• l’année dernière
La COP 38, conférence internationale du le climat, à mi-parcours. Elle a commencé jeudi dernier à Dubaï, et se termine mardi prochain. Allix Roumagnac, patron de la société Predict en revient tout juste...
Une pluie de critiques et de polémique a accompagné cette 1ère semaine de discussions et négociations à la COP 28.
Un président qui est aussi le patron de la compagnie pétrolière nationale des Emirats Arabes Unis.
Des lobbystes des énergies fossiles qui n'ont jamais été aussi nombreux que cette année.
Et des discussions qui pour l'instant, n'ont pas permis de beaucoup avancer.
Mais Allix Roumagnac trouve ces critiques injustifiées car dit-il, en dépit des apparences, à la COP 28, "ça bosse !"

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00:00 chaque matin. Cette année, est-ce que vous vous intéressez à la COP28, la Conférence
00:04 Internationale sur le Climat qui a lieu en ce moment à Dubaï ? On va en parler avec notre
00:07 invité bien sûr qui en revient, Alex Roumania, que le président de Predict, mais d'abord on vous
00:11 propose quatre choix de réponses. Alors la première c'est "Ah oui, ah oui, à fond je m'y
00:17 intéresse" et ça ça donne quoi ? - 1% - D'accord. Oui, un peu, voilà, vite fait quoi. - 14% - Alors non,
00:25 pas du tout. - 27% - Non parce que j'y crois plus. - 57% ça a augmenté par rapport à tout à l'heure,
00:33 vous êtes plus de 200 à avoir voté ce matin. - Voilà, 0,467,58,6000, à vous de nous dire ce
00:39 que vous en pensez, vous pouvez intervenir sur l'antenne de France Bleu et Rond, ce petit cours
00:43 de théâtre que j'ai pris. - Pas mal, très bien, vous avez très bien incarné les quatre choix de
00:46 réponses, bravo. - Alex Roumania, président de Predict, revient de la COP28, il était avec nous
00:51 ce matin, c'est notre invité, bonjour Alex. - Bonjour, j'ai bien vu à votre visage Alex que
00:55 ces résultats de notre sondage ce matin vous désolez un peu quelque part. - Oui, il me désole,
01:00 oui, je fais partie du 1% en fait, je fais partie du 1% mais je suis pas étonné en fait, je suis pas
01:07 étonné parce qu'en fait comme je vous le disais juste avant, je reviens de cette COP, on va y
01:16 rentrer à le détail, j'ai trouvé une très, je pense que c'est une très grosse COP, qu'elle va
01:21 faire bouger les choses, il y a beaucoup d'énergie et en fait quand je suis rentré dans l'avion en
01:27 repartant de la COP et que j'ai téléchargé les médias français pour faire le point, tous les
01:36 journaux, depuis le Figaro, La Libération, Le Monde, etc., de quelques couleurs politiques, j'ai lu de la
01:44 COP bashing et c'est pas anormal en fait que 75% des français ne croient plus à la COP. - C'est à dire
01:52 qu'on a notre responsabilité nous aussi forcément les médias dans les choses sont présentées ?
