Invité 8h15 : Marc Fesneau

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En déplacement à Orléans à l'occasion du forum Open AgriFood, le ministre de l'agriculture était l'invité de France Bleu ce mardi.

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00:00 Il est 8h20, rejoignez-nous, 02.38.53.25.25.
00:04 Venez participer à cette émission exceptionnelle ce matin sur France Bleu Orléans,
00:07 puisque avec vous Lydie, maintenant on accueille notre invité,
00:10 c'est Marc Faineau, le ministre de l'Agriculture.
00:12 Bonjour Marc Faineau, merci d'être là.
00:14 D'ailleurs on rappelle Marc que les auditeurs peuvent appeler pour poser toutes leurs questions au ministre de l'Agriculture.
00:21 Marc Faineau, vous êtes à Orléans ce matin pour participer à l'Open Agri-Food
00:24 qui réunit les agriculteurs et des acteurs de la filière agroalimentaire
00:27 pour discuter bien sûr de notre alimentation et de ce monde agricole qui aujourd'hui se pose beaucoup de questions.
00:32 Mais d'abord j'aimerais votre réaction suite à la libération des premiers otages,
00:38 les trois premiers otages franco-israéliens, ça a eu lieu là cette nuit.
00:42 Est-ce que comme Emmanuel Macron vous êtes extrêmement satisfait ?
00:46 C'est une réaction de soulagement évidemment.
00:49 C'est les plus jeunes otages que nous avions suite à l'attaque terroriste du Hamas.
00:54 Je pense aussi aux cinq otages franco-israéliens qui restent ou qui sont disparus à date
00:59 et sur lesquels nous cessons de multiplier les efforts pour essayer leur libération.
01:02 Puis je pense à tous les otages, à la vérité, au-delà des nationalités,
01:05 tous les otages qui au fur et à mesure sont libérés mais il en reste encore un certain nombre,
01:10 150 ou 200, c'est un nombre très important encore.
01:13 Et donc je pense que la trêve est nécessaire et que la trêve est nécessaire à la fois pour libérer les otages
01:17 et aussi pour des raisons humanitaires à Gaza.
01:20 Donc on a besoin de cette trêve à la fois pour libérer les otages et essayer de se redonner des perspectives,
01:24 j'ose pas dire de paix, mais en tout cas des perspectives de dialogue.
01:27 Une trêve qui va se poursuivre durant deux jours.
01:30 Marc Fesneau, vous êtes donc ici à Orléans, vous allez rencontrer le monde agricole tout à l'heure,
01:36 les agriculteurs qui ont exprimé dans de nombreux départements,
01:39 dans le Loiret, dans votre département aussi du Loiret-Cher la semaine dernière,
01:43 leur colère en retournant les panneaux d'entrée des villes et des villages,
01:46 l'initiative de la FNSEA et des jeunes agriculteurs.
01:48 Ils dénonçaient, ils dénoncent les normes européennes, le trop-plein de normes,
01:53 mais également les taxes auxquelles ils n'arrivent plus à faire face.
01:57 Vous avez entendu cette colère ?
01:59 Oui, il faut d'abord toujours être vigilant quand il y a des choses qui s'expriment
02:02 et quand des organisations syndicales ici agricoles expriment des choses,
02:05 il faut toujours être vigilant et attentif parce que je pense que d'abord c'est la moindre des choses dans le dialogue démocratique
02:09 et deux, il faut essayer de distinguer ce qui est parfois un sentiment, parfois un ressentiment,
02:13 puis parfois une réalité aussi.
02:15 Là ça s'exprimait très clairement dans tous les départements ?
02:17 Oui, ça s'est exprimé dans beaucoup de départements.
02:19 Qu'est-ce qu'on peut essayer de comprendre de ce que disent les agriculteurs ?
02:23 Le premier c'est sans doute le sentiment de sédimentation d'un certain nombre de règles depuis 20 à 25 ans.
02:29 Il y a toujours un moment où c'est le verre déborde,
02:32 avec des règles européennes qui parfois donnent le sentiment d'incohérence,
02:36 c'est-à-dire qu'à la fois au niveau européen on dit la souveraineté c'est un élément important
02:40 et en même temps on explique que l'objectif c'est quand même plutôt la décroissance de la production
02:44 et c'est là qu'il y a l'expression "on marche sur la tête"
02:47 et moi-même comme ministre de la Culture j'essaie de réintégrer l'idée qu'il faut marcher sur ses deux jambes,
02:52 ce qui est quand même toujours mieux et c'est plus confortable,
02:54 pour essayer de dire on a besoin d'effectuer les grandes transitions,
02:56 mais on a besoin aussi d'assurer transition écologique, transition climatique,
03:00 mais on a besoin d'assurer la production.
03:02 Et puis il y a des crises aussi sur un certain nombre de secteurs,
03:04 je pense au secteur du bio, vous en avez peut-être parlé,
03:06 enfin je crois que vous en avez parlé ce matin à l'instant.
