• il y a 2 ans
BERTIN LÉOPOLD KOUAYEP (Professeur - Chercheur en Sciences de Gestion à Paris; Directeur de l'ESCG de Yaoundé et Consultant au CIF de l'OIT-ONU) EST L'INVITE DE L'EMISSION ECHOS DE PARIS PRESENTEE PAR EUGENIE DIECKY

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Éducation
Transcription
00:00 Alors si vous êtes intéressé, passionné par les sciences économiques, par la communauté
00:12 économique et monétaire de l'Afrique centrale notamment, si vous êtes passionné par l'Afrique,
00:18 et bien asseyez-vous confortablement, nous allons en parler à travers un événement
00:25 qui va se tenir très prochainement, donc c'est le 5 décembre prochain. Pour en parler,
00:30 alors un invité qui était là il y a un an, un an et demi je pense, le professeur
00:36 Bertin Léopold Kouaïep, il est directeur et professeur chercheur en sciences de gestion,
00:44 il est directeur de l'école supérieure de commerce et de gestion qui est basée au Cameroun.
00:51 Professeur, bonjour.
00:52 Bonjour Eugénie.
00:53 Bienvenue, merci d'être là.
00:55 Merci, une fois de plus, quel honneur d'être invité.
00:59 Alors tu arrives du Maroc ?
01:01 Oui.
01:02 Alors qu'est-ce que tu allais faire au Maroc ?
01:03 Je suis allé au Maroc pour plusieurs événements. D'abord parce que j'étais invité pour faire
01:10 un cours inaugural pour le lancement de l'école doctorale de l'université Moula Ismaïl de
01:19 Beni Mélal. Donc ils ont recruté des jeunes qui entrent en première année doctorale
01:26 et il fallait faire un cours inaugural. Essentiellement je parlais aux jeunes de l'approche
01:33 constructive en termes de pensée managériale africaine. Donc aujourd'hui une thèse, il
01:39 ne suffit pas d'écrire une ouvrage pour le classer dans une bibliothèque, mais il
01:43 faut faire une thèse parce qu'on veut impacter.
01:45 Impacter.
01:46 Ou bien on veut régler un problème sociétal.
01:48 Exactement.
01:49 Donc les étudiants étaient très contents. Par la suite j'étais invité pour une conférence
01:56 du Larimau dans un laboratoire de recherche en sciences managériales de l'université
02:03 Assamde de Kaza où il fallait parler de la digitalisation en Afrique. Donc globalement
02:11 ce jour très riche, 10 jours au Maroc, une fois de plus ça confirme un peu le parcours
02:19 du panafricaniste que je suis.
02:21 On va y revenir. Alors pour te poser des questions, Nico Fendi, commentateur politique et sportif.
02:29 Bonjour Nico, comment tu vas ?
02:30 Je suis génie. Moi ça va toujours, tu sais très bien. Et toi comment vas-tu Dimitri ?
02:34 Je vais très bien.
02:35 Ah ça fait plaisir.
02:36 Très bien. Alors pour ceux qui n'auraient peut-être pas suivi la première émission
02:41 qui a été très suivie, émission au cours de laquelle le professeur Kouayeb parlait
02:46 des objectifs, parlait d'un autre événement similaire je pense.
02:50 Oui c'était la première édition de la Pépinière Doctorale.
02:53 Là on est à la deuxième édition.
02:54 Voilà, on est à la deuxième édition. C'est un colloque scientifique qui aujourd'hui
02:59 est labellisé par le Collège de Labellisation de la FENESH. Donc il rentre dans le cadre
03:05 des événements ou bien des forats scientifiques valorisés à l'échelle internationale.
03:13 Oui Nico ?
03:15 Alors, la perspective en tout cas est très louable. Et d'ailleurs je t'en félicite.
03:23 Mais alors la finalité en fait de tout ça c'est quoi ? C'est de former des scientifiques
03:27 qui vont aller servir les autres continents, donc quelque part une fuite des cerveaux 2.0
03:32 ou ce sont des cerveaux qui vont servir au développement du continent.
03:35 Alors parce que tu parlais d'impact tout à l'heure, alors c'est très bien.
03:37 Mais si c'est pour reproduire en fait des schémas que nous avons connus, parce que
03:40 des ingénieurs, des doctorants, ça recroule dans tous les pays en Afrique.
03:44 Mais est-ce que la situation a évolué ? Est-ce qu'on est dans le sens de l'émancipation ?
03:48 C'est des questions de fond qu'on doit se poser.
03:50 Vous réveillez à moi quelque chose Nico.
03:53 Et comme justement vous dites que vous êtes un panafricain convaincu et que je pense
03:58 et je vous crois en tout cas sur parole que vous travaillez pour éveiller les consciences
04:03 et pour apporter une vraie valeur ajoutée.
04:05 Est-ce que la finalité c'est de produire de nouveau des personnes qui vont aller servir
04:10 les autres continents ou le continent africain ?
04:12 D'abord le continent.
04:13 D'abord le continent.
04:14 Vous savez les regards ont changé aujourd'hui et puis même les centres d'intérêt.
04:18 Qu'est-ce qui a fait changer ?
04:19 L'Afrique aujourd'hui devient, qu'on le veuille ou pas, l'avenir du monde de demain.
04:26 Et pour ça, il faut pas que nous les Africains, on a longtemps cru que le paradis était ailleurs
04:32 que chez nous.
04:34 Mais les données sont là.
04:37 C'est le seul continent qui peut atteindre les chiffres en taux de croissance aujourd'hui.
04:45 Parce que le continent on parle de loin.
04:47 Est-ce que ce sont des choses justement que vous enseignez aux étudiants ?
04:50 Ah ben oui !
04:51 Est-ce que vous leur rappelez que le paradis est sous leurs pieds ?
04:55 Absolument !
04:56 Il faut sortir en fait de ce prisme qui fait que le bonheur on peut le trouver.
05:01 On a l'habitude de dire que l'herbe est plus verte chez les continents limitrophes.
05:06 Mais ce n'est pas forcément le cas.
05:08 Est-ce qu'aujourd'hui ils en ont conscience ?
05:10 Je pense qu'il y a une prise de conscience.
05:12 Il y a un ensemble.
05:13 Le mouvement a déclenché.
05:15 Vous savez le 27 septembre à Paris, nous avions lancé l'Institut de l'Africanité
05:21 avec un collègue, Soufiane Frimous, qui est professeur à l'Université de Corse.
05:26 L'idéal c'est de réveiller ce mouvement panafricaniste là.
05:31 Aujourd'hui je suis là en tant que président du comité d'organisation de la deuxième édition de la Pépinière Doctorale
05:37 en sciences économiques et de gestion de la sous-région chez Marc.
05:41 Vous voyez, même la thématique de cette année,
05:45 c'est l'exploitation sociétale et institutionnelle des productions scientifiques en Afrique.
05:51 Enjeux et perspectives pour un développement économique soutenable.
05:56 Alors qu'est-ce qui se cache derrière cette thématique ?
06:02 C'est ça, c'est de belles phrases.
