• l’année dernière
David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France (AMF), est l'invité du Grand entretien. Il évoque les conséquences et les circonstances des émeutes urbaines qui ont frappé les villes du pays ces derniers jours. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-12-juillet-2023-9587620

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00:00 France Inter. Jérôme Cadet, le 6/9.
00:06 Avec Yael Gauze, nous recevons ce matin David Lysnard. Bonjour à vous.
00:10 Bonjour.
00:11 Maire les Républicains de Cannes, président de l'Association des maires de France.
00:14 Merci d'être avec nous ce matin. Les auditeurs de France Inter peuvent vous interroger directement 0145 24 7000 ou via l'application France Inter.
00:25 David Lysnard, le projet de loi d'urgence pour accélérer la reconstruction des bâtiments détruits lors des dernières émeutes.
00:31 Ce projet de loi sera présenté demain en Conseil des ministres. Il s'agit de remettre sur pied le plus vite possible les services publics qui ont été attaqués.
00:39 Est-ce que vous avez, en tant que président de l'AMF, ce matin une idée un peu plus précise du nombre de communes touchées, des bâtiments dégradés et du coût que ça va représenter pour les collectivités locales ?
00:49 Alors on a les éléments que vous connaissez, c'est-à-dire un coût global qui est supérieur au milliard d'euros largement, une dominante globalement, avec les premières victimes sont les commerces et les commerçants qui représentent plus de la moitié des dégradations.
01:06 Et on a 2000 bâtiments à peu près publics qui ont été détériorés, dont des mairies, des maires annexes, de nombreuses écoles, des gymnases, etc.
01:17 Le texte de loi va reprendre ce qui avait été mis en place après les épeutes de 2005, c'est-à-dire des procédures de simplification de passage sur les marchés d'après ce qu'on en sait.
01:26 Et tant mieux, ça devrait toujours être comme ça d'ailleurs. Et avec des effets du levier d'investissement.
01:32 La problématique pour nous, c'est de retrouver une continuité de services publics. C'est-à-dire qu'on a des secteurs aujourd'hui où il n'y a plus de services publics.
01:39 Or le service public par définition...
01:40 Il n'y a plus de mairie, il n'y a plus de services accessibles.
01:42 Il est universel, c'est-à-dire qu'il doit bénéficier à tout le monde, c'est ce qui fait sa grandeur. Et il est continu.
01:47 Et la continuité de services publics le définit. Donc l'enjeu est là pour nous.
01:51 Qui va payer ? Le contribuable ? Les assurances ?
01:54 Vous savez, le problème c'est que ceux qui vont payer ne sont pas ceux qui ont commis les dégradations dans l'immense majorité des cas.
02:01 Parce que le contribuable va payer. Donc certains auront la double peine.
02:06 Moins de services, un cadre de vie dégradé, et ils participeront à la reconstruction des dégâts des autres.
02:11 Et quand on parle des assurances, c'est pas magique là aussi.
02:15 C'est-à-dire que les assurances donnent ce qu'elles reçoivent par les cotisations des assurés.
02:20 Donc tout cela aura des incidences sur les primes d'assurance.
02:24 Et c'est une des problématiques. C'est de faire en sorte que...
02:27 Moi je ne crois qu'à la responsabilité individuelle.
02:29 Je crois que c'est vraiment un moteur de la justice et de la prospérité d'un pays.
02:35 Et qu'aujourd'hui on est dans un système qui a déresponsabilisé ceux qui créent des nuisances.
02:40 David Lysnard, le Medef parle d'un coût global autour d'un milliard d'euros de dégâts à réparer.
02:45 Les assureurs parlent de près de 650 millions d'euros.
02:48 Est-ce qu'en tant que président des maires de France, vous avez un chiffre qui vous est remonté ?
02:52 Si vous voulez, non. Parce qu'il faut distinguer ce qui est assurable de ce qui ne l'est pas.
02:57 Quand un bâtiment est dégradé, il est assurable. Mais il n'est pas forcément couvert par l'assurance.