03:09 Il y a un certain nombre de crises sectorielles qui sont des crises qui tiennent à des difficultés,
03:12 je pense à la grippe aviaire, tout ça.
03:14 Alors l'État est au rendez-vous à chaque fois.
03:16 La question d'ailleurs quand vous regardez dans les revendications,
03:18 elle n'est pas principalement budgétaire,
03:20 elle est principalement les normes et la volonté de pouvoir continuer à produire sur le territoire.
03:26 Donc c'est ça, c'est l'eau, c'est les phytos, c'est tout ça.
03:28 On va écouter justement l'un de ces agriculteurs, Cédric Boussin,
03:32 vous êtes en ligne avec nous, merci, éleveur du côté de Persangatiné,
03:37 vous êtes ancien président des Jeunes Agriculteurs.
03:39 Qu'est-ce que vous dites au ministre, vous ce matin Cédric Boussin ?
03:43 Bonjour à toutes et à tous, bonjour monsieur le ministre.
03:47 Ma question c'est en tant qu'agriculteur français,
03:49 en fait on doit répondre à tout un ensemble de quais et des charges,
03:54 de normes qui garantissent la qualité de notre production,
03:56 vous l'avez dit, que ce soit en conventionnel, sous la belle, en bio,
04:00 même en standard, ça c'est très très bien, c'est super.
04:04 Mais le problème c'est qu'on retrouve sur nos étals des normes alimentaires
04:07 qui ne répondent pas à ces critères, voire même
04:09 qui ont été élaborées avec des produits interdits en France.
04:12 Et moi je vous pose une question, à quand une loi qui régit
04:15 l'entrée de ces produits sur notre territoire,
04:18 ou un minima, un étiquetage qui permet que le consommateur
04:23 et que les agriculteurs ne soient pas bafoués vis-à-vis de tout ça ?
04:26 Réponse Marc-Henri ?
04:27 C'est la question des distorsions de concurrence que vous levez,
04:29 alors pour maîtriser ça mérite juste de s'arrêter deux secondes.
04:31 Il y a l'espace européen, nos concurrents allemands, espagnols, italiens,
04:35 là on ne peut pas réger puisqu'on est dans le marché commun, le marché unique.
04:38 Ce qu'il faut c'est que nous en France,
04:39 et j'essaie de me l'appliquer à moi-même,
04:41 on ne crée pas des normes que les autres ne s'appliquent pas dans les frontières européennes.
04:44 Parce qu'on ne peut pas venir imposer aux allemands et aux espagnols
04:46 si on n'en a pas parlé avant des règles.
04:48 Et parfois ce qu'on appelle la surtransposition.
04:50 La surtransposition française de règles européennes,
04:52 elle crée des distorsions de concurrence,
04:54 on l'a fait sur un certain nombre de produits.
04:56 Et après on ne peut plus rien faire parce que de toute façon on ne peut pas faire mieux.
04:58 Ça c'est pour l'espace européen ?
04:59 Ça c'est pour l'espace européen.
05:00 Et l'essentiel de notre concurrence, elle est dans l'espace européen,
05:04 contrairement à ce qu'on croit.
05:05 Et puis sur le lait, sur beaucoup d'espaces,
05:07 c'est les collègues européens qui sont nos concurrents.
05:09 Néanmoins amis, mais enfin c'est quand même des concurrents.
05:11 Et puis deuxième élément, c'est à l'extérieur,
05:13 c'est ce qu'on appelle les clauses miroirs.
05:14 Il faut qu'on développe dans les accords internationaux,
05:16 ou même sans les accords internationaux.
05:18 Parce que la plupart des relations commerciales aujourd'hui sont régies sans accords internationaux.
05:22 On met en place des clauses miroirs qui disent quand tel produit est interdit,
05:27 dans l'espace européen, il doit être interdit pour les produits qui viennent de l'espace extérieur.
05:31 C'est ce qu'on a fait, ce que j'ai activé, c'est ce qu'on appelle la clause de sauvegarde,
05:34 ce qu'on a activé cette année sur la production de cerises
05:36 avec des produits qui sont interdits dans l'espace européen,
05:38 et qui donc ne doivent pas rentrer avec ces produits-là dans l'espace commercial européen.
05:43 Notre interlocuteur a raison, sinon on crée une distorsion qui est intenable.
05:46 Voilà pour la réponse Cédric Boussin.
05:49 Merci à vous d'avoir appelé.
05:50 Marc Fesneau, la semaine dernière, l'Europe a autorisé la prolongation,
05:53 l'utilisation du glyphosate pour 10 ans supplémentaires,
05:57 alors qu'en 2017 Emmanuel Macron avait dit "nous l'interdirons".
06:01 C'est très compliqué, ça a été mal perçu par bon nombre d'agriculteurs.
06:06 Notamment les agriculteurs, on l'évoquait, il y a un instant,
06:09 les agriculteurs de la filière biologique aussi.
06:11 Ça ne concerne pas les agriculteurs de la filière biologique,
06:14 puisqu'ils n'utilisent pas le glyphosate et il n'y a pas de résidus de glyphosate,
06:17 donc ils ne peuvent pas faire un grief, c'est plutôt dans l'opinion publique.
