Table ronde et partage d’expériences-7juin2023

  • l’année dernière
Table ronde inspirante et partages d’expériences venues d’ailleurs :
·Isabelle Doresse, membre du Conseil économique, social et environnemental, vice-présidente dʼATD Quart Monde France,
Membre du conseil scientifique du Conseil national de lutte contre les exclusions
·Julien Adda, directeur du réseau Cocagne, membre du réseau TErritoires à VivreS, membre du Comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire
·Olivier Vilt, Abej-solidarité, cadre socio-éducatif en charge du dispositif « Un Chez-soi dʼabord » de la métropole lilloise
·Sylvie Payan et Anne Robillard, Ville de Paris, en charge de lʼexpérimentation territoire 0 non recours
Transcript
00:00:00 ...
00:00:19 -Allez, je vous laisse 28 secondes pour prendre place,
00:00:22 couper les téléphones et puis on va redémarrer.
00:00:25 ...
00:00:35 ...
00:00:45 ...
00:00:55 ...
00:01:05 ...
00:01:25 Tout le monde a pris place ?
00:01:27 Les micro-conférences internes sont terminées ?
00:01:32 Pas tout à fait ?
00:01:35 ...
00:01:39 Allez, on va y aller.
00:01:41 Je vous rappelle que là, on est sur une table ronde
00:01:44 qui va nous permettre de découvrir 4 expériences
00:01:47 qui sont menées sur d'autres territoires,
00:01:49 sur des sujets qui sont extrêmement divers
00:01:51 et qui vont nous permettre de réfléchir
00:01:54 à peut-être une autre manière de voir l'action sociale
00:01:58 et en tout cas à de nouvelles pistes
00:02:01 pour y arriver.
00:02:03 Nos intervenants, je vais essayer de le faire dans l'ordre.
00:02:07 Au plus près de moi, il y a Sylvie Payan et Anne Robillard
00:02:11 qui sont en charge de l'expérimentation
00:02:13 "Territoires, zéro non-recours".
00:02:16 Il y a ensuite, que je ne dise pas de bêtises,
00:02:19 Isabelle Dorès, qui est membre du Conseil économique,
00:02:22 social et environnemental, vice-présidente d'ADT Carmond
00:02:25 et membre du Conseil scientifique du Conseil national
00:02:28 de lutte contre les exclusions.
00:02:30 Ensuite, Olivier Vilt, qui est cadre socio-éducatif
00:02:33 en charge du dispositif "Un chez soi d'abord"
00:02:36 pour la métropole lilloise.
00:02:38 Et Julien Hadda, qui est directeur du réseau Cocagne,
00:02:41 membre du réseau "Territoires à vivre",
00:02:43 membre du comité national de coordination de la lutte
00:02:46 contre la précarité alimentaire.
00:02:49 Mesdames, Messieurs, une première question
00:02:51 pour faire le lien peut-être, justement,
00:02:53 avec ce qui s'est dit ce matin.
00:02:55 Est-ce que vous avez une réaction,
00:02:57 quelque chose qui vous a particulièrement marqué,
00:03:00 celui ou celle qui souhaite la parole, la prend,
00:03:02 prenant le micro, je vous en prie.
00:03:04 Isabelle.
00:03:08 -Merci beaucoup.
00:03:09 Merci de m'avoir invitée aussi ici
00:03:12 en écho à cette journée, à ce qui a été dit ce matin.
00:03:16 Moi, j'aurais plein de choses à commenter,
00:03:18 en effet, de ce qui a été dit ce matin.
00:03:20 D'abord, je voudrais remercier Serge Pogamme
00:03:22 d'avoir rappelé aussi que les plus pauvres
00:03:24 contribuaient à la société, ce qui est souvent oublié.
00:03:26 En fait, ils ont une vraie contribution.
00:03:28 Entre autres, il y a une solidarité très forte
00:03:30 souvent entre les personnes en grande précarité.
00:03:32 Ca s'est beaucoup vu pendant le Covid.
00:03:34 Les personnes en précarité hébergent assez facilement chez eux,
00:03:37 ce qu'on ne ferait pas forcément alors qu'ils prennent
00:03:38 des gros risques en le faisant, souvent.
00:03:40 Enfin, voilà, il y a des choses qui sont importantes à rappeler
00:03:43 parce qu'on les ignore.
00:03:45 Et dans les liens qui se construisent,
00:03:47 donc les liens plus de participation élective ou organique,
00:03:51 ça me faisait penser à un projet qu'on a mené sur l'école
00:03:54 ou une réflexion où ce qu'on avait mis en avant,
00:03:57 c'est que pour les enfants les plus pauvres,
00:03:58 le plus important pour qu'ils réussissent à l'école,
00:04:00 c'était d'avoir des copains, en fait.
00:04:01 Et c'est ça qui leur permettait, en fait,
00:04:03 après d'être attentifs à l'école et de participer.
00:04:05 Et c'est pareil, il y avait des études faites aussi
00:04:07 dans les quartiers prioritaires de la ville
00:04:08 qui montraient que le plus important pour les collèges
00:04:10 qui fonctionnaient bien, c'était la solidarité
00:04:13 de l'équipe pédagogique en place.
00:04:14 Et donc, voilà, il y a vraiment l'importance des liens
00:04:17 et c'est des choses auxquelles on ne fait peut-être pas attention.
00:04:20 Après, je trouve très intéressant l'idée
00:04:22 de travailler sur les besoins essentiels
00:04:24 et de traduire beaucoup ces besoins essentiels
00:04:27 par la notion de droit auquel nous, on est très attachés.
00:04:30 Ce qu'on souhaiterait, c'est que la société
00:04:33 puisse donner les mêmes droits à tous,
00:04:35 quelle que soit sa condition sociale.
00:04:37 Et donc ça, les besoins essentiels
00:04:39 avec un service public universel,
00:04:41 c'est sans doute le bon moyen.
00:04:43 À condition toutefois de ne pas réfléchir
00:04:46 à ces besoins essentiels selon la pyramide de Maslow,
00:04:49 par exemple, quand on a fait un travail universitaire
00:04:52 avec des chercheurs, c'est une des premières choses
00:04:54 qu'on a démontées.
00:04:55 C'est les plus pauvres, c'est pas vrai qu'ils veulent d'abord...
00:04:57 Enfin, c'est pas parce qu'on est sans toit
00:04:58 qu'on est sans pensée.
00:04:59 C'est pas vrai que quand on pense surtout
00:05:01 à se nourrir tous les jours,
00:05:02 on ne réfléchit pas au sens de sa vie.
00:05:04 Et donc, c'est très important de dire
00:05:07 que les plus pauvres doivent anticiper.
00:05:09 Les notions d'accompagnement, ça m'a fait beaucoup penser
00:05:12 aussi à France Travail actuellement,
00:05:15 qui veut conditionner le RSA
00:05:17 sous couvert de la 15-20 heures d'activité,
00:05:20 dont on ne sait pas trop la nature,
00:05:21 sous couvert d'accompagnement.
00:05:23 Et si on lit le rapport France Travail,
00:05:26 c'est un peu effrayant puisqu'on va,
00:05:27 dès le premier rendez-vous,
00:05:28 mettre les gens dans un parcours d'orientation
00:05:31 et l'orientation sera faite apparemment
00:05:34 selon des critères préétablis.
00:05:37 Voilà.
00:05:38 Donc, c'est un peu le contraire de prendre du temps
00:05:40 et d'avoir un accompagnement adapté.
00:05:43 Je pense que la notion de territoire aussi
00:05:45 qui a été évoquée est très importante.
00:05:46 Je crois que c'est à partir de là
00:05:47 qu'on pourra reconstruire des solidarités locales
00:05:49 et des liens et que c'est bien aujourd'hui
00:05:51 des politiques un peu ascendantes qui doivent se faire
00:05:54 et non pas la politique descendante habituelle en France.
00:05:58 Voilà.
00:05:59 Et oui, je trouvais important aussi de rappeler
00:06:01 que le lien social doit impliquer tout le monde.
00:06:03 C'est aussi un de nos principes.
00:06:04 C'est-à-dire que les plus pauvres sont en général
00:06:06 tellement ignorés, tellement bafoués,
00:06:08 tellement stigmatisés qu'on n'a rien à gagner
00:06:10 sur la division des autres et qu'on doit plutôt rallier
00:06:13 tout le monde au combat de la lutte contre la pauvreté.
00:06:16 J'ai peut-être été un peu longue, mais...
00:06:18 On est là pour échanger.
00:06:20 Est-ce qu'il y a d'autres réactions ?
00:06:22 Oui, merci.
00:06:25 Il y aurait effectivement beaucoup de choses à dire
00:06:27 tant le débat a été riche et notamment avec monsieur le maire.
00:06:31 Moi, du point de vue des jardins de cocagne,
00:06:33 qui sont des jardins, des fermes biologiques d'insertion
00:06:36 sur tout le territoire et notamment ici à Lefrincou,
00:06:39 il y a eu beaucoup de réflexions qui me sont venues.
00:06:41 Je vais commencer à nos amis de Lefrincou
00:06:43 en écoutant le débat, pour plein de raisons.
00:06:45 D'abord, parce que nous, pour la période Covid,
00:06:47 pour la première fois, les personnes qui étaient dans les jardins,
00:06:51 qui sont donc des personnes très éloignées de l'emploi,
00:06:54 des personnes en situation de précarité,
00:06:56 qui cumulent un certain nombre de précarités
00:06:58 et donc de stigmatisations,
00:07:00 ont été, bizarrement, par le fait qu'ils travaillent
00:07:03 dans le milieu agricole, considérés comme des personnes
00:07:05 dites relevant d'activités essentielles
00:07:07 et donc autorisées à retourner travailler.
00:07:10 Et là, alors stupéfaction dans la population,
00:07:14 puisque tout le monde était enfermé,
00:07:16 il y a eu une période de flottement,
00:07:18 10 jours, 15 jours,
00:07:20 et ensuite il y a eu la possibilité de retourner travailler.
00:07:22 Donc pour la première fois, ces personnes étaient essentielles
00:07:24 retournement de situation.
00:07:26 Les bénévoles se pressaient au port des jardins
00:07:29 parce que tout le monde voulait se barrer de chez soi
00:07:31 pour aller, évidemment, se retrouver essentiel,
00:07:33 mais si, si, je peux faire du sachet,
00:07:35 je suis essentiel dans le champ,
00:07:36 je vais aller ramasser de la carotte,
00:07:37 personne ne savait faire quoi et qu'il se coco de rien.
00:07:40 Mais voilà.
00:07:41 Et donc là, il y a eu une période,
00:07:43 donc il a dit ça, quoi,
00:07:45 il a dit une ouverture,
00:07:47 alors depuis, évidemment,
00:07:49 c'est terminé tout ça,
00:07:51 mais il y a eu ce moment-là,
00:07:53 donc c'est quand même fondateur, quoi.
00:07:55 Il y a bien un moment où cette période-là
00:07:58 retourne complètement la situation
00:08:00 pour ces personnes-là.
00:08:02 Donc ça m'a beaucoup parlé,
00:08:03 et une reconnaissance sociale,
00:08:05 j'y reviendrai parce qu'après, évidemment,
00:08:07 la question c'est, est-ce qu'il y a un monde d'après,
00:08:10 ou est-ce que c'est une foutaise,
00:08:12 ou est-ce que le pacte des solidarités
00:08:15 qu'évoque le maire,
00:08:17 c'est effectivement cette obligation
00:08:19 de donner une suite,
00:08:21 et notamment des responsabilités collectives,
00:08:23 et d'essayer de trouver la place des uns et des autres
00:08:25 dans ces responsabilités.
00:08:27 Alors ça, c'était le premier niveau de réflexion,
00:08:28 mais je pense qu'on y reviendra,
00:08:30 en tout cas, moi, j'y reviendrai
00:08:31 sur ce qu'on a voulu faire pour donner,
00:08:33 pour essayer de concrétiser le fameux "faire ensemble",
00:08:35 parce que c'est un peu un slogan,
00:08:39 "faire ensemble, faire ensemble",
00:08:41 après, concrètement, c'est plus compliqué.
00:08:43 Donc ça, j'y reviendrai.
00:08:44 Non, j'ai beaucoup pensé à nos amis du Jardin,
00:08:46 parce que sur la question des liens,
00:08:48 des liens qui oppressent,
00:08:49 des liens qui libèrent, etc.,
00:08:51 la spécificité du Jardin,
00:08:53 chez nous, c'est effectivement que,
00:08:55 pour les personnes en situation de précarité,
00:08:57 parmi les liens qui oppressent,
00:08:59 il y a cette question du monde du travail.
00:09:01 Et c'est vrai que le monde du travail, aujourd'hui,
00:09:04 parmi les liens qui oppressent le plus,
00:09:06 c'est le monde du travail.
00:09:08 C'est le monde du travail qui n'est pas spécialement
00:09:11 parmi les liens qui libèrent.
00:09:13 C'est plutôt, pour les personnes
00:09:16 qui n'ont pas forcément, évidemment,
00:09:19 le bon niveau de qualification, etc.,
00:09:21 c'est une expérience sociale qui oppresse,
00:09:24 ou du moins qui exclue, etc.
00:09:26 Donc la question, et donc le travail social,
00:09:30 c'est comment remettre le travail dans la vie des gens,
00:09:33 et comment faire en sorte que le travail
00:09:35 devienne un lien qui libère.
00:09:37 Et c'est très compliqué, cette articulation symbolique-là.
00:09:40 Symbolique et pratique.
00:09:42 Et là, la relation à la terre
00:09:44 et à la fabrication biologique des légumes, etc.,
00:09:48 est quelque chose d'une alchimie particulière.
00:09:50 Et des observateurs fins des jardins extérieurs
00:09:53 louent le travail absolument remarquable
00:09:55 de l'accompagnement de l'encadrement technique.
00:09:58 C'est un métier très spécifique.
00:10:00 Et donc il y a bien un métier qui génère,
00:10:03 qui fait que le travail devient
00:10:05 d'une situation oppressante à une situation de libération.
00:10:08 Et quelle est cette personne qui arrive
00:10:10 à créer ce passage d'une oppression
00:10:13 à une émancipation par le travail ?
00:10:16 Il faut le voir pour le croire.
00:10:18 C'est très particulier.
00:10:20 C'est à la fois des gens qui donnent confiance,
00:10:23 qui cadrent, qui responsabilisent,
00:10:26 qui s'individualisent.
00:10:28 C'est très particulier.
00:10:30 Je leur rends hommage là-dessus.
00:10:32 C'est un point central.
00:10:34 J'ai pensé à eux aussi sur la question
00:10:37 du rapport à l'alimentation,
00:10:39 sur les fameuses inégalités
00:10:41 sur ce rapport à l'alimentation
00:10:43 qui est on ne peut plus segmentant.
00:10:45 Comment l'alimentation classe et déclasse ?
00:10:49 C'est-à-dire que par définition,
00:10:51 il y en a qui font sécession sur l'alimentation.
00:10:53 Il y a ceux qui mangent gastronomique
00:10:55 et qui ont une représentation gastronomique
00:10:57 de la cuisine française.
00:10:59 Et ceux qui vont se définir
00:11:01 par ceux qui peuvent manger.
00:11:03 Moi, qui vis dans un quartier extrêmement populaire
00:11:06 du nord de Paris, je vois très bien
00:11:08 ce que ça veut dire le fast-food d'aujourd'hui
00:11:11 et les conditions sanitaires que ça crée dans la population.
00:11:14 Ce qu'on mange aujourd'hui définit
00:11:16 là où on habite et ce que notre corps va devenir.
00:11:20 De ce point de vue, le travail que mène
00:11:23 la démocratie alimentaire et la réorganisation territoriale
00:11:26 de l'accès à une alimentation de qualité,
00:11:28 c'est ce que font les jardins dans l'espace territorial.
00:11:31 C'est ça qui est à l'origine.
00:11:33 Ce que j'essaie de dire, c'est que nous,
00:11:35 on essaie concrètement de transformer
00:11:37 les éléments d'analyse qu'a évoqué Serge Foucault.
00:11:40 On essaie de le transformer concrètement
00:11:42 sur le territoire en quelque chose.
00:11:44 Merci. Est-ce qu'il y a une autre réaction complémentaire ?
00:11:47 Oui.
00:11:48 Bonjour. Peut-être simplement rapidement
00:11:51 sur la question de la sécurité
00:11:53 et l'initiative de la municipalité
00:11:56 sur la mise à disposition des transports gratuits.
00:11:59 Je trouve que ça part d'un rêve un peu dingue,
00:12:02 mais que finalement, le rêve est devenu réalité.
00:12:05 En tout cas, je trouve que c'est intéressant
00:12:07 sur le plan de la capacité à se requestionner,
00:12:10 à se réorganiser.
00:12:12 Je me faisais la réflexion que finalement,
00:12:14 un bus, c'est fait pour aller vers.
