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Découvrez l'introduction de Gilles Bœuf, biologiste et professeur émérite SORBONNE UNIVERSITÉ ancien président du MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE et la conversation entre Sophie Dartois, responsable RSE et communication chez LE PETIT OLIVIER, Sébastien Duprat de Paule, directeur recherche, innovation et développement matières premières chez YVES ROCHER, et
Aurélie Hoareau, responsable projets réglementation et développement durable chez SISLEY, autour du thème "Quelles ressources pour préserver la Nature ?"
Transcription
00:00...
00:07Bonjour à toutes et à tous.
00:09Je suis ravie de vous accueillir ici
00:11dans les locaux de la rédaction Maréclaire
00:15pour cette conférence coorganisée avec la FBA,
00:18la Fédération des entreprises de la beauté.
00:21Cet après-midi va être dédié aux actions
00:24des entreprises de cosmétiques en faveur de la nature,
00:28de la biodiversité, du climat.
00:30Petit rappel, la biodiversité, qu'est-ce que c'est ?
00:33C'est un mot qui a été créé en 1986
00:39par des scientifiques
00:41qui désigne l'ensemble des êtres vivants
00:43et des écosystèmes dans lesquels ils vivent.
00:46On parle aussi bien des baleines que des bactéries,
00:49des forêts que des océans.
00:52La biodiversité, vous le savez, elle est essentielle
00:55aussi pour nous, humains, pour notre oxygène,
00:57pour notre nourriture, pour notre eau potable,
01:01nos matières premières, pour l'énergie aussi.
01:06Donc elle est importante à être préservée.
01:08On va en discuter.
01:10Elle est menacée, la biodiversité, selon l'ONB,
01:1316 % des espèces de faune et de flore
01:17sont menacées ou éteintes en France en 2023.
01:22Alors nous avons toutes et tous un rôle à jouer,
01:26des consommatrices en passant par les entreprises,
01:31mais aussi les agriculteurs, les agricultrices dans les champs.
01:34Donc on va parler de tout ça cet après-midi.
01:38Et vous allez voir que tous les intervenants
01:40vont rentrer dans le détail des initiatives qu'elles font,
01:44que ce soit dans la création de filières durables,
01:48de pratiques agricoles responsables,
01:52comment les entreprises guident aussi
01:54les consommatrices, consommateurs,
01:56en créant par exemple des guides.
01:58Vous allez voir tout ça.
02:00Alors pour commencer,
02:03j'appelle un biologiste de renom qui est juste à côté de moi.
02:08C'est un professeur émérite à la Sorbonne-Université.
02:12Il est l'ancien président
02:13du Muséum national d'histoire naturelle,
02:17professeur invité du Collège de France,
02:20M. Gilles Boeuf.
02:22Applaudissements
02:30Bonjour, Gilles.
02:32Bonjour à tous et à toutes, bien évidemment.
02:37Alors, Gilles, pourquoi les entreprises de cosmétiques
02:41doivent-elles agir en faveur des espèces vivantes
02:44et des écosystèmes naturels ?
02:46La raison est évidente.
02:47D'abord, toutes les entreprises doivent agir
02:49encore plus sur celles-là, puisqu'elles sont très haut vivantes.
02:52Moi, je suis endocrinologue au départ.
02:54J'ai fait de la physiologie environnementale.
02:56Ce qui m'intéresse, c'est la relation
02:57entre l'être vivant et son milieu
02:59et ce que vous avez au niveau des produits cosmétiques.
03:01Les phases l'eau et l'huile ne se mélangent pas.
03:04Ca, c'est la clé même du vivant.
03:05Les membranes biologiques sont ça.
03:07Ca apparaît dans l'océan il y a un peu moins de 4 000 millions d'années.
03:10Et puis tout part de là, des bactéries,
03:11tu le disais à l'instant.
03:13Et on est tous dedans jusqu'au cou.
03:14On a des cheveux superbes, c'est rempli de trucs.
03:16Il y a des acariates.
03:17Je pourrais les montrer, des bactéries,
03:19des protistes diverses et variées.
03:21C'est ça qui fait la beauté du système.
03:23Et cette biodiversité, je l'ai dit, elle nous nourrit.
03:25Elle nous habille, elle nous protège.
03:27C'est notre toit.
03:28Elle nous émerveille, parce qu'on fera pas passer
03:30ces messages sans émerveillement.
03:31C'est très important auprès des tout-petits,
03:33mais aussi auprès des grands.
03:34Donc on ne peut pas s'en passer, je termine là-dessus.
03:36On ne mange que du vivant.
03:39Vous mangez pas un cristal de quartz.
03:41On ne coopère qu'avec du vivant.
03:43Et si la coopération se passe mal
03:45entre nos bactéries symbiotes sur une peau qui est saine,
03:48ça vous préoccupe beaucoup dans les cosmétiques,
03:50dans nos cheveux,
03:51entre un utérus féminin, entre un tube digestif,
03:54et ces bactéries symbiotes, c'est l'obésité.
03:57C'est le diabète de type 2.
03:58C'est l'hypertension artérielle.
04:00C'est l'autisme, c'est Alzheimer.
04:01Alors, ah, peut-être que c'est important,
04:03cette biodiversité.
04:04Et c'est pas que des élucubrations d'écolos farfelues.
04:07Alors comment les entreprises peuvent-elles agir concrètement
04:11en faveur de cette biodiversité ?
04:12Ces entreprises de cosmétique ?
04:14Très clairement, d'abord, le staff
04:17des entreprises de cosmétiques,
04:18j'ai travaillé avec plusieurs d'entre elles,
04:19se rappelait à chaque seconde que nous sommes vivants.
04:23L'humain a oublié qu'il était vivant.
04:25Ce qui s'en rappelle le plus, quand je discute avec des gens,
04:27ils sont d'un cancer.
04:28J'étais le président du comité de transformation écologique
04:31de Paris 2024.
04:33On travaille dessus depuis 2016.
04:35Et c'était effectivement expliquer aux gens
04:37qu'ils sont vivants.
04:38Les paralympiques m'ont ébloui.
04:39Cette jeune fille qui a les 2 jambes sectionnées à 19 ans,
04:42moyenne durée de vie des femmes en France,
04:44c'est 85 en ce moment,
04:45elle a une pêche, son jambe.
04:48C'est là, effectivement, qu'il faut qu'on réagisse.
04:49Donc nous sommes vivants totalement dedans
04:51et sur les cosmétiques dans la mesure où...
04:53Le but des cosmétiques, c'est de nous rendre un peu plus beaux.
04:55J'ai discuté avec des copains, j'ai dit,
04:56il faut te garder beau, moi, je veux bien,
04:58parce que ça concerne autant les garçons que les femmes,
05:00même si les femmes, au départ,
05:01font plus de charge des produits cosmétiques.
05:03C'est l'essentiel.
05:04Comment reste-t-on beau ?
05:05Ca veut dire qu'il y a des mécanismes dans le vivant
05:07qu'on connaît bien, qui sont effectivement
05:08les mécaniques du vieillissement.
05:09Alors, vous avez des bêtes sur l'incroyable,
05:11comme le rat au pneu, il est moche comme tout,
05:14il arrête son vieillissement.
05:16Mais lui piquer ses gènes pour que ça marche, non,
05:17parce que je ne connais pas de femme
05:18qui veut coller des gènes de ce machin-là à son bébé,
05:20tellement c'est laid, en fait.
05:22Vous voyez que la beauté, c'est quoi ?
05:23Elle est très subjective.
05:24Dans les populations, par exemple, chez nous,
05:26ce sont les femmes qui se parent plus de couleur.
05:29Dans la nature, moi, je connais très bien les poissons,
05:30les oiseaux, c'est les mâles qui sont beaux,
05:32ils sont bouffés par tous les prédateurs.
05:33La femelle, elle est terne, elle est discrète,
05:35elle vit bien mieux, d'ailleurs,
05:37elle n'est pas bouffée par les prédateurs.
05:38Et chez les peuples premiers,
05:40ce sont les hommes qui se parent aussi.
05:41Quand j'étais en Papouasie-Nouvelle-Guinée,
05:43c'est pas les femmes qui se parent,
05:44ils mettent des os dans les trous de nez,
05:45des trucs dans les cheveux.
05:46Vous voyez que culturellement, c'est très varié.
05:49Mais le but, être beau, ça veut dire effectivement
05:51vieillir différemment, moins rapidement,
05:55être en bonne santé.
05:56Et pour clore la suite, je vous dirais que croire
05:59qu'en habillant notre environnement,
06:00en souillant l'eau, en souillant l'air,
06:02en habillant nos sols, tout ce qui est autour de nous,
06:05on n'aura pas des répercussions sur notre santé,
06:07il faut être totalement stupide.
