Mali, la guerre perdue contre le terrorisme - 2023

  • l’année dernière
Tout au long de l'année 2022, Nathalie Prévost et Olivier Jobard ont sillonné le Mali à la rencontre des principaux protagonistes de la crise qui fracture le pays et s'est propagée dans les Etats voisins. Au fil de ce voyage mené
dans des conditions difficiles à cause de l'insécurité, se dévoilent les raisons d'une double faillite, celle de la guerre contre le terrorisme menée par la France pendant dix ans comme celle de l'Etat malien, impuissant à fournir
les services de base aux populations. De nombreux témoins et acteurs de cette crise, qui a précipité le recul
de la démocratie, en expliquent les dynamiques profondes.

Réalisé par : Olivier Jobard, Nathalie Prévost

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00:00:13 Tombouctou, nord du Mali, foyer historique de l'islam africain.
00:00:18 2012, les djihadistes d'Al-Qaïda détruisent les mausolées sacrées de la ville.
00:00:29 Au fil des mois, ils s'emparent du nord du pays, puis descendent vers le centre.
00:00:34 L'armée malienne est submergée. Le président malien fait appel à la France.
00:00:39 En quelques semaines, les hélicoptères et les troupes au sol libèrent les grandes villes du nord.
00:00:46 Forte de sa victoire éclair, l'armée française s'installe.
00:00:56 Pendant neuf ans, elle va mener au Mali sa guerre contre le terrorisme.
00:01:00 2022, les djihadistes ont repris le terrain perdu.
00:01:09 Des groupes armés locaux contrôlent la majorité du territoire. Le Mali sombre dans le chaos.
00:01:14 Même du temps de la rébellion la plus pire de l'histoire de notre pays, on n'avait jamais vu ça.
00:01:19 Des civils, froidement exécutés.
00:01:21 Il est clair qu'il y a une réconciliation ethnique au centre contre les populations belles.
00:01:27 Le résultat de l'opération française est un désastre.
00:01:33 Pour le comprendre, nous sommes partis à la rencontre des Maliens.
00:01:37 De ceux qui font la guerre et ceux qui la subissent.
00:01:43 Un long voyage à travers un immense pays.
00:01:50 Et toujours sous bonne escorte.
00:01:53 Hiver 2022, nous arrivons à Bamako, au pic de la tension entre la France et le Mali.
00:02:18 Chaque samedi, des jeunes partisans de la junte militaire au pouvoir se rassemblent pour chanter l'armée malienne et son allié russe.
00:02:27 "On prend la France, on prend ces héros !"
00:02:38 L'ambiance est bonne, il faut dire que ces jeunes activistes sont les relais du régime.
00:02:54 "Cerveau, cerveau, cerveau !"
00:03:00 L'orateur s'appelle Ben Le Cerveau, un nom de blogueur et de personnage de bande dessinée.
00:03:06 Il jubile de l'expulsion de l'ambassadeur de France, Joël Meyère.
00:03:10 "Il faut que je l'aise, Joël Meyère, bye bye !"
00:03:13 "Bartol, bye bye !"
00:03:15 "Joël Meyère !"
00:03:21 "Bartol !"
00:03:23 "Bartol !"
00:03:24 "Bartol !"
00:03:25 "Bartol !"
00:03:26 La bête noire de la foule, ce ne sont pas les djihadistes.
00:03:30 Non, c'est Barkhane, le contingent français.
00:03:34 "Nous sommes trop fatigués, il y a eu trop de sang coulé.
00:03:42 Aujourd'hui, nous avons décidé en tant que Malien de prendre les choses en main, de ne plus laisser le Mali aux mains des ennemis du Mali."
00:03:51 "Si la France a des problèmes ici en Afrique, c'est ça, de s'insérer dans les affaires intérieures, d'essayer de nous donner des leçons, c'est ce que nous ne voulons pas."
00:04:00 Le Premier ministre, un ingénieur formé à Moscou, revendique la rupture.
00:04:17 "Ce que la classe politique française doit comprendre, ils n'ont plus à la tête du Mali les hommes auxquels ils étaient habitués,
00:04:23 qui étaient heureux d'aller à Paris, de passer la nuit dans les grands hôtels, 10 000 euros la nuit, avec des grands parfums, ils vont aux Champs-Élysées,
00:04:32 on les tape sur les épaules, président démocratiquement élu, on les flatte.
00:04:36 Nous, ce n'est pas ça notre souci.
00:04:38 Nous, notre seul objectif aujourd'hui, c'est qu'au moment où on quitte le pouvoir, on ait rétabli l'ordre et la sécurité dans le pays."
00:04:48 Depuis 2013, la sécurité du Mali, c'est le mandat de la France, puissance historique de la région.
00:04:56 Elle s'est basée ici, à 1 200 kilomètres au nord de Bamako, pour mener la guerre contre le terrorisme.
00:05:06 Gao est la plus grande ville du nord.
00:05:12 Le fleuve sépare le Sahel cultivé au sud du désert des nomades au nord.
00:05:18 C'est dans ce super camp que la France a organisé l'essentiel de ses forces, au cœur des zones contrôlées par l'État islamique et Al Qaïda.
00:05:34 Ici, personne ne comprend le ressentiment anti-français.
00:05:37 Et personne n'imagine que dans six mois, tous les soldats auront plié bagage.
00:05:42 Les militaires que nous rencontrons épousent le discours officiel.
00:05:47 Pour eux, la mission est un succès.
00:05:51 La France a un bilan, 3 000 djihadistes tués, dont plusieurs chefs terroristes.
00:05:55 "De mon point de vue, la victoire tactique, elle est indéniable.
00:06:01 Chaque fois que nous partons en opération, c'est du concret,
00:06:05 dans le meilleur des cas, neutralisation de l'ennemi,
00:06:09 mais au pire, on saisit des munitions, des ressources à l'ennemi.
00:06:15 A notre niveau, nous, on a fait le job, on a fait ce qu'on avait à faire.
00:06:18 Après, le reste ne nous appartient pas."
00:06:20 Les soldats français ne vont pas seuls à la bataille.
00:06:26 Pour reconstruire une armée malienne professionnelle,
00:06:29 ils forment et accompagnent leurs frères d'armes.
00:06:32 Les élèves s'appliquent. Bientôt, ils vont chasser leur maître.
00:06:41 "Ce que je constate, c'est qu'au départ de cette opération,
00:06:46 nous faisions la guerre pour les maliens, qu'à l'heure actuelle,
00:06:48 nous faisions la guerre avec les maliens,
00:06:50 et que bientôt, les maliens feront leur guerre eux-mêmes pour leur pays.
00:06:53 Cette armée malienne, ce qui est certain, c'est qu'elle mène des opérations en autonome.
00:06:57 Donc ça, c'est une grande satisfaction, je pense. On peut s'accorder à ça.
00:07:00 L'armée malienne, elle occupe des points stratégiques sur le Mali,
00:07:04 ce qui là aussi n'est pas une nouveauté, mais au départ,
00:07:06 n'était pas tout à fait gagné ou évident.
00:07:08 Donc là encore, je pense que c'est une réussite."
00:07:10 "C'est qui en table derrière ?
00:07:17 Tu rends compte quand tu vois le VAB ?"
00:07:20 "Ah ouais, c'est carrément de l'autre côté."
00:07:23 Nous sortons en patrouille avec des griffons,
00:07:26 des blindés dernier cri qui font la fierté de l'industrie de défense.
00:07:30 Les opérations extérieures servent aussi de vitrines au matériel destiné à l'exportation.
00:07:37 "Ok, on débarque ?
00:07:40 Idéal."
00:07:43 Pour le moment, l'objectif de la patrouille
00:07:46 est de marquer la présence de Barkhane sur le terrain.
00:07:49 "Bonjour."
00:07:51 "Ca va ?"
00:07:53 Malgré sa supériorité en armement,
00:08:17 l'armée française ne tient que des îlots aux abords du camp.
