Fanny Gérome agit au quotidien dans l’accompagnement des entreprises sociales et solidaires. Historienne de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), elle est aujourd’hui directrice générale adjointe de France Active. Comment investit-on de façon cohérente lorsque l’on a un projet d'entrepreneuriat solidaire ? De quoi ont besoin ces entreprises et ces associations pour se développer et pour mieux répondre aux défis sociaux et écologiques de notre société ? En quoi l’investissement peut-il être une solution pour les acteurs de l’ESS ? Aujourd’hui, l’ESS représente 10 % de l’emploi en France. Elle est présente dans tous les secteurs d’activité. Pour France Active, pionnier de la finance solidaire, le but est de suivre chaque projet dans le temps : de l’émergence de l’entreprise jusqu’à son ascension, en passant par ses difficultés. Pour agir, Fanny Gérome et les équipes de France Active apportent leurs conseils et leur soutien pour l’investissement. Dans cet épisode du podcast “Impacts Solidaires” présenté par la journaliste Elisabeth Assayag, Fanny Gérome présente les moyens donnés par France Active aux entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans l’économie sociale et solidaire. Ce podcast est une production Europe 1 Studio en partenariat avec France Active et avec le soutien de Mirova Foundation.
Retrouvez "Impacts Solidaires, le podcast des entrepreneurs engagés" sur : http://www.europe1.fr/emissions/impacts-solidaires-le-podcast-des-entrepreneurs-engages
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00:00 Bonjour, c'est Elisabeth Assayag. Dans ce podcast, je donne la parole aux acteurs de l'ESS, l'Economie sociale et solidaire.
00:08 Toutes et tous sont des passionnés. Que ce soit pour lutter contre l'obsolescence programmée de vos smartphones, aider les 10 millions d'aidants en France,
00:21 éviter le gaspillage alimentaire ou donner une seconde vie à vos livres, pour tous ces projets, les entrepreneurs ont reçu le soutien de France Active, partenaire de notre podcast Impact Solidaire.
00:35 Et pour en savoir plus sur ce réseau associatif dans la finance solidaire, j'ai fait appel pour ce nouvel épisode à l'expertise de Fanny Jérôme,
00:44 directrice générale adjointe de France Active et historienne de l'Economie sociale et solidaire.
00:51 Ce que je trouve intéressant dans l'Economie sociale et solidaire, c'est l'organisation d'une certaine manière de la société civile pour répondre à des besoins qui ne sont pas ou mal couverts.
01:01 La société civile, c'est vous, c'est moi. On cherche à trouver d'autres réponses.
01:06 Et quand on regarde dans le temps, sur les dernières décennies, les créations de structures, on se rend compte que c'est le reflet des préoccupations des époques.
01:16 Les années 50, c'est le tourisme social. C'est après-guerre, les gens partent en vacances, on a les congés payés.
01:22 Quand on regarde les années 80, on est sur des enjeux d'insertion par l'activité économique, parce qu'il y a la montée du chômage, il y a la question de formation professionnelle.
01:29 Les années 90 marquent toute la partie écologique, il y a la préoccupation environnementale qui est vraiment très émergente dans les années 90.
01:38 Les années 2000, on sera plus sur des enjeux autour du vieillissement de la population.
01:42 Et moi, c'est ce que je trouve vraiment intéressant, c'est... Je ne suis pas sûre que j'ai des projets que je préfère par rapport à d'autres.
01:48 Je pense que c'est intéressant et c'est important que la société civile, elle ait une place en fait dans notre économie.
01:55 Le SS, c'est 10% de l'emploi en France, 22 millions de bénévoles. On est présent dans tous les secteurs d'activité, que ce soit l'enseignement, la culture, le sport.
02:07 6 emplois sur 10 sont associatifs dans le sport. L'agriculture avec toutes les coopératives, l'économie circulaire.
02:16 Voilà, c'est ce que je trouve très fort, c'est dynamique, c'est une vraie particularité française.
02:25 Aujourd'hui, on recense en France 220 000 structures de l'ESS dont 80% sont des associations.
02:39 Toutes cherchent à produire, à consommer et à décider autrement, avec trois exigences au cœur de leur projet.
02:47 La gouvernance démocratique, l'utilité sociale et le partage des richesses avec un encadrement des salaires.
02:55 Mais une fois la stratégie mise en place, il faut se donner les moyens de la mettre en œuvre.
03:01 Et pour franchir un cap, elles ont besoin d'investissements indispensables à leur développement.
03:07 Et c'est là que France Active a un rôle à jouer.
03:10 On les suit dans le temps, on est aussi présents à tous les moments de la vie de leur entreprise,
03:16 au moment de l'émergence de leur projet, quand ils se créent, quand ils se développent, quand ils connaissent des difficultés.
03:22 On est présents, on est capables de passer du temps avec eux dans l'analyse, dans la construction de leur projet.
03:30 C'est ce qui permet de leur donner de la force et du "crédit" à ce projet pour trouver d'autres financeurs.
03:39 On essaye d'être au plus près et de passer le temps qu'il faut pour pouvoir les aider à grandir dans le temps.
