Dialogue avec mon jardinier

  • l’année dernière
Un peintre ayant réussi à Paris se rend dans la région qui l'a vu grandir, afin de s'installer dans la demeure de sa jeunesse. En instance de divorce, il veut prendre un nouveau départ. Mais le vaste terrain en friche qui entoure la maison le découragerait presque de s'établir ici. Il décide donc de passer une petite annonce afin d'embaucher un jardinier qui prendra soin de tout. Peu de temps après, un vieil ami d'enfance se présente à lui pour mener cette tâche. Les retrouvailles sont chaleureuses et les deux hommes retrouvent leur complicité de jadis. Tandis que l'un mélange les pigments et que l'autre bêche, de plaisantes discussions débutent entre le peintre et son jardinier...
Transcript
00:00 - Je viens pour la place de jardinier. - On se connaît, non ?
00:03 - Ça se pourrait bien, oui. - Oh, putain ! Le gâteau !
00:06 À nos souvenirs.
00:09 - Pourquoi t'es revenu t'enterrer ici ? - Ce trou, qu'est-ce que tu veux ? C'est mes racines.
00:15 Tu regardes jamais la télé, toi, ou quoi ? Les emplois, c'est comme les tigres.
00:19 - On n'a pour ainsi dire plus. - Qu'est-ce que t'en penses ?
00:22 C'est très bien. Sauf qu'on retrouve rien de ce que t'as sous les yeux.
00:26 Je voudrais te montrer quelque chose. La peinture.
00:30 Je le connais, celui-là. Il était sur les billets de 100 balles.
00:33 Demain, je t'apporte un chou-fleur. Mais alors, le chou-fleur.
00:36 Bichonné, ni poudre ni saloperie. Chou-fleur personnel.
00:38 - Vous savez ce que c'est que le "tsi" ? - Le "tsi" ? Non.
00:41 - "Zé". - C'est japonais, non ?
00:43 - C'est tout ce qui est faux. - "Zé".
00:45 C'est-à-dire l'antivérité artistique.
00:47 Comment elle est, la voisine ? Comment elle est, la voisine ? Écoute, tu me bassines, là.
00:51 - Elle est jalouse, ta femme ? - Elle n'a pas lieu.
00:54 T'as pas très bien compris, je crois. Je veux divorcer.
00:57 - Mais pourquoi ? - Tu fais une ou deux bêtises, quoi.
01:00 Enfin, juste des passades. Surtout des modèles.
01:03 - Mais tu l'aimes toujours ? - Je crois, oui.
01:06 J'aimerais bien que tu me payes une des choses qui me tiennent à cœur.
01:09 On n'a rien à foutre de la peinture.
01:12 J'en ai marre de rester des heures devant une toile comme une vache devant une locomotive.
01:16 Elle va passer en dessous. Tourne la barque. Mais tourne, empoté !
01:21 Je crois bien que j'ai jamais réussi des gars aussi beaux.
01:24 On dirait que ça leur plaît de voir leur jardinier coucher près d'eux.
01:27 - Tu t'appellerais comment, si t'avais le choix ? - Du jardin.
01:30 - Et moi, alors ? - Du pinceau.
01:33 Il pleura pas demain, encore.
01:36 - Ah, tiens. - J'ai dit demain. Je vais pas parler de ce soir.
01:40 [Son de cloche]