Trêve Israël-Hamas : "Pour Israël, c'est une obligation suprême de libérer les otages", selon l'ambassadrice d'Israël en France

  • l’année dernière
Alona Fisher-Kamm, ambassadrice, chargée d’affaires auprès de l’ambassade d’Israël en France, était mercredi 29 novembre la Grande témoin de la matinale de franceinfo. Elle répondait aux questions de Jérôme Chapuis.

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Transcription
00:00 - Bonjour Alona Fischer-Kamm. - Bonjour.
00:02 - Vous êtes chargée d'affaires d'Israël en France et grand témoin de France Info ce matin.
00:05 Merci d'être avec nous. La trêve se prolonge pour le sixième jour consécutif dans la bande de Gaza.
00:12 12 otages ont encore été libérés hier.
00:15 A chaque fois ce sont des images poignantes. Il reste des dizaines d'otages aux mains du Hamas.
00:20 On a du mal à imaginer que les hostilités puissent reprendre dans ces conditions.
00:25 Tout ça, est-ce que ça ne nous amène pas naturellement à un cessez-le-feu ?
00:29 - Je ne crois pas parce que la guerre qui a été imposée sur Israël par Hamas a deux objectifs.
00:39 Tout d'abord libérer les otages. Et nous sommes très loin de ça.
00:44 Comme vous le savez bien, vous l'avez dit, on a plus de 150 otages encore à Gaza.
00:51 Et ils ne font pas partie de cet accord.
00:59 Et deuxièmement, pour nous il est inadmissible qu'il y ait encore un dispositif militaire de Hamas
01:06 et que le Hamas règne encore à Gaza.
01:09 - Mais ces deux objectifs, c'est-à-dire la libération des otages et l'éradication de la branche militaire du Hamas,
01:16 à court terme, est-ce qu'ils sont compatibles ?
01:19 - Malheureusement, il faut bien comprendre que Hamas n'aurait jamais accepté un accord sur les otages
01:26 s'il n'y avait pas une force militaire.
01:29 Ça, ça doit être très clair. C'est un groupe terroriste, c'est un groupe qu'on ne peut pas faire confiance.
01:35 Et donc ils se sentaient vraiment très très menacés jusqu'au point d'accepter une sorte d'accord.
01:42 Je crois que sans aucune pression militaire de la part d'Israël, il n'y aurait pas cet accord.
01:49 Donc ils sont compatibles, je le dis malheureusement.
01:52 - Avant de continuer de parler des buts de guerre israélien, il faut quand même que vous nous donniez les dernières nouvelles de ces otages.
02:00 Notamment, ici en France, évidemment, on s'intéresse aux trois enfants qui ont la nationalité française,
02:04 qui ont été libérés avant hier soir.
02:06 Quelles sont les nouvelles ce matin ? Est-ce que vous en avez ?
02:09 - Bon, écoutez, nous n'avons pas encore débriefé des enfants, parce qu'il faut bien comprendre qu'ils sont très traumatisés.
02:17 Ils étaient tout seuls parfois dans les tunnels.
02:23 Donc on va attendre un tout petit peu.
02:27 Mais on a entendu déjà de ses proches, des familles, et même ici en France,
02:33 il y avait quelques témoignages des conditions et que ces enfants ont été détenus.
02:42 - Qu'est-ce qu'ils vous décrivent ?
02:44 - Bon, ce qu'ils disent, malheureusement, c'est qu'ils étaient mal nutris.
02:49 Ils étaient parfois frappés.
02:52 Et frappés aussi au moment où ils ont été détenus par les Gazaouis, par la foule.
03:00 Et dans un cas, on sait qu'un enfant de 12 ans devait voir les vidéos des atrocités de Hamas.
03:12 Et à maintes reprises, et chaque fois qu'il...
03:15 - À plusieurs reprises, on l'a obligé à regarder ces fameuses vidéos.
03:19 - On l'a obligé, et il a été menacé avec des armes.
03:21 Avec des armes, et chaque fois qu'il pleurait.