06:05 Comment le citoyen lambda, le téléspectateur lambda peut comprendre ?
06:11 C'est quoi l'enjeu ?
06:13 L'enjeu fondamental c'est de dire aujourd'hui à nos jeunes
06:17 que depuis quelques années on parle de la professionnalisation des enseignements.
06:22 Mais au-delà de la professionnalisation il faut une prise de conscience.
06:26 Vous savez, l'Afrique est riche. L'Afrique régorge des ressources.
06:30 L'Afrique a besoin de se développer.
06:35 Et comme je l'ai dit tantôt, c'est le seul continent qui peut atteindre des taux de croissance à deux chiffres.
06:40 Donc l'Afrique est à construire.
06:43 Partant de ce principe, en tant que socio-économiste, enseignant, chercheur,
06:49 je dis aux jeunes que faire une thèse aujourd'hui ne consiste pas à écrire un ouvrage qui va se classer dans une bibliothèque,
06:59 mais c'est l'impact sociétal de la thèse.
07:02 Donc il faut dès la problématique, ou bien de laisser poser le titre de sa thèse.
07:08 Alors justement, comment vulgariser cette thèse pour qu'elle puisse avoir de l'impact ?
07:12 Au-delà de la vulgarisation, au-delà de la vulgarisation.
07:15 L'idée c'est que le message puisse être passé au maximum de personnes sur le continent.
07:19 Nous sommes aujourd'hui, je vous ai donné tout à l'heure le titre de ce qu'on est en train de titre,
07:26 la deuxième édition, et plus loin je vous dis l'idéal de ce projet qui dure aujourd'hui quatre ans.
07:33 Parce que ça a commencé en 2019 par une journée scientifique,
07:40 c'était une journée scientifique doctoriale interuniversitaire,
07:46 qui au bout de deux ans après a été labellisée sur le concept pépinier doctorial.
07:52 Donc l'objectif fondamental de la pépinier doctoriale, c'est de créer ce que nous appelons le hub de recherche
07:58 pour la communauté économique de la sous-région Semac.
08:01 Ça va s'ouvrir. Nous on a commencé par cette communauté Afrique centrale,
08:07 et on veut l'étendre au-delà de l'Afrique peut-être à toute la francophonie.
08:12 Pour moi c'est abstrait, j'aimerais que vous donniez des exemples concrets.
08:16 Ces étudiants qui font des études dans le domaine économique et monétaire,
08:21 donc vous leur enseignez à ne pas produire des écrits qui vont traîner dans les bibliothèques,
08:29 vous leur enseignez à réfléchir à comment développer concrètement le continent.
08:36 À la transformation des richesses de notre continent.
08:40 Donnez-moi un exemple concret.
08:42 L'exemple concret dans un premier temps, je ne vais pas cartographier l'Afrique,
08:45 mais je vais vous dire une chose.
08:47 Sa Majesté le roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, a dit lors du retour du Maroc à l'unité africaine
08:54 qu'il est temps que les richesses de l'Afrique profitent aux Africains.
08:57 Partant de là, je peux vous dire une chose.
09:00 Mandela disait que l'éducation est la seule arme puissante
09:05 que l'on peut utiliser pour changer le monde.
09:11 Ça veut dire que quoi ?
09:13 Si nous avons des Africains, au-delà de l'éducation, mais compétents.
09:18 L'idéal ici, c'est la compétence.
09:25 C'est qu'aujourd'hui, comme je le disais tantôt,
09:29 la finalité de faire une thèse, c'est de régler un problème
09:33 de son environnement, de sa communauté, de son nez géographique.
09:38 Quel type de problème ?
09:39 Quel qu'en soit le problème.
09:41 La transformation par exemple de nos économies, on a besoin de compétences.
09:46 Est-ce qu'il faut aller chercher des indo-pakistanais pour venir transformer des choses ?
09:51 Non, ça veut dire que l'université aujourd'hui ne doit plus rester...
09:56 Effectivement, la recherche et le développement, vous utilisez le mot approprié.
10:02 Dans la recherche et le développement, tous les domaines.
10:07 Aujourd'hui, avec la notion de digitalisation, ça impacte.
10:12 Mais au-delà de l'impact, il faut contextualiser.
10:18 Nous sommes dans un environnement dynamique et riche.
10:22 L'Afrique a besoin de travailler sur la transformation de ses économies.
10:26 Mais la première richesse de l'Afrique, c'est le capital humain.
10:29 Au-delà du capital humain, on a les ressources.
10:31 Oui, mais bien sûr.
10:32 Mais ces ressources, pendant longtemps, on a pris du cacao du Cameroun
10:39 pour venir le transformer en Europe et nous envoyer du chocolat.
10:42 Est-ce qu'on ne peut pas monter les industries de transformation scolaritaire ?
10:46 On doit aller vers ça.
10:48 La politique d'industrialisation se met en place parce qu'on a aussi des compétences.
10:55 Oui, mais est-ce qu'en écrivant des thèses, ça va régler cette problématique ?
10:57 Parce que des thèses sur la politique d'industrialisation, il y en a déjà qui ont été faites.
11:01 Qui ont été faites peut-être avec un autre regard.
11:04 Aujourd'hui, l'important, c'est...
11:06 Le monde est bourré.
11:07 Effectivement.
11:08 Vous savez...
11:09 Parce que si on est dans un...
11:11 Là, tout à l'heure, vous évoquez à juste titre.
11:13 C'est vrai, on est dans une digitalisation de la société.
11:16 Mais maintenant, si en fait, les thèses qui étaient dans l'ancien monde
11:20 ont reproduit le même schéma 2.0, quelle sera la vraie valeur ajoutée ?
11:23 Non, mais je pense qu'en fait, ce qu'il est en train de dire, c'est que les thèses...
11:26 Malheureusement, nous devons sortir du concept.
11:28 Donc si j'ai bien compris, en fait, est-ce que les thèses sont reproduites dans le même schéma qu'avant ?
11:33 Non.
11:34 Non.
11:35 Ce sont les thèses pratiques.
11:36 Absolument.
11:37 Praticabilité, c'est qu'est-ce qu'une thèse vient impacter dans l'environnement où nous vivons.
11:44 On a la notion de responsabilité sociétale.
11:47 On a la plus de conscience par rapport à l'environnement.
11:52 Et il faudrait qu'aujourd'hui...
11:55 Je prends un exemple.
11:56 J'ai parlé avec des Camerounais hier.
11:58 Vous savez, les plus ne se sont pas arrêtés jusqu'à aujourd'hui au Cameroun.
12:04 Régulièrement, les plus s'arrêtent au 15, au 10, 15 novembre.
12:08 Mais ça veut dire que quoi ? Il y a un dérèglement de la nature.
12:13 Oui, sans laisser professeur.
12:15 Bon, alors, est-ce qu'une thèse aujourd'hui doit, par exemple, anticiper sur l'ensemble des phénomènes climatiques que nous vivons dans notre région ?
12:28 Et pour ça, il faut que les étudiants...
