
00:15:03 les maires très à gauche, très contre le président de la République, m'ont demandé de repartir. Moi, ça me plaît, ça me passionne.
00:15:09 C'est un mandat bénévole, mais qui me permet aussi d'aller voir beaucoup de choses sur le terrain. Ça, c'est le bon côté de cet engagement,
00:15:17 de se nourrir des expériences aussi des autres, d'échanger. Et puis on a une AMF qui n'a jamais été aussi soudée et qui n'a jamais été aussi représentative,
00:15:25 puisqu'on a quasiment 100% des mairies. Il n'y a pas l'équivalent ailleurs en Europe. Et on a désormais quasiment toutes les intercommunalités de France qui ont adhéré aussi.
00:15:32 — Alors en deux phrases, votre plus grande victoire sur ce premier mandat et aussi votre plus grosse écueille ou plus grande déception.
00:15:39 — Alors les victoires sont collectives et les déceptions sont personnelles. Mais d'abord, c'est d'avoir fait en sorte que l'AMF soit une institution
00:15:49 totalement crédible, qui nous a permis de contrer le pire des effets. On se bat toute la journée contre la recentralisation, le technoconformisme.
00:15:57 Alors c'est compliqué de traduire ça en langage d'une élection publique. Mais c'est inimaginable, si vous voulez, le combat face au léviathan bureaucratique.
00:16:06 — On va en parler après. — Donc on pourrait parler de zéro artificialisation nette. Sur l'énergie, on a la République des serfas.
00:16:13 Je pense qu'on a sauvé les finances de beaucoup de communes en obtenant de hautes luttes des dispositifs qui, malheureusement, arrivent à terme
00:16:20 face aux conséquences de cette politique délirante, absurde, énergétique du président de la République, qui se vantait de fermer Fasenheim, d'engager la fermeture
00:16:29 de 14 réacteurs nucléaires tout en faisant le choix du tout électrique. Enfin c'est dur en même temps, complètement... C'est plus qu'une erreur.
00:16:35 C'est une des fautes lourdes de la présidence d'Emmanuel Macron. Et ensuite, l'unité que l'on a trouvée... Enfin tout cela, ça se fait au service de l'intérêt général.
00:16:45 C'est pas un syndicat, l'AMF. J'ai rien contre les syndicats, il en faut. — Encore que ? — Non, non. C'est pas la défense des mers.
00:16:52 C'est la volonté d'affirmer la liberté locale comme source de progrès. C'est le dernier creuset social que l'on a de la République.
00:17:00 — Cette liberté, elle se traduit souvent – ça n'échappe à personne – comme un côté très critique à l'égard de l'exécutif.
00:17:05 Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui que l'AMF est presque devenue un syndicat ou à partir d'opposition à la Macronie ?
00:17:09 — Non, pas du tout. Mais c'est parce que vous êtes nouvellement venu dans le journalisme. Parce que si vous étiez observateur depuis des décennies,
00:17:19 vous sauriez que l'AMF a toujours engagé des bras de fer face à l'exécutif quand l'exécutif recentralise. Elle a été créée pour ça en 1907.
00:17:27 Elle a été reconnue dans le terrain public en 1933. Il y a eu des affrontements sous Nicolas Sarkozy pour prendre les périodes les plus récentes, sous François Hollande.
00:17:35 — Il y a eu des grosses périodes de sommeil aussi, quand même. — Je sais pas. C'est pas mal de dire. Mais aujourd'hui, l'AMF... Et je répète,
00:17:40 dans nos bureaux, les maires proches du pouvoir actuel sont très représentés. Catherine Vautrin, Alain Chrétien, de Merde-Vezoul, qui sont très très proches du pouvoir
00:17:52 et qui sont tous très très dynamiques et fermes contre le technoconformisme qui nous gouverne. Et il y a eu une recentralisation financière.
00:18:03 Taxe d'habitation, CVAE après la taxe professionnelle. Donc on nous met sous tutelle. — Et ça met vraiment en difficulté les collectivités locales financièrement.
00:18:12 — Mais si vous voulez, c'est-à-dire que tout ça déresponsabilise. Si on avait supprimé les impôts locaux et que parallèlement, il y avait eu une baisse de la fiscalité en France,
00:18:18 on aurait pu dire bon, on perd l'autonomie, mais enfin, on rend le pays moins pesant sur les contribuables, etc. Sauf qu'en 2022, et ça sera encore pire en 2023,
00:18:27 on a le record du monde des prélèvements obligatoires, 46% du PIB, impôts plus charges, le record du monde de la dépense publique.
00:18:33 C'est-à-dire que plus l'État a supprimé les impôts des collectivités, plus il y a de fiscalité au total sur les habitants. C'est factuel. C'est incontournable.
00:18:41 Et cette recentralisation financière, elle met les collectivités sous perfusion du malade. Il y a des collectivités mal gérées, il y a des mairies mal gérées, etc.
00:18:50 Mais c'est pas parce qu'il y a des PME mal gérées qu'il faut les mettre sous tutelle de l'État. La réalité, d'un point de vue macro-financier, à l'échelle,
00:18:57 c'est que le problème des comptes publics de la France, majeur, pays surendetté, surfiscalisé, avec des fonctionnaires souvent moins bien payés qu'ailleurs,
00:19:05 un service public qui coûte plus cher mais qui rend moins de services aux proximités, vient de la recentralisation. Et donc c'est un sujet majeur,
00:19:12 d'efficacité qui est une des causes de la crise de la démocratie qu'on a évoquée tout à l'heure. L'influence publique.
00:19:17 - Pour finir avec les maires, les maires sont malheureux aujourd'hui, ils expriment leur malaise. Dans quel état d'esprit ils sont ? Êtes-vous ?
00:19:23 Et qu'est-ce que vous pouvez faire pour eux davantage ?
00:19:25 - Là aussi c'est difficile parce que tous les maires ne sont pas malheureux, c'est un mandat magnifique.
00:19:29 - Ils sont nombreux à expliquer leur désarroi.
00:19:31 - Oui, en revanche, on le voit bien, on vient d'ailleurs faire une enquête Cevipof, dont les résultats vont sortir dans quelques heures.
00:19:38 Et le première cause de... Il faut quand même savoir qu'aujourd'hui, il y a 40 maires qui démissionnent par mois en moyenne depuis 2020.
00:19:47 On n'avait jamais vu ça.
00:19:49 - Ce qui prouve leur mal-être.
00:19:50 - Ce qui prouve qu'il y a un mal-être, tout à fait. C'est pour ça qu'on est tous malheureux, c'est quand même un mandat magnifique.
00:19:54 C'est concret, vous êtes un habitant parmi les habitants. Moi je ne vois pas l'équivalent dans les mandats publics de satisfaction,
00:20:02 même si le problème, c'est qu'on est passé d'un régime de liberté de responsabilité, y compris fiscal, à un régime d'autorisation préalable.
00:20:10 Donc, il y a 20 ans, avant de lancer un projet, vous faisiez venir vos jurys, etc. et vous regardiez ce qui était interdit.
00:20:20 Maintenant, avant de lancer un projet, vous cherchez ce qui est autorisé.
00:20:22 Et en plus, avec des services de l'État, des gens très bien, mais qui se contredisent entre eux.
00:20:26 C'est-à-dire, on vient de voir que les sous-préfectures et les préfectures avaient été dépeuplées, alors que l'État a augmenté ses agents au total,
00:20:34 mais qu'on le retrouve dans les services purement administratifs, soit des administrations centrales, on en retrouve dans les DREAL au niveau régional,
00:20:41 ça ne fonctionne plus. Il y a contradiction entre services, il y a un léviathan bureaucratique.
00:20:45 C'est pas abstrait, hein. C'est ce qui fait que les projets sont plus chers qu'avant, qu'ils sont plus longs, qu'on renonce parfois à des projets,
00:20:51 donc on est moins fiable dans la parole vis-à-vis des habitants, et on est toujours dans cette spirale infernale de la crise civique et démocratique.
00:20:57 Bon, je pourrais vous en parler longuement, vous l'avez compris, mais on m'a demandé de pas être trop long, voilà.
00:21:02 Quel est aujourd'hui l'état de la nature des relations entre le président de l'Association des maires de France et le président de la République ?
00:21:08 Les relations sont très professionnelles avec la Première ministre, avec Christophe Béchut aussi, avec Dominique Faure, on bosse tous les jours.
00:21:17 On n'est pas d'accord avec la conception globale, puisque malgré les discours, il y a une recentralisation que je viens d'évoquer, financière, facile à démontrer,
00:21:28 et administrative, mais il y a des relations fiables. On a bien avancé. On essaie de... Sur l'énergie, on bosse. Sur les conditions d'exercice du mandat,
00:21:39 on est en train, je crois, d'obtenir des avancées. Sur le ZAN, le zéro artificialisation net, il faut lutter contre l'artificialisation, mais la façon dont ça a été monté
00:21:49 dans la loi climat et résilience, c'est une absurdité. On a obtenu des amendements pour que ça soit moins débile. Mais le problème, c'est que c'est dans le cadre
00:22:00 d'une politique qui est très conformiste et très étatiste, avec un État qui se mêle de tout, sauf de ce qu'il regarde en premier lieu, c'est-à-dire rendre la justice.
