Le choix du redoublement sous la responsabilité des enseignants, des groupes de niveaux dans les matières fondamentales au collège ou encore un renforcement des mathématiques. Christine Gavini, rectrice de l’Académie de Normandie, détaille les mesures pour améliorer la réussite scolaire
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00:00 8h16, bienvenue sur France Bleu et France 3 Normandie. Didier, notre invité ce matin dans ce 6/9, Christine Gavigny, la rectrice de l'Académie de Normandie.
00:07 Bonjour Christine Gavigny.
00:09 Le ministre de l'éducation nationale Gabriel Attal a annoncé de nombreuses mesures hier pour essayer de faire remonter le niveau des élèves français.
00:17 On va commencer avec le redoublement.
00:19 Le dernier mot reviendra désormais aux enseignants, non plus aux familles dans le primaire. Ça va dans le bon sens, il fallait en arriver à ça ?
00:25 C'est ça, parce que le redoublement dans sa grande généralité n'avait pas porté beaucoup de fruits ces dernières années.
00:33 Néanmoins, toutes les études démontrent que quand on redouble notamment dans les petites classes, il peut être très utile.
00:39 Notamment pour les élèves par exemple en CP qui ne maîtrisent pas bien la lecture, il est très très important qu'ils puissent repasser du temps
00:46 en redoublant ou bien en renforçant leurs activités pendant un deuxième demi CP, on va dire, pour pouvoir renforcer leurs fondamentaux.
00:56 Pour quelles raisons les familles refusaient ce redoublement ? Quels sont les freins ?
00:59 Les freins, je pense que c'était aussi la mauvaise réputation du redoublement, parce que si on le prend à l'échelle de tout un cursus, il est parfois moins intéressant de redoubler.
01:07 C'est à l'échelle d'une vexation ?
01:09 Oui, ça peut aussi apparaître comme une sanction par les parents, mais je crois qu'en expliquant bien pourquoi on fait redoubler,
01:15 et notamment pour la maîtrise des fondamentaux, les parents le comprennent très bien.
01:19 Autre mesure, la création de groupes de niveau. Alors là on passe à la génération suivante au collège.
01:25 Très concrètement, ça va consister à quoi ? Pour les familles qui nous écoutent, leurs enfants ont des difficultés en français par exemple ?
01:33 Alors, c'est pas seulement pour les enfants qui ont des difficultés, puisque dès la rentrée, pour les 6ème et les 5ème, on va constituer trois groupes de niveau,
01:40 dans les deux fondamentaux, le français et les mathématiques. Et donc selon les résultats des élèves aux évaluations,
01:46 ils pourront suivre les mathématiques ou le français dans un groupe qui sera homogène du point de vue du niveau.
01:51 Et pour les plus en difficulté, ce sera des groupes allégés avec seulement 15 élèves, et vraiment un renforcement.
01:58 Et ces groupes sont flexibles, c'est-à-dire qu'un élève qui va surmonter ces difficultés pourra entrer dans le groupe de niveau supérieur.
02:03 On parlait tout à l'heure de vexation des familles, est-ce que vous craignez des parents vexés de voir leur enfant qu'ils imaginent très brillant
02:09 avec les moins bons en français ou en maths ?
02:11 Bien sûr, je pense que ça n'est pas agréable, mais dans la mesure où il y a une flexibilité et que l'enfant peut progresser,
02:17 les parents peuvent comprendre au vu des évaluations qui sont maintenant bien maîtrisées, que les parents connaissent,
02:22 que à l'instant T, l'enfant maîtrise moins bien le français ou les mathématiques,
02:27 mais qu'en progressant, en étant dans un groupe adapté, avec des professeurs qui feront une pédagogie particulière,
02:33 l'enfant va progresser. Je pense que c'est plein d'espoir en fait, ce système.
02:39 Plus largement, il y a également cette question des mathématiques, les français ne sont pas bons en maths,
02:44 c'est un constat qu'on a fait également dans notre académie de Normandie, et les remettre au cœur du système, c'était nécessaire ?
