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00:00 Après une première augmentation du recours à la prostitution des jeunes en 2016,
00:04 tous les acteurs s'accordent à dire que le phénomène a pris encore plus d'ampleur pendant et après le confinement.
00:10 Les associations le constatent dans notre département, on en parle ce matin avec la coordonnatrice de l'association Le Cri.
00:15 Elle répond à vos questions. Marie Rouarche.
00:17 Bonjour Emmanuel Régis.
00:19 Bonjour.
00:19 On le disait, la prostitution concerne de plus en plus les jeunes et notamment les mineurs.
00:24 Comment est-ce que vous, vous le constatez sur le terrain ?
00:27 Alors déjà, il faut dire que nous c'est une action qu'on a lancée depuis 2019 avec le soutien de la mairie de Bordeaux et de la préfecture.
00:33 L'ensemble des acteurs sont très mobilisés et donc c'est par le biais de l'ensemble de ces acteurs
00:39 que l'on peut constater effectivement une augmentation significative du phénomène.
00:43 Mais comme dans le même temps on mène des actions de sensibilisation et qu'on améliore le repérage,
00:48 effectivement tout ça permet de dire que l'augmentation est plutôt importante.
00:52 Et comment est-ce qu'on les repère ces jeunes ?
00:54 Eh bien c'est toute la difficulté. Donc la plupart des situations que l'on a à connaître
00:58 sont en fait déjà prises en charge dans les services de protection la plupart du temps.
01:03 [Bruit de téléphone]
01:07 Elles ont des difficultés, un parcours de vie extrêmement chaotique la plupart du temps.
01:13 Et donc c'est parce qu'il y a des professionnels qui déjà les accompagnent qu'on repère ces situations.
01:17 Néanmoins maintenant, effectivement avec quelques indicateurs, on peut s'interroger sur un certain nombre de conduites à risque.
01:23 Et puis d'arriver à cibler un petit peu plus précisément quels vont être les moments où cela peut basculer.
01:30 Alors concrètement quand vous parlez de conduite à risque, qu'est-ce qu'il faut comprendre ?
01:34 Qu'est-ce qu'il faut comprendre ?
01:36 Eh bien ça peut... Alors déjà on va en général cibler des jeunes filles qui donc, ce que je vous disais,
01:43 ont un parcours de vie assez compliqué.
01:46 Ensuite, un moment particulier de leur vie de bascule qui va en générer donc de rupture, etc.
01:52 Ça peut être le moment du placement, ça peut être un deuil, un décès, une séparation.
01:57 Et puis une rencontre parce qu'on est avant tout avec des adolescents.
02:00 Donc avec un groupe de pères significatif, ça peut être un petit copain, un groupe de copines.
02:05 L'utilisation des réseaux sociaux, ce genre de phénomène qui effectivement font qu'elles se mettent en danger.
02:10 On assiste à des jeunes qui petit à petit manifestent au niveau de la santé, de la santé physique, de la santé psychique,
02:17 de certaines difficultés. On peut avoir des comportements inadaptés, une déscolarisation.
02:22 Et puis en fait tous ces facteurs nous permettent de donner des indicateurs,
02:26 mais pour autant c'est pas parce qu'ils sont tous réunis qu'on est dans ces situations.
02:30 Donc il faut être extrêmement précis sur ce que l'on va signaler ou transmettre comme information aux services concernés.
02:36 C'est difficile j'imagine d'évaluer le nombre de mineurs qui sont concernés, qui sont notamment sous la coupe de Proxénète ?
02:43 Ah oui c'est extrêmement compliqué. Effectivement on est sur un chiffre noir qui probablement est très sous-estimé.
02:48 C'est pour ça qu'il est hyper important d'arriver à travailler ensemble et de manière coordonnée avec l'ensemble des acteurs
02:55 pour pouvoir croiser les informations et puis identifier les situations qui sont les plus à risque.
02:59 Vous animiez hier soir avec la mission de prévention et de protection des familles un séminaire sur les violences intrafamiliales,
03:05 les violences sexistes et sexuelles, la prostitution à Saint-Selves, c'est dans la communauté de Montesquieu.