00:22:08 Et donc assumer les fonctions régaliennes. Plus ils s'occupent du reste, moins ils s'occupent du régalien. Ça aussi, c'est démontrable dans la réalité de la vraie vie et dans les chiffres.
00:22:16 Avec le président de la République, moi, je personnalise pas les choses. Je respecte l'institution, évidemment. Je constate que depuis 2017, nous avons eu des alternances
00:22:29 de discours en nous annonçant des actes de décentralisation. C'était le lendemain des Gilets jaunes. Puis il y a eu le CNR avec la décentralisation.
00:22:38 Puis maintenant, il y a la mission Éric Wörth. Et puis parallèlement, il y a les rencontres de Saint-Denis. Mais que dans les discours, il y a eu aussi contradictions.
00:22:46 Il y a exactement un an – vous trouverez ça sur le site de l'Élysée – le discours du président de la République au maire qu'il recevait à l'Élysée
00:22:54 pendant le congrès des maires. Il disait cette phrase assez incroyable en disant « En France, depuis des décennies, lorsque l'on veut séduire les maires, on leur parle
00:23:04 de décentralisation. Mais si la décentralisation avait réglé quoi que ce soit, ceux-là sauraient ».
00:23:09 — C'est pas toujours un succès, la décentralisation. — D'accord. Mais après, il vous dit « Et nous allons engager un nouvel acte de décentralisation ». Donc il y a déjà
00:23:15 la contradiction des mots. Et dans la réalité, on voit pour l'instant pas grand-chose venir. Donc il y a eu une défiance. C'est une évidence.
00:23:25 Quant à la décentralisation qui n'est pas un succès... — Il y a une quantité d'exemples probants dans le livre de Roselyne Bachelot.
00:23:31 Avec des actes de décentralisation, on permet un peu tout et n'importe quoi. Et c'est la prime à la démagogie sur certaines choses qui sont quand même délirantes.
00:23:37 — C'est des sentences... C'est toujours pareil. C'est-à-dire que l'arbre qui tombe fait toujours plus de bruit que la forêt qui pousse.
00:23:43 — Il n'y a pas qu'un arbre qui tombe. Il y en a beaucoup. — Mais il y a des collectivités mal gérées. C'est aux habitants de trancher et de choisir qui les gère.
00:23:49 Mais quand vous regardez à l'échelle du pays... Je vais vous donner quelques chiffres, par exemple. Malgré les mauvaises gestions de certaines collectivités...
00:23:56 — Il faudra donner des noms, au bout d'un moment, parce que alors... — C'est aux habitants de le dire. C'est pas à moi. Le total des dépenses des collectivités
00:24:03 – région, département, bloc communal, interco, etc. – représente 19% du total de la dépense publique en France. La moyenne européenne, qu'on soit dans des États fédéraux
00:24:12 comme l'Allemagne ou centraux comme la France ou la Suède, c'est 39%. Bon, contrairement à un lieu commun. Deuxième élément. Quand on regarde en pourcentage du PIB,
00:24:20 le total des dépenses des collectivités en France, malgré le millefeuille, ce que vous dites, c'est 10,3% de la richesse. La moyenne européenne, c'est 18%.
00:24:28 Nous ne sommes pas le problème des comptes publics de façon macro. Et comme on enlève de la responsabilité fiscale... Moi, je veux rendre des comptes
00:24:36 à mes habitants sur ma politique fiscale. Or, aujourd'hui, l'exécutif a concentré la politique fiscale sur les seuls propriétaires, ce qui est profondément injuste,
00:24:45 ce qui déresponsabilise des élus et les habitants, et ce qui est donc une source de perte de sens et de perte de performance. Donc si on veut redresser le pays,
00:24:54 lutter contre l'impuissance publique, il faudra bien sûr s'attaquer en amont à la production de normes et de règles qui sont beaucoup trop nombreuses.
00:25:04 Il faudra que l'État soit beaucoup mieux managé. Et troisièmement, il faudra, évidemment, un renouveau de la décentralisation, beaucoup plus simple qu'elle a été organisée,
00:25:13 des compétences claires, des financements clairs, bref, de recréer de la responsabilité individuelle, et tant qu'homère, on puisse rendre des comptes et être jugé par les habitants.
00:25:22 Frédéric.
00:25:23 Sans transition, mardi, le Sénat a adopté un projet de loi de réforme de l'immigration, beaucoup plus strict que celui qu'avait rédigé le gouvernement.
00:25:31 Le 11 décembre, l'Assemblée nationale commencera à examiner ce texte. Qu'est-ce que ne doivent pas tolérer les députés de droite ? La remise en question de la suppression d'aide médicale d'État,
00:25:42 l'article 3. Quels doivent être les gardefous, selon vous ? Pour quelles raisons ils doivent s'opposer à ce texte ?
00:25:50 Je pense, pour ma part, que – je l'ai dit depuis le début – qu'il n'y a rien de pire qu'un texte qui ne serait pas efficace, donc avec des postures très très martiales
00:26:02 sur la lutte contre l'immigration, qu'elles soient illégales ou légales, qui énervent ceux qui sont plutôt immigrationnistes, et qui ne régleraient rien,
00:26:11 et qui donc contrarieraient une immense majorité de Français, d'ailleurs y compris issus de l'immigration – c'est ce que j'explique à un certain nombre de personnes –
00:26:18 qui ne veulent pas qu'il y ait du désordre migratoire. Ce problème est devenu malheureusement un problème majeur. Parce que moi, j'aimerais qu'on parle beaucoup plus de numérique,
00:26:25 d'ambition écologique, d'ambition éducative, de démographie, mais pas que sur l'immigration, de la chute de la natalité par exemple.
00:26:33 Mais aujourd'hui, le fait qu'il y ait eu quasiment 500 000 titres de séjour sur la seule année 2022, qu'on soit au moins à 900 000 immigrants, minorités,
00:26:44 dont beaucoup de vos étudiants, vous avez raison de le souligner, c'est devenu un problème majeur de cohésion sociale.
00:26:53 – Le texte qui sort du Sénat, il vous convient ? – Le texte qui sort du Sénat est beaucoup plus pertinent que le texte qui est entré au Sénat.
00:26:59 – Même sur la ME ? – Oui, même sur la ME, bien sûr.
00:27:03 – Il faut revenir à la MU et les 3500 médecins qui ont signé ces prétentions sont des…
00:27:07 – Ils sont tout à fait légitimes pour exprimer leur position, comme tous les autres médecins qui estiment que la MU obstrue les services d'urgence et la médecine libérale.
00:27:15 Il y a 400 000 bénéficiaires de la MU, c'est un chiffre quand même important, dont le coût moyen est de 3000 euros.
00:27:22 C'est toute la question que vous résonnerez, vous réfléchirez à cela. Donc il y a un problème évidemment de détournement de la MU.
00:27:29 Et le devoir d'humanité consiste à créer une AM… d'une AME, pardon, de créer une AMU, pardon pour le lapsus, donc d'urgence.
00:27:38 Ça c'est un devoir d'humanité et qui respecte le serment d'Hippocrate, etc.
00:27:42 Mais aujourd'hui, il est évident que cette disposition qui n'existe nulle part ailleurs est un appel inconsidéré et une dégradation des comptes publics.
00:27:51 Et sur l'article 3, on n'est pas sur un truc complètement hypocrite ? On abolit l'article 3, par contre on donne les mêmes prorogatives au préfet pour régulariser…
00:27:58 Non, mais non, mais non, mais non, mais pas du tout.
00:28:00 … à la tête du client.
00:28:01 Mais je vais vous répondre tout de suite sur l'article 3.
00:28:04 Ben ouais.
00:28:05 À un moment donné, vous savez, le grand président Pompidou disait "Gouverner, c'est enlever les "mais", les "mais".
00:28:15 Donc si vous décidez de faire une loi pour enfin maîtriser l'immigration, vous ne pouvez pas avoir une seule disposition qui contredise cet objectif,
00:28:23 parce que c'est ce qui tue la crédibilité des têtes.
00:28:26 Ben c'est ça qu'on a dit, l'article 4b, c'est ça qu'on a dit complètement.
00:28:28 Donc aujourd'hui, le fait de dire qu'il y a des immigrés en situation irrégulière qui s'inscrivent dans un processus d'intégration régulière,
00:28:38 voire de naturalisation, et c'est beaucoup souvent des belles personnes, c'est évidemment, cela doit être géré au cas par cas.
00:28:44 Mais de faire un droit par l'article 3 à un droit à la régularisation massive de clandestins, c'est complètement contradictoire avec l'objectif annoncé d'une part,
00:28:56 et d'autre part, c'est totalement... c'est cet état qui est faible avec les forts et fort avec les faibles.
