Didier Bonneau, directeur adjoint de l'Institut Pasteur de Lille, invité du 6-9 de France Bleu Nord

  • l’année dernière
À l'aube de son 130e anniversaire, l'Institut Pasteur de Lille met en avant ses travaux et lance un appel aux dons pour continuer à financer ses recherches. Didier Bonneau, le directeur général adjoint de l'Institut, était l'invité ce lundi du 6-9 d France Bleu Nord.
Transcript
00:00 Bonjour Didier Bonneau, l'Institut Pasteur à l'aube de cet anniversaire à Lille, c'est environ 600 scientifiques
00:06 de la recherche bien évidemment sur les maladies et leur traitement, mais aussi toute la partie prévention
00:10 avec les examens que vous réalisez. Si on reste sur cette partie recherche, les gros dossiers
00:14 sur lesquels travaille en ce moment vos équipe, ce sont lesquels ?
00:17 Nous avons plusieurs dossiers, nous avons d'abord un nouveau vaccin nasal
00:22 qui a été développé par les docteurs Camille Loche et Nathalie Melchirek.
00:26 Ce qui est important avec ce vaccin nasal, c'est qu'il va pouvoir être donné à des petits bébés de moins de six mois.
00:32 Vaccin nasal, je précise, contre la coqueluche.
00:34 Contre la coqueluche, tout à fait, en une dose unique et sans effet secondaire.
00:38 Vous avez un deuxième médicament qui est aussi en train d'être développé contre la tuberculose
00:44 par le professeur Villon et le docteur Bollard.
00:47 La tuberculose, c'est la première cause de mortalité dans les maladies infectieuses
00:52 et c'est une tuberculose qui résiste aux antibiotiques.
00:54 Vous savez très bien que la résistance aux antibiotiques,
00:57 ce sera 30% des causes de décès dans les années qui viennent.
01:01 C'est vraiment une avancée assez importante.
01:04 Et ces recherches sur la coqueluche, sur la tuberculose, tout ça se fait à Lille dans vos laboratoires ?
01:08 Tout à fait, ça se fait à Lille, à deux pas d'ici,
01:11 sur un campus qui est vraiment dédié à la recherche, à la recherche de la santé et de prévention
01:17 dans les Hauts-de-France, mais à rayonnement français aussi international.
01:21 Ce sont des recherches qui parfois prennent énormément de temps
01:23 parce que par exemple, ce traitement contre la tuberculose,
01:25 je voyais que les recherches ont débuté en 1997,
01:29 c'est-à-dire qu'il faut quasiment 25 ans aujourd'hui pour arriver.
01:31 Oui, et c'est la même chose pour la coqueluche.
01:33 Ça fait plus de 30 ans que le docteur Loche travaille sur ce vaccin
01:37 qui lui est pratiquement en phase 3, c'est-à-dire qu'il est juste avant la mise sur le marché.
01:43 Donc évidemment, ça peut toujours être un échec dans les prochaines années,
01:48 mais c'est vraiment très très proche de la réussite.
01:50 C'est une très belle réalisation qui a été développée entièrement à l'Institut Pasteur de Lille
01:55 en collaboration bien évidemment avec les autres tutelles.
01:59 Et les médicaments, les maladies, les traitements sur lesquels vous allez travailler maintenant dans les années à venir,
02:04 est-ce que vous avez ciblé vraiment des maladies, des pathologies particulières
02:07 ou vous restez toujours très éclectique ?
02:09 Il y a toutes les pathologies, mais il y a quand même un centre Alzheimer
02:13 avec le docteur Jean-Charles Lambert qui est extrêmement important
02:17 et il a mis au point un score de risque génétique pour prédire la survenue des symptômes
02:22 et tout ceci pour faciliter le développement des traitements.
02:27 Mais vous avez aussi un autre développement, un test diagnostique de la tuberculose multirésistante
02:33 recommandé par l'OMS qui a été développé par le docteur Supply
02:37 en collaboration avec une biotech implantée à l'Institut Pasteur de Lille
02:42 depuis plus de 15 ans, la biotech Genuscrime.
02:46 7h48 sur France Bleu Nord, c'est l'invitée du 6/9, nous recevons Didier Bonneau,
02:51 le directeur général adjoint de l'Institut Pasteur de Lille.
02:54 On entend dans ce que vous nous dites Didier Bonneau, que vos chercheurs travaillent sur énormément de pathologies différentes
02:59 avec des traitements vraiment du quotidien qui sont mis au point encore une fois à Lille.