03:03 En revanche, lorsqu'il s'agit de l'espace public type mobilier urbain,
03:07 c'est souvent là qu'il y a beaucoup de montants de dégradation, là ce n'est pas assurable.
03:11 C'est le même problème que l'on rencontre lorsqu'il y a des catastrophes naturelles et qui dégradent des voiries par exemple.
03:16 La voirie c'est toujours à la charge nette de la collectivité.
03:19 Lors de ces émeutes, David Lysnard, les maires ont été pris pour cibles.
03:23 C'était vrai dans d'autres épisodes précédemment malheureusement.
03:27 On se souvient de l'agression du domicile du maire de Saint-Brévent-les-Pins.
03:31 Vendredi dernier, le gouvernement a présenté un plan, 5 millions d'euros,
03:34 pour renforcer la protection des maires, remboursement des frais de procédure.
03:37 Lorsqu'un maire porte plainte, mise en place d'un bouton d'appel d'urgence sur un boîtier en cas de problème,
03:43 plus de caméras de surveillance près des mairies.
03:45 Cela veut dire que les maires doivent bénéficier d'une protection plus grande que les autres citoyens aujourd'hui ?
03:51 Non, ce n'est pas du tout comme cela que cela doit être présenté.
03:54 D'ailleurs, l'AMF qui a été la première à alerter sur cette violence sur les élus, dès 2019.
04:00 Souvenez-vous que le maire de Cygnes est mort d'avoir demandé à des personnes de ramasser les déchets qu'elle déversait dans la nature.
04:07 Et ça, c'est notre quotidien.
04:09 C'est très souvent sur ce type d'intervention contre de la civilité,
04:12 ou parce qu'on refuse un permis de construire un VRE,
04:15 ou parce qu'on refuse de recruter toute une famille à la mairie qui estime que c'est un droit.
04:19 Donc on ne demande pas un privilège quelconque.
04:22 Et en tant que citoyen, on ne demande pas d'être plus couvert que les autres.
04:26 Évidemment, on est comme les autres citoyens.
04:27 En revanche, lorsque vous êtes agressé, parce que vous êtes le dépositaire d'une autorité publique,
04:32 parce que vous prenez une mesure d'intérêt général,
04:35 et que vous refusez d'accorder une libéralité ou un privilège à quelqu'un,
04:40 c'est comme lorsqu'un policier est agressé, ou un pompier est agressé.
04:44 Ça doit être considéré comme une circonstance aggravante, ça va être le cas, et c'est une bonne chose.
04:48 C'est aussi simple que cela.
04:50 Vous parliez de la protection fonctionnelle.
04:51 Tous les fonctionnaires et les agents de la fonction publique ont une protection fonctionnelle obligatoire,
04:57 dont ils bénéficient lorsqu'ils sont agressés dans le cadre de leur fonction.
05:00 Aujourd'hui, beaucoup de maires dans les villages n'osent pas.
05:02 Ils ont le droit, mais ils n'osent pas la réclamer.
05:04 Par méconnaissance ?
05:06 Non, parce que par pudeur.
05:08 Ils n'osent pas engager une dépense à la mairie.
05:10 Donc très souvent, ils ne vont pas au bout de la procédure.
05:12 Nous sommes dans une crise civique majeure, je crois profondément.
05:17 Il est évident que les maires sont des habitants parmi les habitants.
05:21 Ils ne peuvent pas être victimes du fait qu'ils assument leur fonction.
05:24 Il était temps de prendre en compte cette problématique.
05:26 Dernier chiffre, entre 2022 et 2021, de source Ministère de l'Intérieur,
05:30 les agressions sur les élus ont augmenté de 32%, un tiers en un an.
05:34 Il y a une inquiétude maintenant autour des festivités du 14 juillet.
05:37 La crainte que des émeutes repartent les 13 et 14 juillet,
05:41 d'où l'annulation de plusieurs feux d'artifice.