00:29:01 C'est-à-dire ces injonctions contradictoires qu'on rencontre dans beaucoup de pans du droit, y compris en urbanisme,
00:29:05 d'un droit qui est beaucoup plus laxiste avec ceux qui ne respectent pas les voies légales qu'avec ceux qui les transgressent.
00:29:12 Donc vous avez des immigrés qui respectent toutes les voies de la légalité, qui n'arrivent pas à obtenir des titres, et avec qui on est implacable.
00:29:19 Et puis on serait laxistes avec des personnes certainement de qualité, mais qui d'emblée se sont mis en clandestinité.
00:29:25 Donc l'hypocrisie, elle est là.
00:29:27 Justement, un exemple.
00:29:28 Elle n'est pas dans le reste.
00:29:29 Ensuite, sur le texte, le problème de ce texte, c'est qu'à partir du moment où on n'a pas réformé la Constitution,
00:29:35 les seules dispositions qui ont été ajoutées par le Sénat et qui pourraient rendre ce texte un peu efficace sur l'immigration légale, pour la maîtriser,
00:29:43 mais aussi sur l'immigration illégale, sur l'immigration légale notamment la restriction du droit des sols,
00:29:47 ne passeront pas, ce que personne ne dit, au fond que digne du Conseil constitutionnel en vertu des jurisprudences issues de l'article 3, de l'article 8 de l'accord européen des droits de l'homme.
00:29:55 Donc, on va avoir à nouveau vécu une période où tout le monde sera étripé, avec des excès de prise de position et à la fin, une souris législative qui ne servira pas à grand chose.
00:30:09 Et la politique migratoire, dernier point, elle ne se fait pas que par la loi et la réglementation.
00:30:13 Elle doit se faire aussi par la réorganisation des services de l'État.
00:30:15 Il y a aujourd'hui une dispersion des directions qui suivent l'immigration en France,
00:30:21 qui permet, qui compte tenu en plus du maquis juridique et administratif, font qu'un certain nombre d'associations s'engouffrent dans les interstices de ces contradictions pour ajouter du chaos.
00:30:33 Je vous invite...
00:30:35 Oui, c'est qu'à gauche et qu'à droite aussi.
00:30:37 Je ne comprends pas ce que vous me dites.
00:30:39 Je vous invite à venir à la cour d'appel du droit d'asile.
00:30:45 Vous arrivez, vous avez des associations qui vont chercher les immigrés qui arrivent et qui leur disent voilà le récit que vous devez raconter pour que l'expulsion qui a été prononcée soit annulée.
00:30:59 Il faut aller le voir parce que c'est vrai.
00:31:01 Vous vous rendez compte aussi que quand vous prenez les cours d'appel administratifs dans toute la France, plus de 50% des appels sont obstrués par des procédures de contestation des décisions sur le droit de séjour.
00:31:17 On verra s'il y en a moins.
00:31:19 En tout cas, on compromet que les députés de droit doivent s'opposer à une réécriture de ce texte.
00:31:23 Un exemple quand même concret.
00:31:25 L'animateur Nagui a déclaré le 26 octobre à l'émission quotidienne qu'avec des gens comme Eric Ciotti au pouvoir, il ne serait jamais devenu français.
00:31:31 Est-ce qu'on s'en moque de ce que pense Nagui ?
00:31:33 Je pense que Nagui a tort.
00:31:35 Puisque Eric Ciotti, enfin c'est des mises en cause, pardon, mais c'est des mises en cause personnelles.
00:31:41 Non parce que là on parle de gens qu'on ne connaît pas.
00:31:43 Quand on commence à connaître, à parler de cas particuliers, c'est les mecs qui commencent à se poser des problèmes.
00:31:47 Mais moi j'ai beaucoup d'immigrés.
00:31:49 Sauf que la voix de Nagui elle porte.
00:31:51 Il est à l'écran, il est regardé par des millions de personnes.
00:31:53 Mais vous imaginez-vous que beaucoup d'immigrés ne sont pas d'accord avec ce que l'on dit ?
00:31:59 Mais beaucoup d'immigrés ne veulent pas le chaos migratoire en France.
00:32:03 Mais c'est quand même des visions complètement absurdes.
00:32:05 Quant à la droite classique, celle d'Eric Ciotti, elle n'a jamais dit qu'il fallait une immigration zéro.
00:32:13 L'immigration zéro, on a toujours dit, n'était ni souhaitable, ni possible.
00:32:17 En revanche, il y a aujourd'hui une immigration de masse qui pose un problème d'équilibre de la société française,
00:32:25 mais qui pose aussi un problème de capacité d'accueil.
00:32:29 C'est ce que je dirai à Nagui quand je le verrai.
00:32:31 Parce qu'aujourd'hui, Nagui, peut-être qu'il serait beaucoup plus mal accueilli qu'à l'époque où il était accueilli,
00:32:35 parce qu'on ne peut plus maîtriser les flux migratoires.
00:32:38 Or, l'intégration puis l'assimilation nécessitent de maîtriser les flux et la quantité, d'où d'avoir des politiques de quotas.
00:32:48 Ce n'est pas une question morale, c'est une question d'efficacité.
00:32:51 C'est aussi simple que ça.
00:32:52 En cas d'adoption de ce texte par le 49-3, est-ce qu'il faut aller jusqu'au dépôt d'une motion de censure que m'a menacée Eric Ciotti ?
00:32:59 C'est-à-dire à renverser le gouvernement, à provoquer des éliminations ?
00:33:03 C'est au parlementaire de le dire, mais je ne vais pas me fausser.
00:33:06 Est-ce que c'est un motif valable ?
00:33:07 Il ne faudrait pas ajouter du chaos au chaos, mais ceci étant, aujourd'hui, la question est tellement cruciale.
00:33:17 Si on n'arrive pas à retrouver une capacité dans le respect d'un état de droit amélioré, de régler le problème migratoire,
00:33:28 c'est la voie ouverte à tous les extrêmes.
00:33:30 Donc je pense que la droite classique, celle de LR, de Liddy et des autres, doit être inflexible sur ce dossier.
00:33:40 Parce que si on n'est pas inflexible sur ce dossier, c'est vraiment un boulevard qui est déjà malheureusement bien tracé
00:33:45 pour des parties qui sont moins classiques précisément et qui sont aujourd'hui dominants, notamment le RN.
00:33:51 Alors David Gisnard, on va parler de l'école.
00:33:54 Les résultats des évaluations de 4e sont tombés cette semaine.
00:33:57 Plus d'un élève sur deux ne sait pas lire convenablement.
00:34:01 Plus d'un élève sur deux est incapable de résoudre des problèmes de maths basiques.
00:34:05 Le ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, qualifie lui-même ces résultats d'inquiétants.
00:34:10 Il envisage une réforme du collège. C'est la solution ?
00:34:14 C'est le problème majeur du pays.
00:34:18 Le déclassement éducatif est vraiment ce qui, aujourd'hui, pèse sur tout le reste.
00:34:27 Y compris sur le débat politique, sur la qualité du débat politique, les fondements de la raison critique,
00:34:32 ce qu'on a évoqué en début d'interview sur l'antisémitisme, le racisme.
00:34:36 Donc, même notre capacité à affronter les défis du 21e siècle, de façon rationnelle, scientifique, l'écologie, l'intelligence artificielle.
00:34:48 Moi, je suis père de famille. Donc j'ai une fille qui a fait un CAP, une fille qui a eu son bac et qui est maintenant en études supérieures.
00:34:57 J'ai un fils qui est au collège. Je vois bien, sur les fondamentaux, c'est pas une vue de l'esprit.
00:35:03 Sur les mathématiques, sur l'expression française, la capacité de discerner, de confronter les points de vue différents, d'accepter la controverse.
00:35:09 Compliqué. Et c'est pas les plus démunis, mes enfants. Ils sont dans un contexte où on lit.
00:35:16 Elle s'est objectivée, là.
00:35:18 Pardon ?
00:35:19 Elle s'est objectivée.
00:35:20 Elle s'est objectivée depuis un bout de temps. Parce qu'on voit...
00:35:23 Le problème, c'est qu'on peut pas se contenter de dire « il faut rétablir les fondamentaux » ou dire « on va faire une énième réforme ».
00:35:28 Moi, ce que je souhaite maintenant, c'est qu'il y ait du contenu. Parce qu'on est dans la contradiction, aussi.
00:35:33 Gabriel Attal est habile. Je pense qu'il est bon. Enfin, moi, je l'ai discuté avec lui. On sent qu'il est quelqu'un qui est un professionnel, d'ailleurs.
00:35:41 Et c'est pas du tout péjoratif. C'est un compliment.
00:35:44 Mais à un moment donné, vous pouvez pas dire en même temps « on rétablit les fondamentaux », puis on crée, en fin de troisième, un certificat vert, avec un apprentissage.