00:08:20 A quelques kilomètres, dans cette brousse,
00:08:24 les populations vivent sous la loi djihadiste.
00:08:27 "Ouais, douze bien pris.
00:08:29 Essayez de trouver directement un bon interlocuteur
00:08:31 pour engager une liaison facile."
00:08:33 Le chef de patrouille est un lieutenant diplômé de grandes écoles.
00:08:37 Il termine une mission de quatre mois au Mali.
00:08:40 "Bonjour."
00:08:42 "Bonjour."
00:08:44 "Ca va ?"
00:08:46 "Bonjour."
00:08:48 "Vous parlez tous français ?"
00:08:50 "Bonjour, chef."
00:08:52 "Bon, comment ça va ici ?"
00:08:54 "Vous allez où pour aller chercher l'eau ?"
00:08:57 "Il y a des petits puits."
00:08:59 "Et les petits puits ?"
00:09:01 "Le grand problème, c'est la soif."
00:09:03 "La soif ? Vous n'avez même plus d'eau assez pour boire pour vous."
00:09:06 "Vous allez comment chercher l'eau en moto ?"
00:09:08 "Je ne sais pas."
00:09:10 "14 ans avant."
00:09:12 "Ah oui. Et donc, il vous faut un puits, en fait, ici."
00:09:15 "Vous avez quand même une école."
00:09:17 "Qui ne fonctionne pas."
00:09:19 "Il n'y a pas de professeur ?"
00:09:21 "Il n'y a pas de professeur, à cause de l'insécurité."
00:09:23 "A cause de l'insécurité, ils sont repartis."
00:09:25 "On peut aller voir ?
00:09:27 Et vous, vous faites quoi ? C'est quoi votre métier ?"
00:09:29 "Rien."
00:09:31 "Rien ? Vous êtes au chômage ?"
00:09:33 "Et vous ?"
00:09:35 "Rien aussi ?
00:09:37 Mais tout le monde ici ne fait rien.
00:09:39 Vous n'avez pas de travail."
00:09:42 Avec le conflit, le quotidien des Maliens n'a cessé de se dégrader.
00:09:46 La petite école menace de s'écrouler.
00:09:50 Les habitants l'ont construite eux-mêmes.
00:09:52 "Vous débrouillez avant de demander."
00:09:54 "Oui."
00:09:56 Les villageois espèrent un peu d'aide.
00:09:58 Ils tentent leur chance auprès du lieutenant.
00:10:00 "Ça va casser, hein."
00:10:02 "Ça, c'est les ONG."
00:10:04 "Et vous avez demandé au gouvernement de vous aider ?"
00:10:06 "Et les ONG ne sont pas venus ?"
00:10:08 "Ils ne sont pas venus."
00:10:10 "D'accord. Ok. Très bien."
00:10:12 "Bon, moi je vais le dire à mes chefs, hein, mais..."
00:10:14 "C'est pas nous qui pouvons vous aider pour ça."
00:10:16 "Courage."
00:10:18 "Bah, courage à vous."
00:10:20 A cause de la guerre,
00:10:32 plus de 500 000 enfants ne sont plus scolarisés.
00:10:38 Les Maliens sont devenus indifférents à la patrouille.
00:10:40 Ça fait presque dix ans qu'ils la regardent passer.
00:10:44 "L'accueil de la population est beaucoup moins chaleureux."
00:10:50 "Les enfants ont grandi."
00:10:54 "Ceux qui nous acclamaient, qui agitaient les drapeaux français,
00:10:56 "lorsque nous avons traversé Bamako, Gao..."
00:10:58 "Voilà, ils ont vécu la présence de la France
00:11:00 "pendant toutes ces années."
00:11:02 "Et ça pourrait peut-être expliquer
00:11:06 "une petite animosité envers la France, du coup."
00:11:08 "La population, pas dans sa majorité,
00:11:10 "mais par moments, on peut sentir
00:11:12 "qu'il y a une certaine lassitude
00:11:14 "de nous savoir ici."
00:11:16 Le capitaine Stéphane
00:11:20 était déjà ici en 2013 avec Cerval,
00:11:22 l'opération antiterroriste
00:11:24 lancée par François Hollande
00:11:26 à la demande du président malien.
00:11:28 Une victoire rapide et incontestée.
00:11:30 "Je veux ici vous dire
00:11:32 "que je viens sans doute de vivre
00:11:34 "la journée la plus importante
00:11:36 "de ma vie politique."
00:11:38 La menace islamiste persistante,
00:11:42 la France a décidé de prolonger l'opération
00:11:44 et d'élargir le champ de bataille.
00:11:46 Barkhane a succédé à Cerval,
00:11:48 quelques milliers de soldats
00:11:50 pour un espace grand comme 10 fois la France.
00:11:52 Neuf ans plus tard,
00:11:58 les djihadistes ont repris le terrain perdu.
00:12:00 Ils sont allés à l'étranger
00:12:02 et ont repris le terrain perdu.
00:12:04 Ils se sont étendus, eux aussi,
00:12:06 de la frontière algérienne
00:12:08 jusqu'à Mopti, dans le centre.
00:12:10 Ils ont même gagné les pays voisins
00:12:12 du Niger et du Burkina Faso.
00:12:14 Nous atterrissons à Gossi,
00:12:22 un avant-poste dans la zone
00:12:24 des trois frontières.
00:12:26 Nous arrivons avec une cargaison de brioches.
00:12:28 Nous sommes invités à filmer
00:12:30 la fin d'une formation
00:12:32 financée par Barkhane
00:12:34 pour des jeunes de la ville.
00:12:36 Ça s'appelle une action
00:12:38 civilo-militaire.
00:12:40 L'objectif est de conquérir
00:12:42 les cœurs et les esprits des habitants.
00:12:44 - Bien, bonjour encore une fois
00:12:46 à toutes et à tous.
00:12:48 Je voudrais vous remercier
00:12:50 de votre présence ici,
00:12:52 présence qui est révélatrice
00:12:54 du lien fort qui nous unit,
00:12:56 et qui est marqué
00:12:58 dans vos belles tenues aujourd'hui,
00:13:00 qui montre ce lien fort
00:13:02 qui unit évidemment le Mali à la France.
00:13:04 On a besoin de vous pour mettre dehors
00:13:06 ces malfaisants qui empêchent
00:13:08 de retrouver une vie complètement normale
00:13:10 et de se tourner vers la paix complète
00:13:12 à Gossi et au Mali.
00:13:14 - Tout le monde fait bonne figure,
00:13:16 mais le cœur n'y est pas.
00:13:18 Les djihadistes continuent
00:13:20 de faire la loi en ville.
00:13:22 - Nous, les jeunes,
00:13:24 on ne peut plus s'amuser.
00:13:26 Les soirées, les concerts,
00:13:28 tout s'est arrêté.
00:13:30 Ce n'est pas normal.
00:13:32 Les Français sont venus
00:13:34 pour nous aider,
00:13:36 mais ça n'a pas marché
00:13:38 comme on aurait voulu.
00:13:40 - Nous osons la question qui fâche.
00:13:44 Et si la guerre avait été perdue ?
00:13:46 - Alors, elle a sûrement
00:13:48 pas été perdue,
00:13:50 et ça serait vraiment
00:13:52 un outrage que de dire des choses
00:13:54 comme ça, ne serait-ce que pour les 53
00:13:56 soldats et frères d'armes qu'on a perdus ici.
00:13:58 Donc, évidemment qu'on ne peut pas dire ça.
00:14:00 Que la situation a évolué, a changé,
00:14:02 Barkhane s'est adapté,
00:14:04 et qu'au quotidien,
00:14:06 on a des retours
00:14:08 sur investissement, même si le terme
00:14:10 n'est pas très beau, avec des jeunes heureux,
00:14:12 des femmes que l'on croise dans les villages
00:14:14 qui nous remercient de notre présence, discrètement,
00:14:16 pour ne pas avoir des représailles derrière.