06:08On ne mérite pas le terme de sapiens dont on s'est affublé.
06:11Donc les cosmétiques, oui, bien sûr.
06:13Le but, c'est de garder,
06:15qu'on appelle au sens très rare, la beauté, le bien-être.
06:18C'est autant dans la tête, d'ailleurs, que sur la peau.
06:20Et c'est là que tous les jours,
06:22vous devez justement jouer la suce sur votre staff
06:24et puis sur les gens que vous ciblez
06:25pour vendre les produits en question que vous produisez.
06:28Alors, Gilles Boeuf, j'aimerais que vous nous parliez
06:30du biomimétisme.
06:31Qu'est-ce que c'est et comment les entreprises s'en inspirent
06:34pour être plus protectrices,
06:38pour mieux préserver les écosystèmes naturels ?
06:41Je vais revenir à un très grand nom.
06:42Il savait tout faire, il était artiste, il était scientifique.
06:45Il s'appelait Léonard de Vinci.
06:47Et en 1506, il écrit cette phrase superbe.
06:50Prends tel leçon dans la nature, c'est là qu'est notre futur.
06:54J'aime bien le tel et le nôtre, en fait.
06:56Il n'a jamais construit d'avion,
06:58mais il a imaginé ce que c'était, un avion.
07:00Les avions, ils volent depuis 150 ans.
07:02Les oiseaux volent depuis 150 millions d'années.
07:05Et sans les oiseaux, on n'aurait jamais inventé les avions.
07:07Donc le biomimétisme, c'est d'aller chercher dans le vivant
07:09des solutions basées sur la nature,
07:11avec un énorme avantage par rapport à ce que fait l'humain
07:14aujourd'hui avec cette technologie.
07:15Nous, on met tout à la décharge.
07:17Le vivant ne met rien à la décharge, jamais.
07:20Tout est recyclable.
07:23Le vivant est fait d'eau liquide.
07:24Un bébé humain qui naît, c'est 3 quarts de flotte.
07:27C'est pas fait pour laver sa voiture.
07:28C'est une molécule essentielle.
07:30Et dans toutes ces cosmétiques, l'eau est absolument essentielle.
07:33L'eau liquide, si la vie est sur la Terre,
07:36c'est parce que les conditions physico-chimiques
07:37font que par rapport à la distance par rapport au Soleil
07:40et la masse de la Terre, l'eau est liquide.
07:42La clé, elle est là.
07:43D'ailleurs, quand on cherche de la vie ailleurs,
07:44on ne cherche pas de l'ADN ou de l'ARN tout de suite.
07:46On va chercher de l'eau liquide.
07:48De la glace, il y en a partout. L'eau liquide, beaucoup moins.
07:50Donc c'est ça, la clé du système.
07:51Le vivant est complètement constitué d'eau.
07:54Et évidemment, aujourd'hui, dans des époques de climat
07:56qui changent beaucoup trop vite, liées aux activités humaines,
07:59il faut de très mauvais soins pour prétendre l'inverse,
08:01eh bien, il y a une compétition.
08:03Et quand un paysan me dit,
08:04il me faut de l'eau pour mon maïs, je dis oui.
08:07Mais il faut de l'eau pour élever un bébé humain aussi.
08:10Et donc, si effectivement l'eau est rare,
08:11il y aura des problèmes qui vont se poser.
08:13Donc le même métier, c'est d'aller chercher dans le vivant
08:15des solutions à nos problèmes.
08:17Juste un petit exemple, si vous en voulez un ou deux.
08:20On est fin des années 50,
08:21il y a un ingénieur suisse qui emmène son chien
08:23se balader dans la nature, il revient couvert.
08:25Vous savez, cette graine, les gamins jouaient,
08:26l'herbe qui colle.
08:28Vous jetez cette herbe sur vous, elle reste collée à vous.
08:29Alors, il regarde comment ça se passe.
08:31La dure n'a pas de colle.
08:33Il rentre chez lui et puis il se rend compte,
08:34parce que ce qui est génial, c'est que la graine s'accroche
08:36et le chien, elle la ramène à la maison.
08:37Après, elle se décroche.
08:38Sinon, elle finit dans la machine à laver.
08:39Donc ça s'accroche, ça se décroche.
08:41C'est comme ça qu'on a inventé les post-it aussi.
08:43Le type qui a inventé ça,
08:44c'était une catastrophe pour un type qui a inventé des colles.
08:47Mais c'était génial dans ce qu'on a fait
08:49par la suite de cette invention des colles.
08:51Eh bien, il se rend compte que ce sont des micro-crochets.
08:54Il va s'en inspirer et il s'y aura une invention fabuleuse
08:57que vous portez tous les jours, ça s'appelle le scratch.
08:59Il fait fortune.
09:01Les avions que vous évoquiez tout à l'heure,
09:02tout ce qui a volé depuis le début
09:04de l'invention de l'invasion au milieu du 19e,
09:07une fois, les chauves-souris s'y adhèrent,
09:08autrement des oiseaux, des grands albatros.
09:11Vous prenez l'avion de temps en temps,
09:13vous avez vu maintenant les ailes relevées
09:14sur le bout des ailes depuis une quinzaine d'années,
09:16les winglets, totalement inspirés des grands rapaces
09:19dans les canyons qui, lorsqu'ils veulent aller très vite,
09:21relèvent les rémiges, les plumes des bouts des ailes.
09:24Alors, on ne savait pas du tout pourquoi.
09:25On l'a fait, génial.
09:26On gagne 7, 8 % de carburant moins,
09:28donc moins d'énergie, moins de pollution.
09:30Et là, en ce moment, nous, on invente, par exemple,
09:32des pales d'éoliennes inspirées des nageurs de baleines.
09:34On a l'intérêt, on travaille en ce moment
09:35sur du sang d'arénicol,
09:37un ver qui vit dans les vases, sur le littoral,
09:40qui est génial, qui a un sang universel
09:41et qui nous permet de transporter les organes en transplantation,
09:44d'augmenter d'au moins 4, 5 semaines, effectivement,
09:47la durée de l'organe quand on a une transplantation à faire
09:49d'un hôpital à l'autre.
09:50On récupère un organe.
09:51On prévient la personne.
09:52Ce matin, je tenais quelqu'un dans le train,
09:54il portait un rein pour une jeune femme.
09:56Elle a attendu quelques mois d'avoir son rein.
09:58Ils vont lui transplanter.
09:59C'est ça. Il y a plein d'exemples comme ça.
10:02Et dans les cosmétiques aussi ?
10:03Bien sûr. Il y a plein de choses, justement,
10:05sur ces histoires d'eau et de lipides que j'évoquais.
10:09Et ça intéresse beaucoup, d'ailleurs, les entreprises.
10:10J'en sais très peu en particulier,
10:12mais quand j'étais au ministère,
10:13on a fait une soirée sur l'albumimétisme.
10:15Il y avait quelques grandes entreprises
10:17des cosmétiques qui étaient là
10:19pour montrer leur intérêt pour ces questions-là.
10:21Parce qu'encore une fois, tout se recycle.
10:23Alors on me dit que le vivant n'est pas dangereux.
10:25Vous rigolez.
10:26Le vivant invente des poisons monstrueux,
10:27un venin de cône, un venin de crottale,
10:31mais il sait les dégrader.
10:32Le vivant ne s'auto-empoisonne jamais.
10:34Alors que nous, on a au moins 3 000 molécules
10:36sur le marché en ce moment,
10:38dont certaines viennent des cosmétiques,
10:39une grande partie, bien sûr, des pesticides,
10:41des insecticides, des produits d'entretien,
10:43en fait, qu'on ne sait pas dégrader.
10:45Et là, on s'empoisonne petit à petit au cours du temps.
10:47Je parle, par exemple,
10:48je suis beaucoup sur le corail.
10:50Je parle beaucoup sur le corail.
10:52Maintenant, pratiquement,
10:53les crèmes solaires sont indispensables.
10:55Je me trouve que la cause d'ozone a fait
10:56que si vous ne mettez pas de crème solaire,
10:58vous avez des problèmes de maladies terribles.
11:01Dans les 300 maladies nouvelles qu'il y a en France depuis 1940,
11:04il y a tout ce qui est lié à l'activité,
11:05l'exposition au soleil, bien sûr.
11:07Donc, mettre de la crème, c'est bien,
11:09mais si la crème abîme, effectivement,
11:10l'environnement dans lequel vous allez vous baigner et nager,
11:13ça ne marche pas non plus.
11:14Donc là, vous avez un rôle à jouer essentiel
11:15sur ce double aspect de protéger la peau des gens
11:19qui vivent plus longtemps, qui vont s'exposer au soleil,
11:21sans, bien sûr, altérer l'environnement
11:23dans lequel ils habitent.
