Kévin Vauquelin est sans doute l'un des plus grands espoirs du cyclisme français. Capable de briller sur tous les terrains, particulièrement à l'aise en montagne et sur les courses vallonnées, le coureur de 22 ans a un très bel avenir devant lui. Après un début de saison 2023 de très haut niveau, où il a notamment décroché ses trois premières victoires en professionnel, Vauquelin a vécu une deuxième partie d'année compliquée. A l'approche de la prochaine saison, le coureur d'Arkéa-Samsic (qui deviendra Arkéa-B&B Hotels en 2024) est revenu sur ces derniers mois mitigés et ses ambitions futures, au micro de Cyclism'Actu.
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00:00 [Musique]
00:06 On commence une saison de manière assez exceptionnelle et tout d'un coup on se
00:10 retrouve dans un bas, on passe de très haut à un bas.
00:15 Mentalement c'est dur, est-ce qu'il y a du doute à ce moment là ?
00:19 Ah oui, beaucoup de doutes, beaucoup de doutes, sur savoir est-ce que je vais réussir à voir ce que j'avais déjà eu ?
00:26 [Musique]
00:33 Comment ça se fait que j'étais aussi haut et que je suis retombé aussi bas ?
00:37 Est-ce que c'était vraiment moi ? C'est ça le truc, c'est vraiment est-ce que c'était vraiment moi à un moment donné ?
00:43 J'ai en même temps où est-ce que je suis ? Je suis un peu perdu.
00:46 Mais d'un côté, en début de saison j'ai toujours dit que j'étais en haut de la vague et qu'à un moment ça pouvait redescendre.
00:51 [Musique]
00:54 D'un côté j'étais peut-être légèrement préparé, mais on n'est jamais vraiment préparé à quelque chose qui nous tombe dessus comme ça.
01:00 Donc c'était un peu bizarre.
01:03 [Musique]
01:18 Bonjour Kevin, on vous a quitté mi-octobre sur la Veneto Classique.
01:22 Déjà comment ça va et est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s'est passé depuis ?
01:26 Ça va, ça va.
01:30 Depuis il y a eu la coupure, donc là un peu de ressources, de reprendre des forces avec ses proches.
01:38 Et là on a déjà commencé à reprendre le vélo.
01:41 Vous avez réalisé un gros début de saison avec 4ème place à l'Etoile de Besège, vainqueur du Tour des Alpes Maritimes et du Var,
01:48 2ème de la Route Adélide Vitré, vainqueur du Tour du Jura.
01:51 Qu'est-ce qu'on retient de cette première partie de saison, qui sur le papier en tout cas est excellente ?
01:56 Je retiens beaucoup de satisfaction, donc là en premier lieu.
02:00 Ensuite, je suis content de la régularité que j'ai pu avoir et des sensations que j'ai pu avoir sur ces courses-là.
02:06 Et aussi d'avoir pu apprendre à mieux courir et à apprendre à gagner tout simplement.
02:11 Ça a montré un bel hiver et de mettre en application tout ce que j'avais pu apprendre dans la saison 2022.
02:21 C'était vraiment quelque chose de très satisfaisant.
02:25 Et si vous devez retenir le moment fort de votre saison, ce serait lequel ?
02:30 Je pense que bien sûr, les Tour des Alpes Maritimes et du Var et le Jura, j'ai gagné quand j'ai gagné.
02:37 Mais il y a aussi franchement la 5ème place à Paris-Nice sur l'Arrivée des Sages qui m'a peut-être propulsé un peu
02:43 sur le fait de me dire que tout était possible.
02:46 C'est ça qui m'a vraiment fait du bien.
02:49 Puis il y a eu cette deuxième partie de saison aussi, où pour le coup ça a été un peu plus compliqué.
02:55 Ça a commencé avec la blessure autour de Romandie.
02:59 Vous avez ensuite eu un peu de mal à retrouver votre niveau des premiers mois.
03:04 Qu'est-ce qui s'est passé ?
03:06 Simplement, j'ai chuté autour de Pays de Loire.
03:12 J'ai eu des séquelles de cette chute que je n'ai pas sentie tout de suite.