00:14:18 Rien que quand on a
00:14:20 ces phénomènes
00:14:22 concrets de terrain, on se dit que
00:14:24 à ce niveau-là, la guerre, elle est gagnée.
00:14:26 - La junte au pouvoir n'est pas de cet avis.
00:14:30 En février 2022,
00:14:32 elle exige le départ de Barkhane.
00:14:34 Quelques mois après notre tournage,
00:14:44 le dernier soldat français
00:14:46 quitte le Mali.
00:14:48 Les militaires français
00:14:50 déployés à l'étranger
00:14:52 gagnent des primes,
00:14:54 et souvent du galon.
00:14:56 Mais qu'en est-il pour les Maliens ?
00:15:02 Qu'est-ce qu'elle a changé,
00:15:04 pour eux, cette armée ?
00:15:06 - Chez nous, il y a
00:15:08 des armées de la terre entière,
00:15:10 avec des gens de partout, y compris
00:15:12 les Nations Unies, et la situation
00:15:14 se dégrade toujours.
00:15:16 On a fait Missma, on a fait Serval,
00:15:18 on a fait Barkhane, on a fait
00:15:20 G5 Sahel, on a fait Dakoba,
00:15:22 on a fait tout ça là.
00:15:24 Mais la situation ne se fait que...
00:15:26 se dégrader.
00:15:28 Et tout ça sous la supervision de la France.
00:15:30 Si on est là, c'est la gestion de la France.
00:15:32 C'est pas la gestion
00:15:34 d'Assimi Gouïta ou quelqu'un d'autre.
00:15:36 C'est la France qui a géré le Mali
00:15:38 depuis 2003 jusqu'à...
00:15:40 avant-hier seulement.
00:15:42 - Les résultats, le terrorisme n'a pas été détruit.
00:15:44 L'autorité de l'État n'a pas été restaurée
00:15:46 sur l'ensemble du territoire. Les résolutions
00:15:48 des Nations Unies changent chaque année.
00:15:50 On massacre des villages effacés
00:15:52 de la terre. Mais qu'est-ce qu'un
00:15:54 gouvernement responsable doit faire ?
00:15:56 Et on a appliqué ce que un grand célèbre
00:15:58 homme chinois, le fondateur
00:16:00 de la Chine nouvelle, Dian Xiaoping,
00:16:02 a appelé, il dit "le chat",
00:16:04 qu'il soit gris ou noir pourvu qu'il attrape
00:16:06 la souris. Nous, aujourd'hui,
00:16:08 on cherche à sécuriser les Maliens,
00:16:10 à sauver la vie des Maliens.
00:16:12 - Quand on s'appelle français, russe,
00:16:14 quel est notre problème ?
00:16:16 On achète des équipements en Europe,
00:16:18 la France bloque. On achète aux Etats-Unis,
00:16:20 la France intervient pour bloquer.
00:16:22 Mais on va chercher, on ne peut pas bloquer.
00:16:24 - Pour s'affranchir
00:16:26 de la lourde tutelle française,
00:16:28 les Maliens se tournent vers la Russie.
00:16:30 Partenaires de Bamako depuis
00:16:32 l'indépendance, elles s'engouffrent
00:16:34 dans la brèche. Officiellement,
00:16:36 elles fournissent de l'armement
00:16:38 et des conseillers militaires.
00:16:40 Officieusement, environ
00:16:42 un millier d'hommes de la société Wagner.
00:16:44 La moitié de l'effectif
00:16:46 engagé par la France, au plus fort
00:16:48 de son intervention.
00:16:50 Le pays est dirigé par
00:16:56 5 colonels.
00:16:58 La junte a pris le pouvoir
00:17:00 à l'été 2020, à la faveur
00:17:02 d'une insurrection contre le gouvernement légal.
00:17:08 Aujourd'hui, c'est la fête de l'armée
00:17:10 dans la ville garnison de Kati,
00:17:12 à quelques kilomètres de Bamako.
00:17:14 L'état-major a promis la victoire
00:17:20 contre tous les ennemis du Mali.
00:17:22 Le départ de la France,
00:17:24 l'ancienne puissance coloniale,
00:17:26 est déjà un premier trophée à mettre à son crédit.
00:17:36 Devant la tribune officielle,
00:17:38 un griot fait rire le public
00:17:40 aux dépens du coq gaulois.
00:17:42 Pour les colonels,
00:17:50 accuser la France de la défaite
00:17:52 contre le terrorisme,
00:17:54 c'est un moyen commode de s'exonérer
00:17:56 de leur propre responsabilité.
00:17:58 Le président, c'est lui.
00:18:04 Le colonel Assimi Goïta,
00:18:06 un officier des forces spéciales
00:18:08 dont la guerre a fait la carrière.
00:18:10 Les conseillers russes sont bien là.
00:18:22 Ce sont eux les nouveaux partenaires.
00:18:24 Le programme de cette cérémonie est le suivant.
00:18:26 Le discours de monsieur le ministre de la Défense
00:18:28 et des anciens combattants.
00:18:30 La décoration à titre possible
00:18:32 des militaires tombés sur le champ de l'honneur.
00:18:34 Le ministre de la Défense
00:18:36 distribue des chèques aux veuves
00:18:38 des soldats tués sur le front.
00:18:40 Mesdames et messieurs,
00:18:42 à l'arrivée du drapeau national,
00:18:44 nous vous prions de bien vouloir vous lever
00:18:46 pour le rendre les honneurs qu'ils y sont dus.
00:18:48 L'agente veille au moral des troupes,
00:18:50 trop souvent maltraitées.
00:18:52 Elle a besoin de son armée
00:18:54 pour tenir sa promesse de reconquête du pays.
00:18:56 La guerre est son seul programme.
00:18:58 Avec l'arrivée des riches,
00:19:10 on a eu beaucoup d'armements,
00:19:12 les avions, les chars,
00:19:14 le peuple est content
00:19:16 et le peuple est fier de l'armée.
00:19:18 C'est un grand moment pour nous.
00:19:20 Le peuple est fier de l'armée.
00:19:22 J'espère que si l'armée continue,
00:19:24 ils vont gagner le combat.
00:19:26 Ça vaut mieux que l'hérosie du passé.
00:19:28 C'est l'armée qui va nous aider
00:19:30 à avoir notre indépendance.
00:19:32 Nous avons déjà notre indépendance,
00:19:34 mais ce n'est pas tout avancé.
00:19:36 Comme on dit,
00:19:38 on ne libère pas un peuple,
00:19:40 un peuple se libère.
00:19:42 Nous voulons la dictature.
00:19:44 Vous voulez la dictature ?
00:19:46 Oui, nous ne voulons pas la démocratie.
00:19:48 La démocratie,
00:19:50 c'est pour gaspiller le pays.
00:19:52 À l'inverse de ces jeunes,
00:19:58 les plus âgés se méfient du régime militaire.
00:20:00 Ils se souviennent de la main de fer
00:20:02 qui a dirigé le pays jusqu'en 1990.
00:20:04 Nous, notre génération,
00:20:10 nous avons une sainte horreur
00:20:12 des coups d'État.
00:20:14 Horreur des coups d'État.
00:20:16 Et nous savons toujours
00:20:18 qu'on ne fait pas un coup d'État
00:20:20 pour s'en aller.
00:20:22 Ça, c'est évident.
00:20:24 Aujourd'hui, c'est certain
00:20:26 que ceux qui sont là
00:20:28 ne partiront que
00:20:30 contraints et forcés.
00:20:32 On assiste aujourd'hui
00:20:34 à un coup d'État
00:20:36 qui va nous faire
00:20:38 un pays qui va nous aider
00:20:40 à vivre en paix.
00:20:42 C'est ça, c'est ça.
00:20:44 On assiste aujourd'hui
00:20:46 à un nationalisme chauvin
00:20:50 qui frise parfois une hystérie collective,
00:20:52 voire même une sorte
00:20:54 de national-socialisme
00:20:56 qu'il faut craindre.