03:25 Maintenant, il faut bien comprendre, vous connaissez bien l'effet du vidéo
03:30 qu'on avait diffusé avec les images prises par Hamas.
03:35 Mais dans ce cas-là, il faut bien comprendre que c'est un enfant de 12 ans
03:39 qu'il a vu tout seul, séparé de son père, sans aucun filtre.
03:47 Il a tout vu, et peut-être, je ne sais pas, les images étaient des gens qu'il connaissait.
03:52 Parce qu'ils étaient du même village.
03:54 Donc ça devrait être quelque chose d'affreux, je ne peux pas imaginer.
03:59 - Quand il y a comme ça des binationaux franco-israéliens,
04:03 on rappelle qu'il y a encore 5 Français otages ou disparus,
04:06 comment est-ce que travaillent les autorités des deux pays ?
04:08 Vous êtes en lien permanent avec le Quai d'Orsay ?
04:11 - Bien sûr qu'il y a tout le temps un dialogue ouvert
04:16 entre les deux ministères des Affaires étrangères, et aussi sur ce sujet-là.
04:23 Pour Israël, c'est une obligation suprême de libérer les otages.
04:30 Et nous avons dit depuis le début que nous allons faire le maximum.
04:33 Et nous avons utilisé tout ce qu'on a, tous les moyens possibles
04:37 pour libérer les otages, quelle que soit leur nationalité.
04:42 Donc bien sûr qu'il y a tout le temps un dialogue ouvert,
04:45 c'est un sujet qui préoccupe les Français, qui préoccupe les Israéliens.
04:50 Il y a d'autres pays qui ont des otages aussi.
04:55 Et j'espère bien que bientôt on pourra avoir de nouvelles, de bonnes nouvelles.
05:02 - Sachant donc que cette trêve, elle est toujours vraiment très provisoire,
05:06 on en est au sixième jour, elle est renouvelée chaque jour.
05:08 Et tout cela suscite d'ailleurs beaucoup de débats dans la société israélienne.
05:12 Mais aussi des critiques.
05:13 La stratégie israélienne est interrogée par des pays qui sont des alliés d'Israël,
05:19 notamment la France.
05:21 Des critiques sur les bombardements israéliens.
05:23 Est-ce que vous les entendez, ces critiques, sur le fait que ces bombardements
05:27 créent des dégâts absolument énormes et énormément de victimes civiles palestiniennes ?
05:34 - Je dirais encore plus. Non seulement que nous entendons les critiques,
05:38 nous comprenons bien qu'il ne faut pas, ou il faut minimiser les dégâts et les pertes de vie.
05:48 Ça c'est très clair pour nous, ce n'est pas de notre intérêt de viser des civils.
05:52 - Mais justement, il y a beaucoup de gens ici en France qui disent
05:54 que ça ne peut pas être l'intérêt d'Israël de continuer à bombarder la bande de Gaza.
05:59 - C'est l'intérêt d'Israël de mettre fin à Hamas comme régime.
06:03 Et je crois que c'est aussi l'intérêt des Gazaouis et l'intérêt des Palestiniens
06:08 de mettre fin au régime de Hamas.
06:12 C'est un régime qui est une sorte de punition pour les Palestiniens même.
06:17 Écoutez, ils utilisent leur propre population comme bouclier humain.
06:21 Ce n'est pas normal.
06:22 Au lieu de développer Gaza, parce qu'il n'y avait pas d'occupation israélienne à Gaza,
06:27 Israël s'est retiré de Gaza en 2005.
06:29 C'est ce qu'ils ont fait, c'est de faire souffrir leur propre population.
06:33 Donc c'est l'intérêt de tous.
06:34 - Et ce sera ma dernière question, la guerre va reprendre, c'est écrit ?
06:38 - Je crois que si, oui. Malheureusement.
06:40 - Merci beaucoup Alona Fischer-Kamm d'avoir été ce matin le grand témoin de France Info.
06:45 Je rappelle que vous êtes ambassadrice et chargée d'affaires d'Israël ici en France.

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