00:12:16 L'aller vers, c'est ce qu'on est censé,
00:12:18 nous, en tant que travailleurs sociaux,
00:12:20 pouvoir faire en direction des personnes
00:12:22 qui sont le plus éloignées,
00:12:24 justement pour les accompagner à revenir vers nous
00:12:27 et à revenir vers la société.
00:12:29 Je me disais peut-être que dans ces bus gratuits,
00:12:31 ils doivent devenir plus que des bus,
00:12:33 mais des services publics,
00:12:36 puisqu'ils semblent qu'ils soient très bons
00:12:38 et bien organisés et très accueillants sur la commune.
00:12:41 Peut-être que ça pourrait être des bus
00:12:43 qui distribuent des services
00:12:45 et plutôt que d'aller faire un aller-retour
00:12:47 entre guillemets à vide
00:12:49 d'un point A jusqu'au terminus
00:12:51 pour faire du terminus pour revenir jusqu'au point A.
00:12:54 Il pourrait y avoir dans le bus
00:12:56 des gens qui chantent pour mettre de l'ambiance,
00:12:58 un bureau de la CPAM,
00:13:00 un bureau du pôle emploi, une permanence.
00:13:02 C'est un peu le cas, enfin, ce n'est pas tout à fait le cas.
00:13:04 Ça a été le cas par moment.
00:13:06 Je ne suis pas le spécialiste,
00:13:08 peut-être que certains pourront compléter.
00:13:10 En tout cas, il y a des bus dédiés à l'emploi
00:13:12 où les gens sont sensibilisés,
00:13:14 où il y a des offres d'emploi qu'ils peuvent trouver.
00:13:16 En tout cas, je trouvais ça sacrément chouette.
00:13:18 Et en plus, je me disais,
00:13:20 finalement, ça peut aussi être
00:13:22 générateur d'emploi pour des gens
00:13:24 qui ont réussi
00:13:26 à retrouver un boulot,
00:13:28 de dire, "Oui, en fait, moi, je prends le bus
00:13:30 pour aller au travail, mais si tu veux, je t'emmène
00:13:32 jusqu'à mon entreprise,
00:13:34 je t'emmène jusqu'au pôle emploi
00:13:36 et je te fais part de mon expérience en même temps
00:13:38 et mon expérience, peut-être, pourra nourrir
00:13:40 ton énergie à toi-même
00:13:42 à l'ESER."
00:13:44 Je trouve que finalement,
00:13:46 on dépasse la double contrainte
00:13:48 et on alimente
00:13:50 ma capacité à plaidoyer
00:13:52 pour moi-même et finalement,
00:13:54 ma capacité à plaidoyer
00:13:56 pour les autres.
00:13:58 Merci.
00:14:00 Vous souhaitez compléter ou...
00:14:02 Je vous en prie. Non ? Écoutez, gardez
00:14:04 en tout cas toutes les deux Anne-Sylvie le micro.
00:14:06 Je vous ai présenté tous sommairement,
00:14:08 mais peut-être que ça serait intéressant pour que chacun
00:14:10 comprenne bien qui parle et pourquoi,
00:14:12 que vous vous représentiez
00:14:14 en portant également à la fois votre structure
00:14:16 et puis l'expérimentation
00:14:18 que vous portez.
00:14:20 On va commencer par ça.
00:14:22 Je vous en prie, on fera passer le micro,
00:14:24 comme ça on va faire des allers-retours.
00:14:26 Bonjour à tous. Merci de nous accueillir
00:14:28 aujourd'hui. Moi, je suis
00:14:30 Sylvie Payan, je suis directrice d'un espace
00:14:32 parisien des solidarités à Paris,
00:14:34 celui qui est implanté et à destination
00:14:36 des habitants du 10e arrondissement.
00:14:38 Anne Robillard, je te laisse.
00:14:40 Moi, je suis Anne Robillard,
00:14:42 je travaille à la direction des
00:14:44 solidarités de la ville de Paris, au bureau
00:14:46 de l'accès aux droits sociaux et j'ai été en
00:14:48 charge de l'expérimentation Territoires 0 non-recours
00:14:50 qu'on va vous présenter dans un instant.
00:14:52 Je commence par le contexte
00:14:56 et la présentation de la structure, c'est ça ?
00:14:58 Je vous en prie, voilà, tout à fait.
00:15:00 Vous le savez peut-être,
00:15:02 la ville de Paris a une particularité,
00:15:04 c'est d'être à la fois ville et département.
00:15:06 En termes d'action sociale, ça nous donne
00:15:08 quand même beaucoup de compétences.
00:15:10 L'expérimentation
00:15:12 qu'on va vous présenter s'inscrit
00:15:14 dans un projet de mandature,
00:15:16 puisque la maire de Paris et son équipe ont
00:15:18 souhaité, au début
00:15:20 du dernier mandat, une
00:15:22 réorganisation de l'action sociale à Paris.
00:15:24 Historiquement, l'action sociale à Paris était portée
00:15:26 par deux grandes institutions, le centre
00:15:28 d'action sociale de la ville de Paris, qui est historique,
00:15:30 il y a plus de 100 ans, 200 jours,
00:15:32 peut-être que j'ai dit des bêtises,
00:15:34 et puis la direction de l'action sociale qui avait
00:15:36 plutôt les compétences départementales.
00:15:38 Donc on a créé, il y a un an
00:15:40 maintenant, la direction des solidarités
00:15:42 de la ville de Paris, qui
00:15:44 allie les compétences
00:15:46 municipales, donc de pilotage
00:15:48 municipal et départemental.
00:15:50 Alors,
00:15:52 l'objectif de cette
00:15:54 création d'une direction des solidarités,
00:15:56 c'était de mieux articuler, évidemment,
00:15:58 les différentes compétences, d'un côté les opérateurs
00:16:00 et de l'autre côté les politiques publiques, mais c'était
00:16:02 surtout de mieux
00:16:04 se rapprocher des habitants
00:16:06 parisiens, il y a 2 millions d'habitants à Paris,
00:16:08 dans un objectif de
00:16:10 territorialisation qui traverse toutes les politiques
00:16:12 municipales parisiennes de ce mandat, mais qui nous
00:16:14 a été donnée à nous particulièrement,
00:16:16 avec la création justement des espaces parisiens
00:16:18 des solidarités. Donc il y avait
00:16:20 historiquement des casse-VP,
00:16:22 et aujourd'hui il y a des espaces parisiens des solidarités,
00:16:24 avec l'objectif dans ces espaces parisiens,
00:16:26 c'est à la fois, il y a toute
00:16:28 l'action sociale de proximité,
00:16:30 toute la délivrance des aides municipales
00:16:32 de la ville de Paris, qui sont quand même très très
00:16:34 nombreuses, mais aussi
00:16:36 une capacité d'ingénierie pour
00:16:38 aller travailler avec
00:16:40 les acteurs du territoire, avec l'idée
00:16:42 vraiment d'avoir au plus près des territoires
00:16:44 des entités qui sont en capacité, comme vous le dites
00:16:46 et comme le maire l'a dit depuis ce matin,
00:16:48 de faire travailler l'ensemble des acteurs
00:16:50 d'un territoire, d'un arrondissement en général.
00:16:52 Donc
00:16:54 le territoire zéro non-retour
00:16:58 est arrivé tout à fait à propos,
00:17:00 donc un des axes principaux de la réforme,
00:17:02 c'était mieux prévenir
00:17:04 les ruptures et les vulnérabilités,
00:17:06 et développer
00:17:08 l'accès au droit par une action
00:17:10 de plus grande proximité, mieux concertée
00:17:12 et en allant vers les habitants. Donc on a
00:17:14 saisi immédiatement cette proposition de l'Etat
00:17:16 dans le cadre d'un appel à projet, pour
00:17:18 développer ce territoire qui s'appelle
00:17:20 territoire zéro non-recours, et qu'on a
00:17:22 rappelé territoire d'accès au droit.
00:17:24 Merci pour cette présentation.
00:17:26 Isabelle, je vous passe la parole peut-être pour présenter
00:17:28 d'été carrement de ces valeurs
00:17:30 avant, et puis après
00:17:32 on reviendra sur nos sujets directement.
00:17:34 Merci beaucoup. Donc moi je ne vais pas vous
00:17:36 présenter forcément une expérimentation très précise
00:17:38 aujourd'hui, parce que l'expérimentation c'est un peu
00:17:40 notre ADN en fait, parce que notre idée
00:17:42 c'est vraiment de construire ensemble
00:17:44 avec les plus pauvres et avec leur participation.
00:17:46 Et donc on a expérimenté dans
00:17:48 beaucoup de domaines. On avait expérimenté
00:17:50 le RMI avant sa mise en place, on a expérimenté
00:17:52 territoire zéro chômeur longue durée,
00:17:54 on a expérimenté, voilà,
00:17:56 on a des expérimentations sur l'école inclusive, etc.
00:17:58 Donc on a un programme aussi
00:18:00 de valorisation des expériences
00:18:02 qui s'appelle OSEE. Voilà, donc
00:18:04 ATD Carremonde, pourquoi on fait ça ?
00:18:06 Donc d'abord ce qu'est ATD, ça signifie
00:18:08 agir tous pour la dignité, et vraiment
00:18:10 on a la conviction d'une égale dignité de tous.
00:18:12 Et ce qu'on veut c'est que cette
00:18:14 dignité de tous soit respectée par la société
00:18:16 et on pense que la condition pour qu'elle soit
00:18:18 respectée c'est vraiment que tous aient accès
00:18:20 au droit de tous. Donc
00:18:22 on pense aussi que l'objectif d'éradiquer
00:18:24 la misère est possible parce qu'on
00:18:26 est, pour nous, la grande
00:18:28 pauvreté, la misère c'est une construction
00:18:30 sociale, une construction humaine. C'est bien
00:18:32 parce que la société permet ça et qu'on a
00:18:34 moyen de faire autrement. Et on a
00:18:36 enfin, voilà, et un rapport
00:18:38 au Conseil économique et social de Joseph Rezinsky,
00:18:40 notre fondateur, a montré qu'en fait la misère
00:18:42 était violation des droits de l'homme.
00:18:44 Et donc on se bat, donc,
00:18:46 pour les droits fondamentaux des personnes.
00:18:48 Avec un peu trois refus,
00:18:50 le refus de la fatalité de la misère, ce que je viens d'expliquer,
00:18:52 de la culpabilité aussi
00:18:54 qu'on pose sur les personnes qui sont,
00:18:56 qui subissent cette misère,
00:18:58 c'est-à-dire on les rend souvent responsables de leur situation
00:19:00 et cette stigmatisation elle a plutôt
00:19:02 tendance aujourd'hui à s'accentuer dans une
00:19:04 société où l'individualisation est
00:19:06 forte. Et puis le gâchis humain
00:19:08 parce qu'en fait on a plein d'intelligence
00:19:10 qui peuvent beaucoup, qui pourraient
00:19:12 servir beaucoup à la société.
00:19:14 Je pense en particulier,
00:19:16 en ce moment je suis en train de réfléchir un petit peu, parce qu'en fait
00:19:18 les plus pauvres,
00:19:20 ils sont souvent très dépendants
00:19:22 des autres. Ils subissent toujours ce que décident
00:19:24 les autres pour eux et ils ont peu de capacités.
00:19:26 Et aujourd'hui on est dans la situation climatique
00:19:28 qu'on a citée un peu ce matin où
00:19:30 finalement on va dépendre
00:19:32 de choses qu'on ne maîtrise pas et
00:19:34 on n'aime pas maîtriser. L'homme n'aime pas
00:19:36 ne pas maîtriser parce qu'il veut toujours
00:19:38 et on est un peu incapable de s'adapter.
00:19:40 Et quand on parle de changement climatique, on parle beaucoup d'adaptation.
00:19:42 Et peut-être que les plus pauvres, finalement,
00:19:44 eux, ils ont appris un peu plus à s'adapter tout le long de leur vie.
00:19:46 Alors je ne sais pas, c'est peut-être un peu
00:19:48 euh...
00:19:50 Voilà. Bon, il y avait peut-être quelque chose
00:19:52 à réfléchir. En tout cas, il y a des intelligences
00:19:54 dont il ne faut pas se priver.
00:19:56 Pour ça, on a besoin, en fait, de tout le monde.
00:19:58 Donc notre mouvement, il essaye d'associer
00:20:00 tout le monde et donner la place à tous.
00:20:02 On veut faire reconnaître
00:20:04 les personnes dans la situation climatique, pour voter, comme des citoyens
00:20:06 à part entière, faire reconnaître la vie,
00:20:08 leur souffrance, leur résistance.
00:20:10 Une des idées du mouvement, au départ,
00:20:12 c'était justement de décrire
00:20:14 aussi tout ce qu'ils vivaient avec des
00:20:16 personnes très pauvres, à la création du mouvement Anoisie-le-Grand.
00:20:18 Et je voudrais, parce que justement,
00:20:20 sur la reconnaissance, parce qu'en fait, les plus pauvres
00:20:22 n'existent pas dans l'histoire. Et donc, comment on leur donne
00:20:24 une histoire dans notre société ?
00:20:26 Et donc, juste pour citer, parce que ce mois-ci,
00:20:28 en fait, les archives du mouvement
00:20:30 ATD Carmond d'Abaillé, viennent d'être
00:20:32 inscrits par l'UNESCO au registre
00:20:34 Mémoire du Monde, comme
00:20:36 les archives de l'esclavage
00:20:38 ou les archives, voilà, enfin, comme
00:20:40 ou de la Shoah.
00:20:42 Voilà. Donc on est sur, voilà,
00:20:44 quel reconnaissance, justement, parce que
00:20:46 ATD Carmond a permis de reconstituer
00:20:48 un peu l'histoire des pauvres,
00:20:50 de leur donner une histoire
00:20:52 au lieu où ils ont vécu.
00:20:54 Donc, expérimenter aussi, parce qu'il
00:20:56 faut partir de l'expérience des plus pauvres et
00:20:58 il faut construire leur savoir.
00:21:00 Et construire leur savoir,
00:21:02 ça passe par des outils qu'on a développés.
00:21:04 Alors, peut-être je reviendrai plus après,
00:21:06 mais qui sont, pour nous, au départ, beaucoup
00:21:08 les universités populaires Carmond et aujourd'hui
00:21:10 la méthode de croisement des savoirs, qui permet
00:21:12 justement de travailler les représentations
00:21:14 et de confronter les représentations
00:21:16 des différentes personnes dans la société.
00:21:18 Et puis, donc, construire le plaidoyer,
00:21:20 notre plaidoyer, vraiment, à partir
00:21:22 de la pensée des plus pauvres, leur savoir
00:21:24 et leur expérience.
00:21:26 Voilà, ce qui nous a permis, par exemple, d'être
00:21:28 très actifs sur la construction des objectifs
00:21:30 de développement durable ou
00:21:32 de la feuille de route de la France sur les ODD.
00:21:34 Merci. Et bien, on peut passer
00:21:36 la parole à votre voisin.
00:21:38 Je vous en prie.
00:21:40 Présentation de la structure,
00:21:42 de ce que vous faites.
00:21:44 Le dispositif Un Chez Toi d'abord,
00:21:46 je reviendrai un petit peu sur la manière
00:21:48 dont il s'est construit, pensé.
00:21:50 Mais l'objectif de ce dispositif,
00:21:52 c'est de pouvoir proposer à des gens qui sont
00:21:54 en situation d'itinérance à la rue,
00:21:56 porteurs d'un trouble de santé mentale
00:21:58 réputé sévère, de pouvoir
00:22:00 accéder directement à un logement
00:22:02 et d'organiser avec eux la manière
00:22:04 dont on va pouvoir leur garantir le maintien
00:22:06 durable dans le logement.
00:22:08 L'idée étant de rendre
00:22:10 aux personnes leur pouvoir d'agir,
00:22:12 leur capacité de faire des choix.
00:22:14 Et le premier choix étant de pouvoir
00:22:16 choisir son logement et pas de
00:22:18 se retrouver dans un logement au 15ème
00:22:20 étage d'une tour un peu égarée
00:22:22 au bord du périphérique où personne
00:22:24 ne veut aller, mais bien de pouvoir trouver des
00:22:26 logements qui soient accessibles
00:22:28 et dans lesquels les gens vont pouvoir
00:22:30 s'engager dans une démarche où
00:22:32 pour aller bien, j'ai besoin d'un endroit où me poser,
00:22:34 un endroit où je vais me sentir
00:22:36 en sécurité, dont on parlait ce matin,
00:22:38 et dans un endroit
00:22:40 où je sais que je serai bien.
00:22:42 Donc pas forcément dans
00:22:44 un endroit perdu et
00:22:46 pourquoi pas à proximité d'un coiffeur,
00:22:48 parce que pour moi c'est important d'avoir,
00:22:50 pas pour moi personnellement, mais ça peut être
00:22:52 important pour l'autre.