05:43 Strasbourg, Montargis, Nîmes, Schell, Damaril-Elysse et j'en passe.
05:47 Vous le maintenez vous à Cannes ?
05:48 Oui, je le maintiens.
05:49 Juste, pardonnez-moi de revenir sur ce qu'on disait tout à l'heure.
05:51 N'oublions pas que les phénomènes de violence,
05:53 quand on regarde les coups et les blessures volontaires,
05:55 je prends les stats officielles,
05:57 ont augmenté de 51,7% depuis 6 ans.
06:00 Donc les maires sont des habitants comme les autres.
06:02 Et je termine là-dessus,
06:04 alerter sur les violences sur les médecins et les personnels soignants.
06:07 Aussi bien dans la médecine libérale de ville qu'en hôpital.
06:11 Moi j'ai des signaux qui me remontent de ma commune et d'autres communes
06:14 qui montrent qu'il y aura une augmentation très forte des actes d'agression sur les médecins.
06:19 Il faut évidemment soutenir nos soignants.
06:21 Pour revenir au 14 juillet, je le maintiens,
06:23 je comprends les maires qui sont face à des situations inexplicables en termes d'ordre public.
06:29 Mais est-ce que vous vous rendez compte du recul que cela représente
06:32 que de ne pas assumer la fête nationale ?
06:36 D'assumer la prise de la Bastille et la fête de la Convention ?
06:40 Il y a beaucoup de maires qui disent que les policiers sont fatigués,
06:42 on ne va pas leur imposer en plus de sécuriser cet événement.
06:45 Je le répète, je comprends les maires qui prennent cette décision,
06:47 mais je me permets de vous alerter sur le fait que c'est un signe de plus
06:52 d'un malaise très profond dans la société française.
06:55 Et aujourd'hui, à cause de voyous, on ne peut plus célébrer la fête nationale.
06:59 Je crois que c'est bien plus grave qu'on ne le pense.
07:00 Donc le patron des maires de France envoie ce signal aujourd'hui,
07:03 vous dites aux maires, à vos adhérents,
07:05 fêtez le 14 juillet comme si tout allait bien.
07:08 Je vais répéter ce que j'ai dit, c'est que dans des circonstances,
07:11 un maire est responsable.
07:12 Alors je n'ai rien à dire, chaque maire sait très bien ce qu'il a à faire sans que je lui dise.
07:15 Moi je suis au service des maires, ce n'est pas eux qui sont là pour exécuter ce que je leur dis,
07:18 c'est le contraire.
07:19 C'est eux qui me mandatent, premièrement.
07:21 Et deuxièmement, lorsque l'on est face à une incapacité d'assurer l'ordre public,
07:25 évidemment on doit en tirer les conséquences, il y a des communes, ce n'est pas possible.
07:28 Je rappelle que l'ordre public est une compétence régalienne,
07:32 c'est-à-dire de l'Etat, et que c'est un signe de plus de l'effondrement de l'Etat régalien.
07:37 Effondrement de l'Etat régalien dites-vous, Elisabeth Borne, la Première Ministre,
07:41 notée ce week-end dans le Parisien, aujourd'hui en France,
07:44 qu'un tiers des communes qui ont connu des violences à l'occasion de ces émeutes
07:48 n'ont pas de quartier politique de la ville.
07:51 Est-ce que ça veut dire, David Lyssenaar, que le problème est plus large
07:54 que ce que l'on pense généralement ?
07:56 Oui, c'est ce qu'on essaie de dire avec un certain nombre de personnes depuis longtemps.
08:00 Je renvoie à tous les écrits, par exemple, du pédopsychiatre Marie Berger,
08:06 je renvoie à ce qu'on a écrit avec Naïmem Fadel.
08:09 Il n'y a pas de causalité sociale, évidemment.
08:12 Ce serait faire un jure aux pauvres de penser que parce qu'on est dans un quartier pauvre, on casse.
08:16 Il n'y a aucune explication économique et sociale à ce qui s'est passé.