00:35:52 Donc des gamins, ils savent trier. C'est très bien. Mais ils savent pas compter. Ce qui est embêtant pour trier, d'ailleurs.
00:35:57 Et puis on va créer des cours de bienveillance. C'est pas à l'école, quoi, de faire de la bienveillance.
00:36:01 Si on veut avoir des enfants bienveillants, d'abord, c'est aux parents de leur apprendre.
00:36:04 Et c'est surtout à l'école d'apprendre la raison critique, la philosophie, la confrontation des idées. Et ça, ça permet d'affronter, d'affirmer des positions.
00:36:12 L'école doit apprendre et doit se recentrer.
00:36:14 Elle doit. Aujourd'hui, on est ni bon sur les fondamentaux, ni bon sur ce que les anglo-saxons appellent les « soft skills », les compétences douces.
00:36:20 Et donc, voilà, toujours avec nouvelle énergie, on travaille beaucoup sur cette question-là. On avait produit une note il y a 3 ans.
00:36:26 On travaille énormément. Et l'idée, c'est d'avoir enfin des vrais fondamentaux le matin respectés, forts, et des compétences douces l'après-midi.
00:36:37 Notamment à travers l'éducation artistique et culturelle.
00:36:40 Même dans le secondaire, même au lycée.
00:36:41 Mais il faut commencer... Ah, il faut avoir cette philosophie-là de la maternelle jusqu'au supérieur.
00:36:47 Et on ne réglera pas ce problème de l'éducation sans s'attaquer à l'origine du problème, c'est-à-dire l'égalitarisme.
00:36:56 Sous couvert... Alors ce que je vais dire est encore contre-intuitif, mais je voudrais plus se convaincre. Je suis pas assez à plaire, si vous voulez.
00:37:03 La carte scolaire, aujourd'hui, est une assignation à résidence sociale et identitaire des plus pauvres.
00:37:10 Toutes les classes moyennes, et a fortiori les classes supérieures, contournent la carte scolaire.
00:37:15 Tout le monde triche sur les plus pauvres.
00:37:16 Donc, vous trahissez les classes populaires, les fils d'immigrés. Pour moi, c'est un scandale véritablement de République.
00:37:25 Sauf que dès qu'on parle de ça, vous vous dites "Ah oui, mais si vous supprimez la carte scolaire, si vous laissez la liberté, vous allez favoriser..."
00:37:31 Mais non, c'est aujourd'hui ce système-là qui favorise... J'aime pas ce terme de privilégier, d'ailleurs, mais ceux qui ont accès à l'information, qui ont accès aux moyens.
00:37:38 — Alors qu'est-ce qu'on fait pour rendre plus homogène et donner l'accès à tous du meilleur renseignement ?
00:37:44 — Pour rendre le système plus performant, pour que nos enfants soient mieux formés, pour ne pas priver la société de tous ces talents,
00:37:50 qui viennent de milieux populaires parce qu'il y a plein d'énergie positive, là, donc. Eh bien, vous faites deux choses.
00:37:55 Vous testez la liberté, qui a si bien fonctionné dans des systèmes qui étaient en perdition d'éducation.
00:38:01 Je pense à l'Allemagne, la Finlande, qui est aujourd'hui un système fantastique, la Corée du Sud, la Suisse et d'autres pays.
00:38:10 Même en Grande-Bretagne, il y a eu des efforts. C'est-à-dire liberté des enseignants de choisir leur établissement,
00:38:14 liberté des chefs d'établissement de choisir leurs enseignants, liberté des parents de choisir l'établissement.
00:38:18 Vous assurez un maillage d'établissements publics de haut niveau avec des professeurs beaucoup mieux payés, beaucoup mieux formés,
00:38:25 à l'échelle des anciens cantons et avec des internats dans lesquels vous permettez à des gamins parfois d'échapper à un univers social
00:38:33 qui les renvoie vers la non-culture, vers le deal, parce qu'il faut dire les choses clairement.
00:38:40 Et vous voyez ce qui moi me rend optimiste sur ces solutions croisées à la fois de liberté et de maillage public et de liberté sur le reste,
00:38:49 c'est quand je vois le succès, notamment dans les quartiers populaires, des cadets de la défense, des cadets de la police,
00:38:55 où vous avez plein d'enfants, notamment au collège, de toutes origines, y compris issus de l'immigration maghrébine ou subsaharienne,
00:39:06 qui sont fiers de porter un uniforme, qui sont fiers de lever le drapeau français.
00:39:10 Il faut qu'on recrée une fierté française dès l'école, non pas sur un roman national absurde qui nierait les réalités historiques,
00:39:16 mais sur un récit d'un pays et d'une civilisation, d'une société qui a quand même permis de progresser sur les droits,
00:39:24 de permettre à un individu, lorsqu'il est victime de racisme ou de discrimination, de pouvoir faire condamner celui qui produit ces actes de discrimination et de racisme,
00:39:34 parce que ne veulent pas voir les wokistes. Les wokistes sont dans les démocraties, mais les tyrans sont dans les régimes non-occidentaux.
00:39:43 — Alors au-delà de la question de l'école, il y a la responsabilité des parents. Comment faire en sorte qu'ils jouent davantage ce rôle ?
00:39:49 — Heureusement, il y a quand même beaucoup de parents qui jouent ce rôle. C'est toujours pareil, le premier élément.
00:39:58 Deuxième élément, c'est un principe d'autorité dans la société générale. C'est-à-dire qu'il faut respecter l'autorité de l'enseignant.
00:40:08 Vous savez, on n'a pas fait que des génies, quoi. Or, quand vous allez... Moi, on a tous tendance... Enfin je suis parfois surpris d'entendre des considérations.
00:40:17 Dès qu'un enfant est mis en cause par l'enseignant, certains le vivent comme une grande injustice. C'est pas toujours une injustice.
00:40:22 C'est tout simplement que le gamin a eu soit un mauvais comportement, soit il a pas bossé, soit il a pas été bon à l'école. Il faut accepter que son enfant soit pas bon.
00:40:27 — De claquer au lit, quoi. — Non, parce que ça va envoyer à un châtiment corporel. Donc on va partir dans des polémiques insensées.
00:40:33 — Ah, ça réussit. Elle a profité en mal. — Mais en tout cas, retrouver de l'autorité, de la simplicité.
00:40:39 Ensuite, ça renvoie à un autre débat qui est pas celui de l'école, qui est celui de la délinquance des mineurs, qui est malheureusement un phénomène
00:40:45 qui, depuis 15 ans, augmente considérablement. Et il faut en finir en tout cas avec l'irresponsabilité.
00:40:53 Et moi, il y a quelque chose qui m'exaspère, c'est quand on parle de responsabilité collective. J'ai appris un truc dans la vie, notamment à l'armée,
00:40:59 mais ailleurs, quand je fais mon service, c'est que la punition collective ne doit pas exister. Y a rien de plus injuste.
00:41:04 Donc si la punition collective n'existe pas, la responsabilité collective n'existe pas. Et donc quand vous avez des mineurs, comme c'est souvent le cas
00:41:12 sur du trafic de drogue ou qui agressent... On a vu cet exemple médiatisé d'une personne âgée de 89 ans, Angele, qui avait été tapée par derrière violemment
00:41:21 avec un gamin qui filmait en ricanant, et l'autre qui voulait le sac. — À Cannes. — À Cannes. Donc c'était il y a 2 ans. Un enfant de 15 ans.
00:41:27 Et qu'à la fin, on vous dit pas de responsabilité des parents, soulevabilité. Et puis on engage la responsabilité du mineur en vertu du code pénal des mineurs,
00:41:39 qui a remplacé l'ordonnance au carré. Et qu'une fois que vous avez activé ça, on se dit on active l'excuse de minorité. Donc la condamnation est forcément réduite.
00:41:49 Et puis qu'à la fin, l'enfant, malgré la qualité des réquisitions et ferme du parquet, la condamnation qui ne manquait pas de fermeté, l'enfant doit aller
00:41:59 dans un centre d'éducation fermé. Très bien. Ça va lui faire du bien. C'est pas du tout une prison. Mais vous vous rendez compte que le centre d'éducation fermé
00:42:06 n'est pas fermé. Et qu'en fait, il peut s'en aller. De même que vous vous rendez compte qu'une obligation de qualité du territoire français
00:42:11 pour revenir sur le terrain de l'immigration n'est pas obligatoire, qu'une interdiction de séjournée n'est pas obligatoire. Donc quand tout est démonétisé,
00:42:16 vous avez une déresponsabilisation. Donc il faut évidemment, soit c'est l'enfant qui est responsable, mais il ne peut pas être responsable de ses actes à 10 ans,
00:42:24 mais il faut abaisser quand même la responsabilité pénale plus bas. Soit, si ce n'est pas lui, ce sont ses parents. S'ils sont solvables, ils payent.