00:21:00 Nous avons connu
00:21:02 quatre régimes militaires
00:21:04 sur toutes les facettes.
00:21:06 Il y en a un qui a fait 23 ans.
00:21:08 Moi, en tant que démocrate,
00:21:10 en tant que...
00:21:12 ayant vécu,
00:21:14 j'allais dire,
00:21:16 dans ma chaire,
00:21:18 les régimes militaires,
00:21:20 j'ai toujours dit aux uns et aux autres
00:21:22 "Attention, ne nous aventurons pas
00:21:24 dans les sceaux de l'inconnu."
00:21:26 Parce que les ruptures
00:21:28 sont des sceaux dans l'inconnu.
00:21:30 Ce n'est pas bien pour un pays.
00:21:32 Le premier objectif de la reconquête du pays
00:21:36 est ici, à 600 kilomètres
00:21:38 au nord de la capitale,
00:21:40 dans la région de Mopti.
00:21:42 Accompagné des russes de Wagner,
00:21:44 l'armée malienne y affronte
00:21:46 les djihadistes, loin des caméras.
00:21:48 Nous sommes dans le delta central
00:21:56 du fleuve Niger,
00:21:58 la plus grande zone humide d'Afrique de l'Ouest.
00:22:00 Depuis des siècles,
00:22:04 éleveurs, pêcheurs et agriculteurs
00:22:06 s'y partagent l'eau et les terres
00:22:08 en correspondance au rythme des crues
00:22:10 et des décrus du fleuve.
00:22:12 Mais depuis 10 ans,
00:22:16 la cohabitation entre les communautés
00:22:18 est devenue conflictuelle.
00:22:20 La rive d'en face
00:22:26 est contrôlée par Al Qaïda
00:22:28 à travers sa puissante filiale locale,
00:22:30 la Katiba Massina.
00:22:32 La ville de Mopti vit encore à peu près en sécurité.
00:22:34 Avant la crise,
00:22:54 le grand marché de poissons approvisionné
00:22:56 bamako et les pays voisins.
00:22:58 Bien que moins florissant,
00:23:00 le marché est resté le poumon de la région.
00:23:02 Mais pour y faire du commerce,
00:23:04 il faut braver les groupes armés.
00:23:06 L'insécurité nous a causé
00:23:12 beaucoup de problèmes.
00:23:14 On a les fruits tranquilles nulle part.
00:23:16 On a peur de se déplacer avec de l'argent
00:23:20 pour les transactions.
00:23:22 Hier sur la route,
00:23:24 on m'a arrêté et posé beaucoup de questions.
00:23:26 Heureusement, ils ne m'ont rien pris.
00:23:28 On a vécu tant de galères,
00:23:30 on ne peut pas toutes les raconter.
00:23:32 On nous a coupé les pantalons
00:23:34 à la mode djihadiste
00:23:36 et retenu dans des lieux inconnus.
00:23:38 Les djihadistes interceptent les pirogues,
00:23:44 les fouillent et prennent
00:23:46 ceux qui les intéressent.
00:23:48 On a été touché par des groupes armés
00:23:50 qui nous ont fait des batailles.
00:23:52 On a été touché par des groupes armés
00:23:54 qui nous ont fait des batailles.
00:23:56 On a été touché par des groupes armés
00:23:58 qui nous ont fait des batailles.
00:24:00 On a été touché par des groupes armés
00:24:02 qui nous ont fait des batailles.
00:24:04 On a été touché par des groupes armés
00:24:06 qui nous ont fait des batailles.
00:24:08 On a été touché par des groupes armés
00:24:10 qui nous ont fait des batailles.
00:24:12 On a été touché par des groupes armés
00:24:14 qui nous ont fait des batailles.
00:24:16 On a été touché par des groupes armés
00:24:18 qui nous ont fait des batailles.
00:24:20 On a été touché par des groupes armés
00:24:22 qui nous ont fait des batailles.
00:24:24 On a été touché par des groupes armés
00:24:26 qui nous ont fait des batailles.
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00:24:30 qui nous ont fait des batailles.
00:24:32 On a été touché par des groupes armés
00:24:34 qui nous ont fait des batailles.
00:24:36 On a été touché par des groupes armés
00:24:38 qui nous ont fait des batailles.
00:24:40 On a été touché par des groupes armés
00:24:42 qui nous ont fait des batailles.
00:24:44 On a été touché par des groupes armés
00:24:46 qui nous ont fait des batailles.
00:24:48 On a été touché par des groupes armés
00:24:50 qui nous ont fait des batailles.
00:24:52 On a été touché par des groupes armés
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00:24:56 On a été touché par des groupes armés
00:24:58 qui nous ont fait des batailles.
00:25:00 On a été touché par des groupes armés
00:25:02 qui nous ont fait des batailles.
00:25:04 On a été touché par des groupes armés
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00:25:40 On a été touché par des groupes armés
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00:25:46 qui nous ont fait des batailles.
00:25:48 On a été touché par des groupes armés
00:25:50 qui nous ont fait des batailles.
00:25:52 On a été touché par des groupes armés
00:25:54 qui nous ont fait des batailles.
00:25:56 On a été touché par des groupes armés
00:25:58 qui nous ont fait des batailles.
00:26:00 On a été touché par des groupes armés
00:26:02 qui nous ont fait des batailles.
00:26:04 On a été touché par des groupes armés
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00:26:36 On a été touché par des groupes armés
00:26:38 qui nous ont fait des batailles.
00:26:40 On a été touché par des groupes armés
00:26:42 qui nous ont fait des batailles.
00:26:44 On a été touché par des groupes armés
00:26:46 qui nous ont fait des batailles.
00:26:48 On a été touché par des groupes armés
00:26:50 qui nous ont fait des batailles.
00:26:52 On a été touché par des groupes armés
00:26:54 qui nous ont fait des batailles.
00:26:56 On a été touché par des groupes armés
00:26:58 qui nous ont fait des batailles.
00:27:00 On a été touché par des groupes armés
00:27:02 qui nous ont fait des batailles.
00:27:04 On a été touché par des groupes armés
00:27:06 qui nous ont fait des batailles.
00:27:08 On a été touché par des groupes armés
00:27:10 qui nous ont fait des batailles.
00:27:12 - Pour les djihadistes, ce n'est pas vraiment pour la religion.
00:27:15 - Pour les djihadistes, ce n'est pas vraiment pour la religion.
00:27:18 - Aussi loin que je me rappelle,
00:27:20 les bergers peules fuyaient à la vue des gendarmes.
00:27:23 Il y avait trop de manques de considération dans le pays
00:27:26 et rien n'était fait pour le développement en milieu peule.
00:27:29 Les représentants de l'Etat venaient,
00:27:31 abusaient de leur pouvoir,
00:27:33 se remplissaient les poches et repartaient.
00:27:36 Quand les djihadistes sont arrivés,
00:27:38 ils ont dit aux peules,
00:27:40 "Au moins, défendez-vous."
00:27:42 - Les djihadistes sont partout,
00:27:52 y compris au marché de bétail.
00:27:54 On renonce à entrer.
00:27:58 Trop de risques.
00:28:00 Sur nos images de drones,
00:28:04 on voit des motos chinoises,
00:28:06 la monture préférée des combattants.
00:28:08 Le moyen de transport le plus pratique dans le désert
00:28:11 est aussi un argument de recrutement.
00:28:14 - Je me souviens très bien quand ils sont venus pour la première fois.
00:28:21 C'étaient mes cousins germains.
00:28:23 Ils sont arrivés sur des motos,
00:28:25 bien sapés, en tenue militaire.
00:28:27 Quand je les ai vus, ça m'a plu.
00:28:29 Ils m'ont donné une arme que j'ai mise à l'épaule.
00:28:32 Ils venaient souvent et je les ai suivis en brousse.
00:28:36 Au début, on était naïfs et on était séduits,
00:28:39 surtout qu'ils étaient venus au nom de la religion.
00:28:42 - A partir de 2015,
00:28:49 les jeunes peules sont de plus en plus nombreux dans la Katiba Masina.