08:21 Il peut y avoir des facteurs catalyseurs, mais aujourd'hui,
08:24 les études sociologiques sérieuses, depuis les années 70,
08:28 depuis Kelling et Wilson aux Etats-Unis, démontrent que ce n'est pas le cas.
08:32 Alors, ça casse quelques présupposés en France, mais c'est une réalité.
08:36 Et d'ailleurs, vous venez de le dire, on voit bien qu'il n'y a pas de corrélation.
08:39 Donc, s'il n'y a pas de corrélation, il y a encore moins causalité.
08:42 Est-ce que vous rejoignez ce que dit le président, en déplacement à Pau la semaine dernière,
08:46 qui disait qu'il aurait pu prévoir ce qui s'est passé dans les quartiers ?
08:50 Vous êtes d'accord ? C'était prévisible, imprévisible ?
08:53 Je ne veux pas faire celui qui a une lucidité rétrospective,
08:55 parce que, comme disait Jean-François Revelle, la vie est un cimetière lucidité rétrospective.
08:59 Je me permets de vous inviter à regarder ce que vous étiez en un certain nombre à écrire et à dire
09:04 depuis 3-4 ans, sur le fait qu'il y aurait des violences et des émeutes urbaines,
09:08 et avec une montée en gradation, et qu'il y en aura d'autres, on ne sait pas quand.
09:13 Et s'il y en aura d'autres, et si on s'attaque à l'un des fléaux de la société,
09:17 qui est le deal, si on s'attaque en profondeur, pas simplement sur des effets d'annonce,
09:21 on verra que ces émeutes urbaines seront beaucoup plus violentes,
09:24 et que malheureusement, on risquera de voir des armes automatiques.
09:27 Il ne s'agit pas du tout de faire les cassantes, de jouer à se faire peur,
09:30 parce qu'il n'y a rien de pire, il y a deux ressorts très négatifs dans la vie politique française,
09:33 et dans la société, il y a la peur et il y a l'envie.
09:35 Les envieux, ceux qui sont toujours jaloux des autres, et ceux qui ont peur de tout,
09:38 et qui en jouent politiquement.
09:40 Mais il faut être lucide sur le fait que notre société est profondément malade,
09:43 et que la crise civique, c'est aussi une crise de la démocratie,
09:46 et de l'exécution des politiques publiques, y compris sur le plan régulier.
09:49 C'est quoi les sous-titres de ce que vous dites ?
09:50 Ce sont des trafiquants de drogue, on dit "stop, on arrête les émeutes", c'est ça que vous êtes en train de dire ?
09:54 J'ai donné une interview chez vos confrères du Parisien,
09:57 le mercredi au moment du sommet des émeutes, qui est sorti le jeudi,
10:01 où ils disaient que l'ordre reviendrait dans les prochains jours,
10:04 grâce au travail des forces de l'ordre remarquables,
10:07 peut-être par la lassitude aussi des émeutiers,
10:09 mais aussi parce qu'effectivement, les dealers tiennent les secteurs,
10:13 et qu'à un moment donné, quand les dealers ont fini de dégrader les caméras de vidéosurveillance
10:17 qui les gênent dans leur trafic,
10:19 il fallait que l'ordre revienne.
10:21 Qu'est-ce qui vous permet de dire ça, David Lysnard ?
10:22 Vous avez des éléments concrets de la hiérarchie de la police qui vous dit ?
10:25 Bien sûr, j'ai des contacts avec des représentants de la police nationale,
10:31 ou de la gendarmerie, surtout dans les zones de police d'ailleurs,
10:33 qui le disent.
10:35 Quand vous regardez les émeutes,
10:37 ce qui frappe par rapport aux émeutes américaines par exemple...
10:40 Si on vous suit, on se dit que jamais elles n'auraient dû débuter ces émeutes,
10:43 si on prend cette logique.
10:44 Non, pas du tout.
10:45 Si ça nuit aux trafiqués, aux dealers.