00:42:33 S'ils ne sont pas solvables, il faut revoir les aides sociales. La société ne peut pas cautionner des actes contraires à l'intérêt de la société.
00:42:41 — Alors on va rester sur la responsabilité. Je vous propose d'écouter une question d'une Canoise rencontrée par Tristan Gasparro de Radio Emotions.
00:42:49 — Bonjour. Je m'appelle Lucille. J'ai 23 ans. J'ai fait toute ma scolarité à Cannes. Et j'aurais voulu savoir si vous alliez vous présenter aux prochaines élections présidentielles.
00:42:58 — Eh ben ça tombe bien. — C'est pas nous qui posons la question. — Pas nous. — Ça tombe bien, parce qu'on voulait aussi vous poser la question.
00:43:03 — Non, non. Merci. D'abord, je suis heureux de voir qu'elle peut désormais, grâce... On en est fier dans l'équipe. Cannes est devenue une ville étudiante. Voilà.
00:43:12 On a 35 formations universitaires. C'était un vieux rêve que j'avais de jeune Canois. — Avec un très beau campus. Il faut reconnaître. Franchement.
00:43:19 — Avec un beau campus. Et puis vous allez voir, on a d'autres projets pour développer le campus, d'autres formations. Enfin...
00:43:23 — On va en parler après. — D'abord, on répond à la question. Après, on parle d'autres choses.
00:43:27 — La seule chose qui doit nous motiver, c'est bien sûr la place de la France dans le monde. Et c'est nos enfants. Voilà. Et moi, c'est ce qui me motive.
00:43:33 Donc je ne peux pas répondre à cette question aujourd'hui, tout simplement parce qu'on n'est pas du tout dans le temps de ces élections-là.
00:43:42 C'est aussi simple que ça. Et c'est pas une façon de... C'est pas la langue de bois. C'est pas de voter en touche. Parce que répondre à ça aujourd'hui,
00:43:49 oui ou non, s'inscrirait dans un récit narcissique qui est la meilleure façon d'être mauvais, quoi. Voilà.
00:43:59 — Avec Nouvelle Énergie, vous avez voulu vous émanciper de la tutelle des Républicains ?
00:44:03 — Non, c'est pas tutelle des Républicains. C'est pas du tout ça. C'est que je me suis rendu compte que Nouvelle Énergie,
00:44:10 que j'avais créée en 2013 pour avoir... Qui a un statut de parti politique depuis 2013 pour aborder les municipales en 2014.
00:44:18 À partir de 2020, notamment, il y a eu des adhésions de toute la France. Et que certains principes que j'ai énoncés, qui sont pour moi
00:44:26 très très importants, qui viennent de mon parcours de vie, de mes parents, du petit commerce, de mon expérience de vie...
00:44:31 — T'es pas représenté chez les Républicains. — Non, mais je trouve que... Enfin le discours économique que je pouvais porter,
00:44:38 le discours sur le numérique, sur la culture... — La culture. — Oui, mon deuxième bouquin...
00:44:42 — Tout ça, très clairement, c'est pas républicain du tout, quoi. Qu'est-ce que vous faites encore là, quoi ?
00:44:45 — Mais si. Mais non, mais vous cherchez toujours la politique... — Non, mais très sérieusement, sur l'économie, sur l'éducation,
00:44:50 c'est pas des choses qu'on entend chez les Républicains. — Si vous avez entendu quand même le débat sur les primaires,
00:44:55 souvenez-vous, pour la présidentielle... — Bah il y a même tout et n'importe quoi dedans.
00:44:58 — Non, je suis pas d'accord. Mais je suis pas d'accord. C'est facile. — Il y a des Républicains qui disent que l'Europe a été trop ultralibérale.
00:45:02 — Vous seriez certainement meilleur. Mais moi, j'ai trouvé que c'était de bon niveau. Et je renvoie par exemple à Éric Ciotti,
00:45:08 qui est arrivé en tête au premier tour. Il avait un discours sur la fiscalité, sur l'économie, qui était très pointu et qui était en phase complète...
00:45:15 — Vous l'entendez encore, ce discours, chez Éric Ciotti ? — Oui, oui, oui, oui, oui.
00:45:18 — En tant qu'on, j'ai l'impression. — Mais oui. Mais est-ce qu'aujourd'hui... M'avez-vous posé une question réelle sur l'économie,
00:45:24 sur le numérique ? C'est toujours moi qui parle de ça. Depuis 1 heure, quand nous sommes ensemble, vous m'en parlez pas.
00:45:29 Mais Éric Ciotti, si vous lui posez la question, vous verrez. Et on en parle. On en parle. On fait des conventions.
00:45:33 Ça intéresse moins la presse que d'autres thèmes. Voilà. Premier élément. Deuxième élément. Je suis à un âge de ma vie,
00:45:41 avec une expérience de ma vie dans le privé, dans le public, qui fait que je crois que... Moi, j'adore la controverse.
00:45:49 Et je suis capable d'admettre si on me démonte le contraire. Mais par exemple sur les retraites. Quand j'ai dit que la réforme des retraites...
00:45:56 D'abord, il fallait pas être hypocrite, pour pas dire un autre mot que Éric Ciotti avait utilisé ici, d'ailleurs. On pouvait pas dire 6 mois avant,
00:46:03 on veut mettre la retraite à 67 ans, puis dire sur la même 64 ans, c'est antisocial, quoi. Voilà. Donc sur le paramétrique, il fallait évidemment
00:46:10 pas être hypocrite. Mais on se doit d'apporter autre chose. On doit apporter une alternative forte, puissante. Il faut recréer du conflit
00:46:17 civilisé entre une gauche et une droite pour qu'il y ait des alternances. Et j'avais proposé, par exemple... On avait beaucoup travaillé dessus
00:46:24 avec l'institut Sapiens, avec l'institut Molinari, Nouvelle Énergie... Nouvelle Énergie, c'est pas qu'un think-tank des Républicains. Non, c'est un parti politique.
00:46:30 Et avec, donc, en proposant la retraite par capitalisation obligatoire collective, qui, d'après nous, comme c'est le cas aux Pays-Bas par exemple,
00:46:40 permettrait de rendre propriétaires de leur retraite les plus bas salaires. Et à chaque fois qu'on est une société républicaine ici, qu'on soumet cette idée-là,
00:46:47 c'est toujours "Oh oui, non, non, mais bon..." Non, parce que c'est l'excommunication, en disant "ça fait trop libéral", ce qui est une dérésie, ce qui est absurde.
00:46:53 — Il y a un fossé entre vous sur des questions comme ça. — Donc j'essaie, avec Nouvelle Énergie, sur des principes qui pour moi sont essentiels, et que j'entendais pas assez,
00:47:01 de porter cela. Et de peser. — Et justement, en termes de peser, on a toujours ce problème de déficit de notoriété. Comment vous comptez le complément pour...
00:47:10 — Mais si vous m'aviez laissé terminer, je serais allé assez loin. — Pour accélérer, parce qu'on est tellement impatients, il y a tellement de choses passionnantes à se dire.
00:47:17 — Bien sûr. — De peser. Et soit LR arrive... Et je sais qu'il y a des conventions qui sont prévues, thématiques. Le fait qu'il y ait eu Emmanuel Mignon,
00:47:27 qu'il y ait quelqu'un qui soit allé chercher, c'est une très bonne nouvelle. — C'est quelqu'un de très haut niveau de La République.
00:47:31 — De très haut niveau. Et je serais très heureux de contribuer à cela, vraiment, si tout d'un coup, on a du renouveau, une nouvelle génération qui arrive,
00:47:38 où on arrive à être audible, puis crédible, puis éligible. On a un gros travail à faire. On part de 4,7% à la présidentielle. Donc soit ce phénomène se passe.
00:47:48 Et j'apporterais cela avec grand plaisir. Et s'il y a une femme ou un homme leader qui émerge, qui clairement, avec conviction, avec puissance, avec sincérité,
00:47:58 porte ça, je suivrai volontiers. Soit une nouvelle énergie... Soit ça prend, soit ça prend pas. Tant pis pour nous. Voilà. Soit ça la prend et une nouvelle énergie pèsera
00:48:09 et sera peut-être dominante. Mais moi, ce qui compte, c'est le corpus, c'est de faire monter de nouvelles générations, c'est d'arriver à retrouver de la crédibilité.
00:48:16 — Vous défendez le maintien des primaires. C'est quelque chose que veut abolir Éric Ciotti. Il commet une erreur ?
00:48:22 — Alors soyons précis. C'est-à-dire que quand certains de vos confrères, vos consoeurs me posent la question s'il y a une élection présidentielle,
00:48:31 faut-il les primaires ? Si dans 3 ans et demi, on a un candidat naturel, comme Nicolas Sarkozy pouvait l'être, c'est l'exemple type, mais il y en a eu d'autres...
00:48:42 — Comme Laurent Wauquiez, ce que prétend Éric Ciotti. Pour vous, c'est pas le candidat naturel.