01:56 - Responsabilité, oui, c'est important, il faut être transparent mais en fait il faut témoigner,
02:05 c'est pas ici qu'il faut le dire, je pense que les gens sont convaincus, le dérèglement climatique
02:11 est là, il est urgent de faire quelque chose et la solution ne peut passer que par une COP, il faut
02:19 être conscient de ça, c'est à dire qu'on aura beau chez nous en France manger de la salade et s'allumer
02:25 à la bougie, ça va rien changer, la France en elle-même elle est bien placée, il faut arriver à
02:32 convaincre la Chine. - Mais les gens ont le sentiment que ça n'avance pas l'extromaniaque, d'une COP à l'autre,
02:38 les accords de Paris notamment, il n'y a rien de très spectaculaire. - Tout à fait, la COP de Paris,
02:45 on continue à en parler, cette COP 21, les accords de Paris, on en parle encore en ce moment à Dubaï,
02:52 il faut prendre conscience du coup de la responsabilité française, c'est à dire que la
02:57 France est attendue parce que justement c'est là où s'est signé cet accord de Paris, elle porte
03:04 une responsabilité, elle a une voix à porter, elle a un axe à porter et aujourd'hui le fait que la
03:10 France ait annoncé sa sortie du charbon et a poussé pour qu'au niveau du G7 on sorte du
03:18 charbon à 20 2030, ça a du poids. - Alors en deux mots, je rappelle juste quand même les raisons
03:24 pour lesquelles vous étiez à la COP, c'est important de le dire aussi en tant que président de Predic,
03:27 donc une société unique en France installée à Castelnau et qui fait de la gestion du risque
03:31 naturel et climatique tout au long de l'année et pas qu'en France, d'ailleurs aussi partout dans
03:35 le monde, vous aviez été invité donc pour cette COP 28. - Oui, tout à fait, j'étais invité pour
03:40 inaugurer sur le pavillon France en fait la première séance et on a parlé justement de
03:45 comment on utilise les données satellites pour faire de l'alerte précoce partout dans le monde,
03:50 parce qu'il y a un gros projet lancé par les Nations Unies qui s'appelle Early Warning for All,
03:53 qui dans cinq angles l'objectif est d'apporter à tous citoyens de la planète un système qui
03:59 permet d'être plus résilients par rapport à ces événements climatiques. - Et vous à ce titre là,
04:03 vous avez plus fréquenté ce qu'on appelle, je crois que c'est la zone verte de la COP,
04:07 parce qu'il y a la zone bleue qui est la partie où ça négocie. - On était à la zone bleue,
04:11 en fait, on était à la zone bleue, la zone accréditée, là où sont tous les chefs d'État,
04:18 les chefs d'État, les pavillons des différents pays, il y a la zone verte qui est plus dédiée
04:23 en fait au grand public, aux associations, mais on était au milieu des négociateurs,
04:27 on a croisé tout le monde. - Et vous dites, contrairement à l'image qu'on donne de cette
04:31 COP, ça bosse, les gens bossent, les gens discutent, ça négocie, contrairement, parce qu'on s'arrête
04:35 à quoi ? On s'arrête au président de la COP qui est aussi le président de la Compagnie Nationale
04:39 Pétrolière des Emirats Arabes, on s'arrête à la présence de nombreux lobbyistes des énergies
04:46 fossiles, mais il ne faudrait pas s'arrêter qu'à ça, parce que derrière il y a du boulot qui est fait.
04:50 - Il faut avoir en tête, il y a plus de 90 000 personnes qui sont sur place, c'est la plus grosse
04:56 COP qui ait jamais existé, et c'est des gens qui viennent de tous les pays pour négocier,
05:00 pour pousser les sujets, et ça bosse tous les jours, ça a commencé le 30, le 1er, il y a
05:06 trois phases, il y a la phase de démarrage où les présidents viennent pour lancer en fait les
05:11 orientations, là on est dans la phase des négociations, les gens écrivent les textes,
05:16 passent les accords etc, et les ministres ont arrivé d'ici la fin de la semaine pour signer
05:20 les accords. Donc elle a très bien démarré et ça bosse énormément, et avec des axes qui sont
05:26 de très intéressants. - On va revenir là-dessus parce que ce n'est pas votre première COP en plus,
05:30 puisque l'année dernière vous y étiez déjà, il y a deux ans aussi je crois, donc vous avez pu
05:33 mesurer la différence entre les différentes conférences, mais avant ça on va prendre un
05:36 premier appel. - 0467586000, vous allez être content, l'extromaniaque Pierre qui est avec
05:41 nous, Pierre de Montpellier, il s'intéresse à la COP 28. Bonjour Pierre ! - Bonjour Pierre,
05:45 écoutez moi je m'intéresse à la COP parce que je m'intéresse à la Terre tout simplement,