10:47 D'abord, il y a eu une émotion tout à fait compréhensible
10:50 à la suite de la mort de cet adolescent,
10:52 dans les circonstances que l'on connaît.
10:54 Il y a eu des effets d'aubaine.
10:55 Il y a eu trois types d'émeutiers.
10:56 Il y a eu l'émeutier par opportunité,
10:59 qui volait des éléments dans les commerces.
11:01 Il y a eu l'émeutier par intérêt,
11:02 qui était les dealers qui au début avaient intérêt à faire reculer les positions de la police.
11:05 Et puis il y a les émeutiers idéologiques, l'extrême gauche,
11:08 qui utilisent tout événement pour attaquer le système
11:11 et remettre en cause la police, les institutions, etc.
11:14 Question de Pierre, du département de l'Essonne,
11:17 qui nous appelle 01 45 24 7000.
11:19 Bonjour Pierre.
11:20 Oui, bonjour à tous.
11:21 Merci de prendre ma question.
11:23 Pierre de Massy, ancien militant LR.
11:26 Ma carte est à la poubelle.
11:28 Monsieur Wissnar, partagez-vous l'opinion de votre collègue,
11:32 M. Bruno Retailleau, quand il dit, je cite,
11:36 "Certes, à propos des émeutiers,
11:38 certes, ce sont des Français,
11:39 mais ce sont des Français par leur identité,
11:41 et malheureusement, pour la deuxième, la troisième génération,
11:44 il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques.
11:48 Pour moi, c'est du racisme à l'état brut.
11:51 Partagez-vous cette opinion."
11:53 Merci Pierre pour cette question.
11:54 David Wissnar vous répond.
11:55 Bonjour monsieur.
11:56 Je pense que dans les problèmes majeurs qui accompagnent ces émeutes,
12:00 il y a un problème structurel qui est celui du déclassement éducatif,
12:03 du recul de la raison critique,
12:05 le fait qu'on ne porte plus d'ambition culturelle,
12:07 partagée dans le pays.
12:08 J'ai écrit un livre là-dessus, "La culture nous sauvera".
12:10 J'espère que ce sera le cas, qu'on y arrivera.
12:13 Et puis, il y a le délitement de l'état régalien,
12:16 le fait qu'on n'applique pas de sanctions.
12:18 Chaque individu transgresse dans la vie,
12:20 mais chaque transgression doit avoir une sanction proportionnée
12:24 dans un état de droit et une démocratie.
12:26 Et troisièmement, il y a un problème migratoire.
12:28 Alors, je n'aurais pas utilisé ces termes, évidemment,
12:30 mais aujourd'hui, c'est être aveugle que de ne pas comprendre
12:33 qu'on a un problème de cohérence dans la société,
12:36 et que pour mieux accueillir,
12:38 il faut moins accueillir pour pouvoir intégrer, assimiler
12:41 et être fidèle.
12:42 - Vous regrettez les mots de Bruno Retailleau ?
12:44 - Non, je ne regrette pas les mots de Bruno Retailleau.
12:46 Parce qu'on les sort du contexte,
12:48 parce que c'est quelqu'un de structuré et d'intelligent.
12:50 - Il sait dans quel contexte il emploie ces mots, David Lyssard.
12:54 - Évidemment, il n'est pas raciste, pour le connaître parfaitement.
12:57 Évidemment, il n'y a rien de plus abject que de juger quelqu'un
13:00 pour ce qu'il est.
13:01 - Régression vers les origines ethniques,
13:03 les mots sont ceux-là, quand même.
13:05 - J'ai du mal à comprendre ce que ça veut dire, en fait.
13:07 Régression vers les origines ethniques,
13:08 donc j'avoue mon incompétence sur cette phrase-là.
13:10 - On ne parle plus de nationalité, on parle d'éthnie.
13:12 - Mais en revanche...
13:13 - Ça veut dire simplement que si vos parents ou grands-parents
13:15 viennent d'ailleurs, vous avez plus tendance
13:18 à les commettre des actes délictuels.
