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Dix otages israéliens devraient être libérés ce mardi contre 30 prisonniers palestiniens, après la libération hier de onze personnes, dont trois enfants français.

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Transcription
00:00 Depuis le 7 octobre, on essaie de mettre les mots justes.
00:03 C'est très difficile de trouver les mots justes.
00:05 Vous voyez cette bataille sémantique qui fait rage
00:08 parce que ce qui s'écrit,
00:10 ce n'est pas simplement l'histoire de destins brisés,
00:13 de destins personnels,
00:14 ni l'histoire d'Israël et des Palestiniens,
00:17 mais cela touche à l'histoire de l'humanité.
00:20 C'est pourquoi nous avons déposé des plaintes
00:22 pour crimes contre l'humanité,
00:24 que nous avons saisi la Cour pénale internationale,
00:27 parce que ce qui s'est passé là
00:29 est tellement réel en nombre et en gravité
00:31 que cela regarde toute l'humanité.
00:33 Il y a un enjeu d'écriture de l'histoire.
00:35 En vous écoutant, je pensais à deux, trois choses.
00:38 Je me disais que le terme "libération des otages"
00:41 est un terme trompeur.
00:43 Les otages sont relâchés après avoir été torturés.
00:47 Parce que ce que j'ai entendu,
00:49 les témoignages que vous avez décrits,
00:51 ce qui commence à remonter du terrain
00:53 de la part des otages relâchés,
00:55 c'est un parcours, ça porte un nom,
00:58 c'est de la torture.
00:59 Et il faut savoir, on parle beaucoup des attentes,
01:02 c'est votre question,
01:03 on parle beaucoup de ceux qui ont été relâchés,
01:06 mais je pense qu'on devrait parler plus
01:08 de ceux qui sont actuellement détenus,
01:12 qui sont retenus, et qui sont,
01:14 dont on sait quasi de façon certaine
01:16 qu'ils sont soit morts, soit torturés,
01:19 qu'il s'agisse de torture psychologique
01:21 ou de torture physique,
01:22 et pour les femmes, bien entendu, de viol,
01:25 cela a été également dit.
01:26 Et je pense que ce qui me frappe,
01:28 c'est que le corps social, la société,
01:30 ne semble pas avoir pris la mesure
01:32 de la gravité de cela.
01:35 Euh...
01:37 Je ne sens pas...
01:38 -Attendez, Maître, quand vous dites "la société",
01:41 vous parlez aussi des institutions.
01:43 J'entendais François Hollande,
01:45 l'ancien président de la République,
01:47 qui ne comprenait pas pourquoi le portrait
01:49 des 40 victimes franco-israéliennes
01:52 n'était pas affiché sur les bâtiments.
01:54 On pourrait se poser la question
01:56 de la mobilisation de ces hôtages.
01:58 -Oui, d'abord, une grande partie,
02:00 ils sont français, mais de façon générale,
02:02 je me souviens très bien de la mobilisation
02:05 dans notre pays lorsque certains de vos confrères
02:08 étaient détenus. Il n'y avait pas un journal
02:10 qui ne commençait pas par le rappel
02:12 du nombre de jours de détention.
02:14 -Ingrid Bettencourt, aussi,
02:16 qui était à la une de l'actualité.
02:18 -Pardon ?
02:19 -Ingrid Bettencourt, également,
02:21 avec une mobilisation à l'époque du président Sarkozy.
02:24 -La France s'était mobilisée dans ses profondeurs
02:27 et je ne sens pas cela.
02:28 Et vous savez, je suis de ceux qui pensent
02:31 que ceux qui ne sont pas choqués par ce qui est choquant
02:34 sont plus choquants que ceux qui ne les choquent pas.
02:37 Cet indifférence, ce sentiment de délaissement
02:39 est très violent et vraiment nous interroge
02:43 sur la capacité des générations présentes aujourd'hui
02:47 à réagir à un phénomène
02:51 d'une gravité inédite.

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