Rencontre avec la championne de légende Allison Pineau. Elle revient, pour Marie Claire, sur son parcours époustouflant, ses doutes et ses "derniers" rêves, avant de se retirer des terrains à la fin de la saison 2024.
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00:00 C'est un devoir pour moi de faire rêver d'autres gamines,
00:02 de leur dire qu'aussi leurs rêves sont possibles,
00:04 qu'elles sont aussi capables de faire de grandes choses,
00:07 aussi bien que les hommes.
00:08 Bonjour, je m'appelle Alison Pinault,
00:13 je suis joueuse de l'équipe de France de l'Anne-Bas,
00:15 je suis championne du monde, championne d'Europe
00:17 et championne olympique.
00:18 Des sacrifices, des joies, des peines,
00:23 une évolution, une progression,
00:25 des gens fabuleux rencontrés, des copines,
00:29 des gens que je considère ma famille également,
00:32 c'est tout ça pour moi le handball.
00:33 L'avantage qu'on a quand on a des compétitions
00:39 comme le handball, le volley,
00:41 tous les ans,
00:43 on a une chance de pouvoir prétendre à quelque chose,
00:46 malgré tout, répéter dans un temps aussi court,
00:52 une telle performance, c'est aussi la complexité
00:54 parce qu'on n'a pas ce temps pour profiter,
00:58 savourer nos sacres comme il se doit.
01:00 Pendant des années, j'étais une grosse, grosse,
01:06 grosse, grosse boudeuse.
01:08 C'est quelque chose que je n'avais pas forcément,
01:10 je ne dirais pas du mal à gérer,
01:11 mais j'étais vraiment en peine quand je perdais un match.
01:15 J'en ai énormément souffert,
01:16 mais finalement, c'est ce qui m'a permis aussi aujourd'hui
01:18 d'accrocher cette médaille d'or olympique à Tokyo,
01:22 c'est ce qui m'a permis de me recentrer en me disant
01:26 ta mission et ton objectif, c'était d'être championne olympique,
01:28 tu n'as pas réussi à le faire à Londres,
01:30 c'est à toi de créer les opportunités aujourd'hui
01:33 pour pouvoir y prétendre de nouveau.
01:34 La pression, ça fait partie du sport de haut niveau.
01:40 C'est normal qu'elle soit là,
01:41 maintenant, il faut savoir la transformer
01:43 en quelque chose de positif.
01:44 Il faut savoir s'en inspirer,
01:45 s'en servir pour briller, pour s'élever
01:49 et pour emmener aussi les autres à côté de soi.
01:54 Quand on commence à gagner,
01:56 finalement, l'appétit, il s'ouvre.
01:57 Vous savez, c'est comme quand vous mangez,
01:59 on dit que l'appétit vient en mangeant.
02:00 C'est pareil, c'est qu'on a envie d'en avoir encore plus,
02:04 d'aller chercher un truc en plus,
02:05 d'écrire l'histoire d'une autre manière.
02:08 Pour le sport féminin, pour nous,
02:14 c'est encore très compliqué, on en a conscience.
02:16 J'y réfléchissais il y a quelques jours,
02:18 je me disais, j'ai aussi cette envie d'arrêter
02:20 parce que j'ai la sensation qu'on stagne un petit peu dans mon sport.
02:24 Quand on regarde les six dernières années,
02:25 depuis que l'équipe de France Femmine a réellement brillé
02:28 et enchaîné des podiums et des titres,
02:31 je n'ai pas la sensation qu'on réussit à surfer sur cette vague,
02:34 qu'on a réussi justement à exploser,
02:37 à faire parler de nous encore plus.
02:39 J'ai plutôt cette sensation qu'on est arrivé,
02:43 on a un petit peu un plafond de verre là.
02:44 Non, ce n'est pas une casquette qui est difficile à porter.
02:50 C'est un devoir pour moi de faire rêver d'autres gamines,
02:53 de leur dire qu'aussi leurs rêves sont possibles,
02:55 qu'elles sont aussi capables de faire de grandes choses,
02:58 aussi bien que les hommes.
03:00 Leur dire qu'elles peuvent aussi s'exprimer librement
03:03 et que tout est possible et que c'est à elles d'aller chercher
03:06 justement ce à quoi elles aspirent.
03:08 Souvent, on a tendance à toujours vouloir que quelqu'un nous pousse
03:16 ou croit en nous pour faire quelque chose.
03:18 Si on attend ce moment-là, peut-être qu'il n'arrivera jamais.
03:21 Il faut savoir croire en soi sans les autres.
03:24 Sous-titrage Société Radio-Canada
03:26 [Musique]