13:20 - C'est-à-dire que quand on regarde dans l'expression
13:24 de ce que l'on a subi dans nos communes,
13:26 et je crois que c'est transpartisan,
13:27 ce n'est même pas une question politique,
13:28 on voit quand même qu'il y a un mépris de la République.
13:30 C'est-à-dire, on le vit, la République paraît faible, molle, etc.
13:34 Et qu'il y a une haine de la France qui est exprimée sur tous les taxes,
13:37 sur toutes les dégradations.
13:38 Vous mettez un drapeau français au milieu des émissions,
13:42 il sera brûlé systématiquement, etc.
13:43 Et qu'on voit qu'il y a un problème d'assimilation.
13:46 Aujourd'hui, il faut le regarder en face.
13:48 Et ce qui met en cause,
13:50 et c'est là que je veux appeler chacun qui nous écoute,
13:53 ce qui met en cause l'universalisme républicain,
13:56 c'est précisément le fait que l'on n'arrive plus à porter,
14:00 à montrer qu'on est un seul peuple,
14:03 qu'au-delà de nos origines et de nos croyances,
14:05 qu'on segmente, qu'on voit qu'il y a un problème d'assimilation,
14:09 qu'il y a une haine de la France
14:10 qui porte une attaque profonde à l'universalisme républicain.
14:14 - Français de souche, français de papier,
14:16 on a aussi certains de vos collègues LR qui ont porté cette distinction.
14:18 Vous la portez aussi, vous ?
14:20 - Qui a porté cette distinction ?
14:21 Je n'ai pas entendu ça récemment dans le débat.
14:23 Est-ce que vous pouvez me dire qui a porté cette distinction ?
14:25 - Est-ce que la droite singe le RN ?
14:27 - Non, non, mais je vous pose une question.
14:29 - Nous vous posons des questions, monsieur.
14:30 - Mais votre question, permettez-moi de façon symétrique
14:33 de dire que votre question est connotée,
14:35 parce que je n'ai pas entendu quelqu'un,
14:37 au centre ou à droite, faire cette distinction.
14:41 - Bruno Retailleau a dit "ce n'est pas grave si on copie les propositions du RN".
14:44 Est-ce qu'aujourd'hui LR copie le RN ?
14:46 - Aujourd'hui ce qui est sûr, c'est qu'il y a un problème migratoire en France.
14:50 L'année dernière, 500 000 personnes légales ont été accueillies.
14:54 Donc ça pose un problème de qualité, de l'intégration,
14:56 de notre capacité à avoir une unité de peuple.
15:00 Et si on ne regarde pas cela en face,
15:02 on va vers des affrontements encore plus violents.
15:04 Moi, je crois à l'universalité républicaine,
15:06 et je crois que quelqu'un n'a pas à être jugé sur ses origines.
15:09 En revanche, le droit qui accompagne ce que je viens de dire,
15:14 porte un devoir qui est celui d'être dépositaire des valeurs du pays qui est le nôtre.
15:18 Quelles que soient nos origines aussi.
15:20 Qu'on soit d'origine bretonne depuis 12 générations,
15:23 ou d'origine capverdienne, ou d'origine maghrébine,
15:26 on doit porter les valeurs de la France.
15:29 - Il y a un fossé, il y a une haine aujourd'hui de la police,
15:32 David Lysnard, dans certains quartiers.
15:34 Et pas seulement du fait de quelques milliers d'émeutiers.
15:37 Il y a eu des tags anti-police de repéré hier à Guéret, préfecture de la Creuse.
15:41 Comment est-ce qu'on fait pour réparer cela aujourd'hui ?
15:44 Est-ce qu'envoyer plus de policiers et condamner davantage, ça va régler le problème ?
15:49 - Alors, ça sera une des sources de la solution.
15:52 Parce que la transgression doit être sanctionnée,
15:55 ça fait partie de l'apprentissage de la vie.