00:22:54 Bon exemple, Robert. Ou en tout cas
00:22:56 d'être à proximité du métro,
00:22:58 ou être à côté de la bibliothèque parce que
00:23:00 j'aime bien lire, ou de la piscine parce que
00:23:02 j'aimerais pouvoir retourner nager, etc.
00:23:04 Et c'est un engagement
00:23:06 dans une première inscription
00:23:08 aussi
00:23:10 dans la communauté et dans la société.
00:23:12 Voilà, donc on...
00:23:14 Merci, on développera tout à l'heure.
00:23:16 Merci, je vous en prie.
00:23:18 Oui, toujours avant de
00:23:20 développer tout à l'heure.
00:23:22 Nous, le Réseau Cocagne
00:23:24 regroupe des associations
00:23:26 d'intérêt général, des associations qui sont
00:23:28 ateliers et chantiers d'insertion,
00:23:30 qui ont cette spécificité d'être
00:23:32 habilités par le ministère
00:23:34 de l'Emploi, du Travail,
00:23:36 pour accompagner des gens dans le retour
00:23:38 vers l'emploi, donc vers des entreprises classiques,
00:23:40 par le biais d'une activité
00:23:42 maraîchère partout en France,
00:23:44 biologique.
00:23:46 Les enjeux de transition écologique,
00:23:48 on y reviendra tout à l'heure, sont là.
00:23:50 Donc ici, c'est
00:23:52 le jardin de Cocagne de Lefrein-Couc,
00:23:54 connu peut-être
00:23:56 par ces paniers à portée de main,
00:23:58 qu'ils appellent à portée de main,
00:24:00 qui sont cultivés ici
00:24:02 par nos amis de Lefrein-Couc.
00:24:04 La petite trajectoire que j'aimerais raconter
00:24:08 et qui va nous amener
00:24:10 peut-être à une proposition.
00:24:12 Alors d'ailleurs, une proposition
00:24:14 qui n'est pas complètement hors-sol,
00:24:16 puisqu'on est venu à Dunkerque en 2019
00:24:18 avec les élus, on a déjà débattu,
00:24:20 on avait fait des propositions,
00:24:22 on s'était dit on reviendra, etc.
00:24:24 Notre métier de base,
00:24:26 c'est l'insertion.
00:24:28 À partir
00:24:30 de ce support maraîcher.
00:24:32 Il produit quand même 1,4 million de paniers
00:24:34 par des milliers de foyers, etc.
00:24:36 C'est quand même une activité un peu solide.
00:24:38 Il y a près de 700 hectares
00:24:40 en France, c'est un peu solide.
00:24:42 Ça fait plus de 30 ans.
00:24:44 Mais on s'est rendu compte en 2010,
00:24:46 crise des subprimes, que les gens
00:24:48 qui venaient travailler sur nos...
00:24:50 en particulier en Hauts-de-France,
00:24:52 ne mangeaient pas leur faim.
00:24:56 Il fallait s'en rendre compte,
00:24:58 il était temps de s'en rendre compte.
00:25:00 On s'est dit qu'est-ce qu'on peut faire
00:25:02 pour que une partie des paniers
00:25:04 soit distribuée.
00:25:06 On rentre dans le registre de l'aide alimentaire.
00:25:08 Ce qui n'est pas tout à fait le registre
00:25:10 de l'émancipation de l'aide alimentaire.
00:25:12 On distribue des paniers.
00:25:14 On va se rendre compte que les paniers
00:25:16 ne sont pas consommés.
00:25:18 Et là, déclenche une réflexion
00:25:20 sur comment on accompagne des personnes,
00:25:22 y compris nous-mêmes,
00:25:24 du bien-vivre alimentaire
00:25:26 et d'un accès digne à une alimentation de qualité.
00:25:28 Et ça va être
00:25:30 le système des paniers solidaires
00:25:32 que Le Francouc organise
00:25:34 depuis 2010, enfin depuis le début,
00:25:36 ici, et que l'État
00:25:38 vient de nous annoncer qu'il va soutenir
00:25:40 pendant 3 ans à hauteur
00:25:42 de 1 million d'euros
00:25:44 par an pendant 3 ans.
00:25:46 Je remercie l'État. Il a fallu attendre longtemps.
00:25:48 Et ce panier
00:25:50 solidaire va nous emmener sur une action sociale.
00:25:52 On sort de l'insertion,
00:25:54 on va vers l'action sociale,
00:25:56 mais ce n'est toujours pas de l'émancipation.
00:25:58 C'est le sujet
00:26:00 qui nous a amené à faire pendant 12 ans
00:26:02 de l'aide alimentaire différente,
00:26:04 tout à fait différente.
00:26:06 Et ensuite, ça nous a amené à nous questionner
00:26:08 sur ce que ça veut dire
00:26:10 du point de vue de la solidarité.
00:26:12 C'est l'expérimentation "Territoires à vivre"
00:26:14 que je vous raconterai tout à l'heure
00:26:16 et que je vous proposerai peut-être d'activer ici
00:26:18 puisqu'elle a donné des résultats
00:26:20 que je pense fort intéressants.
00:26:22 Vous avez le micro, gardez-le.
00:26:24 On va essayer d'être très synthétique. Je fais un appel à tout le monde
00:26:26 parce qu'il faut que tout le monde ait le temps de s'exprimer
00:26:28 et qu'en même temps, tout le monde ait le temps de manger.
00:26:30 Une première question,
00:26:32 on va refaire une descente dans l'autre sens.
00:26:34 Finalement,
00:26:36 vous êtes sur des choses assez novatrices,
00:26:38 assez différentes. Tout à l'heure, quelqu'un a parlé
00:26:40 de pas de côté. Qu'est-ce qui vous a amené
00:26:42 à réfléchir différemment ? Avant même
00:26:44 de présenter l'expérimentation,
00:26:46 c'est qu'est-ce qui a fait que vous vous êtes dit
00:26:48 qu'il faut qu'on fasse un peu autrement,
00:26:50 autre chose ? Rapidement,
00:26:52 chacun, s'il vous plaît.
00:26:54 Nous, au niveau des jardins
00:26:56 et puis ensuite avec nos amis
00:26:58 des associations de solidarité,
00:27:00 au niveau des jardins, je pense que
00:27:02 c'est une question
00:27:04 autour de l'engagement des personnes.
00:27:06 Pas seulement les accompagner
00:27:08 sur une question de support
00:27:10 et ensuite en direction de l'entreprise
00:27:12 localement, etc. C'est une question
00:27:14 de comment travailler l'engagement des personnes.
00:27:16 Or, et c'est une question
00:27:18 qui a eu lieu dans le débat précédent,
00:27:20 comment en particulier
00:27:22 les personnes les plus discriminées, stigmatisées,
00:27:24 la crise des Gilets jaunes
00:27:26 a été évoquée,
00:27:28 pourquoi croire ?
00:27:30 Pourquoi croire à l'action publique aujourd'hui ?
00:27:32 Qui a envie d'y croire ? Personne n'y croit.
00:27:34 Qui a envie d'y croire ?
00:27:36 Qui a envie d'y croire
00:27:38 sans illusion ? Et là,
00:27:40 je cite notamment
00:27:42 Antonia Birdbaum, que j'ai écoutée il n'y a pas longtemps
00:27:44 sur un sujet sur l'émancipation.
00:27:46 Y croire
00:27:48 sans illusion, c'est les conditions de la confiance.
00:27:50 Être en confiance,
00:27:52 c'est croire sans illusion.
00:27:54 C'est très difficile.
00:27:56 Pour nous, la confiance,
00:27:58 c'est la nature de l'engagement. Et là, on va
00:28:00 générer un engagement où les gens sont en confiance,
00:28:02 c'est-à-dire qu'ils sont prêts à y croire
00:28:04 mais ils ne s'illusionnent pas.
00:28:06 On n'est pas une secte, on ne va pas les emmener sur
00:28:08 un délire ou je ne sais pas quoi, on est sur du concret,
00:28:10 on va partir ensemble sur un engagement,
00:28:12 les paniers solidaires sont le support de l'engagement
00:28:14 sur on va découvrir ensemble
00:28:16 le monde de l'alimentation, de l'agriculture,
00:28:18 comment on fait, etc. On va vivre
00:28:20 ce voyage ensemble, etc. On ne s'illusionne pas
00:28:22 mais on fait ce bout de voyage ensemble et on crée cet
00:28:24 engagement. Et c'est ça, pour nous, le début,
00:28:26 le démarrage de commencer à croire ensemble.
00:28:28 Et imaginez qu'on emmène des gens
00:28:30 sur des fermes, qu'on emmène des gens dans
00:28:32 un supermarché, mais ça dure des heures.
00:28:34 C'est passionnant. Et là,
00:28:36 on y croit ensemble et on fait
00:28:38 cette démonstration
00:28:40 de citoyenneté ensemble.
00:28:42 La question, c'est ensuite comment on
00:28:44 articule ça à l'action publique institutionnelle.
00:28:46 C'est beaucoup plus compliqué, mais j'y reviendrai.
00:28:48 Olivier.
00:28:50 Je travaille depuis un peu plus de 25 ans
00:28:54 auprès du public
00:28:56 en très grande précarité dans le cadre
00:28:58 d'une association qui s'appelle
00:29:00 la Belle Solidarité à Lille.
00:29:02 J'ai toujours été frappé
00:29:04 par
00:29:06 cette posture professionnelle du
00:29:08 travailleur social qui vient avec
00:29:10 son savoir
00:29:14 universitaire et qui dit à l'autre
00:29:18 comment il faut faire.
00:29:20 Ça m'a toujours beaucoup perturbé
00:29:22 et j'ai toujours été extrêmement mal à l'aise avec
00:29:24 cette position. C'est peut-être pour ça
00:29:26 que j'ai mis très longtemps à faire ma formation
00:29:28 de travailleur social, mais il fallait
00:29:30 bien justifier le
00:29:32 boulot.
00:29:34 Et finalement,
00:29:36 j'ai énormément appris
00:29:38 par les gens.
00:29:40 En 2004,
00:29:44 j'étais chef de service
00:29:46 d'un CHRS.
00:29:48 Avec le directeur, on passait
00:29:50 un temps fou à signer
00:29:52 des avertissements, à reprendre les gens
00:29:54 pour des comportements inadéquats, etc.
00:29:56 Et on s'est dit, ok,
00:29:58 on se met à la grille, on sonne,
00:30:00 et on fait comme si on arrivait pour la première fois.
00:30:02 On s'est fait expliquer le règlement de fonctionnement,
00:30:04 c'était un tas d'interdits,
00:30:06 une liste de choses non autorisées.
00:30:08 Et là, on s'est dit, mince,
00:30:10 mais en fait, on serait en maison d'arrêt, ça serait pareil.
00:30:12 Donc,
00:30:14 essayons de regarder les choses un peu différemment.
00:30:16 Et,
00:30:18 la philosophie
00:30:20 de cette association, c'est de pouvoir
00:30:22 faire de l'accueil inconditionnel.
00:30:24 Faire de l'accueil inconditionnel,
00:30:26 c'est de pouvoir accueillir les gens tels qu'ils sont,
00:30:28 avec leurs chiens, leurs puces,
00:30:30 leurs bouteilles,
00:30:32 leurs drogues, leurs compagnons,
00:30:34 dans un collectif.
00:30:36 Waouh, le challenge.
00:30:38 Et, on s'est dit que,
00:30:40 aujourd'hui, en fait,
00:30:44 les gens viennent et se cachent
00:30:46 de tout ce qui pourrait
00:30:48 les empêcher d'être accueillis.
00:30:52 Et là, moi, je me suis dit,
00:30:54 mais en fait, on ne peut pas être inconditionnel.
00:30:56 Ce n'est pas être conditionnel, ça.
00:30:58 Enfin, c'est être conditionnel, pardon.
00:31:00 Et,
00:31:02 moi, personnellement,
00:31:04 si je veux rentrer le soir et m'enfiler un whisky
00:31:06 devant le JT, je peux le faire.
00:31:08 Personne ne va m'en empêcher.
00:31:10 Si je veux boire une bière devant le match de foot,
00:31:12 personne ne va m'en empêcher de le faire.
00:31:14 Pourquoi est-ce qu'on ne permettrait pas à des gens
00:31:16 qui sont les mêmes que nous,
00:31:18 juste dans une situation différente,
00:31:20 d'inhumanité ?
00:31:22 Et, on a retravaillé
00:31:24 notre règlement de fonctionnement
00:31:26 pour, non pas autoriser les gens
00:31:28 à se
00:31:30 saouler,
00:31:32 mais à organiser, en fait,
00:31:34 l'accueil de manière inconditionnelle
00:31:36 des personnes qui venaient sonner
00:31:38 à la porte.
00:31:40 Et je crois qu'on a été un des premiers établissements en France,
00:31:42 en tout cas, à permettre et à autoriser
00:31:44 la consommation d'alcool
00:31:46 dans les chambres, la cigarette
00:31:48 dans les chambres,
00:31:50 dans un cadre,
00:31:52 en disant, ok, on ne va pas
00:31:54 sanctionner l'alcool, en fait.
00:31:56 On va sanctionner votre comportement
00:31:58 si vous débordez.
00:32:00 Parce que votre liberté s'arrête
00:32:02 là où celle de l'autre commence.
00:32:04 Et que si, dans la file, pour aller
00:32:06 vous restaurer,
00:32:08 vous voulez passer
00:32:10 devant tout le monde et que votre comportement
00:32:12 n'est pas adapté, à un moment on va vous reprendre.
00:32:14 Parce que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
00:32:16 Et, on a...
00:32:18 Les gens étaient obligés de rentrer
00:32:20 pour, je ne sais plus si c'était 18h ou 20h,
00:32:22 selon les établissements,
00:32:24 je crois que c'était 20h chez nous,
00:32:26 ils se sont dit, mais moi, si je veux
00:32:28 aller au cinéma, on fait comment ?
00:32:30 Je ne peux pas aller au cinéma, je ne peux pas aller
00:32:32 jusqu'à la fin de la séance, je ne vais pas
00:32:34 risquer de perdre ma place dans un
00:32:36 hébergement parce que je veux aller voir un film.
00:32:38 Donc, en fait, les règlements finissaient
00:32:40 par entraver ma capacité citoyenne
00:32:42 à prendre soin de moi
00:32:44 et, je me suis dit,
00:32:46 mais là, c'est plus possible. Donc, en fait,
00:32:48 on a fait sauter tous ces verrous autour des horaires
00:32:50 avec votre responsabilité,
00:32:52 c'est que si vous avez faim, le repas,
00:32:54 il est servi entre 18h et 20h.
00:32:56 Vous arrivez à 20h30,
00:32:58 si vous n'avez pas prévenu, il n'y a pas de plateau
00:33:00 de côté. Mais, si vous voulez
00:33:02 aller au cinéma, c'est possible, vous demandez,
00:33:04 vous ferez mettre un plateau de côté.
00:33:06 Donc, finalement, il y a eu cette espèce de...
00:33:08 Quelque chose
00:33:10 qui, finalement, dans mes tripes, me correspondait
00:33:12 mieux, m'allait mieux et je me sentais
00:33:14 nettement plus en phase avec ça.
00:33:16 Donc, autour de l'alcool...
00:33:18 - Vous étiez obligé de vous demander d'accélérer.
00:33:20 - En tout cas, ça nous a demandé
00:33:22 un très, très gros travail
00:33:24 d'organisation du bâtiment,
00:33:26 etc. Et puis, en 2011,
00:33:28 le dispositif expérimental
00:33:30 à l'époque, un chef-soi d'abord,
00:33:32 avec la philosophie du rétablissement,
00:33:34 j'aurai l'occasion d'y revenir de manière un petit peu plus approfondie,
00:33:36 mais là, pour le coup, j'ai l'impression
00:33:38 de vivre mes valeurs. - Merci.
00:33:40 Isabelle.
00:33:42 - Donc, nous,
00:33:44 ce qui nous fait bouger, c'est vraiment
00:33:46 le constat de cette relation
00:33:48 de dépendance des personnes très pauvres.
00:33:50 Pour illustrer cette dépendance,
00:33:52 je cite juste
00:33:54 une dame,
00:33:56 une militante de chez nous, qui dit
00:33:58 "Tout le monde parle de vous et pour vous,
00:34:00 mais lorsque vous essayez de vous exprimer
00:34:02 et de vous expliquer, on vous ignore.
00:34:04 On vous traite avec condescendance
00:34:06 ou on déforme vos paroles
00:34:08 et on les utilise même contre vous.
00:34:10 Vous vous sentez complètement impuissant."