03:45 Donc forcément, ça crée des relations très fortes entre nous parce qu'on se connaît, on existe depuis 30 ans
03:53 et finalement on a financé des milliers et des milliers de projets d'intérêt général.
03:59 Qu'est-ce que France Active ?
04:03 France Active, c'est un réseau qui s'est monté dans les années 80,
04:08 à un moment où on fait le constat que le chômage est durable en France et il faut trouver de nouvelles réponses.
04:16 Et France Active aujourd'hui, c'est 850 salariés, 2000 bénévoles au travers de toute la France,
04:23 y compris dans les territoires d'Outre-mer, on est maintenant à Mayotte, en Guyane.
04:28 On est un mouvement décentralisé, on a 35 associations territoriales.
04:33 Les équipes sont en prise directe avec les besoins des entrepreneurs,
04:36 elles connaissent les acteurs de terrain, les dynamiques économiques.
04:39 C'est au niveau local que se prennent les décisions et c'est ce qui nous donne une très belle agilité dans notre action.
04:44 On va apporter des conseils à l'investissement, on va les aider à se structurer.
04:48 On va apporter des financements. Au-delà des financements qu'on apporte, notre enjeu à nous, il est de faire levier sur d'autres.
04:54 C'est-à-dire qu'une fois que nous on a dit oui, on va apporter du crédit à ce projet.
04:59 Et finalement, les banques vont se suivre, on peut avoir des fondations qui vont suivre,
05:03 des collectivités qui vont aussi intervenir sous forme de subventions d'investissement.
05:07 L'idée, c'est qu'on soit un certain nombre d'acteurs autour de l'entreprise,
05:10 dans cette phase qui peut être des phases un peu difficiles.
05:13 Et puis, on va chercher aussi à les mettre en réseau.
05:15 On sait que les dirigeants, les entrepreneurs ont besoin aussi de voir d'autres modèles, d'autres façons de faire,
05:22 de rencontrer d'autres acteurs pour se nourrir et pouvoir évoluer.
05:30 Nous, on pense que l'investissement, ça peut permettre de renforcer notre utilité sociale
05:35 et d'assurer l'avenir de l'association dans le temps.
05:38 Investir, se lancer dans l'aventure de l'économie sociale et solidaire,
05:43 vous en avez peut-être envie et il faut y croire,
05:46 même si, comme le concède Fanny Jérôme, le contexte actuel est difficile.
05:51 En gros, on a des besoins sociaux qui augmentent en France et on a des modèles économiques qui sont tendus.
05:56 On a des financements publics contraints, on est face à une crise énergétique,
06:00 on a des difficultés d'embauche, face à des rémunérations qui ne sont pas toujours attractives.
06:05 Je trouve que les Restos du Coeur, tout à fait dernièrement,
06:08 quand le président des Restos du Coeur, il prend la parole,
06:11 c'est bien ça qu'il illustre.
06:13 Aujourd'hui, les Restos du Coeur, c'est 142 millions de repas par an,
06:16 ils donnent à manger deux fois à la France par an, c'est colossal.
06:21 Et il y a 30 ans, ils devaient servir 8 millions de repas.
06:24 Donc, on voit bien l'évolution et la place aujourd'hui que prend le monde associatif.
06:29 Et donc, finalement, ces dirigeants associatifs et d'entreprises solidaires,
06:34 ils sont face à une question, c'est "comment je fais ?".
06:36 Comment j'adapte mon modèle pour répondre à ces contraintes ?
06:40 Tout en maintenant mon utilité sociale.
06:42 C'est assez facile de partir sur un projet d'entreprise plus classique,
06:46 c'est vraiment comment, finalement, je laisse bien l'utilité sociale au cœur de mon projet.
06:50 A celles et ceux qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat solidaire,
06:57 je leur dirais de ne pas hésiter à se faire accompagner,
07:01 de ne pas hésiter à savoir investir dans les bons moments.
07:05 On a parfois des difficultés, j'ai un peu envie de dire ça comme ça,
07:09 quand on est dans l'économie sociale et solidaire,
07:12 à copier ce qu'on peut faire dans l'économie plus classique.
07:15 Je pense qu'on peut prendre les outils, mais l'aborder de manière différente.
07:20 Notamment, investir.
07:22 Je pense qu'on peut voir l'investissement comme un sujet éthique.
07:25 Finalement, quel futur on souhaite ?
07:28 Et comment est-ce qu'on investit en étant cohérent avec le futur qu'on désire ?
07:34 Je pense qu'il y a une question derrière tout ça.
07:36 On pense toujours à l'économie sociale et solidaire comme une économie de réparation.
07:40 C'est aussi un autre modèle d'entreprendre.
07:43 Et si on veut garder une place importante de l'économie sociale et solidaire dans notre pays,
07:46 il faut pour ça qu'on se donne collectivement les moyens de nos ambitions.
07:51 Et pour ça, oui, investir et se faire accompagner.
07:54 C'est la fin de cette première saison d'Impact Solidaire,
08:02 un podcast Europe 1 Studio en partenariat avec France Active.
08:07 Production Sébastien Guyot. Réalisation Christophe Daviau.
08:12 À très bientôt sur le site et l'appli Europe 1 et toutes vos plateformes d'écoute.
08:18 [Musique]