12:30 Et maintenant, je vous dis, tout à l'heure, on parlait de l'industrialisation, de la transformation des richesses.
12:37 On ne peut transformer nos richesses que si on a des compétences dans notre environnement.
12:42 Oui, mais du coup, il faut former les gens.
12:44 Il faut donc former ses compétences.
12:46 Pendant longtemps en Afrique, et c'est ça qui était un problème, à mon sens, c'est qu'on a des gens qui sont très, très brillants.
12:51 Mais c'est des gens qui analysent tout le temps.
12:53 Et là, maintenant, on est dans une ère où il faut passer à l'action.
12:56 Oui, l'action, c'est la praticabilité.
12:58 Oui, c'est ça.
12:59 Je continue à vous dire...
13:01 Vous voyez, justement, les thèses, le cumul des thèses, est-ce que ça sera une vraie valeur ajoutée ? C'est ça le but de ma question.
13:05 Moi, comme je dis, à quoi sert une thèse ? Ou bien, qu'est-ce qu'une thèse aujourd'hui ?
13:10 Vous savez, ce que j'ai fait au Maroc, pendant l'autre jour, c'était de ramener des jeunes qui entrent en première année de thèse à s'interroger.
13:20 Comment faire une thèse sans thèse ? Pourquoi faire une thèse sans thèse ?
13:24 Parce que faire une thèse sans thèse, ça veut dire qu'on produit la littérature, la bibliographie, sans aucun regard africain qui impacte.
13:33 On reste dans des concepts qu'on nous a plus ou moins imposés, alors que l'Afrique a un regard qu'elle peut rapporter.
13:40 Au-delà de ce regard, il faut regarder la transformation de nos richesses.
13:45 Si on veut être riche, il faut qu'on soit capable de valoriser ce qu'on a et que ça crée un développement économique dans notre environnement.
13:55 Mais si nous restons dans l'écriture des ouvrages parce qu'on veut être docteur, je dis non.
14:02 Aujourd'hui, c'est la compétence qui compte. C'est l'acquisition de cette compétence.
14:06 La calbace me fait signe qu'elle a envie de vous poser des questions.
14:09 Et ensuite, on parlera du programme de cette journée.
14:12 Merci.
14:13 En fait, il y a deux journées. Il y a le mardi 5 décembre et le mercredi 6 décembre.
14:17 On va y revenir.
14:18 Alors, calbace, calbace. Calbace, calbace. Est-ce que tu peux poser les questions à mon invité, qui est donc le professeur Bertin Léopold Kwayep,
14:30 qui est le directeur de l'École supérieure de commerce et de gestion située à Yaoundé, au Cameroun.
14:38 Première question de la calbace. Quelle est la chose la plus chère que tu aies achetée ?
14:44 Ah oui, puisqu'on parle d'économie.
14:46 La chose la plus chère que j'ai achetée, ou bien que mes parents ont achetée, pour moi, c'est mon éducation.
14:52 Ton éducation, ok.
14:53 Voilà. Je pense qu'il faut qu'on comprenne aujourd'hui que la richesse, c'est la plus-value qu'on peut donner,
15:02 ou bien quand je parle de la richesse individuelle ou d'investissement qu'on fait sur l'univers.
15:07 Tes parents ont acheté pour combien d'études ? Tu as fait combien d'études pour arriver à ton niveau ?
15:11 Je suis quand même professeur habilité, acheté en sciences de gestion. Je ne peux pas évaluer.
15:18 Parce que jusqu'à aujourd'hui, je continue à me former.
15:21 D'accord.
15:22 Je pense que la plus-value, on pourrait dire que c'est la vie.
15:25 Pourquoi je pose la question ? Oui, il y a les études, on va dire, pratiques, pour acquérir des connaissances, ok,
15:31 pour avoir un boulot, et puis après on se perfectionne.
15:34 Mais maintenant, il y a le temps d'avant et le temps de maintenant.
15:37 Aujourd'hui, le monde, avec la technologie, nous montre qu'on peut acquérir des connaissances en un an,
15:44 en allant sur les réseaux sociaux, en se formant par-ci, par-là. Est-ce que tu y crois, toi ?
15:48 Faisons attention. C'est quand même les connaissances ou bien les compétences, ça se construit sur du temps.
15:56 On part des prérequis au fondamental.
16:00 Donc on commence toujours par... Un enfant ne peut pas commencer l'école par...
16:07 Par l'université.
16:09 Par l'université ou bien, pour dire, par la fin du cycle.
16:13 Il y a un parcours et on construit quelque chose.
16:16 On construit au-delà de sa personnalité, l'éducation même, qui impacte sur nos vies.
16:26 Le seul problème qu'on a aujourd'hui avec le projet Pépinier-Deltérial,
16:31 qui est d'ailleurs un projet soutenu par l'ambassade de France au Cameroun,
16:36 et par le ministère français des affaires étrangères,
16:41 c'est créer une émulation à ces jeunes-là.
16:46 En leur disant, c'est vrai de faire la thèse, de devenir docteur,
16:51 mais on n'est plus à l'ère de la diplomation. On est à l'ère des compétences.
16:56 On n'est plus à l'ère de la diplomation.
16:58 On est à l'ère des compétences.
17:01 Parce qu'on peut être diplômé et ne rien savoir.
17:05 Et l'Afrique a quand même quelque chose à apporter.
17:09 Ça je le dis toujours avec insistance.
17:12 Alors le but c'est de former des universitaires ou des futurs entrepreneurs ?
17:16 Aujourd'hui il n'y a aucune formation universitaire sans la notion de l'entrepreneuriat.
17:21 Moi je suis manager, je suis enseignant en sciences de gestion.
17:25 Nous cultivons... Oui il n'y a aucune formation.
17:29 Ça dit même, même, même. Je dis bien.
17:32 La majorité de nos gouvernants qui ont gouverné l'Afrique...
17:35 C'était une époque !
17:37 Oui mais justement, c'était des gens qui réfléchissaient beaucoup, des gens qui étaient très très bien.
17:41 Là en aucun cas ils étaient entrepreneurs.
17:43 C'était des gens et c'était très très administratif.
17:46 Vous savez, je vais vous dire une chose.
17:48 Oui, j'écoute. Donc il y a l'administratif, l'entreprenariat...
17:51 Il faut toujours un peu de l'administratif dans ce conflit aussi.
17:55 Oui quand on est dans l'action forcément, mais si on ne passe pas son temps à réfléchir dans les bureaux, on n'est pas vraiment sur le terrain.
17:59 Vous venez, quand on est dans l'action, vous savez, il faut rêver comme disait Mandela.
18:05 Et c'est quand on porte un rêve qu'on peut impacter.
18:09 Oui, c'est vrai. Le problème c'est qu'on a beaucoup rêvé. On a beaucoup de grands rêveurs.
18:13 Ça dépend de l'orientation même qu'on donne au rêve.
18:17 Je vous dis, et je continue à le dire, l'Afrique c'est quand même l'avenir de demain.
18:23 L'Afrique c'est une des sous-régions...
18:26 Mais pas de demain, c'est l'avenir maintenant.