03:16 J'ai beaucoup forcé notamment autour du Jura et autour du Doubs.
03:20 C'est à ce moment-là que ça a commencé à tirailler.
03:22 Arriver au Romandie, c'était trop tard.
03:24 Ensuite, j'ai eu une tendinopathie au niveau du psoas.
03:28 Tout de suite parti en soins et en kiné, du coup en repos.
03:33 Ça a été une période assez compliquée parce que passer de super sensations à plus grand chose,
03:38 ce n'était pas facile à vivre.
03:40 Après, vu qu'il y a eu la reprise, c'était compliqué parce que deux mois sans vraiment rouler,
03:46 à part d'une heure et demie à 150 watts, c'est très peu.
03:50 Donc, ça a été plus compliqué en passant des sensations que j'avais eues au début
03:54 à reprendre des sensations beaucoup plus à moindrerie.
03:58 C'était ça qui a été le plus dur, peut-être le plus dur encore psychologiquement.
04:02 Est-ce que justement dans cette période où on commence une saison de manière assez exceptionnelle
04:09 et tout d'un coup on se retrouve dans un bas, on passe de très haut à un bas,
04:14 mentalement c'est dur, est-ce qu'il y a du doute à ce moment-là ?
04:19 Oui, beaucoup de doutes, beaucoup de doutes sur savoir est-ce que je vais réussir à avoir ce que j'avais déjà eu ?
04:25 Est-ce que je vais... Comment ça se fait que j'étais aussi haut et que je suis retombé aussi bas ?
04:30 Est-ce que c'était vraiment moi ? C'est ça le truc, c'est vraiment est-ce que c'était vraiment moi à un moment donné ?
04:36 Je me disais "merde, où est-ce que je suis ? Je suis un peu perdu."
04:40 Mais d'un côté, au début de la saison, j'ai toujours dit que j'étais en haut de la vague
04:43 et qu'à un moment ça pouvait redescendre.
04:45 Donc d'un côté j'étais peut-être légèrement préparé,
04:47 mais on n'est jamais vraiment préparé à quelque chose qui nous tombe dessus comme ça.
04:51 Donc c'était un peu bizarre.
04:55 Dans cette période compliquée, il y a notamment eu la Vuelta, qui était votre premier grand tour.
04:59 Vous avez abandonné au cours de la 15e étape.
05:04 Qu'est-ce qu'on retient de cette expérience pour la première fois sur une course de trois semaines ?
05:10 De l'apprentissage, je pense que c'est aussi une bonne chose que je arrive sur un objectif,
05:15 sur une si grande course, avec le psychologique qui est beaucoup plus amoindri
05:21 et même le physique qui n'est pas à 100%, donc ça m'a permis aussi de prendre la course
05:26 d'une autre vision et je pense que ça me servira dans les années à venir.
05:32 Un grand tour, ce n'est pas rien, on ne peut pas y aller en claquant des doigts.
05:36 C'est peut-être un mal pour un bien.
05:38 Justement, en parlant des prochaines années, 2024 arrive maintenant à grands pas,
05:44 au début de la saison et dans à peine un peu plus d'un mois.
05:47 Est-ce que vous avez déjà une idée de votre programme ? Quand est-ce qu'on verra votre retour à la compétition ?
05:52 Quel grand tour ? Est-ce qu'on peut avoir des petites informations là-dessus ?
05:56 Pour l'instant, on n'en a aucune.
06:00 On a des petites idées, des trames, mais on n'a vraiment aucune certitude.
06:04 On a un stage dans une semaine et demie en Espagne pour savoir quel est vraiment le programme
06:10 avec tous les coureurs.
06:12 Pour l'instant, on ne sait pas.
06:13 Mais j'ai des souhaits que j'aimerais faire.
06:19 Faire un début de saison un peu similaire à l'année dernière, c'est quelque chose
06:22 qui était super sympa à trouver en France.
06:24 C'est quelque chose que j'ai bien aimé, faire les reconnaissances et aller sur des
06:26 routes que je connaissais, c'est toujours sympa.
06:28 On ne sait pas encore, mais on a des petites idées.