15:57 Quand on fait les sondages d'opinion, vous voyez qu'il y a une immense majorité de Français
16:01 qui soutiennent la police.
16:03 Et moi, ce que j'ai constaté aussi, c'est que dans les quartiers qui étaient le plus victimes des émeutes,
16:07 une grande partie de la population, y compris immigrés,
16:11 d'ailleurs, pour revenir sur la question que vous disiez tout à l'heure,
16:13 était pour le retour à l'ordre.
16:15 L'immense majorité, il ne faut surtout pas essentialiser les immigrés,
16:17 on sait qu'ils sont pour le désordre.
16:19 - Demande du service public et de la police ?
16:21 - Oui, de service public, de proximité, de police.
16:23 Et ensuite, c'est la notion d'ordre juste,
16:25 que moi j'aime beaucoup cette expression qui était de Ségolène Royal,
16:28 c'est de faire en sorte que les sanctions s'appliquent.
16:32 Le fait qu'on ne propose plus de peine d'emprisonnement,
16:36 c'est-à-dire de privation de liberté,
16:38 des peines de moins d'un mois pour des mineurs, par exemple délinquants,
16:42 et les pédopsychiatres le démontrent bien,
16:44 montre qu'il y a une montée de la violence
16:47 comme élément de domination dans l'espace public.
16:50 Et c'est cette crise de civisme qu'il faut régler,
16:52 y compris par la sanction, même si ça a l'air de dépressupposée,
16:54 et puis par les membres d'une politique éducative,
16:56 une politique culturelle et d'universalité des services publics.
17:00 - On passe à un autre dossier très important cet été,
17:04 la sécheresse, votre département des Alpes-Maritimes est concerné,
17:07 une partie est en alerte renforcée,
17:09 vous êtes en alerte simple en ce moment, je crois.
17:11 Au niveau national, plus de deux tiers des napréatiques
17:14 sont toujours sous les normales, nous disait hier le ministre Christophe Béchut.
17:17 Y aura-t-il assez d'eau cet été à Cannes pour tout le monde ?
17:20 Prenons l'exemple concret de votre ville.
17:21 - Alors, Cannes, oui, parce que d'ailleurs,
17:23 Christophe Béchut l'a dit hier, on est dans des rares départements
17:25 où on a un niveau des eaux qui est supérieur à l'année dernière.
17:28 - Mais vous avez une explosion du nombre d'habitants l'été.
17:31 - Si je compare par rapport à l'été dernier.
17:33 Et on a beaucoup investi sur l'eau,
17:35 puisque plus de 80 millions depuis 20 ans,
17:38 avec une retenue estivale qui est Saint-Cassien,
17:41 je ne vais pas rentrer dans le détail,
17:42 et on a un taux de rendement qui est très élevé,
17:44 puisqu'on est à 85%,
17:45 un indice linéaire de perte qui est faible.
17:47 Et l'eau, en fait, c'est souvent une question d'investissement.
17:50 Donc là-dessus, il va falloir que les moyens suivent,
17:53 surtout le territoire national.
17:54 - Il y a des restrictions ?
17:55 Il y a des contrôles ?
17:56 Est-ce que les restrictions sont appliquées, respectées ?
17:58 - Alors, il y a eu des restrictions avant les grandes pluies de l'automne,
18:03 pardon, de l'epsuce révélateur.
18:05 - Du printemps ?
18:06 - Du printemps.
18:07 Aujourd'hui, il y a des restrictions qui, à ma connaissance,
18:09 sont respectées sur l'arrosage de journée,
18:11 des choses comme ça, des espaces verts.
18:12 Vous savez qu'on est la première agglomération à Cannes
18:16 qui a eu l'autorisation d'utiliser les eaux usées traitées
18:20 pour l'arrosage des espaces verts et le nettoyage des voiries.
18:23 C'est une première en France, ça fait 10 ans que je me bats pour ça,
18:26 et que nous nous battons pour cela.