18:28 Voilà, quand je dis le demain, c'est l'avenir d'aujourd'hui.
18:31 Le regard, et faisons très attention, et disons à la jeunesse africaine,
18:36 que croire que le paradis est ailleurs, et laisser que les chinois vont s'installer chez nous,
18:44 c'est une deuxième colonisation entre guillemets.
18:49 Parce que nous sortons quand même d'une phase où ça a été dû dans les années 50.
18:58 Et comprenez-moi, on formait les premiers fonctionnaires africains, pour ne pas dire qu'ils devaient remplacer les colons.
19:07 Il n'y avait pas d'exigence. On a imposé des modèles.
19:11 Aujourd'hui, nous sommes des africains. On a fait l'école de la France, pour ne pas dire l'école française.
19:17 On a appris des choses. On a l'intelligence.
19:21 Mais on peut créer le distinguo, et comprendre, avoir un retour, et se reprojecter.
19:29 Est-ce que nos parents...
19:34 Professeur, est-ce que je te comprends bien ?
19:37 Parce que c'est vrai qu'il y a une époque, et aujourd'hui encore,
19:40 on est tous fiers d'avoir été à l'école de la France, l'école française, l'école du blanc.
19:45 Oui, oui.
19:46 Alors le mot est interdit, mais voilà.
19:48 Est-ce qu'aujourd'hui, vous formez des générations d'Africains à aimer l'école africaine ?
20:00 À aimer qui nous sommes ? Est-ce qu'il y a des enseignements, des curriculés, comme on dit,
20:04 qui sont propres à nous, à notre histoire, à nos besoins, à une vision ?
20:10 Absolument.
20:11 Le premier élément, c'est qu'il faut les amener à comprendre qu'est-ce que l'Afrique apporte
20:18 dans l'environnement mondial de la recherche.
20:22 C'est le premier.
20:23 Alors répondez à la question, justement, c'est une question importante.
20:25 Qu'est-ce que l'Afrique apporte ?
20:27 Sa méthodologie qu'elle peut aujourd'hui développer.
20:32 Il faut qu'elle prenne aussi conscience, qu'on reconnaisse que les modèles qu'on nous a imposés n'ont pas marché.
20:40 Oui, mais ça on le reconnaît.
20:42 Est-ce qu'il y a une méthodologie nouvelle que vous avez inventée, créée, justement, pour ces étudiants-là ?
20:49 Oui, nous travaillons là-dessus.
20:52 Et depuis quelques années, je vous ai dit tout à l'heure, on a fait le lancement de l'Institut de l'Africanité.
20:58 Et l'objectif fondamental, c'est d'apporter un regard nouveau en matière de sciences.
21:06 Un regard panafricain ?
21:07 Purement panafricain.
21:08 Sur les sciences ?
21:09 Sur les sciences économiques et les sciences de gestion.
21:12 Alors, qu'est-ce qu'il y a enseigné dedans, en fait, si c'est un regard panafricain ?
21:15 Étant donné que l'Afrique, pendant trois mille ans, a brillé par sa technologie, je mets référence à l'Égypte.
21:22 Heureusement, tu le dis.
21:23 Au-delà des légions anciennes, même aux théories économiques, l'Afrique a développé.
21:29 Mais à un moment donné, au 19e et 20e siècle, on nous a ramené en nous disant que non.
21:34 Bien avant le 19e et le 20e siècle.
21:36 Voilà. Aujourd'hui, il faut s'interroger.
21:42 Et quand je m'interroge, vous savez, Amicale Cabral disait une chose de fondamentale.
21:49 Si l'on veut obtenir quelque chose que l'on n'a jamais eu, il faut tenter quelque chose qu'on n'a jamais fait.
21:57 Donc il faut commencer par se dire que hier, on était plus ou moins, qu'on veut le dire, dans un prisme où on a cru que ça existait.
22:10 Même pour les Européens, ils ont cru que c'était ailleurs.
22:14 Mais ils se sont reconcentrés sur... On a compris qu'il faut impulser un dynamisme européen ou chinois, comme ça s'est fait aujourd'hui.
22:22 Et les données sont là.
22:24 Je voulais que je vous raconte une des petites anecdotes.
22:28 Que ce soit Dubaï ou Singapour.
22:32 C'est la deuxième question de la calvasse.
22:34 Professeur, racontez-nous, racontez-moi une histoire drôle.
22:39 Parce qu'on a souvent l'image en Afrique du professeur carré, avec ses principes.
22:43 Avec le petit bâton.
22:44 Le petit bâton, les lunettes, il est sévère.
22:47 Quand vous enseignez, vous utilisez la baguette, la carotte, vous utilisez l'humour.
22:54 Est-ce que vous faites rire ?
22:56 Parce que c'est vrai que quand on parle d'enseignement, il y a des méthodes d'enseignement.
23:00 La méthode ancienne, la méthode nouvelle, où le professeur doit même porter...
23:04 Comment dire ça ?
23:05 Être en symbiose avec ses étudiants.
23:07 Il doit même chanter les mêmes chansons, peut-être.
23:11 Les mêmes chansons.
23:12 Les habits.
23:13 Il doit se synchroniser avec les jeunes d'aujourd'hui.
23:17 Comment vous êtes quand vous... racontez-nous une histoire drôle d'ailleurs.
23:20 Je commence par dire aux jeunes, surtout aux jeunes qui entrent en thèse de doctorat,
23:25 que dans quelques années on sera des collègues.
23:29 Dans un premier temps qui n'est pas décomplexe.
23:32 Et maintenant je vais vous dire, moi j'enseigne un cours sur l'économie informelle et solidaire.
23:38 L'économie informelle et solidaire.
23:40 Je parle de quoi ? Je dis les théories de ce que j'enseigne dans l'environnement,
23:47 que ce soit de mes grands-parents ou des mamans que je rencontre dans la rue et autres,
23:53 qui ont des théories, qui développent, qui font des modèles.
23:57 Vous savez la tontine chez nous les Africains, c'est un modèle économique ou pas ?
24:03 Mais aujourd'hui on essaye de...
24:05 Je ne suis pas d'accord avec ça, mais les économies déjà de base sont des économies informelles.
24:09 On essaye de le modéliser.
24:11 Les mamans qui sortent tous les matins c'est de l'économie informelle.
24:14 On essaye de le modéliser.
24:16 Mais ce que je veux vous dire c'est que nos parents qui ne pouvaient pas aller à l'école,
24:22 qui parvenaient à le faire, comme quelles théories mathématiques ils appliquaient,
24:27 il faut s'interroger.
24:29 Mais ça veut donc dire que l'Afrique a des valeurs, que l'Afrique peut apporter quelque chose.
24:34 Et moi je dis, peut-être dans ma spécialité en sciences de gestion,
24:39 on est dans un contexte où le narratif a beaucoup existé.
24:42 On a eu des grands hommes en Afrique, ça il faut le dire,
24:46 qui ont eu un regard, qui ont même rêvé de l'unité,
24:52 qui ont anticipé un ensemble de choses, mais qui malheureusement n'ont pas pu les développer.