05:50 et à l'avenir de notre petite planète, mais c'est pour ça, je m'intéresse à la COP parce que je
05:57 suis pas sûr qu'elle soit très très efficace, mais c'est pas parce qu'on ne s'intéresse pas
06:03 qu'elle va se devenir efficace. Or il faut que la COP 28 devienne efficace. - Merci Pierre pour
06:08 votre point de vue, il n'est pas sûr, c'est peut-être aussi un peu de notre faute parce qu'on
06:12 n'arrête pas de dire que c'est COP depuis une semaine etc, il dit qu'il n'est pas sûr que
06:16 ça soit vraiment efficace. - En fait c'est Oscar Wilde qui disait "la vérité n'est pas jamais
06:22 totale, elle est souvent complexe". Il faut voir ce qu'on recherche en fait, il faut qu'on sorte
06:28 d'un système où depuis plus de 100 ans, au niveau de toute la planète, on a basé toute notre
06:33 économie, tout notre développement sur les énergies fossiles. Et là on vient de se rendre
06:39 compte, et on se rend compte petit à petit, ça fait 4-5 ans que la prise de conscience est là,
06:43 qu'il faut changer tout, changer l'économie. - Et ça ne se fait pas en 3 jours. - Et ça ne se fait
06:47 pas en 3 jours. Et nous ça fait 100 ans qu'on a développé notre économie sur les énergies
06:52 fossiles, aujourd'hui on prend conscience et on est en train de dire aux Chinois, aux Indiens,
06:56 "attendez, ça fait 100 ans qu'on fait des bêtises, mais vous arrêtez tout de suite,
07:00 arrêtez de vous développer, arrêtez d'avoir une économie". Ça ne se fait pas tout de suite,
07:04 on a nous utilisé le charbon de graisse au sac jusqu'au bout, eux les Indiens, les Chinois du
07:10 charbon, ils disent "mais maintenant c'est fini, ne les utilisez plus". Donc il faut avoir du poids,
07:14 il faut arriver à convaincre, et ça ne se fait pas du jour au lendemain. Donc ça fait du temps,
07:18 c'est complexe, mais il faut donner l'exemple, c'est pour ça que la France doit être exemplaire,
07:22 parce que comme vous le disiez, la COP de Paris, l'accord de Paris est important, donc la France
07:29 est attendue, c'est un des rares pays, parce que, grâce ou à cause du nucléaire, qui n'émet pas
07:34 trop de gaz à effet de serre, donc du coup on a la capacité à donner une orientation. Mais ça,
07:40 ça prend du temps. - Vous continuez à nous appeler évidemment au 04 67 58 6000, il vous reste
07:44 quelques minutes pour ça. Alex et Roumaniak, vous étiez aussi à la COP l'année dernière à
07:48 Charmelschek en Égypte, je crois que vous étiez à celle de Glasgow il y a deux ans ? - Non,
07:52 non, à Charmelschek. - Mais vous dites par rapport aux précédentes COP, alors on met celle de Paris
07:56 à part, il se passe peut-être plus de choses cette année que l'année d'avant, voire deux ans avant.
08:02 - Oui, tout à fait. - Parce que l'année dernière on était braqué sur autre chose. - Oui, en fait,
08:06 l'année dernière, il faut avoir en tête, on était juste après le démarrage de la guerre en Ukraine,
08:11 donc tous les états de la planète, les chefs d'états disaient "mais comment on va passer l'hiver,
08:17 il y a une crise énergétique, il faut du gaz pour se chauffer, etc." Donc il y avait cette pression
08:23 des populations qui voulaient se chauffer, donc du coup l'essentiel était de dire "comment je peux
08:29 trouver de l'énergie pour chauffer ?" Donc le débat était biaisé, on a beaucoup parlé de l'adaptation,
08:33 c'est pour ça qu'on y était, qu'on a travaillé sur ce système d'alerte précoce, etc. Cette année,
08:38 les choses sont différentes et le temps a été donné dès le départ, c'est-à-dire que, c'est un
08:43 paradoxe, mais on ne l'a pas dit, le président de cette COP, qui est patron, a dit en introduction
08:49 "il n'y a pas de sujet tabou, il va falloir écrire dans les textes la sortie des énergies fossiles".
08:55 - Et vous vous dites même, Alex, je crois que c'est même très bien que le président de la COP
08:59 cette année soit le patron aussi de la compagnie pétrolière nationale des Émirats, parce que
09:05 justement, au moins, ça prouve que cette industrie-là, maintenant, s'y met aussi.
09:09 - Il faut être pragmatique. Le coût de la transition énergétique est énorme, il va falloir
09:15 investir des milliards. Qui a aujourd'hui cette capacité à investir là-dessus ? Ces gens-là,
09:20 en fait, sont conscients de cet aspect. Et aujourd'hui, sans tabou, ils disent "ok, le
09:27 président des Émirats, le jour de l'introduction, a dit "les Émirats créent une forme privée dotée
09:35 de 30 milliards, qui va remonter à 200 milliards d'ici quelques années, pour investir dans les
09:40 énergies renouvelables". - C'est pas que de la COP ça ?
