L’ancien magistrat Francis Nachbar était l’invité de l'Heure des Pros, ce jeudi 23 novembre, sur CNEWS. Il a présenté son livre «Ma rencontre avec le mal», où il décrit la personnalité de Michel Fourniret et Monique Olivier : «Lors de ces conversations que j’ai eu avec Michel Fourniret, j’ai vite compris qu’il n’était vraisemblablement pas étranger au meurtre d’Estelle Mouzin».
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00:00 Ce que je tiens à dire, c'est que moi je n'ai jamais rien connu du dossier d'Estelle Mouzin,
00:03 qui était instruit à mot, je n'étais pas géographiquement compétent,
00:06 je n'ai jamais lu aucune pièce de procédure du dossier d'Estelle Mouzin.
00:10 Mais lors de ces conversations que j'ai eues avec Fourniret,
00:13 j'ai vite compris que Fourniret n'était vraisemblablement pas étranger à ce meurtre.
00:18 Parce que quand on connaissait bien Fourniret comme je le connaissais bien à l'époque,
00:22 il passait des aveux en négatif.
00:24 Et à plusieurs reprises, moi j'avais une double obsession,
00:26 c'est à la fois retrouver le corps de toutes les victimes de fourniret.
00:28 – Ça veut dire quoi, passer des aveux en négatif ?
00:30 – Et puis essayer d'identifier toutes les victimes.
00:34 Alors les aveux en négatif, c'était quand je lui parlais d'Estelle Mouzin,
00:38 même si je n'étais pas compétent en géographie,
00:40 je discutais avec lui, j'avais des doutes de plus en plus forts.
00:43 Eh bien il me regardait avec un grand sourire et me disait,
00:46 "Celle-là, monsieur le procureur, ce n'est pas moi."
00:48 Mais avec un air pervers.
00:50 Et comme il m'avait dit, "Je vous aiderai, je vous aiderai vous et la police,
00:55 mais il faudra que vous vous montriez aussi intelligent que moi."
00:57 Ce qui était tout à fait impossible
00:59 puisque c'était l'homme le plus intelligent du monde.
01:01 Et chaque fois qu'il nous a aidés, il mettait des pièges, il fallait des jouer.
01:04 Il y avait des traquenards, en quelque sorte, des fausses informations.
01:08 Donc pour Estelle Mouzin, j'en ai été tellement convaincu
01:10 qu'en 2006, sans rien connaître du dossier,
01:13 j'ai fait un courrier de trois pages à la DACG,
01:15 la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces du ministère de la Justice,
01:18 en passant par l'aveau hiérarchique, par le parti général naturellement.
01:22 Sur ces trois pages, je donnais toutes les raisons
01:25 pour lesquelles, sans avoir aucune preuve,
01:27 aucune preuve, naturellement,
01:29 mais je donnais toutes les raisons pour lesquelles j'étais convaincu
01:32 de la culpabilité de fournirait dans ce meurtre
01:34 avec tout un faisceau de présomptu.
01:36 Il y avait à peu près 8 ou 9 indices de plus en plus,
01:40 assez précis pour certains.
01:41 - Ça c'est en quelle année, vous le rappelez ?
01:43 - C'est en 2006.
01:44 - Trois ans après l'enlèvement d'Estelle Mouzin.
01:46 - Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
01:47 - Alors moi, je n'ai pas eu connaissance que l'on se soit inquiété de mon courrier
01:51 ou que l'on ait fait des recherches ou des enquêtes sur mon courrier.
01:53 - Et pourquoi ? Comment vous expliquez ça ?
01:55 - Moi, je n'ai pas été informé.
01:57 - Comment vous expliquez ça ?
01:59 - Alors, est-ce qu'on a considéré que n'étant pas juridiquement compétent,
02:02 je m'occupais peut-être de ce qui ne me regardait pas ?
02:05 C'est possible, j'espère que non.
02:07 J'espère qu'on a travaillé sur cette piste fournirait.
02:11 J'en doute un peu parce que j'en ai discuté lors d'une session de formation
02:15 à l'école des commissaires de police à Saint-Cyro-Mondeur
02:17 avec le directeur de la PG de Versailles.
02:19 Et je lui ai dit à peu près la même chose que ce que j'avais écrit.
02:23 Et le directeur de la PG de Versailles m'est apparu comme rigide,
02:27 absolument ancré dans la certitude que fournirait, ayant un alibi,
02:31 ça ne pouvait pas être lui.
02:32 Mais cet alibi est ridicule.
02:34 [Musique]
02:37 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]