02:49 C'est très important. Malheureusement, oui, l'académie n'est pas épargnée par la difficulté en mathématiques,
02:54 on a de bons résultats en CP, et puis dès le C1, on sent que, ce qu'on appelle la résolution de problème,
03:00 mais aussi certains automatismes ne sont pas bien acquis.
03:03 Il est important, très important, que les mathématiques soient bien maîtrisées par les enfants,
03:07 parce que c'est un outil intellectuel extraordinairement utile dans tous les domaines de la vie,
03:13 mais aussi une dimension qui est particulière, qui est le fait que les filles maîtrisent moins bien les mathématiques
03:18 que les garçons, alors même qu'elles sont très performantes, par exemple en première et en terminale,
03:23 dès lors qu'elles ont acquis les bases.
03:26 Donc il faut aussi lutter contre cette inégalité fille/garçon, qui a des effets en chaîne sur l'orientation des filles,
03:32 et sur le fait qu'elles sont peu présentes dans les filières scientifiques.
03:36 Gabrielle Lattal a annoncé des recrutements dans une éducation nationale qui peine déjà à recruter,
03:40 quelle est la situation dans notre académie ? Est-ce qu'on manque de professeurs ?
03:43 Eh bien, par bonheur, on ne manque pas de professeurs dans l'académie de Normandie, et j'en suis très heureuse.
03:48 Il n'y a aucun trou dans la raquette ?
03:50 Il y a toujours, vous savez, des professeurs absents, il faut les remplacer, ça fait partie du jeu,
03:54 nous avons 60 000 personnels dans l'académie de Normandie, forcément il y a toujours des personnes qu'il faut remplacer,
03:59 il peut y avoir des délais, dans les territoires ruraux par exemple, où on a du mal à trouver des remplaçants par moment.
04:04 Néanmoins, au concours l'année dernière, nous avons eu autant de lauréats que de places offertes,
04:08 et des lauréats de très bon niveau, donc on se félicite.
04:12 - Christine Gavini, le rectorat est associé avec nous, France Bleu, pour un projet lié au 80e anniversaire du débarquement.
04:18 Des classes de Normandie vont écrire les histoires de 15 combattants du débarquement et de la bataille de Normandie,
04:25 il y aura derrière une trace qui restera un podcast.
04:28 C'est une opération qui vous a séduite ?
04:30 - Parfaitement, je trouve que c'est une magnifique initiative que France Bleu a prise,
04:35 d'allier le travail sur la mémoire avec nos élèves, avec un travail aussi sur l'éducation aux médias.
04:42 Je pense qu'on vise plusieurs objectifs à travers cette opération,
04:45 à la fois aller vers ces vétérans, ces personnes dont l'histoire n'a pas forcément été écrite,
04:50 et que les élèves vont s'emparer, donc je trouve que c'est un magnifique lien intergénérationnel,
04:56 mais aussi travailler avec des journalistes, moi j'y suis très attachée,
04:59 pour que les élèves s'approprient aussi la différence entre les différents niveaux d'information,
05:05 de la fake news jusqu'au travail journalistique approfondi, voire le travail de mémoire.
05:10 - Et faire tout ce travail de recherche, on a parlé dans cet entretien de Français de maths,
05:14 est-ce que cet événement va remettre l'histoire, notre histoire,
05:17 au cœur des classes de l'enseignement, là dans cette année scolaire particulière ?
05:23 - On peut l'espérer, j'en serais vraiment ravie, parce que c'est essentiel pour former nos citoyens.
05:27 - Merci beaucoup Christine Gavigny, rectrice de l'Académie de Normandie,
05:31 invitée ce matin, France Bleu et France 3, bonne journée.
05:33 - Merci.
05:33 - Merci à notre invité à retrouver, bien sûr en podcast, notamment sur notre application ici.