00:34:12 Donc, c'est une situation quand même que
00:34:14 beaucoup de gens rapportent et donc, c'est bien cette
00:34:16 difficulté-là, c'est comment faire entendre
00:34:18 cette parole, comment faire
00:34:20 rendre crédible même
00:34:22 les personnes en situation de grande pauvreté
00:34:24 auprès des autres, parce qu'en fait,
00:34:26 parce qu'en plus,
00:34:28 à force de toujours ignorer
00:34:30 ce qu'ils pensent, etc., les gens
00:34:32 intériorisent après que finalement, eux,
00:34:34 ils n'ont rien à dire.
00:34:36 Puisque tout le monde leur dit ça, c'est donc vrai.
00:34:38 Et du coup, c'est comment refaire ça,
00:34:40 comment sortir les gens du silence
00:34:42 dans lequel on les a mis
00:34:44 par l'acceptation de la misère.
00:34:46 Et du coup,
00:34:48 quand on voit aussi
00:34:50 la vie des personnes en grande pauvreté, c'est quand même
00:34:52 un combat quotidien
00:34:54 qui est très très dur.
00:34:56 Comment se lever le matin quand c'est si dur,
00:34:58 quand il y a tant de choses à affronter ?
00:35:00 Il faut un courage, un courage
00:35:02 énorme en fait. Et ce courage-là, il ne leur est pas
00:35:04 non plus reconnu. Puis ce combat-là,
00:35:06 il leur donne des compétences qui ne sont pas non plus reconnues.
00:35:08 Donc l'urgence, c'est vraiment
00:35:10 de penser avec les personnes et de leur donner les moyens
00:35:12 d'exprimer cette pensée, ce qui
00:35:14 demande beaucoup de conditions et c'est un peu ce qu'on essaye
00:35:16 de mettre en place. Et leur moteur, c'est
00:35:18 souvent justement la vie d'après,
00:35:20 comme tout le monde, les gens souhaitent
00:35:22 un avenir et souhaitent surtout un avenir meilleur
00:35:24 pour leurs enfants et c'est vraiment un moteur très fort.
00:35:26 Je veux juste reciter
00:35:28 une personne. "Les enfants sont le moteur de
00:35:30 notre vie. Ils sont notre
00:35:32 raison de vivre. Ils nous poussent
00:35:34 à sortir de la misère, nous donnent de la
00:35:36 force. On se fait violence
00:35:38 aussi pour nos enfants. On accepte
00:35:40 de tendre la main, d'être humiliés
00:35:42 parce qu'on se sent responsable d'eux.
00:35:44 On se bat avec d'autres pour que
00:35:46 tous les enfants ne connaissent pas la pauvreté."
00:35:48 Et en fait, quand on fait travailler
00:35:50 cette... aussi
00:35:52 quand on travaille avec les plus pauvres justement sur
00:35:54 ce que ça représente la misère, ce combat quotidien,
00:35:56 etc., très vite on arrive à quelque chose de
00:35:58 plus large. C'est-à-dire au départ, on est beaucoup
00:36:00 sur ces problèmes et finalement, quand on arrive à
00:36:02 exprimer et puis qu'on se rend compte, parce qu'on
00:36:04 travaille avec d'autres qui vivent les mêmes difficultés,
00:36:06 on se rend compte que c'est un combat
00:36:08 partagé, collectif et du coup,
00:36:10 il y a très vite une part de collectif
00:36:12 ou de combat collectif.
00:36:14 Merci.
00:36:16 Je vais avoir un propos beaucoup plus institutionnel.
00:36:18 J'allais dire, vous, vous croyez à l'action...
00:36:20 Vous, vous croyez à l'action publique,
00:36:22 contrairement à Julien. Oui, c'est ça.
00:36:24 Non, non, mais je...
00:36:26 Juste peut-être...
00:36:28 Ce qui a conduit
00:36:30 la ville de Paris à s'engager dans cette
00:36:32 expérimentation, c'est
00:36:34 différentes choses, mais le fait de
00:36:36 constater qu'après le Covid,
00:36:38 les usagers revenaient moins
00:36:40 dans nos espaces parisiens des
00:36:42 solidarités et faisaient moins
00:36:44 appel à nos aides alors que les indicateurs
00:36:46 allaient vers plus de précarité.
00:36:48 Ça a été un des premiers moteurs. Et ensuite,
00:36:50 ce que je disais tout à l'heure,
00:36:52 c'est-à-dire cette volonté de passer
00:36:54 de la distribution
00:36:56 d'aides, parce qu'il y a beaucoup d'aides qui sont
00:36:58 distribuées à la ville de Paris,
00:37:00 à la notion d'accès aux droits,
00:37:02 d'accompagnement vers les droits et de se dire
00:37:04 qu'on le travaille plus tout seul, mais qu'on le
00:37:06 travaille avec l'ensemble des acteurs, notamment les organismes
00:37:08 de sécurité sociale, et l'ensemble du
00:37:10 territoire. Donc ça, c'était plus de l'ordre d'une volonté politique.
00:37:12 Le premier constat, c'était que les gens ne reviennent
00:37:14 pas autant que ce qu'on attendait
00:37:16 pour accéder
00:37:18 à leurs droits municipaux, déjà.
00:37:20 Peut-être juste pour compléter, de manière très
00:37:24 pragmatique, on a vu l'appel à projets de l'État
00:37:26 comme une opportunité d'avoir
00:37:28 un budget, un temps, une ressource dédiée
00:37:30 pour réfléchir
00:37:32 au constat qu'effectivement
00:37:34 la crise sanitaire et sociale
00:37:36 va plutôt croissant, alors
00:37:38 que l'évolution de notre pub,
00:37:40 la fréquentation de nos EPS diminuait
00:37:42 et les aides sociales aussi
00:37:44 allaient dans le même sens. Donc voilà, on a
00:37:46 simplement saisi cette opportunité-là.
00:37:48 Vous avez le micro, conservez-le,
00:37:50 pour nous dire comment ça s'est lancé,
00:37:52 cette expérimentation,
00:37:54 à quelle échelle, avec qui,
00:37:56 quelles ont été les premières actions ?
00:37:58 Cette expérimentation a été lancée en
00:38:00 2021. L'objectif,
00:38:02 donc, c'était de travailler sur le non-recours
00:38:04 aux aides sociales, aux aides
00:38:06 financières, sociales, à la fois les aides légales,
00:38:08 qui sont délivrées par les organismes de sécurité
00:38:10 sociale, que ce soit la CAF,
00:38:12 l'assurance-maladie, l'assurance-retraite,
00:38:14 mais aussi, comme le disait Sylvie Payan, les aides
00:38:16 extra-légales ou les aides municipales.
00:38:18 Il faut savoir que Paris délivre chaque
00:38:20 année environ 200 millions d'euros d'aides
00:38:22 extra-légales. On a une trentaine
00:38:24 d'aides qui viennent très souvent en
00:38:26 complément des aides légales. Donc on voulait travailler sur
00:38:28 pourquoi il y a des gens qui pourraient
00:38:30 bénéficier des aides légales et extra-légales
00:38:32 et qu'on ne connaît pas, et comment
00:38:34 on fait pour les identifier,
00:38:36 aller vers eux ou les faire venir vers nous,
00:38:38 et les accompagner dans l'ouverture de leurs droits. Donc ça, c'était l'objectif.
00:38:40 En termes de comment s'y est pris,
00:38:44 une fois qu'on a dit ça, on est reparti
00:38:46 de choses assez théoriques,
00:38:48 à savoir les causes du non-recours
00:38:50 aux aides sociales. D'où ça part, en fait,
00:38:52 le non-recours ? Il y a beaucoup d'études
00:38:54 qui détaillent les causes du non-recours,
00:38:56 qui sont assez évidentes, mais qui sont
00:38:58 le fait que les
00:39:00 usagers ne sont pas informés de
00:39:02 l'existence de leurs droits,
00:39:04 le fait que les usagers vont
00:39:06 commencer une démarche et puis vont l'abandonner,
00:39:08 parce que parfois ça prend
00:39:10 beaucoup de temps et c'est très complexe,
00:39:12 le fait que des professionnels
00:39:14 ou des bénévoles, ou en tout cas
00:39:16 des personnes qui sont en contact avec des
00:39:18 usagers en potentielle situation de non-recours ne sont pas
00:39:20 eux-mêmes informés de l'existence de ces aides,
00:39:22 ou sont informés de l'existence de
00:39:24 ces aides A et B, mais pas C et D.
00:39:26 Voilà, donc on est vraiment reparti des causes
00:39:28 du non-recours, on a fait un exercice un peu théorique
00:39:30 de se dire "OK, en face de chacune de ces causes,
00:39:32 qu'est-ce qu'on peut mettre comme levier d'action ?"
00:39:34 Et une fois qu'on s'est dit ça,
00:39:36 eh bien on a défini, avec les partenaires
00:39:38 qui ont été impliqués dans l'expérimentation,
00:39:40 donc à savoir les organismes de sécurité sociale,
00:39:42 comme je l'ai dit, mais aussi
00:39:44 les bailleurs sociaux du territoire,
00:39:46 les centres sociaux,
00:39:48 les espaces de vie sociale,
00:39:50 les associations de quartier, les grandes associations.
00:39:52 En fait, on a vraiment travaillé avec
00:39:54 les administrations et institutions
00:39:56 qui délivrent des aides sociales,
00:39:58 et les structures
00:40:00 associatives ou autres, qui sont
00:40:02 en contact avec du public qui peut être intéressé
00:40:04 par nos aides. Et donc on s'est dit,
00:40:06 pour chacune de ces
00:40:08 causes du non-recours, qu'est-ce qu'on peut mettre
00:40:10 en face comme action, soit
00:40:12 en partenariat avec ces acteurs,
00:40:14 soit propre
00:40:16 à chacune de nos structures. Et donc on a
00:40:18 déployé cinq grandes typologies d'action,
00:40:20 j'essaie d'aller vite.
00:40:22 On a vraiment travaillé,
00:40:24 ça va dans le sens de ce que disait monsieur le maire
00:40:26 en début de matinée,
00:40:28 à l'information ou la formation,
00:40:30 redynamiser en fait le partenariat
00:40:32 entre nous, Ville de Paris, les organismes
00:40:34 de sécurité sociale et tous les acteurs de l'action
00:40:36 sociale territoriale,
00:40:38 en se disant que
00:40:40 c'était vraiment important
00:40:42 que chaque acteur ne devienne
00:40:44 pas un expert de l'ensemble des aides,
00:40:46 parce que c'est assez complexe, notamment les aides
00:40:48 qui seraient légales de la Ville de Paris, néanmoins
00:40:50 sont en capacité de mieux orienter
00:40:52 les usagers, d'identifier les situations
00:40:54 et de pouvoir, qu'on puisse
00:40:56 orienter les situations.
00:40:58 Paris, on a beaucoup de chance
00:41:00 parce qu'il y a beaucoup d'acteurs, mais tout le monde
00:41:02 s'y perd un petit peu. Donc c'est aussi
00:41:04 le revers de la médaille à Paris. Donc on a
00:41:06 beaucoup travaillé à des formations ou
00:41:08 informations croisées, qu'on a
00:41:10 adaptées au niveau,
00:41:12 à notre public. On n'a pas
00:41:14 fait le même niveau d'informations auprès
00:41:16 d'associations de quartier et de bénévoles
00:41:18 qu'auprès de chargés de gestion locative
00:41:20 des bailleurs sociaux. On a adapté l'approche.
00:41:22 Donc ça, on a beaucoup travaillé
00:41:24 sur cet aspect-là.
00:41:26 On a aussi réfléchi et travaillé
00:41:28 à la mise en place de nouveaux services
00:41:30 qu'on pourrait dire innovants
00:41:32 au sein de nos structures.
00:41:34 Typiquement, nous, dans l'espace parisien des solidarités,
00:41:36 enfin, dans l'espace parisien des solidarités du 10e arrondissement,
00:41:38 on a fait monter nos agents
00:41:40 en compétence, nos agents qui instruisent
00:41:42 les aides municipales
00:41:44 pour qu'ils soient en capacité
00:41:46 de réaliser pour chaque primo
00:41:48 arrivant, donc une personne qui vient pour la première fois
00:41:50 chez nous et qu'on ne connaît pas, un bilan
00:41:52 de ses droits 360, légaux
00:41:54 et extra-légaux. Parce que
00:41:56 souvent, ou parfois,
00:41:58 le risque, c'était que les usagers
00:42:00 viennent et identifient telle aide
00:42:02 de la ville de Paris qu'on instruit son dossier
00:42:04 et que la personne reparte chez elle. Alors que
00:42:06 potentiellement, il y avait d'autres aides
00:42:08 de la ville de Paris qui pouvaient être délivrées.
00:42:10 Bon, ça, normalement, ça devait être à peu près
00:42:12 fait en termes de bilan. Mais
00:42:14 aussi et surtout que les aides légales
00:42:16 soient ouvertes.
00:42:18 Donc on a travaillé sur ça.
00:42:22 Avec les partenaires, on a aussi
00:42:24 mis en place des
00:42:26 nouvelles manières de travailler ensemble.
00:42:28 Par exemple, la CNAV a
00:42:30 initié chez nous des permanences
00:42:32 à une fréquence que
00:42:34 je n'ai pas en tête, deux fois tous les mois
00:42:36 pour être en capacité
00:42:38 de travailler sur les dossiers un peu
00:42:40 complexes liés à des blocages
00:42:42 sur le minimum vieillesse
00:42:44 ou des dossiers de retraite.
00:42:46 On a aussi travaillé à des actions plus
00:42:48 classiques d'aller vers...
00:42:50 C'est-à-dire qu'on a réalisé des permanences
00:42:52 au sein des Restos du Coeur.
00:42:54 Enfin, voilà, on a participé à des événements
00:42:56 pour aller, comme le disait
00:42:58 Monsieur tout à l'heure, à la rencontre des
00:43:00 usagers, les informer de notre existence et puis
00:43:02 peut-être les faire venir.
00:43:04 Et on a aussi travaillé
00:43:06 à... Enfin, on a voulu travailler à
00:43:08 toute cet exercice difficile
00:43:10 que sont les échanges de données entre
00:43:12 structures, donc entre
00:43:14 les organismes de sécurité sociale et nous,
00:43:16 Ville de Paris. L'objectif, c'est de
00:43:18 croiser des informations pour
00:43:20 identifier que telle personne qui bénéficie
00:43:22 de l'allocation logement de la CAF
00:43:24 a le niveau de ressources qui lui permet de bénéficier
00:43:26 de l'aide qui s'appelle Paris Logement, qui est l'aide
00:43:28 complémentaire de l'allocation logement
00:43:30 légale, mais
00:43:32 qui n'est pas de nos bénéficiaires.
00:43:34 Donc l'objectif, c'était d'identifier en masse
00:43:36 "des personnes en situation de non-recours"
00:43:38 et d'aller vers elles. On n'avait pas
00:43:40 la base légale l'année dernière pour
00:43:42 initier ça. Maintenant, c'est différent,
00:43:44 donc on va lancer l'exercice. Mais donc
00:43:46 ce qu'on a fait, c'est qu'on a un peu bypassé le problème
00:43:48 en demandant
00:43:50 aux organismes de sécurité sociale
00:43:52 de contacter
00:43:54 leurs nouveaux bénéficiaires
00:43:56 en les identifiant de manière un peu spécifique
00:43:58 et en s'assurant
00:44:00 que ces personnes-là
00:44:02 pouvaient bénéficier de nos aides à nous pour leur proposer
00:44:04 de venir chez nous pour un bilan.
00:44:06 Donc voilà, on a mis en place un certain nombre d'actions
00:44:08 de cet ordre. - Merci.
00:44:10 Qu'est-ce qui a bien fonctionné ? Qu'est-ce qui a moins bien fonctionné ?
00:44:12 Qu'est-ce qui reste à faire ?
00:44:14 - Alors,
00:44:16 sur les formations croisées, ça a bien fonctionné.
00:44:18 Il faut y revenir chaque année,
00:44:20 etc., mais c'est des temps d'échange en général
00:44:22 assez riches entre les différents représentants
00:44:24 des institutions
00:44:26 autour de l'accès au droit.
00:44:28 Ce qui a bien fonctionné, c'est aussi
00:44:30 ces nouvelles manières de faire, même si
00:44:32 il faut pas... Enfin, je sais pas si vous vivez la même chose,
00:44:34 mais évidemment,
00:44:36 il y a quand même ce petit discours de dire que les organismes
00:44:38 de sécurité sociale, je sais pas si certains sont présents
00:44:40 dans la salle, ferment leur guichet et que du coup,
00:44:42 on trouve d'autres modalités
00:44:44 de travailler avec eux
00:44:46 ou qu'ils soient présents auprès de nos publics,
00:44:48 mais quand même, on a effectivement implanté
00:44:50 un certain nombre de permanences et on a
00:44:52 plus de fluidité avec les organismes
00:44:54 de sécurité sociale. Là où on a
00:44:56 buté plus, c'est sur l'échange
00:44:58 de données,
00:45:00 et là où on a buté plus. Alors, ce qui est plus compliqué
00:45:02 à mettre en oeuvre, c'est quand même le fait
00:45:04 de travailler différemment. Par exemple,
00:45:06 quand je dis, je sais pas si ça
00:45:08 parle pour vous, mais on était, nous, dans
00:45:10 les EPS, et notamment sur les aides
00:45:12 municipales, vraiment dans une logique
00:45:14 de distribution des aides,
00:45:16 c'est-à-dire on vient déposer un dossier, on regarde
00:45:18 la situation, on dit "oui, non, vous correspondez aux critères",
00:45:20 et voilà, à passer à une logique
00:45:22 d'étude de la situation
00:45:24 de la personne du point de vue de l'accès au droit.