00:28:53 Ils menacent leurs voisins Dogons,
00:28:55 un peuple d'agriculteurs et de chasseurs.
00:28:58 A leur tour, les Dogons s'arment pour se protéger.
00:29:04 Avec la bénédiction de Bamako,
00:29:06 qui soutient leur milice d'autodéfense.
00:29:09 Les falaises du pays Dogon, qu'aimaient visiter les touristes,
00:29:18 sont le théâtre de batailles invisibles et sanglantes.
00:29:21 Marcelin Nguengere est le petit-fils d'un leader religieux Dogon.
00:29:27 - On ne peut pas comprendre que nos peules s'attaquent à nous.
00:29:33 Donc on était obligés, nous aussi, de nous défendre.
00:29:36 Nous avons demandé aux chasseurs de s'organiser
00:29:40 comme cela est de notre culture.
00:29:44 Le chasseur est le gardien de la communauté.
00:29:48 Il est le gardien du village,
00:29:51 il est le gardien de la faune et de la forêt.
00:29:54 S'il y a une menace
00:29:58 qui est dirigée vers ces entités,
00:30:02 ce sont les chasseurs qui s'organisent
00:30:06 pour repousser la menace.
00:30:09 Donc nous les avons appelés à la mobilisation.
00:30:14 Mais malheureusement,
00:30:16 on est tombés dans l'amalgame.
00:30:20 Et il y a eu beaucoup de dégâts,
00:30:23 beaucoup de morts d'hommes,
00:30:25 beaucoup de bétails enlevés,
00:30:28 beaucoup de villages déplacés,
00:30:31 et beaucoup de malheurs.
00:30:33 Dans la région de Mopti,
00:30:37 ils sont plus de 200 000 déplacés,
00:30:39 le plus souvent livrés à eux-mêmes.
00:30:42 Des massacres intercommunautaires
00:30:52 ont jeté sur les routes les survivants,
00:30:54 peuls comme dougons.
00:30:56 Tout a été détruit.
00:31:05 Il ne reste que les arbres.
00:31:08 J'ai vraiment la nostalgie du village.
00:31:15 J'ai envie d'y retourner,
00:31:17 car je n'ai plus de chez moi.
00:31:19 Je ne fais qu'errer.
00:31:22 Depuis quatre ans qu'on a quitté le village.
00:31:24 En matière de guerre, personne ne gagne.
00:31:29 Plus on veut se venger,
00:31:32 plus on va exposer nos populations.
00:31:34 Et nous, on n'a pas les moyens de cette guerre.
00:31:37 Il n'y a pas de guerre sans fin.
00:31:40 Quels que soient les drames, les événements,
00:31:44 un jour, c'est autour de la table que ça finit.
00:31:50 Mais pour la jeune, l'heure n'est pas à la négociation.
00:31:53 La reconquête est en marche,
00:31:55 avec ses supplétifs de Wagner,
00:31:57 et ses brutales.
00:31:59 Les Russes ne se rendent pas.
00:32:17 Nous ne nous défendons pas.
00:32:20 Wagner fait pire que dans ses vidéos de propagande.
00:32:23 Ces images sont celles du village fantôme de Moura,
00:32:31 après une opération antiterroriste.
00:32:33 L'armée malienne et ses alliés russes
00:32:35 y ont massacré des centaines de civils peuls,
00:32:38 en mars 2022.
00:32:40 Ces exactions poussent les jeunes dans les bras des djihadistes.
00:32:44 Cela ne fait qu'enflammer la guerre.
00:32:47 C'est comme si tu allumes du feu,
00:32:49 que tu jettes de l'essence, ça brûle ou pas.
00:32:51 Même celui qui ne le voulait pas va se rallier par esprit de vengeance.
00:32:54 Et si tu veux défendre l'armée,
00:32:56 tu ne peux pas tant qu'elle tue tes proches, tes parents.
00:32:59 Porté par le ressentiment et la misère des populations,
00:33:06 Al-Qaïda s'étend désormais sur un espace plus grand que la France.
00:33:15 Son chef s'appelle Yad Akrali.
00:33:18 Ce n'est pas un étranger, mais un Malien du Nord.
00:33:21 C'est lui qui détient et négocie les otages.
00:33:24 Yad Akrali a des réseaux partout.
00:33:28 Il faut dire qu'il a eu plusieurs vies.
00:33:31 Il est politique, il est combattant
00:33:34 et c'est le meilleur des officiers tuarèques
00:33:37 depuis la création des armées tuarèques.
00:33:40 C'est un stratège,
00:33:42 et c'est quelqu'un aussi de très responsable.
00:33:45 Chef de rébellion en 1990,
00:33:49 il s'est ensuite rangé aux côtés du pouvoir
00:33:52 avant d'embrasser le djihad en 2012.
00:33:55 Ses vieux camarades ne sont plus dans le même pays.
00:33:58 Mais ils lui conservent leur estime.
00:34:01 Yad est l'un des nôtres, nous ne le rejetons pas.
00:34:04 Il a lutté avec nous pour l'indépendance du Nord.
00:34:07 Aujourd'hui, c'est un soldat du djihad.
00:34:10 Les djihadistes nous aident à obtenir l'indépendance,
00:34:13 comme l'ont fait les talibans.
00:34:15 Yad recrute dans toutes les communautés sédentaires et nomades.
00:34:20 Ses hommes croient dans les promesses d'un islam radical
00:34:23 qui apportera le droit à tous les musulmans.
00:34:26 Un islam radical qui apportera le droit,
00:34:29 la justice et la vengeance,
00:34:31 comme ce combattant de la première heure.
00:34:34 On ne peut pas pardonner les atrocités
00:34:37 que l'armée malienne fait subir à nos parents.
00:34:40 J'ai rejoint le djihad pour venger ma famille.
00:34:45 Nous voulons un Mali à l'image de l'Afghanistan
00:34:55 et de l'Arabie saoudite.
00:34:57 Notre justice sera la justice islamique.
00:35:01 Et dans nos écoles, il sera enseigné essentiellement le Coran.
00:35:06 En 2012, Yad Akrali et ses combattants
00:35:12 avaient imposé leur loi sur le nord du pays
00:35:15 et élu Tombouctou pour capitale.
00:35:23 Dix ans plus tard, nous y retournons,
00:35:26 escortés par les forces de sécurité malienne.
00:35:29 A l'entrée de la ville,
00:35:34 les checkpoints rappellent qu'Al Qaïda reste une menace
00:35:37 et contrôlent toujours le désert alentour.
00:35:41 Le désert est un endroit de la guerre.
00:35:44 Il est un endroit de la guerre.
00:35:47 Il est un endroit de la guerre.
00:35:50 Il est un endroit de la guerre.
00:35:53 Il est un endroit de la guerre.
00:35:56 Il est un endroit de la guerre.
00:35:59 Il est un endroit de la guerre.
00:36:02 Il est un endroit de la guerre.
00:36:05 Il est un endroit de la guerre.
00:36:08 Il est un endroit de la guerre.
00:36:11 Il est un endroit de la guerre.
00:36:14 Il est un endroit de la guerre.
00:36:17 Il est un endroit de la guerre.
00:36:20 Il est un endroit de la guerre.
00:36:23 Il est un endroit de la guerre.
00:36:26 Il est un endroit de la guerre.
00:36:29 Il est un endroit de la guerre.
00:36:32 Il est un endroit de la guerre.
00:36:35 Il est un endroit de la guerre.
00:36:38 Il est un endroit de la guerre.
00:36:41 Il est un endroit de la guerre.
00:36:44 Il est un endroit de la guerre.
00:36:47 Il est un endroit de la guerre.
00:36:50 Il est un endroit de la guerre.
00:36:53 Il est un endroit de la guerre.
00:36:56 Il est un endroit de la guerre.
00:36:59 Il est un endroit de la guerre.
00:37:02 - La grande mosquée appartient depuis des siècles
00:37:05 à la famille Ben Essaouiti, une lignée d'érudits musulmans.