11:25Gilles, est-ce que vous êtes optimiste ?
11:29Il y a un grand papier dans le monde
11:30qui m'appelle l'écologue optimiste.
11:31Alors, je ne me serais pas déterminé comme ça,
11:33mais finalement...
11:35Vous savez, moi, j'ai 2 filles et 5 petites filles.
11:36Donc, vous voyez que je suis très concerné.
11:38Et puis, j'aurais un petit garçon, j'aurais aimé pareil,
11:41mais c'est super intéressant, parce qu'elles posent des questions
11:45et puis on discute comme ça.
11:46Et je me rends compte que c'est trop tard pour être pessimiste.
11:50Voilà. On pouvait l'être il y a 50 ans.
11:52Les abeilles, on nous montre au BGA,
11:54on nous fait que les abeilles sentaient un changement climatique
11:57qui va s'accélérer vers les années 90.
11:59Ça explose.
12:00L'eau, par exemple, de mer, là,
12:02pendant 3 000 ans, elle est montée de 1 mm par an.
12:04Là, elle monte de 6 fois plus vite en ce moment-là.
12:07Et c'est pas que Kiribati ou Tuvalu.
12:10L'île de Ré, l'île d'Oléron, tout ça, ça va être sous l'eau.
12:12Alors, combien de temps ? Une génération, 2 générations.
12:15Et les maires de communes littorales
12:17sont très concernés par ces questions-là.
12:19Donc, je reste optimiste,
12:20parce que sinon, en fait, au fond de moi-même, je me dis,
12:22ça serait trop triste autrement.
12:24Et donc, pour clore la suite, je vous raconterai
12:26à une jeune fille qui assiste à une conférence
12:28que je fais à Cherbourg avec le président, d'ailleurs,
12:29il y a quelques temps, qui s'appelle
12:31Appel pour l'océan, comment on sauve l'océan.
12:33De grâce, un seul océan, il n'y en a pas 50.
12:35Il y a un seul océan et plein de mers.
12:38Mais c'est la même composition.
12:39A 400 m de fond, vous avez 11 millimoles de potassium
12:42dans l'océan, 560 millimoles de chlorure
12:44et 480 millimoles de sodium.
12:46C'est aussi contrôler votre sang, en fait, l'océan.
12:49Elle me disait, écoutez, ce que vous dites est terrible,
12:50mais je pars avec le sourire, voilà.
12:52C'est ce que j'ai envie de faire un petit peu avec vous aujourd'hui.
12:54Et quel message vous auriez aimé passer aujourd'hui
12:58aux femmes et aux hommes qui nous regardent,
13:01qui utilisent des produits cosmétiques
13:02et qui peuvent aussi agir à leur échelle ?
13:05Tout le monde peut agir à son échelle.
13:06Vous savez, votre meilleure carte de vote,
13:08c'est votre carte de crédit.
13:10Les votes, maintenant, aujourd'hui, mes étudiants,
13:11j'enseigne un peu partout, à Sciences Po, à l'école des mines,
13:14à Centrale Suipélec, à l'université,
13:17en fac de médecine, en école vétérinaire.
13:19Ils votent pas, mes jeunes.
13:21Alors ça m'embête beaucoup, évidemment,
13:23parce que moi, je suis conseiller régional, élu,
13:25on a eu 36 % de votants, il y a un problème.
13:27Maintenant, je vois pas pour qui je vais leur proposer de voter
13:31dans la situation politique dans laquelle on se trouve.
13:33Donc la question, elle est là.
13:35Ce que vous devez faire, c'est vous dire tous les jours,
13:37dans mes actes de tous les jours, dans mes déplacements,
13:39dans ce que vous mangez, par exemple,
13:41respectez les saisons.
13:43Et vous aurez moins de problèmes, d'ailleurs, de peau.
13:45On bouffe pas de tomates, en France,
13:47entre novembre et mai.
13:49On mange des kiwis entre décembre et mars.
13:52Donc tout ça, c'est de l'éducation, en fait.
13:54Vous verrez très bien, je travaille beaucoup avec Thierry Marx.
13:55Thierry, il est un super, aussi, séducteur,
13:58et il discute très bien.
14:00On bouffe pas une tomate à cette époque-là.
14:02Parce que la saisonnalité, pour un gamin qui le doit apprendre,
14:04elle est absolument géniale.
14:05On l'a vu pendant les Jeux olympiques.
14:07Comment on servait les repas, on s'est fait un peu accrocher
14:09parce qu'on voulait pas de clim,
14:10pour ça, coûte pas cher, il faisait un petit peu chaud.
14:12Arrêtons de faire des Jeux olympiques
14:14dans l'hémisphère nord au mois de juillet.
14:15On les fera à d'autres époques de l'année.
14:17Mais c'est là.
14:18C'est souvent là-dedans qu'il faut que ça change.
14:19Donc dans votre entreprise,
14:21dans ce que vous discutez avec vos clients,
14:23c'est la saisonnalité qui est l'essentiel.
14:24Pourquoi il se passe ça à tel moment ?
14:26Pourquoi un échéri-chacoli banal qu'on a tous,
14:29on en est remplis, un jour, il vous tue.
14:31Qu'est-ce qui s'est passé ?
14:33Pourquoi ça a été provoqué dans cette...
14:35N'oubliez jamais, tout à l'heure, tu l'as dit très bien,
14:37l'environnement microbien, c'est extrêmement important,
14:39aussi important que...
14:41Moi, je prends une goutte d'eau de mer
14:42quand je commence mes histoires, un sol, un utérus.
14:45Et avec ça, je raconte toute l'histoire de la vie, en fait.
14:47C'est-à-dire qu'il faut qu'on réfléchisse
14:49dans quoi on baigne, puis donner de l'espoir.
14:51Ca a fait, effectivement, arrêter la collapsologie
14:54ou le catastrophisme.
14:55Mais ce qui est clair, c'est que la pire des actions,
14:57ça serait l'inaction, aujourd'hui.
15:00Alors, le pessimisme, ça ne sert à rien.
15:01Ca inquiète encore plus mes étudiants.
15:03Mais simplement, il faut se battre.
15:05Et je terminerai en disant une chose qui est fondamentale
15:06pour travailler sur l'évolution.
15:08Le vivant, il a 4 000 millions d'années.
15:10C'est quand même pas mal comme entreprise.
15:12Il a tout rencontré.
15:13Une terre gelée, un océan gelé jusqu'au fond,
15:16des températures incroyables.
15:18Il s'est adapté.
15:20Le mot est partout dans tous les gosiers
15:22qui parlent d'adaptation.
15:24On ne peut pas s'adapter sans accepter de changer.
15:28Voilà.
15:32Merci beaucoup.
15:34Merci, Gilles Boeuf,
15:37pour votre intervention, toujours très passionnante.
15:40Je vais vous prendre le micro.
15:44Et nous allons entamer la 1re partie
15:48de notre conférence
15:50sur la préservation des ressources en matière première.
15:53Pour parler de ce sujet, j'invite Aurélie O'Haraud,
15:57responsable projet réglementation et développement durable de Cicelay,
16:01Sophie D'Artois, responsable RSE et communication du Petit Olivier,
16:04du groupe La Fosséenne de cosmétiques,
16:06et Sébastien Duprat de Paule,
16:08directeur recherche, innovation et développement en matière première
16:12d'Yves Rocher.
16:13On peut les applaudir.
16:15Alors, Aurélie, on commence avec vous.
16:17Quelle matière première utilise Cicelay pour commencer?
16:21Bonjour, Emilie.
16:22Bonjour à toutes et tous.
16:24Alors, pour répondre à votre question,
16:25donc, Cicelay propose une large gamme de cosmétiques.
16:29Souvent, on est connu pour nos produits de soins anti-âge,
16:32pour le visage.
16:33Mais on a aussi toute une gamme de produits capillaires
16:36qui s'appellent les rituels.
16:37On a les produits de protection solaire, du maquillage,
16:39des soins anti-âge.
16:40Vraiment une large gamme de produits cosmétiques.
16:42Et donc, pour formuler et fabriquer tous ces produits,
16:45évidemment, il faut un large éventail d'ingrédients,
16:48ce qui représente quand même plusieurs centaines.
16:52C'est bon comme ça?
16:53Oui?
16:54Pardon.
16:55Ce qui représente plusieurs centaines d'ingrédients à utiliser.
16:59Alors, justement, comment est-ce que Cicelay intègre
17:01la biodiversité dans la création de ces formules?
17:05La particularité de Cicelay, c'est la phytocosmétologie.
17:08C'est un concept qui est au cœur de nos formules.