00:45:26 Ça, c'est pas tout à fait rien. Enfin, je sais pas
00:45:28 si certains animent des
00:45:30 espaces sociaux
00:45:32 ou d'accompagnement au droit.
00:45:34 C'est pas tout à fait rien, on n'est pas tout à fait au bout.
00:45:36 Après, je pense qu'il y a
00:45:38 aussi un autre sujet, qui est celui
00:45:40 du "aller vers". Par exemple, on parle beaucoup de "aller vers",
00:45:42 c'est pas si simple, et ça se fait pas
00:45:44 de manière aussi... pas toujours très performante,
00:45:46 c'est-à-dire que vous pouvez déplacer, enfin, une équipe
00:45:48 qui se déplace, qui va passer une demi-journée
00:45:50 à un endroit pour voir 7 personnes, alors que quand elle revient,
00:45:52 elle dit "voilà, moi, si je reste au sein de l'EPS,
00:45:54 les gens viennent me voir et j'aurais
00:45:56 vu beaucoup plus de personnes". Donc,
00:45:58 sur les notions de "aller vers", je pense qu'on n'aurait
00:46:00 beaucoup à apprendre d'un certain
00:46:02 nombre d'associations.
00:46:04 Voilà.
00:46:06 En tout cas,
00:46:08 sur la mobilisation des institutions, alors,
00:46:10 le fait qu'on ait une convention partenariale, c'est indispensable
00:46:12 sur ce type, mais je pense que vous le savez,
00:46:14 sur ce type de projet, donc c'est quand même
00:46:16 un socle. Après,
00:46:18 c'est des grosses machines, quand même, les organismes de
00:46:20 sécurité sociale, donc c'est pas... de les attirer
00:46:22 un peu localement. Alors, le 10e arrondissement,
00:46:24 c'est 90 000 habitants, donc on n'est pas
00:46:26 très très loin du niveau des
00:46:28 populations d'Unkerk.
00:46:30 Voilà, mais c'est pas très
00:46:32 facile d'avoir les bons interlocuteurs qui font bouger
00:46:34 les choses.
00:46:36 Voilà, j'ai parlé des nouvelles pratiques
00:46:38 professionnelles, c'est toujours aussi compliqué d'évaluer
00:46:40 ce type d'action. On est dans un...
00:46:42 On est dans un plan d'action assez
00:46:44 divers, comment est-ce qu'on évalue l'impact
00:46:46 des actions, ça, on sait pas trop faire.
00:46:48 Il faut un peu...
00:46:50 Il faut un pilotage politique, évidemment, pour
00:46:52 porter ce type d'action.
00:46:54 Il faut de l'ingénierie, Anne le
00:46:56 disait, il faut de l'ingénierie, c'est-à-dire il faut des gens pour
00:46:58 faire, il faut des gens pour mobiliser, il faut
00:47:00 des gens pour faire faire le pas de côté, etc.
00:47:02 Donc ça, heureusement, pour le coup,
00:47:04 l'État nous a aidés de
00:47:06 ce point de vue-là. Et puis, surtout, il faut un
00:47:08 réseau partenariat de proximité
00:47:10 qui est assez dense à Paris
00:47:12 et dans le 10e, mais qui est mobilisé
00:47:14 et qui a envie de faire, parce que,
00:47:16 même si les gens ne font pas...
00:47:18 Certaines associations, évidemment, ne font pas de
00:47:20 l'accès au droit, en tout cas, beaucoup font de l'accompagnement
00:47:22 à l'accès au droit. Donc on peut pas partir
00:47:24 sans ces associations. Mais du coup, de la participation...
00:47:26 Et là, c'est vrai, je me disais, du côté
00:47:28 de la participation des usagers, il y a certainement
00:47:30 quand même des choses à inventer. En tout cas, chez nous, on n'a pas
00:47:32 assez fait. Voilà. Et on est
00:47:34 beaucoup descendants, peut-être. - C'est une belle
00:47:36 transition. Mille merci. On vous applaudit.
00:47:38 Merci.
00:47:40 (Applaudissements)
00:47:42 Isabelle,
00:47:44 c'est la transition. Il y a cette notion
00:47:46 de droit pour tous et il y a effectivement cette notion
00:47:48 de comment on associe
00:47:50 toutes les populations, tout le monde, y compris
00:47:52 les personnes qui peuvent se sentir
00:47:54 dévaluées, dévalorisées,
00:47:56 pour construire des modes
00:47:58 d'échange, etc.
00:48:00 C'est ce que vous souhaitez mettre en place.
00:48:02 - Oui. Et puis déjà, je voudrais souligner le fait
00:48:04 que de passer de territoire zéro non-recours
00:48:06 à un territoire d'accès au droit, pour nous,
00:48:08 c'est assez majeur, parce que non-recours,
00:48:10 c'est encore mettre la responsabilité sur les personnes
00:48:12 qui vont pas chercher leur droit.
00:48:14 Et donc, c'est pas des droits, en fait.
00:48:16 - Voilà. Donc, déjà,
00:48:18 je pense que cette approche,
00:48:20 c'est déjà important.
00:48:22 Et en effet, pour la...
00:48:24 Donc, nous, on travaille beaucoup
00:48:26 sur comment arriver à une pensée, une parole libre
00:48:28 des personnes en situation de pauvreté.
00:48:30 Pour ça, il faut
00:48:32 arriver, en fait, à sortir de la honte
00:48:34 dans laquelle la société les met
00:48:36 ou dans laquelle ils sont souvent.
00:48:38 Et pour ça, il faut souvent avoir des espaces,
00:48:40 en fait, où il y a la confiance,
00:48:42 où on sait pourquoi on est là,
00:48:44 à peu près une garantie qu'on va dire
00:48:46 va servir à quelque chose, parce que
00:48:48 on a aussi l'habitude de participer
00:48:50 à plein de choses qui ne servent à rien.
00:48:52 Donc, c'est comment... Voilà.
00:48:54 Donc, donner cette garantie-là,
00:48:56 c'est pas que ça va servir pour soi ou pour les autres,
00:49:00 ou pour nos enfants, mais, voilà,
00:49:02 dire que ça va servir.
00:49:04 Donc, ces espaces, nous, on les a imaginés
00:49:06 avec les universités populaires Carmond,
00:49:08 en fait, où on travaille sur plein
00:49:10 de thèmes différents avec des personnes en situation de pauvreté.
00:49:12 Il y a une préparation dans les petits groupes locaux
00:49:14 et après, on réunit tout le monde
00:49:16 dans une atmosphère aussi
00:49:18 de confiance,
00:49:20 où les gens osent s'exprimer,
00:49:22 où on s'aperçoit qu'en effet, les autres vivent les mêmes galères,
00:49:24 etc. Donc, ça, c'est très important.
00:49:26 Et surtout, où
00:49:28 on a un invité un peu spécialiste
00:49:30 du thème, mais cet invité,
00:49:32 il a la parole seulement pour réagir
00:49:34 à ce que disent les autres. Alors, il peut dire que
00:49:36 les personnes en situation de pauvreté se trompent,
00:49:38 mais il est là pour réagir à ce qu'elles disent
00:49:40 et non pas apporter son savoir d'abord.
00:49:42 Donc ça, c'est très important
00:49:44 aussi d'inverser ça
00:49:46 et de faire ça pour justement
00:49:48 avoir un vrai lieu d'expression et de
00:49:50 construction du savoir.
00:49:52 Et pour aller plus loin, on avait,
00:49:54 il y a quelques années, à TD Carmond,
00:49:56 commencé un travail avec les universitaires
00:49:58 en fait, pour comprendre
00:50:00 les processus dans lesquels sont les personnes
00:50:02 en situation de grande pauvreté. Donc,
00:50:04 ils ont essayé de faire travailler
00:50:06 les chercheurs et les gens en situation de grande pauvreté
00:50:08 ensemble. Et puis, le constat, c'est
00:50:10 que les gens en situation de pauvreté
00:50:12 n'arrivaient pas à parler,
00:50:14 les chercheurs, ils étaient dans leur jargon,
00:50:16 pourtant tout le monde était vraiment de très
00:50:18 bonne volonté et voulait, enfin voilà, c'était leur
00:50:20 sujet d'étude, donc ça ne marchait pas.
00:50:22 Donc, du coup, ils ont
00:50:24 décidé de séparer les personnes et de les faire
00:50:26 travailler, d'un côté les chercheurs et de l'autre
00:50:28 côté les personnes en situation de
00:50:30 pauvreté, ce qu'on appelle aujourd'hui des groupes de pairs
00:50:32 parce qu'en fait, c'est très important
00:50:34 que des représentations qui sont très
00:50:36 différentes, en fait, puissent s'exprimer et se construire
00:50:38 entre pairs pour pouvoir après
00:50:40 être solides, pour être confrontées
00:50:42 à la représentation de l'autre. Sinon, il n'y a pas
00:50:44 cette possibilité de confrontation
00:50:46 et ça permet quand il y a cette confrontation,
00:50:48 ces confrontations font souvent mal parce qu'on fait des croisements
00:50:50 des savoirs avec beaucoup
00:50:52 de travailleurs sociaux, donc il y a
00:50:54 souvent un groupe de chercheurs, un groupe de personnes
00:50:56 en situation de pauvreté, un groupe de travailleurs sociaux
00:50:58 et souvent ces travailleurs sociaux, quand ils viennent travailler
00:51:00 avec nous, c'est qu'ils aiment leur boulot et qu'ils ont vraiment
00:51:02 envie de soutenir les gens.
00:51:04 Et souvent, quand il y a l'expression
00:51:06 du groupe des personnes en situation de
00:51:08 pauvreté, c'est très critique vis-à-vis du
00:51:10 travail social et c'est souvent très dur et très
00:51:12 déstructurant à entendre.
00:51:14 Donc après, c'est comment
00:51:16 justement on arrive à
00:51:18 déconstruire chacun ses représentations
00:51:20 et ensuite à reconstruire de façon commune
00:51:22 quelque chose qui peut être un objectif
00:51:24 partagé. Mais pour ça,
00:51:26 il faut vraiment des conditions très importantes
00:51:28 et la première condition, c'est sans doute prendre le temps.
00:51:30 On a beaucoup cité le temps.
00:51:32 Il y a beaucoup d'urgence à agir
00:51:34 avec la situation climatique et tout ça, mais
00:51:36 l'urgence, c'est surtout de prendre le temps de penser ensemble.
00:51:38 C'est ça que j'allais vous demander
00:51:40 en conclusion. Il y a le temps. Est-ce qu'il y a
00:51:42 d'autres conseils que vous pourriez donner à une collectivité
00:51:44 qui souhaite justement
00:51:46 faire cette mise à l'écoute, cette mise en
00:51:48 dialogue ? C'est quoi les préalables ?
00:51:50 C'est quoi les bons conseils ?
00:51:52 Je crois que c'est très important de faire ça à l'échelle des territoires.
00:51:54 Ce qu'il faut faire attention, c'est quand on fait
00:51:56 ce type de travail, par exemple, comme le croisement des savoirs,
00:51:58 ce n'est pas de mettre des gens dans
00:52:00 le même travail qui ont des liens de dépendance, c'est des
00:52:02 travailleurs sociaux qui
00:52:04 travaillent avec des personnes. Donc ça peut poser une
00:52:06 difficulté quand on veut faire ça à l'échelle d'un territoire.
00:52:08 Il y a vraiment
00:52:10 les questions d'organisation sont très
00:52:12 importantes. Il faut vraiment expliquer
00:52:14 à la personne. Il faut aller chercher sans doute
00:52:16 pas mal de personnes pour les premières réunions.
00:52:18 Il y a vraiment des démarches.
00:52:20 On ne peut pas lancer le
00:52:22 croisement des savoirs comme ça. Il y a toute une préparation
00:52:24 pour que les gens viennent.
00:52:26 Il faut vraiment avoir un objectif,
00:52:28 aller vers.
00:52:30 Ce sont vraiment des conditions importantes.
00:52:32 La qualité de l'animation est très importante
00:52:34 aussi parce que dans le groupe des
00:52:36 pairs, il faut vraiment qu'on construise
00:52:38 les représentations de chacun et souvent
00:52:40 quand on a un peu l'habitude de la parole,
00:52:42 on va vite interpréter
00:52:44 ce que dit quelqu'un qui a un peu de mal à s'exprimer,
00:52:46 qui n'a pas l'habitude, etc.
00:52:48 Donc ça, il faut vraiment s'interdire de le faire.
00:52:50 Il faut être hyper vigilant sur ça. C'est des animations
00:52:52 quand même qui demandent de l'expérience
00:52:54 pour le faire.
00:52:56 Merci, c'est parfait.
00:52:58 Merci. Olivier,
00:53:00 je vous passe la parole. Vous aviez
00:53:02 commencé à nous décrire un petit peu le dispositif
00:53:04 tout à l'heure. On peut peut-être aller plus loin.
00:53:06 Savoir à quelle échelle il a été mené, quand,
00:53:08 par qui et puis qui pouvait en bénéficier
00:53:10 au départ.
00:53:12 En 2009,
00:53:16 Roselyne Bachelot,
00:53:18 qui est à l'époque ministre de la Santé,
00:53:20 fait une visite à Marseille
00:53:22 près d'une équipe qui est
00:53:24 coordonnée par le
00:53:26 docteur Vincent Girard, qui est psychiatre de rue.
00:53:28 Et il en
00:53:30 profite pour
00:53:32 lui présenter un projet
00:53:34 d'un squat autogéré
00:53:38 par des personnes de la rue
00:53:40 qui vivent avec un trouble de santé mentale.
00:53:42 Et puis,
00:53:44 la ministre remonte
00:53:46 à Paris et puis l'idée fait son
00:53:48 chemin. Vincent Girard est
00:53:50 contacté par le cabinet de la ministre
00:53:52 quelques jours après ou dans les semaines qui suivent
00:53:54 pour travailler
00:53:56 sur la commande d'un rapport
00:53:58 qui sera le rapport
00:54:00 sur l'accès à la santé des personnes
00:54:02 sans domicile fixe.
00:54:04 Il s'est associé à Pascal Estécaondi, qui est médecin
00:54:06 de santé publique à Toulouse,
00:54:08 et Pierre Covin, qui est chercheur,
00:54:10 pour coécrire ce rapport.
00:54:12 Et une des préconisations
00:54:16 de ce rapport, c'est la mise en place
00:54:18 d'une expérimentation
00:54:20 de type "Housing First"
00:54:22 au niveau national.
00:54:24 Vincent Girard
00:54:26 a fait une partie de ses études à Yale, aux Etats-Unis,
00:54:28 et il a pu
00:54:30 observer, être en contact avec
00:54:32 différents acteurs
00:54:34 de ce dispositif,
00:54:36 en particulier Sam Tsemberis,
00:54:38 qui en est un peu le
00:54:40 papa fondateur à New York.
00:54:42 Et il se dit
00:54:44 "Mais là, il y a une solution, il y a une vraie
00:54:46 piste de travail,
00:54:48 qui est destinée à des gens à la rue,
00:54:50 avec un trouble de la santé mentale, puisque c'était sa cible.
00:54:52 Aux Etats-Unis, le dispositif
00:54:54 était un petit peu plus large au départ.
00:54:56 Le rapport est rendu
00:54:58 à la ministre en janvier 2010,
00:55:00 et l'expérimentation
00:55:02 va se construire
00:55:04 avec des acteurs
00:55:06 institutionnels de l'Etat,
00:55:08 ministère de la Santé, de l'Action sociale du logement,
00:55:10 ministère du Budget.
00:55:12 La première victoire,
00:55:14 c'est d'avoir réussi
00:55:16 à faire coordonner
00:55:18 ces différents acteurs autour d'un même projet,
00:55:20 et de travailler
00:55:22 sur des modalités de financement croisées.
00:55:24 Et lancement de l'expérimentation,
00:55:28 les premières rencontres en juin
00:55:30 2011, et les premiers
00:55:32 recrutements
00:55:34 pour
00:55:36 des personnes
00:55:38 pour participer à l'enquête en septembre
00:55:40 2011. Donc là, il y a eu
00:55:42 un laps de temps très très court.
00:55:44 L'expérimentation durera
00:55:46 six années.