00:37:08 - Tomboktu, c'est une ville où il n'y a pas de ressources,
00:37:11 pratiquement même pas d'eau.
00:37:14 C'est une zone aride,
00:37:17 mais c'est une zone qui a prospéré.
00:37:20 Le négoce le plus lucratif, on l'a dit dans le temps,
00:37:23 c'était le négoce des manuscrits.
00:37:26 Il n'y avait pas d'imprimerie,
00:37:29 mais les manuscrits de l'islam étaient copiés à la main.
00:37:32 Les gens l'exportaient vers le Maghreb,
00:37:35 vers l'Afrique au sud du Sahara.
00:37:38 Il y avait des ateliers de copistes ici.
00:37:41 C'était une ville universitaire.
00:37:44 La principale ressource de la ville,
00:37:47 c'était donc les choses de l'esprit.
00:37:58 - Globalement, à Tomboktu,
00:38:01 l'islam qu'on y pratique, c'est un islam tolérant,
00:38:04 qui tolère même ceux qui ne sont pas musulmans.
00:38:07 L'islam, c'est la valeur la mieux partagée.
00:38:10 - Nous sommes venus pour la fête du Mouloud,
00:38:17 l'anniversaire de la naissance du prophète.
00:38:20 C'est une semaine de communion intense
00:38:27 de la société tomboucsienne, à la fois mystique et sociale.
00:38:31 La nuit est consacrée à écouter des chants
00:38:36 et des poèmes à la gloire de Mahomet.
00:38:39 Cette nuit de célébration sera la seule sortie nocturne
00:38:53 autorisée par notre escorte.
00:38:57 - L'occupation djihadiste a laissé de vifs souvenirs.
00:39:00 Tombouctou a été la dernière ville du nord à tomber,
00:39:03 le 1er avril 2012.
00:39:06 La population s'y attendait.
00:39:09 La veille, militaires et fonctionnaires
00:39:12 avaient évacué à la hâte avec leur famille.
00:39:15 - Je me rappelle comme si c'était hier.
00:39:18 Beaucoup de gens étaient tirés chez eux.
00:39:21 Très rapidement, les destructions ont suivi.
00:39:24 Très rapidement, quand on a pu se rendre dans les rues,
00:39:27 on a vu l'ampleur des destructions.
00:39:30 C'était effroyable parce que tous les documents
00:39:33 de l'administration, les archives, se sont retrouvés
00:39:36 dans la rue, dans les mains des badauds.
00:39:39 J'ai fait un tour dans le bureau du gouverneur
00:39:42 et dans le bureau du gouverneur, je trouvais des enfants
00:39:45 en train de jouer au ballon et il y avait le drapeau islamique
00:39:48 qui flottait là.
00:39:51 ...
00:39:56 - Le gothaïslamiste s'installe au camp militaire.
00:39:59 La plupart des chefs sont des étrangers,
00:40:02 surtout algériens.
00:40:05 - Ils ont fait appel aux imams et aux leaders religieux
00:40:08 de la ville. Ils sont des gens vraiment,
00:40:11 ils sont pas venus pour du mal, ils sont des musulmans,
00:40:14 ils sont venus uniquement pour faire pratiquer
00:40:17 l'islam et la charia. Parce qu'ils croient
00:40:20 que tout le monde doit être content avec la charia islamique.
00:40:23 ...
00:40:26 Ils veulent que tout le monde,
00:40:29 les femmes, les filles, les gothaïs, que tout le monde respecte
00:40:32 strictement les pratiques de l'islam.
00:40:35 Maintenant, c'est eux les maîtres de la ville.
00:40:38 ...
00:40:41 - Allahou Akbar !
00:40:44 - Ces islamistes qui détruisent les mausolées
00:40:47 sacrées de Tombouctou viennent de tout le Mali
00:40:50 et des pays voisins. Un peu plus tard,
00:40:53 ils amputent en public un jeune homme accusé de vol.
00:40:56 - C'était affreux. Donc chacun peut penser
00:40:59 que ça peut lui arriver, chacun peut penser
00:41:02 qu'on peut l'accuser à tort d'avoir volé
00:41:05 ou d'avoir fait de l'adultère.
00:41:08 - Ces événements choquent les habitants.
00:41:11 Ils le font savoir à travers le comité de crise
00:41:14 et se réunit dans le salon d'un ancien directeur d'école.
00:41:17 Le Malien Iyad Akhali est leur interlocuteur.
00:41:20 - On avait peur au départ,
00:41:23 mais la peur a fini par se dissiper.
00:41:26 Quand il y a eu un certain nombre de problèmes d'incompréhension
00:41:29 entre nous et la police ou entre nous et la brigade des meufs,
00:41:32 nous sommes allés le voir.
00:41:35 Iyad a servi d'intermédiaire entre nous pour nous réunir,
00:41:38 pour nous mettre en confiance et demander à ce que l'on change
00:41:41 de manière de traiter les gens.
00:41:44 Ici, il y a eu des cas de coupure de main de gens.
00:41:47 Là aussi, nous avons été nous plaindre pour dire
00:41:50 que des choses comme ça ne doivent pas se faire,
00:41:53 surtout sur la place publique ou sur la place en Corée.
00:41:56 Ce n'est pas admissible. Nous nous sommes fait comprendre
00:41:59 et il y a eu des apaisements qui ont fini par mettre
00:42:02 une certaine confiance en nous et les gens ont fini
00:42:05 même par dire que nous sommes alliés aux islamistes.
00:42:08 L'occupation a duré neuf mois jusqu'à l'intervention française.
00:42:12 Dix ans plus tard, le dépit de l'imam Mouangara est intact.
00:42:19 On était très en colère contre l'État.
00:42:23 L'État ne peut pas laisser ces populations comme ça sans rien.
00:42:26 Neuf mois, on dit que c'est des jihadistes,
00:42:29 on dit que c'est des bandits, on dit que c'est des rebelles.
00:42:32 Comment vous laissez des civils aux mains des mouvements armés ?
00:42:35 On a de mauvais dirigeants.
00:42:38 Sinon, un dirigeant ne peut pas agir de cette manière.
00:43:03 Aujourd'hui, les Tomboucsiens ont retrouvé leur tradition.
00:43:06 Les femmes, leurs bijoux et leurs robes brodées.
00:43:09 Cette année encore, la prière collective se rabelle.
00:43:23 Au marché de Bétail, à la sortie de la ville,
00:43:26 deux petits éleveurs viennent écouler quelques têtes.
00:43:29 Ça fait longtemps qu'ils ne comptent que sur eux-mêmes.
00:43:34 Ils n'attendent rien de l'État,
00:43:39 ils ne veulent pas qu'il les détruise.
00:43:42 Ils ne veulent pas qu'ils soient détruits.
00:43:46 Ils veulent juste qu'ils soient libérés.
00:43:49 Ils n'attendent rien de l'État,
00:43:52 qui ne s'est jamais soucié d'eux.
00:43:55 Au bord du canal, des amis de la bonne société se retrouvent.
00:44:13 La plupart vivent à Bamako,
00:44:16 ils sont revenus pour la fête.
00:44:19 Ils ont tenu à faire comme si de rien n'était,
00:44:25 comme si le cri du jeune homme amputé ici même ne les hantait pas,
00:44:29 comme si la vie était toujours légère.
00:44:32 Notre escorte à proximité les rassure.
00:44:37 C'est pas comme avant,
00:44:39 avant les Tomboucs ne pouvaient pas passer la nuit ici jusqu'au matin.
00:44:43 Et maintenant, au crepuscule, tout le monde rentre,
00:44:46 tout le monde a peur.
00:44:48 C'est ça le problème à Tomboucs, l'insécurité.
00:44:51 Quand les Tomboucsiens parlent d'insécurité,
00:44:56 ils ne pensent pas qu'aux djihadistes,
00:44:59 mais aussi aux bandits, souvent confondus dans leur esprit aux nomades.