17:11La phytocosmétologie, c'est en fait la connaissance
17:14des propriétés des plantes appliquées à la beauté de la peau.
17:19Concrètement, ça veut dire qu'on va utiliser un certain nombre
17:23d'extraits.
17:24D'ailleurs, la majorité de nos actifs sont extraits de plantes.
17:27Et donc, ce sont des molécules actives.
17:29C'est-à-dire qu'on va utiliser un certain nombre d'extraits.
17:32De plantes.
17:33Et donc, ce sont des molécules actives, donc extraits de plantes
17:36qui ont une efficacité et des propriétés particulières pour
17:40la peau.
17:41Donc, à titre d'exemple, on a deux.
17:44Enfin, on a beaucoup d'ingrédients emblématiques,
17:46mais j'en cite deux.
17:47Il y a la rose noire et l'extrait de fleurs de safran qui ont donné
17:51notamment leur nom à deux gammes, deux gammes éponymes chez Cicelay.
17:55On parlera peut être des impacts directs et indirects parce que
17:59vous mesurez ça chez Cicelay.
18:01Oui, complètement.
18:02On dépend complètement de la richesse, de la biodiversité.
18:05Et je dirais qu'on dépend aussi de sa bonne santé.
18:08Et à juste titre, il est important de mesurer nos impacts et de réduire
18:13au minimum notre empreinte.
18:15Mais j'aurai l'occasion d'y revenir.
18:18Et peut être à une autre échelle, ce que je voulais aussi dire,
18:21c'est qu'on est en plein travaux actuellement sur notre site de
18:24Saint-Ouen-aux-Mônes, sur lequel on est en train de construire
18:27un nouveau bâtiment administratif.
18:29Et donc, évidemment, c'est l'occasion d'analyser notre
18:32empreinte et de minimiser au maximum l'impact de cette
18:36nouvelle construction.
18:38Et là, on s'est tourné vers un label qui s'appelle
18:40Biodiversity.
18:41C'est un label qui est intéressant parce qu'en fait, il promeut une
18:45expression maximale de la biodiversité, mais en milieu
18:47citodien.
18:48Et donc, ça se passe comment?
18:50En fait, il y a un écologue qui vient sur place et qui émet un
18:53certain nombre de recommandations.
18:54Et donc, à titre d'exemple, parmi ce qui sera mis en place
18:58sur notre futur site, il y aura des espaces verts attractifs
19:02pour nos collaborateurs et qui permettent une rencontre entre
19:05la nature et le vivant.
19:07Et puis, il y aura aussi, évidemment, la préservation de
19:09la flore locale, la lutte contre les espèces invasives et puis,
19:14évidemment, d'interdire tout ce qui est l'utilisation des
19:17produits phytosanitaires, herbicides, insecticides que
19:20vous connaissez.
19:21Merci beaucoup.
19:22Je vais vous demander de passer le micro à votre voisin là bas.
19:26Sébastien, quelle matière première utilise Yves Rocher?
19:29Et puis, Yves Rocher qui promeut une beauté efficace et engagée,
19:35efficace, naturelle et engagée.
19:38Merci.
19:39Je pense que le panel a été bien choisi parce que vous allez
19:40entendre beaucoup de fois les choses qui se rejoignent bien.
19:44Et je trouve que pour rebondir sur ce que disait Gilles,
19:47ça veut dire que collectivement, on doit agir et pas juste
19:50entreprise par entreprise.
19:52La première chose, c'est que notre idée chez Yves Rocher,
19:54c'est de révéler, de protéger et de transmettre le pouvoir
19:58des plantes.
19:59Ça a commencé il y a longtemps déjà à la création de la marque
20:02par M.
20:02Yves Rocher en 1959, puisque ce qu'il a voulu, c'est créer
20:05la cosmétique végétale.
20:07Donc ça, ça veut dire qu'il commençait avec cette idée ou
20:10cette ambition déjà il y a très, très longtemps.
20:12Et c'est des choses qu'on essaie de continuer à faire encore
20:15aujourd'hui et qu'on fait de plus en plus.
20:18Encore une fois, Emilie, vous l'avez dit, beauté naturelle,
20:22efficace et engagée.
20:24Si on fait juste quelques chiffres, j'aime bien les
20:26chiffres.
20:27Dans nos gammes de soins, c'est plus de 93% d'ingrédients
20:30d'origine naturelle.
20:32Et si on regarde aussi sur notre ancrage local et territorial,
20:36on est originaire de Bretagne.
20:38On fabrique plus de 95% de nos produits sur nos sites en
20:42Bretagne et ça, c'est important pour nous aussi.
20:44Donc, tout cet écosystème là, il est très, très important.
20:48On a aussi une implantation locale très forte.
20:52Encore une fois, nos racines sont en Bretagne et je ferais
20:55presque un jeu de mots sur les racines qui sont en Bretagne
20:58puisque on a, on va dire, plus de 60 hectares de champs qui sont
21:03cultivés depuis très, très longtemps déjà chez nous.
21:06Depuis la fin des années 90 à la Gassie, exactement, qui est
21:08notre berceau dans le Morbihan.
21:10Ça vous parle, je crois.
21:13Depuis la fin des années 90, ces 60 hectares, c'est plus de 60
21:16hectares, ils sont cultivés en agriculture biologique avec des
21:18principes d'agroécologie et c'est des choses qui sont importantes
21:21pour nous, qui parlent bien à Gilles aussi.
21:25Et ça, c'est vraiment quelque chose qui nous caractérise.
21:29Avec ce berceau, on a aussi un jardin botanique qui a été créé
21:34par Yves Rocher il y a déjà très longtemps, qui est ouvert à la
21:38visite.
21:39Moi, je conseille et je ne serais que trop recommandé à tous
21:41ceux qui passent dans le coin de la Gassie d'aller visiter ces
21:44endroits là parce que c'est vraiment une plongée dans la
21:47nature et puis dans nos racines.
21:48Vous allez pouvoir voir aussi toutes les plantes qu'on
21:50cultive et les plantes qu'on utilise et qu'on cultive pas
21:53forcément en propre.
21:54Donc, ce jardin botanique, c'est aussi une source d'inspiration
21:56pour nous.
21:57Et la dernière chose, en fait, c'est bien d'avoir des champs
21:59plus de 60 hectares, mais par contre, on y fait des choses
22:02dedans, on y cultive plus d'une dizaine d'espèces de plantes
22:05qu'on utilise dans nos produits.
22:06Aujourd'hui, si vous allez dans une boutique Yves Rocher,
22:09c'est plus d'un produit sur deux que vous allez pouvoir avoir dans
22:12nos rayons qui utilisent ces plantes et ces actifs ou ces
22:16ingrédients qui sont issus des plantes.
22:18Et on a aussi l'idée d'aller encore plus loin par rapport à
22:21ça.
22:22Encore une fois, un ancrage local et territorial, des méthodes de
22:25production aussi qui sont les plus vertueuses possibles.
22:28En tout cas, on essaye et on a été la première marque cosmétique
22:31en France à certifier nos cultures par l'UEBT, Union of Ethical
22:36Biotrade, qui est vraiment un standard hyper élevé en termes
22:40de culture.
22:41Merci beaucoup.
22:43Sauf Olivier, petit Olivier.
22:48Merci pour la question.
22:49Merci, Gilles, pour cette introduction, de mettre la
22:53beauté et le bien-être au cœur de cet échange de nos entreprises
22:58de toutes tailles, mais finalement, dont on partage le
23:01centre qui est les matières premières, la beauté,
23:03le bien-être.
23:04Alors, je représente la Fossenne de cosmétiques, donc la marque
23:07Le Petit Olivier, qui se veut être la marque la plus nature du
23:11segment en GMS, donc en grande surface, et qui s'est engagée
23:15à être, à avoir plus de 95 % d'ingrédients d'origine naturelle.
23:19Alors, je ne pourrais pas tous les lister.
23:20Dans Le Petit Olivier, ça parait évident, on a une filière
23:24olive et une filière argan pour lequel on s'implique beaucoup.
23:30On a plus de 300 matières.
23:32Évidemment, les enjeux, c'est de réduire les impacts sur l'amont
23:35de nos filières d'ingrédients, nos impacts carbone, nos impacts
23:38biodiversité.
23:39On aura l'occasion d'approfondir sur la thématique.
23:42La filière dont je voulais vous parler, plus précisément,
23:45c'est la filière argan au Maroc, puisque c'est une matière
23:50première qui rassemble tous les atouts, tous les enjeux et toutes
23:54les difficultés du changement climatique.
23:57L'argan, l'arganier, c'est un argan du sud du Maroc qui permet
24:00de préserver, de prémunir de la désertification et qui fait vivre
24:06plus de 3 millions de Marocains, marocaines, puisque l'argan et
24:09la femme, c'est intimement lié.