00:55:48 Elle va concerner quatre territoires
00:55:50 en France, Marseille, Toulouse, Paris et Lille.
00:55:52 À peu près, un petit peu moins de 800 personnes.
00:55:54 L'idée, c'était d'avoir 200 personnes
00:55:56 par site, deux cohortes de 100 personnes,
00:55:58 et comme pour un médicament,
00:56:00 on va faire un test d'un groupe
00:56:02 témoin et d'un groupe expérimental.
00:56:04 Le groupe expérimental va tester
00:56:06 l'accès rapide à un logement avec un
00:56:08 accompagnement intensif par une équipe
00:56:10 pluridisciplinaire.
00:56:12 Il y a une
00:56:14 équipe de recherche
00:56:16 qui est l'équipe du professeur
00:56:18 Ockier à Marseille, donc un labo de santé publique,
00:56:20 qui va mener
00:56:22 tout le volet scientifique
00:56:24 de cette expérimentation
00:56:26 et qui va pouvoir
00:56:28 valider que l'idée
00:56:30 d'un modèle de type
00:56:32 housing first est valable, à la fois
00:56:34 pour les personnes et
00:56:36 sur le volet socio-économique.
00:56:38 Alors justement, c'est quoi les bénéfices pour les personnes ?
00:56:40 C'est quoi les bénéfices pour la collectivité,
00:56:42 si je puis dire ?
00:56:44 Pour les personnes,
00:56:46 c'est d'abord l'idée que
00:56:48 je ne suis plus un patient de l'hôpital.
00:56:50 Le regard de l'équipe,
00:56:52 la philosophie qui accompagne les pratiques
00:56:54 va permettre aux gens en fait de changer de statut
00:56:56 et de se sentir différent
00:56:58 que simplement regarder
00:57:00 comme un psychotique
00:57:02 dans le bureau du médecin
00:57:04 avec cette espèce d'étiquette
00:57:06 de la société.
00:57:08 C'est un système
00:57:10 activé par les médias
00:57:12 dès qu'il y a un événement dramatique.
00:57:14 Un chauffard
00:57:16 qui grille un feu rouge
00:57:18 et qui tue un enfant
00:57:20 ou un patient à piéton,
00:57:22 ça fait les gros titres.
00:57:24 Mais on dit qu'il a consommé,
00:57:26 on dit qu'il était sous l'emprise
00:57:28 de produits ou qu'il a simplement été trop vite.
00:57:30 Quelqu'un
00:57:32 qui souffre d'un trouble
00:57:34 de mental,
00:57:36 on va dire le schizophrène
00:57:38 ou ce grand psychotique.
00:57:40 Et on va qualifier sa maladie
00:57:42 va devenir l'élément déclencheur
00:57:44 et venir inscrire
00:57:46 sa symptomatologie
00:57:48 comme étant
00:57:50 une identité.
00:57:54 Or finalement ces personnes ne sont pas
00:57:56 que des malades
00:57:58 et elles sont éminemment
00:58:00 pleines de ressources et c'est sur ces
00:58:02 ressources qu'on va aller travailler.
00:58:04 Et
00:58:06 l'intérêt
00:58:08 de l'accompagnement c'est qu'il va permettre
00:58:10 à la personne de trouver des modes d'expression,
00:58:12 de retrouver de la capacité
00:58:14 à agir, retrouver du pouvoir
00:58:16 d'agir sur ses propres troubles, sur sa propre
00:58:18 maladie. On a des expériences
00:58:20 de gens qui finalement
00:58:22 retrouvent une forme
00:58:24 de contrôle sur les voies qui les habitent,
00:58:26 sur les
00:58:28 troubles de l'humeur qui les perturbent
00:58:30 et qui vont finalement
00:58:32 pouvoir retrouver
00:58:34 un rôle dans la société, retrouver un travail,
00:58:36 sans forcément
00:58:38 avoir besoin d'une adaptation
00:58:40 très très
00:58:42 complexe. Mais ça demande
00:58:44 en effet du temps, vous parliez
00:58:46 de temps madame
00:58:48 sur le projet parisien,
00:58:50 je pense que c'est un véritable investissement.
00:58:52 Quand, après l'expérimentation
00:58:54 on a travaillé
00:58:56 avec le législateur
00:58:58 sur le cahier des charges, la question
00:59:00 du temps a été éminemment
00:59:02 importante et il a été convenu qu'il n'y aurait
00:59:04 pas de durée limite à l'accompagnement.
00:59:06 Parce qu'on ne maîtrise
00:59:08 pas le temps nécessaire au
00:59:10 rétablissement des personnes
00:59:12 de leurs troubles. Vous parlez de temps,
00:59:14 mais je vais vous parler d'argent.
00:59:16 L'immobilier c'est quelque chose qui coûte
00:59:18 cher. Est-ce que je revenais
00:59:20 au bénéfice de la collectivité ?
00:59:22 Est-ce que ça vaut le coup finalement ?
00:59:24 Le volet socio-économique
00:59:26 c'est ce que nous a prouvé aussi
00:59:28 dans cette expérimentation.
00:59:30 Ce dispositif finalement, il permet de faire
00:59:32 non pas des économies,
00:59:34 mais une personne à la rue
00:59:36 va coûter environ 35 000 euros par an.
00:59:38 Une personne
00:59:40 accompagnée par ce type de dispositif
00:59:42 finalement va coûter 14 000 euros.
00:59:44 Le delta entre les deux,
00:59:46 c'est un peu moins
00:59:48 du coût du fonctionnement
00:59:50 du dispositif.
00:59:52 Donc ce dispositif
00:59:54 va finalement s'auto-financer
00:59:56 sur l'argent qui n'est pas dépensé.
00:59:58 Il est très vertueux à la fois pour les personnes
01:00:00 et à la fois pour
01:00:02 l'environnement des personnes
01:00:04 puisque les gens sont moins
01:00:06 hospitalisés, sont moins
01:00:08 incarcérés, sont
01:00:10 moins utilisateurs des services
01:00:12 dits d'urgence, la police, les pompiers,
01:00:14 les SAMU,
01:00:16 les services d'urgence des hôpitaux,
01:00:18 et ils consomment moins
01:00:20 d'hébergement,
01:00:22 d'urgence, HAI et compagnie.
01:00:24 Merci beaucoup.
01:00:26 On vous applaudit, bien sûr.
01:00:28 Eh bien, Julien, je vous propose
01:00:34 qu'on termine par l'expérience
01:00:36 Cocagne.
01:00:38 Ce n'est pas une évidence, pour tout vous dire,
01:00:40 que l'alimentation soit vraiment
01:00:42 un angle logique de l'action sociale.
01:00:44 Vous nous avez déjà expliqué
01:00:46 un petit peu pourquoi, mais j'aimerais quand même
01:00:48 qu'on y revienne. Comment ça permet
01:00:50 d'agir sur une forme d'action sociale
01:00:52 en passant par l'alimentation
01:00:54 et la culture
01:00:56 de légumes, par exemple ?
01:00:58 Oui, oui. A priori,
01:01:00 il faudra réécouter tout ce qui s'est dit auparavant,
01:01:02 refaire colloque
01:01:04 entre nous, parce que l'activation de dépenses
01:01:06 passives avec Territoire zéro chômeur, on en parle
01:01:08 beaucoup.
01:01:10 Je ne suis pas sûr
01:01:14 que le ministère des Finances
01:01:16 nous suive complètement sur l'extension
01:01:18 du principe de l'activation de dépenses passives
01:01:20 pour financer l'extension des solidarités,
01:01:22 mais pourquoi pas ?
01:01:24 Sur ce que vous dites, finalement,
01:01:26 la question de l'extension des droits créants,
01:01:28 c'est l'effectivité des droits. Il faudrait qu'on en reparle aussi.
01:01:30 Parce que là,
01:01:32 vous faites un travail politique et administratif
01:01:34 au sens pur du terme pour rendre effectif
01:01:36 des droits. Vous nous dites
01:01:38 qu'il faut étendre les droits.
01:01:40 Mais encore faut-il qu'ils soient effectifs ?
01:01:42 Il faudrait
01:01:44 qu'on débatte entre nous, qu'on continue de débattre entre nous,
01:01:46 parce que droit à l'alimentation, droit à l'emploi,
01:01:48 nous, on est dans des coalitions. Moi, je m'interroge parfois,
01:01:50 parce que dire "il faut des droits",
01:01:52 il faut-il encore qu'ils soient effectifs pour les gens ?
01:01:54 Donc le travail que vous avez expliqué là,
01:01:56 c'est que vous le rendez effectif.
01:01:58 Et ça, c'est votre sphère
01:02:00 administrative et juridique.
01:02:02 Vous prenez vos responsabilités, etc.
01:02:04 C'est important que nous, associatifs,
01:02:06 on l'entende que c'est votre responsabilité
01:02:08 que vous activez directement là.
01:02:10 On prendra date et je précise aussi
01:02:12 qu'il y a des ateliers cet après-midi qui permettront
01:02:14 de continuer les droits.
01:02:16 C'est important d'entendre qu'il y a un vrai travail qui est mené
01:02:18 pour rendre effectif un droit, qu'on n'est pas là à dire "droit, droit, droit, droit".
01:02:20 Et que c'est un énorme boulot
01:02:24 que de rendre effectif un droit.
01:02:26 Sur Cocagne, nous, concrètement,
01:02:30 parce que tout le monde n'en peut plus...
01:02:32 Surtout qu'on va parler d'alimentation,
01:02:34 et qu'il en fait, c'est pas évident.
01:02:36 Concrètement, nous,
01:02:38 on se retrouve avec nos jardins de Cocagne,
01:02:40 nos paniers solidaires,
01:02:42 pour essayer d'aller
01:02:44 un petit peu plus loin que l'insertion
01:02:46 et aller sur, effectivement, le champ de l'aide alimentaire.
01:02:48 L'aide alimentaire, donc, en fournissant des légumes biologiques
01:02:52 à des personnes qui sont en situation de précarité
01:02:54 et aussi de précarité alimentaire.
01:02:56 Le champ de l'aide alimentaire est questionné.
01:03:00 Il est questionné par
01:03:02 beaucoup de gens,
01:03:04 et en particulier par l'État,
01:03:06 qui s'interroge aussi sur
01:03:08 les montants de l'aide alimentaire
01:03:10 et la finalité de l'aide alimentaire.
01:03:12 C'est-à-dire toujours plus de gens à l'aide alimentaire
01:03:14 et des critiques sur la qualité de l'aide alimentaire.
01:03:16 Et finalement, les effets sur la précarité alimentaire.
01:03:20 Et on se rend compte que
01:03:24 toujours plus d'aides alimentaires, vous savez, sur des fonds européens,
01:03:26 organisés par des grandes associations caritatives
01:03:28 que vous connaissez tous,
01:03:30 nos collègues et amis, des Restos du Coeur,
01:03:32 la Croix-Rouge, bien sûr, du Secours Populaire,
01:03:34 que je salue ici,
01:03:36 et j'en oublie,
01:03:38 des banques alimentaires, bien sûr,
01:03:40 nos partenaires,
01:03:42 qui font leur job,
01:03:44 qui est remarquable, avec beaucoup de bénévoles,
01:03:46 donc ça renvoie aux propos du maire, tout à l'heure,
01:03:48 sur la place des bénévoles, à Dunkerque,
01:03:50 comme ailleurs, qui anime ces territoires de solidarité.
01:03:52 Cette extension,
01:03:54 et l'État se pose aussi la question
01:03:56 de la finalité, c'est-à-dire jusqu'où on va
01:03:58 dans l'extension. A noter que l'aide alimentaire
01:04:00 est un marqueur,
01:04:02 des limites
01:04:04 ou des effondrements de l'État-providence.
01:04:06 Si vous regardez notamment en Grande-Bretagne,
01:04:08 c'est tout à fait marquant,
01:04:10 en Amérique du Nord, c'est encore plus marquant,
01:04:12 l'explosion de l'aide alimentaire correspond
01:04:14 au recul net
01:04:16 de l'effectivité des droits, par exemple,
01:04:18 et du recul des revenus disponibles par les gens
01:04:20 pour pouvoir tout simplement se nourrir.
01:04:22 Et là, on fait appel à qui ?
01:04:24 À la sphère caritative.
01:04:26 Donc c'est les grands trusts,
01:04:28 les fondations anglo-saxonnes,
01:04:30 etc. Donc là, on a un basculement
01:04:32 de la sphère des solidarités étatiques.
01:04:34 C'est des vrais sujets de société.
01:04:36 Et on bascule vers le champ
01:04:38 du bénévolat.
01:04:40 C'est-à-dire nous.
01:04:42 Et organisez-vous
01:04:44 pour répondre à la question
01:04:46 de "on n'a pas à manger"
01:04:48 dans nos sociétés ultra-riches.
01:04:50 Donc là, on est sur des sujets ultra-politiques.
01:04:52 L'IGAS,
01:04:54 l'Inspection Générale des Affaires Sociales,
01:04:56 est nommé par l'État. C'est important de dire que l'État,
01:04:58 parfois, se saisit des problèmes
01:05:00 et essaie de les définir.
01:05:02 Et l'IGAS fait un rapport
01:05:04 et dit "ça ne va pas du tout".
01:05:06 "Ça ne va pas du tout". Il cite les montants
01:05:08 et il dit "dans ces montants-là,
01:05:10 qui sont très importants", il n'arrive pas à chiffrer les montants
01:05:12 des collectivités, il dit "c'est très important".
01:05:14 Et l'État est un, je cite,
01:05:16 "payeur aveugle". C'est-à-dire, il paye,
01:05:18 il paye, il paye. Donc c'est l'Europe.
01:05:20 Puis en plus, il y a une addition de l'État.
01:05:22 Et en fait, on ne sait pas ce qu'on paye.
01:05:24 Et on ne sait pas comment on le paye.
01:05:26 En plus, on ne sait même pas la méthode. C'est très compliqué.
01:05:28 Il y a des appels d'offres, puis il y a France Agri.
01:05:30 C'est très compliqué. Et on ne sait pas ce qu'on paye, etc.
01:05:32 Et en plus, la qualité nutritionnelle
01:05:34 et gustative de l'alimentaire est très dégradée.
01:05:36 Et nous n'avons pas les conditions
01:05:38 d'un accès digne à une alimentation de qualité.
01:05:40 Et donc les gens sont
01:05:42 des bénéficiaires obligatoires, en fait,
01:05:44 de ces centres de dépôt, etc.
01:05:46 Personne ne remet en question
01:05:48 le fait qu'il faut le faire
01:05:50 et qu'on remercie les bénévoles
01:05:52 de toutes ces associations de le faire.
01:05:54 Personne ne remet en question ça.
01:05:56 Les associations sont les premières à dire que,
01:05:58 comme l'a dit le maire tout à l'heure,
01:06:00 sans les associations, l'État ne pourrait faire
01:06:02 s'il devait le payer lui-même.
01:06:04 Il pourrait faire que le quart de ce que font les bénévoles.
01:06:06 Vous voyez toujours, le travail bénévole,
01:06:08 il est comparé tout de suite au travail salarié fonctionnaire.
01:06:10 Et l'État fait "Ouh là là,
01:06:12 mais si je devais le payer, moi, je ne peux pas".
01:06:14 Donc tout de suite, vous voyez la conversion qui est faite
01:06:16 entre ce que les associations font, etc.
01:06:18 C'est intéressant, parce que du coup,
01:06:20 ça veut dire que nous, associations,
01:06:22 on est aussi assimilés comme un travail gratuit,
01:06:24 systématiquement, par l'État.
01:06:26 Il y a un équivalent de travail gratuit
01:06:28 dans la solidarité.
01:06:30 Ce qui peut être parfois limite quand on dit
01:06:32 que le bénévolat, par exemple,
01:06:34 le travail social, n'est pas un travail gratuit.
01:06:36 Il faut quand même le rappeler.
01:06:38 Il y a des qualifications, etc.
01:06:40 On ne peut pas convertir ça en travail gratuit.
01:06:42 Mais je m'égare.
01:06:44 Donc on en est là.
01:06:46 L'État lui-même pose des questions.
01:06:48 L'État pose des questions au secteur.
01:06:50 Nous, on est avec nos petits paniers solidaires.
01:06:52 Et on est avec d'autres collègues aussi,
01:06:54 les épiceries sociales et solidaires,
01:06:56 le Secours catholique,
01:06:58 le dispositif VRAC,
01:07:00 qui fait des achats groupés en quartier populaire,
01:07:02 etc.
01:07:04 Les réseaux agricoles qui s'interrogent,
01:07:06 comme les SIVAM, etc.
01:07:08 Et on se retrouve, et je vais en venir
01:07:10 à Dunkerque, je vais en venir
01:07:12 aux collectivités,
01:07:14 et on se retrouve en banlieue de Lyon,
01:07:16 en septembre 2019.