24:58 Alors justement, étant donné qu'on parlait d'économie,
25:01 est-ce que vous enseignez l'indépendance économique et monétaire à vos étudiants ?
25:06 Absolument, il faut aborder cette notion.
25:08 D'accord, mais sous quel angle vous l'abordez ?
25:10 Si vous savez, l'angle pratique c'est qu'il faut dire à nos étudiants
25:16 qu'on peut être autonome.
25:20 Ça c'est le premier élément.
25:22 Parce que l'économie n'est basée que sur les ressources que nous avions.
25:27 Et maintenant, quand on a les ressources, on fait de la transformation.
25:30 Et n'oubliez pas une chose, dans le mot transformation, il y a formation.
25:35 Donc pour bien transformer, il faut former des compétences,
25:38 il faut avoir des gens qui sont qualifiés à le faire.
25:41 Ça c'est le premier élément.
25:43 Et le deuxième élément, c'est que dans l'enseignement d'aujourd'hui,
25:47 dans notre contexte, quand je dis une thèse, c'est l'impact sociétal.
25:54 C'est qu'il faut toujours se dire qu'est-ce qu'on règle comme problème.
25:59 Sociétal, quand on fait une thèse.
26:02 Que la thèse ne reste pas parce que j'ai cité le qualitatif, le quantitatif,
26:08 les théories des pétés, des trinquettes, des autres.
26:11 Non, que je sors de moi quelque chose de nouveau,
26:15 en tenant compte des problèmes que vivent autant nos parents,
26:20 nos contrées, et que, en quoi est-ce que je règle ce problème.
26:30 Ça c'est le premier élément.
26:32 Et le deuxième élément, je veux dire, en trois, c'est le développement économique de son environnement.
26:40 Si on veut être économiquement fort, comme les autres,
26:45 il faut être capable d'abord de l'industrialisation.
26:49 D'avoir sa propre monnaie aussi.
26:51 La monnaie c'est une notion, et ça c'est beaucoup politique.
26:54 C'est la gouvernance.
26:55 La question de la calabas, elle veut que tu nous racontes une histoire drôle, professeur.
26:59 Faites-nous rire.
27:01 Ah, une histoire drôle ?
27:03 Je ne sais pas, je suis né au Cameroun, plus précisément à Douala.
27:10 C'est drôle ça ?
27:11 Douala, j'en reviens, j'en reviens, j'arrive, j'en reviens.
27:14 Je vais arriver à l'histoire drôle.
27:16 Et je me rappelle, je suis arrivé en France assez jeune, après mon baccalauréat.
27:22 Quand je faisais ma thèse, il y a cela quelques années, j'ai été confronté à une histoire drôle.
27:30 J'avais un co-directeur de thèse qui était un professeur américain, université de Dallas,
27:35 qui un jour me dit, écoute, parce que moi je travaillais sur les nouvelles économies.
27:40 Alors, phénomène de monnaie qu'il a tenté d'aborder aujourd'hui, il est en tune.
27:45 Alors, mon co-directeur m'abandonne, en me disant, parce qu'on ne tombait pas d'accord sur une théorie.
28:03 Je lui disais, non, c'est dépassé, il s'agissait beaucoup plus de la prévision.
28:07 Et je suis resté campé sur ma position.
28:12 J'avais peur, parce que si dans les trois mois qui suivaient, je n'avais pas bouclé, je n'avais pas de financement.
28:22 Mais j'avais la foi.
28:26 Et je me rappelle, un jour je lui dis, écoutez, je suis babiliqué moi.
28:32 Et de deux, mon grand-père ne m'a appris durant toute sa vie que cette notion de la prévision.
28:40 Il s'en suit commerce, parce que les babiliqués sont aussi...
28:43 J'attends la chute pour rire.
28:47 Comme vous dites, nous on a grandi dans un environnement où il fallait en permanence faire la prévision.
29:02 D'où la notion de grignée dans ma contrée, où on voyait autant nos grands-mères rationaliser les récoltes en se disant que jusqu'à la prochaine récolte, il ne doit jamais manquer à manger.
29:18 Et ça, c'était des notions qui impartaient.
29:22 Et un jour, en discutant avec mon grand-père, il me dit, mon fils, celui qui sème n'est pas celui qui récolte.
29:34 Donc, dans le constructivisme, je vais l'aborder comme ça, il faut se dire que quand nous posons des actes, c'est pour que ça impacte sur le long terme.
29:53 Éviter d'avoir un regard dans l'immédiatité.
29:57 Et c'est ça que je dis à la jeunesse africaine.
30:02 Il y a des choses à mettre en place.
30:03 - Là, c'est une leçon de vie, ce n'est pas une histoire de...
30:09 - Lesçons de vie qui peuvent aussi être une histoire.
30:13 - Au moins, elle a été racontée avec le sourire.
30:16 - Troisième question de la Calvas, ensuite on revient au programme.
30:19 Alors, troisième question de la Calvas, professeur.
30:22 - Oui.
30:23 - Quel est le personnage dans ton pays qui t'inspire ?
30:28 - Dans mon pays ?
30:29 - Oui.
30:30 - C'est assez complexe.
30:33 Vous savez, dans mon pays, moi je suis panafricaniste, je le dis.
30:37 - D'accord, alors dans l'univers panafricaniste, quel est le personnage qui t'inspire ?
30:42 - Il y a eu les Mandela, le Kwame Nkrumah.
30:45 - Le personnage.
30:46 - Le personnage d'avant Kwame Nkrumah.
30:48 - Kwame Nkrumah.
30:49 - Et son rêve de l'unité africaine.
30:51 - Pourquoi ? Par rapport au conscientisme, c'est ça ?
30:53 - Le conscientisme, j'espère que tu l'as lu.
30:56 - Oui, bien sûr.
30:57 - C'est fondamental.
30:58 Je crois que le jour où j'ai lu le conscientisme de Kwame Nkrumah, il y a cela des années,
31:05 j'ai compris que j'étais africain.
31:08 Ça c'est le premier élément.
31:10 Et au-delà du conscientisme de Kwame Nkrumah, il y a d'autres regards.
31:15 Le rêve de l'unité africaine.
31:18 Vous savez, en 58-59, Kwame Nkrumah dans un ouvrage parlait de l'unité de l'Afrique
31:27 et de l'Afrique en termes de puissance économique et autres.
31:34 Et aujourd'hui, jusqu'aujourd'hui, si on avait mis en application les déclinaisons
31:45 que Kwame Nkrumah donnait dans son rêve pour l'unité de l'Afrique, je crois que l'Afrique
31:51 serait loin et autonome.
31:54 Malheureusement, il a été tué.
31:58 Et lui-même quand il a créé l'organisation l'unité africaine, au bout de quatre ans,
32:03 il a dit qu'il a été déçu.
32:05 Parce qu'il était un visionnaire.
32:08 Mais est-ce que les autres chefs d'État africains à l'époque des années de l'indépendance
32:12 avaient la même vision ?
32:14 Aujourd'hui, ça nous rattrape.