00:48:46 — Je vais pas me défausser là-dessus aussi. Objectivement, on va pas faire d'une primaire s'il y a vraiment un grand leader. Aujourd'hui, il n'y a pas de candidat naturel. Voilà.
00:48:56 C'est simple. Enfin tous les sondages le montrent. Dans tous les cas de figure... — Donc vous n'êtes pas en phase avec Éric Ciotti sur Laurent Wauquiez.
00:49:01 — Non, bien sûr. Mais je l'ai dit, je lui ai dit, on se l'est dit. Il le sait. Comme vous l'avez compris, on n'est pas sous tutelle, voilà, pour reprendre votre terme.
00:49:10 Deuxième élément. Si demain, il y a une présidentielle, donc... Et c'est logique, ce que je dis. Que Emmanuel Macron, pour une raison ou pour une autre, démissionne, tout ce que je ne souhaite absolument pas.
00:49:19 On n'est pas là pour faire de la fiction. Mais comme il n'y a pas de leader naturel, la démocratie, c'est le pire des systèmes après tous les autres, disait Churchill.
00:49:30 Donc il faut bien un système de sélection. Et le moins mauvais des systèmes, c'est la primaire ouverte, ouverte, pour qu'on ait une candidate ou un candidat qui soit en phase avec le noyau dur, mais aussi avec la société française.
00:49:44 — S'il n'y a pas un seul candidat modéré, enfin une candidature unique des modérés, c'est quelque chose qui monte de plus en plus aux prochaines présidentielles,
00:49:51 est-ce que c'est la garantie que l'extrême-gauche et l'extrême-droite vont se retrouver au deuxième tour et l'élimination du camp modéré ?
00:49:57 — Oui. Ce qu'il faut, c'est que la modération soit pas une mollesse. Voilà. Donc il faut être raisonnable et proposer un projet alternatif puissant autour de la liberté,
00:50:07 l'autorité de l'État, l'unité de la nation, la concorde nationale par la culture, etc., l'éducation. Et aujourd'hui... Si demain, il y avait une élection présidentielle,
00:50:19 on n'est pas à l'abri d'un deuxième tour au ridiculisme. — Absolument. C'est ce que je viens de dire. Ouais, ouais.
00:50:24 — Parce que même... Regardez les positions que je trouve abominables de Jean-Luc Mélenchon sur l'antisémitisme. Enfin on voit quand même une complicité
00:50:33 avec l'antisémitisme et une extrême-gauche qui se fourvoient complètement, qui sort même du substrat républicain dans certaines prises de position.
00:50:41 Heureusement, il y en a qui sauvent l'honneur. Andy, regardez, il est rejeté. Je disais dans le sondage, je disais ça dans le printemps...
00:50:50 — Il reste un bon socle, quand même. — Enfin 18%. Le ticket de qualification pour un deuxième tour, il peut être à 16, 17, 18%.
00:50:56 — Surtout s'il y a plus tard le candidat de droite et de centre. — Donc il est vraiment... L'enjeu, c'est pas la droite ou la gauche.
00:51:01 C'est pas LR, Panneau d'énergie. C'est pas Laurent Wauquiez ou moi ou Xavier Bertrand, etc. L'enjeu vraiment, et c'est pas la posture, c'est qu'on retrouve
00:51:09 de la confrontation démocratique. Le clivage – on peut appeler ça progressiste, conservateur, droite, gauche, je sais pas quel est le bon terme –
00:51:16 c'est quand même ce qui permet à des Français... Et à mon avis, la ligne de partage, c'est l'égalité et la liberté.
00:51:23 On le sait bien, il y a un curseur qui évolue. Et je pense qu'il est allé beaucoup trop loin vers l'égalitarisme et qu'aujourd'hui,
00:51:28 il faut remettre de la liberté dans la société et de l'efficacité de l'État et de la puissance publique recentrée.
00:51:33 Donc l'enjeu, c'est vraiment de retrouver ça. C'est d'avoir une gauche forte, raisonnable, mais forte, et une droite raisonnable et forte.
00:51:43 Et que les habitants aient un vrai choix et pas des choix par défaut, soit entre des extrémistes, soit entre des techno-conformistes,
00:51:49 qui... sociaux-étatistes, qui multiplient la dette, qui font des leçons, qui créent des dispositifs de chèques de soutien à n'importe quoi.
00:51:58 Dès qu'il y a un problème, on dépense de l'argent public et on plante les générations futures. Et tout cela de façon très techno...
00:52:06 C'est du techno-populisme que vous retrouvez au sommet de l'État aujourd'hui.
00:52:09 Alors Christian Huot, on va parler de Cannes.
00:52:11 Oui, parlons de Cannes, votre ville. On présente souvent comme un laboratoire, d'ailleurs, de vos idées, de votre parti politique Nouvelle Énergie.
00:52:17 La ville a un nouveau visage, requalification de la croisette, des allées de la liberté, le continuum avec l'avocat auquel vous vous tenez.
00:52:23 Quels sont les autres grands projets structurants à venir de la cité des festivals ?
00:52:27 Bon, pour moi, c'est pas un laboratoire, c'est ma ville et la réalité prime toujours sur...
00:52:31 Vous faites quand même des choses, il fallait sourire et porter un...
00:52:33 Non, non, mais c'est... Et en fait, je fais ce sur quoi j'ai été élu, avec mon équipe, j'ai eu la chance d'avoir une très belle équipe.
00:52:40 Donc on baisse la dette. On va être à 70 millions d'euros de baisse de la dette, donc beaucoup plus vite que prévu depuis 2014.
00:52:46 Et comme on a réorganisé à plusieurs reprises les services en faisant des plans d'investissement, de gains de productivité,
00:52:53 on a considérablement augmenté notre capacité de financement, ce qui nous permet donc d'avoir des projets structurants et d'avoir aussi des services de proximité.
00:53:03 Je veux autant en parler aussi, parce que les travaux, on les voit, parfois on les subit, mais aussi parler du quotidien.
00:53:10 Donc là, on est en train de terminer les allées de la liberté. On termine avec la partie, donc, pantyhéros.
00:53:18 Il y aura plus d'arbres de pleine terre qu'avant. Des platanes, des coucouliers, des jacarandas, etc.
00:53:24 On a la croisette, qui est un projet très structurant, parce que la croisette, les réseaux, certains avaient 100 ans, et les autres, datés de Bernard-Cornu-Gentil, donc du début des années 60.
00:53:32 Donc comme il fallait refaire tous les réseaux, c'est des dizaines de kilomètres, on s'est dit, on va refaire aussi Beau-Au-Dessus.
00:53:36 Et donc on a ce projet structurant. Et puis la Boca, la nouvelle frayère, qui va être... Vous allez voir, hein.
00:53:42 C'est-à-dire qu'on va refaire les pieds d'immeuble. Ça va être quelque chose d'assez spectaculaire.
00:53:46 Et le centre de la Boca, puisque sur la place Roubault, sans parler de Boca de Cabana qui continue... Enfin, je pourrais...
00:53:52 On va avoir Novelty, les studios d'enregistrement, sur les 5 hectares qui étaient... 5 hectares, 6, qui étaient en jachère depuis de longues années, depuis la fin de la réparation de wagons.
00:54:02 Donc on va avoir des studios avec des logements pour professionnels des arts, etc.
00:54:07 Et sur le centre de la Boca, la place Roubault, un hôtel 4 étoiles va se construire sur la place Roubault. Vous vous rendez compte, quand même ?
00:54:15 On réalise des logements, notamment pour les actifs, pour les classes moyennes, et des logements sociaux aussi.
00:54:21 Et on va enlever cette vilaine poste. On va avoir une nouvelle poste. On a fait un concours d'architectes avec une grande halle, un nouveau marché.
00:54:28 La police, la mairie annexe qui va être transférée d'un écart... — Ça, c'est les services de proximité dont vous parliez.
00:54:32 — Mais je vais vous parler aussi. Et sur la surface, là où il y avait du béton, il y aura des arbres, un superbe jardin. Et on fait un grand parking souterrain du centre de la Boca,
00:54:42 connecté au BHNS, bus à haut niveau de service, 374 places dans lesquelles il y aura 2 heures gratuites chaque jour, 3 heures gratuites chaque samedi,
00:54:50 3 heures gratuites chaque dimanche. Depuis qu'on a récupéré nos 8 parkings en régie, qu'on a mis les 3 heures gratuites chaque jour,
00:54:55 chaque samedi, chaque dimanche, il y a 2 heures gratuites, on a 35% de fréquentation en plus dans toute la ville. Sur la qualité des services, c'est très important.
00:55:03 — Il nous reste 5 minutes, David. J'ai d'autres questions à vous poser sur Cannes. — Quand vous appelez la mairie, même la nuit, même samedi-dimanche,
00:55:08 vous tombez pas sur « taper étoile, taper dièse ». Vous avez un truc... — Donc la bureaucratie est pas reine à Cannes.