01:07:18 On se retrouve là, entre nous,
01:07:20 et on se dit "alors tu fais quoi, toi ?"
01:07:22 Et moi j'ai dit "il faut qu'on y voit clair, là,
01:07:24 on va essayer de voir ce qu'on pourrait faire ensemble".
01:07:26 On se retrouve à Saint-Fond.
01:07:28 Alors Saint-Fond,
01:07:30 c'est comme Dunkerque.
01:07:32 Non mais je dis ça parce que c'est un site Céveso.
01:07:34 C'est des industries
01:07:36 pétrochimiques, etc. Sauf qu'il n'y a pas la mer.
01:07:38 Donc,
01:07:40 Saint-Fond,
01:07:42 c'est quand même...
01:07:44 Alors il y a un jardin de cocagne,
01:07:46 pas loin, qu'on a visité, qui est entre deux bretelles
01:07:48 d'autoroute, etc.
01:07:50 On est, nous, à chaque fois, dans des endroits un peu...
01:07:52 un peu avec de l'engagement.
01:07:54 Vous voyez, c'est...
01:07:56 Et on se retrouve à Saint-Fond, dans l'épicerie sociale
01:07:58 et solidaire, qui est juste en face du Lidl.
01:08:00 Voilà. Ce qui vous donne une idée.
01:08:02 Et l'épicerie sociale et solidaire, elle se dit...
01:08:04 Vous voyez, l'enjeu de l'alimentation,
01:08:06 c'est vite vu. C'est-à-dire, quel projet alimentaire
01:08:08 j'ai, moi, pour les quartiers populaires ?
01:08:10 Et j'ai le Lidl en face. C'est vite vu.
01:08:12 Qu'est-ce que je propose comme projet ? Qualité, qualité,
01:08:14 pas qualité, engagement, convivialité
01:08:16 versus Lidl.
01:08:18 Lidl, Discounter allemand.
01:08:20 Donc, c'est vite vu. Les gens vont chez Lidl.
01:08:22 Et puis, après, ils voient ce qu'ils peuvent faire
01:08:24 avec leur truc.
01:08:26 Et évidemment, ils reçoivent des colis de la banque alimentaire.
01:08:28 Et des paniers solidaires
01:08:30 du petit jardin de Cocagne.
01:08:32 Et là, on discute entre nous.
01:08:34 Donc, vous voyez qu'on est des petits gens.
01:08:36 On discute entre nous. Et on se rend compte de quoi ?
01:08:38 Qu'on est isolés,
01:08:40 marginalisés, et totalement à l'aveugle
01:08:42 du périmètre communal.
01:08:44 Des périmètres communaux, puisqu'on est
01:08:46 à la périphérie du Grand Lyon, de la métro du Grand Lyon.
01:08:48 Donc, on ne sait pas ce que fait la municipalité
01:08:50 de Saint-Fond. Pas tout à fait.
01:08:52 On apprend qu'il y a un appel à projet quartier fertile.
01:08:54 Vous voyez, en rue, quartier fertile.
01:08:56 Il y a ça ici aussi.
01:08:58 Et que, du coup, il y a peut-être un jardin partagé qui va se faire.
01:09:00 Mais par un autre jardin de Cocagne
01:09:02 qui n'est pas celui d'à côté. On ne savait pas.
01:09:04 Alors, elle nous l'apprend. On apprend par ailleurs que la municipalité
01:09:06 vient de changer, qu'elle a tout changé.
01:09:08 Qu'elle n'est pas dans la métro. Que la métro a changé ses plans.
01:09:10 Mais qu'on ne sait pas quels sont ses plans.
01:09:12 Et que l'association d'à côté va faire un truc.
01:09:14 Ah ben, on ne le savait pas, mais c'est contre nous.
01:09:16 Voilà la réalité.
01:09:18 Répondre aux solidarités
01:09:20 concrètes d'aider les gens,
01:09:22 c'est possible si on sait
01:09:24 entre nous ce qu'on est capable de faire.
01:09:26 Et si on est capable de se coordonner,
01:09:28 de savoir quelles sont nos capacités d'agir.
01:09:30 Donner des capacités aux gens
01:09:32 par l'action associative de solidarité,
01:09:34 c'est déjà avoir des capacités à soi.
01:09:36 Entre soi. Et on n'en a
01:09:38 aucune. Ou alors,
01:09:40 elles sont purement symboliques, déclaratives.
01:09:42 Donc là,
01:09:44 on se dit que ce n'est pas possible.
01:09:46 Qu'est-ce qu'on va faire ?
01:09:48 Heureusement, il est arrivé le Covid.
01:09:50 Septembre 2019, etc.
01:09:52 Et là, à la faveur
01:09:54 d'un État généreux,
01:09:56 qui comprend qu'il y a des priorités dans la vie,
01:09:58 c'est-à-dire répondre aux grandes fonctionnalités
01:10:00 de la vie, on dépose un projet
01:10:02 avec l'aide de la Fondation Carasso,
01:10:04 de la Fondation de France.
01:10:06 On leur dit
01:10:08 un générique coopération de territoire,
01:10:10 deux solidarités sur les enjeux alimentaires.
01:10:12 On ne fait plus rien
01:10:14 si vous ne nous financez pas
01:10:16 pour travailler ensemble.
01:10:18 Et vous ne financez pas de l'action,
01:10:20 vous financez de l'intelligence collective.
01:10:22 Et après, on va faire de la belle action.
01:10:24 On va faire des trucs bien,
01:10:26 mais d'abord, on va bosser,
01:10:28 on va faire des ingénieurs territoriaux,
01:10:30 entre associations, on ne va pas faire des cabinets
01:10:32 de consultants externes
01:10:34 qui se capitalisent sur notre dos,
01:10:36 et qui revendent ça, etc.
01:10:38 On va faire ça entre associations,
01:10:40 et on va produire des projets
01:10:42 qui auront mûri, qui auront réfléchi,
01:10:44 et qui répondront aux besoins des gens
01:10:46 à partir de
01:10:48 tout ce qu'on sait faire de mieux entre nous.
01:10:50 Mais alors, en fait, on ne sait pas
01:10:52 ce qu'on sait faire de mieux entre nous,
01:10:54 puisque le principe de la coopération, c'est que ça crée du nouveau.
01:10:56 Ça crée des choses qu'on ne savait pas faire,
01:10:58 et qu'on invente en faisant
01:11:00 d'une manière, mais alors, surprenante,
01:11:02 tout à fait surprenante.
01:11:04 Je ne peux pas vous dire tout ce qu'on a inventé
01:11:06 sur les quatre grands territoires métropolitains
01:11:08 qu'on a expérimentés en deux ans.
01:11:10 Tout sera présenté, bon, c'est déjà sur Internet,
01:11:12 mais tout sera présenté le 20 juin à Montpellier.
01:11:14 Je vous invite à y venir publiquement,
01:11:16 ça sera présenté publiquement.
01:11:18 C'est sur Grand Lyon, Ex-Marseille,
01:11:20 Montpellier et Toulouse-Haute-Garonne
01:11:22 que ça a été expérimenté
01:11:24 par des dizaines et des dizaines de partenariats,
01:11:26 etc. Ce qui est intéressant, c'est qu'on est partis
01:11:28 entre assos, et le principe
01:11:30 au début des assos, c'est de savoir
01:11:32 chacun sur les territoires.
01:11:34 Et au début, alors je vous rappelle,
01:11:36 on était tout petits, isolés, personne ne s'intéressait à nous, grosso modo.
01:11:38 Voilà. Au bout d'un moment,
01:11:40 tout le monde vient à nous.
01:11:42 C'est-à-dire que ça devient
01:11:44 le centre d'attraction et de coopération
01:11:46 et de coordination, et les élus
01:11:48 sont obligés, alors là, pour le coup,
01:11:50 de se positionner.
01:11:52 Et le faire-ensemble
01:11:54 qu'appelait M. le maire tout à l'heure,
01:11:56 il devient une réalité concrète
01:11:58 pour la collectivité. Ça veut dire quoi ?
01:12:00 Je vais prendre juste deux exemples et j'aurai fini.
01:12:02 Merci. Deux exemples.
01:12:04 Faire-ensemble, ça veut dire quoi ?
01:12:06 Par exemple, si je prends Aix-Marseille,
01:12:08 faire-ensemble, ça veut dire que leur travail
01:12:10 de repérage, d'identification
01:12:12 de qui fait quoi, où sont les besoins,
01:12:14 où sont les publics, où sont les activités,
01:12:16 etc. Et je réponds
01:12:18 à M. Pogam sur une
01:12:20 vision transitionnelle au XXIe siècle
01:12:22 de l'aide alimentaire.
01:12:24 Parce que les filières longues des stocks européens
01:12:26 de l'agroalimentaire sur des centres de dépôt,
01:12:28 oui pour l'urgence,
01:12:30 non pour le XXIe siècle.
01:12:32 La question, c'est comment le territoire agricole
01:12:34 d'Aix-Marseille
01:12:36 peut aujourd'hui répondre localement
01:12:38 et d'une manière environnementale
01:12:40 aux enjeux de la qualité
01:12:42 nutritionnelle de l'aide alimentaire
01:12:44 pour les publics
01:12:46 d'Aix-Marseille aujourd'hui.
01:12:48 Tout l'enjeu a été de tricoter
01:12:50 une articulation sur la
01:12:52 possibilité de fournir localement
01:12:54 via une plateforme multifonctionnelle
01:12:56 qui est là très subtile et très intelligente
01:12:58 des épiceries sociales
01:13:00 qui se sont existantes et qui se sont
01:13:02 créées avec des fonctions d'animation
01:13:04 sociale et des fonctions de distribution
01:13:06 sur tout le territoire
01:13:08 métropolitain de Marseille.
01:13:10 Je vous le fais en très court, c'est beaucoup plus intéressant
01:13:12 que ça. Ça c'est sur Aix-Marseille.
01:13:14 Mais vous comprenez qu'on a intégré
01:13:16 le territoire de production agricole
01:13:18 à l'intérieur d'un maillage social
01:13:20 des quartiers d'Aix-Marseille.
01:13:22 Donc ça c'est un exemple.
01:13:24 Sur Montpellier, ça fait
01:13:26 la une des journaux télévisés, etc.
01:13:28 C'est la Caisse mutuelle alimentaire de Montpellier
01:13:30 qui est une forme de sécurité sociale
01:13:32 alimentaire, mais peut-être à mon avis
01:13:34 plus intéressante parce qu'elle est moins déclarative,
01:13:36 moins idéologique,
01:13:38 où là, très clairement,
01:13:40 avec les publics, tout un travail
01:13:42 d'animation et d'accompagnement des publics,
01:13:44 la question s'est posée
01:13:46 de comment organiser avec
01:13:48 les publics la question de
01:13:50 qu'est-ce qu'on veut manger.
01:13:52 Quand je dis les publics, c'est l'antenne du Secours
01:13:54 catholique avec
01:13:56 un panel, ensuite mixité sociale
01:13:58 du panel,
01:14:00 le lancement, il y a 1000 personnes,
01:14:02 ça génère des centaines
01:14:04 d'heures d'organisation, etc.
01:14:06 Et les publics populaires,
01:14:08 quand je parlais de l'engagement tout à l'heure,
01:14:10 les publics populaires, etc., ils sont là,
01:14:12 ils s'engagent, et qu'est-ce qu'on fait avec eux ?
01:14:14 On définit toute la chaîne.
01:14:16 Qu'est-ce qu'on veut manger ?
01:14:18 C'est quoi une alimentation de qualité ?
01:14:20 Pour ça, il faut définir
01:14:22 qu'est-ce qui est disponible sur le territoire.
01:14:24 Et on peut lire un pour savoir
01:14:26 qu'est-ce qu'on pourrait avoir
01:14:28 comme disponibilité. On va voir les paysans.
01:14:30 Les paysans, ils disent "moi, voilà ce que je
01:14:32 produis". Mais tu le produis à quel coût ?
01:14:34 Personne ne savait qu'il y avait des paysans
01:14:36 qui étaient au RSA.
01:14:38 Il y avait des paysans qui sont au RSA.
01:14:40 Ça veut dire un paysan au RSA.
01:14:42 Pourquoi il est au RSA ?
01:14:44 C'est quoi la structure sociale du monde
01:14:46 paysan aujourd'hui ? Il y a des échanges
01:14:48 entre mondes sociaux.
01:14:50 C'est là que se nouent des rapports sociaux
01:14:52 tout à fait nouveaux entre
01:14:54 personnes précaires, et sur lesquels
01:14:56 nous, on travaille la structuration
01:14:58 de cette caisse mutuelle alimentaire, sur laquelle
01:15:00 il y a une dotation financière qui va être
01:15:02 gérée par une carte. Ils ont une carte
01:15:04 avec une application logicielle, etc.
01:15:06 qui permet de financer ça
01:15:08 avec des points de dépôt, etc.
01:15:10 Et la collectivité est positionnée
01:15:12 en dotation financière de cette caisse mutuelle.
01:15:14 Et c'est là que le faire ensemble de M. le maire
01:15:16 me paraît... Voilà la concrétisation du faire ensemble.
01:15:18 C'est-à-dire que l'action associative
01:15:20 est partie des publics pour créer
01:15:22 une infrastructure territoriale
01:15:24 concrète, où là, il y a de l'approvisionnement.
01:15:26 C'est du concret, hein, c'est pas des mots, c'est du concret.
01:15:28 C'est de la matière. C'est des paysans.
01:15:30 C'est des structures logistiques, etc.
01:15:32 C'est des personnes accompagnées.
01:15:34 Et à l'intérieur de laquelle, on va retrouver la collectivité
01:15:36 qui rend effectif son droit à une alimentation
01:15:38 de qualité. Je comprends que ça
01:15:40 effraie les collectivités.
01:15:42 Parce que tout de suite, ça pose la question des montants,
01:15:44 de la pérennité, qui c'est qui doit payer,
01:15:46 pourquoi ça serait nous qui paierons, etc.
01:15:48 Mais on a là, la concrétisation
01:15:50 de ce que j'ai essayé d'expliquer tout à l'heure.
01:15:52 On croit à l'action publique.
01:15:54 Parce qu'elle devient émancipatrice.
01:15:56 Elle devient réelle et émancipatrice.
01:15:58 Même si elle relève encore d'un symbole.
01:16:00 Mais elle devient réellement émancipatrice.
01:16:02 C'est une belle conclusion. Merci.
01:16:04 (Applaudissements)
01:16:10 On est très en retard, mais on va quand même
01:16:12 prendre quelques minutes pour que vous puissiez réagir
01:16:14 ou poser des questions. Je vous en prie, la parole est à vous.
01:16:16 Quand vous voulez, vous levez la main, vous vous présentez.
01:16:18 Je passe le micro. Vous avez trop faim, non ?
01:16:20 Il y a bien des questions qui restent.
01:16:22 Oui.
01:16:24 Bonjour.
01:16:36 Jérôme Sumodo, chargé de mission d'insertion sociale
01:16:38 professionnelle à la ville de Dunkerque.
01:16:40 Deux questions,
01:16:42 même si vous avez répondu, je pense,
01:16:44 à ma deuxième, là, sur la fin.
01:16:46 La première, c'était...
01:16:48 Vous avez parlé du "à l'évert".
01:16:50 Et moi, j'ai le sentiment
01:16:52 que ça s'essouffle,
01:16:54 qu'il faut le réinventer.
01:16:56 Et donc, du coup, je vous pose la question de
01:16:58 comment vous avez fait
01:17:00 ou comment vous comptez le réinventer.
01:17:02 Donc ça, c'est ma première question.
01:17:04 Et deuxième question,
01:17:06 c'était sur la question des moyens financiers.
01:17:08 Parce qu'on a bien entendu que
01:17:10 le nerf de la guerre, quand même, ça reste
01:17:12 les financements. Et que les financements,
01:17:14 ils ont tendance à faire rentrer
01:17:16 les gens dans des cases. Parce que pour avoir
01:17:18 le financement, il faut autant de personnes, avec autant
01:17:20 de critères, avec autant de... Voilà.
01:17:22 Et alors, la réponse de
01:17:24 financer l'ingénierie collective,
01:17:26 c'est un peu ce qui a été dit tout à l'heure,
01:17:28 mais est-ce qu'il y a d'autres réponses
01:17:30 à cette recherche
01:17:32 de financement ? Est-ce qu'il faut
01:17:34 apporter une veille et des
01:17:36 informations aux associations pour qu'eux, ils se saisissent
01:17:38 des opportunités qui ne sont
01:17:40 pas connues ? Parce que c'est ça la réponse
01:17:42 que vous avez un peu abordée, j'ai l'impression.
01:17:44 Voilà mes deux questions.
01:17:46 Merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions ou remarques ?
01:17:48 Oui.
01:17:50 Juste derrière.
01:17:52 Donc le même que tout à l'heure.