32:16 Et ça, je vais vous dire, un Africain, Amadou Kone, disait que quand on a loupé la ligne
32:24 de départ, il vaut mieux chercher à la retrouver, car il n'y aura point d'arrivée.
32:29 Le problème de l'Afrique, c'est qu'on a loupé la ligne de départ.
32:33 Mais alors, ligne de départ, par rapport à quoi vous faites ?
32:36 Par rapport, que ce soit au développement de l'Afrique, que ce soit dans aujourd'hui...
32:40 Qu'est-ce qu'on appelle le développement ?
32:42 En somme, c'est tout ce qui peut concourir au bien-être de la population, d'abord.
32:47 Et en plus, à l'essor qu'on donne comme indicateur de performance, même, ou de rayonnement
32:58 d'une contrée, pour ne pas dire d'un continent.
33:02 L'Afrique a tout pour être...
33:04 Tout à l'heure, vous parliez des pyramides en Égypte.
33:07 Les premiers concepteurs de théorie géométrique, c'était des Africains, quand on voit l'histoire
33:16 des pyramides.
33:17 Mais pourquoi il y a eu cette inversion à un moment donné ?
33:20 Qu'on n'a pas cru en nous.
33:22 Et c'est ce réveil-là qu'il faut faire.
33:25 Et nous, avec l'Institut de l'Africanité, on veut ce réveil de conscience africain.
33:31 Et dire aux Africains qu'on a aujourd'hui les compétences pour transformer les économies
33:38 de l'Afrique.
33:40 Bertha Léopold Kwayeb, professeure, et directeur de l'École supérieure de commerce et de
33:47 gestion à Yaoudé au Cameroun.
33:49 Maintenant, parlez-nous de cet événement, la Pépinière Doctorale en sciences économiques
33:54 et de gestion, qui va se tenir sur deux jours, mardi 5 décembre et mercredi 6 décembre.
33:59 Ça va se tenir où ?
34:01 Ça se tient à Yaoundé.
34:03 L'année dernière, c'était à l'Institut...
34:09 Comment vous appelez ? L'Ambassade de France.
34:15 Oui, au Cameroun.
34:16 Au Cameroun, à l'IFC.
34:19 Cette année, parce que l'IFC est dans des travaux, il sera délocalisé dans les locaux
34:26 d'Élirik.
34:27 D'accord.
34:28 C'est quoi la Pépinière ?
34:29 Oui.
34:30 C'est, dans un premier temps, un incubateur de production de savoirs.
34:37 Ça veut dire que nous donnons l'opportunité aux jeunes doctorants de venir présenter
34:44 l'avancement des travaux, des thèses, et au même moment, nous les outillons.
34:51 Donc des étudiants que vous avez suivis, que vous avez formés ?
34:53 Non.
34:54 Non ?
34:55 Oui, on a fait des étudiants en sciences économiques et de gestion de la communauté
35:00 économique de l'Afrique centrale, de la SEMAC, inscrits en thèse.
35:06 Ils viennent et nous envoient, parce qu'il y a eu une première sélection.
35:11 On a sélectionné le projet de thèse.
35:14 Ces étudiants ont soumissionné à un appel de communication qui avait été lancé.
35:18 Nous avons retenu au jour d'aujourd'hui 30 projets de thèse pour la sous-région SEMAC.
35:25 Et c'est un projet des autres pays.
35:29 Sauf que le concours qui concerne la sous-région SEMAC consiste à primer les quatre ou les
35:42 cinq meilleurs projets de thèse à fond impact sociétal.
35:47 Il faut le préciser.
35:49 Fond impact sociétal, ça veut dire quoi ?
35:53 Une thèse qui répond à ce critère de résolution d'un problème dans les géographiques.
36:05 Et qu'est-ce que gagne ? C'est quoi le gain ?
36:09 Le gain c'est que...
36:11 Le pécunier ?
36:12 Non, nous ne sommes pas dans le gain pécunier.
36:15 Les meilleurs projets bénéficient d'une bourse de mobilité.
36:20 Ceux qui ont eu de meilleurs projets à fond impact sociétal bénéficient d'une bourse de mobilité
36:28 mise en place au temps.
36:31 Alors justement, j'ai une question.
36:33 Il n'y a pas la possibilité...
36:35 C'est très bien d'y disposer après d'une bourse de mobilité comme tu l'évoquais.
36:41 Il n'y a pas la possibilité pour ces étudiants-là de les subventionner pour qu'ils puissent créer des industries qui vont transformer...
36:49 Au-delà de créer des industries, nous leur donnons des outils.
36:52 Quand on dit bourse de mobilité, c'est tout ce qui déclenche.
36:56 Oui, mais justement, il y en a beaucoup en France.
36:58 Attention, nous ne sommes pas des financiers.
37:01 On n'a pas de l'argent.
37:02 Même pour donner ces bourses, je vous ai dit tantôt que le projet est appuyé par l'ambassade de France au Cameroun,
37:09 par le ministère français, par les fonds...
37:12 Et le gouvernement Cameroun a dit aussi.
37:14 Le gouvernement... pas, la communauté, c'est-à-dire le gouvernement de la communauté de la SEMAC,
37:22 depuis cette année, s'intéresse au projet.
37:25 D'ailleurs, ils sont aujourd'hui... comment je vais dire... parents du projet.
37:35 On est en train de chercher des financements pour grandir le volume de bourse qui est mis à disposition.
37:46 Et la France, jusqu'à aujourd'hui, nous donne cette possibilité.
37:50 Et ces étudiants sont... vous savez, le véritable problème de la recherche dans notre sous-région, c'est l'enclavement scientifique.
37:59 Donc l'une des finalités, c'est de créer ce désenclavement et de mettre en place un hub de recherche pour la sous-région.
38:09 Alors, en quoi consistera ce hub ?
38:13 Nous sommes des scientifiques, autant moi Camerounais que les autres de notre sous-région ou bien de l'Afrique,
38:22 qui produisent. Est-ce qu'on peut, aujourd'hui, mettre nos productions à la disposition de ces jeunes ?
38:33 Parce que c'est ça les difficultés de l'Afrique en termes de recherche.
38:37 Ils n'ont pas accès aux outils nécessaires.
38:41 Et cette bourse leur permet, hein, de venir se confronter à d'autres thésards.
38:48 Ça dit qu'ils sortent de leur zone géographique pour se confronter aux autres.
38:55 Et finaliser leur thèse afin de soutenir une thèse qui règle réellement un problème.
39:03 Alors, puisqu'il s'agit de faire en sorte que les étudiants en thèse, donc, écrivent des thèses qui soient utiles...
39:12 Produisent, pas écrivent.
39:13 Produisent.
39:14 Voilà.
39:15 Mais ils écrivent, non ?
39:16 Oui, mais c'est une production scientifique.
39:18 Alors, produisent donc des thèses qui servent au développement.
39:22 Donc, on va citer les quatre candidats.
39:25 Il n'y a pas de femmes, apparemment.
39:26 Non, ce ne sont pas les candidats.