00:55:15 — Non. Alors il y en a encore beaucoup trop. Parce que d'abord, il y a des tendances lourdes. Et ensuite, parce que le droit nous oblige à la bureaucratie,
00:55:22 notamment le droit de l'urbanisme, qui est une abomination, il va falloir revoir de fond en camp le droit de l'urbanisme. Autre sujet.
00:55:27 Mais on vient d'obtenir un classement en année heureuse. C'est le travail des équipes, c'est le travail des agents, tout en baissant les dépenses
00:55:34 et en améliorant les conditions de travail des salariés, puisqu'on a des nouveaux régimes de l'année mi-terre. On rémunère aux mérites, etc.
00:55:40 On vient de se classer premier par l'AFNOR, qui envoie des clients mystères. Alors c'est pas parfait, hein, parce que je dis ça pour vis-à-vis de la GTMA.
00:55:49 Mais sur les services états-civils, sur la réponse aux e-mails, sur la réponse au téléphone, premier en France, sur la catégorie de notre commune.
00:55:57 Donc on a un classement AFNOR. Et ça, on en est heureux, parce que c'est pas forcément ce qui se voit.
00:56:02 Ça se voit moins qu'un palais des sports où vous voyez que des travaux que l'on peut faire. Et une superbe salle des fêtes qu'on va inaugurer aussi à l'avocat bientôt.
00:56:09 Eh ben alors restons à l'avocat. On en a parlé un peu tout à l'heure. Ville universitaire, Cannes, c'est votre souhait.
00:56:14 Vous avez créé ce campus Georges Méliès, qui avait accueilli 1 000 étudiants depuis septembre 2021 à la Bastille Rouge, autour des métiers essentiellement de l'image.
00:56:22 Qu'est-ce que vous attendez de nouveau à Cannes ? Qu'est-ce que vous voulez faire venir ? Au passage, vous souhaitez aussi créer une école de manipulateurs en radiologie,
00:56:29 bureaucratie, ça ne se fait pas. Alors entre la volonté et les actes, il y a beaucoup de choses. Et vous avez 30 secondes pour répondre.
00:56:37 Bien, monsieur le juge. Donc on a une formation qui va être ouverte bientôt. Et c'est la première fois qu'on va sur le médical et sur l'image, donc sur l'information sur le cancer.
00:56:52 Donc c'est très important puisqu'on a le congrès d'oncologie maintenant à Cannes. Et donc on fait toute une filière qui va être connectée au pôle de l'image et sur mieux informer les patients,
00:57:02 le traitement de l'image, la communication, les familles, etc. Ça, c'est une nouvelle formation. Sur les manipulateurs radios, on est dans le truc complètement absurde.
00:57:10 Mais des exemples comme ça, j'en ai des dizaines. Je ne suis pas sûr qu'il n'y ait que de la bureaucratie. Il y a peut-être de la mauvaise volonté de la région
00:57:16 puisqu'on ne demande pas d'argent. On a l'accord de la profession. Mais la loi, désormais, fait que pour créer cette formation, il faut une autorisation du conseil régional.
00:57:24 Et depuis des mois, on demande l'autorisation. On ne demande pas un rond. On demande simplement l'autorisation. Quel est ce pays où, pour faire un skate-park, il a fallu que j'ai l'autorisation du ministre
00:57:34 et pour faire une formation en accord avec les professionnels, avec l'hôpital, avec les privés et publics, il faut une autorisation du conseil régional ? Moi, c'est absurde.
00:57:41 Et donc soit il y a un problème bureaucratique à la région, soit il y a une mauvaise volonté. Ensuite, sur le campus. Parce que ça, c'est fantastique.
00:57:48 C'est ce qui me motive. C'est pour ça que le mandat de maire est si magnifique.
00:57:53 Si on a encore le temps, il y a une autre question.
00:57:55 On voudrait créer un autre campus. Aujourd'hui, je vais proposer au président de l'université, qui en travaille très bien, j'ai identifié un site sur lequel on pourrait continuer,
00:58:05 pour devenir la capitale européenne, des métiers de l'écriture, des métiers de la création, dans le siècle de l'intelligence artificielle.
00:58:12 La question s'oppose fondamentale de l'utilité humaine. La force physique, la machine, il est plus simple que nous.
00:58:18 Et sur beaucoup de métiers, y compris l'empathie, contrairement à ce que l'on entend, l'intelligence artificielle dans les nouvelles générations, vous verrez, sera beaucoup plus patiente que nous.
00:58:26 L'interviewée sera beaucoup meilleure à l'intelligence artificielle que moi aujourd'hui.
00:58:30 Donc, nous devons revenir à la singularité de l'être humain par rapport à notre espèce. C'est-à-dire cette capacité de création, de rupture, par la politique, par les arts, par la culture, bref.
00:58:43 Et donc, je souhaiterais que Cannes soit une ville du XXIe siècle qui compte notamment sur tous les métiers de la création, et qui sont des métiers très rémunérateurs, et qui donnent beaucoup d'espoir.
00:58:51 Donc, images, création et IA dans les formations canoïdes.
00:58:54 Exactement.
00:58:55 Une question au micro de Triton Gasparro de Radio Emotion d'un de vos administrés.
00:58:58 Bonsoir, je m'appelle Adnan. Ma question est pourquoi dans les grandes villes comme Nice, Antibes, Cagnes-sur-Mer, il y a des transports comme des vélos électriques, des trottinettes électriques, des scooters électriques et pas à Cannes ?
00:59:10 Alors, c'est une très bonne question, parce qu'on se l'est posée plusieurs fois aux municipales.
00:59:14 Tout simplement parce que, bon, les trottinettes électriques, en location, c'est vraiment un échec. Toutes les villes qui ont choisi ça les retirent.
00:59:21 Mais ils ont raté.
00:59:22 Bon. Ensuite, les vélos électriques, c'est pas gratuit. C'est-à-dire que c'est des recettes en moins de régie publicitaire pour les communes, pour le budget général.
00:59:31 Et ça peut être en millions d'euros, surtout dans une ville comme Cannes, où c'est l'usageur, en tout cas, où c'est le budget. Mais c'est jamais gratuit.
00:59:37 Et le choix qui a été le nôtre, on a fortement développé le BHNS. On a beaucoup avancé. Enfin, vous qui avez connu Cannes il y a quelques années, en termes de transport public, aujourd'hui, c'est une réussite.
00:59:48 En 10 ans, ça est allé très vite. Et on a mis un système de location de vélos électriques avec le transport public, qu'on est en train de développer très fortement.
00:59:56 Donc ce système existe à travers le transport public. Sur le reste, au-delà du coût, le vélo se développe à Cannes, mais sans passer par la puissance publique.
01:00:06 C'est-à-dire que moi, je suis pas étatiste, mais ça vaut aussi pour moi. Alors c'est peut-être contre-intuitif, là aussi.
01:00:10 Mais objectivement, il y a des loueurs de vélos à Cannes, privés. On peut acheter des vélos. Vous voyez beaucoup de vélos à Cannes, comme dans toutes les villes.
01:00:18 Et je pense que ce n'est pas forcément du ressort de la collectivité. Même si c'est pas dans l'air du temps. Mais on verra avec le temps.
01:00:26 – C'est pas donné les vélos aujourd'hui. – Oui, c'est sûr. Mais il y a toujours quelqu'un qui le paye. C'est pas donné.
01:00:30 – Tout à fait. – C'est pas donné non plus pour la ville. Donc le contribuable, aujourd'hui, en France, c'est le plus pressurisé du monde. 46% de la population.
01:00:36 – On va terminer avec une question. Cannes est une belle ville, incontestablement, une ville de tourisme, mais aussi une ville où il y a des taux de pauvreté importants et de l'insécurité.
01:00:44 Vous le dites vous-même. Elle est parfois dénoncée. Et notamment, vous avez parlé du quartier de la Fréhière tout à l'heure.
01:00:48 Il y a des points d'île dans la ville. Il y a un regain de tension dans ce quartier de la Fréhière.
01:00:52 Qu'est-ce que la maire comme vous peut faire, au-delà de l'aspect urbanistique que vous avez déjà décrit tout à l'heure, pour éradiquer ces fléaux ?
01:00:57 – D'abord, vous constaterez que j'ai toujours mis en exergue la pauvreté élevée et l'insécurité. Je ne l'ai jamais cachée.
01:01:06 – C'est bien pour ça qu'on vous pose la question. – Non, mais on ne peut jamais être efficace si on nie les constats.
01:01:12 Ensuite, quand je me regarde, je me désole, mais quand je me compare, je me console aussi, y compris en matière de sécurité quand même.
01:01:19 Sur la Fréhière, la situation s'est nettement améliorée. Il y a eu un travail que nous avons mené qui n'était pas des coups de com',
01:01:25 qui n'était pas des opérations où on fait venir à la presse, etc. C'est-à-dire que tous les jours, depuis plusieurs semaines,
01:01:32 nous faisons des opérations avec des chiens arbres qui détectent les armes, des chiens qui détectent l'argent cash et qui détectent les stups.