06:32 Vous parlez des routes françaises.
06:35 Est-ce qu'en juillet, vous aimeriez bien rouler sur les routes françaises ?
06:38 Pourquoi pas ?
06:40 C'est une arrivée à Nice, un départ pas très loin de la maison.
06:44 C'est un truc que je voudrais peut-être faire.
06:47 J'ai fait la Vuelta, même si je n'ai pas fini.
06:49 Pourquoi pas aller sur la Tour de France ?
06:51 C'est à voir avec la direction sportive, qu'est-ce qu'ils vont choisir.
06:54 C'est à eux de prendre la décision.
06:56 En tant que...
07:00 Comme on n'est pas à l'intérieur des équipes, est-ce que vous pouvez nous expliquer comment
07:03 ça se passe sur la décision des programmes ?
07:05 Est-ce que vous avez vraiment votre mot à dire ?
07:06 Ou c'est vraiment la direction sportive qui tranche dans tous les cas ?
07:11 C'est simple, on a une réunion début octobre.
07:14 On a deux jours avec l'équipe pour faire plusieurs choses, des essayages, tout ça.
07:19 Et notamment, on a rendez-vous avec les directeurs sportifs et notre entraîneur, le patron Emmanuel Hubert.
07:25 À ce moment-là, on nous demande ce que vous voulez faire l'année prochaine.
07:29 On dit nos souhaits, qu'il soit totalement incompatible de course.
07:34 On dit presque ce qu'on voudrait.
07:36 Eux prennent en compte, nous disent ce qu'ils en pensent un petit peu sur le coup, pour
07:40 avoir notre profil.
07:41 Ensuite, on a la réponse définitive en décembre.
07:43 Très bien.
07:45 Pour rester un peu sur le futur et cette prochaine saison, est-ce que vous sentez qu'il y a un
07:51 point sur lequel vous devez vraiment vous améliorer pour encore passer ce cap supplémentaire
07:56 ou justement continuer dans le coureur assez complet que vous êtes, capable un peu de
08:00 briller partout, montagne, puncher, rencontre la montre ?
08:04 Je pense que j'essaie de travailler des qualités un peu plus sur des courses à étape, plus
08:10 sur des montées de col à mon avis.
08:13 J'essaie de revenir un peu là-dessus, tester, voir comment ça peut aller.
08:19 Pourquoi pas revenir des fois un peu sur des courses de mon profil dans les bosses de 5
08:26 minutes, des courses style fond de Yéhenne, des courses à circuit, des courses que j'affectionne.
08:32 On va voir un peu selon le programme qu'est-ce qu'on va vraiment travailler, mais je pense
08:37 que le travail principal, ça va être de voir une saison plutôt régulière, où il n'y
08:41 a pas vraiment de blessures et pas vraiment de pépins, où je peux m'exprimer à 100%
08:46 et prendre le gap que j'ai à prendre.
08:48 Il y a eu quand même pas mal de mouvements à cette intersaison chez Arkea Samsic, qui
08:54 deviendra en 2024 Arkea Bien Biotech, avec notamment le départ de Warren Barguil, qui
09:01 était un peu la tête d'affiche de l'équipe depuis quelques années.
09:04 Est-ce que personnellement ça change quelque chose dans votre rôle pour ce futur ?
09:08 Je pense que ça ne change pas grand-chose.
09:12 Je pense que je reste toujours sur ma ligne de conduite, que des leaders partent ou arrivent,
09:17 ça ne change pas grand-chose.
09:19 Ce qui est dommage, c'est qu'on perd de l'expérience, c'est sûr.
09:22 C'est un cours de beaucoup d'expérience et à un niveau très élevé, donc c'était
09:26 toujours très intéressant de pouvoir courir avec lui et d'échanger avec lui.
09:30 Après, je pense que maintenant on a aussi Arnaud Desmarques, qui est en procès d'affiche,
09:34 coureur d'expérience, c'est un autre profil, mais un très bon coureur aussi.
09:38 Donc je pense que ça ne change pas énormément de choses pour moi dans l'équipe, à part
09:45 que je veux juste affirmer le rôle que j'ai pu avoir touché l'année dernière et essayer
09:49 de continuer dans cette lancée.