39:28 Au jour d'aujourd'hui, je vous dis, on a retenu une trentaine de points.
39:33 D'accord, mais la liste...
39:34 Là, c'est un agenda draft, c'est un draft d'agenda.
39:37 D'accord.
39:38 Ça veut dire que quoi ?
39:39 On aura, et là, dans le draft d'agenda, on a...
39:42 Vous voyez, par exemple, le professeur Jacques, le professeur Clop, le professeur D'Ambron,
39:47 c'est des universitaires comme moi qui doivent animer...
39:53 Tout à fait.
39:54 ...des symposiums que nous organisons pendant ces deux jours de colloque scientifique.
40:00 Parce qu'au-delà de la présentation de leurs travaux, nous, on les donne.
40:05 On va parler de la méthode de recherche...
40:08 Oui, mais je vois quand même qu'il y a des...
40:09 Je vois écrit, c'est bien écrit, professeur, Agwa...
40:13 Est-ce que je peux citer le nom des étudiants ?
40:15 Oui, bon, ça, c'est...
40:17 Alors, il y a...
40:18 Les candidats, oui.
40:19 Les candidats.
40:20 Alors, il y a Agwa Medarbris, donc, de Bangui.
40:22 Son thème, c'est "Développement financier et la pauvreté.
40:26 Une analyse de leur interaction dans le contexte de la CEMAC".
40:29 Alors, il y a Arfa Nasser Bakari de Marois...
40:32 Oui, de Marois, qui va parler des effets...
40:34 ...qui va parler des effets, des incertitudes sur la transformation structurelle dans les pays en développement.
40:37 Oui.
40:38 Et Tangana Zambo-Charles, université de Ngaoundéré...
40:40 Oui.
40:41 ...analyse des effets du terrorisme sur les dimensions du développement dans les pays en développement.
40:45 Oui.
40:46 Et Hatsin Ju Julien, de Yaoundé, toujours,
40:49 "Les déterminants des freins aux décisions d'investissement en equity crowdfunding".
40:54 Oui.
40:55 Donc, ça, ce sont des exemples de thèses.
40:57 Voilà, des étudiants, des exams de projets de thèse que nous avons retenus.
41:03 Parce qu'on a eu une soixantaine de postulants.
41:07 On a fait un premier tri en regardant quels sont les projets de thèse qui répondent aux critères.
41:14 Nous, on avait défini onze critères, en ce qui concerne l'impact sociétal, l'environnement,
41:22 voire d'autres petits détails qui nous amènent à dire que ce projet répond aux critères que nous avions.
41:38 Ce projet résout un problème.
41:40 La finalité, c'est ça.
41:42 Maintenant, ils ont des projets retenus.
41:44 Ils vont venir nous présenter les projets.
41:46 Et on doit analyser la pertinence des résolutions des problèmes dans l'environnement économique.
41:54 Il y aura combien de lauréats ?
41:56 Il y en a 35 dossiers qui vont présenter.
42:00 On aura 4 ou 5 bourses de mobilité.
42:02 4 ou 5 bourses de mobilité.
42:04 Mobilité, ça veut dire quoi ?
42:05 Non, ces étudiants-là vont venir autant dans les laboratoires en France pour co-construire
42:14 et avoir un autre regard dans leur domaine avec ce que les autres font ici.
42:20 Et la bourse de mobilité dure combien de temps ?
42:22 6 mois minimum.
42:24 Et à l'issue de cela, qu'est-ce qui se passe ?
42:27 À l'issue, ils vont soutenir.
42:29 Par ailleurs, d'autres qui viennent pour leur mobilité peuvent obtenir des co-tutels.
42:35 Ça veut dire qu'ils ont des professeurs en France comme nous
42:39 qui disent qu'on peut s'intéresser à la problématique et créer un co-tutel pour finaliser sa thèse.
42:48 Alors, oui, mais alors, maintenant la suite c'est quoi ?
42:51 La suite c'est qu'ils retournent en Afrique pour impacter.
42:55 Oui, après, parce que nous...
42:56 On va prendre le cas de l'étudiant à Tangana Zambouchal, donc félicitations, si il nous regarde,
43:01 analyse des effets du terrorisme sur les dimensions du développement dans les pays en développement.
43:05 Concrètement, quand il a suivi tout le parcours, tout le processus,
43:09 il rentre au Cameroun, en tout cas en Afrique, qu'est-ce qu'il fait à la suite de son travail ?
43:13 Qu'est-ce qu'il fait ? Pour nous, ce qui nous intéresse, c'est que sa thèse puisse...
43:17 Vous voyez qu'il est parti de l'analyse des effets du terrorisme sur les dimensions du développement.
43:23 Bon, au-delà de l'analyse, il faut qu'il y ait une finalité.
43:26 Oui, c'est la question que je vous pose.
43:28 À quoi est-ce que sa thèse règle dans le problème du terrorisme ?
43:31 Exactement, c'est la question que je vous pose.
43:33 C'est ça la finalité.
43:35 Oui, mais est-ce que ce qui va ressortir de son travail va être mis en pratique ?
43:40 Qu'est-ce qu'il propose justement pour lutter contre les effets du terrorisme ?
43:44 Je ne peux pas vous dire maintenant.
43:46 Il doit présenter, il va défendre.
43:49 Et il y a un jury, je ne suis pas le seul membre du jury,
43:52 je suis le président du comité d'organisation.
43:54 Alors, qui sont les membres du jury ?
43:56 Les jurys, on a les universités de la sous-région Afrique centrale,
44:00 on a les universités françaises,
44:03 on a ceux de l'Afrique, celle du Maroc et d'autres aussi qui viennent.
44:07 C'est vraiment un mouvement qui s'est mis en place dans le cadre de cette pépinière
44:12 qui au-delà du regard afro-africainiste qu'on donne à ça,
44:16 on a la France.
44:19 Parce que vous savez, aujourd'hui,
44:22 cette crise qui existe entre la France et les pays d'Afrique,
44:29 il faut s'interroger.
44:31 Et la résolution de cette crise peut aussi passer par ce cloisonnement
44:38 des étudiants ou bien des chercheurs.
44:41 Donc nous, dans les jurys, on a les universités françaises,
44:45 on a des grands noms comme le professeur Iguales,
44:47 comme Jean-Michel Plante et autres qui sont directeurs de labo à Montpellier,
44:53 à Paris et autres qui viennent.
44:55 Et comme je vous ai dit, il ne suffit pas simplement d'écouter ces jeunes,
45:00 c'est de leur donner des outils pour améliorer leur projet,
45:04 pour finaliser leur thèse
45:06 et faire des symposiums sur la méthodologie de la recherche.
45:13 Et comme disait l'autre tout à l'heure,
45:19 dans l'accompagnement ou bien dans les symposiums sur la méthodologie,
45:24 on essaie de donner un fort regard vers une méthodologie
45:29 que l'Afrique peut présenter aussi comme un modèle pour répondre.
45:35 Parce que je lis beaucoup.
45:38 - Alors, Nico, tu as une question ?
45:41 - Justement, parce qu'il y a eu des lauréats l'année dernière.