24:12Et en fait, ce lien entre la femme et la matière première,
24:15c'est au cœur des valeurs de respect du petit Olivier.
24:19C'est au cœur des valeurs de la cosmétique, de la beauté.
24:22Et c'est un projet que l'on a créé en 2017 en mettant ensemble,
24:30en alliant la protection d'une ressource, la protection d'une
24:34matière première, en y associant le bien-être et les
24:38besoins des communautés qui vivent avec, autour, grâce à cette
24:44ressource.
24:45Oui, avec une approche très holistique de rapprocher l'humain
24:47et la nature partout sur le terrain.
24:50Effectivement, par exemple au Maroc, pour la culture de l'argan.
24:53Exactement.
24:55En fait, on pourrait avoir tendance à dire une matière première,
24:58en fait, pour la protéger, il faudrait la mettre sous cloche.
25:01Il faudrait éviter que l'on y touche.
25:03Et en fait, ce n'est ni bon pour nous parce qu'on ne pourrait pas
25:07en bénéficier.
25:08L'huile d'argan, c'est une huile très régénératrice, comme beaucoup
25:11de plantes que l'on utilise dans nos produits.
25:14Mais aussi, ce sont des personnes qui vivent de cette ressource et
25:18qui permettent de la cultiver et donc, du coup, de la préserver.
25:22Donc, en fait, c'est vraiment avoir une vision globale de comment
25:27protéger cette ressource, comment améliorer la biodiversité et
25:33permettre de préserver la biodiversité autour.
25:36Si l'arganier est en péril, c'est à cause d'une surexploitation
25:41de la ressource, à cause des cheptels de chèvres qui mangent
25:43la ressource, à cause du changement climatique et de la désertification
25:48et de la chaleur qui s'intensifient, à cause du manque d'eau, évidemment.
25:53Et j'aurais dû le dire d'ailleurs en premier.
25:55Donc, c'est tout un tas de facteurs qu'il faut analyser.
25:58Et c'est aussi tout un écosystème de personnes qui vivent, femmes
26:01et hommes, au travers de cette ressource.
26:04Et ce qui est très intéressant, c'est de s'engager sur du long
26:08terme.
26:09La beauté et le bien-être travaillent sur des filières.
26:10C'est un engagement de long terme.
26:11On y est depuis 2017.
26:12On a énormément appris à allier l'homme, la ressource,
26:18l'économique, le social, l'environnemental pour pouvoir
26:22la préserver sur le long terme et s'assurer qu'on puisse encore
26:26en avoir pour les personnes sur place et puis pour nous dans nos
26:29produits.
26:30Merci.
26:31On va en parler beaucoup de ce temps long.
26:33Vous allez le voir cet après-midi.
26:35Aurélie, est-ce que vous pouvez nous parler du référentiel créé
26:39par Cicelay en 2020 ?
26:41Oui, avec plaisir, Émilie.
26:42Alors, comme je le disais, Cicelay est dépendant de la
26:47richesse de la biodiversité et donc, on se doit de mesurer nos
26:51impacts et de les réduire au maximum.
26:54Pardon.
26:55Et donc, on s'est...
26:58Excusez-moi.
26:59Ça devrait aller, merci.
27:00Et donc, on s'est tous mis autour de la table en 2020 pour essayer
27:05de réfléchir à comment on pouvait évaluer tous ces impacts.
27:09Comme vous le savez certainement, les impacts sur la biodiversité,
27:13ils sont complexes à analyser.
27:15Ils sont souvent entremêlés et construire un outil de toute
27:19pièce pour mesurer tous ces impacts, c'est un sacré
27:21chantier en soi.
27:23Donc, on s'est tous mis autour de la table et on a construit
27:27un référentiel avec plusieurs indicateurs.
27:29Je vais m'attarder sur la biodiversité, mais il y a
27:31d'autres indicateurs.
27:33Et donc, ce critère-là, en tout cas, on l'a construit autour
27:37de quatre grands thématiques.
27:39La première, ce sont les pratiques agricoles qui sont utilisées
27:43pour la culture des plantes qui servent à la fabrication de
27:46nos ingrédients.
27:47Donc là, le type de question qu'on peut se poser à ce moment-là,
27:51c'est est-ce que le producteur utilise des pratiques qu'on
27:55appelle conventionnelles ou est-ce qu'il y a des pratiques
27:57plus vertueuses mises en place comme de l'agriculture biologique
28:01ou de l'agroforesterie ou de l'agriculture régénératrice ?
28:04Je sais qu'il y a pas mal de conférences autour de cette
28:06thématique.
28:07On va en parler.
28:09Ensuite, on a une attention particulière pour toutes les
28:13ressources qu'on appelle à risque, c'est-à-dire les ressources
28:16qui sont connues, dont la culture est connue pour avoir de fortes
28:19pressions sur la biodiversité.
28:22Il y a des exemples qui sont tristement célèbres, comme le
28:24soja et la palme, dont les besoins grandissants nécessitent
28:28parfois de déforester des nouvelles parcelles et ce qui aboutit
28:31à une destruction des écosystèmes en place.
28:33Et donc, c'est catastrophique pour la biodiversité.
28:36Ensuite, on a deux autres critères.
28:37On valorise aussi les programmes de nos fournisseurs.
28:40J'y reviendrai aussi, mais les fournisseurs sont des
28:43partenaires clés pour nous.
28:44Et donc, on va valoriser tous les programmes de restauration de
28:47la biodiversité.
28:49Et enfin, ce que je voulais dire aussi, c'est qu'on valorise
28:54aussi l'utilisation de coproduits.
28:56Donc, un coproduit, c'est quoi ?
28:58C'est en fait une partie de plante qui est généralement considérée
29:02comme un déchet par une autre industrie.
29:04Et je vous citais en début de conférence les fleurs de crocus,
29:09les fleurs de safran.
29:10Et donc, le crocus sert à la fabrication du safran.
29:14Et une fois que le pistil est récolté, donc le pistil qui
29:18sert ensuite au safran, les fleurs étaient jetées.
29:22Et donc, les fleurs ont été récupérées pour élaborer un
29:27ingrédient cosmétique actif qui a des propriétés bien particulières
29:30pour la peau.
29:31Et ça, l'utilisation de coproduits, c'est vraiment intéressant
29:35pour notre industrie, parce que ça permet vraiment de réduire
29:38les pressions sur les écosystèmes.
29:41Un bel exemple d'économie circulaire.
29:43Effectivement, circularité, on en reparlera aussi.
29:46Exactement.
29:47Et puis, on voit aussi qu'il y a plusieurs chaînes, il y a
29:51plusieurs étapes dans la fabrication d'un ingrédient.
29:54Et une étape qui peut aussi impacter la biodiverticité,
29:58c'est la fabrication de l'ingrédient.
30:00Donc là, on va évaluer les pratiques, on va dire les plus
30:04vertueuses.
30:05On appelle ça la chimie verte.
30:07Et à titre d'exemple, parce qu'il y a beaucoup de principes,
30:09mais on va vérifier qu'il y a une économie d'énergie ou une
30:13économie de ressources lors de la fabrication d'un ingrédient.
30:16Donc, voilà, c'est vraiment...
30:18C'est vraiment plein de petits détails dont on ne peut pas
30:21forcément et dont on n'est pas au courant.
30:22Effectivement.
30:23En amont.
30:24Tout à fait.
30:25C'est effectivement beaucoup de petits détails.
30:28Il y en a d'autres que je ne vais pas forcément citer,
30:30mais on peut parler aussi du changement climatique.
30:34Il faut évidemment regarder quand on veut analyser nos impacts
30:38et aussi le devenir de l'ingrédient une fois dans
30:42l'environnement, c'est-à-dire une fois qu'on prend sa douche ou
30:44qu'on se démaquille, que devient l'ingrédient une fois qu'il est
30:47rejeté dans les eaux usées ?
30:48Enfin, voilà, il y a énormément de choses à voir.
30:51Ça, c'est au niveau ingrédient.
30:52Et puis, il y a une autre aussi, une autre échelle qui est au
30:55niveau du produit fini.
30:56Et donc, en 2022, on a rejoint l'Eco Beauty Score,
31:00qui est donc un consortium d'industrie cosmétique.
31:03Et l'objectif, c'est de calculer un score qui reflète l'empreinte
31:09environnementale d'un produit fini, c'est-à-dire en tenant compte
31:12à la fois de sa formule et de son packaging.
31:15Dont les consommatrices, consommateurs peuvent avoir accès.
31:19Exactement.