00:45:03 Il y a des bandits qui sont installés,
00:45:06 il y en a qui ont profité pour s'installer le long des routes et des pistes.
00:45:10 Ils s'en prennent aux civils qui y voyagent,
00:45:13 donc ils sont raquettés.
00:45:15 Il y a beaucoup d'enlèvements, et pas que d'occidentaux.
00:45:18 Il y a des assassinats ciblés,
00:45:21 donc c'est ce qui fait que la peur s'est installée.
00:45:24 Les services de l'État ne sont pas là, jusqu'à aujourd'hui.
00:45:27 L'État ne contrôle rien, on ne contrôle personne.
00:45:30 Les policiers, l'armée ne contrôlent rien.
00:45:33 Ils sont là seulement pour la vie de la personne.
00:45:36 Pour venir à Tomboucs, c'est un problème.
00:45:39 Si il y avait une route, tu ne peux rien faire.
00:45:42 Maintenant, pendant l'hivernage,
00:45:45 il y a un bateau qui fait la liaison entre Tomboucs et Moktou.
00:45:56 Le bateau est le moyen le plus sûr pour se déplacer,
00:45:59 mais le voyage coûte cher.
00:46:02 Comment expliquer ça ?
00:46:04 Je suis venu sucer le sang des gens ?
00:46:07 Mais de grâce. Je suis malé ou pas ?
00:46:21 Le bateau ne peut naviguer que lorsque le fleuve est gonflé par les pluies.
00:46:26 Aujourd'hui, se déplacer au centre et au nord du Mali est devenu très difficile,
00:46:32 sauf pour les plus aisés.
00:46:35 Nous les laissons rentrer à Bamako.
00:46:42 Nous, on continue plein nord.
00:46:50 Cette immense région est revendiquée par les Touareg
00:46:53 depuis la création des frontières du Mali moderne, en 1960.
00:46:57 Les Touareg appellent Hazawad l'espace
00:47:06 qui s'étend du fleuve Niger jusqu'à la frontière algérienne.
00:47:10 En 2012, ils en ont proclamé l'indépendance.
00:47:14 Ce fut longtemps le royaume des caravaniers,
00:47:17 seuls à monter les dromadaires permettant de traverser le Sahara.
00:47:22 Kidal fut le lieu de la première édition du journal
00:47:25 de la sélection des plus élevés des Mali.
00:47:28 Il a été écrit en 1936,
00:47:31 et a été écrit en 1937.
00:47:34 Il a été écrit en 1937,
00:47:37 et a été écrit en 1937.
00:47:40 Il a été écrit en 1937,
00:47:43 et a été écrit en 1937.
00:47:46 Il a été écrit en 1937,
00:47:49 et a été écrit en 1937.
00:47:52 Kidal fut d'abord une colonie militaire.
00:47:55 Dans son bagne imprenable,
00:47:58 pourrissaient les ennemis du régime.
00:48:01 Les Touareg vivaient d'élevage et de commerce.
00:48:16 Le pays est en grande sécheresse des années 1970 et 1980.
00:48:19 Beaucoup ont émigré dans les pays voisins.
00:48:22 Ceux qui sont restés survivent par la débrouille,
00:48:28 tournés vers l'Algérie, dont ils consomment les produits arrivés en fraude.
00:48:44 La ville est le symbole et le berceau des rébellions touareg,
00:48:47 qui ont toujours contesté l'autorité du gouvernement central.
00:48:50 La répression exercée par l'armée malienne
00:48:53 a laissé des souvenirs cuisants dans presque toutes les familles.
00:48:57 Nous, les femmes de la Zoate,
00:49:00 nous avons souffert et vécu tout.
00:49:03 Le Mali a brûlé nos hommes,
00:49:06 il a brûlé nos marabouts,
00:49:09 il a brûlé nos animaux,
00:49:12 il a cassé nos maisons.
00:49:15 Depuis le jour que la France a mis notre terre dans les mains du Mali,
00:49:18 le Mali n'a jamais fait quelque chose dans la Zoate,
00:49:21 c'est pas l'exception.
00:49:24 T'y es, y'a pas de développement, y'a que du militaire.
00:49:27 Tant qu'un de nous vit,
00:49:30 un, tu vas contenir la ligne,
00:49:33 jusqu'à la fin, incha'Allah.
00:49:36 En tout cas, on va pas dire aux enfants de cesser.
00:49:39 Même nos petits-enfants.
00:49:42 Parce que, entre nous et le Mali,
00:49:45 c'est tellement long.
00:49:48 C'est pas le même monde, c'est pas la même culture,
00:49:51 même la terre, c'est pas la même terre.
00:49:54 Bilal Agha Sherif est l'un des chefs de la coalition
00:50:03 des mouvements Touareg qui contrôle Kidal.
00:50:06 Pour lui, les gouvernements de Bamako
00:50:11 ont toujours méprisé les habitants du Nord.
00:50:14 Est-ce qu'il y a une université dans le Nord ?
00:50:17 Est-ce qu'il y a un seul vrai aéroport dans le Nord ?
00:50:20 Un hôpital ? Un kilomètre de route dans le Nord ?
00:50:23 Où est le développement ?
00:50:26 On parle toujours de services de base,
00:50:29 mais on n'en est pas encore au développement.
00:50:32 La région de l'Azawad est très riche,
00:50:35 il y a de l'or, que les gens exploitent de manière artisanale,
00:50:38 de l'uranium, du pétrole,
00:50:41 il y a tout, il y a de l'eau.
00:50:44 Mais malheureusement, toujours rien en termes de développement.
00:50:47 Après 60 ans d'indépendance du Mali.
00:50:50 Les mouvements indépendantistes ont paré au besoin le plus pressé,
00:50:57 la sécurité.
00:51:00 Avec leurs moyens, ils ont créé un embryon de police et de justice.
00:51:03 Aujourd'hui, nous vivons des temps très difficiles.
00:51:06 Il faut donner aux forces de l'Azawad
00:51:09 leur rôle dans la sécurité, avec leur population.
00:51:12 Elles ne sont pas soutenues par l'état du Mali.
00:51:15 Ni par les Nations Unies,
00:51:18 ni par la communauté internationale.
00:51:21 Personne parmi eux ne soutient nos actions dans la région.
00:51:24 Nous devons les convaincre, leur faire comprendre
00:51:27 que notre stabilité, c'est leur stabilité.
00:51:30 Cette force armée tuareg a un ennemi pressant,
00:51:33 l'état islamique, qui bâtit son califat
00:51:36 en massacrant les populations tuareg locales.
00:51:39 Née d'une scission d'al-Qaïda,
00:51:42 elle a aussi fait prospérer les conflits locaux.
00:51:45 Nous retournons dans la région des 3 frontières
00:51:48 aux confins du Niger et du Burkina Faso,
00:51:51 là même où les forces françaises faisaient la guerre.
00:51:54 Nous accompagnons des combattants
00:51:57 de la coalition des mouvements de l'Azawad.
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00:52:34 Cette étape de notre voyage est la plus dangereuse.
00:52:37 ...
00:52:40 Sur ce front, il n'est pas question
00:52:43 de la reconquête promise par Bamako.
00:52:46 Depuis le départ de Barkhane,
00:52:49 l'armée malienne ne sort presque jamais des casernes.
00:52:52 Nous sommes venus assister
00:52:55 à une rencontre historique.
00:52:58 Jusqu'en 2017, ces chefs tuaregs et arabes
00:53:01 se sont combattus à mort dans des camps opposés,
00:53:04 les partisans de l'indépendance
00:53:07 contre ceux du pouvoir central.
00:53:10 Sur fond de vieilles rivalités d'égo, de caste et de tribu.
00:53:13 Aujourd'hui, ils sont tous ici
00:53:16 pour affronter l'ennemi djihadiste commun.
00:53:19 Bilal Agha Sherif préside la réunion.
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00:53:37 Pour imposer la dynamique d'union,
00:53:40 il faut convaincre les combattants que les temps ont changé.