09:44 - Non, c'est pas que de la COP. Ils savent que dans 20 ans, leurs ressources financières ne
09:50 viendront plus du pétrole, mais deviendront d'autres choses. Et donc du coup, il y a un
09:54 aspect pragmatique sur cet aspect. - 0467 58 6000, Annie de Montpellier,
09:59 bonjour. - Oui, bonjour.
10:01 - Bonjour Annie. - Moi, je vous écoute attentivement,
10:04 j'ai deux questions à poser à ces messieurs. Est-ce que je peux ?
10:08 - Allez-y, on vous écoute. - Premièrement, est-ce qu'il est exact
10:11 que Total continue à chercher du pétrole et du gaz en Afrique ? Puisque les banques françaises
10:17 ont donné 8 milliards d'euros à Total, enfin, ils en font ce qu'ils veulent, est-ce que c'est exact ?
10:23 Ou est-ce que c'est une rumeur qui n'est pas fondée ?
10:26 - Première question, deuxième question, Annie. - Deuxième question, est-il exact que la Chine,
10:31 les Etats-Unis et l'Ira ont refusé de signer l'arrêt des énergies fossiles ?
10:38 - Ok, alors, Alex, vous avez les éléments pour répondre à Annie ?
10:42 - Oui, tout à fait. Alors, la première sur Total, qui est un gros industriel,
10:48 il continue effectivement à ouvrir des sources d'énergie fossiles.
10:54 - Mais ils ont annoncé hier la signature d'un accord avec je ne sais plus quel pays,
10:58 le Kazakhstan, je crois, sur un gros développement de projets éoliens en mer.
11:01 - Alors, aujourd'hui, Total est devenu... - Pas la brouka, Total.
11:05 - Non, non, non, mais c'est important, il faut être factuel. Total est devenu Total Energy.
11:11 Et Total, comme les Emirats, sait que demain, ses ressources financières ne viendront plus des fossiles.
11:19 Donc, ils investissent dans, effectivement, l'éolien en mer, dans le renouvelable.
11:25 La seule chose, c'est que, rappelez-vous, il y a quelques mois, quand le prix de l'essence flambait en France,
11:32 tout le monde a mis la pression sur Total pour qu'il baisse les prix de l'essence.
11:37 Dans tout marché, comment on baisse les prix ?
11:40 En fait, quand il y a trop de demandes par rapport à la production, les prix augmentent,
11:45 et quand la production devient plus importante que la demande, les prix baissent.
11:49 Donc, il y a un peu une schizophrénie. On demande à Total de baisser les prix des énergies fossiles,
11:55 mais en leur demandant de créer de la rareté dans les énergies fossiles en n'ouvrant pas de nouveau.
12:00 Et donc, ça, c'est compliqué. Donc, aujourd'hui, la situation est complète.
12:05 - Et la deuxième question, Dany, portée sur le refus de certains pays.
12:07 - Alors, aujourd'hui, la négociation est en cours, en fait, et ça va être tous les enjeux de cette COP.
12:12 Comme je dis, elle a eu une bonne introduction. Les axes se sont donnés.
12:16 Même les Émirats ont dit qu'il n'y a pas de tabou, il faudra qu'on arrive à citer le fait de la sortie des énergies fossiles,
12:23 l'accord de sortie. Les gens sont en train de négocier. Donc, effectivement, il y a la pression,
12:28 parce qu'effectivement, comme c'était évoqué, les États-Unis ou la Chine vont être difficiles à convaincre,
12:35 mais c'est le travail qui est en cours et il faut mettre, comment dire, une pression positive
12:39 pour qu'on atteigne cette solution.
12:41 - Rapidement, pour terminer en 10 secondes, Alex Roumaniak, vous êtes confiant sur l'issue de cette COP28 ou pas ?
12:45 - Non, moi, je suis quelqu'un de confiant, parce que le défi que l'on a, il ne doit pas être une contrainte,
12:52 c'est enthousiasmant de se dire qu'on fabrique une nouvelle planète qui soit verte,
12:56 et j'espère beaucoup que la COP va y apporter sa pierre.
12:59 - Merci beaucoup d'être venu dans ce studio ce matin, en tout cas pour nous en parler, Alex Roumaniak. Merci beaucoup.
13:04 - francebleu.fr pour réécouter cette interview. Il est presque 8h, les infos de ce jeudi avec Sébastien Garnier dans une minute.
13:10 [Musique]

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