31:20Voilà, nous, c'est vraiment cette approche multicritère dans
31:23laquelle nous croyons, pour sélectionner les meilleurs
31:26ingrédients pour la peau tout en maîtrisant nos filières.
31:28Merci beaucoup.
31:29Comment le groupe Yves Rocher Sébastien agit pour un
31:32approvisionnement des matières premières plus respectueux
31:35de la planète ?
31:37J'ai commencé à parler de nos racines et de ce qu'on fait en
31:41interne et chez nous.
31:42Donc, ça rentre dans un produit sur deux.
31:44Mais par contre, une formule cosmétique, c'est souvent
31:47quelque chose d'assez complexe, de plus en plus, parfois,
31:49même si on a parfois des tendances qui ramènent à plus
31:52de minimalisme.
31:54Mais à partir du moment où on amène de la technicité et qu'on
31:57veut une vraie efficacité, souvent, c'est assez compliqué.
32:00Donc, on n'a pas la prétention de tout faire avec nos
32:03fabrications en interne.
32:04Donc, on a la nécessité d'aller se sourcer à l'extérieur,
32:09chez des partenaires, chez des fournisseurs, d'une diversité
32:12d'ingrédients.
32:13Juste pour vous donner des chiffres, j'ai dit que j'aimais
32:15bien les chiffres, c'est plus de 1300 matières premières
32:18différentes.
32:19Et parmi ces matières premières, comme chez Sisley, nous aussi,
32:22on a des grilles et des critères d'évaluation, notamment des
32:24critères de durabilité sur lesquels on va évaluer les
32:27différentes matières.
32:28Et à partir du moment où on a créé cette cosmétique végétale,
32:32on a voulu aller un cran encore plus loin sur le sourcing des
32:36matières premières d'origine végétale et en particulier,
32:38les ingrédients qu'on appelle les ingrédients botaniques,
32:40c'est à dire ceux qui ne sont pas ou peu transformés, des huiles,
32:43des beurres, des extraits, etc.
32:45Parmi ces 1300 matières premières, c'est un peu plus de
32:48450 filières différentes d'ingrédients botaniques, plus
32:52de 200 espèces de plantes et tous ces ingrédients, on va essayer
32:56de les cartographier et de les évaluer selon différents
33:00sets de critères.
33:02Olivier, vous en avez cité quelques uns, on en utilise
33:05beaucoup comme ça aussi.
33:06Je pense que c'est bien d'avoir cet alignement.
33:09Je disais qu'il y a beaucoup de travail.
33:11On essaye de se mettre au travail, mais il y en a encore
33:13pas mal à faire.
33:14Et il y a beaucoup de choses qu'on fait comme ça sur cette
33:17partie-là.
33:18La deuxième chose, c'est que pour un sourcing encore plus
33:21durable, peut-être quelque chose sur lequel je voudrais revenir,
33:24la notion de durabilité, souvent qui est employée peut-être
33:28à tort et à travers.
33:29Mais le développement durable, en fait, c'est la conjonction
33:32de trois piliers.
33:33On dit en anglais People, Planet, Profit.
33:35Nous, on va dire la partie environnementale, la partie
33:39sociale et la partie financière ou sociale ou sociétale.
33:45Pardon, merci.
33:46Et la partie financière aussi.
33:48Donc, ça veut dire qu'on va essayer d'agir sur ces trois
33:51niveaux-là.
33:52On va considérer chez nous une filière durable comme une
33:55filière sur laquelle on respecte certains critères en termes de
33:59gestion du risque.
34:00On parlait des pratiques agricoles, on parlait de la
34:02traçabilité du pays d'origine, etc., qui sont des must-haves
34:05pour nous.
34:06Par contre, on va essayer d'aller un peu plus loin et de définir
34:10des critères d'impact positif sur ces trois piliers.
34:14Ce n'est pas uniquement essayer de limiter les impacts négatifs,
34:19c'est même d'avoir des impacts positifs.
34:20C'est de favoriser les impacts positifs.
34:22Et on va considérer une filière durable si elle a un impact
34:24positif sur les trois piliers.
34:26Et ça, c'est assez exigeant.
34:28Alors, ça veut dire que pour l'instant, on n'en a pas encore
34:30tant que ça, mais sur les 450 filières, on en a plus de 150
34:33qui sont considérées comme durables.
34:35Ça veut dire qu'on promeut un sourcing qui est aussi beaucoup
34:37plus durable et on incite nos fournisseurs et nos partenaires
34:40à aller dans ce sens-là.
34:43On peut avoir des exemples d'impacts positifs ?
34:45Complètement.
34:47Les exemples d'impacts positifs, clairement, quand on va
34:52contribuer à avoir un impact positif sur l'environnement,
34:56c'est des actions, on parlait d'agroforesterie tout à l'heure,
34:58ou des actions de reforestation ou de préservation de la
35:02biodiversité et d'impact positif sur place ou de contrôle.
35:05Sur la partie sociale ou sociétale, typiquement, on a
35:09beaucoup d'actions avec des communautés ou des partenaires.
35:13On a référencé, on va dire qu'on accompagne un peu plus de
35:177200 groupes ou personnes dans le monde avec nos différents
35:22approvisionnements.
35:24C'est-à-dire qu'ils contribuent comme la filière Argan,
35:28par exemple, vous contribuez à faire vivre des communautés.
35:30Exactement.
35:31Voilà.
35:32D'ailleurs, l'agroforesterie, ça va être avoir des projets
35:35de reforestation où vous plantez des arbres dans des endroits.
35:40Alors ça, c'est fait avec la Fondation Yves Rocher,
35:42mais c'est fait aussi dans le cadre de certaines actions
35:45particulières sur certaines filières ou avec des partenaires.
35:49On le fait sur ces trois piliers.
35:51Il y a un exemple que je voudrais citer.
35:53J'aurais pu citer l'Argan aussi, comme Sophie, puisqu'on l'utilise
35:57beaucoup.
35:58On a une gamme Argan, un produit Argan qui se vend toutes les
36:0020 secondes dans le monde.
36:02Donc, ça, c'est des choses importantes.
36:04On a une deuxième gamme qui est assez iconique pour nous et qui
36:08utilise une matière première qui vient aussi d'Afrique,
36:10qui est le beurre de karité, en particulier au Burkina Faso.
36:15Et on va dire encore une fois, là, une grosse implication avec
36:19les femmes, puisque c'est les femmes aussi qui récoltent les
36:22amandes de karité.
36:25Et là, on a fait des actions en local pour essayer d'accompagner
36:29ces communautés de femmes, pour essayer de les autonomiser
36:31encore plus, pour leur donner plus de moyens, diversifier
36:34leurs revenus.
36:35On a fait des actions avec notre partenaire pour de la fabrication
36:38de savons en local à partir de karité, de la fabrication d'épices
36:42locales au Burkina.
36:43Donc, on a beaucoup de choses qu'on fait comme ça.
36:45Et ensuite, après, derrière, c'est vrai que c'est beaucoup
36:49de choses qu'on va faire pour toutes ces parties.
36:52Donc, je l'ai dit sur les trois piliers et on a encore plein
36:55d'autres idées comme ça sur d'autres filières.
36:58On pourrait en parler des heures.
36:59Oui, les exemples sont nombreux et on voit que c'est très détaillé.
37:02Je ne sais pas si vous, dans la salle, vous soupçonniez toutes
37:05ces actions.
37:07On va en parler encore un peu plus dans le détail.
37:10Sophie, est-ce que vous pouvez nous parler maintenant des actions
37:13que vous avez dans vos oliviers ?
37:15Parce que vous avez aussi plusieurs ingrédients.
37:17Le petit olivier, comme son nom l'indique, parle d'olivier.
37:22Qu'est-ce que vous faites avec vos oliviers ?
37:24C'est intéressant parce que ça rejoint aussi ce qu'Aurélie
37:27disait tout à l'heure.
37:28Donc, on a un moulin d'huile d'olive à Saint-Bonnet-du-Gare avec
37:331 500 pieds d'oliviers, sans phytosanitaires, sans intrants
37:36chimiques, sans irrigation.
37:39Donc, vraiment un paysage magnifique et dont l'huile d'olive
37:45rentre dans notre gamme de soins du petit olivier.
37:49Et donc, déjà, le projet, à la base, c'est une filière intégrée.
37:54C'est la seule filière complètement intégrée que l'on a, sinon que
37:57ce soit l'Argan ou toutes les autres matières premières.
38:00Ce sont des partenaires sur le terrain.
38:02Là, en France, on a intégré vraiment la filière.
38:06Donc, c'est aussi parce que c'est la filière la plus emblématique
38:10de l'ADN du petit olivier.
38:12On travaille main dans main, la main aussi avec des producteurs
38:16aux alentours pour transformer leur matière.
