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Hélène Blaize, co-fondatrice du collectif Soli-Ker Breizh, invitée de France Bleu Armorique, ce vendredi 1er décembre.

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Transcription
00:00 - On en vient maintenant, Valentin, à l'inquiétude des professionnels du secteur de la santé en Bretagne.
00:05 Ils manifestaient hier à Rennes.
00:06 - Près de 400 travailleurs, directeurs et présidents d'associations et de fédérations du médico-social
00:11 se sont réunis devant la préfecture de Bretagne, rassemblement à l'initiative du collectif Solicare Braise.
00:17 Une action pour dénoncer, je cite, "la fragilité extrême du système de santé".
00:21 On en parle ce matin avec l'une des fondatrices du collectif.
00:24 Bonjour Hélène Blaise.
00:25 - Bonjour à vous.
00:26 - Vous êtes également, dans votre deuxième casquette, déléguée régionale de la FEAP,
00:30 la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne privée solidaire.
00:34 Hier, vous avez déposé symboliquement des clés devant les grilles de la préfecture à Rennes.
00:39 Quel est le message que vous avez voulu faire passer aux autorités ?
00:43 - On voulait passer comme message aux autorités que nos établissements,
00:47 qui œuvrent sur l'ensemble des champs de la santé et des solidarités,
00:52 étaient en extrême fragilité socio-économique,
00:55 avec un certain nombre d'établissements, notamment dans le secteur des personnes âgées,
00:58 qui peuvent se retrouver en cessation de paiement très très bientôt.
01:02 - Vous dites que certains établissements de santé sont "au bord du gouffre",
01:07 c'est l'expression que le collectif emploie.
01:09 Concrètement, ça veut dire quoi ?
01:11 - Eh bien, l'impact de l'inflation et les difficultés de financement
01:17 des revalorisations salariales sur nos établissements nous conduisent
01:20 à devoir envisager des procédures de cessation de paiement
01:25 pour certains de nos établissements, puisque nous avons un modèle économique privé
01:29 qui est mortel et que nous ne pouvons pas engendrer des déficits.
01:34 - Concrètement, c'est des établissements qui, si la situation ne change pas,
01:37 vont mettre la clé sous la porte dans les semaines, dans les mois à venir ?
01:39 - Voilà, c'est pour ça qu'on a rendu les clés à l'État,
01:41 pour qu'ils puissent prendre des mesures de façon à venir nous soutenir
01:45 plus fermement auprès de nos établissements.
01:49 - Vous avez été reçue ? Quel a été l'accueil à la préfecture ?
01:52 - Alors, nous avons été très déçus, puisque après moult échanges
01:57 avec la préfecture de région, le préfet ne nous a pas reçus.
02:01 - Alors que vous demandiez un entretien, vous demandiez que les choses avancent là-dessus ?
02:04 - Exactement, nous avions prévu un entretien avec le préfet,
02:08 et celui-ci ne nous a pas reçu. On devrait avoir normalement un rendez-vous en janvier.
02:13 - Hélène Blaise, membre fondateur du collectif Solicaire-Braise,
02:16 est l'invité de France Blancs Armoriques ce matin.
02:18 Les conséquences de ces difficultés financières, Hélène Blaise,
02:21 elles sont aussi pour les patients qui sont dans ces établissements ?
02:24 - Alors non, nous assurons la sécurité et la continuité des soins et de l'accompagnement,
02:30 mais justement on veut alerter l'État, le gouvernement,
02:34 avant que la qualité se dégrade dans nos établissements.
02:37 - Vous représentez, on le disait, des établissements de santé à but non lucratif,
02:41 le danger c'est que cela soit remis en cause.
02:44 Pourquoi c'est si important de conserver ce système ?
02:47 - Aujourd'hui, nos établissements, qui œuvrent sur l'ensemble des champs de la santé et de la solidarité,
02:52 accompagnent un breton sur cinq.
02:54 Donc on représente vraiment une masse importante à la disposition des bretons,
02:58 et si nous fermons nos portes, il y a un vrai enjeu de santé publique.
03:02 - La différence avec le privé, c'est quoi ?
03:05 Par rapport à cette difficulté financière, vous avez le sentiment d'être plus en difficulté qu'eux ?
03:10 Alors on dit tout le temps que le public c'est très compliqué aussi.
03:13 - Alors le public, effectivement, on est en grande difficulté sur l'ensemble du secteur de la santé aussi,
03:18 des urgences jusqu'aux EHPAD.
03:21 La différence entre le privé commercial et nos établissements,
03:25 c'est que nous avons un modèle vertueux,
03:28 nous n'avons pas de rémunération d'actionnaire,
03:32 et tout l'argent est consacré à l'accompagnement des personnes qui nous sont confiées.
03:36 - Il y a deux mois, une centaine de maires bretons, vous avez dû suivre ça,
03:41 se sont réunis pour lancer une alerte concernant leurs EHPAD,
03:44 beaucoup d'entre eux vont finir l'année en déficit, disent-ils.
03:47 Vous pensez que votre situation financière est pire que dans le secteur public ?
03:51 - C'est pour ça que le collectif des maires en résistance s'est associé à notre mouvement hier,
03:55 ils étaient présents et ils ont remis les clés également de leurs établissements devant la préfecture de région.
04:00 - Ce combat doit se mener public-privé confondu, c'est pas...
04:03 - Exactement, c'est un enjeu de santé publique.
04:05 - Vous demandez quoi concrètement à l'État ?
04:08 C'est des moyens supplémentaires, c'est un plan de sauvegarde de l'hôpital ?
04:13 - Tout à fait, on sait bien que l'Agence régionale de santé et les conseils départementaux
04:18 aujourd'hui sont exempts et ne peuvent pas nous aider plus qu'il nous faudrait sur nos établissements,
04:23 donc on demande à l'État une vraie loi de programmation pluriannuelle,
04:27 une loi grand âge qui est attendue depuis des années,
04:30 qui nous permettrait d'asseoir un modèle économique viable et pérenne
04:36 pour pouvoir accompagner dignement toutes les personnes qui nous sont confiées.
04:39 - Ce problème-là, il date pas d'hier, ça fait des années que vous alertez l'État,
04:43 vous pensez que le ministère de la Santé peut réagir enfin cette année ?
04:47 - Oui, je pense qu'il doit réagir, c'est pas qu'il peut, c'est qu'il doit réagir,
04:52 et on attend pour 2024 une loi qui va nous permettre justement de pouvoir entrevoir
04:58 un avenir plus heureux, mais là il y a une urgence à intervenir.
05:01 - On continuera bien sûr de suivre tout ça avec vous, merci beaucoup Hélène Blaise,
05:05 qui est l'une des fondatrices du collectif Solicare Braze,
05:08 également déléguée régionale de la Féap,
05:10 la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne privée solidaire.

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