09:51 Très bien.
09:52 On a parlé des mouvements dans l'effectif, mais aussi dans le staff, il y a eu quelques
09:58 mouvements avec le départ d'Yvon Caire et l'arrivée d'Yvon Le Danois.
10:03 Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que là aussi ça change quelque chose ?
10:08 Moi, je pense que je n'ai pas trop d'avis là-dessus.
10:14 Yvon Le Danois, je ne le connaissais pas trop parce que l'année dernière, il n'était
10:18 pas du tout mon ex-référent, il était plutôt avec Nero Quintana, donc je ne l'ai pris
10:22 que pour connaissance.
10:23 C'est un peu dommage de le perdre à Yvon Caire, c'est quelqu'un du même an qui est
10:26 très sympa, qui a une bonne ambiance, donc c'est dommage de le perdre.
10:30 Mais après, c'est des choix de vie et il va dans une équipe qui va peut-être lui
10:34 plaire, donc tant mieux pour lui.
10:35 Non, après, je pense que ce sont des choses à découvrir, un directeur sportif à découvrir,
10:39 à savoir en stratégie de course et dans le bien-être de l'équipe.
10:42 Donc je pense que c'est vraiment à découvrir.
10:45 On sait aussi qu'il y a ce fameux classement UCI qui est de plus en plus important pour
10:53 les équipes avec le nouveau système de relégation, promotion.
10:57 Même si on est en 2024, on n'a eu qu'une seule année de ce nouveau cycle, Arka est
11:04 un peu dans la zone rouge avec en 19e place, assez loin notamment de la 18e place qui est
11:09 la première non-relégable.
11:10 Est-ce que ça rajoute un peu de pression à l'approche de cette année où vous vous
11:15 dites que dans tous les cas, si les résultats vont bien, ça va suivre ?
11:20 Je pense que ça peut mettre une pression inconsciente dans l'équipe, parce que c'est
11:25 toujours quelque chose à laquelle on pense.
11:26 C'est une relégation, c'est une WorldTour, surtout pour les sponsors et le staff.
11:30 Après, en tout cas, personnellement, moi en tant que coureur, ça ne change pas grand-chose.
11:34 Je veux toujours faire le meilleur en course et faire le meilleur en course et faire des
11:37 points pour ne pas être relégué.
11:40 Donc je pense que ça va avec.
11:41 Il faut juste avoir un cercle vertueux et continuer à avoir une bonne dynamique pour
11:45 ne pas avoir de problème de relégation.
11:51 Je pense que ça n'a pas trop d'insignes sur le sportif en soi-même.
11:55 Il faut juste faire les meilleures courses possibles, comme chaque coureur peut faire,
11:59 et gagner des courses.
12:00 Les points, c'est ce qui vient avec.
12:02 Quels sont factuellement vos prochains rendez-vous, date de stage, présentation d'équipe ?
12:10 Où est-ce que vous en êtes là dans votre préparation ?
12:12 Là, on a ce week-end la journée des supporters, qu'on accueille au Glas Arena à côté de
12:22 Rennes.
12:23 C'est là où on va pouvoir rencontrer un peu nos supporters, ceux qui nous supportent
12:26 avec Supporte, l'équipe archéa Samsic.
12:28 Un moment de rencontre très important pour l'équipe et pour les coureurs.
12:32 Ensuite, on va partir en stage en Espagne, personnellement, du 11 au 19 décembre, pour
12:37 remettre les pieds à l'étrier avec l'équipe et faire un bon bluff d'entraînement.
12:40 Très bien.
12:42 Pour finir, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour ces prochaines semaines et ces prochains
12:47 mois ?
12:48 Un bon entraînement.
12:49 C'est bien.
12:50 Merci beaucoup d'avoir accordé cette interview à Cyclists Mactu.
12:56 On vous souhaite justement une bonne saison, et bon courage, des victoires, des résultats
13:00 et tout ce qui va avec.
13:01 Merci beaucoup.
13:02 Merci à vous, à vous aussi.
13:03 Merci.
13:04 Merci.