38:21Donc, il y a de l'huile d'olive alimentaire et cosmétique qui
38:23sort de ce moulin.
38:24Et l'un des projets intéressants dont je pourrais vous parler,
38:27c'est un projet d'éco-circularité où on va utiliser les déchets
38:30de production, les coproduits que sont le grignon et la margine
38:35de l'olive qui sont d'habitude, le grignon était et jusqu'à
38:40présent utilisé pour nourrir naturellement le sol.
38:44Et d'ici une année, on va sortir une gamme de soins qui
38:50utilisent ce grignon et cette margine dans une nouvelle gamme
38:53de soins du petit olivier, justement pour faire d'un déchet
38:59une ressource et limiter nos impacts sur cette matière
39:04première emblématique.
39:05Pour tout utiliser aussi, on en a parlé.
39:08Merci.
39:09Aurélie, Sisley ne possède pas de terres agricoles, comme c'est
39:13le cas pour vos voisins.
39:15Comment est-ce que vous entretenez du coup les relations avec
39:20vos fournisseurs ?
39:21Oui, c'est une très bonne question, Émilie.
39:23Parce qu'effectivement, on dépend tout particulièrement de la
39:28performance de nos fournisseurs et chez Sisley, on a à coeur de
39:32travailler main dans la main avec nos fournisseurs.
39:36Ce qu'on souhaite vraiment, c'est d'évoluer, c'est de construire
39:40ensemble sans rien imposer, mais en donnant une direction.
39:43Donc, un de nos premiers chantiers, ça a été de communiquer
39:47nos ambitions d'amélioration de notre empreinte environnementale,
39:52d'améliorer la durabilité de nos filières.
39:54Et donc, c'est passé dans un premier temps par l'établissement
39:58d'un certain nombre de chartes, des chartes de biodiversité ou
40:03des chartes listant les pratiques qu'on souhaite privilégier en cas
40:06de cueillette de plantes sauvages.
40:09Après, ce qu'on fait aussi, c'est qu'on communique beaucoup
40:14aussi avec nos fournisseurs sur, par exemple, les bénéfices de
40:17l'agriculture régénératrice.
40:18Encore une fois, sans rien imposer, mais pour leur montrer
40:22ce vers quoi on souhaite aller.
40:26Il y a également aussi un projet en ce moment qui nous tient
40:29particulièrement à cœur, c'est qu'on souhaite accompagner
40:32nos fournisseurs dans l'évolution de leurs pratiques.
40:35Et donc, si cela apportera une aide financière et technique
40:38pour l'amélioration d'une pratique, mais qui viendra d'eux,
40:41qu'on ne leur imposera pas.
40:42Donc, en fait, on leur demande de remonter leurs besoins.
40:46Donc, ça, c'est quelque chose qu'on a vraiment à cœur.
40:49Vous allez jusqu'à financer des formations pour vos fournisseurs
40:53pour aller vers des pratiques plus vertueuses, plus respectueuses
40:57de l'environnement.
40:58Mais surtout en leur demandant quels sont leurs besoins et pas
41:01en leur demandant un goal standard qui ne serait pas atteignable
41:05aujourd'hui.
41:06Oui, parce qu'on le rappelle, les besoins, effectivement,
41:08en fonction des régions, ne sont pas les mêmes.
41:10Donc, les cultures ne sont pas les mêmes, effectivement.
41:13Exactement.
41:14J'en parlais d'ailleurs avec quelqu'un juste avant la conférence.
41:17Et donc, actuellement, on est en train de rencontrer tout
41:20un tas d'acteurs qui nous permettront de déployer ce type
41:23de projet.
41:24Donc, des experts en pratiques agricoles ou bien des experts
41:29qui permettent d'auditer la santé des sols pour, justement,
41:32comme tu disais, Emilie, d'adapter vraiment un projet
41:36à un terroir bien particulier ou à la culture d'une plante
41:40bien particulière.
41:41Et puis, un dernier sujet qu'on met en place chez Cicelay,
41:47c'est qu'avec un certain nombre de nos fournisseurs,
41:49on met en place des contrats d'approvisionnement avec la
41:53garantie d'un certain volume d'achat sur plusieurs années.
41:56Et ça, voilà, ça fait partie d'un accord gagnant-gagnant
41:59puisque, côté fournisseurs, ça leur permet de sécuriser
42:03une partie de leurs revenus.
42:04Et puis, côté Cicelay, ça permet de sécuriser
42:06nos approvisionnements.
42:07Donc, voilà, c'est vraiment...
42:09On pense que la transition écologique, elle se fera main
42:12dans la main avec nos partenaires fournisseurs.
42:13Avec une relation de confiance.
42:15Merci beaucoup.
42:16Sébastien, vous en avez parlé un petit peu.
42:19Ces sujets-là, c'est une question collective.
42:23Aurélie en a parlé aussi.
42:25Vous êtes connecté aux autres entreprises du secteur de
42:28l'industrie cosmétique pour aller dans le même sens.
42:31Expliquez-nous.
42:32Alors, déjà, je rebondis sur ce que vous avez dit.
42:36C'est hyper important de ne pas juste être dans son coin.
42:40Et il y a un mot qui est important.
42:42Souvent, on parle de fournisseurs.
42:44Moi, j'aime bien parler de partenaires aussi, parce que,
42:46justement, si on ne les engage pas et qu'on ne les accompagne
42:49pas, en fait, on ne pourra pas y arriver tout seul.
42:52Un autre chiffre aussi, que je n'ai pas cité tout à l'heure.
42:55On parle souvent des actifs cosmétiques parce que c'est ce
42:58qui est un petit peu revendiqué, ce qui, parfois, fait rêver,
43:01ce qui amène l'efficacité dans nos produits.
43:05Mais, en fait, c'est une part très infime des achats ou des
43:09volumes d'achats dans les cosmétiques.
43:10On en a un peu parlé.
43:12Juste l'ordre de grandeur, c'est 6 à 8 % à peu près des
43:15volumes d'achats chez nous, mais c'est assez commun chez tout
43:19le monde, qui sont des actifs cosmétiques.
43:21Le reste, c'est ce qu'on appelle des matières premières
43:23fonctionnelles, des ingrédients de texture, etc.
43:25ou d'autres choses.
43:26Et en fait, si on regarde bien la part de naturel ou d'origine
43:30naturelle est assez élevée aussi, ou de plus en plus,
43:33au moins, dans ces ingrédients qui sont de texture,
43:36de formulation ou fonctionnelles.
43:38Et en fait, c'est ceux qui représentent le plus gros
43:40volume, donc, in fine, c'est ceux qui vont représenter le plus
43:42gros impact sur la biodiversité.
43:44Donc, ça veut dire que sur ces parties-là, il y a des choses
43:48à faire hyper importantes.
43:50Autant sur les actifs, c'est parfois des plus petites
43:53quantités, c'est des choses qu'on maîtrise un peu plus.
43:55On est parfois un peu plus intégré dans la chaîne de valeurs.
43:58Ça, ça veut dire qu'on peut faire des choses, on va dire,
44:00de façon presque individuelle et qu'on peut maîtriser ces
44:04sujets-là et donc maîtriser notre impact et notre sourcing.
44:06Pour les autres matières, tout le monde les utilise.
44:09Si on n'agit pas collectivement, on n'arrivera jamais à avoir
44:12un vrai impact et donc à sourcer plus respectueusement et à voir
44:17beaucoup de choses.
44:18La Fébéa est très engagée sur cette partie-là.
44:20Je cite un ingrédient qu'on a identifié avec la Fébéa.
44:24Il y a un groupe de travail en ce moment qui est la glycérine,
44:27qui peut paraître un ingrédient tout bête, mais en fait,
44:30comment est-ce qu'on peut être certain que cette glycérine qui
44:33est majoritairement d'origine végétale, elle est sourcée de la
44:36façon la plus respectueuse possible, etc.
44:38Donc, quand on parle de collectif, c'est au sein des associations
44:41professionnelles, dans les relations collectives,
44:44entre les marques, les groupes et leurs fournisseurs ou leurs
44:47partenaires.
44:48Et c'est aussi au sein de coalitions ou de consortiums.
44:51Vous avez cité l'Eco Beauty Score.
44:53Nous, on s'est un peu démarqués.
44:55On a créé une autre coalition qui s'appelle le Green Impact Index.
45:00Et d'autres acteurs nous rejoignent aussi dans cette démarche là.
45:04Je ne citerai pas ma voisine de droite, mais je la cite quand même,
45:07voilà, qui vient de nous rejoindre dans cette coalition.