18:27 Et c'est une des grandes clés de la solution,
18:29 puisqu'on a 15 millions de mètres cubes potentiels à utiliser,
18:33 qui reprendent plus de la moitié du besoin annuel d'eau.
18:37 - Sur cette question de l'environnement,
18:39 les normes, les règles, on vient d'en parler.
18:42 C'est l'objet d'un vote très important ce midi au Parlement européen de Strasbourg
18:46 pour ou contre la loi de restauration des espaces naturels,
18:50 qui obligerait les 27 à mieux protéger leur biodiversité.
18:53 Si vous étiez eurodéputé David Lysnard,
18:56 est-ce que vous voteriez contre,
18:58 comme s'apprêtent à le faire les eurodéputés LR,
19:01 emmenés par François-Xavier Bellamy ?
19:03 Faut-il valider ce projet, ce pacte vert ?
19:07 - J'ai lu, parce que j'ai entendu vos présentations
19:11 de ce que vous appelez le pacte vert.
19:13 J'ai lu les arguments des eurodéputés
19:16 François-Xavier Bellamy, Arnaud Dangean,
19:19 qui est quelqu'un de très raisonnable, très modéré.
19:21 Et effectivement, on est dans un texte, d'ailleurs,
19:24 qui est porté par une partie de la Macronie,
19:27 par M. Canfin,
19:28 qui contredit ce qu'avait dit le Président de la République.
19:31 Donc là, une fois de plus, en même temps,
19:32 ça ne marche pas, on n'y comprend rien,
19:34 puisqu'il avait dit qu'il fallait un moratoire sur les normes environnementales.
19:36 Ce n'est pas très vieux.
19:37 - Une pause.
19:38 - Une pause, oui.
19:39 - Une pause, une fois les textes engagés, appliqués.
19:41 - Et ce texte, en fait, je crois qu'il faut se poser la question,
19:44 est-il bon pour l'environnement ou pas ?
19:46 Quelles vont être ses conséquences sociales aussi ?
19:48 Et quand vous regardez les dispositions,
19:50 que j'ai lues il y a quelques heures, cette nuit,
19:52 en regardant un peu l'actu, en me préparant à venir chez vous,
19:55 quand on voit que, par exemple,
19:57 il y a des restrictions d'entretien des forêts,
19:59 or, et on sait très bien que c'est une cause d'incendie,
20:02 et que les incendies, non seulement, mettent en péril des êtres humains,
20:05 mais surtout sont une cause du réchauffement climatique.
20:08 Lorsque l'on voit que ça va, une fois de plus, affaiblir notre agriculture,
20:12 et donc augmenter nos importations de produits
20:15 qui, eux, ont beaucoup plus d'intrants,
20:17 de zones du monde qui n'ont pas les mêmes restrictions environnementales...
20:20 - Donc c'est non pour vous ?
20:21 - Ah non, mais c'est non, parce qu'on est sur un affichage moral,
20:23 mais qui est contre-efficace sur le plan environnemental.
20:26 Moi, je crois que c'est très sérieux.
20:27 Il faut vraiment prendre à bras le corps la lutte
20:29 contre la part anthropique du réchauffement climatique,
20:31 et à ce titre, ne pas faire des mesures qui nous donnent bonne conscience,
20:34 mais qui sont efficaces, sur du droit international,
20:36 sur de l'investissement, sur de la science,
20:39 pour que vraiment, on prenne à bras le corps la lutte
20:41 contre la part humaine dans le réchauffement climatique,
20:43 contre les particules fines, et pour la biodiversité,
20:45 qui est une priorité absolue planétaire.
20:47 - Merci à vous, David Wiesner, invité de France Inter, ce matin.
20:50 Je précise simplement qu'à Strasbourg,
20:52 c'est pas la mairie qui a annulé le feu d'artifice,
20:54 c'est la préfecture qui a annulé les feux dans tout le département
20:57 à cause de la sécheresse.
20:59 Merci à Eva pour cette précision.
21:02 Correction, faites ?

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