27 novembre 2005 : la première greffe du visage au monde
Dans le jour où, tous les soirs du lundi au vendredi, le passé éclaire le présent : grâce à ses archives, la rédaction d'Europe 1 fait le récit d'un événement relié à l'actualité.
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Transcript
00:00 - Le César du meilleur acteur.
00:02 - Et puis on essayera un jour de faire une grande cantine.
00:04 - Gratos.
00:05 - Yes we can.
00:06 - Serginsbourg, bonjour.
00:07 - Il n'y a eu qu'un vainqueur, c'est l'espoir.
00:09 - Europe 1.
00:10 - Et à 7h24 sur Europe 1, c'est l'heure du jour où.
00:13 - Le 27 novembre 2005 au CHU d'Amiens, une première mondiale, la première greffe de visage.
00:19 L'événement est suivi par le monde entier.
00:21 La personne qui reçoit cette greffe est une femme de 38 ans, lors d'Autriche.
00:24 Elle avait été défigurée par son chien.
00:27 - Oui, cette pionnière s'appelle Isabelle Dinoir.
00:30 Lorsqu'un chirurgien lui a proposé de tenter une greffe du visage,
00:33 elle a dit oui à 100% parce qu'elle n'imagine pas sa vie sans visage.
00:37 Et pourtant, beaucoup de questions se posent à l'époque.
00:40 - Est-ce qu'un homme ou une femme saura vivre avec le visage de quelqu'un d'autre mort ?
00:45 Ou est-ce qu'il ne va pas se l'arracher ? C'est tellement violent.
00:48 - Le 27 novembre 2005, l'hôpital d'Amiens appelle Isabelle Dinoir.
00:52 Il y a une donneuse, quelqu'un qui a la même texture de peau qu'elle, le même groupe sanguin.
00:56 L'opération va durer 15 heures.
00:58 A son réveil, elle a un nez, des lèvres, des joues, pas de grande cicatrice, seulement un visage immobile.
01:04 Alors que ressent-on face au miroir ?
01:06 Deux mois plus tard, en février 2006, Isabelle Dinoir affronte les caméras du monde entier
01:10 lors d'une conférence de presse, avec à l'époque encore quelques difficultés pour articuler.
01:15 - J'ai un visage comme tout le monde.
01:18 Dès la sortie, je contreprends les agis de faillite et par la suite, une activité professionnelle.
01:25 Elle ressent des fourmis dans les joues, dans le menton.
01:28 C'est incroyable, les nerfs fonctionnent, dit-elle.
01:31 Et sa psychiatre explique qu'Isabelle Dinoir a accepté son nouveau visage tout de suite.
01:35 - Lorsqu'elle se regardait dans la glace avant la greffe, ça stimulait une zone de son cerveau
01:40 qui montrait qu'elle identifiait son visage comme étranger à elle-même.
01:43 Depuis l'intervention, quand elle se regarde dans la glace,
01:46 les parties du cerveau qui sont stimulées montrent qu'en fait, elle s'identifie comme elle-même.
01:51 Mais elle doit vivre avec le risque de rejet.
01:54 Les chirurgiens qui l'ont opéré, les professeurs Dubernard et Devauchel des CHU d'Amiens et de Lyon
01:59 sont les invités de Jean-Pierre Elkabache sur Europe 1.
02:01 - Il est impossible de prédire l'avenir quand on est dans une première.
02:06 Elle a déjà présenté un épisode de rejet.
02:08 Le rejet, on le décèle sur des prélèvements de peau.
02:11 Donc on est obligé de faire des petits trous qui laissent des petites cicatrices.
02:14 30 grèves du visage seront pratiquées dans les années qui suivent à travers le monde.
02:18 Et le défi aujourd'hui, ce n'est plus la grève du visage en elle-même,
02:21 mais c'est d'améliorer la tolérance aux médicaments anti-rejet.
02:25 - Merci. Lors d'Autriche, réalisation sonore Sébastien Guidi.