01:17:58 Merci d'abord de la qualité
01:18:02 et du dynamisme de vos interventions.
01:18:04 Et
01:18:06 deux questions, parce que
01:18:08 ça en soulève tellement
01:18:10 que je vais m'y miter à deux.
01:18:12 La première,
01:18:14 c'est
01:18:16 vous avez évoqué
01:18:18 en tout début,
01:18:20 au niveau des jardins de cocagne,
01:18:22 l'intérêt qu'il y avait eu
01:18:24 pour les
01:18:26 personnes d'être
01:18:28 tout d'un coup déclarées comme des
01:18:30 personnes essentielles.
01:18:32 Mais
01:18:34 en contrepoint,
01:18:36 ce que l'on peut observer,
01:18:38 c'est que pendant le Covid,
01:18:40 l'ensemble des métiers du social,
01:18:42 de l'éducation et de l'animation
01:18:44 n'ont pas été déclarés
01:18:46 comme métiers essentiels.
01:18:48 Donc quel effet
01:18:50 de non reconnaissance
01:18:52 cela a sur les professionnels
01:18:54 et comment relever
01:18:56 les éléments pour
01:18:58 redonner et réaffirmer
01:19:00 l'essentiel
01:19:02 de ces métiers pour le lien social
01:19:04 et les solidarités.
01:19:06 Ça c'est la première question. La deuxième
01:19:08 concerne la question
01:19:10 sur laquelle vous avez tous insisté,
01:19:12 sur la question du temps,
01:19:14 la nécessité du temps,
01:19:16 de prendre le temps, etc.
01:19:18 Et
01:19:20 évidemment, on ne peut que
01:19:22 partager. Mais comment
01:19:24 tenir ce défi du temps
01:19:26 dans des
01:19:28 organisations,
01:19:30 dans des injonctions institutionnelles
01:19:32 qui sont de plus en plus
01:19:34 liées à la performance,
01:19:36 à la rapidité,
01:19:38 à l'efficacité,
01:19:40 à l'immédiateté des résultats de l'action.
01:19:42 Merci.
01:19:44 Est-ce qu'il y a une dernière demande de participation ?
01:19:46 C'est déjà riche.
01:19:48 Allez, on y va, on répond
01:19:50 à toutes ces questions. Je les ai
01:19:52 notées. Qui
01:19:54 souhaitait se lancer ?
01:19:56 Moi, je veux bien y aller
01:19:58 sur l'aller-vers, mais je pourrais
01:20:00 le monsieur. Oui, moi, je fais le même conseil que vous.
01:20:02 Je ne sais pas si ça s'essouffle,
01:20:04 mais je ne suis pas sûre qu'on trouve toujours les bonnes
01:20:06 formes et
01:20:08 on répète des formes de pied d'immeuble,
01:20:10 etc., qui, je trouve, ne sont pas toujours les plus
01:20:12 adaptées. Donc peut-être qu'il faut qu'on les construise
01:20:14 avec les usagers, avec les habitants.
01:20:16 Ce qu'on a constaté aussi, c'est
01:20:18 qu'un courrier, un SMS,
01:20:20 parfois, était plus efficace
01:20:22 qu'une action d'aller-vers, pour
01:20:24 prendre contact avec les gens, pour une
01:20:26 information, pour les faire venir chez nous, pour ouvrir
01:20:28 des droits. Donc ça,
01:20:30 ça fait moins aller-vers,
01:20:32 mais en fait, c'est beaucoup plus efficace,
01:20:34 d'où l'intérêt des fichiers.
01:20:36 Voilà. Nous, on a
01:20:38 fait une journée de l'accès aux droits la
01:20:40 semaine dernière pour
01:20:42 tous les travailleurs, enfin, pour tous les
01:20:44 partenaires du 10e arrondissement. Donc on avait une
01:20:46 assemblée un peu comme la vôtre et une journée un peu construite
01:20:48 comme la vôtre. Et on a fait un atelier sur
01:20:50 le aller-vers, comment renouveler.
01:20:52 Donc je n'ai pas eu le temps de faire le point.
01:20:54 Mais je pense que c'est vraiment un sujet.
01:20:56 Et peut-être qu'on le construise un peu
01:20:58 différemment que ce qu'on fait aujourd'hui.
01:21:00 Alors nous, on nous parle de porte-à-porte, par exemple.
01:21:02 J'aimerais bien qu'il y ait des gens
01:21:04 qui contredisent ça, vous voyez.
01:21:06 Mais bon, pour l'instant, personne ne l'a contredit.
01:21:08 On va peut-être voir
01:21:10 avec des médévoles pour aller taper à la porte
01:21:12 des gens. Là, moi, je ne suis pas
01:21:14 hyper convaincue, mais je...
01:21:16 Ah bon. Alors tant mieux.
01:21:18 Parce que je trouvais
01:21:20 qu'on en discute.
01:21:22 On en débat cet après-midi.
01:21:24 Vous vouliez réagir ?
01:21:26 Oui.
01:21:28 Moi, j'aime bien avancer
01:21:30 des idées un peu saugrenues.
01:21:32 Parce qu'en fait, finalement, pour aller vers...
01:21:34 Qu'est-ce qui fait affaire que les gens se rencontrent ?
01:21:36 On a parlé tout à l'heure d'espaces de confiance.
01:21:38 Moi, je traduis ça
01:21:40 par des lieux décloisonnés
01:21:42 où il n'y a pas
01:21:44 un responsable, un qui sait plus,
01:21:46 un qui sait moins.
01:21:48 Un lieu qui ne génère pas
01:21:50 de stigmatisation.
01:21:52 Et finalement, c'est se réunir
01:21:54 autour d'un objet qui n'est pas forcément
01:21:56 la cible ou le
01:21:58 centre de la cible.
01:22:00 Et je me dis peut-être qu'il faudrait qu'il y ait des agents de la CPM
01:22:02 qui aillent tirer les carottes ou planter
01:22:04 des navets au jardin cocagne.
01:22:06 Et d'avoir ensemble
01:22:08 les mains dans la terre, ça permettrait
01:22:10 peut-être de discuter de la santé.
01:22:12 On a une dame qu'on accompagne
01:22:14 qui est un peu notre doyenne. Elle a près de 80 ans.
01:22:16 Il y a quelques années,
01:22:18 elle a banni tout ce qui était
01:22:20 en blouse blanche
01:22:22 et qui s'appelait médecin ou autre,
01:22:24 infirmière.
01:22:26 Et on a dans notre équipe, David, à l'époque,
01:22:28 qui était médecin généraliste
01:22:30 et qui avait
01:22:32 comme intérêt
01:22:34 le jardinage.
01:22:38 Et cette dame a demandé un jour
01:22:40 de pouvoir habiller
01:22:42 ses balconnières avec
01:22:44 des tulipes ou des fleurs.
01:22:46 Ça a été l'occasion
01:22:48 d'aller planter des tulipes
01:22:50 et puis en fin de journée de se rendre compte
01:22:52 que ses doigts pleins d'arthrose lui faisaient mal
01:22:54 et il lui a dit "mais si tu veux, je peux t'aider".
01:22:56 Elle a dit "mais t'es pas
01:22:58 médecin toi de toute façon".
01:23:00 Il a dit "bah si justement".
01:23:02 "Ah bon, bah d'accord".
01:23:04 Et il a pu l'ausculter. Ça faisait trois ans
01:23:06 qu'elle n'avait pas été auscultée par un médecin.
01:23:08 Plus de 75 ans, je ne vous laisse pas
01:23:10 voir le détail.
01:23:12 Ça a été du coup
01:23:14 revenir, refaire du lien
01:23:16 finalement avec
01:23:18 ce qui n'était pas la cible au départ
01:23:20 puisqu'on part des tulipes pour arriver sur la santé.
01:23:22 Merci. Sur les moyens financiers
01:23:24 qui souhaitaient répondre ?
01:23:26 Oui, ici.
01:23:30 On va faire passer le micro.
01:23:32 C'est une réponse très spécifique
01:23:34 à notre expérimentation. Nous, le choix
01:23:36 qu'on a fait avec l'enveloppe que l'État
01:23:38 nous a donné, très concrètement,
01:23:40 c'est de financer de l'ingénierie de projet
01:23:42 et pas des professionnels de l'action sociale.
01:23:44 Parce que ce qu'on s'est dit, c'est que
01:23:46 l'aller vers et l'accès
01:23:48 aux droits sociaux, c'est quand même l'ADN
01:23:50 d'un CCAS globalement ou d'un espace
01:23:52 parisien des solidarités, c'est la même chose.
01:23:54 Donc ce qu'on a voulu, c'est avoir une personne
01:23:56 et on candidate d'ailleurs au nouvel
01:23:58 appel à projet de l'État pour élargir notre expérimentation
01:24:00 puisque les résultats sont assez positifs.
01:24:02 C'est de se dire, on va
01:24:04 prendre des personnes qui vont
01:24:06 faire l'exercice de pilotage, de création
01:24:08 d'outils, de création
01:24:10 de manière de mise en lien
01:24:12 des différents acteurs, plutôt que
01:24:14 de recruter des travailleurs sociaux
01:24:16 ou des professionnels de l'action sociale
01:24:18 dans le but, en fait,
01:24:20 de justement prendre un peu de recul,
01:24:22 avoir un peu de temps pour faire
01:24:24 cette mise en musique, cette analyse,
01:24:26 ce pilotage, ce suivi, cette évaluation
01:24:28 et pour pouvoir ensuite
01:24:30 travailler à l'évolution des pratiques
01:24:32 professionnelles globalement. Pas en
01:24:34 ajoutant les choses, en essayant justement
01:24:36 de tester un certain nombre d'actions
01:24:38 qui concourent à lutter contre le non-recours
01:24:40 et en voyant celles qui fonctionnent, celles qui fonctionnent
01:24:42 moins bien et dans celles qui fonctionnent, celles
01:24:44 qui sont in fine absorbables
01:24:46 sur le long cours, dans une logique de
01:24:48 déploiement aussi sur l'ensemble du
01:24:50 territoire parisien. Ca va dans le sens du Pari
01:24:52 de l'action sociale dont parlait Sylvie Payan juste avant.
01:24:54 Comme ça fait vraiment
01:24:56 partie du travail qu'on veut mener,
01:24:58 on a vraiment, une fois de plus, profité
01:25:00 de cette opportunité pour financer
01:25:02 de l'ingénierie de projet et pas
01:25:04 ajouter des professionnels
01:25:06 qui pourraient, pendant le temps du
01:25:08 financement, effectivement, mettre en place
01:25:10 des actions, mais qui après ne seraient pas
01:25:12 duplicables sur le long cours. Donc ça a été
01:25:14 ça l'idée, c'est prendre du recul et du temps
01:25:16 via de l'ingénierie de projet.
01:25:18 Et vous avez répondu à la troisième question, qui est
01:25:20 le temps, et je crois qu'on est tous d'accord et que c'est peut-être
01:25:22 la leçon qu'on peut tirer de ces
01:25:24 échanges, c'est qu'il faut laisser le temps
01:25:26 aux différentes expérimentations de s'implanter
01:25:28 d'être efficaces et
01:25:30 d'en prendre la mesure. La dernière question, c'était
01:25:32 sur la reconnaissance des
01:25:34 travailleurs sociaux, notamment des métiers.
01:25:36 Elle est difficile, je ne sais pas si quelqu'un
01:25:38 souhaite s'y
01:25:40 attaquer.
01:25:42 Il y a quand même
01:25:44 eu au niveau de
01:25:46 l'Etat
01:25:48 une volonté de reconnaître
01:25:50 avec la mise en place
01:25:52 d'une prime
01:25:54 du Ségur.
01:25:56 Voilà, qui reste un petit
01:26:00 peu quelque chose en plus.
01:26:02 Le Ségur
01:26:06 n'a pas... Vous parliez
01:26:08 des travailleurs sociaux,
01:26:10 de l'animation, de l'éducation.
01:26:12 Les travailleurs sociaux ont eu le Ségur.
01:26:14 Nous, par exemple, la ville de Paris,
01:26:16 la Direction des solidarités, il y a quand même des gens qui travaillent
01:26:18 du fait de ce découpage-là
01:26:20 dans les mêmes lieux, dont certains ont eu le Ségur
01:26:22 parce qu'ils avaient tel statut, et l'autre n'ont pas
01:26:24 eu le Ségur. Je pense que certains ont dû vivre
01:26:26 ça très compliqué. Donc ce n'est pas une reconnaissance
01:26:28 générale, mais il y a eu le Ségur
01:26:30 quand même pour la filière sociale.
01:26:32 Voilà.
01:26:34 - Et dans d'autres organisations, je pense
01:26:36 à la nôtre, par exemple, la Direction
01:26:38 générale a fait le choix
01:26:40 de financer sur fonds propres
01:26:42 une prime pour
01:26:44 tous les
01:26:46 services supports qui fonctionnent avec du professionnel
01:26:48 d'insertion, qui du coup n'étaient rentrés
01:26:50 pas dans ce cadre-là, mais qui nettoyaient
01:26:52 les toilettes,
01:26:54 les salles communes,
01:26:56 les chambres, les lieux
01:26:58 de sommeil, etc.
01:27:00 Où potentiellement pouvaient être accueillis
01:27:02 des gens porteurs de la maladie.
01:27:04 Qui n'ont pas été si nombreux finalement.
01:27:06 Juste cette petite
01:27:08 parenthèse, puisque les gens
01:27:10 à la rue ne font pas partie des mêmes
01:27:12 cercles que
01:27:14 nous autres. Et que
01:27:16 finalement, quand
01:27:18 ils ont attrapé le Covid, c'est à cause de nous
01:27:20 les travailleurs sociaux.
01:27:22 C'est ce qui montre le
01:27:24 lingo, si vous voulez, entre la société
01:27:26 et les exclus.
01:27:28 Il n'y a pas eu de mort chez les gens à la rue à cause du Covid.
01:27:30 Isabelle, vous
01:27:32 vouliez le mot de la fin en 22 secondes.
01:27:34 Non, je voulais juste dire que sur
01:27:36 le travail social, je pense qu'il y a surtout une crise du
01:27:38 sens du travail social. Moi, c'est ce que
01:27:40 on a fait il n'y a pas longtemps,
01:27:42 un croisement des savoirs
01:27:44 sur les dimensions de la pauvreté.
01:27:46 Le collège des gens,
01:27:48 des travailleurs sociaux, ce qu'ils rapportaient,
01:27:50 c'était dramatique.
01:27:52 Ceux qui étaient
01:27:54 là, au moins, disent qu'ils n'avaient plus la capacité
01:27:56 de venir en soutien aux gens et de faire leur boulot
01:27:58 correctement. Il y a une vraie crise de sens.
01:28:00 Et je pense que la crise de sens, elle est
01:28:02 beaucoup plus importante que la
01:28:04 rémunération. Et le problème, c'est que souvent, quand il y a ce
01:28:06 type de problème,
01:28:08 on ne parie que sur la rémunération
01:28:10 sans se poser la question du sens et comment on
01:28:12 retrouve. Et si on avait des aides
01:28:14 moins conditionnelles,
01:28:16 comme l'horreur du RSA aujourd'hui,
01:28:18 on aurait peut-être des gens qui pourraient passer
01:28:20 plus de temps avec les personnes au lieu de les
01:28:22 contrôler et d'augmenter la stigmatisation
01:28:24 au sein même du travail social.
01:28:26 Aujourd'hui, on a de plus en plus de travailleurs
01:28:28 pauvres et dont de travailleurs sociaux qui se disent
01:28:30 "On est dans la même situation que les gens
01:28:32 qu'on aide". Ce n'est pas vrai, parce que d'abord, ils ont un salaire,
01:28:34 un travail, une reconnaissance. Et les gens
01:28:36 qu'ils aident, ils sont au RSA, sous des
01:28:38 allocations qui leur permettent de survivre.
01:28:40 Mais on en vient à des situations
01:28:42 comme ça parce que c'est l'organisation
01:28:44 qu'on a mis en place qui fait ça.
01:28:46 Comment on retrouve du sens aussi à ce travail social ?
01:28:48 Merci à tous les cinq. On vous applaudit.
01:28:50 [Applaudissements]
01:28:54 Merci à toutes et à tous.
01:28:56 Un mot pour dire que votre repas a été
01:28:58 préparé grâce à trois structures.
01:29:00 La Fégis, Réseau de Cocagne,
01:29:02 La Petite-Pierre et
01:29:04 Régal au Maïl,
01:29:06 si j'ai tout bon.
01:29:08 On se retrouve à 14h15
01:29:10 pour les ateliers. Normalement,
01:29:12 vous avez tous
01:29:14 choisi des ateliers, donc on vous y retrouve
01:29:16 directement. 14h15.
01:29:18 Bon appétit à toutes et à tous et merci de votre
01:29:20 participation.
01:29:22 [Applaudissements]

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