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00:00 Souvenez-vous en 2017, le mouvement #MeToo secouait les réseaux sociaux.
00:04 Amenant avec lui la question des violences sexistes et sexuelles sur le devant de la scène,
00:08 six ans plus tard, qu'est-ce qui a changé, notamment ici en Indre-et-Loire ?
00:11 Clémence Dosc, bonsoir.
00:13 Bonsoir.
00:14 Alors vous avez des éléments à nous détailler à ce sujet ?
00:16 Oui, ce matin je suis allée à la rencontre d'entités, donc des institutionnels, des associations, des organismes
00:22 qui sont engagés sur notre territoire dans la lutte contre ces violences.
00:27 Il y a une série de conférences en ce moment à l'université de Tours et justement j'ai posé la question à plusieurs personnes.
00:32 Qu'est-ce qui a changé depuis #MeToo ? Je vous laisse regarder.
00:35 Ce qui a changé depuis #MeToo, c'est la conscience collective et individuelle
00:41 de l'importance des violences sexuelles et des violences faites aux femmes.
00:46 Ce mouvement féministe a impacté les organisations, les institutions.
00:50 Le monde judiciaire n'est pas hermétique à ce mouvement, même s'il a encore des progrès à faire.
00:55 On a tous essayé de faire des progrès.
00:57 On a vu, nous, en tant qu'avocats, apparaître une différenciation quand même notable sur la prise en charge,
01:01 une prise en charge plus rapide et la formation des policiers.
01:05 Ce qui manque aujourd'hui, c'est qu'est-ce qu'on fait de cette parole ?
01:09 On manque de moyens, on manque de bras, on manque de personnes formées aussi au recueil de témoignages,
01:16 à l'analyse, à l'orientation et c'est un vaste chantier qui est devant nous.
01:23 Je vais revenir sur les propos de l'avocate Barreau de Tour.
01:27 Il y a plus de plaintes et c'est ce qu'on voit dans les chiffres de 2022.
01:30 C'est tiré d'un rapport qui a été édité par la préfecture et présenté au printemps dernier.
01:36 En Indre-et-Loire, il y a plus de 29% de plaintes par rapport à 2021.
01:40 On comptabilise également 3 500 consultations en unités médico-judiciaires,
01:45 un féminicide et quatre tentatives violentes.
01:48 Ce ne sont pas les violences elles-mêmes qui sont en hausse, mais bel et bien leur révélation.
01:52 Les structures pour accueillir les victimes sont plus visibles.
01:55 Il y a également un changement dans les consciences,
01:57 mais le recueil des plaintes en commissariat a encore de quoi être perfectionné.
02:01 Ce qu'il y a principalement, c'est la possibilité maintenant de déposer sa plainte en ligne.
02:05 Le dossier est ensuite transmis entre les mains d'agents qui sont formés à l'accueil des victimes.
02:10 Il y a donc plus de plaintes, mais au niveau national,
02:12 seulement 1 à 2% d'entre elles aboutissent à une condamnation pénale.
02:16 Comment on explique ça ?
02:17 C'est une question majeure qui a été soulevée lors des conférences, du moins celle de ce matin.
02:22 Je vais rapporter ici les propos de Maître Vazereau,
02:24 avocate au barreau de Tours, ainsi que ceux de François Lavallière qui est magistrat.
02:28 Aujourd'hui, la justice pénale française est emprunt à un paradoxe
02:32 et ça concerne la notion de consentement qui n'a toujours pas sa place dans le code pénal français.
02:37 Une victime doit absolument démontrer qu'il y a eu absence de consentement
02:41 et pour le montrer, il faut prouver que l'infraction a été commise sous la contrainte,
02:46 la menace, par surprise et/ou avec violence.
02:49 S'il n'y a pas au moins une de ces quatre conditions,
02:52 la justice est dans l'impossibilité de condamner l'auteur présumé.
02:56 C'est un verdict qui est très violent pour les victimes
02:58 alors que d'autres pays européens ont déjà changé leur législation,
03:02 intégré leur notion de consentement, par exemple la Belgique, il n'y a pas très longtemps.
03:06 Il reste à savoir si la France est prête à faire de même.
03:08 – Et ce samedi, les associations féministes appellent d'ailleurs à une mobilisation ?
03:12 – Oui, tout à fait.
03:13 L'appel a été lancé par le réseau féministe 37
03:16 qui regroupe les différents organismes et associations
03:19 de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
03:23 Le rassemblement, c'est à partir de 14h30 rue Nationale devant le CCCOD.
03:27 [Silence]