00:53:43 ...
00:53:46 Nous sommes dans l'obligation de travailler ensemble
00:53:49 pour protéger nos populations
00:53:52 et trouver des solutions aux problèmes qu'elles rencontrent.
00:53:55 Tous les mouvements doivent fournir des efforts
00:53:58 pour protéger les populations, où qu'elles se trouvent.
00:54:01 Il faut convaincre les indécis de nous rejoindre.
00:54:04 ...
00:54:07 ...
00:54:10 Les hommes ont envie d'y croire.
00:54:13 Ils ont encore en mémoire les luttes fratricides
00:54:16 qui ont été menées parmi eux.
00:54:19 ...
00:54:22 Nous sommes à Talataye.
00:54:25 La commune est coupée en deux.
00:54:28 Le sud est contrôlé par l'Etat islamique.
00:54:31 - La commune de Talataye a une population d'environ 30 000 habitants
00:54:34 et essentiellement des éleveurs.
00:54:37 Plusieurs milliers de têtes de bétail sont enlevées.
00:54:40 Plus d'une dizaine de villages sont abandonnés.
00:54:43 Plus de dizaines de personnes sont enlevées.
00:54:46 La population a vraiment souffert de la présence
00:54:49 de ces mouvements terroristes.
00:54:52 Les autorités maliennes n'ont rien fait.
00:54:55 C'est à l'origine même de ces réunions
00:54:58 que nous sommes en train de faire aujourd'hui.
00:55:01 - Avant la nuit, on installe le bivouac
00:55:04 sur une dune choisie pour éviter les incursions.
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00:55:40 - Comme depuis toujours chez les nomades,
00:55:43 on se rassemble autour du feu et d'un thé amer.
00:55:46 ...
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00:55:52 ...
00:55:55 L'armée Touareg est régie par le volontariat.
00:55:58 La majorité des jeunes recrues sont des fils d'éleveurs
00:56:01 qui n'ont pas fréquenté l'école.
00:56:04 Ils s'enrôlent souvent à peine sortis de l'adolescence.
00:56:07 ...
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00:56:16 Beaucoup de leurs aînés se sont formés en Libye,
00:56:19 poussés à l'exil au même âge par les sécheresses.
00:56:22 En 2011, avec la chute du colonel Kadhafi
00:56:25 sous les bombes de la France et de l'OTAN,
00:56:28 ils rentrent par centaines au Mali.
00:56:31 ...
00:56:34 ...
00:56:37 ...
00:56:40 Parmi eux, Mohamed Rissa.
00:56:43 Il a servi 30 ans dans l'armée libyenne.
00:56:46 - On a profité d'une opportunité.
00:56:49 On était des officiers,
00:56:52 on commandait des compagnies entières.
00:56:55 Moi, je commandais une compagnie
00:56:58 qui contrôlait la frontière au sud-ouest.
00:57:01 Pas un seul jour, je n'ai pensé à devenir Libyen.
00:57:04 Toutes mes pensées, tout mon travail,
00:57:07 toutes mes activités, tout ce que je gagnais,
00:57:10 c'est à cette terre que je le destinais.
00:57:13 ...
00:57:16 ...
00:57:19 - L'indépendance tant espérée
00:57:22 semble enfin à leur portée.
00:57:25 Mohamed Rissa et ses camarades déclenchent la rébellion
00:57:28 qui conduira en 2012 à l'effondrement du Mali.
00:57:31 Bamako ne leur a jamais pardonné.
00:57:34 ...
00:57:37 ...
00:57:40 ...
00:57:43 - C'est un cercle infernal
00:57:46 qui revient chaque 10 ans.
00:57:49 Soit c'est la rébellion, soit c'est le chéceresse.
00:57:52 Mais en tout cas, nous sommes plongés
00:57:55 dans une crise infinie qui fait qu'on n'arrive pas
00:57:58 à trouver l'équilibre qui nous permet de nous sentir
00:58:01 comme des citoyens à part entière dans ce pays-là
00:58:04 et qu'on puisse cohabiter tous ensemble,
00:58:07 c'est du nord, c'est du sud, c'est du centre.
00:58:10 ...
00:58:13 ...
00:58:16 - Malgré sa guerre contre l'Etat islamique,
00:58:19 l'armée touareg unie n'est pas une bonne nouvelle pour Bamako.
00:58:22 Pour les colonels, elle représente avant tout
00:58:25 une force sécessionniste et une menace
00:58:28 pour l'intégrité du pays.
00:58:31 ...
00:58:34 ...
00:58:37 Nous sommes de retour à Bamako
00:58:40 au terme de notre voyage.
00:58:43 Dans la capitale, rien n'évoque la guerre.
00:58:46 Mais les citadins se débattent
00:58:49 avec les mêmes problèmes que leurs compatriotes
00:58:52 des autres régions, les routes, la pauvreté, l'injustice.
00:58:55 ...
00:58:58 ...
00:59:01 La ville suffoque.
00:59:04 Comme tout le pays, elle agrandit très vite,
00:59:07 trop vite pour les infrastructures.
00:59:10 ...
00:59:13 ...
00:59:16 3 millions de personnes vivent dans la capitale,
00:59:19 30 fois plus qu'à l'indépendance.
00:59:22 ...
00:59:25 Quant à l'administration,
00:59:28 elle n'a guère évolué depuis la colonisation.
00:59:31 - A l'indépendance de notre pays,
00:59:34 nous avons remplacé le colon,
00:59:37 mais nous n'avons pas changé l'esprit du colon.
00:59:40 Nous avons remplacé le colon blanc par le colon noir,
00:59:43 mais les rapports avec la population sont restés les mêmes.
00:59:46 C'est la chicotte, c'est la violence.
00:59:49 Si on ne change pas ça, nous n'allons jamais connaître la stabilité.
00:59:52 ...
00:59:55 ...
00:59:58 ...
01:00:01 ...
01:00:04 - Ces 30 dernières années,
01:00:07 les gouvernements démocratiques soutenus par la France
01:00:10 n'ont pas été à la hauteur des défis.
01:00:13 - Maintenant, s'il y avait moins de corruption,
01:00:16 sans aucun doute, il y aurait eu plus de routes,
01:00:19 il y aurait eu plus d'écoles,
01:00:22 il y aurait eu sans aucun doute plus de centres de santé.
01:00:25 Cette gangrène de la corruption a fini par discréditer
01:00:28 aux yeux de certains Maliens le système démocratique.
01:00:31 - Le Mali était parmi les 3, 4 pays
01:00:34 considérés comme les plus démocratiques,
01:00:37 les plus ouverts en Afrique.
01:00:40 Mais à l'intérieur, l'Etat était vidé de son sens,
01:00:43 de sa substance, et les citoyens n'avaient plus confiance.
01:00:46 ...
01:00:49 - Nous avons des hommes en réseau,
01:00:52 dans l'administration, dans la classe politique,
01:00:55 dans la presse, dans le secteur privé, au niveau des hommes d'affaires,
01:00:58 qui n'ont pas intérêt à ce que les choses sont,
01:01:01 qui ont des rentes, des situations,
01:01:04 et qui ne veulent pas que ces rentes soient mises en question.
01:01:07 ...
01:01:10 - Dans les quartiers périphériques s'entassent des Maliens
01:01:13 venus de toutes les régions, naufragés de l'exode rural,
01:01:16 de la guerre et du chômage.
01:01:19 Ce quartier s'appelle Petit Paris.
01:01:22 ...
01:01:25 ...
01:01:28 - Hawa est de Bamako.
01:01:31 Elle a laissé tomber le lycée pour épouser Ibrahim,
01:01:34 qui a grandi à Tombouctou.
01:01:37 Ils se sont rencontrés à la capitale.
01:01:40 A la mairie de quartier, toutes les régions se brassent
01:01:43 au gré des rituels matrimoniaux de la ville, à la mode occidentale.
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01:02:40 - Plusieurs mariages sont célébrés en même temps,
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