06:20 Après, il faut assumer dans l'opinion publique parfois ce qui est plus incon...
06:23 On peut filer avec l'air du temps, c'est plus confortable, on se croit plus populaire.
06:27 La vérité c'est que partout où on peut réduire le glyphosate,
06:30 on essaie de réduire le glyphosate, la France...
06:31 Ça c'est la position de la France aujourd'hui.
06:33 C'est ce qu'a fait la France.
06:36 Nous sommes le seul pays du monde à avoir réduit la consommation de glyphosate de 30%
06:39 ces trois dernières années.
06:40 Personne ne peut me dire le contraire.
06:42 Deuxième élément, on a parfois des situations d'impasse.
06:45 Et c'est pour éviter des surtranspositions,
06:47 et au fond, on a le sentiment de dire aux agriculteurs "continuez à produire, continuez à produire",
06:50 mais je ne vous donne plus aucune capacité à le faire.
06:52 Je pense à l'agriculture de conservation des sols.
06:54 Qu'est-ce que c'est que l'agriculture de conservation des sols ?
06:56 C'est une agriculture où on ne laboure pas.
06:58 De temps en temps, on a besoin de mettre un peu de glyphosate.
07:00 Pas chaque année forcément, mais de temps en temps, on a besoin de mettre un peu de glyphosate.
07:03 Or, cette agriculture, elle stocke le carbone,
07:05 elle améliore la qualité du sol,
07:07 elle améliore la faune, la microfaune du sol,
07:09 et donc on a besoin de pouvoir se dire que là, on a une impasse,
07:13 et donc on a besoin de glyphosate, et puis partout, on peut le réduire, on le réduit.
07:16 Donc c'est ça la trajectoire, c'est ce qu'on a décidé de porter en France.
07:19 - Alors on va quand même retrouver notre agriculteur bio,
07:21 avec qui on était juste avant, Benjamin Trousslard.
07:25 Vous avez une question, justement, au ministre,
07:29 concernant votre secteur, vous dites "il faut nous soutenir plus franchement", c'est ça ?
07:33 - Oui, bonjour monsieur le ministre.
07:36 Ce que j'aurais envie de vous dire, et vous poser comme question,
07:41 c'est qu'on a appris l'année dernière, grâce à une étude franco-belge,
07:45 que le coût caché des pesticides pouvait représenter pour la France
07:48 plusieurs centaines de millions, voire milliards d'euros.
07:50 La question que j'aurais à vous poser, c'est de vous demander
07:53 pourquoi vous ne soutenez pas plus franchement
07:55 le modèle qui se passe très bien d'agriculture bio,
07:59 pardon, excusez-moi.
08:01 - De produits phytosanitaires, comme dans votre filière.
08:03 - Pourquoi vous ne soutenez pas plus franchement
08:05 l'agriculture bio qui se passe de glyphosate et de produits phytosanitaires de synthèse
08:09 dans un contexte de pouvoir d'achat, de baisse des consommateurs.
08:13 - Vous voyez qu'il y a un lien entre les deux, Marc Fesneau, qu'est-ce que vous répondez ?
08:15 - Non, il n'y a pas un lien entre les deux,
08:17 c'est pas un lien avec le glyphosate.
08:19 - Qu'est-ce que vous lui répondez ?
08:21 - Je réponds simplement que d'abord la situation est une situation de crise,
08:23 mais globalement c'est près de 700 millions d'euros
08:25 qui sont donnés chaque année à la filière bio.
08:29 Deuxième élément, c'est une filière qui était très dynamique.
08:31 On a une crise aujourd'hui qui est une crise de consommation
08:33 et là où notre interlocuteur a raison, il faut qu'on aide cette filière.
08:35 On a mis 70 millions d'euros de soutien d'urgence,
08:39 on va voir s'il y a des dispositifs complémentaires qu'il faut mettre
08:41 pour soutenir cette filière, mais la meilleure façon de la soutenir,
08:43 et je le fais sur votre antenne,
08:45 c'est de soutenir la consommation de produits bio.
08:49 On n'y arrivera pas s'il n'y a pas de consommateurs en face.
08:51 C'est valable sur toutes les filières, comme sur la filière bio.
08:53 On a besoin d'avoir des consommateurs.
08:55 Donc on va travailler sur la communication.
08:57 Le bio apporte un certain nombre de choses
08:59 qui ont été évoquées par notre interlocuteur.
09:01 Il faut qu'on respecte tous les modèles,
09:03 mais moi je pense qu'on a besoin d'un espace pour le bio.
09:05 Et le risque, c'est un risque de déconversion
09:07 où plus aucun agriculteur n'a envie d'aller vers le bio.
09:09 Donc il faut qu'on suscite la consommation
09:11 et c'est une affaire de communication.
09:13 - Merci beaucoup Marc Fesneau d'être venu ce matin.
09:15 On vous laisse filer à ce salon de l'Open Agri-Food.
09:17 Bonne journée.

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