45:09Et dans ce set d'indicateurs, qui est aussi un indicateur
45:14d'empreinte environnementale et de communication auprès des
45:17consommateurs, on vient de lancer nos premiers produits en septembre
45:21avec ces indicateurs qui ont une note de A à E, dans notre gamme
45:25Lift Pro Collagen qui vient juste de sortir, avec une note de B,
45:28je le cite, voilà.
45:30Et en fait, on a intégré des marqueurs et des indicateurs de
45:34biodiversité dans ces indicateurs et pas, on va dire, uniquement
45:38des indicateurs uniquement environnementaux, comme on a
45:41l'habitude de voir.
45:42Et après, il y a plein d'autres initiatives.
45:44On en a parlé, Émilie, quand on en a parlé, des initiatives
45:47collectives comme TRACE, par exemple, que beaucoup d'acteurs
45:51de cosmétiques connaissent et qui vont être là vraiment pour
45:54regarder cette partie de traçabilité.
45:56Encore une fois, si on veut maîtriser notre impact sur la
45:58biodiversité, la première chose à bien maîtriser et à contrôler,
46:02c'est la notion de traçabilité.
46:04Sinon, on ne peut pas faire d'analyse de risque.
46:05On ne peut pas avoir de répartition de nos hotspots par
46:09rapport à la biodiversité, etc.
46:10La traçabilité, peut-être, pour ceux qui ne voient pas bien
46:13ce que c'est, Sébastien, concerne quoi exactement ?
46:18Typiquement, c'est d'où viennent les produits, d'où viennent
46:21les ingrédients.
46:22C'est à minimal l'origine du pays.
46:24Et si on veut aller encore un peu plus loin, c'est même jusqu'à
46:27la parcelle ou aux champs dans lesquels ils sont cultivés.
46:31Parce que même dans certains pays qui sont assez étendus,
46:34il peut y avoir des risques complètement différents en
46:36fonction des zones dans lesquelles on va les sourcer.
46:39Merci beaucoup.
46:40Sophie, comment le petit Olivier agit en faveur de la
46:45reforestation et de la lutte contre la désertification ?
46:51Alors, merci pour la question.
46:53Je rebondis également sur ce qui vient d'être dit par rapport
46:58au travail en collectif, pour appuyer sur cet élément,
47:01parce que c'est essentiel pour une PME comme la nôtre,
47:05avoir accès à des collectifs et pouvoir travailler en consortium
47:09sur ces filières qui ont un gros impact et pour lequel
47:12l'accessibilité est compliquée, la traçabilité est complexe.
47:17Avoir accès à ces outils, ces consortiums,
47:19l'excellent travail de la Fébéa et le travail que l'on fait en
47:23rejoignant le Green Impact Index nous donne des outils accessibles
47:26pour pouvoir à la fois mesurer les aspects environnementaux,
47:29sociétaux, sur le lieu de fabrication,
47:32sur l'écotoxicité, sur la biodégradabilité,
47:34sur des calculs qui sont précis, une méthodologie qui est clé et
47:40qui nous permet de nous comparer les uns les autres.
47:43Alors, que ce soit le Green Impact Index ou l'Eco Beauty Score,
47:46pour vulgariser, c'est le Nutri Score de la cosmétique et on
47:49verra dans la législation française ce qui arrivera dans les
47:53prochaines années.
47:54Ce qui est très positif, c'est de pouvoir communiquer très
47:58simplement sur les packagings, quelles que soient nos marques,
48:01nos impacts, nos impacts sur la nature et nos impacts sur les
48:04personnes qui travaillent avec ces matières premières,
48:08naturelles ou moins naturelles.
48:11Pour revenir sur la question de la reforestation,
48:14j'en ai parlé finalement au début en prenant l'exemple de l'Argan.
48:20Comment on agit ?
48:21En fait, je vais vous raconter une sorte d'anecdote,
48:23mais qui est très parlante.
48:25Je vous ai dit qu'on s'était inscrit dans la durée avec ce
48:28projet d'Argan depuis 2017 au Maroc.
48:32D'abord, en partant des besoins fondamentaux des personnes.
48:35On était dans un village qui, en 2017, n'avait pas accès à
48:39l'électricité, qui n'avait pas d'eau dans les maisons.
48:42Et on se parle du Maroc, on ne se parle pas d'un pays
48:44si éloigné.
48:45On a commencé par répondre à ces besoins primaires,
48:50l'eau, l'électricité, en utilisant l'énergie solaire.
48:53Puis, on y a apporté les revenus économiques.
48:55C'est très intéressant ce que vous disiez tout à l'heure sur
48:58allier vraiment l'économique, le social et l'environnemental
49:01ensemble pour pouvoir pérenniser sur le long terme les projets.
49:06Ensuite, on a répondu aux besoins fondamentaux d'accès à
49:10l'éducation et ensuite de formation,
49:12d'accompagner les femmes à se former à la transformation de
49:17cette ville d'Argan, mais aussi à diversifier les revenus.
49:20On se parle d'économie, on se parle de filières très à risque.
49:23Je prends un exemple concret de l'Argan,
49:25mais c'est le cas sur le karité, c'est le cas sur la coco,
49:28c'est le cas sur énormément de filières,
49:31des filières d'actifs emblématiques,
49:32mais également plein d'autres filières dont on ne parle pas
49:34aujourd'hui.
49:35Le fait que le changement climatique s'intensifie
49:37fragilise ces écosystèmes et fragilise les communautés qui
49:41vivent avec et grâce à ces écosystèmes.
49:45Notre rôle en tant que marque de cosmétiques,
49:47c'est aussi de les accompagner à diversifier des revenus,
49:50ne pas être dépendant de nous finalement sur ces filières.
49:53On a travaillé sur développer d'autres activités pour les
49:57femmes et pour être très concrète de l'écotourisme,
50:00pour vraiment montrer aux touristes de l'Argan vraiment
50:03durable, comment il est transformé.
50:05Et on a avancé aussi, puisqu'on va parler de déforestation,
50:09on a travaillé pendant longtemps pour les femmes.
50:11C'était génial, super.
50:14Et on s'est rendu compte qu'en mettant le focus uniquement sur
50:20les femmes, finalement, on fragilisait quand même
50:23le projet.
50:25Et en fait, ce qui s'est passé, c'est qu'on a réinterrogé
50:29l'ensemble des communautés sur leurs besoins,
50:31en incluant non pas seulement les femmes,
50:33mais en incluant les familles, y compris les hommes.
50:36Et en cinq ans après le début du projet, donc en 2021,
50:41juste après Covid, où la filière a beaucoup souffert
50:44de plein d'aspects, on les a réinterrogés sur leurs
50:47besoins et sur leur vision.
50:49Qu'est-ce qu'ils voulaient créer collectivement ?
50:51Et en fait, nous, on pensait planter des arbres.
50:55Et en fait, en les interrogeant sur ce qu'eux voulaient
50:58collectivement, ils nous ont dit qu'en fait,
51:00nous, on a besoin, c'est d'une pépinière.
51:01D'une pépinière pour mettre, oui, de l'Arganier,
51:04puisque maintenant, ce n'est plus seulement un arbre sauvage.
51:06Il y a un besoin de le replanter.
51:08Il y a même un besoin de l'irriguer à ses débuts pour
51:11qu'il puisse survivre.
51:12Mais on veut aussi, autour de cet Arganier,
51:15y mettre des plantes aromatiques médicinales,
51:18y mettre des arbres fruitiers pour pouvoir avoir un revenu
51:22long terme.
51:23On pense à nos enfants, mais nos petits-enfants avec de
51:24l'Arganier, puisqu'il va mettre entre 30 et 60 ans à vraiment
51:28produire efficacement.
51:31Et surtout, on va penser à notre revenu court terme pour pouvoir
51:33nourrir nos familles dès demain.
51:36Donc, c'est des principes de permaculture,
51:38d'agroforesterie, d'agroécologie dont on va parler un peu plus dans
51:42la suite des tables rondes.
51:44Mais c'est un exemple concret de lutte contre la
51:47décertification, mais finalement, de relier le long terme au
51:51court terme, parce qu'un arbre, avant qu'il séquestre vraiment du
51:55carbone, il va se passer beaucoup de temps.
51:57Mais on a besoin de le faire.
51:59On a besoin de donner des financements et de financer pour
52:02pouvoir le faire.
52:03Et en même temps, d'agir fin du mois, fin du monde.
52:07C'est la même logique dans ces zones-là, mais comment ils
52:10sécurisent leurs revenus pour pouvoir continuer à préserver la
52:15ressource et pas se retrouver dans un étau qui, finalement,
52:18va au contraire de ce qu'on essaie de faire, c'est-à-dire protéger
52:23la matière première.
52:24Merci beaucoup à tous les trois pour vos témoignages.
52:28On peut les applaudir, chaleureusement.
52:33Merci.

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