03:03 Un traitement pour le coup qui a été arrêté, c'était pendant la crise du coronavirus,
03:07 un médicament justement contre la Covid, médicament qui n'a jamais vu le jour,
03:11 pourquoi est-ce que tout ça a été arrêté ?
03:13 - La Covid était beaucoup moins importante, il n'y avait plus de possibilité de faire de tests
03:19 et nous avions aussi épuisé les 5 millions d'euros qui nous avaient été donnés par LVMH
03:24 et qu'il n'y avait plus les moyens pour continuer les recherches et les essais cliniques quant à ce médicament.
03:30 - Ce n'est pas dommage, c'est le jeu de la recherche d'arrêter des travaux alors que vous n'étudiez,
03:38 on vous a quand même donné 5 millions d'euros.
03:39 - Oui, mais c'est le jeu de la recherche et comme vous le savez, pour une dizaine, une vingtaine de pistes,
03:44 il n'y en a peut-être qu'une qui va marcher.
03:46 La deuxième chose, c'est que nous sommes une fondation et les moyens sont limités,
03:50 donc nous ne pouvons dépenser que l'argent que nous avons eu
03:52 et nous avons fait le maximum dans le cadre budgétaire qui nous était imparti.
03:57 - On va revenir sur cet aspect fondation Didier Bonneau,
03:59 mais juste avant l'Institut Le Pasteur a aussi été marqué ce dernier mois
04:02 par le départ de son directeur général Xavier Nassif,
04:06 alors il y a eu une mise à pied ensuite, il a dit qu'il était parti pour différences de points de vue,
04:10 sans rentrer dans les détails, est-ce que cette situation est en train de se régler ?
04:13 Est-ce que vous allez avoir bientôt un nouveau directeur général ?
04:15 Parce que c'est vous en attendant qu'il fête l'intérim,
04:18 est-ce que quelqu'un va prendre la place de directeur ?
04:21 - Le directeur général de l'Institut se doit d'être un scientifique
04:25 pour pouvoir parler à la communauté scientifique,
04:27 aussi bien française, régionale qu'internationale.
04:30 Le processus a été lancé, il est en cours,
04:33 nous avons un search committee qui est présidé par le professeur Louvard,
04:38 et nous avons eu 15 à 20 candidatures,
04:42 et nous avons présélectionné 4 candidatures qui vont passer en audition en début d'année prochaine.
04:49 Nous pensons que vis-à-vis des délais qui sont en partie,
04:53 le conseil d'administration pourra nommer le directeur général
04:56 sur présentation de son président au plus tard au mois de juin,
05:00 avec une prise de fonction au plus tard, je l'espère, en septembre 2024.
05:04 - Donc pour la rentrée prochaine,
05:06 après 130 ans d'existence d'Ilie Bonneau, l'Institut Pasteur de Lille,
05:09 vous l'avez souligné, est une fondation privée,
05:11 donc vous fonctionnez avec une part de subvention,
05:14 mais qui est minime, des appels à projets,
05:16 mais aussi des dons pour en grande partie.
05:18 Vous êtes touché, comme n'importe qui finalement, par l'inflation,
05:21 cela veut dire que vous attendez davantage de dons dans les années à venir ?
05:25 - Nous souhaiterions avoir un support accru par les dons,
05:29 je rappellerais que 75% de nos ressources sont des dons,
05:32 et ces dons pour le moment, la générosité du public,
05:37 on est une fondation populaire, tout le monde donne,
05:39 des petits dons, des plus gros dons,
05:41 par contre, la situation économique fait que les moyens des gens sont plus restreints,
05:46 et nos coûts augmentent, donc c'est vrai que nous faisons un appel à dons,
05:50 et tout le monde qui peut donner peut aller sur le site pasteurlille.fr
05:53 pour pouvoir soutenir la fondation.
05:56 - Qu'on soit en particulier aussi les entreprises,
05:58 puisque vous travaillez beaucoup avec les entreprises,
05:59 vous avez souligné tout à l'heure LVMH qui vous avait donné des dons.
06:01 - Tout à fait.
06:02 - Merci beaucoup Zidier Bonneau, directeur général adjoint de l'Institut Pasteur à Lille.
06:07 - J'étais directeur général par intérim si vous le vouliez,
06:09 mais c'est plutôt adjoint.
06:10 - En attendant la nomination, vous nous avez dit,
06:12 pour septembre prochain a priori d'un nouveau directeur général,
06:14 merci beaucoup d'ici là d'être venu sur France Bleu Nord ce matin.

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