01:01:40 J'ai participé à certaines opérations pour aller voir. Porte par porte. Ensuite, il faut qu'il y ait un traitement judiciaire.
01:01:46 Enfin, tout ça, c'est complexe. Mais on le fait avec le parquet, avec qui on travaille très bien, avec le commissaire central et la police municipale.
01:01:51 Et objectivement, il y aura d'autres violences urbaines.
01:01:55 — Est-ce que les points de deal ont disparu des entreprises d'immeubles à la Fréhière aujourd'hui ?
01:01:57 — Alors, il y a toujours du deal. Mais il n'y a pas qu'à la Fréhière. Du deal, il y en a partout. Mais il y en a partout en France.
01:02:01 Il y en a dans n'importe quel village maintenant. — Oui, mais là où vous mettez des moyens, est-ce que ça va mieux ?
01:02:04 — Oui. Alors, c'est pareil. Il n'y a pas de checkpoints, de dealers. Enfin, ce que j'avais connu il y a 8 ans.
01:02:10 Il y a 8 ans. Ce n'est pas nouveau. À la Fréhière, quand on a détruit le tunnel où il y avait les garages, il y avait un checkpoint.
01:02:17 Voilà. Bon. Ça, ça n'existe plus. Le problème, c'est que la mairie n'en a pas l'autorité judiciaire.
01:02:25 Donc pourquoi pas à condition que les magistrats aient des moyens et que la police ait des moyens.
01:02:31 L'année dernière, il y avait 15 parquets tiers, c'est-à-dire pour que tout le monde comprenne, les équipes du procureur de la République,
01:02:38 qui sont le maillon essentiel parce que c'est ce qui permet de faire des réquisitions et de faire embastiller des dealers, etc.
01:02:44 Aujourd'hui, il n'y en a plus que 13. Sur les enquêteurs, il y a 10 ans... C'est pas vieux, 10 ans.
01:02:52 Il y avait 83 enquêteurs au commissariat central de Cannes. Aujourd'hui, il y en a 48. Il manque 35 enquêteurs.
01:03:01 Donc nous, on est proactifs. On fait tout ce que l'on peut. On bosse bien avec le commissaire.
01:03:07 La police municipale... Hier, vous avez vu, on a interpellé... Ça, c'est très important. En flag, c'est très important.
01:03:11 Des voleurs de bijoux... — C'était jeudi. — Oui, je suis en rue. Voilà. C'était jeudi. Pardonnez-moi. Le temps passe tellement vite.
01:03:19 Et donc il y a un travail qui est fait. Mais si derrière, la réponse pénale, en fait, s'adapte à la pénurie de moyens...
01:03:30 C'est ce qu'on rencontre dans tout le territoire. Je termine là-dessus. Une des réponses pénales peut être la prison.
01:03:37 Et parfois, il faut de la prison pour protéger la société. Il faut mettre des gens dangereux en prison.
01:03:42 On a en France ce paradoxe dans le pays – donc je répète qu'il y a le plus de prélèvements, le plus de dépenses – d'avoir une surpopulation carcérale,
01:03:50 ce qui est indigne d'une grande démocratie. Donc des gens qui sont 4, 5... Certains sont privilégiés. On l'a vu sur des gros dealers.
01:03:57 Mais autrement, le tout venant, c'est pas normal. C'est indigne. On est là pour punir, mais on n'est pas là pour humilier.
01:04:04 Mais parallèlement, on a un taux d'incarcération qui est le plus faible d'Europe. Et la moitié des peines ne sont pas exécutées 6 mois après leur prononcée,
01:04:15 parce qu'en fait, les juges d'application des peines adaptent leur doctrine à la pénurie de places de prison.
01:04:23 Donc on crée une injustice pour ceux qui vont en prison, qui sont dans des conditions indignes de démocratie.
01:04:28 Et on crée une injustice parce que des voyous restent en liberté et peuvent s'attaquer dans la rue à certains d'entre nous.
01:04:37 Donc vous comprenez, moi, je veux bien parler de tout ce qu'on peut faire à la frayère, mais tant qu'on n'aura pas une nouvelle politique pénale de justice régalienne,
01:04:44 c'est ce que j'ai essayé de dire tout à l'heure, on va créer de l'arbitraire et de l'injustice.
01:04:48 – Donc ça rejoint votre constat sur la puissance des maires, grâce à certaines situations, à la faillite de l'État.
01:04:52 – Mais en attendant, nous, en attendant, on doit être présent, on doit envoyer la PM, on doit appeler les préfets.
01:04:56 Je dois faire comme je viens de le faire, un appel à ce qu'on ait enfin des enquêteurs en nombre suffisant à Cannes.
01:04:59 J'ai écrit à Gérald Darmanin, c'est notre job de maire.
01:05:02 On ne peut pas, nous, être déprimés, découragés, c'est si-si, on monte le rocher, il redescend, on continuera de le remonter.
01:05:07 – Alors avant de refermer cette émission, on passe à la question perso.
01:05:10 – Ah, aïe !
01:05:12 [Musique]
01:05:17 – Frédéric Maruis, vous vous présentez souvent comme un petit commerçant.
01:05:20 Alors nous qui sommes des journalistes locaux, qui vous connaissons depuis longtemps,
01:05:24 ce n'est pas quelque chose qu'on connaît chez vous.
01:05:26 Est-ce que vous pouvez nous parler de quelles circonstances avez été ce petit commerçant ?
01:05:30 – Avec l'âge, je me rends compte que le fait d'avoir grandi dans le commerce
01:05:35 a vraiment structuré beaucoup de choses en moi, qu'ensuite je peux intellectualiser.
01:05:39 – C'est vos parents qui étaient commerçants, c'est ça ?
01:05:41 – Oui, oui, tout à fait, tout à fait.
01:05:42 – Et vous, vous n'avez jamais été commerçant, vous étiez personnel ?
01:05:44 – Ah si, jusqu'en 2016, où c'est vérifiable, au greffe, c'est vérifiable.
01:05:49 Mais c'est marrant d'ailleurs de douter de ça.
01:05:51 – Non, non, ce n'est pas ça, c'est parce qu'en fait, vous connaissez depuis tellement longtemps,
01:05:54 moi je ne vous ai pas connu, t'es dans une échoppe, vous pouvez tout me dire.
01:05:57 – Non, mais pensez-vous qu'un commerçant tient toujours une échoppe,
01:06:00 c'est toujours celui qui est derrière la caisse.
01:06:02 Regardez autour de vous, je ne sais pas, par exemple dans la grande distribution,
01:06:07 le propriétaire des Galeries Lafayette, qui je crois est M. Pinault,
01:06:13 je ne suis pas sûr qu'il soit derrière la caisse.
01:06:15 C'est vrai aussi parfois à l'échelle du petit commerce.
01:06:17 Donc en revanche, j'étais d'abord co-gérant avec mon père,
01:06:22 et ensuite seul gérant de la SARL, le petit dur à la fin,
01:06:25 puisque c'était le dernier qui est resté, et que nous avons vendu, et que j'ai vendu en 2016.
01:06:29 Mais j'ai toujours considéré que c'était mes parents, c'était l'œuvre de mes parents,
01:06:33 qui après leur carrière sportive et artistique,
01:06:38 me mettaient dans ces étoiles, mon père footballeur professionnel,
01:06:40 qui avait peu de moyens, se sont débrouillés par eux-mêmes,
01:06:42 ont monté un commerce, puis deux commerces, puis trois commerces,
01:06:44 puis ils montaient à plus entre Limoges et Cannes,
01:06:46 et ça m'a vraiment forgé, savoir ce qu'étaient parfois des périodes de réussite.
01:06:50 On a eu quelques années où ça rentrait bien,
01:06:52 puis des périodes parfois où les huissiers venaient,
01:06:54 où on perdait des choses. C'est très formateur.
01:06:56 Savoir discuter avec un banquier, une échéance avec un fournisseur,
01:06:59 savoir recruter, savoir licencier, c'est peut-être ce qui manque à beaucoup d'hommes politiques,
01:07:03 mais il m'est arrivé, parce que j'aimais bien, notamment quand j'étais gamin,
01:07:06 d'être derrière la caisse, mais je vous assure que mon père, par exemple,
01:07:09 n'était pas derrière la caisse non plus.
01:07:10 Mais on pouvait être chez le comptable en revanche,
01:07:12 ou chez le fournisseur, ou faire des achats.
01:07:14 Merci beaucoup David Wissnar, merci à tous les deux.
01:07:16 Merci.
01:07:17 Merci à Sophie Dancé et Philippe Bertigny pour la réalisation de cette émission,
01:07:20 à Christelle Benjamin pour sa préparation.
01:07:23 On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle édition de l'Interview à la Une.
01:07:27 Bonne journée et bon week-end à tous.
01:07:29 [Musique]
01:07:36 [SILENCE]