03:10 Ça veut dire que ce phénomène touche les milieux un peu plus ruraux, les milieux urbains, tous les milieux sociaux, c'est très diffus ?
03:18 Effectivement c'est ce qu'on a constaté. Comme je vous disais, depuis 2020 on a surtout centré sur Bordeaux et sa métropole
03:24 et en fait c'est au cours de ces groupes de travail plus multidisciplinaires que l'on a eu des remontées de terrain concernant différentes zones de Gironde.
03:31 Et donc maintenant, et avec le soutien du Conseil départemental, à cette échelle-là, nous développons des actions sur différents territoires
03:39 que ce soit le Libourne, la Haute-Gironde, le Sud-Gironde, etc.
03:43 Et effectivement c'est quand on va sur ces lieux-là et qu'on rencontre les acteurs que l'on peut constater que ces phénomènes sont présents véritablement partout.
03:51 Emmanuelle Régis, notre invitée ce matin sur France Bleu-Gironde, coordonnatrice de l'association Le CRI.
03:55 On a parlé de la détection, de la sensibilisation, comment est-ce que vous accompagnez ces jeunes ?
04:00 L'association Le CRI n'accompagne pas directement les situations de jeunes.
04:05 En revanche, on met en place un appui aux professionnels qui vont être concernés,
04:10 avec l'ensemble des acteurs qui peuvent être aussi sensibilisés à cette question et dont on va avoir besoin,
04:16 que ce soit en santé sexuelle, que ce soit en santé psy, que ce soit via l'insertion pour construire un projet professionnel.
04:23 Et puis avant tout, effectivement, les éducateurs qui eux vont être responsables de ces jeunes,
04:27 puisqu'on est avant tout avec une problématique qui relève de la protection de l'enfance.
04:31 Dans votre association Le CRI, vous vous occupez aussi de faire de la pédagogie à destination des clients, ces prostituées.
04:37 Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu ?
04:39 Alors la pédagogie, on va plutôt dire qu'on est dans le cadre des mesures alternatives aux poursuites.
04:44 C'est un processus qui est engagé depuis 2023.
04:48 Le premier stage a eu lieu en mars ou en avril dernier.
04:52 Et effectivement, ça se met en place sur une journée.
04:55 Le stage est à destination, est à la charge des clients, pour un coût de 200 euros.
05:00 Et en fait, c'est une mesure alternative qui permet de prévenir la récidive et surtout de le responsabiliser par rapport aux actes commis.
05:09 En fait, pour qu'il puisse se rendre compte que, véritablement, les personnes qui sont en situation de prostitution n'ont pas tout le choix,
05:18 contrairement à ce qu'il peut penser, et que parmi elles, il peut y en avoir des mineurs,
05:21 et que les infractions commises vont être extrêmement lourdes les concernant.
05:24 Alors comme il n'y a pas forcément de profil type de la prostituée, on imagine qu'il n'y a pas forcément un profil type du client ?
05:30 C'est exactement ça.
05:31 Donc c'est très clair.
05:32 Tout à fait. Dans tous les milieux sociaux, tous les âges, il y a des clients mineurs également, des clients majeurs, des clients âgés,
05:40 des clients qui sont tout à fait corrects et d'autres qui vont être véritablement violents.
05:46 On peut être parfois sur une recherche de très très jeunes, d'autres c'est pas du tout le cas, ils se retrouvent avec des mineurs.
05:53 Et c'est assez compliqué, ils ne se rendent pas vraiment compte des conséquences de leurs actes dans leur vie personnelle.
06:00 Alors vous disiez ces stages que vous proposez, c'est très récent, est-ce qu'on a déjà une forme de retour sur ce que ça fonctionne ?
06:05 Alors c'est très récent en Gironde, néanmoins la loi le prévoit depuis 2016, donc ça a pris du temps de le mettre en place.
06:12 Le retour c'est assez compliqué en fait, on est un petit peu sur un pari, comme à chaque fois qu'on propose des actions pour prévenir la récidive.
06:19 Merci beaucoup Emmanuel Régis d'avoir été avec nous ce matin en direct sur France Bleu Gironde.
06:24 Je rappelle que vous êtes la coordinatrice de l'association Le Cri qui oeuvre en Gironde. Merci beaucoup.

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