45:44 - Oui.
45:45 - Donc il y a quand même quelque part un parrainage de la SEMAC.
45:49 Parce que les thèses qui sont sorties ont servi à des projets.
45:55 - Les thèses ne sont pas encore sorties au jour d'aujourd'hui.
46:00 - Alors du coup, c'est quoi ?
46:01 Ça veut dire que c'est la suite dans les différents temps ?
46:03 - Au jour d'aujourd'hui, les premières thèses qui sont sorties de ce projet datent d'un an.
46:10 Une thèse, c'est trois ou quatre ans.
46:13 On a ceux qui ont bénéficié de ces bourses de mobilité il y a deux ans
46:18 qui vont soutenir, je crois, ce mois de décembre.
46:21 Et ceux de l'année dernière sont en ce moment dans les laboratoires.
46:27 - Ils sont encore dans les laboratoires.
46:28 - Voilà, je crois qu'ils vont rentrer en Afrique au mois de février ou mars pour finaliser la thèse.
46:34 Et parmi eux, il y en a un qui, au jour d'aujourd'hui, a obtenu une co-tutelle.
46:42 Nous sommes en train de finaliser les mécanismes pour que sa thèse au-delà du régat africain soit une thèse internationaliste.
46:53 Ça veut dire qu'il va la soutenir avec une université française
46:57 où le laboratoire a accepté d'être co-encadreur de sa thèse.
47:03 Donc, au fur et à mesure, on va, moi je pensais déjà cette année,
47:08 qu'il faut sortir, comme tu dis, en termes de bilan, ce que nous avons mis dans le PIPES il y a quatre ans.
47:16 Et pour ça, il y aura, au cours de cette année, même dans les documents,
47:23 au-delà de l'historique, ces bénéficiaires.
47:27 Que sont-ils devenus et que font-ils aujourd'hui ?
47:30 C'est important.
47:32 Parce qu'il ne suffit pas de...
47:34 Il a fait la thèse, il a bénéficié, et il devient quoi ?
47:37 Que fait-il ? Sa thèse a servi à quoi ?
47:40 Vous voyez qu'il faut donc continuer le travail.
47:44 Maintenant, comme je vous dis, une thèse, comme je dis,
47:48 régler un problème, c'est projeter des solutions.
47:52 Il ne nous revient pas en tant qu'universitaires de les appliquer.
47:57 Ça, c'est la gouvernance. Ça relève de nos États.
48:01 Parce que comme je voyais une thématique liée à la gouvernance,
48:03 c'est pour ça que je me suis permis de faire ça.
48:05 Oui, mais quand même, c'est bien.
48:08 C'est comme si vous faites une partie du travail et qu'ensuite, ça va à l'eau.
48:14 Nous ne sommes pas le politique.
48:16 Nous, on fait... Vous savez, c'est un peu comme tout à l'heure,
48:20 vous avez parlé des curriculaires.
48:22 Vous savez, on est dans un monde plein d'incertitudes.
48:25 Et même les entreprises, ou toutes autres organisations.
48:30 Nous avons un devoir d'anticipation.
48:37 Et dans ce regard, ou ce devoir d'anticipation,
48:40 nous devions construire les curriculaires de demain avec les entreprises.
48:47 Parce que si une entreprise se veut pérenne,
48:49 il faut qu'elle pense à l'avenir qui est demain.
48:54 Mais je vais vous dire une chose.
48:56 Avec cette notion de digitalisation, l'évolution même de l'environnement,
49:02 qui est assez dynamique, personne de nous, au jour d'aujourd'hui,
49:06 ne peut dire quelle sera la métier de demain.
49:12 Mais il faut être en avant-garde de ça.
49:17 Ça veut dire que quoi ?
49:19 Il faut se dire que demain, comment les choses seront.
49:24 Vous savez, cette notion de...
49:26 Hier, j'étais à une assemblée de dîtes sociales,
49:30 où un professeur a présenté un dernier ouvrage
49:33 qui l'a mis sur le marché,
49:35 "Splendeur et misère de la responsabilité sociétale".
49:40 L'objectif s'est dit, il y a une conscience.
49:44 Nous sommes dans un mouvement qui s'est vus,
49:48 comment je veux dire, qui n'est pas contraignant.
49:53 C'est la conscience de tout un chacun,
49:55 ou de tout entrepreneur, qui dit qu'il faut respecter l'enjournement.
49:59 Mais tant qu'il n'y a pas de règles, il faut toujours se dire que rien n'oblige.
50:05 Mais comment devions-nous faire pour qu'il y ait quand même...
50:14 une force qui dit que non, il faut appliquer ceci.
50:17 C'est vers ça.
50:18 Et c'est un mouvement.
50:19 C'est pas seulement africain, c'est pas français, c'est mondial.
50:22 Donc, je veux dire que simplement, nous travaillons dans un environnement
50:28 où on va vers les entreprises,
50:32 pour connaître quels sont les besoins futurs de ces entreprises,
50:36 et orienter les formations vers ça.
50:39 Sinon, on sera en pénurie demain,
50:42 et on aura des jeunes diplômés qui n'auront pas d'emploi.
50:45 Donc la problématique de l'employabilité est mise au centre de toutes les préoccupations de formation.
50:51 Et ça, si on n'a pas le mindset orienté vers ça,
50:59 c'est qu'on n'est pas sur la bonne trajectoire.
51:03 Et ce sera le mot de la fin.
51:04 Professeur Bertrand Léopold Kwayep,
51:07 directeur de l'école supérieure de commerce et de gestion,
51:11 située à Yaoundé au Cameroun.
51:13 C'est le président du comité d'organisation de la pépinière,
51:17 doctorale en sciences économiques et de gestion.
51:20 Et il y a donc un événement qui est prévu le mardi 5 décembre et le mercredi 6 décembre.
51:27 Donc, merci professeur.
51:30 Je vous remercie.
51:31 Je dis merci à son excellence, l'ambassadeur de France,
51:35 qui nous accompagne de France au Cameroun.
51:39 Merci au ministère français des affaires étrangères et des français de l'étranger.
51:46 Merci au ministre d'Etat, ministre de l'enseignement supérieur,
51:49 merci au président de la commission économique de la CEMA,
51:53 qui a accepté de comporter le projet dans cet engendrement.
51:56 Vous savez, la sous-région Afrique centrale,
51:59 c'est l'une des sous-régions les plus riches du monde.
52:03 Deuxième massif forestier mondial,
52:08 deuxième sous-région après le nord de l'Italie,
52:11 qui regorge pratiquement toutes les richesses,
52:14 mais c'est l'une des sous-régions les plus pauvres.
52:17 Et nous travaillons aujourd'hui pour porter cette sous-région.
52:23 Les plus appauvries.
52:24 Merci.
52:25 Voilà, je vous remercie.
52:26 Merci infiniment.
52:27 Merci à vous, chers téléspectateurs, d'avoir regardé ce numéro Écoute Paris.
52:32 Vous étiez sur Vox Africa, restez-y.
52:35 A très bientôt.
52:36 [Musique]

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